Les talents du grand écran désertent de plus en plus la salle
Netflix vient de prendre un virage important. Sans doute pour répondre à Disney qui a commencé à diffuser ses blockbusters, directement sur sa plateforme Disney+. Même ceux à 200 millions $. Et aussi à Warner qui, aux Etats-Unis en tout cas, a décidé de supprimer la fenêtre d’exclusivité de 3 mois des salles de cinéma, pour diffuser tous ses films de 2021, y compris ses blockbusters de 200 millions $ de budget, en même temps dans les salles américaines et sur sa plateforme S-Vod, HBO max.
Jusqu’à présent en effet Netflix privilégiait les séries et les documentaires exclusifs. La plateforme proposait aux exploitants de diffuser les films de cinéma sur Netflix en même temps qu’en salle, ce que les exploitants refusaient. Elle se contentait donc de diffuser, en exclusivité, des films unitaires, réalisés par de grands réalisateurs, comme « The Irishman », réalisé par Martin Scorsese ou « Roma », réalisé par Alfonso Cuaron.
Mais, mardi, Scott Stuber, le responsable du cinéma sur Netflix, vient d’annoncer un changement de politique : ses programmes de 2021 comprendront 70 films avec des vainqueurs des oscars et des stars du box-office. Ces films ont toutes les caractéristiques des films, y compris les blockbusters, qui, jusque-là, sortaient en salle. Mais ils ne sortiront pas en salle, ni aux Etats-Unis, ni en France.
Cette liste comprend des comédies, des drames, des films d’horreur, des films familiaux et des films étrangers. Ainsi, « Red Notice », est un film d’action, réalisé par Rawson Marshall Thurber, avec Ryan Reynolds, Gal Gadot et Dwayne Johnson, dont le budget est de 160 millions $. Le précédent film du réalisateur, « Skyper » avait été distribué en France par Universal et y avait rassemblé 700 000 spectateurs.

Un thriller de 160 millions $
Autre exemple : Jennifer Lawrence et Leornardo DiCaprio seront les stars de « Don’t look up », réalisé par Adam McKays, dont « Le big short : le casse du siècle », distribué par Paramount, avait rassemblé 832 000 spectateurs en France en 2015.
Cette liste comprend également le prochain film de Jane Campion, l’adaptation de la comédie musicale à succès « Tick tick…. Boom », le prochain film de Sorrentino, de Jeunet, de Dany Boon, etc..

Jane Campion
Netflix a acquis à des producteurs indépendants des films initialement destinés au cinéma. Mais aussi des films produits par Disney, MGM, Sony, Paramount.
Scott Stuber a affirmé que Netflix va développer des films d’action à gros budget. Comme « The gray man », réalisé par Joe et Anthony Russo (« Les Avengers »), avec Ryan Gossling et Chris Evans et une nouvelle adaptation des « Chroniques de Narnia ».
Quelque soit la réglementation protectrice mise en place en France, cette évolution pose un énorme problème de survie aux salles de cinéma et aux distributeurs français. https://www.offremedia.com/smad-entre-150meu-et-200meu-attendus-chaque-annee-de-netflix-dit-roselyne-bachelot
C’est ce que nous avons écrit la semaine dernière. https://siritz.com/editorial/la-salle-de-cinema-menacee-de-mort/
La réponse ne viendra pas des pouvoirs publics mais des salles elles-mêmes. https://siritz.com/editorial/pour-survivre-les-salles-doivent-bouger/
Et, bien entendu, il ne s’agit que des films que Netflix va diffuser en 2021. La plateforme, comme ses concurrents, est déjà en train de commander et de faire produire les films à diffuser en 2022 et qui ne seront pas dans les salles.
Certes, les producteurs, eux, pourront s’adapter à ces nouveaux clients. Mais est-ce que cela pourra compenser l’effondrement du média salle de cinéma ?
