Le quotidien Le Figaro de mercredi dernier a publié un article qui est une véritable bombe à propos des négociations entre Canal+ et le cinéma. Nul doute que cette information explosive vient du groupe Vivendi qui possède la chaîne et qu’elle a pour but d’avancer un pion dans cette partie d’échec qui doit s’achever d’ici quelques jours. https://www.lefigaro.fr/medias/canal-pourrait-diviser-par-deux-ses-investissements-dans-le-cinema-20211123
Les professionnels du cinéma estiment, ou feignent d’estimer, que c’est du bluff pour les forcer à accepter les aménagements souhaités pas Canal+ dans la chronologie des médias. D’une part avancer la fenêtre de la chaîne à péage de 8 à 3 mois après la sortie en salle. D’autre part retarder la fenêtre des chaînes gratuites, pour fixer celle des plateformes bien au-delà de celle de Canal+.
Mais le projet annoncé présente pour cette dernière un avantage qui est peut-être bien supérieur à celui de gagner cinq mois dans la chronologie des médias : réduire sensiblement les dépenses de la chaîne, puisqu’il s’agirait de transformer Canal + en une chaîne ne diffusant que des films et des séries, l’abonnement pouvant ainsi passer de 40 à 20 € par mois, se rapprochant de celui des plateformes. Une offre qui serait conforme aux accords entre Canal+ avec le cinéma et le CSA qui ne portent que sur les films et les séries.
Et, bien entendu, même si cette réduction entrainait une augmentation du nombre d’abonnés intéressés par le cinéma et les séries, attirés par cette réduction du prix, le chiffre d’affaires de la chaîne pourrait être réduit de près de 50%. Et donc, les investissements obligatoires de la chaîne dans le cinéma, qui sont de 12,5% de ce chiffre d’affaires, seraient réduits de presqu’autant. Soit une perte de 80 millions € par an pour la production cinématographique française.
Par ailleurs Vivendi créerait Canal+ sport, qui reprendrait l’offre de sport de Canal +, avec, là encore, un tarif réduit, plus compétitif pour les abonnés qui ne s’intéressent qu’au sport.

Pour les abonnés qui s’intéressent aux œuvres audiovisuelles et au sport, une offre groupée au même tarif que celui de Canal+ actuel serait proposé. Il faudrait que les abonnés s’adaptent à ces trois options, mais, cela fait longtemps que My Canal est devenu un très efficace opérateur d’un bouquet de chaînes sur internet.
En fait, même en matière de cinéma, pour Canal+, comme dans les salles, les films porteurs sont les films américains, les films français n’intéressant que 35% à 40% du public du cinéma. Or, il est très possible que les deux principaux studios, Disney et Warner, quelle que soit la chronologie des médias, réservent leurs films à leurs plateformes de S-VoD. https://siritz.com/editorial/le-beurre-et-largent-du-beurre/
Certes, le fait que Canal+ ait laissé filtrer ce projet plutôt que de le révéler au dernier moment inclinerait à penser que c’est une arme de pression plutôt qu’une intention arrêtée.
Le succès de la série « Squid Game »
Reste que la vraie bataille des programmes, entre plateformes et chaînes, va se faire sur les séries. Et le succès de la série coréenne « Squid game » sur Netflix démontre que, dans ce domaine, la domination de la production américaine n’est pas aussi éclatante. Il est donc possible que les 80 millions € que Canal+ économiserait sur le cinéma soit en partie ou en totalité investi dans les séries françaises ou étrangères. Que pèsent quelques mois dans la chronologie des médias face à cet enjeu ?
LA RÉMUNÉRATION DE CYRIL DION
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE «ANIMAL »
Ce documentaire est son deuxième long métrage.https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyril_Dion
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Patrick Fournie( ( Bright Bright Bright) et Claude Chelli (Capa studio) pour un budget de 2,4 millions €. Il arrive en tête des films français sortis cette semaine. https://fr.wikipedia.org/wiki/Animal_(film,_2021)
Pour la préparation, 56 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 114 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est moins que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année, mais c’est élevé pour un documentaire. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Il y a un scénario qui a été écrit avec Walter Bouvais et ils se sont partagés 35 000 €.
