Siritz.com : Quelle est votre analyse de l’impact des plates-formes de S-Vod sur l’économie du cinéma, à partir de l’expérience de la Wallonie ? Pour les producteurs, à priori, c’est tout positif puisque c’est de l’argent qui va arriver en plus, plus de clients, et donc une plus grande concurrence pour s’attacher les talents et les prestataires.
-Philippe Reynaert : https://siritz.com/le-carrefour/le-bilan-de-wallimage-par-philippe-reynaert/ Mon expérience est encore fragmentaire. A ce jour Wallimage n’a financé que 2 films destinés à Netflix et labellisés « Netflix Originals » : « La femme la plus assassinée du monde » et « La terre et le sang ». Et, dans les deux cas l’expérience était plutôt positive.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Femme_la_plus_assassinée_du_monde https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Terre_et_le_Sang
Siritz.Com : Ce sont ce que l’on peut appeler des films de genre.
Choquant d’un point de vue artistique
PhR : Effectivement, un segment sur lequel Wallimage s’est spécialisé ces dernières années. Ce qui est assez particulier, c’est la démarche d’un point de vue artistique. Dans les deux cas un producteur associé à Netflix a contacté un producteur belge. Par exemple, pour « La femme la plus assassinée du monde », c’est XYZ qui a contacté la société de production Fontana : « Est-ce que ça vous intéresserait de produire le scénario que voici ? Netflix a avalisé ce scénario et on n’y touche plus. Ils ont aussi choisi le réalisateur, un Français qui vit en Angleterre. Le coût de production est évalué à 4 millions €. Netflix est prêt à l’acheter 2 millions €. Est-ce que vous pouvez trouver les 2 autres millions. » Donc, d’un point de vue artistique c’est un peu choquant puisqu’on ne peut toucher à rien.
Siritz.com : Le producteur est un simple exécutant.
PhR: C’est ça. En plus, le casting est déjà fait aussi. Par contre l’affaire s’est menée très vite. Parce que Fontana est allé chercher 1,5 millions € de Tax Shelter. Et il est venu nous solliciter pour 390.000 €. Donc on a bouclé avec lui le plan de financement le plus court de toute notre histoire. Il tient en trois lignes. Et les dépenses faites en Wallonie s’élevaient à 1,9 millions €. Donc, pour nous c’est une très bonne affaire. C’est du 487 % de retombées.
Siritz.com : Quelle est la nationalité du film ?
PhR: Paradoxalement c’est un film belge car il appartient à 100% au producteur belge.
Siritz.com : Mais le film est diffusé par Netflix et ne sort pas en salle.
PhR: Effectivement. Donc le producteur n’a accès à aucune recette. Naturellement ça m’embêtait d’aller vers mon conseil d’administration et de lui dire que, sur ce film, on n’avait pas accès aux recettes. J’ai donc dit à Jean-Jacques Neira, le patron de Fontana, de tenter le coup en disant à Netflix qu’on n’était pas contents. « Tu leur dis que c’est nous les méchants. Toi tu trouves que c’est une bonne affaire, mais pas nous. »
A notre grande surprise ils ont cédé
Siritz.com : Mais ils savaient que vous n’alliez pas renoncer à ce qui était tout de même une bonne affaire.
PhR: Et bien, à notre grande surprise, ils ont cédé. Ils ont décidé que le film sortirait en salle en Angleterre et que, nous, on aurait accès à ces recettes. Pourquoi l’Angleterre ? Je n’en sais rien. Et, en plus, ils autorisaient une revente à Arte qui était intéressé, 3 ans après la sortie sur Netflix en 2018. Et là encore, les recettes de cette vente iraient au producteur belge et à nous. Donc, l’espoir de recettes sur ce film n’était pas inférieur à ce que l’on peut attendre d’autres films.
Siritz.com : Et « La terre et le sang » ?
PhR: Quelques mois plus tard on a eu le même schéma. Cette fois-ci le producteur belge était Umédia. Et là, Netflix a accepté quelques chose qui était, à notre avis encore plus intéressant : 2 ans après la sortie sur Netflix, ils ont autorisé une vente aux télévisions francophones. Donc une française, une canadienne, une suisse et une belge. Et, sur ces ventes nous nous partageons l’ensemble des recettes puisqu’elles nous sont réservées et que Netflix ne touche rien.
On a découvert des points négatifs
Siritz.com : Donc tout est positif.
PhR: Oui. Mais on a découvert des points négatifs. Par exemple que Netflix ne paye le producteur qu’en 4 ans. C’est donc assez dangereux pour le producteur qui doit financer son film tout de suite. Dans le cas d’Umédia on n’a pas eu besoin d’intervenir, mais dans le cas de Fontana, Wallimage Entreprise a fait l’avance de 3 années, avec un intérêt.
