Angelo Cosimano : Tout en virtuel, ce qui a eu beaucoup d’effets positifs. Par exemple, il y a plus de participants, ne serait-ce que parce qu’il n’y a pas de temps de transport. Elles se passent très bien parce que chacun respecte l’autre, la qualité sonore nous contraint a vraiment écouter les interlocuteurs et je rajouterai qu’il n’y a pas d’effet de manche non plus lieu pour nous faire perdre du temps. C’est assez paradoxal, mais nous y avons découvert beaucoup d’avantages.
Siritz.com : Vous allez déménager.
AC : A la fin du mois. Notre équipe est dans les cartons. En principe nous serons installés début octobre, 9 rue Baudoin dans le 13 ème. Avant même de connaître la Covid, nous avons fait le choix de nous contraindre, et d’anticiper le développement des réunions virtuelles. Nous passons de 800 à 300 mètres carrés…
Siritz.com : La CST est un formidable poste d’observation de la fabrication des films et des œuvres audiovisuelles. Est-ce que vous notez un retour au volume de tournage avant la crise ou un recul ?
La reprise des tournages s’est bien passée
AC : La reprise des tournages qui étaient en cours s’est très bien passée. Très tôt, après la fin du confinement, les préparations semblent être reparties. Sur l’aspect tournage nous sommes plus optimiste qu’à la fin du printemps. Ne serait-ce que parce que la télévision a besoin de programmes. Bien entendu les entrées des salles sont au plus bas depuis la réouverture. Mais le cinéma français n’a pas perdu beaucoup. C’est essentiellement dû à l’absence des 55% d’entrées dues aux films américains. Donc, sur le plan de la production il y a des raisons d’être optimiste. Bien entendu, pour les salles de cinéma c’est très compliqué.
Siritz.com : Il y a des règles sanitaires assez strictes sur les tournages. Quels sont les métiers les plus affectés ?
AC : Les retours sont plutôt positifs. Contrairement à la légende, une équipe de tournage c’est une équipe de gens très disciplinés. Tout simplement parce que, comme on n’a pas une minute à perdre, chaque minute perdue coûte très cher. D’après les informations qui remontent à nous, tout le monde s’est plié au jeu. Je pense que c’est plus dans l’écriture que c’est compliqué. Faire prendre moins de risques aux comédiens pourrait devenir une autocensure inconsciente. Mais je fais confiance aux réalisateurs et aux auteurs pour ne pas céder à de mauvaises habitudes.
Les temps de préparation sont trop courts, ce qui coûte cher
AC : Un des défauts du cinéma français, et de la fiction, c’est le manque de temps de préparation. Parce que les financements sont rassemblés au dernier moment et les décisions de tournage sont prises très tard. Donc, comme la production ne consacre pas assez de temps à la préparation, elle perd beaucoup en ne rationalisant pas assez les tournages. Et, économiquement, c’est un non sens puisque la conséquence c’est que, à la fin, cela coûte plus cher. Mais là, depuis la Covid, il s’agit des vies humaines. Donc, il semblerait que la préparation donne de meilleurs résultats en évitant les pertes de temps disons « superfétatoires »…
Jusqu’à ce jour, à ma connaissance, il n’y a pas eu de cas de malade à la suite d’un tournage. A priori tout le monde prend les précautions qu’il faut. En revanche, à partir du déclenchement du confinement il y a sans doute eu des pré-projets qui ont été repoussés et n’ont pas redémarré. On ne peut le quantifier, mais cela aura un effet à un moment. En tout cas les producteurs font leur boulot et essayent à nouveau de monter leurs films.
Siritz.com : Certains disent que cela va permettre enfin de réduire le nombre de film.
AC : Cela fait 50 ans que j’entends dire qu’il y a trop de films. J’avais 15 ans et je m’occupais d’une salle d’art et d’essai de banlieue. Evidemment c’est faux. La preuve : il y a beaucoup moins de films et c’est une catastrophe. Le spectateur, comme le téléspectateurs, a besoin d’avoir le sentiment d’avoir le choix. Et, si, en plus, nous rajoutons la peur d’aller au cinéma, la situation devient très compliquée.
Siritz.com : On ne peut savoir à l’avance quel film va marcher.
AC : C’est la démonstration qu’il faut continuer de produire à un rythme élevé. Pour les salles et pour les intermittents.
Siritz.com : Mais pour les intermittents, on prend en compte dans l’assiette minimale de 507 heures, toutes les heures jusqu’au 31 août 2021.
AC : Mais je parle d’au-delà. Il faut reprendre un même niveau de production.
Siritz.com : On dit que les tournages français à l’étranger ont des problèmes, du fait des mesures sanitaires des différents pays. L’inverse serait vrai aussi.
J’ai eu le Coronavirus le 15 janvier
AC : Je n’ai pas d’exemple, mais je pense que cela doit effectivement être le cas. Il y a la quatorzaine au Royaume-Uni, en Espagne l’épidémie repart. L’Italie tient le choc, mais ça peut repartir en trois jours. Et c’est la même chose pour les tournages d’équipes étrangères en France. C’est à l’image de ce qui se passe dans l’ensemble de l’économie sur toute la planète : dans les faits, nous vivons au jour le jour. En outre, beaucoup de pays commencent à imposer la couverture médicale obligatoire pour arriver chez eux. Cela va d’ailleurs peut-être enfin régler cette question au niveau européen. La prise en charge de la sécurité sociale au niveau européen est en principe très simple. Dans la réalité ça n’est pas si simple que ça. De toute façon la vraie sortie du tunnel viendra du vaccin. Pour l’instant on n’en est qu’à l’espoir de vaccin. Et si on en trouve un, est-ce qu’on pourra obliger tout le monde à se vacciner ? En tout cas, moi j’ai eu le Coronavirus le 15 janvier.
Siritz.com : Ah bon ?
AC : Au début, j’ai cru que c’était une grippe. Personne n’avait encore entendu parler du Coronavirus. Coup de chance, j’ai commencé à ressentir les symptômes la veille du micro-salon. J’ai tout annulé. Le matin j’avais 40 de fièvre et je n’y ai pas été. Si j’y avais été j’aurais contaminé un grand nombre de professionnels.
Siritz.com : Cela a duré combien de temps.
AC : Une semaine. J’avais l’impression d’avoir du béton dans les poumons. Je dormais assis car j’avais du mal à respirer. Mon médecin m’a dit que c’était une grippe. Ma femme l’avait aussi. J’ai été crevé pendant deux semaines. C’est quand j’ai fait les tests sérologiques en avril, les premiers tests, que j’ai découvert que j’avais eu la Covid.
Siritz.com : Vous êtes président de la CST depuis 2 ans. Qu’est-ce que cela change par rapport à délégué général ?
AC : Le délégué général, Baptiste Heynemann, assume la tache difficile de manager les équipes et les rapports quotidiens avec notre secteur. Par exemple c’est lui qui a pris en charge le déménagement et croyez-moi c’est un sacré travail pour une modeste équipe comme la nôtre. J’ai toute confiance en Baptiste, je sais qu’avec lui, la CST saura s’installer dans le XXIème siècle, et que ma génération parviendra à passer la main à des gens beaucoup plus jeunes. C’est la direction que j’ai proposé à notre conseil d’administration avec un objectif parallèle de pouvoir atteindre la parité au plus vite. Pour la première fois de son existence, la vice-présidence est assurée par une femme, notre amie Claudine Nougaret, qui est à la fois réalisatrice, productrice et l’une des meilleurs ingénieurs du son de notre pays. J’en profite pour remercier tous les membres de notre bureau qui bénévolement sont toujours présents à nos côtés. La CST est une association ou la solidarité a toujours exemple d’exemplarité.
Le plus important reste la conservation des savoir-faire dans chaque métier
Siritz.com : Quels sont les enjeux essentiels du secteur ?
AC : Le plus important reste la conservation des savoir-faire dans chaque métier. Parce que la révolution technologique a déjà eu lieu. La bascule vers le numériques, les conséquences qui allaient avec. Elles ont été très positives au départ. C’est grâce à la projection numérique que les salles peuvent projeter autant de films. Mais il faut éviter de tomber dans l’illusion que, grâce à ces formidables outils technologiques, on peut avoir besoin de moins de savoir-faire. Il faut sans doute réfléchir au système scolaire qui, à mon avis n’est pas assez basé sur l’expérience. Et le savoir être est tout aussi important que le savoir faire.
Siritz.com : Donc les élèves des écoles audiovisuelles doivent faire plus de stages ?
AC : Ils doivent être confrontés plus tôt aux difficultés du métier. Et il faut élargir leurs origines. Lad Ly, le réalisateur des « Misérables » n’a pas dû avoir une vie facile. Et ça lui a permis de faire un film si différent et de telle qualité. Il y a 40 ans la filière BTS était formidable. Maintenant elle est à revoir entièrement. Les enjeux ne sont plus dans les nouveautés technologiques. Les progrès technologiques s’installent désormais avant tout pour des raisons économiques. Mais le véritable enjeu reste le même : « Qu’est-ce qu’on raconte comme histoire ? ».
Eviter les querelles de chapelle entre le cinéma et la télévision
Siritz.com : Y-a-t’il un autre enjeu ?
AC : Je pense que la création, au sein du CNC, d’un poste de directeur du cinéma et de l’audiovisuel, est une très bonne chose. C’est acter le fait que notre économie est une économie circulaire. Tout communique avec tout. Il faut éviter les querelles de chapelle entre les gens de cinéma et les gens de télévision. Le cinéma est le rêve de tous, celui de d’atteindre une certaine forme de perfection par l’engagement total de tous ceux qui contribuent à le faire naitre. La télévision se doit de revendiquer cette même ambition.
Siritz.com : C’est ce à quoi je pensais quand j’ai créé Ecran total. Mais on peut dire que, aujourd’hui, être le showrunner d’une grande série se situe au même niveau que réalisateur de film.
