Diversité des réactions à court terme et nouveau modèle économique à bâtir

Chaque semaine l’industrie du cinéma est secouée par une nouvelle explosion volcanique. https://siritz.com/editorial/la-derive-des-continents-de-laudiovisuel/ Il y a deux semaines,  AMC, le premier exploitant des Etats-Unis et d’Europe, avait effectué un virage ã 180° par rapport à ce qui était, jusque là, un dogme pour lui, comme pour tout exploitant américain : une fenêtre d’exclusivité de 3 mois pour la diffusion des films de cinéma. Il a en effet accepté, pour certains films, de la réduire à 17 jours par rapport ã la VoD Premium, en échange d’une participation au produit de cette dernière.

La semaine dernière,  c’est Disney, le premier premier producteur et distributeur mondial de cinéma, qui a effectué, à son tour, un virage à 180°. Le studio a sans doute estimé que les 200 millions $ de budget de  son blockbuster «Mulan » ne pourraient jamais être amortis par une sortie dans un parc de salle dont personne ne sait combien de temps  encore il sera  largement amputé.  Il a donc décidé de proposer ce film  en VoD Premium aux abonnés Disney +,  son tout nouveau  service de S-VoD.  Une formule qui ne permettra peut-être pas non plus d’amortir le film, mais qui vise aussi à accélérer les abonnements ã Disney +. 

Pour comprendre le choc que cette décision provoque chez les exploitants il faut se rappeler  que «Mulan » est le remake live, donc avec la dimension spectaculaire en plus d’un film d’animation qui était sorti en 1998. Une  année où la fréquentation n’était en France que de 170 millions d’entrées. Il avait alors rassemblé plus de 5,8 millions de spectateurs.

https://www.konbini.com/fr/cinema/video-excede-un-exploitant-detruit-une-publicite-de-mulan-apres-lannonce-de-disney/?fbclid=IwAR1m_hOqljMzEC8RR9YDemh2Sc_5OqnY_yJpkNAoeE_-M1GfziE758Plbnk

En revanche, Warner, pour son blockbuster «Tenet », a fait un choix contraire à celui de Disney : renoncer au dogme de la sortie mondiale et ne le sortir que dans les territoires où la plupart des salles sont ouvertes. Donc, pas aux Etats-Unis. Et, autre révolution, la major va inaugurer en France la promotion du film par la diffusion d’un spot publicitaire à la télévision. Une opportunité qui, jusqu’à ce jour, était interdite aux films de cinéma.

En France, il  y a trois semaines, deux distributeurs français  importants, Gaumont et Le Studio Orange,  ont vendus des films très attendus par les exploitants à des plates-formes de S-VoD. Ils ne sortiront donc pas en salle.eux phénomènes

Deux phénomènes

Mais il faut distinguer deux phénomènes. D’une part, les effets de la crise sanitaire qui oblige un grand nombre de salles dans le monde, particulièrement aux Etats-Unis, à rester fermer et déprime la fréquentation de celles qui sont ouvertes. 

D’autre part, l’irruption de nouveaux acteurs extrêmement puissants, les plates-formes de S-VoD, qui sont intéressées par la diffusion de films importants et ont les moyens de les acquérir. En outre, dans les  pays, où il n’y a pas, comme en France de chaîne à péage diffusant les films de cinéma 8 mois après leur sortie en salle, la vidéo physique ou la VAD ont une part de marché sensiblement plus importante que chez nous. De surcroit, dans certains territoires, il y la VAD Premium, à un prix double de celui de la place de cinéma. Comme 70% de la recette nette de la VoD est attribuée au distributeur ou au producteur, cela leur laisse une marge très importante.

A court terme, la  crise sanitaire oblige producteurs et distributeurs à faire des choix inattendus pour sauver les meubles. A long terme, l’arrivée  et le développement des nouveaux modes d’exploitation des films, comme de tous les contenus audiovisuels, oblige à une réflexion sur les nouveaux modèles économiques du secteur. C’est un peu comme passer d’un univers à deux dimensions à un univers à «n » dimensions. Il est peu probable  qu’un décret continuer puisse à y détailler   le trajet de chacun.

Le modèle économique sur lequel reposait notre cinéma nous avait permis d’avoir le meilleur parc de salles et d’être le premier  producteur de films d’Europe. Mais, aujourd’hui, les plates-formes mondiales de S-Vod sont un acteur incontournable du cinéma, comme de l’ensemble de l’audiovisuel. Partout dans le monde, y compris en France. L’hexagone  ne peut imaginer être une île à l’abri de cette évolution. 