LA REMUNERATION DU RÉALISATEUR ANDRE TÉCHINÉ
CinéscoopPOUR « L’ADIEU A LA NUIT »
Mercredi 20 OCS a diffusé « L’Adieu à la nuit ». qui était sorti en salle le 24 avril 2019.https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Adieu_à_la_nuit
C’est le dernier et 23ème film d’André Téchniné. https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Téchiné
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il a été produit par Olivier Delbosc (Curiosa films) pour 4,4 millions €. L’Allemagne est coproductrice à 20%. Il est distribué par Ad Vitam et a rassemblé 260 000 spectateurs.
Le film a été coproduit par Arte qui, en France, l’a coproduit pour 350 000 € et préacheté pour 150 000 €. En Allemagne c’est la ZDF qui a investi 300 000 € pour le compte d’Arte. Le mini-traité franco-allemand a apporté 150 000 € de subvention en France et autant en Allemagne.
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production, la rémunération d’André Téchiné est de 120 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est un peu plus que le double de la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Il a en outre partagé 20 000 € avec Amer Alwan pour avoir conçu l’idée du film et 265 000 € avec Léa Mysius pour l’écriture du scénario.
Le précédent film d’André Téchniné était « Nos années folles », sorti le 13 septembre 2017. Il était produit et distribué par Laurent Pétin et Michel Halberstadt (ARP Séléction). Son budget était de 6,5 millions €. Il avait rassemblé 141 000 spectateurs.
Pour la préparation, 37 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 144 000 € répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il avait en outre partagé 450 000 € avec Cédric Anger pour l’écriture du scénario.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DU RÉALISATEUR LADJ LY
CinéscoopPOUR « LES MISERABLES »
Canal+ cinéma a diffusé mardi 19 janvier « Les misérables ». Ce film, sorti en salle le 20 novembre 2019, a obtenu 8 Césars, dont celui du meilleur film et du meilleur premier films ainsi que l’Oscar du meilleur film international. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Misérables_(film,_2019)
C’est le premier long métrage de Ladj Ly, qui est par ailleurs comédien et réalisateur de films documentaires. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ladj_Ly
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Christophe Barra (SRAB films) pour un budget de 2,1 millions €. Il est distribué par Bac Films qui a donné un minimum garanti salle et vidéo de 130 000 € et un minimum garanti international de 90 000 €. Sorti sur 490 copies, il a rassemblé 2,2 millions de spectateurs.
Pour la préparation, 28 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur est de 60 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est un peu plus que la moitié de la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été co-écrit avec Giordano Gederlini, Alexis Manenti et leur rémunération était de 85 000 €. Les seules chaînes à l’avoir acheté sont Canal+ pour 628 000 € et Multithématiques pour 70 000 €. Le producteur a mis son salaire, ses frais généraux et même ses imprévus en participation. Le film n’a pas reçu d’avance sur recettes.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNERATION DE JEAN-FRANCOIS RICHET
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « L’EMPEREUR DE PARIS »
Dimanche 17 janvier France 2 a diffusé « L’empereur de Paris », un film policier historique, qui était sorti en salle le 19 décembre 2018.https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Empereur_de_Paris
Il a été réalisé par Jean-François Richet dont c’est le 9ème long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Richet
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il a été produit par Eric et Nicolas Altmayer (Mandarin Production) pour un budget de 22,1 millions €. Son distributeur est Gaumont et, sorti sur 464 copies, il a rassemblé 815 000 spectateurs.
Pour la préparation, 48 jours de tournage et la post-production la rémunération de Jean-François Richet était de 667 000 €, répartie entre 337 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 330 000 € de salaire de technicien. C’est plus du triple de la rémunération moyenne des réalisateurs des films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été coécrit avec Eric Besnard et ils se sont partagés 757 000 €.
Le précédent film français réalisé par Jean-François Richet est « Un moment d’égarement », sorti en salle le 24 juin 2015. C’est un remake du film de Claude Berri sorti en 1997. Il a été produit par le fils de Claude Berri, Thomas Langmann (La Petite Reine) et distribué par Mars film. Son budget était de 12,2 millions €.
Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 150 000 €, dont 60 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 90 000 € de salaire de technicien.
Le scénario a été coécrit avec Lisa Azuelos pour 600 000 €. Les droits de remake ont été achetés 200 000 €. Le film avait rassemblé 865 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LES FRANÇAIS DANS LE PELOTON DE TÊTE DES SERIES
ÉditorialCe succès devrait être une source d’inspiration pour notre cinéma
Cette semaine la série « Lupin », avec Omar Sy, est la plus regardée sur Netflix en France mais aussi aux Etats-Unis et dans le monde. Elle est produite par Gaumont. Ses deux créateurs, que dans ce domaine on appelle showrunners, sont le britannique George Kay, mais aussi le français François Uzan. Et elle est inspirée des célèbres aventures d’Arsène Lupin, créées par Maurice Leblanc en 1905. Mais la série ne se passe pas à cette époque. C’est aujourd’hui que son héros, interprété par Omar Sy, s’inspire de ce personnage de roman.
Ce qui est certain c’est que, avec ce succès, la France est désormais dans la cour des grands dans le domaine des séries. Gaumont y avait déjà triomphé en 2015 avec « Narcos », également diffusée par Netflix. Mais elle avait pour producteur exécutif un brésilien et pour showrunner un canadien. En fait, celle-ci a permis à la société française de s’initier à ce genre.
Bien entendu, ce groupe n’est pas le seul producteur français à s’être imposé dans ce domaine au niveau international. La série sur les services secrets, « Le bureau des légendes », produit par Alex Berger et dont le showrunner est le réalisateur de cinéma Eric Rochant, que Canal+ a distribuée, a été vendue dans le monde entier. Time magazine l’a d’ailleurs considérée comme l’une des 10 meilleures séries de tous les temps. La série policière « Engrenages », créée par Alexandra Clert (Son et Lumière) pour Canal+ est également un succès international.
La société de production et de distribution cinéma Haut et court s’est diversifiée dans la production de séries en s’associant notamment avec des israéliens. Car Israël est, avec le Danemark (« Borgen », The Killing ») un petit pays, mais l’un des plus créatifs dans ce domaine. Haut et court vient ainsi de coproduire «No man’s land», une excellente série diffusée sur Arte.
Et pourtant la France part de loin
Et pourtant, l’audiovisuel français vient de loin. Nos chaînes de télévision n’ont longtemps accepté que les collections, unitaires avec un personnage ou un thème commun, refusant les séries. Elles n’ont longtemps eu qu’un seul feuilleton alors que nos voisins en avaient trois, voire quatre.
Ces succès confirment qu’il y a pour l’industrie et la création audiovisuelles françaises un champ de développement très important. Et que, dans ce domaine, les français sont particulièrement doués. Or ils devraient faire réfléchir le monde du cinéma. https://siritz.com/editorial/pour-survivre-les-salles-doivent-bouger/
Tout d’abord parce qu’au début du cinématographe le « feuilleton » était l’un des genres les plus créatifs. C’est ainsi qu’en 1913 Louis Feuillade a lancé pour le cinéma 5 épisodes tirés du roman de Pierre Sovestre et Marcel Allain, « Fantomas ». En 1915, Pathé va plus loin en inventant le ciné-roman : un feuilleton diffusé d’abord dans des magazines vendus en kiosque, puis repris sous forme de film par les salles de cinéma. Le premier est « Les mystères de New-York » et ses 13 épisodes. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Mystères_de_New_York Gaumont réplique en confiant à Feuillade le feuilleton de 10 épisodes, « Les Vampires ». Puis « Judex » aura 12 épisodes.
Certes, aujourd’hui, le cinéma connait les franchises. Mais le principe est différent puisque ce n’est qu’après le succès du premier film qu’est lancé la production d’un second et, ainsi de suite. Au contraire, la production de tous les épisodes des feuilletons était lancée dès le départ, ce qui permettait d’énormes économies d’échelle. En outre, il n’y a pas, pour les franchises, une diffusion préalable en magazine.
