Siritz.com : On arrive au 20ème anniversaire de la création de Wallimage et vous allez en quitter la direction. C’est le moment de faire le bilan de cette institution. Et, pour bien l’analyser, qu’est ce qui a amené les dirigeants de la région wallonne à la créer en 2000 ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Wallimage

Philippe Reynaert : Cela a été d’abord une longue maturation suivie d’un coup d’accélérateur. Cela a démarré, à la fin des années 80, avec « Le maitre de musique », de Gérard Corbiau. A l’origine c’était un téléfilm destiné à la RTBF. Mais il est sorti en salle  et a trouvé le chemin de grand public, au niveau mondial. Puis, dans les années 90, on a  eu chez nous une incroyable effervescence du secteur cinéma.  Presque chaque année on a eu des prix dans des festivals, comme « Toto le héros » de Jaco Van Dormael, caméra d’or à Cannes. Et toute la bande de Benoit Poelvoorde. Tous ces gens étaient basés en Wallonie. Un mouvement  s’est structuré autour du « Manifeste pour la culture Wallonne » qui comprenait aussi des gens de théâtre et qui demandait que la Wallonie apporte son soutien aux activités culturelles implantées dans  sa région.

Siritz.com : Mais quel a été le déclencheur.

PHR : C’est vraiment la Palme d’or que les frères Dardenne ont décroché au Festival de Cannes en mai 1999. Cela a eu un très fort impact sur tous les responsables politiques. Figurez-vous qu’il y a même eu une loi sur l’emploi des jeunes qui s’est appelé le « Plan Rosetta » ! Le ministre de l’économie wallonne de l’époque, Serge Kubla a alors décidé de créer Wallimage en janvier 2000. Sous forme de société anonyme de droit public, détenue par la région. Donc ça n’a pas trainé.

Siritz.com : Et  Wallimage a tout de suite commencé à fonctionner ?

PHR : Non. Il fallait encore faire des choix, comme, par exemple, le lieu du siège. Finalement c’est Mons qui a été choisi. Moi j’ai été engagé en novembre 2000. Le premier appel à projet a été lancé en février 2001.

Siritz.com : Les soutiens de Wallimage au cinéma devaient être sous forme de subvention ou en coproduction avec une part des recettes ?

PHR : C’est une SA. Donc elle a toujours agi en tant qu’investisseur avec un accès aux recettes. J’ai réussi à faire admettre par le fisc un tableau d’amortissement sur 7 ans. On fait les comptes film par film, année par année en comparant nos recettes à ce tableau. Et, dans la très grande majorité des cas la région nous fait chaque année un abandon de créance équivalent aux pertes actées.

Siritz.com : Depuis la création, combien la région a apporté ?

PHR : En 20 ans 85 millions €. Notre taux de remontée de recettes est plutôt bon par rapport à des organismes équivalents mais n’excède jamais 7à 8% par an. Mais, si la région continue à nous soutenir, c’est que  notre soutien, qui  a entrainé cette perte directe de 80 millions €, génère une activité audiovisuelle en Wallonie avec un taux de retombées sur 20 ans de 435%. C’est à dire que les 85 millions ont enclenché 375 millions € de dépenses en Wallonie. Et ces activités génèrent des impôts. Or, au-delà de 300% d’activité générées, les impôts prélevés sont supérieurs aux pertes de Wallimage.

Sur un plan macro-économique, nous sommes un mécanisme bénéficiaire pour la région.

Siritz.com : Est-ce que, tout de suite, des producteurs français sont venus en Wallonie pour y trouver un complément de financement ?