Pour la réalisation du film « Just Kids »

« Just kids » est sorti mercredi sur 41 copies.  Il a rassemblé 501 spectateurs le 1er jour.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Just_Kids_(film)

Ce film d’un budget de 2,230 millions € est produit par Blue Monday Productions (Nathalie Mesuret) et co-distribué par Rezo Films  et Be-For films. Son réalisateur est  Christopher Blanc.  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_Blanc

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Pour la préparation, les 33 jours de tournage et la post-production, la rémunération de Christophe Blanc est de 55 000 €, dont 28 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 27 000 € de salaire de technicien. C’est très inférieur à la rémunération moyenne des  réalisateurs films français sortis depuis le début de l’année qui est de 116 000 €. Et aussi de leur rémunération médiane qui est de 65 000 €. https://siritz.com/financine/remuneration-des-realisateurs-de-films/

Christophe Blanc a écrit le scénario avec Beryl Peillard. Ils se sont partagés 42 000 € qui sont inscrits dans le budget à la ligne Sujet.

Christophe Blanc avait précédemment réalisé un court-métrage et des téléfilms. Il avait déjà réalisé aussi un long métrage, « Blanc comme neige », sorti en 2010. Il était déjà produit par Blue Monday productions mais distribué par MK2. Son budget était de 6,6 millions €. Il avait rassemblé 127 000 spectateurs. Pour la préparation, 54 jours de tournage et la post-production sa rémunération avait été de 65 000 €, dont 31 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 34 000 € de salaire de technicien.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans

Le blockbuster sera proposé en VoD premium aux abonnés de Disney +

Le film ayant un budget de 200 millions $ ėtait très attendu par les exploitants du monde entier.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mulan_(film,_2020)

Pour cause de Coronavirus sa sortie, prévue initialement pour cet été , avait ėtė plusieurs fois reportée. Mais, en juin,  deux des dirigeants du Studio avaient affirmé que «  ce spectacle est conçu pour le grand ėcran et c’est là qu’il sera montré. »

Aujourd’hui, effectuant un virage à 180°, comme le PDG d’AMC, Disney annonce que le film sera proposé dès le 3 septembre, en VoD Premium ã 29,5$, aux abonnés de son service de S-VoD, Disney +. https://siritz.com/financine/peril-sur-la-fenetre-dexclusivite-des-cinemas/

Cette annonce intervient alors que le PDG du groupe Disney, Bob Iger,  qui en avait fait le premier et le plus rentable groupe audiovisuel du monde, vient de devoir céder ce poste, deux ans avant son terme. Son successeur est Bob Chapek. Il faisait partie de Disney depuis 25ans et dirigeait la division des parcs d’attraction et des produits dérivés . Bob Iger reste tout de même une sorte de  président du conseil de surveillance.

« Le film sortira en salle dans les territoires où il n’y  a pas encore Disney + et où les salles sont ouvertes » à précisé Bob Chapek. 

Bob Chapek, le nouveau CEO de Disney, marque son arrivée par une décision inattendue

Pour que le film soit amorti il faudrait qu’il en soit vendu au moins 8 millions en VoD aux abonnés. Le prix de l’abonnement de ceux-ci est inférieur à 7€ par mois (contre moins de 10€ par mois pour les abonnés de Netflix). Leur nombre serait de 60 millions, alors que ceux de Netflix approcheraient les 200 millions.  Il est est peu probable que cet objectif d’amortissement par la seule VoD soit atteint. Mais il se peut que Disney+ n’ai pas atteint les objectifs attendus pour Disney + et que ce soit, en fait,  un moyen de booster ses  abonnements. Sinon, pourquoi ne pas annoncer la sortie du film, en salle et pas en VoD, en France où la plupart des salles sont ouvertes ? D’autant plus que le film vise avant tout un public jeune qui craint assez peut le Coronavirus et qui en est d’ailleurs beaucoup moins frappé par lui.

En tout cas, tant que le cinéma reste touché par le Coronavirus, soit par la fermeture des salles, soit par une fréquentation très au-dessous de ce que les films pouvaient attendre, la dérive des continents va se poursuivre, voir s’accélérer.  Car, en choisissant de passer directement des films porteurs en S-Vod ou en VoD, comme l’ont fait Orange et Gaumont les distributeurs vont rėduire l’offre de films et, donc, l’occasion et l’habitude d’aller au cinéma. Donc les performances des films qui sortent tout de même. https://siritz.com/financine/de-carybde-en-scylla-pour-lexploitation/

Ce qui est certain c’est que sortie en salle le 26 août de «Tenet», le blockbuster du studio  Warner, sera plus déterminante que jamais. Car c’est le seul blockbuster qu’un studio ait décidé de sortir en salle cet ėtė dans les territoires où la plupart de celles-ci sont ouvertes. https://siritz.com/editorial/la-derive-des-continents-de-laudiovisuel/

Le réalisateur de « Les blagues de Toto ».