Enfin, l’exemple de la série « Lupin » montre comment de grands classiques de la littérature peuvent être « modernisés ». Or la France possède, dans son patrimoine littéraire, de nombreux feuilletons mondialement connus et dans le domaine public, des «Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas aux «Misérables» de Victor-Hugo. De même, de nombreux romans de Balzac ont été publiés au préalable dans la presse sous forme de feuilleton.
LA REMUNERATION DE JAMES HUTH
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « RENDEZ-VOUS CHEZ LES MALAWAS »
Canal + diffuse en prime-time ce vendredi 15 janvier la comédie « Rendez-vous chez les Malawas » qui est sorti en salle le 25 décembre 2019. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rendez-vous_chez_les_Malawas
Il a été réalisé par James Huth dont c’est le 7ème long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Huth
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par Richard Grandpierre (Eskwad), son budget est de 12,8 millions €. Il a été distribué par Pathé.
Pour la préparation, 47 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur est 500 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est près de trois fois la rémunération moyenne des films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
A noter que la rémunération des rôles principaux est de 780 000 €
Sorti sur 563 copies, le film a rassemblé 630 000 spectateurs.
Le précédent film réalisé par James Huth est « Brice 3 », sorti en salle le 19 octobre 2016. Il était produit par Eric et Nicolas Altmayer (Mandarin Production) ainsi que Marc et Jean-Dujardin (JD Production). Son budget était de 16 millions €. Et il était distribué par Gaumont. Le film a rassemblé 1,95 million de spectateurs.
Pour la préparation, 55 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 322 000 €, répartie entre 215 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 107 000 € de salaire de technicien. S’y ajoutent 20 000 € de rémunérations complémentaires.
Le scénario a été écrit par Jean Dujardin, qui est également l’un des principaux interprètes du film, pour une rémunération fixe de 250 000 € et une rémunération proportionnelle aux recettes pouvant aller jusqu’à 250 000 €.
A noter que l’ensemble des rôles principaux a une rémunération de 330 000 €.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
RAZZIA DE NETFLIX SUR LES FILMS DE CINEMA
FinanCinéLes talents du grand écran désertent de plus en plus la salle
Netflix vient de prendre un virage important. Sans doute pour répondre à Disney qui a commencé à diffuser ses blockbusters, directement sur sa plateforme Disney+. Même ceux à 200 millions $. Et aussi à Warner qui, aux Etats-Unis en tout cas, a décidé de supprimer la fenêtre d’exclusivité de 3 mois des salles de cinéma, pour diffuser tous ses films de 2021, y compris ses blockbusters de 200 millions $ de budget, en même temps dans les salles américaines et sur sa plateforme S-Vod, HBO max.
Jusqu’à présent en effet Netflix privilégiait les séries et les documentaires exclusifs. La plateforme proposait aux exploitants de diffuser les films de cinéma sur Netflix en même temps qu’en salle, ce que les exploitants refusaient. Elle se contentait donc de diffuser, en exclusivité, des films unitaires, réalisés par de grands réalisateurs, comme « The Irishman », réalisé par Martin Scorsese ou « Roma », réalisé par Alfonso Cuaron.
Mais, mardi, Scott Stuber, le responsable du cinéma sur Netflix, vient d’annoncer un changement de politique : ses programmes de 2021 comprendront 70 films avec des vainqueurs des oscars et des stars du box-office. Ces films ont toutes les caractéristiques des films, y compris les blockbusters, qui, jusque-là, sortaient en salle. Mais ils ne sortiront pas en salle, ni aux Etats-Unis, ni en France.
Cette liste comprend des comédies, des drames, des films d’horreur, des films familiaux et des films étrangers. Ainsi, « Red Notice », est un film d’action, réalisé par Rawson Marshall Thurber, avec Ryan Reynolds, Gal Gadot et Dwayne Johnson, dont le budget est de 160 millions $. Le précédent film du réalisateur, « Skyper » avait été distribué en France par Universal et y avait rassemblé 700 000 spectateurs.
