Siritz.com : Aujourd’hui les plates-formes de S-Vod internationales sont en pleine croissance. La crise sanitaire a obligé de nombreuses salles dans le monde à fermer et a entrainé, directement ou indirectement, une baisse de la fréquentation de celles qui sont ouvertes. La S-Vod a saisi l’occasion pour acquérir d’importants films de cinéma qui sortent directement chez elles. De même, Disney, le plus grand studio américain a décidé de sortir l’un de ses principaux blockbusters directement en VAD Premium. Par ailleurs, le principal exploitant du monde vient d’accepter, dans certains cas, de réduire la fenêtre d’exclusivité de ses salles par rapport à la VAD Premium. Comment analysez-vous toutes ces évolutions telluriques ?
MT : Il faut préciser que Disney offre « Mulan » directement en VAD Premium, mais uniquement aux abonnés de Disney+. Donc c’est une formule particulière.
Siritz.com : Mais comment expliquer le revirement à 180° d’AMC par rapport à sa position d’il y a deux mois ?
MT : J’imagine qu’il n’a pas pris cette position de gaité de cœur. Il y est sans doute contraint par les circonstances. Aujourd’hui les exploitants sont confrontés à une double concurrence. Celle de ce nouveau mode de diffusion, la VAD Premium, facile d’accès, à un prix concurrentiel même s’il est sensiblement plus élevé que la VAD locative de base. Et à celles des plates-formes de S-VoD, qui ont une énorme force économique, notamment parce que ce sont des plates-formes mondiales. Et ces forces économiques cherchent à acquérir des films de cinéma importants, destinés aux salles, mais dont les producteurs et les distributeurs sont en mal de financement.
Siritz.com : Et comment analyser l’irruption des plates-formes de S-Vod dans le marché des films de cinéma destinés avant tout aux salles ?
MT : Ces plates-formes cherchent tout simplement à utiliser leur puissance économique pour diffuser ces films de cinéma dans des conditions les plus intéressantes pour leur offre. Elles sont en mesure de le faire en accordant une marge au producteur, sur un marché qui, jusqu’ici, était dominé par les grands studios américains.
Siritz.com : Netflix affirme vouloir diffuser les films en même temps que les salles, ce qui, pour les exploitants, serait la fin des salles de cinéma.
MT : Netflix ne fait pas la guerre aux salles de cinéma. En France on a tendance a tout présenter en terme de conflit. Netflix, dans son catalogue, propose des films anciens ou sortis en salle plusieurs mois plus tôt. Et, pour certains films, il les finance même entièrement, en laissant une marge au producteur et en les diffusant directement chez lui. Le phénomène auquel on assiste est un phénomène mondial et profondément macroéconomique. C’est pourquoi il faut absolument une discussion entre tous les acteurs, les diffuseurs, les exploitants, les distributeurs et les producteurs.
Siritz.com : Mais peut-on continuer à appliquer les mêmes règles quelque soit le type de film ?
MT : Non. On ne peut appliquer les mêmes règles à un blockbuster qu’à un film qui va sortir dans une dizaine de salles, à un film à exploitation longue et à exploitation courte. Il faut laisser les acteurs économiques jouer leur rôle dans un environnement d’émulation entre les différents modes d’exploitation. Il y a de nouveaux acteurs économiques très important qu’il faut insérer dans l’économie du cinéma. Et il faut tenir compte, non seulement de l’intérêt des exploitants, mais aussi de celui des distributeurs et des producteurs.
Siritz.com : Mais, en France, le marché a été particulièrement bien optimisé comme le prouve le dynamisme de notre exploitation et de notre production nationale. Ces modifications peuvent le déstabiliser.
MT : C’est pourquoi il est important de se remettre autour de la table. Les producteurs, les distributeurs et les exploitants. Non pas pour élaborer un cadre contraignant applicable à tous, mais pour donner un peu plus de marge de manœuvre en fonction de la caractéristique du film. En tout cas , il est clair que cette nécessaire évolution ne doit pas se faire contre les salles. D’ailleurs, tous les nouveaux médias, la S-VoD comme la VAD, ont besoin d’un média salle important. Et je ne suis pas hostile à ce que l’on réfléchisse à la part des recettes revenant à chaque partie prenante selon les différents modes d’exploitation choisis. La part des recettes devrait être proportionnée à la part des financements et à la durée de l’exploitation en salle.
Siritz.com : Mais ensuite, chacun négocie librement et choisit entre les multiples formules possibles ?