Le film est coproduit par UGC et France 2. La région Ile de France a apporté son soutien et il a bénéficié de mécénat. OCS, France 2 et Usuhuïa ont pré-acheté un passage.
UGC est le distributeur et a donné un minimum garanti.
Le premier film de Cyril Dion était co-réalisé avec Mélanie Laurent. Il s’agit de la fiction « Demain », sorti le 2 décembre 2015. Il était produit par Movie Movie pour un budget de 1,3 millions € et avait été distribué par Mars Films.
Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération des réalisateurs était de 45 000 €, répartie en part égale entre avance sur droits d’auteur et salaire de réalisateur. Ils s’étaient en outre partagé 20 000 € pour le scénario. https://siritz.com/cinescoop/pour-la-realisation-de-demain/
Le film avait rassemblé un million de spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
ACCORD ENTRE CANAL+ ET LE CINÉMA
ÉditorialMAIS PASCAL ROGARD (SACD) DÉSAPPROUVE
Donc les professionnels français du cinémas ont obtenu gain de cause dans leur bras de fer avec Canal+.
Les « révélations » publiées par le Figaro étaient finalement un coup de bluff de la chaîne pour obtenir le meilleur accord possible. https://siritz.com/editorial/la-vraie-bataille-des-programmes/Par ailleurs la stratégie de la chaîne se dessine. Plutôt que d’essayer de rivaliser avec les plateformes sur le terrain des séries, elle joue la carte des films français, tout en restant une chaîne généraliste, se reposant notamment sur le sport.
Sans doute espère-elle que My Canal, en plus de Netflix, diffusera d’autres plateformes, comme Disney +, puis HBO max.
Canal+ et ses filiales augmente son investissement dans la production de films français de 160 à 200 millions € par an. Et c’est un volume forfaitaire, sans référence au chiffre d’affaires de la chaîne. Elle pourrait donc se scinder en deux chaînes pour résister aux plateformes sans que cela ne pose un problème au cinéma.
Canal + obtient gain de cause en avançant sa fenêtre de 8 à 6 mois et, surtout, en repoussant celle des plateformes à 15 mois. Si les plateformes descendaient à 12 mois l’apport de Canal+ serait réduit de 30 à 50 millions €.
Enfin, Canal + acquiert la possibilité d’être coproducteur de certains films. De même Canal + a obtenu que chaque chaîne en clair ne puisse pas diffuser simultanément plus de 10 films sur son service en replay pour ne pas être trop attractif par rapport â la chaîne â péage.
Même des exploitants seront perdants
Il semble probable que les professionnels du cinémas français, dans leurs négociations à venir avec les plateformes, répondront aux souhaits de la chaine à péage qu’ils ont maintenu comme le principal partenaire.
Le seul à marquer son désaccord est Pascal Rogard, le directeur général de la SACD qui affirme : « Cet accord c’est celui d’un accord qui ferme le marché. » Il fait en effet remarquer que le cinéma se met entièrement sous la dépendance d’un seul diffuseur qui, inévitablement, refusera de diffuser certains films parce que trop risqués à ses yeux. En outre, même les exploitants seront perdants, car des films à budget « moyen » que Canal + refusera d’acheter iront directement sur une plateforme.
LA RÉMUNÉRATION DE MARC FOUCHARD
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « HORS DU MONDE »
Ce thriller, adaptation d’un roman qu’il a écrit, est le second long métrage du réalisateur. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Fouchard
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Julien Rousseau et Gilles Commaille (Dacor Productions) et a la particularité d’être un des plus petits budgets prévisionnels pour un film de fiction puisqu’il n’est que de 390 000.https://fr.wikipedia.org/wiki/Hors_du_monde
Il est distribué par Next film distribution.