AC : C’est évident pour ceux qui ambitionnent de sortir des sentiers battus de l’audimat, car cela participe de la volonté de tirer vers le haut et les programmes et les spectateurs : un film réussi c’est un film ou nous parvenons à être plus riches humainement à la sortie qu’à l’entrée !!!
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/09/capture-dcran-2020-09-07-10-57-01.png368374Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-09-08 08:06:032020-09-08 08:06:04ANGELO COSIMANO SUR LES EFFETS DE LA CRISE
Sans doute parce qu’une grande partie des français ont peur
Les résultats du box-office Paris et France inclinent au plus grand pessimisme concernant le cinéma. Certes, la première semaine de « Tenet », avec un peu plus de 950 000 entrées, avant-premières incluses, était très encourageante. Mais malgré la sortie de ce blockbuster, la fréquentation n’a été que de 2,374 millions d’entrées, soit 14% de moins que celle de l’année dernière où ne sortait que « La vie scolaire » et ses 485 000 entrées en première semaine. https://siritz.com/editorial/semaine-decisive-pour-le-cinema/
Et la semaine suivante, celle qui est en cours, « Tenet » a fortement chuté et « Police », qui était très attendu par les exploitants et qui a été très bien accueilli par la critique, ne réalise pas, et de loin, les entrées qu’il aurait du réaliser. De ce fait, la fréquentation globale a chuté fortement, d’un tiers par rapport à la semaine précédente et de 40% par rapport à la semaine équivalente de l’année dernière. Pour la majorité, sinon la quasi totalité, des exploitants, ces résultats ne permettent pas d’équilibrer leurs comptes. Cela fait 6 mois qu’il en est ainsi.
Certes, la chute de « Tenet » s’explique sans doute parce que le bouche à oreille dit que le film est spectaculaire mais que l’on n’y comprend absolument rien. De quoi en refroidir plus d’un. Les mauvaises performances de « Police » s’expliquent peut-être par le fait que, dans le contexte économique et social actuel, les spectateurs veulent aller au cinéma pour rire. La preuve en est que « Effacer l’historique » a démarré avec 256 000 entrées, que « Les blagues de Toto » en sont à 730 000 entrées et « Divorce club » à plus de 600 000 entrées. Peut-être aussi que, maintenant que la télévision propose des séries policières de très grande qualité comme « Engrenage », le spectateur de cinéma y cherche autre chose.
En-dessous du point mort
Mais, si les salles continuent à vivre en-dessous de leur point mort dans les mois qui viennent, l’ensemble du cinéma français est en danger, puisqu’il n’y a pas de cinéma sans salles.
Cette situation s’explique sans doute parce qu’une grande partie des français ont peur.
Ainsi, le public assidu et régulier du cinéma, a peur d’aller au cinéma. Il ira voir un film qu’il a très envie de voir, ce qui était le cas de « Tenet », mais il hésitera à aller au cinéma pour voir un film « qui semble pas mal ». Cette peur est celle qui explique l’envolée de l’épargne des français, qui est une épargne de précaution. La peur est due à la fois à la crise sanitaire et à la crise économique : montée du chômage et difficultés financières de nombreuses entreprises. Et le chômage partiel est une mécanisme très efficace mais ne rembourse de 85% du salaires.
L’exploitation doit pouvoir faire la soudure
En tout cas, l’exploitation, comme de nombreuses autres activités, doit pouvoir faire la soudure jusqu’à ce que la peur disparaisse. Soit que l’on ait trouvé un vaccin ou un médicament efficace, soit que l’on ait tous appris à vivre une vie « normale » malgré le virus qui rode. Les 100 millions € qui sont prévus pour les cinéma et l’ensemble des salles de spectacles vont dans ce sens. Il est indispensable qu’ils soient mis en place au plus vite. Et, si la crise sanitaire dure, peut-être, seront-ils insuffisants.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-09-07 07:34:512020-09-07 07:34:52LES SALLES DE CINEMA EN GRAND PERIL
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
« Enorme » est une comédie. Produit par Avenue B productions (Caroline Bonmarchand), Vito films (Isaac Cherbit), il a un budget de 3 millions €. Il est distribué par Memento Films (Alexandre Mallet-Guy) sur 350 copies.
Pour la préparation, 27 jours de tournage et la post-production, la rémunération de la réalisatrice est 76 000 €, dont 22 000 € en à valoir sur droits d’auteur et 54 000 € de salaire de technicien. C’est légèrement en-dessous de la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
S’y ajoute en outre, inscrits à la ligne « Sujet », 50 000 €. Le scénario a été co-écrit avec Mathias Gavary pour 22 000 €.
Le précédent film de Sophie Letourneur était « Gaby Baby Doll », sorti en 2014. Produit par Ecce films (Emmanuel Chaumet), son budget était de 1,6 millions €. Il était distribué par Shellac Sud (Thomas Ordonneau).
Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice avait été de 66 000 €, dont 30 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 36 000 € de salaire de technicien. S’y ajoutaient 60 000 € inscrits à la ligne sujet.
Le film avait totalisé 14 000 entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
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https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/09/sophie-letourneur.png510616Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-09-04 07:20:432020-09-04 07:20:44LA REMUNERATION DE SOPHIE LETOURNEUR
Mercredi 2 septembre est sorti « Police », le 18ème film réalisé par Anne Fontaine qui, par ailleurs, a mené une carrière d’actrice et de scénariste. En 2010, pour « Coco avant Chanel » elle avait obtenu le César de la meilleure adaptation et le British Film Academy Award du meilleur film étranger.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce film policier à la Simenon, qui est une adaptation d’un livre de Hugo Boris, a un budget de 10,2 millions €, est produit par F comme films (Jean-Louis Livi) ainsi que Ciné@ (Philippe Carcassonne) et distribué par StudioCanal.
La rémunération de Anne Fontaine pour la préparation, 44 jours de tournage et la post-production a été de 337 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est très au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs des films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
Anne Fontaine se situe en fait dans le Top 5 des réalisateurs français les mieux payés. S’y ajoute 150 000 € inscrits à la ligne « sujet ». Le livre a été acheté 150 000 € et le scénario co-écrit avec Claire Barré pour 447 000 €.
Le précédent film de Anne Fontaine était « Marvin ou La belle éducation » sorti en 2017. D’un budget de 7 millions il était produit par P.A.S Productions (Pierre-Alexandre Schwab) et Ciné@ (Philippe Carcassonne). C’est Mars Films qui l’avait distribué. Le film avait totalisé 116 000 spectateurs.
Pour la préparation, 47 jours de tournage et la post-production, la réalisatrice avait reçu une rémunération de 350 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/09/anne-fontaine.png760686Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-09-03 07:45:082020-09-03 07:45:08LA REMUNERATION DE ANNE FONTAINE
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par Les films du lendemain (Kirstina Larsen) et La Boétie films (Jean-Baptiste Dupont), son budget est de 5,8 millions €. Il est distribué par Le Pacte.
C’est le huitième long métrage réalisé par Jean-Paul Salomé. Il a également réalisé 3 téléfilms.
Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production, sa rémunération est de 170 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaires de technicien. C’est sensiblement plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
Jean-Paul Salomé a co-écrit le scénario avec Antoine Salomé et Hannelore Cayre. Leur rémunération commune a été 160 000 €. Les droits du livre ont été achetés 45 000 €.
La précédent film de Jean-Paul Salomé était « Je fais le mort », sorti en 2013. Il était produit par Diaphana (Michel Saint-Jean) qui était également distributeur. Le budget du film était de 6,3 millions €. Pour la préparation, 8 semaines de tournage et la post-production, a rémunération du réalisateur avait été de 150 000 €, répartis en part égale entre à voir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
En outre, pour le scénario qu’il avait co-écrit avec Jérôme Tonerre et Cécile Télérman, il avait touché 1600 000 €.
Le film avait rassemblé 200 000 spectateurs sur 200 copies.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
PS : A la suite de l’interview de Marie Masmonteil nous précisons que Canal+ avait 40 millions € de retard sur ses investissements fin 2019 et aurait affirmé avoir en plus 40 millions € de retard en 2020 (rachats par les plates-formes, report de tournages). Soit, en tout 80 millions €.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/09/salom.png296220Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-09-02 08:04:362020-09-02 12:00:14LA REMUNERATION DE JEAN-PAUL SALOME
Siritz.com : Les plates-formes de S-VoD, Netflix et Amazon, ont acheté des films français qui devaient sortir au cinéma et qui n’y sont donc pas sorti. Ces ventes ont permis aux producteurs de rembourser les chaînes qui avaient préfinancé ces films. J’ai demandé par écrit au CSA, qui est charge de faire respecter leurs obligations par les chaînes, de me confirmer que ces montants devraient être rajoutés à leurs obligations de l’année suivante. Il ne m’a pas répondu. Avez-vous posé la question et avez-vous une réponse ? https://siritz.com/financine/de-carybde-en-scylla-pour-lexploitation/
Marie Masmonteil : Le SPI revient de vacances et je ne sais si on a une réponse. Mais il est logique que ces montants soient reportés l’année suivante ou étalés sur les années suivantes. Mais il n’y a pas que les achats des plates-formes. Il y a les films dont le tournage devait avoir lieu à l’étranger en 2020 et ont dû être décalés à 2021.
Siritz.com : Même avant le confinement, Canal+ était en retard de 40 millions € par rapport à ses obligations, ce qui est très important.
Canal+ a « optimisé » ses investissements
MM : C’est en effet le cas pour Canal. Selon le CSA, la chaîne aurait «optimisé » le calcul de ses obligations, c’est à dire sous-estimé ses obligations pour sous-investir. Sciemment. Le CSA lui a donc enjoint de rattraper ce retard, à raison de 15 millions € l’année prochaine, 15 millions € l’année suivante, puis encore 10 millions €. Mais, en juin, l’ensemble des organisations professionnelles du cinéma a eu une conversation avec Canal+ et ils nous ont dit qu’en 2020 ils seraient en retard de 40 millions €, du fait du rachat par les plates-formes ou du report de tournages. Ils proposaient d’investir cette somme autrement, notamment en aidant les distributeurs et les exploitants.