MT : Oui. Il faut laisser les acteurs négocier. Il y a trop de formules possibles pour les insérer dans des règles du jeu rigides. Mais qu’il y ait de grands principes, comme la sortie prioritaire en salle, la réponse est oui. Que la S-Vod contribue au financement de ces films qui sortent d’abord en salle, la réponse est oui. Mais ce sont des principes, pas des réglementations. Et, si un distributeur voit que son film va avoir une exploitation en salle d’une durée limitée, qu’il puisse négocier une sortie en VAD dans la foulée de la sortie en salle, pour que celle-ci bénéficie de la promotion de la sortie en salle.
Siritz.com : Les évolutions économiques que l’on constate sont mondiales. Est-ce que la France peut conserver une réglementation détaillée qui lui est propre et qui avait fait ses preuves avant le développement de ces nouveaux médias ?
MT : Notre système est probablement trop rigide alors que les modes d’exploitation se diversifient. On doit laisser la place pour des formules diverses, comme cela va avoir de plus en plus lieu à l’étranger. La France ne peut pas être une île à l’écart de cette évolution mondiale. D’autant plus que, même chez nous, c’est le cinéma américain qui est dominant et qui fixera les règles du jeu. Mais il ne faut pas prendre prétexte des effets, que j’espère provisoire, de la crise sanitaire, pour tout bouleverser et remettre en cause le rôle essentiel des salles de cinéma. Il s’agit de s’adapter, pas de tout remettre en cause.
Voir aussi une précédente interview de Marc Tessier sur la télévision publique.
https://siritz.com/le-carrefour/seule-une-television-publique-garantit-que-nous-ayons-une-offre-de-programmes-qui-reflete-notre-culture-et-nos-preoccupations/
Semaine décisive pour le cinéma
ÉditorialLes performances de « Tenet » et de l’ensemble de la fréquentation vont être regardées à la loupe
La semaine qui débute ce 26 août sera scrutée de près par tous les professionnels du cinéma de France. Et peut-être du monde. En effet, c’est la première semaine, depuis la réouverture des salles, où sort un blockbuster. Il s’agit de « Tenet ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenet_(film)
Le film a été réalisé par Christopher Nolan. Et c’est aussi une première parce que Warner, à la différence de toutes les autres majors américaines à propos de leurs blockbusters, a décidé de la sortir en France et dans 70 territoires, avant les Etats-Unis.
D’après ceux qui l’ont vu c’est un très bon film d’action, spectaculaire et de qualité. Le dernier film de ce grand réalisateur, « Dunkerque », sorti en 2017 a, en France, réalisé 915 000 entrées la première semaine, qui démarrait un 19 juillet et plus de 2,5 millions en tout. Mais ce film se rapprocherait plutôt de « Inception », sorti en 2010, qui avait rassemblé 4,915 millions de spectateurs, dont 1,3 millions la première semaine, qui a démarré un 21 juillet
Les majors américaines n’ont pas l’habitude de sortir leurs blockbusters fin août. Et, surtout pas dans l’hexagone, car le mois de septembre est, en fréquentation, le plus mauvais mois de l’année. Peut-être parce que c’est le mois de la rentrée scolaire. Mais nombre d’exploitants pensent que c’est un mauvais mois parce que les distributeurs pensent que c’est un mauvais mois et que l’offre de films est faible.
En tout cas, depuis la réouverture des salles en France, le 22 juin, les majors n’ont pas sorti un seul blockbuster, ces films à gros budget qui font bondir les entrées. Parce que ces films bénéficient toujours d’une sortie mondiale et que la plupart des salles américaines et d’autres territoires étaient fermées. N’oublions pas que Disney a préféré ne pas sortir « Mulan » en salle et l’a réservé pour la VoD Premium, destinée aux seuls abonnés de Disney +, sa nouvelle plate-forme mondiale de S-VoD. https://siritz.com/financine/mulan-ne-sortira-pas-en-salle-mais-en-vod/
Cette absence a évidemment pesé sur la fréquentation en France puisque les films américains y représentent habituellement entre 55 et 60% des entrées, encore plus en juillet et août. En fait, depuis la réouverture des salles en France, la fréquentation n’a été que 25% de celle des autres années. La fréquentation globale est restée en-dessous du million d’entrées. Sauf ces deux dernières semaine où SND a sorti « Les blagues de Toto » et Metropolitan le film américain « Greenland-le dernier refuge ». Ces deux films d’ailleurs se maintiennent bien.