Pour la préparation, 19 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 10 000 €, dont 7 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 3 000 € de salaire de technicien. C’est une des plus faibles rémunérations de réalisateurs pour un films de fiction sorti depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Il a, en outre, reçu 11 500 € pour le scénario.
Le producteur a investi du numéraire, au-delà de son crédit d’impôt, ainsi que son salaire et ses frais généraux en participation. Le distributeur n’a donné aucun minimum garanti.
Le premier film du réalisateur était Break, sorti le 18 juillet 2018. Il était coproduit par SND et Nynamor Films pour un budget de 5 millions €.
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 70 000 €, dont 30 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 40 000 € de salaire de technicien. Il avait, en outre, reçu 104 000 € pour le scénario.
Le distributeur était SND qui, pour tous les mandats, n’avait accordé aucun minimum garanti.
Le film avait rassemblé 104 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION D’ ANTONIN PERETJATKO
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « LA PIÈCE RAPPORTÉE »
C’est son troisième long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonin_Peretjatko
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il a été produit par Thomas et Mathieu Verhaeghe (Atelier production) pour un budget prévisionnel de 3,2millions €. Il est distribué par Diaphana/Orange Studio.
Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 124 000 €, dont 60 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 64 000 € de salaire de technicien. C’est moins que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année.https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Le film est l’adaptation d’une nouvelle Noëlle Raude « Il faut un héritier » dont les droits ont été acheté 70 000 €. Le réalisateur a reçu 5000 € pour le scénario. Le coût total du scénario est donc supérieur à celui de la rémunération du réalisateur, comme dans 60% des films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-scenarios-au-9-11/
La musique a été composé par Mathieu Lamboley et a générée une aide du CNC pour musique originale et une aide de la Sacem. Son budget est de 150 000 €, soit 4,8% du budget total du film, ce qui est beaucoup plus que la moyenne des films français. https://siritz.com/financine/les-barometres-de-musique-de-film/
Le film a bénéficié de 100 000 € d’avance sur recettes.
Orange Studio est coproducteur et la région Auvergne-Rhône-Alpes-Cinéma a accordé une aide.
Les distributeurs n’ont pas donné de minimum garanti.
Le précédent film du réalisateur était « La loi de la jungle », sorti le 15 juin 2016. Il était produit par Rectangle productions pour un budget de 3,8 millions € et distribué par Haut et court/Orange studio.
Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 95 000 €, dont 45 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 50 000 € de salaire de technicien. Il avait en outre reçu 50 000 €, plus 38 000 € pour le scénario.
Le film avait rassemblé 103 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE YVAN ATTAL
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « LES CHOSES HUMAINES »
C’est le 8ème long métrage réalisé par Yvan Attal qui mène aussi une carrière d’acteur et de scénariste. Son fils est par ailleurs l’un des principaux comédiens et le co-scénariste de ce film. https://fr.wikipedia.org/wiki/Yvan_Attal
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Les co-producteurs délégués sont Olivier Delbosc (Curiosa films), et Yvan Attal (Les films sous influence) pour un budget de 7,9 millions. Gaumont est distributeur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Choses_humaines_(film)
c’est l’adaptation d’un roman de Karin Tuil sur une accusation de viol, dont les droits ont été achetés 202 000 €.
Pour la préparation, 43 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 450 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est la troisième rémunération des films sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Le scénario a été coécrit avec Yaël Langmann et ils se sont partagés 335 000 €. Si on inclut les droits du livre, c’est très au-dessus de la moyenne des scénarios des films français sortis depuis le début de l’année. Il se situe même dans le top 10. Et ce scénario a un budget total supérieur à la rémunération du réalisateur. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-scenarios-au-9-11/
Le film a bénéficié du soutien de la région Ile de France. Il est coproduit par France 2. Canal+, Multithématiques et France 2 ont pré-acheté un passage. Gaumont a donné un minimum garanti pour les droits mondiaux.