Siritz.com : Heureusement les taux d’intérêt sont bas.
Licence agreement et service provider agreement
PhR: Oui. Mais il faut bien comprendre que cela ne représente que l’un des types de négociation avec Netflix. Eux ils appellent ça un « licence agreement ». Ils ont un autre type d’accord qui s’appelle « service provider agreement ». Et là, c’est très différent pour Wallimage. On a le cas avec le prochain film de Dany Boon, qui va s’appeler « 8 rue de l’humanité ». C’est Patrick Quinet, d’Artémis qui va le coproduire en Belgique. Là, Netflix est complètement aux commandes. Et là, ils financent lourdement, mais ne veulent aucun partenaire qui demanderait accès aux recettes.
Siritz.com : Vous avez financé tous les Dany Boon.
PhR: Depuis « Rien à déclarer », oui, sauf la « Ch’tite Family ». J’ai donc demandé à Patrick pourquoi il ne venait pas nous voir. Il m’a répondu qu’il n’en avait pas besoin. C’est très bien financé par Netflix (qui porte 2/3 du plan de financement) et il ne fait appel qu’au Tax Shelter, car ce mécanisme ne demande aucun accès aux recettes. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais c’est de l’ordre de 10 millions € en provenance de Netflix et 6 millions € de Tax Shelter. Je me désolais donc. Mais Patrick m’a dit : « Je ne te comprends pas. On va sans doute dépenser 5 ou 6 millions € en Wallonie, tu ne prends aucun risque et tu as tout de même les retombées. » Mais j’ai répondu que c’était un coup. Comment intéresser Netflix à tourner en Wallonie ? Patrick m’a répondu : « il faut être attractif au niveau des paysages, des talents et surtout des équipements ». A méditer. Car c’est un grand changement de paradigme pour nous. Dans les années qui viennent, l’attractivité d’une région ne reposera plus seulement sur l’argent qu’elle peut investir…
Siritz.com : Le film de Dany Boon va sortir en salle ?
Plus d’argent à investir que de capacité mondiale à produire
PhR: Normalement pas. Uniquement sur Netflix. En plus, il faut bien voir que Netflix est la première plate-forme. Mais les autres arrivent et elles vont se tirer dans les pattes pour accéder aux programmes. Selon Linda Beath, une analyste australienne qui connaît bien ce secteur ils ne vont pas se manger les uns les autres avant 4 ou 5 ans, bien que Netflix soit très endetté. Apple TV a encore très peu de programmes, mais ils ont des moyens financiers colossaux. Ils ont de quoi racheter en capitalisation 4 ou 5 Netflix. Pour l’instant les gens de Netflix ne sont pas vendeurs. Ils essayent de faire monter les prix. Cette analyste avait additionné ce qu’elle estimait être la capacité de financement des différentes plates-formes. Et elle arrivait à la conclusion qu’à partir de 2022 il y aurait plus d’argent à investir que de capacité mondiale à produire. Et elle concluait en interpellant les fonds régionaux : « Avec toutes vos conditions de territorialisation quelle va être encore votre attractivité ? »
Siritz.com : Le système français est assez sophistiqué. Les plates-formes seront obligées d’investir un certain pourcentage de leur chiffre d’affaires en respectant certaines conditions, les règles du jeu françaises.
PhR: On y arrivera aussi en Belgique puisque cela repose sur une directive européenne. Mais on risque d’arriver à un système à deux vitesses. Les films d’auteurs selon notre système traditionnel et les blockbusters de la manière que je décris.
Siritz.com : En France ce risque existe déjà avec les chaînes. On a cherché à l’éviter en obligeant certaines chaînes à répartir leurs investissements entre des films à budget élevé, moyen et bas.
Oblige à un changement copernicien des politiques publiques
PhR: Cela va être l’objet majeur. Là-dessus s’ajoute la crise de la Covid. Cela va nous obliger à un changement copernicien des politiques publiques. C’est pourquoi le changement de direction à Wallimage arrive à un bon moment. Moi j’ai travaillé sur des schémas qui ne fonctionneront plus dans 3 ou 4 ans. Et la personne qui a été choisie pour me remplacer, Virginie Nouvelle, est avant tout une financière. Moi je suis un littéraire qui a dû apprendre à compter. Elle c’est une financière qui est tombée amoureuse du cinéma. Elle a donc toutes les qualités pour trouver les nouvelles façons de fonctionner..