Siritz.com : Quelle a été la réponse de la profession ?
MM : Les avis des organisations professionnelles étaient partagés. Mais, Canal+ a commis une erreur en n’en parlant pas d’abord aux organisations professionnelles de producteur, puisqu’il s’agissait de l’argent de la production. Donc, ça s’est envenimé et les producteurs leur ont dit de dépenser cet argent dans la production l’année prochaine. Donc cela ferait une somme de 80 millions en tout en notre faveur, dont plus 35 millions € en 2021.
Siritz.com : Avant même le confinement et la fermeture des salles, et malgré la très bonne fréquentation de 2019, on a le sentiment que, le chiffre d’affaires et donc les investissements des chaînes dans le cinéma diminuaient, notamment du fait de la concurrence des plates-formes de S-Vod. Or, l’économie de la production de films repose largement sur la télévision, notamment sur Canal+ qui, en plus doit diversifier ses investissements.
MM : Paradoxalement, pour Canal+, ça n’est pas la situation que l’on constate. Quand on a eu une réunion, par zoom, en juin avec Maxime Saada (le président du directoire du groupe Canal+ de Canal+) et son équipe, il nous a dit que, alors qu’ils avaient investi 140 millions € en 2019, il devraient investir 160 millions € en 2020. Ils avaient fait une bonne année 2019. Avec le service public c’est 60 millions € (58+2), donc pas de baisse des investissements non plus. Par ailleurs, Canal + nous a dit que, sur les 160 millions €, du fait des achats des plates-formes, ils ont perdu de gros films.
Selon Maxime Saada Canal+ a fait un bon chiffre d’affaires en 2019
Siritz.com : Sur Cinéfinances.info j’ai le plan de financement de tous les films français. Or, même avant la crise sanitaire j’avais l’impression que de plus en plus de producteurs avaient de plus en plus de mal à monter le financement de leurs films. L’indicateur c’est que le financement de beaucoup de film doive faire appel à de plus en plus d’investisseurs. Parfois, 15, voir 20. Est-ce une bonne analyse ?
MM : C’est exact. La baisse des investissements de Canal, film par film, est de 30% environ. Pour donner un exemple, moi, sur les 5 derniers films que j’ai produits, je n’ai rien gagné : ni salaire producteur ni amortissement des frais généraux, ni imprévus. Certes, c’étaient des films fragiles, des films d’auteurs. Mais sur les films du milieu, c’est pareil. C’est de plus en plus difficile.
Mais je ne vais pas rentrer dans la discussion selon laquelle il y aurait trop de films. La France produit 300 films, sur lesquels, beaucoup de documentaires, dont l‘économie est différente. Et il y a les coproductions minoritaires. Donc la France produit environ 170 à 200 films de fiction majoritairement français. Or le montant global investi par les chaînes n’a pas augmenté et on produit plus de films. Il y a 5 ans Canal+ investissait environ 30% du budget. Et maintenant c’est plutôt 15 à 20%. Et, pour les films de marché, pour y arriver, on partage de plus en plus de RNPP avec les investisseurs et on se retrouve de plus en plus producteur exécutif.
De nombreux films qui se tournent à l’étranger sont reportés
Siritz.com : Depuis la crise sanitaire j’imagine que, pour un producteur indépendant c’est encore plus difficile de monter un film.
MM : Concrètement, de nombreux films qui se tournent à l’étranger, y compris en Allemagne, sont reportés. Il y a deux jours on a appris que les français domiciliés en île de France ou en PACA, ne pouvaient tourner en Allemagne à partir de septembre. L’Allemagne, notre principal partenaire ! Ainsi, Marie-Ange Luciani devait produire le prochain film de Robin Campillo à Magagascar. Elle va tout de même commencer à préparer. Mais le tournage est reporté à mars, car, pour l’instant, on ne peut y tourner. De même on ne peut faire de coproduction avec les israéliens. Or, au Spi, on fait beaucoup de coproductions internationales. La France a des accords de coproduction avec 70 pays.
Siritz.Com : On va voir comment la crise sanitaire va évoluer. Mais, en attendant, les plates-formes apportent un plus. Ce sont de nouveaux acteurs. Très nettement pour la commande de séries. Mais, même pour les films de cinéma. Elles ont acheté les droits internationaux de « Mignonnes », qui est un premier film et un film d’auteur. Je suis certain que Netflix a payé plus que ce qu’aurait rapporté les ventes à l’étranger, territoire par territoire.
Je suis souverainiste, en faveur des chaînes françaises historiques
MM : Oui. Il y a les atlantistes qui se réjouissent de l’arrivée de ces nouveaux acteurs. Et il y a incontestablement des côtés positifs. Et il y a les souverainistes. Je suis une souverainiste. Je privilégierai toujours les chaînes françaises historiques. Non seulement elles apportent le financement, mais elles ne nous imposent pas un casting, nous laisse la liberté de création.
Siritz.com : Mais les plates-formes interviennent-elles plus ?
MM : Pour l’instant elles achètent des films déjà prêts. Je ne suis pas sûr que ce serait la même chose si elles intervenaient en préfinancement. Elles nous ont aussi demandé de pouvoir inclure dans leurs investissements cinéma des téléfilms qui ne sortent pas en salle. Nous avons refusé car, pour nous, un film de cinéma, c’est un film qui sort d’abord en salle. Nous sommes intransigeants sur ce point.
Siritz.com : Et sur la chronologie des médias. Elles vont demander d’être au même niveau que Canal+.
MM : Là encore, je suis souverainiste. Canal+ est une chaîne française, historique, c’est la chaîne du cinéma. Si on met les plates-formes au même niveau dans la chronologie, elles risquent de prendre les films les plus importants, car elles ont une diffusion mondiale et ont des moyens considérables. Ce serait la fin de Canal +, et, donc, pas l’intérêt du cinéma français.
Siritz.com : Mais si leurs achats pour le « hors France » étaient pris en compte, les films sortiraient d’abord en salle en France et uniquement chez elles à l’étranger.
MM : On ne peut prendre en compte que leurs achats de droits pour le territoire français. Et il faut faire très attention à ce que ces plates-formes ne détruisent pas une partie de la filière industrielle du cinéma français : vendeurs internationaux, distributeurs et exploitants étrangers qui diffusent des films français.
Siritz.com : Le gouvernement, c’est à dire la direction des médias et des industries culturelles (DGMIC), prépare le texte qui va fixer les obligations des plates-formes. Le président de la République a demande à ce qu’il entre en vigueur le 1er janvier. La grande question est celle du pourcentage de leur chiffre d’affaires qu’elles devront investir et la répartition entre cinéma et œuvres audiovisuelles. Il y a aussi celle de leur place dans la chronologie des médias.
MM : Je ne crois pas que le cinéma français les intéresse. En fait je ne sais pas ce qui les intéresse. Ils ont tendance à changer d’avis. Dans la dernière conversation que j’ai eu avec Sara May, de Netflix, ce qui les intéresse ce sont les films très banlieue, action, diversité. Ils auraient bien aimé « Les misérables ». Et ils aiment les films qui ont eu des prix dans les festivals. Ils ont acheté les droits hors France de « Mignonnes » qui a été primé à Sundance, Ils ont acheté « Atlantique » de Mati Diop, après qu’il a remporté le Grand prix du Jury Festival de Cannes. Ils ont dû le payer très cher, pensant qu’il avait des chances de représenter le Sénégal aux Oscars. Donc, il cherche une vitrine, un peu comme les films de grands réalisateurs américains. Mais qui ne sont pas forcément très regardés.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/08/marie-masmonteil.png986996Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-09-01 07:49:522020-09-01 12:39:28MARIE MASMONTEIL SUR LA PRODUCTION CINEMA
Il y a les fonds de l’Etat mais aussi l’enjeu de la réglementation des GAFA
C’est le Premier ministre en personne, Jean Castex, qui a inauguré le Festival du film francophone d’Angoulême, vendredi dernier. Accompagné bien sûr de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Mais la présence de cette dernière est évidemment plus habituelle. Le Premier ministre reconnaît ainsi l’importance des Festivals dans la vie de la culture et de l’économie. Et celle de la culture, à la fois dans l’activité économique du pays et comme lien social entre ses citoyens. Il a en outre profité de ce déplacement pour confirmer le doublement du budget de la Culture, à 2 milliards €, dans le cadre du plan de relance.
Pour ce qui est du cinéma, le trou de 60 millions € dans le compte de soutien du CNC, dû aux prélèvements antérieurs successifs de l’Etat sur sa trésorerie sera comblé par le Trésor. Vont s’y ajouter 105 millions € qui permettront peut-être, de prolonger l’augmentation des taux de soutien à l’exploitation, à la distribution et à la production bien au-delà du 31 août. Enfin 100 millions € sont provisionnés pour le soutien à la relance de l’activité, ce qui répondra sans doute en partie aux demandes de la FNCF/
Ces mesures s’ajoutent à celles qui ont été prises pour les intermittents ainsi qu’ au chômage partiel dont bénéficient tous les secteurs. La stratégie globale de l’Etat est d’éviter que l’économie ne s’effondre, quitte à creuser sa dette à des niveaux astronomiques. On verra plus tard, sans doute après la présidentielle, comment traiter celle-ci.
Application de la directive SMA
Le Premier ministre a rappelé que, conformément à la directive SMA, le 1er janvier, les GAFA allaient contribuer largement au financement du cinéma et de l’audiovisuel français. En alimentant, plus largement qu’actuellement, le compte de soutien et en respectant des obligations d’investissement dans les films de cinéma et les œuvres audiovisuelles.
C’est une chance pour ces deux secteurs d’intéresser des activités qui, elles, sont en pleine croissance, une croissance accélérée par le confinement et la crise sanitaire. Mais la DGMIC, qui doit les insérer dans le nouveau modèle économique du cinéma et de l’audiovisuel français, n’a pas la tache facile. C’est d’ailleurs pourquoi les professionnels lui ont abandonné volontiers ce rôle plutôt que de négocier directement des accords avec les GAFA.