Le précédent Film d’Yvan Attal était « Mon chien stupide » qui était sorti le 30 octobre 2019. Il était produit par Same Player et Montauk Films. Studio Canal le distribuait. C’était également l’adaptation d’un roman américain de John Fante.Le scénario avec également été co-écrit avec Yaël Langman et ils s’étaient partagés 338 000 €.
Pour la préparation, 43 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 500 000 €, dont 300 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 200 000 € de salaire de technicien.
Le film avait rassemblé 500 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LES BAROMÈTRES DE MUSIQUE DE FILM
FinanCinéEN € ET EN % DU BUDGET TOTAL
La musique est un élément essentiel de la création cinématographique. Elle l’était déjà du temps du cinéma muet. Les chefs d’œuvres de Charlie Chaplin avaient un accompagnement musical, composé par lui. La musique du « Cuirassé de Potemkine » était composée par Dmitri Chostakovitch.
Certains des plus grands compositeurs mondiaux de musique de film sont français : de Michel Legrand à Maurice Jarre en passant par Alexande Desplat, George Delerue ou Francis Lay. Et plusieurs d’entre eux ont été choisis pour composer la musique de chefs d’œuvre d’Hollywood. Aux Etats-Unis la musique est d’ailleurs considérée comme déterminante pour renforcer la mise en scène et créer l’émotion. Elle représente au minimum 2% du budget d’un film alors qu’en France, pour la majorité des films, le budget est bien inférieur.
Nous publions ici deux baromètres de la musique des films français sortis depuis le début de l’année : en € et en pourcentage du budgte total.
Le budget musical, qui est présenté dans les budgets prévisionnels sous la rubrique « droits musicaux » comprend principalement la rémunération du compositeur ou l’achat de droits de musiques existantes, mais aussi l’interprétation et l’orchestration et même parfois l’enregistrement. Nos baromètres incluent les films de fiction, d’animation et les documentaires.
Le budget de musique de films le plus important est celui de « Aline », réalisé par Valérie Lemercier, une transposition de la vie de Céline Dion. Il est de 960 000 € et représente 4,29% du budget du film, ce qui est beaucoup plus élevé que la moyenne. Il y a évidemment beaucoup d’achats de droits. Les responsables de ce budget sont Rémy Galichel et Laurent Marimbert. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-valerie-lemercier/
Le film qui arrive en seconde position est « Annette », réalisé par Léos Carax. Lui aussi tourne autour de la musique. La supervision musicale et la production exécutive est confiée à Pierre-Marie Dru. La musique, représente un budget de 500 000 €, soit 2,7% du budget total du film. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-leos-carax/
Le budget moyen de la musique est de 68 000 € et le budget médian de 50 0000 €.
En pourcentage du budget du film, le budget musical le plus élevé est celui du documentaire « A la vie », réalisé par Aude Pépin. Il suit une sage-femme féministe. Le budget de la musique est de 23 000 €, soit 8,2% d’un budget total de 280 000 €. https://fr.wikipedia.org/wiki/À_la_vie_(film,_2021)
En seconde position on trouve un film de fiction, « Si on chantait », réalisé par Fabrice Maruca, qui est également un film qui tourne autour de la chanson. Le budget de 480 000 € représente 6,93% du budget total. https://fr.wikipedia.org/wiki/Si_on_chantait_(film)
LA VRAIE BATAILLE DES PROGRAMMES
ÉditorialLe quotidien Le Figaro de mercredi dernier a publié un article qui est une véritable bombe à propos des négociations entre Canal+ et le cinéma. Nul doute que cette information explosive vient du groupe Vivendi qui possède la chaîne et qu’elle a pour but d’avancer un pion dans cette partie d’échec qui doit s’achever d’ici quelques jours. https://www.lefigaro.fr/medias/canal-pourrait-diviser-par-deux-ses-investissements-dans-le-cinema-20211123
Les professionnels du cinéma estiment, ou feignent d’estimer, que c’est du bluff pour les forcer à accepter les aménagements souhaités pas Canal+ dans la chronologie des médias. D’une part avancer la fenêtre de la chaîne à péage de 8 à 3 mois après la sortie en salle. D’autre part retarder la fenêtre des chaînes gratuites, pour fixer celle des plateformes bien au-delà de celle de Canal+.