LA REMUNERATION DE MARCO BELLOCCHIO
CinéscoopPour la réalisation de « Le Traitre »
Mardi soir Canal+ a diffusé le thriller policier « Le traitre », une coproduction entre l’Italie (62%), le Brésil (15%), la France (12%) et l’Allemagne (10%). Il est sorti le 23 mai 2019, distribué par AD Vitam qui en est aussi le coproducteur français.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Traître_(film,_2019
C’est le 26ème film réalisé par l’italien Marco Bellocchio qui est considéré comme l’un des grands réalisateurs européens et qui a été sélectionné dans de nombreux festivals.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marco_Bellocchio
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le budget du film était de 7,6 millions €. Et, en France, il a rassemblé 356 000 entrées.Pour la préparation, 57 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 274 000 €, ce qui est presque le double de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français. . https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Il a en outre partagé 100 000 € avec Valia Santola et Ludovica Rampoldi pour l’écriture du scénario et reçu 50 000 € de rémunération complémentaires.
Le précédent film qu’il a dirigé dans le cadre d’une coproduction italo-française, dans laquelle la France était présente à hauteur de 10%, était un drame, « La belle endormie ». Le film était sorti en France en 2013. Distribué par Bellissima Films il n’avait rassemblé que 32 000 spectateurs.
Pour la préparation 56 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur avait été de 800 000 €, répartis en par égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il avait en outre reçu 50 000 € pour les dialogues et 100 000 € pour le scénario qu’il avait écrit avec deux autres scénaristes.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE DAVID ROUX
FinanCinéPOUR LA REALISATION DE « L’ORDRE DES MEDECINS »
Lundi 30 novembre OCS Max a diffusé «L’ordre des médecins», un film dramatique réalisé par David Roux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ordre_des_médecins
C’est le premier long métrage du réalisateur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Roux
Il était sorti en salle le 23 janvier 2019. C’est d’abord Canal+ qui l’avait diffusé sur le petit écran, puis OCS, les deux chaînes l’ayant préacheté.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film a été coproduit par Elianeantoinette (Candice Zaccagnino) et Reboot Films (Olivier Aknin) pour un budget de 2,8 millions €. Il était distribué par Pyramide films (Eric Lagesse) qui a accordé un minimum garanti de 75 000 € pour les droits salle et l’a sorti sur 120 copies. Il a rassemblé 90 000 spectateurs.
Pour la préparation, 25 jours de tournage et la post-production le réalisateur a reçu une rémunération de 60 000 €, répartie en part égal entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été coécrit par Julie Peyr qui a reçu un à valoir de 9 000 €.
Ls producteurs ont mis leurs salaires et leurs frais généraux en participation. Ce qui est singulier c’est que leur salaire dans le budget est de 68 000 € et qu’ils ont mis 108 000 € en participation… Il ont également mis leur crédit d’impôt dans le financement. leur apport en fonds propre est de plus de 20% du budget.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LE DEBAT SUR L’AVENIR DE LA SALLE DE CINEMA
ÉditorialELLES SONT FACE A UN PROBLEME NOUVEAU POUR ELLES
Ce sera donc le 16 décembre que l’ensemble des salles de cinéma françaises vont ré-ouvrir. Et les conditions sanitaires imposées lors du premier dé-confinement ne seront pas renforcées. Au contraire, pendant la période de couvre feu, il y aura un léger assouplissement pour le démarrage de la dernière séance avec le billet horodaté. Mais ce sera un assouplissement, pas une occasion de séance supplémentaire. Juste une plus grande souplesse dans la fixation de l’horaire de démarrage de la dernière séance.
Et, cerise sur le gâteau, dès l’ouverture des salles il y aura à l’affiche, le blockbuster américain « Wonder Woman 84.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wonder_Woman_1984
Cela veut dire que les films annonce des films qui vont démarrer le 23 décembre, et il y en a plusieurs très prometteurs, vont être vus par un large public. Par ailleurs, après « Tenet », c’est une nouvelle fois Warner qui prend le risque de sortir en salle partout où c’est possible, alors que la moitié des salles américaines sont fermées. Il est vrai qu’aux Etats-Unis, Warner a décidé de sortir le film le 25 décembre à la fois dans les salles ouvertes et sur sa plate-forme de S-VoD HBO Max. De nombreux professionnels américains estiment que le studio a ainsi franchi le rubicond alors que d’autres pensent qu’il a n’a fait que s’adapter momentanément à une situation momentanément exceptionnelle, puisque 50% des salles de cinéma américaines sont fermées.
Cette situation ouvre donc à nouveau le débat sur l’avenir des salles de cinéma face aux plateformes de S-VoD.
Certains pensent qu’une grande partie du public a pris l’habitude de regarder des films chez eux, d’autres qu’ils vont absolument saisir la moindre occasion de sortir. On retrouve le vieux débat sur l’avenir de la salle de cinéma face à tous les nouveaux médias. L’avènement de la télévision, de la cassette ou du CD avaient fait naitre les mêmes craintes et, à chaque fois, la salle de cinéma s’est adaptée et a su parfaitement résister.