Sort aujourd’hui en salle « Les blagues de Toto », réalisé par Pascal Bourdiaux. Ce film, dont le budget est de 7,35 millions €, est une coproduction entre la France (58%), la Belgique (21%) et le Luxembourg 21%). Le producteur et distributeur français est SND.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Blagues_de_Toto_(film,_2020)

C’est le 5ème long métrage du réalisateur. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pascal_Bourdiaux

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Pour 38 jours de tournage Pascal Boudiaux a été rémunéré 200 000 €, répartis à part égale entre à valoir sur les droits d’auteur et salaire de technicien. C’est beaucoup plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année qui est de 116 000 €. https://siritz.com/financine/remuneration-des-realisateurs-de-films/

Le scénario est écrit par Mathias Gavary, Gael Le Forestier et Julien Leindorfer. Pour  l’écrire ils ont touché 257 000 € d’à valoir.

Il y a en outre 197 000 € pour l’achat des droits de la bande dessinée dont le film est une adaptation.

Le précédent film réalisé par Pascal Bourdiaux était « Boule et Bill 2 », co-réalisé avec Benjamin Guedj, sorti en 2017, une adaptation de la célèbre brande dessinée. Le film était produit par LGM pour un budget de 15,8 millions € . Il était distribué par Pathé. Pour 45 jours de tournage la rémunération du réalisateur avait été de 500 000 €, partagée à égalité entre à valoir sur droits d’auteurs et salaire de technicien. Le film avait rassemblé 487 000 spectateurs.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Blagues_de_Toto_(film,_2020)

Amortissement du minimum garanti la première semaine des films français sortis en 2020

Au début de l’année Siritz.com a évalué la rentabilité de la distribution des films français sortis en 2019. Il en ressort que, pour 71% d’entre eux, le distributeur n’a pas amorti ses investissements.https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/en-2019-les-recettes-salles-de-71-des-films-francais-sortis-nont-pas-couvert-linvestissement-du-distributeur/ Néanmoins, une autre analyse montre que la distribution des films français avait tout de même été globalement bénéficiaire. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/en-2019-la-distribution-de-films-francais-en-salle-globalement-beneficiaire/

Aujourd’hui, Siritz.com inaugure un nouveau baromètre de la distribution des films français sortis en salle en 2020. Il calcule pourcentage de la recette  salle hors taxe du distributeur au cours de la première semaine en salle par rapport au minimum garanti accordé au producteur.

Le prix moyen d’une place de cinéma étant selon le CNC de 6,7 €, la recette moyenne hors taxe du distributeur est évaluée 2,4 €. Elle ne prend pas en compte le soutien automatique à la distribution.

Le nouveau baromètre ne prend pas en compte les frais d’édition du distributeur ni les films pour lesquelles le distributeur n’a pas donné de minimum garanti. Parmi ceux-ci se trouvent des films dont le distributeur est également producteur et a inclus la totalité de son apport dans son investissement en tant que producteur, ce qui augmente ses droits sur le film. 

Par ailleurs, pour plus de la moitié des films, le minimum garanti est accordé en échange un ou plusieurs autres mandats que celui de la salle : vidéo, VoD, étranger, voir TV. Ce qui améliore la rentabilité du film et dont ce baromètre ne tient évidemment pas compte.

Mais le nouveau baromètre donne tout de même une bonne approximation des performances d’un film.

Cette article a été rédigé à partir des données fournies par le site Cinéfinances.info*

Les rentabilités la plus élevées

Le minimum garanti le plus élevé a été accordé par Studio Canal et Pathé, associés à 50/50 pour tous mandats, pour « Le Prince oublié », réalisé par Michel Hazanavicius Il est de 6 millions €. Le film ayant un budget de 24,9 millions €, ce MG représente 24% du budget. Or le film ayant rassemblé 457 000 spectateurs la première semaine, ceux-ci n’ont permis d’amortir que 18% du  minimum garanti la première semaine.

L’amortissement le plus élevé est celui de « 10 jours sans maman », réalisé par Ludovic Bernard. Le film a été distribué par le Studio Canal. Son budget est de 8,9 millions € et le MG de 500 000 € pour tous mandats. La première semaine le film a rassemblé 582 000 spectateurs.

https://fr.wikipedia.org/wiki/10_jours_sans_maman

De loin la distribution la plus rentable en France

Il y a 13 films dont rien que les recettes en salle ont permis d’amortir dès la première semaine le minimum garanti du distributeur.

L’amortissement moyen la première semaine est de 31%. C’est celui de « L’Etat sauvage », réalisé par David Perault, pour lequel Pyramide a accordé un MG de 100 000 €. La première semaine, le  film a rassemblé 12 000 spectateurs. Et aussi « Cuban network », réalisé par Olivier Assayas, pour lequel Orange studio a accordé un minimum garanti de 700 000 € et qui a rassemblé la première semaine 90 000 spectateurs.