Mais le projet annoncé présente pour cette dernière un avantage qui est peut-être bien supérieur à celui de gagner cinq mois dans la chronologie des médias : réduire sensiblement les dépenses de la chaîne, puisqu’il s’agirait de transformer Canal + en une chaîne ne diffusant que des films et des séries, l’abonnement pouvant ainsi passer de 40 à 20 € par mois, se rapprochant de celui des plateformes. Une offre qui serait conforme aux accords entre Canal+ avec le cinéma et le CSA qui ne portent que sur les films et les séries.
Et, bien entendu, même si cette réduction entrainait une augmentation du nombre d’abonnés intéressés par le cinéma et les séries, attirés par cette réduction du prix, le chiffre d’affaires de la chaîne pourrait être réduit de près de 50%. Et donc, les investissements obligatoires de la chaîne dans le cinéma, qui sont de 12,5% de ce chiffre d’affaires, seraient réduits de presqu’autant. Soit une perte de 80 millions € par an pour la production cinématographique française.
Par ailleurs Vivendi créerait Canal+ sport, qui reprendrait l’offre de sport de Canal +, avec, là encore, un tarif réduit, plus compétitif pour les abonnés qui ne s’intéressent qu’au sport.
Pour les abonnés qui s’intéressent aux œuvres audiovisuelles et au sport, une offre groupée au même tarif que celui de Canal+ actuel serait proposé. Il faudrait que les abonnés s’adaptent à ces trois options, mais, cela fait longtemps que My Canal est devenu un très efficace opérateur d’un bouquet de chaînes sur internet.
En fait, même en matière de cinéma, pour Canal+, comme dans les salles, les films porteurs sont les films américains, les films français n’intéressant que 35% à 40% du public du cinéma. Or, il est très possible que les deux principaux studios, Disney et Warner, quelle que soit la chronologie des médias, réservent leurs films à leurs plateformes de S-VoD. https://siritz.com/editorial/le-beurre-et-largent-du-beurre/
Certes, le fait que Canal+ ait laissé filtrer ce projet plutôt que de le révéler au dernier moment inclinerait à penser que c’est une arme de pression plutôt qu’une intention arrêtée.
Le succès de la série « Squid Game »
Reste que la vraie bataille des programmes, entre plateformes et chaînes, va se faire sur les séries. Et le succès de la série coréenne « Squid game » sur Netflix démontre que, dans ce domaine, la domination de la production américaine n’est pas aussi éclatante. Il est donc possible que les 80 millions € que Canal+ économiserait sur le cinéma soit en partie ou en totalité investi dans les séries françaises ou étrangères. Que pèsent quelques mois dans la chronologie des médias face à cet enjeu ?
LA RÉMUNÉRATION DE AUDREY ESTRUGO
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « SUPRÊMES »
Ce biopic musical est son second film. https://fr.wikipedia.org/wiki/Audrey_Estrougo
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Christophe Rossignon (Nord-Ouest Film) pour un budget prévisionnel de 7,8 millions €. Son distributeur est Sony Pictures qui a donné un très important minimum garanti, pour tous les mandats sauf la télévision. Pour « Opération Portugal », ce Studio américain avait déjà donné un minimum garanti proportionnellement très important par rapport au budget. https://siritz.com/financine/le-poids-de-la-distribution-dans-le-financement/ En terme de fréquentation il est en tête des films français sortis cette semaine.
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 108 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est un peu plus que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2021. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Le scénario a été co-écrit avec Marcia Romano et elles se sont partagées 571 000 €. A notre que Marcia Romano est également co-scénariste de « L’Évènement », qui sort cette semaine. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-audrey-diwan/
Le budget musical du film est de 335 000 €.
Auvergne-Rhône-Alpes cinéma est coproducteur tout comme France 2.