La profession s’attend à une obligation d’investissement de 20 à 25% de leur chiffre d’affaires. Le Premier ministre n’a pas démenti un tel chiffre. A titre de comparaison Canal+ doit investir 12,5% dans le cinéma et 3,6% dans les œuvres audiovisuelles, soit 16,1%. Les chaînes hertziennes en sont à 15% dans l’audiovisuel et 3,2 ou 3,5% dans le cinéma.
Mais, deux questions délicates se posent. En premier lieu, quelle répartition imposer aux GAFA entre le cinéma et l’audiovisuel ? Il paraît difficile d’imposer automatiquement les mêmes taux à des plates-formes qui auront forcément des politiques éditoriales différentes. En outre, dans le cas où l’ont imposerait un taux global, cumulant les deux investissements, le cinéma s’y opposera à juste titre, car, pour les plates-formes, le film n’est qu’un programme pour faire le buzz, donc très limité.
En second lieu, Amazon ne manquera pas de faire remarquer qu’Amazon prime, dont l’abonnement annuel est de 50€, permet de regarder films et séries, mais ouvre droit à bien d’autres services. Son chiffre d’affaires ne peut donc saisir d’assiette au calcul des obligations d’investissement sans un fort abattement. Mais on peut lui répondre que les films et les œuvres audiovisuelles étant des produits d’appel pour ces autres services, c’est la totalité du chiffre d’affaires qui doit bien être prise en compte.
La contribution des plates-formes au compte de soutien devrait passer de 2 à 5,5%. Mais leur taux de TVA devrait alors chuter de 20 à 10%. Sinon, comme le notait Pascal Rogard, le président Trump va, à juste titre, se fâcher. Mais, dans ce cas, les plates-formes vont gagner 4,5%. https://siritz.com/le-carrefour/netflix-a-toujours-ete-dune-correction-parfaite/
En tout cas, en France, un film de cinéma doit d’abord être diffusé en salles. Ainsi, les films que Netflix et Amazon Prime ont achetés avant qu’ils ne sortent en salle, ne sont pas des films de cinéma et n’entreront pas comme tels dans leurs investissements. Se pose alors la question de la chronologie des médias.
Aujourd’hui, faute d’un accord avec les organisations professionnelles du cinéma avalisé par le CSA, la fenêtre de la S-Vod se situe à 36 mois. Si elles respectaient des obligations d’investissement, il serait difficile de les faire passer après les chaînes en clair. Elles demandent évidemment à passer, au moins en même temps que Canal+, qui est actuellement à 8 mois et 6 mois pour les films réunissant moins de 100 000 spectateurs. Mais elles n’accepteront jamais de consacrer, comme la chaîne française, 12,5% de leur chiffre d’affaires au préfinancement de films français sortant en salle. Ce qui justifierait qu’elles passent après.
Le taux de TVA, outil de négociation
Le fait que leur TVA pourrait passer à 10% devrait en tout cas fournir à l’Etat un argument de poids dans la négociation.
De toute façon, l’ensemble de la chronologie des médias devra sans doute être revu. Actuellement le DVD et la VoD sont à 4 mois après la sortie en salle, avec des dérogations à 3 mois. Or, il n’y a qu’une poignée de films chaque année qui sont encore à l’affiche au bout de 8 semaines. Ces fenêtres françaises, qui sont plus longues qu’ailleurs, expliquent que, chez nous, le chiffre d’affaires du DVD ou de la VoD soit marginal par rapport à nos voisins. Ce secteur demande, sans succès, que la fenêtre soit ramenée à 2 mois, ce qui lui permettrait de bénéficier du lancement salle. Quitte à partager une petite partie des frais de promotion. Les exploitants sont opposés à cette modification car ils estiment que si, un film sort en numérique juste après l’arrêt de son exploitation en salle, le spectateur « ressentira » que les deux exploitations se chevauchent.
Mais, depuis quelques semaines, un événement bouleverse la situation. AMC, le premier exploitant des Etats-Unis et d’Europe, qui est d’ailleurs en situation financière difficile, a finalement accepté le principe de la proposition d’Universal : pour certains films, le sortir en VoD Premium (à un prix double de celui du prix d’un billet de cinéma) 17 jours après la sortie en salle. Et l’exploitant (ou les exploitants ?) se partage la recette VoD avec le distributeur. Or, rappelons qu’en VoD la marge du distributeur est de 70% et non de 50% comme dans la salle.
Et, à peine AMC avait-il donné son accord à Universal que Disney a décidé de ne pas sortir son blockbuster Mullan dans de nombreux territoires où, pourtant, les salles sont ouvertes, et de la proposer directement en VoD premium aux abonnés de Disney +.
Le numérique et la crise sanitaire sont donc en train de bouleverser l’économie du secteur. La réglementation que la DGMIC va élaborer devra en tenir compte. Et, comme le notait Marc Tessier, il sera difficile de faire comme si nous étions une île à l’écart et à l’abri de ces bouleversements qui nous entourent. https://siritz.com/le-carrefour/marc-tessier-sur-les-bouleversements-actuels/
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-08-31 07:32:042020-08-31 09:44:09CASTEX SOUTIENT LE CINÉMA ET LA CULTURE
Ce vendredi sort en salle « Petit pays » qui est présenté ce matin au Festival d’Angoulème. C’est une adaptation sur le best seller du même titre de Gael Faye, un superbe roman sur le génocide des Tutsis au Rwanda.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film est produit par Jéricho Films (Philippe Rousselet) et Super 8 (Marc Simoni et Jérôme Salle). Son budget est de 5,4 millions €. Il est distribué par Pathé films.
Pour la préparation, 41 jours de tournage au Rwanda et un à Paris, ainsi que pour la post production, sa rémunération a été de 150 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteurs et salaire de technicien. Il a en outre reçu 150 000 € pour le scénario qu’il a écrit à partir du livre de Gael Faye. Les droits du roman ont été achetés 183 000 €. La rémunération d’Eric Barbier est supérieure à la rémunération moyenne des réalisateurs des films français sortis en 2020 jusqu’à fin août. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
Le précédent film d’Eric Barbier était « La promesse de l’aube », tiré du roman de Romain Gary, sorti en 2017. Produit également par Jéricho films son budget était de 24 millions € et il était lui aussi distribué par Pathé.
La rémunération d’Eric Barbier avait été de 267 500 € pour la préparation, 69 jours de tournage et la post-production. Eric Barbier avait coécrit le scénario avec Marie Aynard pour 40 500 €. Les droits du livré avaient été achetés 542 000 €.
Le film avait rassemblé 1 110 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
La rémunération des réalisateurs de films français sortis en 2020 jusqu’à fin août
A partir des données fournies par Cinéfinances.info*, voici, à la fin août, les données sur la rémunération des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. Désormais nous publierons ce baromètre tous les mois.
La rémunération moyenne et la rémunération médiane ont sensiblement diminué par rapport à celle du dernier baromètre, publié en avril. La rémunération la plus élevée reste celle de Michel Hazanavicius pour « Le Prince oublié », qui était de 1,4 millions€, soit 6% du devis. La rémunération moyenne, est passée de 145 000 € à 137 000 €. C’est à peu près la rémunération de Elie Semoun pour Ducobu 3, qui est de 134 000 €, soit 1,5% du devis. En revanche la rémunération médiane est remontée de 80 000 € à 100 000 €.
En moyenne 52% de cette rémunération est sous forme de salaire et 48% d’à valoir sur droits d’auteurs.
Pour les films sortis en août, qui sont inclus dans ce baromètre, la rémunération moyenne est de 116 000 € et la rémunération médiane de 86 000 €. Cette rémunération représente en moyenne 2% du devis du film. La rémunération la plus élevée est celle de Toby Genkel et Xavier Giacometti pour la dessin animé « Yakari, la grande aventure ».
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/08/michel-hazanavicius.png520424Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-08-27 07:31:522020-08-27 07:31:53BAROMETRE DES REALISATEURS DE FILMS
Le film est produit par No money productions (Benoit Delépine et Gustave Kervern) et Les films du Worso (Sylvie Pialat). Il est distribué par Ad Vitam. Sont budget est de 4,5 millions €. Pour la préparation, 29 jours de tournage et le montage, les deux réalisateurs ont reçu une rémunération de 240 000 €, répartie à parts égales entre l’à valoir sur droits d’auteurs et le salaire de technicien. C’est presque la double de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/remuneration-des-realisateurs-de-films/. En outre ils ont reçu 152 000 €, inscrits à la ligne sujet.
Leur précédent film était « I feel good », sorti en 2018. Il avait un budget équivalent à leur nouveau film. No money productions en était producteur avec JD Prod (Marc Dujardin). Le film était distribué par Ad Vitam.
Pour la préparation, 27 jours de tournage et la post-productions, leur rémunération était de 360 000, dont 200 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 160 000 € de salaire de technicien. S’y ajoutait 200 000 € pour le scénario. Le film avait rassemblé 530 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/08/gustave-kerven-et-benoit-delepine.png352382Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-08-26 07:57:462020-08-26 07:57:48LA RÉMUNÉRATION DE KERVEN ET DELÉPINE
ANGELO COSIMANO SUR LES EFFETS DE LA CRISE
Le CarrefourSiritz.com : Comme travaillez-vous aujourd’hui à la CST. Est-ce que vos réunions vous les faites au bureau ou en visioconférence ?
https://www.cst.fr
Angelo Cosimano : Tout en virtuel, ce qui a eu beaucoup d’effets positifs. Par exemple, il y a plus de participants, ne serait-ce que parce qu’il n’y a pas de temps de transport. Elles se passent très bien parce que chacun respecte l’autre, la qualité sonore nous contraint a vraiment écouter les interlocuteurs et je rajouterai qu’il n’y a pas d’effet de manche non plus lieu pour nous faire perdre du temps. C’est assez paradoxal, mais nous y avons découvert beaucoup d’avantages.