Un thriller de 160 millions $
Autre exemple : Jennifer Lawrence et Leornardo DiCaprio seront les stars de « Don’t look up », réalisé par Adam McKays, dont « Le big short : le casse du siècle », distribué par Paramount, avait rassemblé 832 000 spectateurs en France en 2015.
Cette liste comprend également le prochain film de Jane Campion, l’adaptation de la comédie musicale à succès « Tick tick…. Boom », le prochain film de Sorrentino, de Jeunet, de Dany Boon, etc..
Jane Campion
Netflix a acquis à des producteurs indépendants des films initialement destinés au cinéma. Mais aussi des films produits par Disney, MGM, Sony, Paramount.
Scott Stuber a affirmé que Netflix va développer des films d’action à gros budget. Comme « The gray man », réalisé par Joe et Anthony Russo (« Les Avengers »), avec Ryan Gossling et Chris Evans et une nouvelle adaptation des « Chroniques de Narnia ».
Quelque soit la réglementation protectrice mise en place en France, cette évolution pose un énorme problème de survie aux salles de cinéma et aux distributeurs français. https://www.offremedia.com/smad-entre-150meu-et-200meu-attendus-chaque-annee-de-netflix-dit-roselyne-bachelot
C’est ce que nous avons écrit la semaine dernière. https://siritz.com/editorial/la-salle-de-cinema-menacee-de-mort/
La réponse ne viendra pas des pouvoirs publics mais des salles elles-mêmes. https://siritz.com/editorial/pour-survivre-les-salles-doivent-bouger/
Et, bien entendu, il ne s’agit que des films que Netflix va diffuser en 2021. La plateforme, comme ses concurrents, est déjà en train de commander et de faire produire les films à diffuser en 2022 et qui ne seront pas dans les salles.
Certes, les producteurs, eux, pourront s’adapter à ces nouveaux clients. Mais est-ce que cela pourra compenser l’effondrement du média salle de cinéma ?
LA REMUNERATION DE LUDOVIC JUSTIN-COLBEAU
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « LE LION »
« Le lion », avec Dany Boon va être rediffusé, samedi 16 janvier sur Canal+ cinéma. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Lion_(film,_2020)
Cette comédie d’espionnage, sortie le 19 janvier 2020 est réalisée par Ludovic Justin-Colbeau, dont c’est le deuxième long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludovic_Colbeau-Justin
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par Jean-Yves Robin (Monkey Pack Films) pour un budget de 15,8 millions €, il a été distribué par Pathé pour le compte de TF1 DA qui a donné un minimum garanti.
Pour la préparation, 54 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur est de 450 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est très au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été écrit par Mathieu Le Naour, Alexandre Coquelle pour 132 000 €. Le réalisateur a, en outre, reçu 350 000 € de rémunération complémentaire.
Le film a rassemblé 457 000 spectateurs.
Le précédent et premier film de Ludovic Justin-Colbeau est « C’est tout pour moi », sorti en salle le 29 novembre 2017 co-réalisé avec Nawell Madani. Il était produit par Jean-Baptiste Dupont & Cyril Colbeau-Justin (LGM) pour 3,8 millions € et distribué par UGC. Pour la préparation, 34 jours de tournage et la post-production la rémunération des réalisateurs Ludovic Justin-Colbeau était de 140 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Nawell Madani et deux autres scénaristes avaient reçu 205 000 €.
Le film avait rassemblé 695 000 spectateurs.
*http://www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE ROMAN POLANSKI
CinéscoopPour la réalisation de « J’accuse »
Mercredi 13 janvier Canal+City a diffusé (après OCS et Canal+), « J’accuse » qui était sorti le 13 octobre 2019. Ce film traite de l’affaire Dreyfus et il s’inspire du livre de Robert Harris qui traite le sujet comme un roman. https://fr.wikipedia.org/wiki/J%27accuse_(film,_2019)
Il a été réalisé par Roman Polanski. https://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_Polanski.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Alain Goldmann (Légende Films) l’a produit pour un budget de 22,5 millions €. Gaumont l’a distribué avec un mandat sur tous les médias. Le film est coproduit à 12% par l’Italie.