Les rentabilités médianes et moyennes

La performance médiane est supérieure à la performance moyenne

L’amortissement médian (autant de films au-dessus qu’en dessous) est 58%. C’est celui de Cunningham, réalisé par Ala Kovgam. Arsam international a donné un MG de 50 000 €. Le film a rassemblé 12 000 spectateurs la première semaine.

Les plus mauvaises performances sont de moins de 5%. Ce sont celles de « Le capital au XXIème siècle », distribué par Diaphana pour un MG de 180 000 € (<5000 entrées) , « Mosquito » distribué par Alfama films, pour un MG de 50 000 € (<1000 entrées) et « Douze mille », distribué par Shellac pour un MG de 50 000 € (<1000 entrées).

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Les dogmes sur lesquels repose l’économie du cinéma et de l’audiovisuel sautent les uns après les autres

Pour le cinéma et l’audiovisuel le Coronavirus a accélère la dėrive des continents engagée par les plates-formes numériques mondiales. Rien que la semaine dernière, deux évènement majeurs en France et un aux Etats-Unis en ont été l’illustration.

Gaumont et Orange préfèrent vendre un film directement à la S-Vod

En France, deux distributeurs/producteurs importants, Orange Studio et Gaumont, ont préféré vendre à une plate-forme de S-Vod des films très attendus par les exploitants plutôt que de les sortir en salle https://siritz.com/financine/de-carybde-en-scylla-pour-lexploitation/. Quand on regarde les plans de financement de ces films, il semble probable que ces distributeurs/producteurs ont estimé qu’une sortie en salle ne leur permettrait jamais d’amortir leur investissement alors qu’une vente directe ã la S-Vod leur permettrait de générer la marge de 25 % sur les coûts de production que ces plates-formes proposent en général.

Gaumont a préféré vendre « le film de cinéma « Bronx » directement ã Netflix

En outre, dans le cas de Gaumont, c’est certes un producteur et distributeur de films de cinéma. Mais c’est aussi, et de plus en plus, un producteur de sėries pour lequel Netflix est un client essentiel.

Warner renonce au dogme de la sortie mondiale

Mais le Coronavirus a d’autres effets sur la distribution de films de cinéma. Ainsi, jusqu’ã présent les blockbusters des grands studios américains avaient une sortie mondiale. Il s’agissait d’éviter que, quand un film arrive dans un territoire, il soit dėjà largement offert sur le marché du piratage. Mais aussi de mobiliser d’un coup toute l’équipe du film pour la promotion auprès de tous le media du monde.

Or, la plupart des salles de cinéma américaines sont fermées et, avec le comportement du président Trump et des gouverneurs républicains, cela peut durer encore très longtemps. Il en est de même d’une grandes partie des des salles chinoises, le deuxième marché de ces blockbusters. Et aussi de la plupart des salles de nombreux autres territoires. Les studios américains ont donc décidé de reporter sine die la sortie de leurs films. Ce qui entraîne un effondrement de la fréquentation des salles dans les territoires où elles sont ré-ouvertes, comme la France.

La carrière de « Tenet » qui sort le 26 août en France, sera décisive pour tous les studios américains à qui le report de la sortie de leurs films pose d’énormes problèmes de trésorerie

Dans ce second cas, cela va faire sérieusement réfléchir de nombreux producteurs et distributeurs français qui ont effectué d’importants investissements dans des films de cinéma. Et, en France, les chaînes, comme certains producteurs d’ailleurs, auront des arguments supplémentaires pour réclamer une fusion des obligations d’investissement dans les films de cinéma et les œuvres audiovisuelles, quitte à fixer des planchers.

Le principal exploitant mondial renonce au dogme de la fenêtre d’exclusivité des salles

Quant à l’accord entre Universal et AMC il va rendre plus d’actualité que jamais une réflexion sur la chronologie des media. https://siritz.com/financine/peril-sur-la-fenetre-dexclusivite-des-cinemas/. Curieusement il est passé presqu’inaperçu dans les grands medias français, sauf Les Échos. Alors qu’il risque de totalement bouleverser l’économie du cinéma. A commencer par celle de l’exploitation. En effet, il remet en cause le dogme selon lequel les salles bénéficient d’une fenêtre d’exclusivité d’un film sur tous les autres media, tant que son exploitation en salle se poursuit. Or, d’un seul coup, le premier exploitant des Etats-Unis et d’Europe renonce à ce dogme.