PHR : Non. J’ai fait le tour des maisons de production en France et, j’avoue que l’on m’a accueilli avec des sourires un peu ironiques.  Le premier film français qui a sollicité notre financement, c’est « Gangsters », le premier long métrage d’Olivier Marchal. Je le dis avec un peu d’émotion car Cyril Colbeau-Justin qui vient de disparaître a donc été le premier à croire en nous. J’ai un autre souvenir très fort de ces débuts difficiles, c’est ma première rencontre avec le liégeois Jacques-Henri Bronckart dont la société de production, Versus, n’avait encore produit que du court-métrage. Il vient me voir et m’annonce qu’ils veulent produire le premier long de Bouli Lanners. Comme j’avais peur de leur manque d’expérience, j’ai conseillé à Jacques-Henri de commencer par se positionner comme co-producteur sur un film français question d’« apprendre le métier ». Il s’est ainsi associé avec Euripide Productions pour « En Territoire Indien » qui s’est tourné dans la région de Spa et sur lequel ils ont rencontré toutes les difficultés possibles et imaginables, y compris le décès en cours de post-production de Daniel Toscan du Plantier ! Bref quand Jacques-Henri est revenu vers Wallimage avec le dossier de « Ultranova », le premier de Bouli Lanners, c’est avec un grand sourire qu’il m’a remercié pour « l’expérience formatrice »…

Siritz.com : Quand on regarde sur le site de Wallimage on voit que la société aide  spécifiquement les films d’animation et les films de genre. Qu’est ce qui vous a amené à cette stratégie ?

PHR : Ce sont des raisons différentes. Pour l’animation c’est parce que très vite on s’est rendu compte c’est un secteur fortement créateur d’emploi. L’animation fait appel à beaucoup de main d’œuvre et nécessite un travail long, en durée par jour et en nombre de jours. On a donc intensément formé des jeunes aux différents métiers de l’animation.

Siritz.com : Et les films de genre ?

PHR : Là, c’est parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait une demande des plates-formes et que celles-ci allaient représenter un gros marché. Le cinéma et, encore plus les chaînes de télévision, sont réticents à diffuser des films de genre. Les plates-formes, même si cela représente pour elle un marché de niche, il est mondial. Nous avons décidé de parrainer le marché international Frontière.

https://frontieresmarket.com/fr/

Et nous sommes devenus un acteur reconnu mondialement grâce au film qui est devenu culte et a eu un succès mondial,  « Grave ». 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grave_(film,_2016)

Réalisé par la réalisatrice française Julia Ducourneau et coproduit par la société Belge Frakas, il a été tourné à Liège et a fait appel à de nombreux prestataires de notre région. Il faut dire qu’aujourd’hui le CNC a lui aussi un fonds pour soutenir les films de genre.

Mais nous restons imbattables en la matière !

http://www.fantasticwallonia.com/home.php?lang=fr

Siritz.com : Vous aidez aussi les entreprises.

PHR : Oui. C’était indispensable ! On partait de rien en Wallonie ! Il n’y avait pas d’industrie du tout. Or, pour bénéficier de notre soutien, les productions devaient réaliser des dépenses en Wallonie mais ne parvenaient à les effectuer qu’en engageant des personnes physiques, ce qui est vite limité financièrement. Et, personne ne pouvait lancer une entreprise uniquement pour un seul film. Les candidats à la création d’entreprise nous demandaient de leur garantir la commande de plusieurs films, ce que nous ne pouvions faire. Et puis, il fallait faire attention aux règles européennes condamnant la concurrence déloyale. Donc, pour amener du cash flow dans ces nouvelles boites et leur donner le temps de se développer, nous avons créé Wallimage Entreprises qui agit par achat de parts dans le capital ou en concédant des prêts pouvant, si la société ne pouvait les rembourser, se convertir en capital.

Siritz.com : Comment sont prises les décisions de soutien pour les coproductions ?

PHR : Il y a une équipe chez nous qui étudie les différents aspects d’un projet. Comme il y a aujourd’hui plus de demande que de soutien possible, ils les classent par ordre de préférence. Puis, c’est le conseil d’administration, composé de représentants des élus, qui tranche.

Siritz.com : Quand on regarde dans Cinéfinances.info on voit, dans les coproductions avec la Belgique, l’importance du financement par le Tax Shelter amenés par des sociétés comme Umedia ou Scope.

PHR : C’est vrai et ce système, très avantageux, nous est envié. A tel point que les Français ont créé leur crédit d’impôt pour le contrer. Lui aussi est très efficace. Mais cela n’a pas eu d’effet sur les films à gros budget de vos grands groupes qui peuvent cumuler Tax Shelter en Wallonie et crédit d’impôt en France. Mais cela en a eu sur ce que vous appelez les « films du milieu », qui sont souvent des films d’auteurs et l’apanage de vos producteurs indépendants. Or, pour ce type de films et de producteurs, les relations à long terme entre partenaires coproducteurs sont très importantes pour la créativité. Cette évolution est dommage pour la création et le CNC devrait le comprendre. 