Siritz.com : Vous allez déménager.
AC : A la fin du mois. Notre équipe est dans les cartons. En principe nous serons installés début octobre, 9 rue Baudoin dans le 13 ème. Avant même de connaître la Covid, nous avons fait le choix de nous contraindre, et d’anticiper le développement des réunions virtuelles. Nous passons de 800 à 300 mètres carrés…
Siritz.com : La CST est un formidable poste d’observation de la fabrication des films et des œuvres audiovisuelles. Est-ce que vous notez un retour au volume de tournage avant la crise ou un recul ?
La reprise des tournages s’est bien passée
AC : La reprise des tournages qui étaient en cours s’est très bien passée. Très tôt, après la fin du confinement, les préparations semblent être reparties. Sur l’aspect tournage nous sommes plus optimiste qu’à la fin du printemps. Ne serait-ce que parce que la télévision a besoin de programmes. Bien entendu les entrées des salles sont au plus bas depuis la réouverture. Mais le cinéma français n’a pas perdu beaucoup. C’est essentiellement dû à l’absence des 55% d’entrées dues aux films américains. Donc, sur le plan de la production il y a des raisons d’être optimiste. Bien entendu, pour les salles de cinéma c’est très compliqué.
Siritz.com : Il y a des règles sanitaires assez strictes sur les tournages. Quels sont les métiers les plus affectés ?
AC : Les retours sont plutôt positifs. Contrairement à la légende, une équipe de tournage c’est une équipe de gens très disciplinés. Tout simplement parce que, comme on n’a pas une minute à perdre, chaque minute perdue coûte très cher. D’après les informations qui remontent à nous, tout le monde s’est plié au jeu. Je pense que c’est plus dans l’écriture que c’est compliqué. Faire prendre moins de risques aux comédiens pourrait devenir une autocensure inconsciente. Mais je fais confiance aux réalisateurs et aux auteurs pour ne pas céder à de mauvaises habitudes.
Siritz.com : Le fait qu’il n’y ait pas de retard ou de coûts supplémentaires c’est ce que disait Remy Chevrin, le directeur de photo, quand nous l’avons interviewé. https://siritz.com/le-carrefour/remy-chevrin-notre-cinema-manque-dambition-visuelle/
Les temps de préparation sont trop courts, ce qui coûte cher
AC : Un des défauts du cinéma français, et de la fiction, c’est le manque de temps de préparation. Parce que les financements sont rassemblés au dernier moment et les décisions de tournage sont prises très tard. Donc, comme la production ne consacre pas assez de temps à la préparation, elle perd beaucoup en ne rationalisant pas assez les tournages. Et, économiquement, c’est un non sens puisque la conséquence c’est que, à la fin, cela coûte plus cher. Mais là, depuis la Covid, il s’agit des vies humaines. Donc, il semblerait que la préparation donne de meilleurs résultats en évitant les pertes de temps disons « superfétatoires »…
Jusqu’à ce jour, à ma connaissance, il n’y a pas eu de cas de malade à la suite d’un tournage. A priori tout le monde prend les précautions qu’il faut. En revanche, à partir du déclenchement du confinement il y a sans doute eu des pré-projets qui ont été repoussés et n’ont pas redémarré. On ne peut le quantifier, mais cela aura un effet à un moment. En tout cas les producteurs font leur boulot et essayent à nouveau de monter leurs films.
Siritz.com : Certains disent que cela va permettre enfin de réduire le nombre de film.
AC : Cela fait 50 ans que j’entends dire qu’il y a trop de films. J’avais 15 ans et je m’occupais d’une salle d’art et d’essai de banlieue. Evidemment c’est faux. La preuve : il y a beaucoup moins de films et c’est une catastrophe. Le spectateur, comme le téléspectateurs, a besoin d’avoir le sentiment d’avoir le choix. Et, si, en plus, nous rajoutons la peur d’aller au cinéma, la situation devient très compliquée.
Siritz.com : On ne peut savoir à l’avance quel film va marcher.
AC : C’est la démonstration qu’il faut continuer de produire à un rythme élevé. Pour les salles et pour les intermittents.
Siritz.com : Mais pour les intermittents, on prend en compte dans l’assiette minimale de 507 heures, toutes les heures jusqu’au 31 août 2021.
AC : Mais je parle d’au-delà. Il faut reprendre un même niveau de production.
Siritz.com : On dit que les tournages français à l’étranger ont des problèmes, du fait des mesures sanitaires des différents pays. L’inverse serait vrai aussi.
J’ai eu le Coronavirus le 15 janvier
AC : Je n’ai pas d’exemple, mais je pense que cela doit effectivement être le cas. Il y a la quatorzaine au Royaume-Uni, en Espagne l’épidémie repart. L’Italie tient le choc, mais ça peut repartir en trois jours. Et c’est la même chose pour les tournages d’équipes étrangères en France. C’est à l’image de ce qui se passe dans l’ensemble de l’économie sur toute la planète : dans les faits, nous vivons au jour le jour. En outre, beaucoup de pays commencent à imposer la couverture médicale obligatoire pour arriver chez eux. Cela va d’ailleurs peut-être enfin régler cette question au niveau européen. La prise en charge de la sécurité sociale au niveau européen est en principe très simple. Dans la réalité ça n’est pas si simple que ça. De toute façon la vraie sortie du tunnel viendra du vaccin. Pour l’instant on n’en est qu’à l’espoir de vaccin. Et si on en trouve un, est-ce qu’on pourra obliger tout le monde à se vacciner ? En tout cas, moi j’ai eu le Coronavirus le 15 janvier.
Siritz.com : Ah bon ?
AC : Au début, j’ai cru que c’était une grippe. Personne n’avait encore entendu parler du Coronavirus. Coup de chance, j’ai commencé à ressentir les symptômes la veille du micro-salon. J’ai tout annulé. Le matin j’avais 40 de fièvre et je n’y ai pas été. Si j’y avais été j’aurais contaminé un grand nombre de professionnels.
Siritz.com : Cela a duré combien de temps.
AC : Une semaine. J’avais l’impression d’avoir du béton dans les poumons. Je dormais assis car j’avais du mal à respirer. Mon médecin m’a dit que c’était une grippe. Ma femme l’avait aussi. J’ai été crevé pendant deux semaines. C’est quand j’ai fait les tests sérologiques en avril, les premiers tests, que j’ai découvert que j’avais eu la Covid.
Siritz.com : Vous êtes président de la CST depuis 2 ans. Qu’est-ce que cela change par rapport à délégué général ?
AC : Le délégué général, Baptiste Heynemann, assume la tache difficile de manager les équipes et les rapports quotidiens avec notre secteur. Par exemple c’est lui qui a pris en charge le déménagement et croyez-moi c’est un sacré travail pour une modeste équipe comme la nôtre. J’ai toute confiance en Baptiste, je sais qu’avec lui, la CST saura s’installer dans le XXIème siècle, et que ma génération parviendra à passer la main à des gens beaucoup plus jeunes. C’est la direction que j’ai proposé à notre conseil d’administration avec un objectif parallèle de pouvoir atteindre la parité au plus vite. Pour la première fois de son existence, la vice-présidence est assurée par une femme, notre amie Claudine Nougaret, qui est à la fois réalisatrice, productrice et l’une des meilleurs ingénieurs du son de notre pays. J’en profite pour remercier tous les membres de notre bureau qui bénévolement sont toujours présents à nos côtés. La CST est une association ou la solidarité a toujours exemple d’exemplarité.
Le plus important reste la conservation des savoir-faire dans chaque métier
Siritz.com : Quels sont les enjeux essentiels du secteur ?
AC : Le plus important reste la conservation des savoir-faire dans chaque métier. Parce que la révolution technologique a déjà eu lieu. La bascule vers le numériques, les conséquences qui allaient avec. Elles ont été très positives au départ. C’est grâce à la projection numérique que les salles peuvent projeter autant de films. Mais il faut éviter de tomber dans l’illusion que, grâce à ces formidables outils technologiques, on peut avoir besoin de moins de savoir-faire. Il faut sans doute réfléchir au système scolaire qui, à mon avis n’est pas assez basé sur l’expérience. Et le savoir être est tout aussi important que le savoir faire.
Siritz.com : Donc les élèves des écoles audiovisuelles doivent faire plus de stages ?
AC : Ils doivent être confrontés plus tôt aux difficultés du métier. Et il faut élargir leurs origines. Lad Ly, le réalisateur des « Misérables » n’a pas dû avoir une vie facile. Et ça lui a permis de faire un film si différent et de telle qualité. Il y a 40 ans la filière BTS était formidable. Maintenant elle est à revoir entièrement. Les enjeux ne sont plus dans les nouveautés technologiques. Les progrès technologiques s’installent désormais avant tout pour des raisons économiques. Mais le véritable enjeu reste le même : « Qu’est-ce qu’on raconte comme histoire ? ».
Eviter les querelles de chapelle entre le cinéma et la télévision
Siritz.com : Y-a-t’il un autre enjeu ?
AC : Je pense que la création, au sein du CNC, d’un poste de directeur du cinéma et de l’audiovisuel, est une très bonne chose. C’est acter le fait que notre économie est une économie circulaire. Tout communique avec tout. Il faut éviter les querelles de chapelle entre les gens de cinéma et les gens de télévision. Le cinéma est le rêve de tous, celui de d’atteindre une certaine forme de perfection par l’engagement total de tous ceux qui contribuent à le faire naitre. La télévision se doit de revendiquer cette même ambition.
Siritz.com : C’est ce à quoi je pensais quand j’ai créé Ecran total. Mais on peut dire que, aujourd’hui, être le showrunner d’une grande série se situe au même niveau que réalisateur de film.
AC : C’est évident pour ceux qui ambitionnent de sortir des sentiers battus de l’audimat, car cela participe de la volonté de tirer vers le haut et les programmes et les spectateurs : un film réussi c’est un film ou nous parvenons à être plus riches humainement à la sortie qu’à l’entrée !!!