L’année dernière les entrées globales avaient été de 2,772 millions d’entrées la dernière semaine d’août. Le film français « La vie scolaire » avait atteint 485 000 entrées, pour finir à 1,8 millions d’entrées. Cette semaine sort aussi un film français très attendu « Petit pays », réalisé par Eric Barbier.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Petit_Paysan
Mais, étant sélectionné au Festival d’Angoulême, il ne sortira en salle que vendredi 28. Il y a aussi un film japonais précédé d’une forte réputation, « Dans un jardin qu’on dirait éternel ». En tout une dizaine de films.
Si la fréquentation générale revient à un niveau approchant son niveau passé, malgré le fait qu’il n’y a que trois séances par jour, que le port du masque est obligatoire à l’entrée et qu’un fauteuil sur deux doit être libre, cela va avoir un énorme impact. Cela fera sans doute réfléchir les autres majors américaines et tous les distributeurs. La programmation de fin septembre, octobre et novembre, semble prometteuse. Et si cette semaine réalise les performances espérées, il n’y aura pas de nouveau décalage.
La rémunération de Hubert Sauper
CinéscoopPour le documentaire « Epicentro »
Cette semaine est sorti, distribué par Les films du Losange, sur 72 copies « Epicentro ». C’est un documentaire qui explore un siècle d’interventionnisme et de fabrication de mythes avec le peuple de La Havane — en particulier ses enfants, qu’il appelle “ les jeunes prophètes ” — pour interroger le temps, l’impérialisme et le cinéma lui-même.
https://www.unifrance.org/film/44829/epicentro
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
C’est une coproduction Austro-Française, à 66/34%. Le producteur autrichien est KPG et le producteur français Groupe deux (Daniel Marquet). Son budget est un millions €. Et son réalisateur est l’un des plus grands réalisateurs mondiaux de films documentaires, Hubert Sauper. C’est un autrichien qui vit en France.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Sauper
Son film « Le cauchemar de Darwin », sorti en 2005, a marqué l’histoire du documentaire. Le documentaire prenait pour argument de départ les trafics autour de l’aéroport de Mwanza, en Tanzanie, sur les bords du lac Victoria. Mais, selon Hubert Sauper, ce n’était pas un film sur le lac Victoria, et encore moins sur un poisson, mais un film contre la mondialisation et ses conséquences. Il avait reçu de nombreux prix et a, entre autre, été nominé aux Oscars. En France, il avait rassemblé 410 000 spectateurs.
Son dernier documentaire, « Nous venons en amis » sorti en 2015 , raconte comment, sous couvert d’amitié et de développement, les « investisseurs » affluent au Soudan. Ils arrosent des chefs d’Etat corrompus pour profiter des terres, entrainant la population dans les guerres et la misère. Plongée au cœur du conflit entre la Chine et les États-Unis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous_venons_en_amis
Son budget était de 2,7 millions € et il était distribué par Le Pacte. Il était produit par la société de Hubert Sauper, Adelante films, à 75% et KPG à 25%.
La rémunération de Hubert Sauper était de 220 000 €, répartis en parts égales entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de réalisateur technicien. S’y ajoutait 50 000 € pour le sujet. Le film n’avait rassemblé que 15 000 spectateurs. C
Pour « Epicentro », la rémunération de Hubert Sauper n’est que de 25 000 € d’à valoir sur droits d’auteur. S’y ajoute la même somme pour le sujet.C’est évidemment très en-dessous de la rémunération médiane des réalisateurs de films français de documentaire sortis en 2020.https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/la-remuneration-des-realisateurs-de-fiction-en-2020/
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent
LA REMUNERATION DE MAÏMOUNA DOUCOURÉ
CinéscoopPour la réalisation du film « Mignonnes »
Cette semaine est sortie « Mignonnes ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mignonnes
Le film traite de l’hypersexualité des pré-adolescentes à travers l’histoire d’Ami 11 ans, qui intègre un groupe de danseuses de sa génération.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.Le film a un budget de 3,4 millions €. Il a été produit par Bien ou Bien Productions (Sylvain Zangroniz, dit Zangro) qui, jusque là, avait produit des court-métrages. https://www.bienoubienproductions.fr
Canal +, Multithématique et France 3 l’ont pré-acheté. Il a été tourné en Ile de France et en Nouvelle Aquitaine qui ont apporté un soutien financier. Il est distribué par Bac Films.