Siritz.com : Parmi vos soutiens il y en a un qui est plus inhabituel, c’est le soutien au développement d’émissions de flux. Ce n’est pas vraiment de la culture.

PR : Là cela vient d’un ministre wallon, Jean-Claude Marcourt, qui nous l’a suggéré. Un jour il m’a dit : « Ce que vous faites est très bien, mais pourquoi n’aidez-vous pas la télévision ». Je lui ai répondu : « Mais nous aidons les séries, l’animation, les documentaires ». « Oui, mais pas la vraie télévision. ». Alors j’ai compris ce qu’il voulait dire. Il parlait de jeux, de talk shows, d’émissions de variété. Je lui ait alors expliqué que des émissions de flux étaient extrêmement chères et que nous n’avions pas les moyens de les soutenir. « Mais Endemol  aux Pays-Bas est un des principaux producteurs mondiaux d’émissions de flux. Or les Pays-Bas est un petit pays, comme la Belgique ». J’ai donc décidé d’étudier la question. J’ai été au Mip-TV et au Mip-Com et j’ai découvert que tout commençait par le pitch de pilotes. Financer le développement de 10 pilotes de flux coûtant moins cher que financer 1 épisode de The Voice nous avons opté pour cette formule… A ce jour, le succès est toujours mitigé car plus encore que pour le cinéma, le marché intérieur belge est largement insuffisant. Mais, maintenant nous entrons dans un partenariat avec le français Philippe Chazal et sa Fabrique de Formats.

PS : La semaine prochaine nous poursuivrons cette interview. Philippe Reynaert nous fera part de son analyse de l’impact des plates-formes S-Vod sur l’audiovisuel et de son expérience de la politique de celles-ci en Wallonie qui sera particulièrement éclairante pour les producteurs français.

Demain nous publierons, dans la rubrique FinanCiné les chiffres de 20 ans d’action de Wallimage qui illustreront la réussite de cette institution.

Elle devrait contribuer à la diversité de notre production mais…

L’entrée des plates-formes de S-Vod dans notre système de financement du cinéma et des œuvres  audiovisuelles, à partir de  janvier, va forcement renforcer celui-ci. On ne sait pas quelle sera la répartition  de leurs investissements entre cinéma et œuvres télévisuelles, mais il est probable que la plus grande part sera réservée aux séries et fictions unitaires. Pour le cinéma, cela devrait en partie compenser la baisse de chiffre d’affaires, et donc le recul des investissements, de nos chaînes. Puis ces apports croitron au fil des années.

https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/creation-audiovisuelle-le-gouvernement-fait-passer-netflix-et-disney-a-la-caisse-1259832

Notre écosystème est remarquable parce que fondé sur l’obligation d’investissement. C’est le cas du soutien financier du CNC qui est à la fois une épargne forcée et un droit de douane. Et il bénéficie non seulement à la production de films et d’oeuvres audiovisuelles françaises mais aux salles de cinéma et à la distribution de films. Ce qui explique que nous ayons le plus performant des réseaux de salle en Europe et une extraordinaire variété de distributeurs. https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-distribution-doctobre/

Néanmoins les obligations d’investissement des chaînes représentent des montants encore plus importants : moins de 10% pour le soutien du CNC, près de 30% pour les apports des chaînes.

Mais ce rôle déterminant des chaînes a un inconvénient. En effet, les films sont avant tout destinés à être diffusés en salle. Sinon ce sont des téléfilms. Or, la tendance naturelle des chaînes de grande audience est de privilégier les projets qui vont leur assurer la première de couverture des magazines télés ou de grands articles. C’est à dire qui sont interprétés par des stars qui vont susciter des articles « people » ou portant sur de « grands » sujets plutôt que le scénario, originalité, le traitement ou la réalisation. Comme les chaînes sont obligées de commander un nombre de films qui dépasse probablement leurs besoins et qu’il n’y a certainement pas suffisamment de projets répondants à cette seconde catégorie de critères, elles sont encore plus incitées à favoriser les premiers critères.