Voir la finale de la Coupe du monde de foot-ball à la télévision ou dans le stade
Car, fondamentalement, voir un film dans une salle de cinéma n’a rien à voir avec le voir sur un écran chez soi, même un grand écran de télévision. Pour prendre un exemple, il est clair que l’on voit mieux la finale de la Coupe du monde de foot-ball sur son téléviseur que dans le stade. Ne serait-ce que parce que la télévision propose des gros plans ou des replays. Mais une grande partie des spectateurs préféreraient y assister dans le stade.
La plupart des gros blockbusters américains sortiront au plus tôt l’été prochain. Et il y en aura moitié moins que les années précédentes. En revanche, il y a énormément de films français en attente et ils bénéficieront d’une large exposition. Jusqu’à la fin des restrictions sanitaires et le retour massif des films américains les exploitants ne retrouveront pas leurs entrées passées. Mais les distributeurs français bénéficieront d’expositions favorables. Même si les professionnels savent que le succès d’un film donne au public l’envie de retourner au cinéma.
Les plateformes ont les moyens d’accaparer tous les talents
Avec tout de même la question de savoir combien de temps encore et avec quelles sources de financement le CNC pourra accorder un soutien automatique renforcé alors que, économiquement, le soutien automatique habituel est en grande partie financé par les recettes des films américains.
A long terme néanmoins les plateformes de S-VoD soulèvent un problème auquel le cinéma n’a jamais été confronté et que souligne très clairement Philippe Reynaert dans son Carrefour de la semaine dernière. https://siritz.com/le-carrefour/les-facettes-de-netflix-selon-reynaert/
En effet, les plateformes ont des moyens considérables, sans commune mesure avec ceux du cinéma, même des grandes majors américaines. Elles vont se battre pour acquérir les productions des talents et des stars. Ainsi, le prochain Dany Boon sera un téléfilm dont Netflix aura l’exclusivité mondiale. Et, ces plateformes vont se livrer une guerre féroce pour accaparer ces talents puisqu’en 2022 leurs besoins pourraient dépasser la capacité mondiale de production. Ce qui veut dire qu’il ne resterait aucune capacité et aucun talent pour le cinéma mais aussi la télévision. Evidemment, ce n’est qu’une prévision fondée sur le cumul de leurs investissements prévisionnels. Comme l’équation est impossible, il est probable qu’ils reverront leurs investissements et adapteront leur stratégie.
Ce qui est probable
Mais ce n’est pas parce que les plateformes acquièrent des films de cinéma en étant capable de payer des prix très interessants pour leurs producteurs qu’elles vont faire de même pour tous les films. Ce qui est probable, c’est qu’elles vont continuer à privilégier les séries tout en se diversifiant dans tous les autres types de programmes, comme les fictions et les documentaires unitaires mais aussi le flux et le sport. Et aussi, sans doute, que le monde va devoir augmenter sensiblement ses capacités de production et ses talents. Mais qui peut s’en plaindre ?
Par ailleurs, du point de vue des majors, les blockbusters à 200 millions $ de budgets visent de 1 à 3 milliards $ de chiffre d’affaires salle dans le monde. Ce sont donc des affaires risquées, mais potentiellement très rentables. C’est pourquoi les majors les privilégient et continuent à les produire. Or les plateformes n’ont aucun intérêt à investir 200 millions $ pour 2 heures de programme alors qu’elles peuvent avoir 12 heures d’une série exceptionnelle qui va fidéliser leurs abonnés en investissant de 40 à 50 millions €. Disney a certes fait diffusé « Mulan » par sa plate-forme Disney + plutôt que de le sortir en salle. Mais il ne l’a pas inclus dans les programmes de Disney +. Il a offert à ses 70 millions d’abonnés de l’acheter en vos pour 30 €. Donc, si 10% de ses abonnés répondaient favorablement à cette offre le film qui a coûté de l’ordre de 200 millions $ serait amorti. Et ce serait une promotion pour la plateforme puisque, pour pouvoir acheter ce film il faut être abonné à Disney+ Mais, pour le groupe, ça ne génère aucunement les profits qu’une sortie salle mondiale aurait générée.
Pour ceux qui parlent anglais lire ce très intéressant article du New-York Times sur ces questions vues de Hollywood.
LA REMUNERATION DE YOANN GUILLOUZOUIC
CinéscoopPOUR LA REALISATION DE « PLACE DES VICTOIRES »
Lundi 23 Canal+ a diffusé en deuxième partie de soirée la comédie dramatique « Place des victoires ». C’est le premier long métrage du réalisateur Yoann Guillouzouic.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_victoires_(film)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par White Panama films (Ryme Wehbi) le film a un budget de 3,5 millions €. C’est également le premier long métrage de la société Son distributeur est La Belle Company (Marc-Antoine Pineau).