Pour la préparation, 71 jours de tournage et la post-production Roman Polanski a reçu une rémunération de 500 000 €, répartie en part égale entre son à valoir sur droits d’auteurs et son salaire de technicien. Cela est évidemment très au-dessus du double de la réalisation moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
En outre ,750 000 € ont été alloués à Roman Polanski pour la réalisation du scénario, ce montant comprenant l’acquisition des droits du livre de Robert Harris.
Le film a reçu la Grand prix de la Mostra de Venise et 3 Césars, dont celui du meilleur réalisateur. Ces prix ont été l’objet de controverses tenant à la vie privée du réalisateur. Sorti sur 541 copies il a rassemblé 1,570 millions de spectateurs en France.
Le précédent film réalisé par Roman Polanski était « D’après une histoire vraie ». Lui aussi est tiré d’un livre, écrit par Delphine le Vigan qui a participé avec la réalisateur et Olivier Assayas à l’écriture du scénario. Pour le livre et le scénario ils ont reçu 850 000 €.
Le film était produit par Wassim Beji (Why production) pour 14 M€ et distribué par Mars films. Il n’avait rassemblé que 111 000 spectateurs.
La rémunération de Roman Polanski était la même que pour « J’accuse ».
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
POUR SURVIVRE LES SALLES DOIVENT BOUGER
ÉditorialProduire des contenus remplaçant les blockbusters qui vont manquer
Théoriquement, quand elles ré-ouvriront, les salles françaises ont un bel avenir devant elles. Mais, comme analysé dans l’éditorial de la semaine dernière, leur avenir dépend en fait de la stratégie que vont adopter les majors américaines dont les films représentent grosso modo 50% de la fréquentation française. https://siritz.com/editorial/la-salle-de-cinema-menacee-de-mort/
Cela devrait nous inciter à réfléchir à notre écosystème du cinéma, dont nous sommes très fiers, mais qui est peut-être dépassé.
Nous pouvons être fiers de l’écosystème du cinéma français
Notre production de film est sans doute la première et la plus diversifiée d’Europe. Mais elle ne représente que 35 à 40% de la fréquentation de nos salles. Le fonds de soutien est un mécanisme génial : à la fois épargne forcée obligeant les entreprises de production, de distribution et d’exploitation à constamment investir et un droit de douane sur les productions étrangères, permettant d’amplifier cette incitation à l’investissement. Mais il ne contribue qu’à 10% au financement de nos films. S’y ajoutent les investissements des soficas qui attirent les capitaux des particuliers. Et, enfin, les soutiens régionaux.
Mais le mécanisme essentiel est l’obligation des chaînes à péage et des principales chaînes en clair à investir une partie de leur chiffre d’affaires dans le financement de nouveaux films. Il représente aux alentours de 30% de ce financement. Va s’y ajouter, d’ici quelques mois, l’obligation faites aux plateformes de S-VoD d’investir une partie de leur chiffre d’affaires dans de nouveaux films.
Ce système permet à la fois de produire un nombre record de films de tous genres et de tous budgets et un accès régulier de nouveaux talents à la réalisation. Dans l’ensemble, son bilan est plutôt positif. Mais il sa toujours souffert d’un défaut propre à la plupart des interventions publiques en France : il n’y a pas d’évaluation régulière de chaque mécanisme, en fonction de critères précis, mais qui n’ont d’ailleurs pas été définis, quitte à les revoir régulièrement .