En fiction les chaînes ont réussi à compenser cet inconvénient par les collections puis les séries  dont la force est d’avoir la capacité de fidéliser le public par les intérêt et pas forcement sur leur casting.

Néanmoins, si le pourcentage de « bons » films est limité, le secteur est tellement développé qu’en valeur absolue le nombre de « bons » films est lui élevé comparativement aux autres pays d’Europe. 

Les plates-formes S-Vod ont une autre logique si elles achètent les droits pour le monde entier ou un grand nombre de territoires : elles ont tendances à viser des niches, représentant des fractions du public, mais que l’on  retrouve un peu partout dans le monde. Comme « Migonnes », de Maïmouna Ducouré, qui vise les adolescentes, ou les films de genre. Y compris des films d’auteur comme « Le portrait de la jeune fille en feu » réalisé par Céline Sciamma. Certes, nos chaînes à péage, Canal+, Multithématiques et OCS ont un peu la même logique. Or elles représentent la plus grande partie du financement par les chaînes. https://siritz.com/financine/les-apports-du-groupe-canal/ et https://siritz.com/financine/les-pre-achats-docs-en-2020/

Donc, en plus d’apporter de nouveaux financements à la production de films français, les plates-formes internationales de S-Vod vont élargir les opportunités des films originaux. Bien entendu, un des grands enjeux sera de distinguer entre l’obligation d’investissement obligatoire, qui va porter sur le seul territoire français et les achats pour les autres territoires. Les plates-formes risquent de proposer un prix global et d’affecter la plus grande partie à l’achat pour la France, mais de conditionner cet achat à la vente des autres territoires. Il faudra mettre en place une procédure pour éviter ce détournement qui risque, notamment, de tuer nos entreprises de ventes internationales.

Comparés à ceux du groupe Canal+

La chaîne à péage OCS, appartenant au groupe Orange, est une source de financement des films français, sous forme de pré-achat. Cela permet à la chaîne de diffuser les films 6 mois après leur sortie en salle. Il est intéressant de faire le point cet apport pour les films français sortis depuis le début de l’année.

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article. Selon ce site 20 films sortis depuis le début de l’année sont concernés. C’est à comparer aux 64 films pour lesquels le groupe Canal (Canal+ ainsi que Multithématiques) est intervenu. https://siritz.com/financine/les-apports-du-groupe-canal/

Le film qui a bénéficié du pré-achat le plus élevé est « Ducobu 3 » réalisé par Elie Semoun et dont il est le principal interprète. Il est produit par  le groupe UGC. OCS a apporté 2 150 000 €, soit 24% d’un budget de 9 961 000 €. C’est l’apport le plus élevé de la chaîne en pourcentage du budget.  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ducobu_3

En pourcentage du budget des films l’apport de la chaîne est en moyenne un peu inférieur à 12% L’apport de Canal+ est en moyenne de 17%.

L’apport moyen de la chaîne est de 638 000 €. Ainsi, pour « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part » le pré-achat est de 600 000 €. Le film , dont le budget est de 

3 912 000 € est réalisé par Arnaud Viard et produit par Easy Tiger (Marc-Benoit Créancier).

L’apport de la chaîne le plus bas est 50 000 € pour Adoration, réalisé par Fabrice du Welz et produit par The Jokers films pour un budget de 2 962 000 €. Mais il s’agit d’un deuxième passage, le premier ayant été acquis par Multithématiques pour 200 000 €. Plusieurs des achats de 0CS sont d’ailleurs pour des seconds passages complétant les achats du groupe Canal+

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pour la réalisation de « La Prière »

Mercredi 11 novembre Arte  a diffusé « La Prière ». 