Pour la préparation, 34 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 68 000 €, répartis entre 17 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 51 000 € de salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais Yoann Guillouzouic a reçu également 6 000 € pour le scénario et 17 000 € de rémunérations complémentaires.
Un financement de film moyen difficile
Sorti sur 217 copies le film n’a rassemblé que 67 000 spectateurs. La Belle Company qui avait accordé un minimum garanti de 50 000 € pour les seules droit salle n’a sans doute pas amorti son investissement.
Ce film est typique de la difficulté de monter le financement des films à budget moyen sans réalisateur établi et sans casting. En effet, le producteur n’a pas inclus son salaire dans le budget et il a mis ses frais généraux, mais aussi les imprévus, en participation. Il a inclus le crédit d’impôt dans le financement et a investi du numéraire. Il y a par ailleurs plusieurs coproducteurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE MANELE LABIDI
CinéscoopPOUR LA REALISATION DU TRÈS RENTABLE « UN DIVAN A TUNIS »
Mardi soir Canal+ a diffusé, en deuxième partie de soirée, la comédie dramatique « Un divan à Tunis » qui était sorti en salle le 12 février dernier.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_divan_à_Tunis
C’est le premier long métrage de la franco-tunisienne Manele Labidi qui avait fait des études de science politique avant de travailler dans la finance. Elle est une diplômée de la Femis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Manele_Labidi
Selon Siritz.com le film, qui a rassemblé 330 000 spectateurs, était le second plus rentable du point de vue de la distribution des films français sortis avant le confinement. Les recettes salle du distributeur avaient en effet couvert deux fois le minimum garanti de 155 000 €, pour les seuls droits salle, accordé par le distributeur au producteur. Et ce, alors que 4 semaines après sa sortie, la carrière du film avait été stoppée par le confinement. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/distribution-cinema-les-succes-de-2020/
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par Kazak Productions (Jean-Christophe Reymond) pour 2 millions €, il était distribué par Diaphana (Michel Saint-Jean).
La rémunération de la réalisatrice pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production est de 52 500 €, dont 25 000 € en à valoir sur droits d’auteur et 27 500 € en salaire de technicien. C’est la moitié de la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais elle avait également écrit le scénario et, à ce titre, avait reçu 33 000 € d’à-valoir.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
REMUNERATION DE DELAPORTE ET DE LA PATELLIERE
CinéscoopPour « Le meilleur reste à venir »
Le mardi 24 novembre Canal a diffusé « Le meilleur reste à venir». Cette comédie dramatique était sortie en salle en décembre dernier.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_meilleur_reste_à_venir
Elle a été réalisée par Matthieu Delaporte, Alexandre de La Patellière. Ils avaient déjà collaboré sur « Le Prénom », sorti en salle en 2012.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Matthieu_Delaporte
C’est le 4ème long métrage réalisé par Matthieu Delaporte et le second d’Alexandre de la Patellière.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film est produit par Chapter 2 (Dimitri Rassam)et distribué par Pathé. Son budget est de 13,3 millions €.Pour la préparation, 49 jours de tournage et la post-production rémunération des deux réalisateurs est de 500 000 €, répartis en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle est beaucoup plus élevée que la moyenne des rémunérations des réalisateurs de films français. . https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais les deux réalisateurs étaient également coscénariste du film et, à ce titre, ont reçu un à valoir de 700 000 €.
Le film a rassemblé 961 000 spectateurs.
« Le Prénom » avait le même producteur et le même distributeur. Son budget était de 11 millions €. Pour la préparation, 10 semaines de tournage et la post-production les deux réalisateurs avaient reçu chacun une rémunération de 314 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
Le film avait rassemblé 3,350 millions d’entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LES FACETTES DE NETFLIX SELON REYNAERT
Le CarrefourSiritz.com : Quelle est votre analyse de l’impact des plates-formes de S-Vod sur l’économie du cinéma, à partir de l’expérience de la Wallonie ? Pour les producteurs, à priori, c’est tout positif puisque c’est de l’argent qui va arriver en plus, plus de clients, et donc une plus grande concurrence pour s’attacher les talents et les prestataires.
-Philippe Reynaert : https://siritz.com/le-carrefour/le-bilan-de-wallimage-par-philippe-reynaert/ Mon expérience est encore fragmentaire. A ce jour Wallimage n’a financé que 2 films destinés à Netflix et labellisés « Netflix Originals » : « La femme la plus assassinée du monde » et « La terre et le sang ». Et, dans les deux cas l’expérience était plutôt positive.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Femme_la_plus_assassinée_du_monde https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Terre_et_le_Sang
Siritz.Com : Ce sont ce que l’on peut appeler des films de genre.