LES SALLES DE CINEMA EN GRAND PERIL
ÉditorialSans doute parce qu’une grande partie des français ont peur
Les résultats du box-office Paris et France inclinent au plus grand pessimisme concernant le cinéma. Certes, la première semaine de « Tenet », avec un peu plus de 950 000 entrées, avant-premières incluses, était très encourageante. Mais malgré la sortie de ce blockbuster, la fréquentation n’a été que de 2,374 millions d’entrées, soit 14% de moins que celle de l’année dernière où ne sortait que « La vie scolaire » et ses 485 000 entrées en première semaine. https://siritz.com/editorial/semaine-decisive-pour-le-cinema/
Et la semaine suivante, celle qui est en cours, « Tenet » a fortement chuté et « Police », qui était très attendu par les exploitants et qui a été très bien accueilli par la critique, ne réalise pas, et de loin, les entrées qu’il aurait du réaliser. De ce fait, la fréquentation globale a chuté fortement, d’un tiers par rapport à la semaine précédente et de 40% par rapport à la semaine équivalente de l’année dernière. Pour la majorité, sinon la quasi totalité, des exploitants, ces résultats ne permettent pas d’équilibrer leurs comptes. Cela fait 6 mois qu’il en est ainsi.
Certes, la chute de « Tenet » s’explique sans doute parce que le bouche à oreille dit que le film est spectaculaire mais que l’on n’y comprend absolument rien. De quoi en refroidir plus d’un. Les mauvaises performances de « Police » s’expliquent peut-être par le fait que, dans le contexte économique et social actuel, les spectateurs veulent aller au cinéma pour rire. La preuve en est que « Effacer l’historique » a démarré avec 256 000 entrées, que « Les blagues de Toto » en sont à 730 000 entrées et « Divorce club » à plus de 600 000 entrées. Peut-être aussi que, maintenant que la télévision propose des séries policières de très grande qualité comme « Engrenage », le spectateur de cinéma y cherche autre chose.
En-dessous du point mort
Mais, si les salles continuent à vivre en-dessous de leur point mort dans les mois qui viennent, l’ensemble du cinéma français est en danger, puisqu’il n’y a pas de cinéma sans salles.
Cette situation s’explique sans doute parce qu’une grande partie des français ont peur.
https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/exclusif-coronavirus-un-francais-sur-deux-a-toujours-peur-pour-sa-sante-3988409
Ainsi, le public assidu et régulier du cinéma, a peur d’aller au cinéma. Il ira voir un film qu’il a très envie de voir, ce qui était le cas de « Tenet », mais il hésitera à aller au cinéma pour voir un film « qui semble pas mal ». Cette peur est celle qui explique l’envolée de l’épargne des français, qui est une épargne de précaution. La peur est due à la fois à la crise sanitaire et à la crise économique : montée du chômage et difficultés financières de nombreuses entreprises. Et le chômage partiel est une mécanisme très efficace mais ne rembourse de 85% du salaires.
L’exploitation doit pouvoir faire la soudure
En tout cas, l’exploitation, comme de nombreuses autres activités, doit pouvoir faire la soudure jusqu’à ce que la peur disparaisse. Soit que l’on ait trouvé un vaccin ou un médicament efficace, soit que l’on ait tous appris à vivre une vie « normale » malgré le virus qui rode. Les 100 millions € qui sont prévus pour les cinéma et l’ensemble des salles de spectacles vont dans ce sens. Il est indispensable qu’ils soient mis en place au plus vite. Et, si la crise sanitaire dure, peut-être, seront-ils insuffisants.
LA REMUNERATION DE SOPHIE LETOURNEUR
CinéscoopPOUR LA REALISATION DE « ENORME »
Mercredi 2 septembre est sorti en salle, le 4ème long métrage de Sophie Letourneur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophie_Letourneur
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
« Enorme » est une comédie. Produit par Avenue B productions (Caroline Bonmarchand), Vito films (Isaac Cherbit), il a un budget de 3 millions €. Il est distribué par Memento Films (Alexandre Mallet-Guy) sur 350 copies.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Énorme_(film)
Pour la préparation, 27 jours de tournage et la post-production, la rémunération de la réalisatrice est 76 000 €, dont 22 000 € en à valoir sur droits d’auteur et 54 000 € de salaire de technicien. C’est légèrement en-dessous de la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
S’y ajoute en outre, inscrits à la ligne « Sujet », 50 000 €. Le scénario a été co-écrit avec Mathias Gavary pour 22 000 €.
Le précédent film de Sophie Letourneur était « Gaby Baby Doll », sorti en 2014. Produit par Ecce films (Emmanuel Chaumet), son budget était de 1,6 millions €. Il était distribué par Shellac Sud (Thomas Ordonneau).
Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice avait été de 66 000 €, dont 30 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 36 000 € de salaire de technicien. S’y ajoutaient 60 000 € inscrits à la ligne sujet.
Le film avait totalisé 14 000 entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
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LA REMUNERATION DE ANNE FONTAINE
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « POLICE »
Mercredi 2 septembre est sorti « Police », le 18ème film réalisé par Anne Fontaine qui, par ailleurs, a mené une carrière d’actrice et de scénariste. En 2010, pour « Coco avant Chanel » elle avait obtenu le César de la meilleure adaptation et le British Film Academy Award du meilleur film étranger.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Fontaine_(réalisatrice)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce film policier à la Simenon, qui est une adaptation d’un livre de Hugo Boris, a un budget de 10,2 millions €, est produit par F comme films (Jean-Louis Livi) ainsi que Ciné@ (Philippe Carcassonne) et distribué par StudioCanal.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Police_(film,_2020)
La rémunération de Anne Fontaine pour la préparation, 44 jours de tournage et la post-production a été de 337 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est très au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs des films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
Anne Fontaine se situe en fait dans le Top 5 des réalisateurs français les mieux payés. S’y ajoute 150 000 € inscrits à la ligne « sujet ». Le livre a été acheté 150 000 € et le scénario co-écrit avec Claire Barré pour 447 000 €.
Le précédent film de Anne Fontaine était « Marvin ou La belle éducation » sorti en 2017. D’un budget de 7 millions il était produit par P.A.S Productions (Pierre-Alexandre Schwab) et Ciné@ (Philippe Carcassonne). C’est Mars Films qui l’avait distribué. Le film avait totalisé 116 000 spectateurs.
Pour la préparation, 47 jours de tournage et la post-production, la réalisatrice avait reçu une rémunération de 350 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE JEAN-PAUL SALOME
CinéscoopPour la réalisation de La Daronne
Mercredi 9 septembre sortira « La Daronne » avec Isabelle Huppert. Ce film policier est tiré du roman à succès du même nom de Hanelore Cayre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Daronne
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par Les films du lendemain (Kirstina Larsen) et La Boétie films (Jean-Baptiste Dupont), son budget est de 5,8 millions €. Il est distribué par Le Pacte.
C’est le huitième long métrage réalisé par Jean-Paul Salomé. Il a également réalisé 3 téléfilms.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Salomé
Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production, sa rémunération est de 170 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaires de technicien. C’est sensiblement plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
Jean-Paul Salomé a co-écrit le scénario avec Antoine Salomé et Hannelore Cayre. Leur rémunération commune a été 160 000 €. Les droits du livre ont été achetés 45 000 €.
La précédent film de Jean-Paul Salomé était « Je fais le mort », sorti en 2013. Il était produit par Diaphana (Michel Saint-Jean) qui était également distributeur. Le budget du film était de 6,3 millions €. Pour la préparation, 8 semaines de tournage et la post-production, a rémunération du réalisateur avait été de 150 000 €, répartis en part égale entre à voir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
En outre, pour le scénario qu’il avait co-écrit avec Jérôme Tonerre et Cécile Télérman, il avait touché 1600 000 €.
Le film avait rassemblé 200 000 spectateurs sur 200 copies.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
PS : A la suite de l’interview de Marie Masmonteil nous précisons que Canal+ avait 40 millions € de retard sur ses investissements fin 2019 et aurait affirmé avoir en plus 40 millions € de retard en 2020 (rachats par les plates-formes, report de tournages). Soit, en tout 80 millions €.
MARIE MASMONTEIL SUR LA PRODUCTION CINEMA
Le CarrefourSiritz.com : Les plates-formes de S-VoD, Netflix et Amazon, ont acheté des films français qui devaient sortir au cinéma et qui n’y sont donc pas sorti. Ces ventes ont permis aux producteurs de rembourser les chaînes qui avaient préfinancé ces films. J’ai demandé par écrit au CSA, qui est charge de faire respecter leurs obligations par les chaînes, de me confirmer que ces montants devraient être rajoutés à leurs obligations de l’année suivante. Il ne m’a pas répondu. Avez-vous posé la question et avez-vous une réponse ? https://siritz.com/financine/de-carybde-en-scylla-pour-lexploitation/
Marie Masmonteil : Le SPI revient de vacances et je ne sais si on a une réponse. Mais il est logique que ces montants soient reportés l’année suivante ou étalés sur les années suivantes. Mais il n’y a pas que les achats des plates-formes. Il y a les films dont le tournage devait avoir lieu à l’étranger en 2020 et ont dû être décalés à 2021.
Siritz.com : Même avant le confinement, Canal+ était en retard de 40 millions € par rapport à ses obligations, ce qui est très important.
Canal+ a « optimisé » ses investissements
MM : C’est en effet le cas pour Canal. Selon le CSA, la chaîne aurait «optimisé » le calcul de ses obligations, c’est à dire sous-estimé ses obligations pour sous-investir. Sciemment. Le CSA lui a donc enjoint de rattraper ce retard, à raison de 15 millions € l’année prochaine, 15 millions € l’année suivante, puis encore 10 millions €. Mais, en juin, l’ensemble des organisations professionnelles du cinéma a eu une conversation avec Canal+ et ils nous ont dit qu’en 2020 ils seraient en retard de 40 millions €, du fait du rachat par les plates-formes ou du report de tournages. Ils proposaient d’investir cette somme autrement, notamment en aidant les distributeurs et les exploitants.