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Prière_(film)

Ce film a été coproduit par la chaîne. Il a été réalisé par Cédric Khan dont c’est le 12ème long métrage en tant que réalisateur. Il a également mené une carrière d’acteur et de scénariste. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cédric_Kahn

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Produit par Les films du Worso (Sylvie Pialat) pour un budget de 4,955 millions €, il a été distribué par Le Pacte et a atteint 224 000 entrées. L’apport total d’Arte (co-production et pré-achat) a été de 500 000 €. La rémunération de Cédric Khan est de 142 000 €, dont 85 000 € en à valoir sur droits d’auteur et 57 000 € en salaire de technicien. C’est un  sensiblement que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/

Il a en outre touché 16 000 €, par un contrat complémentaire. En tant que co-scénaristes il a partagé 153 000 € avec  Fanny Budino et Samuel Doux.

Le précédent film réalisé par Cédric Khan est « Vie sauvage », sorti en 2014. Cette adaptation de  l’œuvre de Laurence VidalOkwari FortinShahi’Yena Fortin et Xavier Fortin.

Sa rémunération était de 120 000€, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. En tant que co-scénaristes, lui et Nathalie Naiem  se sont en outre partagés 135 000 €.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pour la réalisation de la biographie de De Gaulle

Hier Canal + a diffusé le film « De Gaulle », sorti en salle le 27 juin 2019.

https://fr.wikipedia.org/wiki/De_Gaulle_(film).

Il a été réalisé par Gabriel Le Bomin, qui est un scénariste et un réalisateur de cinéma et de télévision. C’est son 4ème long métrage de fiction.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Le_Bomin

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Produit par Vertigo Productions (Farid Lahoussa), cette biographie du général de Gaulle a un budget de 11,650 millions €. Il a été distribué par SND. Il avait atteint 680 000 spectateurs. Canal avait pré-acheté son droit de passage 1,524 millions € et Multithématiques 200 000 €.

Pour la préparation, 42 jours de tournage et la post-production la rémunération de Gabriel Le Bomin a été de 130 000 €, dont 70 000 € en à valoir sur droits d’auteur et 60 000 € de salaire de technicien. C’est moins que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/

Mais le réalisateur a co-écrit le scénario avec Valérie Ranson   Enguiale et ils se sont partagés 152 000 €.

Le précédent film de fiction réalisé par Gabriel Le Bomin est « Nos Patriotes », sorti en 2017 et également produit par Vertigo Production et distribué par Vertigo. Le film avait un budget de 6,2 millions €.

Pour la préparation, 31 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur avait été de 120 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Mais Gabriel Le Bonin avait écrit le scénario et avait reçu un à valoir de 74 000 € et bénéficiait de rémunérations complémentaires de 110 000 €.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Sur les films sortis depuis le début de l’année

Le groupe Canal+ (Canal+ et Multithématique) est la principale source de financement de la production français de films de cinéma.Compte tenu de l’arrivée des GAFA comme source de financement supplémentaire à partir de janvier et de l’enjeu de la chronologie des médias, il est important de faire le point sur les apports du groupe Canal+. Les chiffres de cette articles portent sur 7 mois d’exploitation.

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Sur les films sortis depuis le début de l’année, l’apport cumulé du groupe est proche de 100 millions €. Cela représente 17% du devis total des films en question. Voir les chiffres de mai https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/combien-canal-et-multithematiques-achetent-conjointement-les-films-cinefinances-info-fournit-achats-en-pourcentage-du-devis/

Le film qui a bénéficié du plus fort apport est aussi celui dont le budget est le plus élevé : « Le Prince oublié », dont le budget était de 24,9 millions €, a bénéficié d’un apport de 3,5 millions € de Canal+ et de 500 000 € de Multithématiques, soit un total de 4 millions €. Soit un apport de 16% du budget, légèrement en dessous de la moyenne. Il a été réalisé par Michel Hazanavicius et produit par Prélude.

L’apport moyen est de 988 000 €. Cela correspond à l’apport pour le financement du dessin animé « Sam Sam », dont le budget est de 8 millions €. L’apport est donc de 12% du budget. Il a été réalisé par Tanguy de Kerme et produit par Folivari.

Un apport qui correspond à l’apport moyen du groupe Canal+

https://fr.wikipedia.org/wiki/SamSam

L’apport médian est de 932 000 €. C’est le cas du film « Un vrai homme », réalisé par Benjamin Parent et produit par Delante productions. L’apport est de 31% du budget.