Choquant d’un point de vue artistique
PhR : Effectivement, un segment sur lequel Wallimage s’est spécialisé ces dernières années. Ce qui est assez particulier, c’est la démarche d’un point de vue artistique. Dans les deux cas un producteur associé à Netflix a contacté un producteur belge. Par exemple, pour « La femme la plus assassinée du monde », c’est XYZ qui a contacté la société de production Fontana : « Est-ce que ça vous intéresserait de produire le scénario que voici ? Netflix a avalisé ce scénario et on n’y touche plus. Ils ont aussi choisi le réalisateur, un Français qui vit en Angleterre. Le coût de production est évalué à 4 millions €. Netflix est prêt à l’acheter 2 millions €. Est-ce que vous pouvez trouver les 2 autres millions. » Donc, d’un point de vue artistique c’est un peu choquant puisqu’on ne peut toucher à rien.
Siritz.com : Le producteur est un simple exécutant.
PhR: C’est ça. En plus, le casting est déjà fait aussi. Par contre l’affaire s’est menée très vite. Parce que Fontana est allé chercher 1,5 millions € de Tax Shelter. Et il est venu nous solliciter pour 390.000 €. Donc on a bouclé avec lui le plan de financement le plus court de toute notre histoire. Il tient en trois lignes. Et les dépenses faites en Wallonie s’élevaient à 1,9 millions €. Donc, pour nous c’est une très bonne affaire. C’est du 487 % de retombées.
Siritz.com : Quelle est la nationalité du film ?
PhR: Paradoxalement c’est un film belge car il appartient à 100% au producteur belge.
Siritz.com : Mais le film est diffusé par Netflix et ne sort pas en salle.
PhR: Effectivement. Donc le producteur n’a accès à aucune recette. Naturellement ça m’embêtait d’aller vers mon conseil d’administration et de lui dire que, sur ce film, on n’avait pas accès aux recettes. J’ai donc dit à Jean-Jacques Neira, le patron de Fontana, de tenter le coup en disant à Netflix qu’on n’était pas contents. « Tu leur dis que c’est nous les méchants. Toi tu trouves que c’est une bonne affaire, mais pas nous. »
A notre grande surprise ils ont cédé
Siritz.com : Mais ils savaient que vous n’alliez pas renoncer à ce qui était tout de même une bonne affaire.
PhR: Et bien, à notre grande surprise, ils ont cédé. Ils ont décidé que le film sortirait en salle en Angleterre et que, nous, on aurait accès à ces recettes. Pourquoi l’Angleterre ? Je n’en sais rien. Et, en plus, ils autorisaient une revente à Arte qui était intéressé, 3 ans après la sortie sur Netflix en 2018. Et là encore, les recettes de cette vente iraient au producteur belge et à nous. Donc, l’espoir de recettes sur ce film n’était pas inférieur à ce que l’on peut attendre d’autres films.
Siritz.com : Et « La terre et le sang » ?
PhR: Quelques mois plus tard on a eu le même schéma. Cette fois-ci le producteur belge était Umédia. Et là, Netflix a accepté quelques chose qui était, à notre avis encore plus intéressant : 2 ans après la sortie sur Netflix, ils ont autorisé une vente aux télévisions francophones. Donc une française, une canadienne, une suisse et une belge. Et, sur ces ventes nous nous partageons l’ensemble des recettes puisqu’elles nous sont réservées et que Netflix ne touche rien.
On a découvert des points négatifs
Siritz.com : Donc tout est positif.
PhR: Oui. Mais on a découvert des points négatifs. Par exemple que Netflix ne paye le producteur qu’en 4 ans. C’est donc assez dangereux pour le producteur qui doit financer son film tout de suite. Dans le cas d’Umédia on n’a pas eu besoin d’intervenir, mais dans le cas de Fontana, Wallimage Entreprise a fait l’avance de 3 années, avec un intérêt.
Siritz.com : Heureusement les taux d’intérêt sont bas.
Licence agreement et service provider agreement
PhR: Oui. Mais il faut bien comprendre que cela ne représente que l’un des types de négociation avec Netflix. Eux ils appellent ça un « licence agreement ». Ils ont un autre type d’accord qui s’appelle « service provider agreement ». Et là, c’est très différent pour Wallimage. On a le cas avec le prochain film de Dany Boon, qui va s’appeler « 8 rue de l’humanité ». C’est Patrick Quinet, d’Artémis qui va le coproduire en Belgique. Là, Netflix est complètement aux commandes. Et là, ils financent lourdement, mais ne veulent aucun partenaire qui demanderait accès aux recettes.
Siritz.com : Vous avez financé tous les Dany Boon.