Siritz.com : Quelle a été la réponse de la profession ?
MM : Les avis des organisations professionnelles étaient partagés. Mais, Canal+ a commis une erreur en n’en parlant pas d’abord aux organisations professionnelles de producteur, puisqu’il s’agissait de l’argent de la production. Donc, ça s’est envenimé et les producteurs leur ont dit de dépenser cet argent dans la production l’année prochaine. Donc cela ferait une somme de 80 millions en tout en notre faveur, dont plus 35 millions € en 2021.
Siritz.com : Avant même le confinement et la fermeture des salles, et malgré la très bonne fréquentation de 2019, on a le sentiment que, le chiffre d’affaires et donc les investissements des chaînes dans le cinéma diminuaient, notamment du fait de la concurrence des plates-formes de S-Vod. Or, l’économie de la production de films repose largement sur la télévision, notamment sur Canal+ qui, en plus doit diversifier ses investissements.
MM : Paradoxalement, pour Canal+, ça n’est pas la situation que l’on constate. Quand on a eu une réunion, par zoom, en juin avec Maxime Saada (le président du directoire du groupe Canal+ de Canal+) et son équipe, il nous a dit que, alors qu’ils avaient investi 140 millions € en 2019, il devraient investir 160 millions € en 2020. Ils avaient fait une bonne année 2019. Avec le service public c’est 60 millions € (58+2), donc pas de baisse des investissements non plus. Par ailleurs, Canal + nous a dit que, sur les 160 millions €, du fait des achats des plates-formes, ils ont perdu de gros films.
Siritz.com : Sur Cinéfinances.info j’ai le plan de financement de tous les films français. Or, même avant la crise sanitaire j’avais l’impression que de plus en plus de producteurs avaient de plus en plus de mal à monter le financement de leurs films. L’indicateur c’est que le financement de beaucoup de film doive faire appel à de plus en plus d’investisseurs. Parfois, 15, voir 20. Est-ce une bonne analyse ?
MM : C’est exact. La baisse des investissements de Canal, film par film, est de 30% environ. Pour donner un exemple, moi, sur les 5 derniers films que j’ai produits, je n’ai rien gagné : ni salaire producteur ni amortissement des frais généraux, ni imprévus. Certes, c’étaient des films fragiles, des films d’auteurs. Mais sur les films du milieu, c’est pareil. C’est de plus en plus difficile.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Masmonteil#Récompenses
Mais je ne vais pas rentrer dans la discussion selon laquelle il y aurait trop de films. La France produit 300 films, sur lesquels, beaucoup de documentaires, dont l‘économie est différente. Et il y a les coproductions minoritaires. Donc la France produit environ 170 à 200 films de fiction majoritairement français. Or le montant global investi par les chaînes n’a pas augmenté et on produit plus de films. Il y a 5 ans Canal+ investissait environ 30% du budget. Et maintenant c’est plutôt 15 à 20%. Et, pour les films de marché, pour y arriver, on partage de plus en plus de RNPP avec les investisseurs et on se retrouve de plus en plus producteur exécutif.
De nombreux films qui se tournent à l’étranger sont reportés
Siritz.com : Depuis la crise sanitaire j’imagine que, pour un producteur indépendant c’est encore plus difficile de monter un film.
MM : Concrètement, de nombreux films qui se tournent à l’étranger, y compris en Allemagne, sont reportés. Il y a deux jours on a appris que les français domiciliés en île de France ou en PACA, ne pouvaient tourner en Allemagne à partir de septembre. L’Allemagne, notre principal partenaire ! Ainsi, Marie-Ange Luciani devait produire le prochain film de Robin Campillo à Magagascar. Elle va tout de même commencer à préparer. Mais le tournage est reporté à mars, car, pour l’instant, on ne peut y tourner. De même on ne peut faire de coproduction avec les israéliens. Or, au Spi, on fait beaucoup de coproductions internationales. La France a des accords de coproduction avec 70 pays.
Siritz.Com : On va voir comment la crise sanitaire va évoluer. Mais, en attendant, les plates-formes apportent un plus. Ce sont de nouveaux acteurs. Très nettement pour la commande de séries. Mais, même pour les films de cinéma. Elles ont acheté les droits internationaux de « Mignonnes », qui est un premier film et un film d’auteur. Je suis certain que Netflix a payé plus que ce qu’aurait rapporté les ventes à l’étranger, territoire par territoire.
Je suis souverainiste, en faveur des chaînes françaises historiques
MM : Oui. Il y a les atlantistes qui se réjouissent de l’arrivée de ces nouveaux acteurs. Et il y a incontestablement des côtés positifs. Et il y a les souverainistes. Je suis une souverainiste. Je privilégierai toujours les chaînes françaises historiques. Non seulement elles apportent le financement, mais elles ne nous imposent pas un casting, nous laisse la liberté de création.
Siritz.com : Mais les plates-formes interviennent-elles plus ?
MM : Pour l’instant elles achètent des films déjà prêts. Je ne suis pas sûr que ce serait la même chose si elles intervenaient en préfinancement. Elles nous ont aussi demandé de pouvoir inclure dans leurs investissements cinéma des téléfilms qui ne sortent pas en salle. Nous avons refusé car, pour nous, un film de cinéma, c’est un film qui sort d’abord en salle. Nous sommes intransigeants sur ce point.
Siritz.com : Et sur la chronologie des médias. Elles vont demander d’être au même niveau que Canal+.
MM : Là encore, je suis souverainiste. Canal+ est une chaîne française, historique, c’est la chaîne du cinéma. Si on met les plates-formes au même niveau dans la chronologie, elles risquent de prendre les films les plus importants, car elles ont une diffusion mondiale et ont des moyens considérables. Ce serait la fin de Canal +, et, donc, pas l’intérêt du cinéma français.
Siritz.com : Mais si leurs achats pour le « hors France » étaient pris en compte, les films sortiraient d’abord en salle en France et uniquement chez elles à l’étranger.
MM : On ne peut prendre en compte que leurs achats de droits pour le territoire français. Et il faut faire très attention à ce que ces plates-formes ne détruisent pas une partie de la filière industrielle du cinéma français : vendeurs internationaux, distributeurs et exploitants étrangers qui diffusent des films français.
Siritz.com : Le gouvernement, c’est à dire la direction des médias et des industries culturelles (DGMIC), prépare le texte qui va fixer les obligations des plates-formes. Le président de la République a demande à ce qu’il entre en vigueur le 1er janvier. La grande question est celle du pourcentage de leur chiffre d’affaires qu’elles devront investir et la répartition entre cinéma et œuvres audiovisuelles. Il y a aussi celle de leur place dans la chronologie des médias.
MM : Je ne crois pas que le cinéma français les intéresse. En fait je ne sais pas ce qui les intéresse. Ils ont tendance à changer d’avis. Dans la dernière conversation que j’ai eu avec Sara May, de Netflix, ce qui les intéresse ce sont les films très banlieue, action, diversité. Ils auraient bien aimé « Les misérables ». Et ils aiment les films qui ont eu des prix dans les festivals. Ils ont acheté les droits hors France de « Mignonnes » qui a été primé à Sundance, Ils ont acheté « Atlantique » de Mati Diop, après qu’il a remporté le Grand prix du Jury Festival de Cannes. Ils ont dû le payer très cher, pensant qu’il avait des chances de représenter le Sénégal aux Oscars. Donc, il cherche une vitrine, un peu comme les films de grands réalisateurs américains. Mais qui ne sont pas forcément très regardés.
CASTEX SOUTIENT LE CINÉMA ET LA CULTURE
ÉditorialIl y a les fonds de l’Etat mais aussi l’enjeu de la réglementation des GAFA
C’est le Premier ministre en personne, Jean Castex, qui a inauguré le Festival du film francophone d’Angoulême, vendredi dernier. Accompagné bien sûr de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Mais la présence de cette dernière est évidemment plus habituelle. Le Premier ministre reconnaît ainsi l’importance des Festivals dans la vie de la culture et de l’économie. Et celle de la culture, à la fois dans l’activité économique du pays et comme lien social entre ses citoyens. Il a en outre profité de ce déplacement pour confirmer le doublement du budget de la Culture, à 2 milliards €, dans le cadre du plan de relance.
https://www.lefigaro.fr/cinema/au-festival-du-film-d-angouleme-jean-castex-veut-redonner-des-couleurs-au-cinema-francais-20200828
L’aide de l’Etat au CNC
Pour ce qui est du cinéma, le trou de 60 millions € dans le compte de soutien du CNC, dû aux prélèvements antérieurs successifs de l’Etat sur sa trésorerie sera comblé par le Trésor. Vont s’y ajouter 105 millions € qui permettront peut-être, de prolonger l’augmentation des taux de soutien à l’exploitation, à la distribution et à la production bien au-delà du 31 août. Enfin 100 millions € sont provisionnés pour le soutien à la relance de l’activité, ce qui répondra sans doute en partie aux demandes de la FNCF/
Ces mesures s’ajoutent à celles qui ont été prises pour les intermittents ainsi qu’ au chômage partiel dont bénéficient tous les secteurs. La stratégie globale de l’Etat est d’éviter que l’économie ne s’effondre, quitte à creuser sa dette à des niveaux astronomiques. On verra plus tard, sans doute après la présidentielle, comment traiter celle-ci.
Application de la directive SMA
Le Premier ministre a rappelé que, conformément à la directive SMA, le 1er janvier, les GAFA allaient contribuer largement au financement du cinéma et de l’audiovisuel français. En alimentant, plus largement qu’actuellement, le compte de soutien et en respectant des obligations d’investissement dans les films de cinéma et les œuvres audiovisuelles.
C’est une chance pour ces deux secteurs d’intéresser des activités qui, elles, sont en pleine croissance, une croissance accélérée par le confinement et la crise sanitaire. Mais la DGMIC, qui doit les insérer dans le nouveau modèle économique du cinéma et de l’audiovisuel français, n’a pas la tache facile. C’est d’ailleurs pourquoi les professionnels lui ont abandonné volontiers ce rôle plutôt que de négocier directement des accords avec les GAFA.