En pourcentage du budget l’apport le plus important est celui pour « Effacer l’historique ». Il est de 42%. Le film a été réalisé par Benoît Delepine et produit par No Money Productions pour 5 millions €.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Le jour où les taux d’intérêts reviendront à un niveau normal…

L’évolution de la pandémie sur notre territoire est particulièrement inquiétante. Il est  probable que le gouvernement sera contraint de renforcer les mesures de contrôle sanitaire. Et, notamment, que  la fermeture des salles de cinéma s’étendra bien au-delà de quatre semaines annoncées initialement. https://siritz.com/editorial/il-va-falloir-naviguer-a-vue/

Pour les exploitants, qui ont des charges fixes, c’est évidemment catastrophique. La ministre de la culture est, sans doute, en train de batailler pour obtenir des soutiens financiers. Les distributeurs sont dans une situation tout aussi catastrophiques. Les recettes vidéo ne représentent qu’un mince filet de compensation, légèrement augmenté par le confinement. Ceux qui ont le mandat télévision sur certains films de novembre doivent tenter d’accélérer leurs ventes, mais en acceptant des prix inférieurs à ce qu’ils auraient dû obtenir.

Comme nous le soulignions la semaine dernière, la production de films, comme de fiction TV, se poursuit. Mais son financement repose largement sur la mobilisation de promesses de financement. Cette mobilisation a un coût financier qui, du fait de l’a suspension de la distribution,  sera bien supérieur à ce qui était prévu. Là encore la ministre de la culture doit batailler pour obtenir un soutien. 

Or, cette situation concerne toute la culture et, surtout, une très grande partie de l’économie. L’Etat-comme la plupart des Etats dans le monde- ne peut financer ces soutiens qu’au prix d’un endettement historique, qui défie toute rationalité économique. Pour l’instant les taux d’intérêts sont au plus bas et la création de monnaie par les banques centrales n’a pas le moindre effet inflationniste. Sans doute parce que cette monnaie est en partie épargnée et, donc, non consommée, par les classes moyennes. En France, on est à près 100 milliards € d’épargne, ce qui est un montant historique.

Mais l’histoire rappelle que les taux d’intérêt comme les niveaux d’épargnent fluctuent. Le jour où ces taux, pour les dettes des Etats, passeront de 0/1% à 3 ou 4%, ce qui, sur le long terme est un niveau normal, nombre d’entre, à commencer par la France, seront en faillite. Avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur le service public et les retraites. Donc, la vie de chacun d’entre nous.

Les longues journées de confinement offrent la possibilité de réfléchir à toutes ces perspectives et à l’organisation de notre société. Ainsi la crise sanitaire nous a fait prendre conscience des énormes insuffisances de notre système de santé qui, jusque là avaient été ignorés par les gouvernement successifs.

Plus profondément, certains économistes estiment qu’en tout état de cause il faudra impérativement modifier le fonctionnement du capitalisme. Et, notamment, le rôle et les exigences des fonds d’investissement.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/07/patrick-artus-rien-de-majeur-ne-changera-si-le-rendement-exige-du-capital-reste-aussi-eleve_6058863_3232.html

POUR LA REALISATION DE KNOCK

Dimanche 8 novembre  France 2 va diffuser, pour la première fois à la télévision en clair, « Knock », qui était sorti en 2017. C’est une adaptation de la pièce de Jules Romain et le remake du film avec Louis Jouvet, sorti en 1951. Cette fois-ci le médecin est interprété par Omar Sy.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Knock_(film,_2017)

Le film est réalisé par Lorraine Lévy qui est dramaturge, scénariste et réalisatrice et dont c’est le 4ème long métrage en tant que réalisatrice.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Knock_(film,_2017

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Produit par Curiosa films (Olivier Delbosc), « Knock » a un budget de 12,7 millions €. Il avait été distribué par Mars film qui avait donné un minimum garanti pour le mandat salle et vidéo. France 2 et France 3 étaient coproducteurs et avaient préacheté 2 passages pour un apport total  2,5 millions €. Canal+ et OCS l’ont déjà diffusé.Pour la préparation, 22 jours de tournage et la post-production, la rémunération de Lorraine Lévi est de 350 000 €, réparti à part égale entre à valoir sur droits d’auteurs et salaire de technicien. C’est  presque le double de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/

Elle a, en outre touché 200 000 € d’à valoir pour l’adaptation. Les droits de la pièce ont été achetés 250 000 €.