Canal+, Multithématiques et France 2 ont préacheté un passage.
Le premier film d’Audrey Estrugo était « La Taularde », sorti le 20 septembre 2016. Il était coproduit par Rouge distribution et Superproduction pour un budget de 2,7 millions €.
Pour la préparation, 26 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 49 000 €, dont 23 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 26 000 € de salaire de technicien.
Le scénario avait été co-écrit avec Agnès Caffin et elles s’étaient partagées 51 000 €.
Le film avait rassemblé 203 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION D’ÉMANNUELLE BERCOT
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « DE SON VIVANT »
C’est le 6ème long métrage de la réalisatrice. https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuelle_Bercot
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Denis Pineau-Valencienne et François Kraus (Les films du kiosque) l’ont produit pour un budget prévisionnel de 6,8 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/De_son_vivant
Pour la préparation, 43 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 150 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français déjà sortis en 2021. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Le scénario a été coécrit avec Marcia Romano qui est également coscénariste de « L’Évènement » qui sort cette semaine. Elles se sont partagées 235 000 €. Comme pour 60% des films français le scénario est mieux rémunéré que la réalisatrice. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-scenarios-au-9-11/
Le producteur a investi du numéraire en grande partie couvert par son crédit d’impôt.
Le film bénéficie de 550 000 € d’avance sur recettes.
Canal+ est coproducteur en investissant du soutien financier. Ont également investi 5 soficas adossées et 5 soficas non adossées. La région Ilde de France a apporté un soutien.
Canal+ et Multithématiques ont préacheté un passage. France 2 est coproducteur et a préacheté un passage.
Studio Canal est distributeur. Son minimum garanti est inclus dans son investissement producteur.
Le précédent film réalisé par Emmanuelle Bercot était « La fille de Brest » sorti le 23 octobre 2016. Il était produit et distribué par Haut et court. Son budget était de 5,6 millions €. Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 150 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’était une adaptation du roman d’Irène Frachon dont les droits d’adaptation avaient été achetés 234 000 €. Le scénario avait été co-écrit avec Séverine Bosschem et elles s’étaient partagé 218 000 €.
Le film avait rassemblé 410 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE AUDREY DIWAN
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « L’ÉVÉNEMENT »
Dès son 2ème long métrage cette réalisatrice a décroché le Lion d’or du Festival de deVenise. ,https://fr.wikipedia.org/wiki/Audrey_Diwan
A noter que la même année, Julie Ducourneau a obtenu la palme d’or du Festival de Cannes avec Titane. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-julie-ducournau/: deux films français et deux françaises sur la première marche des deux plus importants festivals.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film a été produit par Édouard Weill (Rectangle productions) pour un budget prévisionnel de 4,3millions € et il est distribué par Wild bunch.
Pour la préparation, 32 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 100 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est qui valent à la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs/
Elle a en outre reçu 101 000 € pour le sujet. Le scénario a été coécrit avec Marcia Romano qui a reçu 73 000 €.
Le film a bénéficié de 550 000 € d’avance sur recette.
L’investissement en numéraire du producteur est en grande partie couvert par son crédit d’impôt et ses imprévus. Il a mis une petite partie de son salaire et de ses frais généraux en participation.
France 3 est également coproducteur ainsi que 2 soficas dont une sofica adossée à Rectangle productons. Les Régions Ile de France et Aquitaine ont apporté un soutien.
Canal+, Mutithématiques et France 3 ont effectué un préachat.
Wild Bunch a donné un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo et un autre pour le mandat international.
Le premier film de la réalisatrice était « Mais vous êtes fou », sorti le 24 avril 2018. Le producteur et le distributeur étaient les mêmes et son budget était de 3,6 millions €.
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisateur est de 70 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. S’y ajoutait 40 000 € pour le sujet. Le scénario avait déjà été coécrit avec Maria romano qui avait reçu 45 000 €.
Le film avait rassemblé 107 000 spectateur
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.