PhR: Depuis « Rien à déclarer », oui, sauf la « Ch’tite Family ». J’ai donc demandé à Patrick pourquoi il ne venait pas nous voir. Il m’a répondu qu’il n’en avait pas besoin. C’est très bien financé par Netflix (qui porte 2/3 du plan de financement) et il ne fait appel qu’au Tax Shelter, car ce mécanisme ne demande aucun accès aux recettes. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais c’est de l’ordre de 10 millions € en provenance de Netflix et 6 millions € de Tax Shelter. Je me désolais donc. Mais Patrick m’a dit : « Je ne te comprends pas. On va sans doute dépenser 5 ou 6 millions € en Wallonie, tu ne prends aucun risque et tu as tout de même les retombées. » Mais j’ai répondu que c’était un coup. Comment intéresser Netflix à tourner en Wallonie ? Patrick m’a répondu : « il faut être attractif au niveau des paysages, des talents et surtout des équipements ». A méditer. Car c’est un grand changement de paradigme pour nous. Dans les années qui viennent, l’attractivité d’une région ne reposera plus seulement sur l’argent qu’elle peut investir…
Siritz.com : Le film de Dany Boon va sortir en salle ?
Plus d’argent à investir que de capacité mondiale à produire
PhR: Normalement pas. Uniquement sur Netflix. En plus, il faut bien voir que Netflix est la première plate-forme. Mais les autres arrivent et elles vont se tirer dans les pattes pour accéder aux programmes. Selon Linda Beath, une analyste australienne qui connaît bien ce secteur ils ne vont pas se manger les uns les autres avant 4 ou 5 ans, bien que Netflix soit très endetté. Apple TV a encore très peu de programmes, mais ils ont des moyens financiers colossaux. Ils ont de quoi racheter en capitalisation 4 ou 5 Netflix. Pour l’instant les gens de Netflix ne sont pas vendeurs. Ils essayent de faire monter les prix. Cette analyste avait additionné ce qu’elle estimait être la capacité de financement des différentes plates-formes. Et elle arrivait à la conclusion qu’à partir de 2022 il y aurait plus d’argent à investir que de capacité mondiale à produire. Et elle concluait en interpellant les fonds régionaux : « Avec toutes vos conditions de territorialisation quelle va être encore votre attractivité ? »
Siritz.com : Le système français est assez sophistiqué. Les plates-formes seront obligées d’investir un certain pourcentage de leur chiffre d’affaires en respectant certaines conditions, les règles du jeu françaises.
PhR: On y arrivera aussi en Belgique puisque cela repose sur une directive européenne. Mais on risque d’arriver à un système à deux vitesses. Les films d’auteurs selon notre système traditionnel et les blockbusters de la manière que je décris.
Siritz.com : En France ce risque existe déjà avec les chaînes. On a cherché à l’éviter en obligeant certaines chaînes à répartir leurs investissements entre des films à budget élevé, moyen et bas.
Oblige à un changement copernicien des politiques publiques
PhR: Cela va être l’objet majeur. Là-dessus s’ajoute la crise de la Covid. Cela va nous obliger à un changement copernicien des politiques publiques. C’est pourquoi le changement de direction à Wallimage arrive à un bon moment. Moi j’ai travaillé sur des schémas qui ne fonctionneront plus dans 3 ou 4 ans. Et la personne qui a été choisie pour me remplacer, Virginie Nouvelle, est avant tout une financière. Moi je suis un littéraire qui a dû apprendre à compter. Elle c’est une financière qui est tombée amoureuse du cinéma. Elle a donc toutes les qualités pour trouver les nouvelles façons de fonctionner..
LE SIMPLE BON SENS CONCERNANT LE CINÉMA
ÉditorialIL N’Y A RIEN DE PIRE QUE LE STOP AND GO
Les salles de cinéma pourraient ré-ouvrir le 9 ou le 16 décembre, donc après 7 ou 8 semaines de fermeture. En tout cas pour les fêtes de Noël. Et il y a une autre bonne nouvelle : Warner a décidé de sortir le 30 décembre « Wonder Woman 1984 ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wonder_Woman_1984
Le premier « Wonder Woman » avait dépassé les 2 millions d’entrées. Celui-ci est un nouveau blockbuster avec un budget de 200 millions €. Warner avait déjà été la seule major à sortir un blockbuster lors du 1er dé-confinement. « Tenet « avait rassemblé 2,35 millions d’entrées. Aux Etats-Unis le film sortira le 25 décembre. Mais, en même temps dans les salles de cinéma et, sans supplément, sur la plate-forme de S-Vod HBO Max, appartenant à Warner.
Après Universal, Warner est donc la seconde major américaine à choisir une sortie « day and date » pour l’un de ses blockbusters. https://siritz.com/cinescoop/chronologie-des-medias-comcast-recadre-universal/
Mais, il est vrai qu’au Etats-Unis la très grande majorité des salles sont fermées et que ce phénomène est en train de s’amplifier. Disney avait renoncé à sortir « Mulan » en salle, y compris là où, comme en France, toutes les salles étaient ouvertes. Il avait choisi de le proposer aux abonnés de son service de S-Vod Disney+, mais moyennant un supplément de 30 $.