Le  film avait rassemblé 545 000 spectateurs.

Le précédent film réalisé par Lorraine Lévi était « Le fils de l’autre », sorti en 2012. Il avait un budget de 2,7 millions €. Pour la préparation, 25 jours de tournage et la poste production, la rémunération de la réalisatrice était de 140 000 €, dont 75 000 € en à valoir sur droits d’auteur et 65 000 € de salaire de technicien. Elle avait en outre coécrit le scénario et, à ce titre, touché 10 000 €.

De meilleures performances qu’en septembre

Le baromètre de la distribution du mois d’octobre porte sur les films français sortis le mois dernier et pour lesquels le distributeur a donné un minimum garanti. Il indique quel pourcentage de ce minimum garanti a été amorti par les recettes salles de la première semaine de sortie. 

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Il ne comprend donc pas les films pour lesquels il n’y a pas de minimum garanti, notamment ceux où le producteur est également distributeur et ne se donne pas de minimum garanti. Ainsi, ce mois-ci « Adieu les cons » n’est pas pris en compte, bien qu’il ait réalisé 600 000 entrées. En effet, Gaumont est à la fois producteur et distributeur. Il a investi 3,5 millions € de soutien financier et récupère 100% des recettes nettes part producteur jusqu’à amortissement de cette somme. Or, dès la première semaine, les recettes salles représentaient 42% de cet investissement.

Par ailleurs, les minima garantis couvrent des mandats plus ou moins étendus. Mais ce baromètre permet néanmoins d’avoir une idée des performances globales des films français.

L’amortissement moyen de ce mois est de 44%. C’est beaucoup plus que celui du mois de septembre où il  n’était que de 31%. Il y a d’ailleurs trois films qui réalisent cette performance. https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-distribution-en-septembre/

L’amortissement le plus élevé est considérable puisqu’il est de 176%. C’est celui du drame à suspense persan, « Yalda, la nuit du pardon »,  une coproduction de la France avec l’Allemagne, le Luxembourg et la Suisse. Pour la distribution en salle en France, Pyramide avait accordé un minimum garanti de 30 000 €. Or le film a rassemblé 22 000 spectateurs dès la première semaine.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yalda,_la_nuit_du_pardon

Comme on le voit, les performances d’octobre sont bien supérieures à celles de septembre et illustre le véritable décollage du cinéma français. 

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pour la réalisation d’Ava

Arte diffuse ce soir « Ava » réalisé par Léa Mysius. Ce drame, sorti en salle en 2017, a  été couronné par le prix de la SACD à la semaine de la critique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ava_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ava_(film)

C’est le premier long métrage  de la réalisatrice qui avait auparavant été scénariste, notamment de « Adieu à la nuit », d’André Techiné  et « Roubaix, une lumière d’Anrnaud Déplechin, tous deux sortis en 2019.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Léa_Mysius

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Le film, dont le budget est de 2,8 millions €, a été produit  par F comme films (Jean-Louis Livi) et Trois brigands productions, la société dont Léa Mysius est l’une des 3 associés. Il est distribué par Bac Films qui a les mandats salle et vidéo d’une part, ventes internationales de l’autre. Il avait réalisé 80 000 entrées.

Le groupe Canal+ l’avait pré-acheté pour 627 000 € et l’a déjà diffusé. En revanche aucune chaîne en clair ne l’avait co-produit. Arte l’a donc acheté et diffusé 3 ans après sa sortie en salle. L’Avance sur recette luis a accordé 600 000 €.

La rémunération de la réalisatrice pour la préparation, 25 jours de tournage et la post-production est  60 000 €, répartis à part égal entre à-valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien  C’est 60% de la rémunération médiane des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année selon le baromètre de Siritz.com. 


Elle a co-écrit le scénario avec Paul Guilhaume qui est l’un des trois associés pour Trois brigands productions. Leur rémunération est de 36 000  €.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.