Mais cet écosystème est dépassé
En tout cas, l’environnement du cinéma est en train de profondément changer du fait du développement des plateformes de S-Vod. Celles-ci génèrent un besoin de plus en plus important et diversifié de production de contenus, ce qui est très positif pour le secteur audiovisuel dans son ensemble. Et, notamment, la création, dans tous les pays, à commencer par le nôtre. Mais ces plateformes ont avant tout besoin de séries, que ce soit de fiction, d’animation ou de documentaire. https://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/hbo-max-et-disney-gagnants-de-la-fin-d-annee-aux-etats-unis-39915809.htm
Et nos chaînes vont devoir s’adapter à cette concurrence très puissante puisqu’elle provient essentiellement de diffuseurs qui amortissent leur production sur le marché mondial. Pour y parvenir les chaînes développent de plus en plus le replay et des plateformes spécifiques internet. Cela représente un investissement très important et les films de cinéma vont de moins en moins répondre à leurs besoins. Quant aux plateformes, les films de cinéma, d’abord sortis en salle, ne représenteront qu’une petite partie de leurs besoins.
Pour nos talents et nos producteurs, c’est une très bonne nouvelle. Ils sont dans un secteur en plein expansion qui risque de souffrir de goulots d’étranglements plutôt que de trop plein. Les producteurs vont devoir investir dans le développement de 4 ou 5 séries par an pour en produire une, mais avec une marge assurée et sans risque. Pour nos exploitants c’est autre chose. Certes, la sortie cinéma correspond à un besoin fondamental. Mais il risque de manquer de produits à diffuser : les blockbusters américains car les majors orienteront une part croissante de leurs investissements vers leurs plateformes de S-VoD.
Aux Etats-Unis, depuis quelques années, la Cour suprême a supprimé l’interdiction qui était faite aux majors de posséder des salles. Aucune n’a choisi de racheter de grands circuits. C’est une preuve supplémentaire de leur orientation prioritaire vers les plateformes. Cela signifie qu’il est impératif pour les exploitants américains, européens et français de se préoccuper de leur approvisionnement futur. D’une part en imaginant des productions qui vont remplacer les blockbusters manquants, peut-être en imaginant des alliances mondiales. D’autre part en développant les retransmissions d’évènements, du type des opéras, qui visent un public restreint mais qui sont un succès.
Certes, en France, les grands circuits de salle-Pathé, UGC, CGR- sont producteurs et distributeurs de films. Mais pas de films susceptibles de compenser la disparition ou le recul des blockbusters américains.
Clairement, c’est aux grands circuits de salle de cinéma de bouger. Car, quand le cinéma va reprendre son cours « normal », il se sera passé beaucoup de choses, un peu comme pour les passagers d’Air France dans «L’Anomalie », le dernier et extraordinaire Goncourt.
LA REMUNERATION DE LEO KARMANN
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE » LA DERNIERE VIE DE SIMON »
Compte tenu de la fermeture des salles et de la baisse des recettes publicitaires les chaînes de télévision diffusent de moins en moins de films inédits et puisent dans le stock de films inédits. Afin de continuer à fournir à ses lecteurs un suivi de l’évolution des budgets et des plans de financement des films français Siritz.com analyse des données de que lui fournit Cinéfinances.info* sur ces films déjà diffusés mais dont la sortie en salle est récente.
Ainsi, le 28 décembre Canal+ cinéma a diffusé « La dernière vie de Simon ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dernière_Vie_de_Simon
Ce film est sorti en salle le 5 févier 2020. Il a été réalisé par Léo Karmann (32 anas et fils du comédien Sam Kaemann), dont c’est le premier long métrage.
Ila été produit par Grégoire Debailly (Geko Films) pour un budget de 2,425 millions € et coproduit par Hemgameh Panahi (Celluloid Dreams). Son distributeur en salle est Jour2Fêtes qui avait aussi le mandat vidéo. Sorti sur 49 copies le film avait rassemblé 19 000 spectateurs.
Léo Karmann avait coécrit le scénario avec Sabrina Karine et Marie-Sophie Chambon. Ce scénario avait été payé 63 000 €. Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production le réalisateur avait une rémunération de 50 000 €, répartie en part égal entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est à peine plus que la moitié de la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.