Adam Aron, patron d’AMC, a accepté un fenêtre d’exclusivité de seulement 17 jours pour ses salles

Pourtant cette fenêtre conserve repose sur de solides fondements économiques et sociaux. Jusqu’à présent, seul Netflix la contestait. Sans succès. AMC lui porte un coup sévère. Et, avec la multiplication des media et des cas de figure, il sera de plus en plus difficile, en France, de la figer dans une réglementation détaillée.

Netflix va commercialiser le championnat de France de foot-ball

Dernier bouleversement, l’accord de Mediapro et de Netflix. Le groupe sino-espagnol avait ravi à Canal +, pour sa future chaîne Téléfoot, les droits du championnat de France de foot-ball. En les surpayant selon Canal+, dont une grande partie des abonnées venaient pour cette offre. A ce jour, seul SFR avait passé un accord pour diffuser Tėlėfoot. Canal+ pensait que, comme BeIN, cette chaîne serait finalement obligée de lui confier sa commercialisation. Or, elle vient de passer un accord avec Netflix qui commercialiser auprès de ses abonnées une offre groupée, pour 29€50.

https://www.sofoot.com/telefoot-va-s-associer-a-netflix-486672.html

Netflix va commercialiser le championnat de France de Foot-ball

Jusqu’ã présent Canal+, OCS et BeIn avaient pu trouver un modus vivendi. Mais, désormais, Netflix et, sans doute, Amazon Prime sont tellement puissants qu’un tel accord avec des nains est sans inté; rêt pour eux. Et Netflix va sans doute diffuser aussi des télé-réalités et de l’information. Notre système économique du cinéma et de l’audiovisuel va impérativement devoir tenir compte au plus vite de toutes ces évolutions.

Le baromètre pour les films français sortis en 2020

Cinéfinances.info* a fourni à Siritz.com les données qui permettent d’établir ce baromètre. Il porte sur les 107 films français sortis depuis le début de l’année 2020.

La plus forte rémunération est celle de Michel Hazanavicius pour « Le Prince ». Elle est de 1,4 millions €, dont 650 000 € d’à valoir sur  droits d’auteur et 750 000 € de salaire. Il a été produit par Prélude et distribué à 50/50 entre Studio Canal et Pathé. Sont budget est de 28,9 millions €. Il a réalisé 920 000 entrées.

La rémunération moyenne des réalisateurs est de 116 000 €. Le film qui en est le plus proche est «Papi sitter», réalisé par Philippe Guillard dont la rémunération était 120 000 €, répartie à part égal entre droits d’auteur et salaire.  Il est produit par Same Player et Gaumont et distribué par Gaumont. Son budget est de 7,4 millions €. Il a rassemblé 250 000 entrées.

La rémunération médiane (autant de rémunérations supérieures que de rémunérations inférieures) est de 65 000 €. C’est celle de Jean-Michel Bertrand pour le documentaire « Marche avec les loups », répartie entre 25 000 € de droits d’auteur et 40 000 € de salaire. Le film est produit par MC4 pour un budget de 890 000 €.  Distribué par Gebeka il a réalisé 150 000 entrées.

Les rémunérations maximales et moyennes sont inférieures à celles de 2019 alors que la rémunération médiane est supérieure. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/la-remuneration-des-realisateurs-des-films-francais-sortis-en-2019*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Aux Etats-Unis Universal et le réseau de salles de cinéma AMC rompent le dogme

Le quotidien professionnel britannique «  Screen daily » a annoncé hier que le Studio américain Universal et le principal réseau de salles de cinéma des Etats-Unis  ont passė  un accord qui bouleverse l’économie  du cinéma : pour certains films Universal le rėseau aura une fenêtre d’exclusivité de 17 jours. Puis le film pourra être  diffusé en VoD premium, le studio et le rėseau de salle se partageant les marges sur ce nouveau média. AMC possède d’ailleurs un service de Premium VoD. 

https://www.screendaily.com/news/universal-amc-theatres-agree-to-collapse-theatrical-window-share-pvod-revenue/5151932.article

La règle de la fenêtre d’exclusivité aux salles est appliquée partout

Or, jusqu’à maintenant, toutes les salles de cinéma américaines imposaient une fenêtre d’exclusivité de 3 mois sur la diffusion sur tout autre média. En France, la réglementation la fixe  même 4 mois, avec des dėrogations à 3 mois en fonction du nombre d’entrées. Cette exclusivité est la règle dans quasiment tous les pays. Elle correspond grosse modo à la durė d’exploitation d’un film en salle. Elle repose sur le principe de la chronologie des médias. Ce principe repose lui-même sur un principe simple : la diffusion débute sur le média le plus cher par spectateur. C’est la salle de cinéma. Puis ce principe est respecté entre tous les autres medias. En fin de course se trouve donc les chaînes gratuites.