« Mignonnes » a été réalisé par Maïmouna Doucouré, dont c’est le premier long métrage. Ses courts métrages avaient été remarqués dans de nombreux festivals importants. En janvier 2017, à Sundance, elle a reçu le Global Filmmaking Award pour son projet de long métrage « Mignonnes ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maïmouna_Doucouré
Pour le tournage de ce film, qui a duré 52 jours, plus sa préparation et sa post-production, elle a reçu une rémunération de 93 000 €, répartis entre 50 000 € d’à-valoir sur droits d’auteur et 43 000 € de salaires. C’est au-dessus de la rémunération médiane des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/
Elle a reçu en outre 25 000 € pour l’écriture du scénario.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE MELANIE MARCAGGI
CinéscoopPour la réalisation comédie « Belle fille »
La comédie « Belle fille », qui sort cette semaine est distribuée par TF1 DA qui en a confié la distribution physique à UGC. Elle est interprétée par Alexandra Lamy et Miou Miou.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Belle-Fille_(film)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par My Family (Nathalie Cohen-Smadja) le film a un budget de 4,95 millions €. Le dernier film produit par My Family était « Andy », réalisé par Julien Weill. Celui-ci a été tourné en grande partie en Corse, la région accordant une subvention. Le minimum garanti de distribution est de 800 000 €. Il a été pré-acheté par OCS, TF1 et TMC.
Sa réalisatrice est Méliane Marcaggi qui, jusqu’ici, était comédienne. C’est donc son premier film en tant que réalisatrice, même si elle a, par le passé, co-réalisé un court métrage.
Sa rémunération est de 80 000 €, réparti en à valoir sur droits d’auteur, de 25 000 € et en salaire de réalisateur technicien de 55 000 €. C’est exactement la rémunération médiane des réalisateurs des films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/
Mais elle a co-écrit le scénario avec Christophe Duthuron. C’est lui aussi un comédien, mais qui est également scénariste de séries (« Un gars, une fille ») et de pièces ou de spectacles humoristiques.
En semble ils se sont partagés 120 000 € qui sont inscrites dans le budget à la lige « Sujet ».
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
BAROMETRE DE LA DISTRIBUTION EN JUILLET 2020
FinanCinéMeilleur que sur l’année 2020 cumulée
A partir de maintenant Siritz.com va publier des baromètres mensuels et des baromètres cumulés depuis de l’année à partir des données fournis par Cinéfinances.info*.
Il y aura quatre baromètres, un par semaine :
-sur la rémunération des réalisateurs,
-sur le budget de la musique de films
-sur le devis des films par rapport aux entrées
-sur le pourcentage du minimum garanti amorti par les recettes salles des films en première semaine.
Aujourd’hui nous publions le baromètre de la distribution en salle au mois de juillet. Le 4 août nous avons publié le baromètre depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-distribution-des-films-francais/
Ce baromètre calcule le pourcentage du minimum garanti qui est amorti par la recette distributeur de la première semaine. Il ne tient pas compte des frais d’édition ni du soutien automatique et sélectif à la distribution, qui jusqu’à fin août, ne l’oublions pas, a été fortement augmenté. Par ailleurs, très souvent, le minimum garanti est donné pour plus que le mandat salle. Enfin il ne prend pas en compte non plus les films, souvent importants, pour lesquels le distributeur n’a pas donné de minimum garanti parce qu’il est producteur.
Mais il donne une indication globale sur la rentabilité des investissements des distributeurs. Ce mois-ci c’est le cas de :
-« L’aventure des Marguerite », dont la recette nette distribution a été 206 000 € et dans lequel Pathé, le producteur a investi 900 000 €, en plus de la mise en participation de son salaire et de ses frais généraux de producteur et du soutien.
-« Tout simplement noir », dont la recette nette distribution a été 6 144 000 €, mais dans lequel, le producteur Gaumont a investi 1,9 millions €.
-« Adorables », dont la recette nette distribution 168 000 €, mais dans lequel Other Angle production a investi 30 000 € en plus de son salaire et frais généraux en participation.
L’intérêt du baromètre mensuel sera de suivre l’évolution de la rentabilité des investissements des distributeurs mois après mois. Ce baromètre ne comprend que les films pour lesquels le distributeur a donné un minimum garanti. Bien entendu les films pour lesquels le minimum garanti est élevé pèsent plus sur les résultats que ceux où il est limité. Ainsi, « Divorce Club », dont le minimum garanti est de 750 000 € est celui qui pèse le plus. Sa rentabilité est de 78% en une semaine ce qui est un bon résultat.