La profession s’attend à une obligation d’investissement de 20 à 25% de leur chiffre d’affaires. Le Premier ministre n’a pas démenti un tel chiffre. A titre de comparaison Canal+ doit investir 12,5% dans le cinéma et 3,6% dans les œuvres audiovisuelles, soit 16,1%. Les chaînes hertziennes en sont à 15% dans l’audiovisuel et 3,2 ou 3,5% dans le cinéma.
Mais, deux questions délicates se posent. En premier lieu, quelle répartition imposer aux GAFA entre le cinéma et l’audiovisuel ? Il paraît difficile d’imposer automatiquement les mêmes taux à des plates-formes qui auront forcément des politiques éditoriales différentes. En outre, dans le cas où l’ont imposerait un taux global, cumulant les deux investissements, le cinéma s’y opposera à juste titre, car, pour les plates-formes, le film n’est qu’un programme pour faire le buzz, donc très limité.
En second lieu, Amazon ne manquera pas de faire remarquer qu’Amazon prime, dont l’abonnement annuel est de 50€, permet de regarder films et séries, mais ouvre droit à bien d’autres services. Son chiffre d’affaires ne peut donc saisir d’assiette au calcul des obligations d’investissement sans un fort abattement. Mais on peut lui répondre que les films et les œuvres audiovisuelles étant des produits d’appel pour ces autres services, c’est la totalité du chiffre d’affaires qui doit bien être prise en compte.
La contribution des plates-formes au compte de soutien devrait passer de 2 à 5,5%. Mais leur taux de TVA devrait alors chuter de 20 à 10%. Sinon, comme le notait Pascal Rogard, le président Trump va, à juste titre, se fâcher. Mais, dans ce cas, les plates-formes vont gagner 4,5%. https://siritz.com/le-carrefour/netflix-a-toujours-ete-dune-correction-parfaite/
En tout cas, en France, un film de cinéma doit d’abord être diffusé en salles. Ainsi, les films que Netflix et Amazon Prime ont achetés avant qu’ils ne sortent en salle, ne sont pas des films de cinéma et n’entreront pas comme tels dans leurs investissements. Se pose alors la question de la chronologie des médias.
Aujourd’hui, faute d’un accord avec les organisations professionnelles du cinéma avalisé par le CSA, la fenêtre de la S-Vod se situe à 36 mois. Si elles respectaient des obligations d’investissement, il serait difficile de les faire passer après les chaînes en clair. Elles demandent évidemment à passer, au moins en même temps que Canal+, qui est actuellement à 8 mois et 6 mois pour les films réunissant moins de 100 000 spectateurs. Mais elles n’accepteront jamais de consacrer, comme la chaîne française, 12,5% de leur chiffre d’affaires au préfinancement de films français sortant en salle. Ce qui justifierait qu’elles passent après.
Le taux de TVA, outil de négociation
Le fait que leur TVA pourrait passer à 10% devrait en tout cas fournir à l’Etat un argument de poids dans la négociation.
De toute façon, l’ensemble de la chronologie des médias devra sans doute être revu. Actuellement le DVD et la VoD sont à 4 mois après la sortie en salle, avec des dérogations à 3 mois. Or, il n’y a qu’une poignée de films chaque année qui sont encore à l’affiche au bout de 8 semaines. Ces fenêtres françaises, qui sont plus longues qu’ailleurs, expliquent que, chez nous, le chiffre d’affaires du DVD ou de la VoD soit marginal par rapport à nos voisins. Ce secteur demande, sans succès, que la fenêtre soit ramenée à 2 mois, ce qui lui permettrait de bénéficier du lancement salle. Quitte à partager une petite partie des frais de promotion. Les exploitants sont opposés à cette modification car ils estiment que si, un film sort en numérique juste après l’arrêt de son exploitation en salle, le spectateur « ressentira » que les deux exploitations se chevauchent.
Mais, depuis quelques semaines, un événement bouleverse la situation. AMC, le premier exploitant des Etats-Unis et d’Europe, qui est d’ailleurs en situation financière difficile, a finalement accepté le principe de la proposition d’Universal : pour certains films, le sortir en VoD Premium (à un prix double de celui du prix d’un billet de cinéma) 17 jours après la sortie en salle. Et l’exploitant (ou les exploitants ?) se partage la recette VoD avec le distributeur. Or, rappelons qu’en VoD la marge du distributeur est de 70% et non de 50% comme dans la salle.
Et, à peine AMC avait-il donné son accord à Universal que Disney a décidé de ne pas sortir son blockbuster Mullan dans de nombreux territoires où, pourtant, les salles sont ouvertes, et de la proposer directement en VoD premium aux abonnés de Disney +.
Le numérique et la crise sanitaire sont donc en train de bouleverser l’économie du secteur. La réglementation que la DGMIC va élaborer devra en tenir compte. Et, comme le notait Marc Tessier, il sera difficile de faire comme si nous étions une île à l’écart et à l’abri de ces bouleversements qui nous entourent. https://siritz.com/le-carrefour/marc-tessier-sur-les-bouleversements-actuels/
Lire aussi sur ces questions essentielles le très intéressant interview d’Alain Le Diberder https://siritz.com/le-carrefour/la-directive-sma-ouvre-la-boite-de-pandore/
LA REMUNERATION D’ERIC BARBIER
CinéscoopPour la réalisation de « Petit pays »
Ce vendredi sort en salle « Petit pays » qui est présenté ce matin au Festival d’Angoulème. C’est une adaptation sur le best seller du même titre de Gael Faye, un superbe roman sur le génocide des Tutsis au Rwanda.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Petit_Pays_(film)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film est produit par Jéricho Films (Philippe Rousselet) et Super 8 (Marc Simoni et Jérôme Salle). Son budget est de 5,4 millions €. Il est distribué par Pathé films.
Le réalisateur est Eric Barbier.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Éric_Barbier
Pour la préparation, 41 jours de tournage au Rwanda et un à Paris, ainsi que pour la post production, sa rémunération a été de 150 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteurs et salaire de technicien. Il a en outre reçu 150 000 € pour le scénario qu’il a écrit à partir du livre de Gael Faye. Les droits du roman ont été achetés 183 000 €. La rémunération d’Eric Barbier est supérieure à la rémunération moyenne des réalisateurs des films français sortis en 2020 jusqu’à fin août. https://siritz.com/financine/barometre-des-realisateurs-de-films/
Le précédent film d’Eric Barbier était « La promesse de l’aube », tiré du roman de Romain Gary, sorti en 2017. Produit également par Jéricho films son budget était de 24 millions € et il était lui aussi distribué par Pathé.
La rémunération d’Eric Barbier avait été de 267 500 € pour la préparation, 69 jours de tournage et la post-production. Eric Barbier avait coécrit le scénario avec Marie Aynard pour 40 500 €. Les droits du livré avaient été achetés 542 000 €.
Le film avait rassemblé 1 110 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
BAROMETRE DES REALISATEURS DE FILMS
FinanCinéLa rémunération des réalisateurs de films français sortis en 2020 jusqu’à fin août
A partir des données fournies par Cinéfinances.info*, voici, à la fin août, les données sur la rémunération des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. Désormais nous publierons ce baromètre tous les mois.
La rémunération moyenne et la rémunération médiane ont sensiblement diminué par rapport à celle du dernier baromètre, publié en avril. La rémunération la plus élevée reste celle de Michel Hazanavicius pour « Le Prince oublié », qui était de 1,4 millions€, soit 6% du devis. La rémunération moyenne, est passée de 145 000 € à 137 000 €. C’est à peu près la rémunération de Elie Semoun pour Ducobu 3, qui est de 134 000 €, soit 1,5% du devis. En revanche la rémunération médiane est remontée de 80 000 € à 100 000 €.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ducobu_3
La rémunération des réalisateurs représente en moyenne 3% du devis du film. Bien entendu, il s’agit des rémunérations fixes et non de celles proportionnelles aux revenus du film. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/
En moyenne 52% de cette rémunération est sous forme de salaire et 48% d’à valoir sur droits d’auteurs.
Pour les films sortis en août, qui sont inclus dans ce baromètre, la rémunération moyenne est de 116 000 € et la rémunération médiane de 86 000 €. Cette rémunération représente en moyenne 2% du devis du film. La rémunération la plus élevée est celle de Toby Genkel et Xavier Giacometti pour la dessin animé « Yakari, la grande aventure ».
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LA RÉMUNÉRATION DE KERVEN ET DELÉPINE
CinéscoopPour le film « Effacer l’historique »
Ce mercredi 26 août sort, « Effacer l’historique », un film français sur le phénomène des réseaux sociaux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effacer_l’historique
Il est réalisé par le duo Benoit Delépine et Kustave Kerven. C’est le 9ème film qu’ils ont écrit et réalisé ensemble
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Kervern
https://en.wikipedia.org/wiki/Benoît_Delépine
Le film est produit par No money productions (Benoit Delépine et Gustave Kervern) et Les films du Worso (Sylvie Pialat). Il est distribué par Ad Vitam. Sont budget est de 4,5 millions €. Pour la préparation, 29 jours de tournage et le montage, les deux réalisateurs ont reçu une rémunération de 240 000 €, répartie à parts égales entre l’à valoir sur droits d’auteurs et le salaire de technicien. C’est presque la double de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/remuneration-des-realisateurs-de-films/. En outre ils ont reçu 152 000 €, inscrits à la ligne sujet.
Leur précédent film était « I feel good », sorti en 2018. Il avait un budget équivalent à leur nouveau film. No money productions en était producteur avec JD Prod (Marc Dujardin). Le film était distribué par Ad Vitam.
Pour la préparation, 27 jours de tournage et la post-productions, leur rémunération était de 360 000, dont 200 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 160 000 € de salaire de technicien. S’y ajoutait 200 000 € pour le scénario. Le film avait rassemblé 530 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.