Bien entendu, la crise sanitaire crée, dans le monde, des situations exceptionnelles qui expliquent que certaines majors cherchent à s’y adapter. Mais il n’en reste pas moins que le verrou de la priorité accordé aux salles a sauté. Qu’en sera-t-il quand, grâce au vaccin, la pandémie aura été vaincue ? Néanmoins, en période normale, pour certains blockbusters les salles peuvent rapporter un ou deux milliards de dollars. Jamais l’achat d’une plateforme ou le chiffre d’affaires abonnement généré par une plateforme n’approchera ces sommes. Mais il est probable que certaines majors vont tenter de jouer sur les deux tableaux.
En attendant, même si elles sont autorisées à ouvrir, est-ce que les restrictions sanitaires imposées aux salles ne seront pas renforcées ? Le simple bon sens amènerait à exclure tout renforcement des restrictions En effet, lors du premier dé-confinement il ne semble pas que les salles aient été le moins du monde source de contamination. Certainement moins que les grandes surfaces ou les magasins d’alimentation. En tout cas, le stop and go que le secteur a vécu ne va pas inciter les distributeurs à sortir leurs films immédiatement. C’est pourquoi la sortie tant attendue de « Ducobu 4 » est reportée à février, car on ne sait jamais. En fait il n’y a rien de pire que le stop and go. En l’absence de la quasi-totalité des films américains et, au début du moins, du fait du nombre limité de nouveaux films français, les exploitants vont avoir du mal à alimenter tous leurs écrans.
LA REMUNERATION D’OLIVIER ASSAYAS
CinéscoopPOUR LA REALISATION DE « CUBAN NETWORK »
Mercredi OCS a diffusé, pour la première fois à la télévision, « Cuban Network » qui était sorti en salle en janvier.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce thriller franco-espagnol a été réalisé par Olivier Assayas, dont c’est 18ème long métrage.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Assayas
C’est une coproduction d’initiative Française (61%) avec l’Espagne, le Brésil et la Belgique. Le producteur français est CG Cinéma International (Charles Gillibert). Son budget est de 10 millions € et son distributeur Orange Studio qui en a confié la distribution physique à Memento Films. C’est une adaptation d’un livre de Fernando Morais dont les droits ont été achetés 176 000 €.
Pour la préparation, 49 jours de tournage et la post-production, la rémunération d’Olivier Assayas est 315 000 €, répartis en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de techniciens. C’est beaucoup plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
En outre, Olivier Assayas a reçu un à valoir de 225 000 € en tant que scénariste.
En France le film a atteint 185 000 spectateurs.
Le précédent film réalisé par Olivier Assayas était « Doubles vies », sorti en janvier 2019. Le producteur était le même, mais le distributeur AD Vitam. Le budget du film était 4,6 millions €. Sa rémunération était 139 000 €, dont 78 750 d’à valoir sur droits d’auteur et 60 750 € de salaire de techniciens. Le film avait rassemblé 162 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE VALERIE DONZELLI
CinéscoopPOUR LA REALISATION DE NOTRE DAME
Mardi Canal+ a diffusé pour la première fois « Notre Dame », sorti en salle en décembre dernier. Cette comédie franco-belge est produite par Rectangle Productions Edward Weil) et coproduit par Scope Pictures (Geneviève Lemal). Il est distribué par AD vitam est a rassemblé 230 000 spectateurs.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre_Dame_(film)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Son budget était de 3,6 millions €. C’est le 5ème long métrage réalisé par Valérie Donzelli qui en est co-scénariste avec Benjamin Charbit et en est la principale interprète. Elle a une longue carrière de comédienne, de scénariste et elle a réalisé de nombreux courts-métrages ainsi que des téléfilms.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre_Dame_(film)
Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production, rémunération est 83 000 €, répartis entre 38 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 45 000 € de salaire de technicien. C’est moins de la moitié de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais Valérie Donzelli a reçue une rémunération complémentaire de 117 000 € inscrite à la ligne sujet.
Sa précédente réalisation était celle de la coproduction franco-belge, « Marguerite et Julien », sorti en décembre 2015. Le film avait un budget de 6,8 millions €. Il était déjà produit par Rectangle productions et Scope Pictures, mais distribué par Wild Bunch.
Pour la préparation 50 jours de tournage et la post-production, la rémunération de Valérie Donzelli était de 200 000 €, répartis en part égal entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il s’agissait de l’adaptation d’un livre de Jean Gruault dont les droits avaient été acquis 55 000 €. Valérie Donzelli avait partagé avec Jérémie Elkaïm 135 000 € d’à valoir sur le scénario.
Le film n’avait rassemblé que 29 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.