En juillet, la couverture moyenne des minima garantis cumulés par la recette distributeur cumulée est de 65%. C’est plus élevé que la rentabilité depuis le début de l’année qui n’est que de 31%. En juillet, deux films couvrent largement le minimum garanti dès la première semaine : « Félicita » (réalisé par Bruno Merle et distribué par Rezo Films) de 224%.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Felicità_(film)
Et aussi « Les parfums » (réalisé par Bruno Magne et distribué par Pyramide films) de 166%. En revanche, pour « Jumbo » et « La forêt de mon père » elles sont à 23%.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans
LA REMUNERATION DES REALISATEURS DE YAKARI
CinéscoopToby Genkel et Xavier Giacometti sont aussi des storyborders et des scénaristes
Mercredi 12 août est sorti « Yakari la grande aventure», un dessin animé pour les petits.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Yakari,_le_film
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce dessin animé est une coproduction entre la France (50%), l’Allemagne (30%) et la Belgique (20%). Produit par Dargaud media, Wunder Werk et Belvision, son budget est de 8,1 millions €. Il est distribué en France par Bac films sur 482 copies pour un minimum garanti de 530 000 €. Il n’a réalisé que 58 000 entrées les 5 premiers jours. C’est une adaptation des bandes dessinées du même nom créées par Job (scénario), Derib (dessin) et Dominique (couleurs).
Il est réalisé par Toby Genkel (allemand) et Xavier Giacometti (français). Ce sont tous deux des storyborders et des réalisateurs. Xavier Giacometti a, en plus, été scénariste.Ainsi, Toby Genkel a été le réalisateur, entre autre, de « Oups ! j’ai raté l’arche » et Xavier Giacommeti, entre autre, des séries TV « Yakari » et « Toupou ».
http://www.giacometti.eu.
Les deux réalisateurs ont partagé une rémunération de 222 000 €, dont 100 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 122 000 € de salaire de technicien. Cette rémunération est beaucoup plus élevée que celle des réalisateurs de films français sortis depuis le début de 2020. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/
Ils ont coécrit le scénario avec David Freedman pour 55 000 €. Les droits d’adaptation de l’oeuvre originale ont été payés 53 000 €.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
QUAND LES RÈGLES DU JEU S’ASSOUPLISSENT
ÉditorialEn France comme aux Etats-Unis les pouvoirs publics font sauter d’importantes interdictions
La dérive des continents continue dans l’économie du cinéma en France et aux Etats-Unis. Les pouvoirs publics viennent ainsi de supprimer des garde-fous totalement périmés. https://siritz.com/le-carrefour/marc-tessier-sur-les-bouleversements-actuels/
Les distributeurs de films peuvent diffuser leurs spots à la télévision en France
En France, les distributeurs de films peuvent désormais diffuser leurs spots de promotion à la télévision. Jusqu’ici, partout ailleurs, le petit écran était un important média publicitaire pour les films de cinéma Sauf en France. En effet, la majorité des distributeurs et des producteurs avait réussi à convaincre les pouvoirs publics d’interdire cette possibilité. Pour justifier cette position malthusienne ils avançaient quatre arguments.
Tout d’abord, selon eux, cette publicité profiterait avant tout aux films américains au détriment des films français. Parce que les spots des blockbusters étaient plus spectaculaires que ceux des films français et que les studios bénéficiaient de budgets plus importants pour l’achat d’espace. Et, d’une manière générale, cela ferait perdre le quasi monopole des films français sur ce media qu’ils utilisaient gratuitement, puisque les vedettes des films français qui sortaient étaient les stars des nombreuses émissions de flux des chaînes.
En second lieu la publicité à la télévision était autorisée, les chaînes pourraient conditionner l’invitation à ces émissions à l’importance de la campagne publicitaire sur leur antenne.
Troisièmement, les grandes chaînes étant également distributrices accorderaient des conditions plus favorables à leurs films.
Enfin, la publicité ã la télévision ferait exploser les budgets de promotion, car elle s’ajouterait à celle sur les autres media.
En ce qui concerne le premier argument, il repose sur le postulat selon lequel les entrées des blockbusters américains se font au détriment de celles des films américains. Or, la crise sanitaire prouve le contraire. Les films français n’ont pas profité de l’absence de films américains pour augmenter leurs entrées. On peut même dire que, sans ces locomotives, leur fréquentation a souvent été inférieure à ce qui était attendu.
En ce qui concerne le deuxième argument, il pourrait déjà être avancé contre les grands circuits qui ont les moyens de favoriser la diffusion des bandes annonces de leurs films dans leurs salles. Tout comme la programmation des films dans leurs salles en fonction de la publicité qui y est faite. Or, pour leur programmation, il est clair qu’ils ne tiennent pas compte des budgets publicitaires des films dans leurs salles. La publicité n’est d’ailleurs qu’une recette annexe.
Il en est de même, pour les chaînes de télévision pour lesquelles l’audience de leurs émissions est prioritaires et qui se suicideraient si elles subordonnaient le contenu des celles-ci au volume des annonces publicitaires.