Cette chronologie des media est la même que pour le livre. Celui-ci est lancé en édition brochée. Quand les ventes dans ce format sont quasiment terminées débute la vente en livre de poche, beaucoup moins cher. Elle procure un chiffre d’affaires supplémentaire. Mais, si le livre de poche était vendu en même temps que l’édition brochée, la plupart des lecteurs qui auraient acheté l’édition brochée achèteraient l’édition de poche, beaucoup moins cher. Et le chiffre d’affaires des éditeurs comme des libraires chuterait fortement. Sans doute la plus grande partie d’entre eux disparaîtraient.

La plate-forme internationale de S-Vod Netflix cherche par tous les moyens à diffuser des films de cinéma en même temps que les salles. Celles-ci, ayant le même raisonnement que les éditeurs et les libraires à propos du livre de poche, résistent partout dans le monde. Netflix comme Amazon Prime n’ont pu, jusqu’ici, qu’acheter des films qui ne sortent pas en salle. En France, pendant le confinement, alors que toutes les salles étaient fermées, 2 films ont ėté vendues à Amazon Prime :

« Forte » https://siritz.com/cinescoop/vente-de-forte-a-amazon-prime-analyse-des-donnees-financieres/ et « Pinocchio » https://siritz.com/financine/vente-de-pinocchio-a-amazone-prime-suite/

De même, sans respecter le délai de 4 mois, mais avec l’accord du CNC, des distributeurs ont fait diffuser leurs films en VoD. Certains exploitants possèdent d’ailleurs leur propre service de VoD. Mais, dans l’hexagone, le chiffre d’affaires de la VoD est très limité, même s’il a sensiblement augmenté pendant le confinement. En début de semaine, alors que les salles françaises sont ré-ouvertes, deux films français très attendus par les exploitants, ont été vendus pour une sortie directe en S-VoD. « Brutus VS César » https://siritz.com/financine/amazon-prime-versus-cesar/ et « Bronx » https://siritz.com/financine/de-carybde-en-scylla-pour-lexploitation/. Ces annonces ont fait l’effet d’une bombe dans l’exploitation.

Le virage à 180° d’AMC

L’accord entre AMC (filiale du groupe chinois Wanda) et Universal, filiale de Comcast, est quant à elle doublement surprenante. Tout d’abord, parce qu’ au printemps denier, Jeff Shell, PDG de NBCUniversal, avait annoncé qu’Universal envisageait de sortir ses films en même temps en salle et en Premium VoD (19$). La réaction d’Adam Aron, le PDG d’AMC (8 000 écrans), avait été immédiate : il avait écrit à la directrice du studio qu’il ne sortirait plus ses films. https://siritz.com/cinescoop/chronologie-des-medias-comcast-recadre-universal/

En sont lieu parce que, venant de la part d’un des principaux exploitants nord-américains, cette première brèche dans le dogme de la fenêtre exclusive des salles est un tournant. Selon AMC c’est un moyen pour un exploitant de devenir un acteur important des media numériques. En outre, la Premium VoD propose le film ã un prix élevé, supérieur ã celui d’un  billet de cinéma. Néanmoins, plusieurs personnes peuvent regarder le film en même temps, ce qui en réduit le prix par spectateur. En outre, si un film ne sort pas dans seul circuit, comment les exploitants se partageront les bénéfices de la Premium VoD. Ceux qui ne les partageraient pas refuseront probablement de sortir le film. 

Bientôt l’Europe et le Moyen-Orient

La plupart des exploitants estiment au contraire que «quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limite ». Selon eux, le dogme de la fenêtre d’exclusivité vient d’être récusé et la Prime VoD ne pèsera pas lourd face aux géants de la S-VoD mondiale qui se précipiteront dans la brèche.

AMC est non seulement le premier exploitant d’Amérique du nord, mais le premier exploitant mondiale. Il est en effet présent dans 14 pays européens. Et, il est, notamment, le numéro 1 au Royaume-Uni, en Ireland, en Italie, en Espagne, en Suède, en Finlande et dans les Etats Baltes. En outre, il est le premier exploitant en Arabie Saoudite.

On ne connait pas la date de début de ce nouveau mode d’exploitation car la plupart des salles d’AMC aux Etats-Unis sont fermées. Par ailleurs, AMC et Universal ont déclaré qu’ils allaient commencé à étudier l’extension de cet accord à l’Europe et au Moyen Orient.