Quand aux budgets publicitaires, l’apparition d’un media concurrent devrait plutôt inciter à une diminution des tarifs des autres média et à un ciblage plus précis des campagnes des distributeurs. Les indépendants ne pourront peut-être pas se payer des spots tv, mais les media traditionnels comme la presse, l’affichage et la radio auront intérêt à se montrer plus accommodants.
Le gouvernement français a prévu une période d’observation de 18 mois des effets de cette libéralisation. Mais il est probable que, d’ici là, il y aura eu tellement de bouleversements dans le secteur, que ce sujet sera totalement dépassé.
Fin du « Décret Paramount » aux Etats-Unis
Le deuxième assouplissement a eu lieu aux Etats-Unis. Le ministère de la justice a en effet abrogé le «décret Paramount» qui, depuis 1938, interdisait aux grands studios de posséder des salles. Il apparaît en effet tout à fait dépassé alors qu’il ne s’applique pas aux plates-formes de S-Vod. Ce sont ces dernières qui sont d’ailleurs le plus susceptibles d’acheter des salles pour imposer leur propre chronologie des media. C’est pourquoi le ministère de la justice donne aux studios la possibilité de prendre les devants.
En tout cas, le marché estime que des rachats auront bientôt lieu, car le cours de bourse des grands circuits, comme AMC ou Régal, a immédiatement augmenté. Il faut dire que, à la différence des exploitants français avant la crise sanitaire, les exploitants américains n’étaient déjà pas en bonne santé.
LES MUSIQUES DE FILMS EN % DU BUDGET
FinanCinéC’est encore « Play » qui est en tête
Certaines musiques sont originales, spécialement conçues pour le film. En France, le compositeur de cette musique est alors considéré comme l’un des auteurs du film. D’autres reprennent des musiques préexistantes.
Après avoir présenter les budget de ces musique pour les films sortis en 2020, https://siritz.com/financine/le-top-5-de-musiques-de-film/, voici une analyse de ces budgets en pourcentage du budget total des films.
Pour les films français sortis depuis le début 2020
Voici le Top 5 en % :
On voit que « Play », qui a le plus fort budget consacré à la musique, est aussi celui pour lequel ce budget représente de loin le plus fort pourcentage du budget. C’est que, comme on l’a vu dans l’article consacré au Top 5 des musiques de film, cette musique est constituée par des tubes marquant une époque et dont les droits ont donc dû être achetés. Le choix de ces tube et la production de la musique a été confiée à Raphaël Hamburger.
Les autres films sont des documentaires dont le budget total ne dépasse pas 1 millions €.
« L’il Buck Renaissance » est une coproduction franco-américaine sur Lil’ Buck, jeune prodige de la street dance de Memphis. Baptisée « jookin’ » est rapidement devenu l’un des meilleurs danseurs de la ville avant de décider de prendre des cours de ballet. Là encore le budget de la musique est largement consacré à l’achat des droits.
« Marche avec les loups » est un documentaire sur les loups. La composition de la musique du film a été confiée à Armand Amar, qui est spécialisé dans la musique de films. Sa première bande originale a été celle de « Amen », réalisé par Costa-Gravas en 2002.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Amar
« Les joueuses#paslàpouraller danser » est également un documentaire. Il suit les joueuses de foot-ball de l’OL. « Des hommes » est un documentaire sur la prison des Baumettes.
A noter que la BO de « Ducobu 3 » représente 3,96% du budget total du film. Puis, en fiction, on trouve la musique de « Félicita », qui représente 3% du budget total du film.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
Le TOP 5 de musiques de film
FinanCinéLes budgets les plus élevés des films français sortis en 2020
La musique peut jouer un rôle essentiel dans un film. Sa fonction expressive se situe à plusieurs niveaux : dramatique, lyrique, esthétique ou symbolique dans un rapport plus ou moins distancié avec ce qui se passe sur l’écran, que ce soit pour caractériser ou illustrer musicalement la scène, lui conférer un pouvoir émotionnel sur le spectateur, voire lui faire jouer le rôle d’un personnage ou un événement symbolique par l’usage d’un leitmotiv .
Certaines musiques sont originales, spécialement conçues pour le film. En France, le compositeur de cette musique est alors considéré comme l’un des auteurs du film. D’autres reprennent des musiques préexistantes.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ces chiffres concernent l’ensemble du budget consacré à la musique du film. Dans le cas d’une musique originale, droits payés au compositeur et à son producteur, rémunération du ou des musiciens, enregistrement. Dans le cas de musiques existantes, achat des droits de reproduction, paiement du superviseur musical et de l’enregistrement.
Voici le classement en valeur absolue des cinq plus importants budgets consacrés à la musique des films français sortis depuis le début de l’année 2020.
La musique de « Play » largement la plus cher
« Play », réalisé par Anthony Marciano, a le budget de musique de film le plus élevé puisqu’il est de 750 000 €, pour un budget total du film de 7,9 millions €. Il faut dire que la musique est partie intégrante du scénario puisque le personnage principal raconte les événements marquants de sa vie qui sont datés par des tubes de l’époque. Il s’agit donc de musiques préexistantes dont il a fallu acheter les droits.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Play_(film,_2019)
Le choix de ces musiques et leur insertion dans le film ont été confiés à Raphaël Hamburger. Depuis 2012, c’est l’un des principaux producteurs et superviseurs de musique de film en France.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raphaël_Hamburger
Le second budget de la musique de film est de 355 000 €, pour Ducobu 3, réalisé et interprété par Elie Semoun. Le budget du film est de pratiquement 9 millions €. Là encore, la musique est une partie essentielle du scénario puisque les trois jeunes personnages principaux, qui sont des tricheurs nés, vont devoir tricher à un concours de chant pour sauver leur école.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ducobu_3
La composition de la bande-originale a été confiée à Replicant, de son vrai nom Alexandre Azaria. Depuis 1999 il a composé la musique de très nombreux films.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Replicant_(artiste)
Un des plus célèbres compositeurs mondiaux
Le troisième budget est celui de « Le Prince oublié », réalisé par Michel Hazanavicius. Il est de 300 000 €, alors qu’à 24,9 millions € le budget du film est, de loin, le plus important de ceux des films français sortis en 2020.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Prince_oublié
Or, la composition de cette bande originale a été confiée à l’un des plus célèbres compositeurs de musique de film au monde, le canadien Howard Shore. Il a notamment composé la musique des trois volets de la trilogie du « Seigneur des anneaux », réalisés par Peter Jackson et des trois volets de la trilogie du « Hobbit », également réalisés par Peter Jackson.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Howard_Shore
Le budget de la musique de « Le lion », réalisé par Ludovic Colbeau-Justin, avec Dany Boon, est de 220 000€. Produit par Pathé, le budget du film est de 15,8 millions €.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Lion_(film,_2020)
La composition a été confiée à Erwann Kermorvant. Depuis 2000 celui-ci a composé de très nombreuses bandes origines de film.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Erwann_Kermorvant
Enfin, la bande originale de « Mon cousin » réalisé par Jan Kounen, a été confiée à Anne-Sophie Versnaeyen.
https://www.asversnaeyen.com/about.
Produit par Eskwad le film a un budget de 12 millions €. La bande originale a été budgétée à 210 000 €.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mon_cousin_(film
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
MARC TESSIER SUR LES BOULEVERSEMENTS ACTUELS
Le CarrefourSiritz.com : Aujourd’hui les plates-formes de S-Vod internationales sont en pleine croissance. La crise sanitaire a obligé de nombreuses salles dans le monde à fermer et a entrainé, directement ou indirectement, une baisse de la fréquentation de celles qui sont ouvertes. La S-Vod a saisi l’occasion pour acquérir d’importants films de cinéma qui sortent directement chez elles. De même, Disney, le plus grand studio américain a décidé de sortir l’un de ses principaux blockbusters directement en VAD Premium. Par ailleurs, le principal exploitant du monde vient d’accepter, dans certains cas, de réduire la fenêtre d’exclusivité de ses salles par rapport à la VAD Premium. Comment analysez-vous toutes ces évolutions telluriques ?
MT : Il faut préciser que Disney offre « Mulan » directement en VAD Premium, mais uniquement aux abonnés de Disney+. Donc c’est une formule particulière.
Siritz.com : Mais comment expliquer le revirement à 180° d’AMC par rapport à sa position d’il y a deux mois ?
MT : J’imagine qu’il n’a pas pris cette position de gaité de cœur. Il y est sans doute contraint par les circonstances. Aujourd’hui les exploitants sont confrontés à une double concurrence. Celle de ce nouveau mode de diffusion, la VAD Premium, facile d’accès, à un prix concurrentiel même s’il est sensiblement plus élevé que la VAD locative de base. Et à celles des plates-formes de S-VoD, qui ont une énorme force économique, notamment parce que ce sont des plates-formes mondiales. Et ces forces économiques cherchent à acquérir des films de cinéma importants, destinés aux salles, mais dont les producteurs et les distributeurs sont en mal de financement.