Les données financières de la vente de « Bronx » par Gaumont à Netflix

Le coup de théâtre de l’annonce de la vente de « Brutus vs César » à Amazon  https://siritz.com/financine/amazon-prime-versus-cesar/ a immédiatement été suivi d’un autre coup de théâtre, encore plus surprenant :  l’annonce de la vente par Gaumont de « Bronx » à  Netflix.  Ces deux films français seront donc diffusés par les plates-formes de S-Vod sans sortir dans les salles de cinéma.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bronx_(film)

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

« Bronx », réalisé par Olivier Marchal était un film policier très attendu, se passant à Marseille. Avec un solide casting (Jean Réno et Gérard Lanvin). Il est produit par Gaumont, avec un budget annoncé de 12 millions €. Pendant le confinement, Siritz.com ayant été informé par un professionnel que Gaumont négociait sa vente à Netflix,  avait contacté le distributeur. Il lui avait été répondu que l’information n’avait aucun fondement. Par ailleurs Canal+ avait refusé de donner son accord à certains producteurs pour une vente à une plate-forme estimant que c’était des concurrents directs.

Pour effectuer cette vente Gaumont a forcément dû rembourser les chaînes qui en avaient pré-acheté un passage : Canal+ (1,83 millions €), Multithématiques (121 000 €) et OCS (300 000 €).  Il y a donc au moins 2,2 millions € à rembourser aux chaînes.

Aucune chaîne en clair n’avait pré-acheté le film

Selon le plan de financement, Gaumont a investi en numéraire 7,3 millions €. Le producteur pourra sans doute récupérer du crédit d’impôt audiovisuel  que nous évaluons aux alentours de 1,5 millions €. En renonçant à la sortie en salle Gaumont évite d’avoir à investir en frais d’édition. Mais ceux-ci auraient été largement couverts par les recettes salles. En outre, Gaumont renonce également à son soutien automatique à la production et à la distribution d’un film qui, en période normale,  aurait pu ambitionner entre un et deux millions d’entrées.

Enfin, aucune chaîne en clair n’avait pré-acheté ce film. C’était visiblement un choix délibéré de ne pas avoir de coproducteur. Et, une source de revenu potentiel importante pour le producteur, car les films policiers d’Olivier Marchal réalisent de fortes audiences à la télévision.

Le producteur délégué avait évalué son salaire à 531 000 € dont il avait  mis 446 000 € en participation. De même il avait mis en participation ses 653 000 € de frais généraux et  les 933 000 € d’imprévus.  Soit 2, 032 millions €.

Gaumont devra sans doute rembourser les 88 000 € investis en numéraire par Umédia mais pas les 380 000 € de tax shelter qui doivent être justifiés  par des dépenses faites en Belgique. Il est probable que les 50 000 € de revenus provenant du placement de produit n’aient pas à être remboursés car l’audience de Netflix n’est pas négligeable et elle est mondiale. 

Même si Gaumont a renoncé à la plus grande partie des sommes mises en participation le prix de vente doit donc se situer aux alentours de 10 millions €.

Mais cette vente, comme celle de « Brutus vs César » soulève un problème. En effet, les pré-achats des chaînes entraient dans leurs engagements d’investissement dans les films de cinéma français en 2019. Or, en France, pour le CNC, un film de cinéma est un film qui sort d’abord en salle. En vertu de ce principe, ces sommes ne peuvent donc être prises en compte pour le calcul de la réalisation de ces engagements. Si c’était possible, ce genre d’opération pourrait éviter aux chaînes de respecter leurs engagements. En effet, une chaîne pourrait se mettre d’accord avec un ou des producteurs. Ceux-ci produiraient des films présentés initialement comme des films de cinéma. Mais, en fait, ceux-ci ne seraient pas destinés à sortir en salles mais à être diffusées par des plates-formes.

Or, c’est le CSA qui est chargé de contrôler le respect de ces obligations. A-t-il autorisé ces cessions ? Peut-il refuser cette autorisation ou est-il tenu de l’accepter, en reportant les sommes manquantes l’année suivantes ? Ou considère-t-il que, même si les chaînes n’ont finalement pas effectué cet investissement, elles ne sont pas en faute ? Un texte précis règlemente-t-il ce cas ou est-il laissé à la libre appréciation du CSA ?

Siritz.com a interrogé le CSA sur ces questions évidemment très importantes et attend les réponses.

Mais rappelons que ces opérations, qui sont de très mauvaises nouvelles pour les exploitants, ont lieu à un moment où le chiffre d’affaires des chaînes en clair, du fait de la baisse des recettes publicitaires, est en forte chute. Et donc leurs obligations d’investissement en 2020. Il semblerait que le chiffre d’affaires des chaînes à péage soit également en recul et, en outre, que Canal+ soit déjà très en retard par rapport à ses engagements d’investissement dans le cinéma.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Les données financières d’une vente historique

L’annonce de la vente du film « Brutus VS César » à Amazon Prime a éclaté comme une bombe dans l’industrie du cinéma français. A commencer parmi les exploitants. Certes, il y avait déjà eu deux ventes de longs métrages à Amazon Prime :

Forte https://siritz.com/category/cinescoop/page/5/ et Pinocchio https://siritz.com/financine/les-donnees-financieres-de-la-vente-de-pinocchio-a-amazon-prime/

Mais c’était pendant le confinement, quand toutes les salles étaient fermées et que l’on ne savait pas quand elles rouvriraient. En outre, il s’agissait de deux films dont la campagne de promotion était largement engagée, mais dont la sortie avait été brusquement rendue impossible par le confinement. Il fallait donc assumer à la fois le coût du film et des frais d’édition. Voir de nouveaux frais d’édition quand le film sortirait enfin.