Siritz.com : Et comment analyser l’irruption des plates-formes de S-Vod dans le marché des films de cinéma destinés avant tout aux salles ?
MT : Ces plates-formes cherchent tout simplement à utiliser leur puissance économique pour diffuser ces films de cinéma dans des conditions les plus intéressantes pour leur offre. Elles sont en mesure de le faire en accordant une marge au producteur, sur un marché qui, jusqu’ici, était dominé par les grands studios américains.
Siritz.com : Netflix affirme vouloir diffuser les films en même temps que les salles, ce qui, pour les exploitants, serait la fin des salles de cinéma.
MT : Netflix ne fait pas la guerre aux salles de cinéma. En France on a tendance a tout présenter en terme de conflit. Netflix, dans son catalogue, propose des films anciens ou sortis en salle plusieurs mois plus tôt. Et, pour certains films, il les finance même entièrement, en laissant une marge au producteur et en les diffusant directement chez lui. Le phénomène auquel on assiste est un phénomène mondial et profondément macroéconomique. C’est pourquoi il faut absolument une discussion entre tous les acteurs, les diffuseurs, les exploitants, les distributeurs et les producteurs.
Siritz.com : Mais peut-on continuer à appliquer les mêmes règles quelque soit le type de film ?
MT : Non. On ne peut appliquer les mêmes règles à un blockbuster qu’à un film qui va sortir dans une dizaine de salles, à un film à exploitation longue et à exploitation courte. Il faut laisser les acteurs économiques jouer leur rôle dans un environnement d’émulation entre les différents modes d’exploitation. Il y a de nouveaux acteurs économiques très important qu’il faut insérer dans l’économie du cinéma. Et il faut tenir compte, non seulement de l’intérêt des exploitants, mais aussi de celui des distributeurs et des producteurs.
Siritz.com : Mais, en France, le marché a été particulièrement bien optimisé comme le prouve le dynamisme de notre exploitation et de notre production nationale. Ces modifications peuvent le déstabiliser.
MT : C’est pourquoi il est important de se remettre autour de la table. Les producteurs, les distributeurs et les exploitants. Non pas pour élaborer un cadre contraignant applicable à tous, mais pour donner un peu plus de marge de manœuvre en fonction de la caractéristique du film. En tout cas , il est clair que cette nécessaire évolution ne doit pas se faire contre les salles. D’ailleurs, tous les nouveaux médias, la S-VoD comme la VAD, ont besoin d’un média salle important. Et je ne suis pas hostile à ce que l’on réfléchisse à la part des recettes revenant à chaque partie prenante selon les différents modes d’exploitation choisis. La part des recettes devrait être proportionnée à la part des financements et à la durée de l’exploitation en salle.
Siritz.com : Mais ensuite, chacun négocie librement et choisit entre les multiples formules possibles ?
MT : Oui. Il faut laisser les acteurs négocier. Il y a trop de formules possibles pour les insérer dans des règles du jeu rigides. Mais qu’il y ait de grands principes, comme la sortie prioritaire en salle, la réponse est oui. Que la S-Vod contribue au financement de ces films qui sortent d’abord en salle, la réponse est oui. Mais ce sont des principes, pas des réglementations. Et, si un distributeur voit que son film va avoir une exploitation en salle d’une durée limitée, qu’il puisse négocier une sortie en VAD dans la foulée de la sortie en salle, pour que celle-ci bénéficie de la promotion de la sortie en salle.
Siritz.com : Les évolutions économiques que l’on constate sont mondiales. Est-ce que la France peut conserver une réglementation détaillée qui lui est propre et qui avait fait ses preuves avant le développement de ces nouveaux médias ?
MT : Notre système est probablement trop rigide alors que les modes d’exploitation se diversifient. On doit laisser la place pour des formules diverses, comme cela va avoir de plus en plus lieu à l’étranger. La France ne peut pas être une île à l’écart de cette évolution mondiale. D’autant plus que, même chez nous, c’est le cinéma américain qui est dominant et qui fixera les règles du jeu. Mais il ne faut pas prendre prétexte des effets, que j’espère provisoire, de la crise sanitaire, pour tout bouleverser et remettre en cause le rôle essentiel des salles de cinéma. Il s’agit de s’adapter, pas de tout remettre en cause.
Voir aussi une précédente interview de Marc Tessier sur la télévision publique.
https://siritz.com/le-carrefour/seule-une-television-publique-garantit-que-nous-ayons-une-offre-de-programmes-qui-reflete-notre-culture-et-nos-preoccupations/