Alors que, cette fois-ci, les salles ont ré-ouvert. Le distributeur envisageait une sortie le 12 août et n’avait engagé que peu de frais d’édition. Au pire il aurait pu retarder le sortie dans l’attente de jours meilleurs pour celle-ci. Or, apparemment,  le producteur comme le distributeur ont estimé qu’il était financièrement plus judicieux de ne pas sortir le film en salle et de le vendre directement à Amazon Prime. Pourtant il s’agit d’une comédie, avec, sur le papier du moins, un véritable potentiel commercial, sur lequel les exploitants comptaient : sujet original se passant dans la Rome antique et fort casting. En outre, le 12 août le distributeur comme le producteur du film auraient bénéficié du fort bonus de soutien financier accordé aux films français qui sortent jusqu’à fin août.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Brutus_vs_César

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Le nécessaire accord de tous les partenaires financiers

Tous les partenaires financiers ont dû donner leur accord

Pour que le producteur puisse réaliser cette vente à Amazon prime il faut que ses partenaires dans le financement du film aient donné leur accord et  que, donc, ils y trouvent un intérêt.   Certains doivent  être impérativement au moins remboursés de leur investissement. On sait que Canal+ se refuse désormais à donner son accord à toute vente d’un film à une plate-forme S-Vod, estimant que ce sont ses concurrents directs.

Apparemment, ce n’est pas le cas d’OCS, qui appartient au groupe Orange. Ce dernier est également coproducteur et distributeur du film à travers sa filiale Orange studio. La chaîne à péage s’est forcément fait rembourser  son pré-achat de  deux passages pour 1 850 000 €.  En est-il de même de l’investissement de 475 000 € d’Orange studio en coproduction et de son minimum garanti de 2 millions € ? Il est possible que, compte tenu de ces investissements élevés, Orange studio, ait préféré limiter sa perte.  UGC devait assurer la distribution physique du film, en avançant les frais d’édition et en échange d’une commission réduite. Il a lui aussi dû donner son accord. Rappelons qu’Orange studio est son partenaire habituel dans ce type d’accord, comme l’est TF1 DA. Il lui est donc difficile de s’opposer à une demande de ce partenaire. Même si, en tant qu’exploitant, cette opération doit sonner comme une sorte de glas à ses oreilles.

L’investissement de 650 000 € de France 2 cinéma en coproduction, tout comme son pré-achat de 650 000 € d’un passage doivent également être remboursés. En effet, ces sommes ne sont plus prises en compte pour le calcul des investissements obligatoires de la chaîne dans les films de cinéma. 

Mais la question est de savoir si, en échange de cet accord, tous ces partenaires  ou une partie d’entre eux ont réclamé un bénéfice.

Comme le film ne sortira pas en salle Païva et Adama, qui appartiennent tous les deux  à Simon Istolainen devront obligatoirement rembourser le soutien automatique investi soit 403 000 €. En revanche Umédia n’a peut-être pas à rembourser le tax shelter qui a dû être justifié par des dépenses effectivement réalisées en Belgique. Il en est de même du crédit d’impôt de 300 000 € accordé à Païva Maroc.

Une opération qui souligne que cinéma et audiovisuel sont des nains face aux plates-formes de S-Vod

Le total des sommes à rembourser s’élève donc en principe à 5,625 millions €. 

Par ailleurs, les investissements en participation du producteur délégué sont de 865 000 €.  S’il a effectué cette opération c’est que le prix de vente inclus une partie de cette somme. Car le montage d’un film représente du travail et génère des frais. En outre, même si le distributeur Orange studio ne lui aurait versé aucun supplément sur la sortie en salle, la vidéo et les ventes à l’étranger, il aurait sans doute touché au minimum les premiers 150 000 € de soutien financier automatique  réservés au producteur délégué, et  sans doute sensiblement plus. Surtout avec le bonus actuel.

Le prix d’achat d’Amazon Prime doit donc être probablement supérieur à 5,625 millions et approcher, voir dépasser 6,5 millions €.  Ce qui, en tout état de cause est considérable. Et souligne à quel point l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel sont des nains face aux plates-formes du numérique auxquelles elle sont désormais confrontées.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans