Le groupe Viacom-CBS se développe dans l’univers digital en innovant

Le marché des plateformes internationales ne cesse de se développer. Il y avait Netflix, Amazon prime, Apple TV. Il il a eu Disney+. On sait qu’il va y avoir HBO Max. Et maintenant c’est le groupe Viacom-CBS qui en lance deux. https://siritz.com/editorial/s-vod-quelle-riposte-des-exploitants/

Viacom-CBS c’est un groupe entièrement audiovisuel : il comprend entre autres l’une des trois grandes chaînes nationales américaines, CBS, le studio Paramount, la chaîne à péage Showtine (films et séries) et des chaînes thématiques comme MTV (musique) ou Nickelodéon (enfants).

Le 8 février il a annoncé le lancement en France de Pluto TV, qui est déjà diffusé dans 25 pays, dont les États-Unis, plusieurs pays européens et 17 pays d’Amérique Latine. C’est un concept original. Tout d’abord il s’agit d’un bouquet de 40 chaînes thématiques linéaires,  gratuites et financées par la publicité. Ces chaînes sont alimentées par l’énorme catalogue du groupe Viacom. Elles comprennent aussi des séries françaises comme « Plus belle la vie » ou « Les Cordiers ». En second lieu, ce bouquet est OTT (Over The Top), c’est-à-dire accessible directement par internet : pas d’opérateur diffuseur, pas d’autorisation du CSA. Elles font partie de l’univers digital FAST (Free Ad-Supported Streaming Television), sans doute regardé principalement sur i-phone. Elles auraient déjà 36 millions d’utilisateurs actifs dans le monde.

Le groupe Comcast Universal a un bouquet similaire, basé sur le même principe, Peackok. Mais, pour l’instant il n’est diffusé qu’aux États-Unis.

Le 4 mars le groupe va lancer aux États-Unis, au Canada et en Amérique Latine, puis le 25 mars dans les pays nordiques d’Europe, une plateforme de S-Vod, Paramount+. Aucune date n’a encore été révélée pour la France et le reste du monde. https://www.igen.fr/services/2021/02/le-nouveau-service-de-streaming-paramount-veut-diffuser-en-europe-120859

Là encore, Paramount+ va démarrer avec l’énorme catalogue du groupe : 2 500 films, 30 000 épisodes de séries,     1 000 événement sportifs et une offre de news. Mais, là aussi, il y a une innovation, car l’offre est double : soit à  9,99 $ comme les autres plateformes ; soit à 4,99$, avec de la publicité. Cette dernière offre sera proposée à partir de juin. Elle est rendue possible parce que Viacom dispose, dans chaque territoire, des régies publicitaires de ses chaînes et, désormais, de Pluto TV.

La sortie en salle d’abord

Par ailleurs, Paramount+ a passé un accord avec la chaîne à péage EPIX pour mettre à la disposition de ses abonnés des milliers de titres provenant d’une grande variété de studios. A partir du printemps il y aura ainsi les « James Bond » et les « Hunger Games ». Ainsi, après une sortie en salle par MGM et une fenêtre de télévision payante exclusive sur EPIX, seront disponibles sur Paramount+ « House of Gucci, Creed III »  et le prochain James Bond,  « Mourir peut attendre « .

Le PDG de ViacomCBS prévoit d’investir 5 milliards $ dans les contenus exclusifs du streaming en 2024 et atteindre 65 à 75 millions d’abonnés en trois ans.

De ces annonces on peut tirer trois leçons. En premier lieu le groupe est conscient que l’offre de plateformes payantes de S-VoD, va être très encombré. D’où, une offre à moindre prix grâce à un financement par la publicité. En second lieu, il s’agit d’un groupe essentiellement audiovisuel qui va respecter la chronologie des médias sur chaque territoire : Paramount+ aura l’exclusivité des films Paramount, mais après la fenêtre salle. Même chose pour les films MGM. En troisième lieu, s’il semble que le groupe continuera à accorder aux exploitants une fenêtre d’exclusivité sur ses films, il risque de ne pas en être de même pour les chaînes étrangères, dont les françaises. Par exemple, Canal+ diffuse actuellement la série « Your honour » de Showtine. A l’avenir ce type de séries pourrait bien être réservé à Paramount+.

MINI-SÉRIE DE DOMINIQUE BARON* (Scénariste-producteur-réalisateur présenté en fin d’article)

Aujourd’hui, la presse se focalise sur le mot US “showrunner“ qui s’impose logiquement dans le monde des séries et collections (88% de la fiction). Dans les succès sur plusieurs saisons, un vrai showrunner aguerri assure la continuité éditoriale et artistique. Il doit être un scénariste émérite qui sait guider les autres scénaristes, il doit connaitre assez la mise en scène artistique et technique pour partager avec les réalisateurs afin de passer les scénarios de la 2D à la 3D. Et il doit être un “producer“ qui sait gérer un budget et anticiper les nombreux aléas artistiques et techniques. Jusqu’ici, tout va bien… https://siritz.com/editorial/le-mythe-du-realisateur-auteur-revision/

Un métier qui peine à émerger en France

Mais cette fonction d’avenir, essentielle en séries, ne s’improvise pas. En France, les showrunners de ce niveau sont encore rares et retardés par une vague émergente de diplômés du marketing (“money-making“ ?) qui aiment tout contrôler. Par inexpérience ou souci de territoire, certains surfeurs de cette vague ne voient le scénariste que comme un scribe, et le réalisateur télé comme un simple technicien qui sait placer ses caméras et terminer à l’heure. Et le problème de nombreuses séries est aussi que, pour se rassurer, des commanditaires abondent trop d’avis, mettent trop de scénaristes en siège éjectable, et cela engendre trop de versions non coordonnées par un showrunner d’envergure.

Ce « nouveau monde des soft-killers de l’audiovisuel » (dixit Martin Scorcese) étouffe en coulisses les scénaristes, et en plateau les réalisateurs. Or il est essentiel que le scénariste soit le premier consulté si, par exemple, le producteur veut imposer au réalisateur l’économie de remplacer un autocar qui pulvérise une voiture par un vélo qui tape une poussette, ou de couper une scène en plateau pour éviter une heure supplémentaire. De même qu’il est injuste pour le scénariste qu’un acteur, pour s’approprier une série, réécrive seul les dialogues dans son dos, une tendance en expansion. https://www.lesinrocks.com/2021/02/26/series/series/en-therapie-pourquoi-les-scenaristes-renoncent-a-la-saison-2/

Autre tendance émergeante : le diffuseur et le producteur vont chercher un cinéaste connu pour se rassurer et renforcer la communication génératrice d’audience. C’est une bonne idée, ça cartonne dans la presse mais en télévision le cinéaste, aussi talentueux soit-il, ne doit pas débarquer comme un empereur. Car il y a une règle d’or : le partage. En fiction intelligente, il est vital que les choix créatifs se fassent dans l’alliance d’une brigade de mousquetaires garants de la cohérence d’une série, œuvre collective. D’où la nécessité d’un showrunning expérimenté et respectueux des terres de chacun.

D’où viennent les éternelles chamailleries de territoires ? Flash-back :

Le débat entre auteurs et metteurs en scène est né dans le théâtre des années 30. Louis Jouvet, Charles Dullin, Georges Pitoëff, ont mis en scène des pièces en initiant une vision d’auteurs associés, contournant ce qu’ils appelaient le « textocentrisme » des ardents défenseurs de la moindre virgule, comme Marcel Achard, qui doit pourtant sa notoriété à Louis Jouvet qui triompha en 1929 comme metteur en scène et acteur dans la création de Jean de la Lune, avec Michel Simon. Dans les années 30-40, puis 50-60, les metteurs en scène de théâtre se glissent donc avec talent dans la dramaturgie. Mais les auteurs de l’écrit n’aiment pas voir bouger des scènes ou des dialogues, même s’ils découvrent que la mise en scène ennoblit leur texte et peut lui offrir sa renommée.

En 1955, après un litige sur un projet, l’illustre Jean Vilar fait un croc-en-jambe à Marcel Achard : « Aujourd’hui, les vrais créateurs dramatiques ne sont pas les auteurs mais les metteurs en scène. » Marcel Achard, aussi scénariste au cinéma, se sert de sa présidence du jury de Cannes 1959 pour se venger en médiatisant ses batailles avec Jean Vilar et Marc Allégret (pourtant 9 films ensemble) et leurs tensions sur le statut d’auteur. Il  déclare froidement en conférence de presse sur la Croisette :


Les scénaristes sont les seuls auteurs des films ! Faisons-en sorte que cela se sache partout. »

Le Marcel acharné n’avait pas digéré la loi Guy Mollet de propriété intellectuelle, qui sanctuarisa en 1957 l’évidence que les metteurs en scène de théâtre, les réalisateurs de films et les compositeurs de musique sont aussi des auteurs incontestables. Mais la phrase cinglante de Marcel Achard à Cannes, encore présente aujourd’hui dans l’esprit de certains auteurs rebiffés, va se retourner contre lui…

Le roi du boulevard et les “textocentrés“ vont se prendre un uppercut avec la Nouvelle Vague.

Les critiques des Cahiers du Cinéma, enfants des “trente glorieuses“, secouent le 7ème art. Ils passent derrière la caméra et imposent l’idée, en écrivant eux-mêmes, que le réalisateur est le seul auteur.

François Truffaut dans les Cahiers du Cinéma « Ali Baba de Jacques Becker eut-il été raté que je l’eusse quand même défendu en vertu de la Politique des Auteurs que mes congénères en critique et moi-même pratiquons ».

La déferlante « Un film de… » séduit festivals et journalistes qui enterrent dès lors le “scénariste non réalisateur“ dans les dossiers de presse et les interviews, et l’oublient dans les projections « en présence de l’équipe du film », qui se font trop souvent sans lui…

Pourtant le scénario est essentiel, c’est lui qui permet d’obtenir les subventions du CNC et l’argent des diffuseurs et des plateformes mondiales à la Netflix, la 2ème nouvelle vague (déferlante ?). Et de plus, le scénario dialogué est primordial pour convaincre les acteurs célèbres, sans qui rien ne se fait.

Aujourd’hui encore, certains journalistes et critiques éminents restent myopes et convaincus que le réalisateur de cinéma, même s’il n’écrit pas un mot, est le seul auteur du film ! Ils devraient aller en thérapie pour sortir du 20ème siècle et respecter les scénaristes, tout en levant un œil sur de belles fictions de télévision réalisées sans “cinéastes“ par de talentueux réalisateurs ignorés, et absents comme les scénaristes, des interviews sur tapis rouge…

(à suivre le 4 mars l’épisode 2 : Y-a-t-il encore un réalisateur dans l’avions ?)

 

DOMINIQUE BARON*

 

 

 

 

 

 

 

Diplômé de sociologie et de marketing, DB a démarré loin de tout ça comme caméraman sur le Pen-Duick 6 de Tabarly. Après quelques films sportifs, il se met à écrire puis s’engage par passion des acteurs dans une décennie de 1er Assistant terminée auprès de Jacques Doillon. Le destin le nomme conseiller de programmes sur FTV, puis producteur artistique chez Hamster Productions, avant d’accéder enfin à la réalisation. Une trentaine de téléfilms et séries suivront, les derniers 90’ étant “Tempêtes » (un équipage de sauvetage en mer avec Philippe Torreton), et “Colombine“ (une religieuse africaine, un peu Calamity Jane avec Corinne Masiero)…

Il enseigne aussi l’écriture et la réalisation à l’ISIS de Ouagadougou et aide des écoles du Burkina dans une association.

SON DERNIER FILM, « SEULES LES BÊTES » SUR CANAL+

Lundi 22 février Canal+ a diffusé le film « Seules les bêtes », sorti en salle le 4 décembre 2019.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Seules_les_bêtes_(film)

Ce thriller franco-allemand a été réalisé par Dominik Moll dont c’est le 6ème long métrage. Ce dernier a d’ailleurs la double nationalité. C’est son 6ème long métrage. Il alterne longs métrages pour le cinéma et séries. https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominik_Moll

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Le film est une coproduction entre la France (80%) et l’Allemagne(20%). Le producteur français est Carole Scotta (Haut et court) qui est également distributeur. En Allemagne c’est Roman Paul et Geirhard Meixner (Rasor Films).

Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production la rémunération de Dominik Moll est 100 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est légèrement plus que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/

Le scénario a été coécrit par Frédérik Moll et Gilles Marchand. Il est tiré d’un roman de Colin Niel et ils se sont partagés 200 000 €.

Le film a rassemblé que 110 000 spectateurs en France.

Le précédent long métrage de Frérérik Moll est « Des nouvelles de la planète mars », sorti le 9 février 2016. Il était produit et distribué par Miche Saint-Jean (Diaphana). Son budget était de 5,8 millions €.

Pour la préparation, 36 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur a été de 150 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il a coécrit le scénario avec Gilles Marchand et ils se sont partagés 200 000 €.

Le film n’a rassemblé que 58 000 spectateurs

Entre ses deux derniers films, il a réalisé la série chorale franco-allemande  sur l’accueil des émigrants « Eden » de  6 x 52’, diffusée par Arte. Le producteur français était Atlantique Productions.

Et avant, il avait réalisé certains des 35 épisodes de 45 minutes de la série franco-britannique « Le Tunnel « , adaptée du roman « Bron » de Hans Rosenfeld et diffusée en France par Canal+. En France elle était produite par Canal+ et Shine France Films.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

 

POUR DES FILMS OU DES SÉRIES LA FICTION EST ÉVIDEMMENT UN ART COLLECTIF

L’éditorial intitulé « Le mythe du réalisateur auteur » a suscité de nombreuses réactions. Sans doute le titre est-il mal choisi  car il existe bien des réalisateurs auteurs. Mais pour traiter de cette question  faut la replacer replacer dans son contexte, notamment historique.

Ainsi le réalisateur Dominique Baron rappelle :

« Je fais partie de ceux qui, au Groupe 25 image (qui se renforce), ont toujours travaillé en harmonie avec les scénaristes et se battent pour notre travail collectif. Je m’inquiétais, peut-être à tort, de l’impact du titre dans un monde où le sujet de la suprématie du texte est apparu dans les années 1930, dans les bagarres entre l’auteur Marcel Achard et ses metteurs en scènes- Louis Jouvet, Charles Dullin et Georges Pitoëff- qui ont imposé une vision moderne plus collaborative, plus audacieuse, plus “auteur associé“, osant défier ce qu’ils appelaient le « textocentrisme » de Marcel, défenseur acharné de la moindre virgule.

Bientôt un siècle que dure ce débat, réveillé plus tard par Jean Vilar, puis par la Nouvelle Vague toute puissante. À la fois scénariste, réalisateur, ex-producteur et conseiller de programmes, j’ai bien producteur étudié le sujet et écrit un long article. Débat récemment revenu « En thérapie » avec le début, logique, d’invasion des réalisateurs cinéma dans certaines chaines de l’audiovisuel… ».

Ce rappel est évidemment essentiel. Il n’est pas question de nier l’importance de la réalisation. Personnellement, je me souviens effectivement des mises en scènes de Jean Vilar. Ainsi, celle de « La résistible ascension d’Arturo Ui », présentée au TNP, donnait au texte de Brecht une dimension qui m’a marqué pour la vie. De même, le scénario de « Citizen Kane », écrit par Herman Mankiewicz, est puissant. Mais c’est la réalisation d’Orson Welles qui lui a donné une dimension qui en fait l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. https://fr.wikipedia.org/wiki/Citizen_Kane

Welles a fait passer le scénario de Manckiewicz de la 2ème à la troisième dimension

Vilar comme Wells ont pu déployer leur talent et leur créativité parce qu’ils sont partis d’un bon texte qu’ils ont fait passer de deux dimensions à trois dimensions.

Néanmoins, dans son Carrefour, Emmanuel Daucé, qui dirige Tetra Média Studio, reconnait que le sujet évoqué par l’éditorial n’est pas purement théorique quand il affirme : « L’idée du réalisateur roi ne m’allait pas». https://siritz.com/le-carrefour/emmanuel-dauce-producteur-de-series/ En fait, pour les séries, le scénariste showrunner est forcément le roi. Mais, pour des films, le débat existe.

Autre remarque, sur cet article, celle de Max Azoulay, le fondateur de l’ESRA, la principale école privée de cinéma et d’audiovisuel, qui est par ailleurs l’un des sponsors de ce blog. Il rappelle que « l’ESRA à inclus depuis des années l’enseignement du scénario, et que le DHEC a introduit voilà 8 ans un département  SCÉNARIO (bac+3 à Bac +5) ».

Il existe évidemment aujourd’hui d’autres écoles qui enseignent le scénario.

Mais le fait que la FEMIS, l’école publique qui a succédé à l’IDHEC, ait introduit en deuxième année un cursus Scénario, à côté de celui de la réalisation et de la production, marque un tournant idéologique important. Clairement, il  a fallu que nos chaînes de télévision développent fortement les séries longues, et qui ne soient pas que policières, mais abordent les sujets de société et politiques,  pour qu’il commence à y avoir un brassage entre cinéma et fiction tv, mais aussi entre scénaristes et réalisateurs.

D’une manière générale, qu’elle soit pour des séries ou des films, la fiction est un art collectif.

ANTOINE DU BARY RÉALISE « MES JOURS DE GLOIRE »

Canal+ a diffusé lundi 21 février le film « Mes jours de gloire » qui était sortie en salle le 26 février 2020.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mes_jours_de_gloire

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

C’est le premier long métrage réalisé par Antoine du Bary qui était jusque-là assistant réalisateur et avait réalisé un court-métrage « L’enfance du chef » qui avait reçu le Prix Canal+ lors de la Semaine de la critique en 2016. Il a été produit par Jean Duhamel (Iconoclast films) pour un budget initial de 2,6 millions € et distribué par Bac Films.

Pour la préparation, 31 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur est de 60 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de réalisateur. C’est sensiblement moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/

Le scénario a été coécrit avec Elias Belkedar et ils se sont partagés 60 000 €.

Sorti sur 23 copies le film a rassemblé 45 000 spectateurs en 3 semaines

Il a bénéficié de l’avance sur recettes à hauteur de 550 000 €. Canal+ l’a préacheté 678 000  €  et Multithématiques 100 000 €. Bac Films, pour les mandats salle, vidéo, vod, S-vod et international a accordé un minimum garanti de 200 000 €. Le producteur a mis son salaire et ses frais généraux en participation. Il a investi 800 000 €, mais n’inclut pas le crédit d’impôt dans son plan de financement.

A noter que sont comédien principal  est Vincent Lacoste le comédien principal des films de Thomas Lilti. https://siritz.com/cinescoop/entre-medecine-cinema-et-series/

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Siritz.com : Actuellement Canal+ diffuse la série « Paris police 1900 » qui est une série de grande qualité qui marche très bien. Qui en a eu l’idée ?

Emmanuel Daucé : C’est Canal+. Ils voulaient faire une nouvelle série policière : « Braquo » s’était arrêté et « Engrenages » allait s’arrêter. Arielle Saracco, Fabrice de la Patellière, Vera Peltekian et Pierre Saint-André avaient envie de faire une série autour de la police scientifique en 1900. https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Daucé

Siritz.com : Qu’est-ce qui leur avait donné cette envie ?

ED : Une exposition photo sur le début de la police scientifique autour de Bertillon. Les photos de scènes de crime étaient à fois horribles et très esthétiques. Donc à la base c’était plus une intention visuelle qu’un véritable concept.

Siritz.com : Ils vous ont demandé à vous directement ?

ED : Non. Ils avaient interrogé plusieurs producteurs avant moi. Mais ils n’avaient pas trouvé la bonne clef. Moi, mon reflexe c’est de penser avant tout à un auteur, j’ai pensé à Fabien Nury avec lequel je n’avais jamais travaillé mais dont je connaissais bien l’univers. Et Canal+ était ravi de le retrouver puisqu’il avait fait la saison 1 de « Guyane » avec eux.

Canal+ voulait une série policière qui se passe en 1900

Siritz.com : C’est avant tout un grand scénariste de bandes dessinées. Mais il avait donc aussi écrit et même réalisé, une série télévisée.

ED : Oui. Fabien c’est d’abord un scénariste très expérimenté mais aussi un auteur avec un univers très personnel. Et, du coup, cette série qui était à la base une commande est devenue une série d’auteur. J’ai rencontré Fabien quand on était étudiant et je savais qu’il était fan de polars. Puis je l’avais recroisé quelques années plus tard à Tetra Media quand il travaillait à l’adaptation pour le cinéma de la série « Les brigades du tigre ». Il avait déjà à cette époque le projet de faire en série « Il était une fois en France » alors que ça n’était pas encore paru en bande-dessinée. Cela devait être en 2005.

Siritz.com : Quand vous acceptez de faire la série vous savez que cela va être forcément une série chère. Est-ce que vous pensez tout de suite à comment vous allez la financer, parce que la chaîne Canal+ ne va sans doute pas tout financer ?

Moins cher de régler les problèmes budgétaires au niveau du scénario

ED : Vous savez, j’ai produit « Un village français » et, au tout début, en 2005 je savais qu’elle coûterait forcément plus cher que les séries habituelles de France télévisions. Ce qu’il faut faire c’est travailler avec un auteur scénariste. C’est moins cher de régler les problèmes budgétaires au niveau du scénario que quand on en est à la réalisation.  Fabien Nury, dans sa carrière d’auteur de bandes dessinées était un scénariste aguerri. Et il avait écrit la série «Guyane» et réalisé un épisode. Il avait donc toutes les compétences pour être un showrunner.

Siritz.com : Et quand il a commencé qu’est-ce qu’il a mis en avant.

ED : Il a tout de suite centré son récit autour de la préfecture de police de Paris et du préfet de police Lépine. La préfecture est une ville dans la ville.  Faire de ce lieu un décor récurrent, c’est déjà une manière de résoudre une partie des problèmes financiers. Par ailleurs j’ai tout de suite proposé à Fabien Nury d’être producteur associé. C’est le meilleur moyen de traiter toutes les questions économiques et artistiques ensemble et non pas séparément. On les résout ensemble et progressivement.

Siritz.com : Quelles ont été les phases de l’écriture ?

ED : Fabien avait déjà une bonne connaissance de cette époque. Suite à l’adaptation des « Brigades du tigres » et à un projet de série pour Canal+, qui ne s’est pas fait pour des problèmes de budget, sur la bande à Bonnot. Puis avec l’aide d’une documentaliste, mais aussi tout seul, Fabien est reparti dans la doc durant près d’un an, c’est la base de son travail. Beaucoup de personnages et d’événements sont tirés de cette documentation, une documentation qui se fait aussi beaucoup à travers des images, photographies, peintures de l’époque. Partant des personnages Fabien écrit des notes, sortes de traduction de la documentation en matière fictionnelle, et partant de ces notes il écrit des synopsis. Comme il vient de la bande dessinée il réfléchit beaucoup en scène et a une pensée très visuelle. Donc, il écrit très tôt des scènes avec, dès les premières étapes, une grande attention apportée à leur dimension visuelle.

Siritz.com : Il a écrit avec une équipe de scénariste ?

Deux ans pour écrire la première saison

ED : Oui. Il a créé un atelier de scénaristes avec Alain Ayrole, un auteur de bandes dessinées, ainsi que Benjamin Adam et Thibault Valetoux qui sont diplômés de la FEMIS section séries. Ils ont discuté avec Fabien pendant des semaines pour nourrir les arches et les personnages. Mais les versions dialoguées ont été écrites par Fabien, sauf les épisodes 3 et 4 qu’il a coécrit avec eux. La manière d’écrire de Fabien est très particulière et on n’a pas trouvé quelqu’un qui pourrait écrire « à la manière de ». C’était déjà le cas pour « Un village français ». C’est une marche que nous n’avons pas réussi à franchir.

Siritz.com : Combien de temps a pris l’écriture de tout le scénario de la première saison ?

ED : Cela a été relativement rapide. Environ 2 ans.

Siritz.com : Et Canal intervenait à chaque étape pour donner son accord ?

ED : Ils nous faisaient globalement confiance. C’était plutôt un échange régulier avec eux.  Dès le début ils étaient très enthousiastes. Néanmoins ce qui les gênait c’est qu’on leur proposait une série historique et politique dans un cadre policier alors qu’ils voulaient vraiment une série policière. Vera Peltékian disait qu’il fallait dans cette série un « Dahlia noir ». Il a alors fallu ajouter l’affaire de la valise sanglante, inspirée, elle aussi, de faits réels. Cela permettait vraiment à Canal+ de dire qu’on était dans une série policière.

Siritz.com : C’est une série où la mise en image est très importante. Qui a choisi les techniciens artistiques ?

ED : Fabien Nury, mais aussi Fabien Despaux qui a réalisé les 4 premiers épisodes. Ils ont fait le casting ensemble avec Canal+ et Okinawa Guérard, la directrice de casting avec laquelle j’ai la chance de travailler depuis « Un village français ». Julien Despaux a amené le chef opérateur flamand, Brecht Goyvaerts, qui a un immense talent.  C’est Fabien qui a amené Pierre Quefféléan, qui est un chef décorateur du cinéma. Et la chef costumière Anaïs Romand, c’est une suggestion de Canal+.

Siritz.com : Et pour la musique qui est toujours très importante pour donner son identité à une série, comme à un film ?

ED : On avait plusieurs idées et on a fait quelque chose qui n’est pas très sympathique. On a fait un blind-test entre le projet de trois compositeurs. Et on a choisi Grégoire Hetzel. Mais on a rémunéré les deux autres.

Siritz.com : En fin de course la série coûtait combien.

Un budget de série française, pas un budget de série internationale

ED : Un peu au-dessus de 2 millions € l’épisode. Cela ne comprend pas les frais généraux. C’est le coût réel.

Siritz.com : C’est quasiment le double de ce que coûte une série habituelle française. Comment la financez-vous ?

ED : Il y a Canal+ la chaîne qui est fortement impliqué et Studio Canal a donné un minimum garanti pour le mandat de ventes internationales.

Siritz.com : Cette série a un incontestable potentiel à l’international. Mais est-ce que vous êtes couvert dès le départ ?

ED : On reste dans un budget de fiction française, mais pas de série internationale. Mais pour pouvoir trouver son équilibre économique Paris Police vise le marché international. C’est ce que je cherche à faire depuis « Un village français » et « Les hommes de l’ombre » : faire des séries longues d’auteur, qui portent un regard singulier sur le monde, avec l’ambition de créer une valeur de catalogue, que ce soit à travers le deuxième marché français ou les ventes à l’international.

Siritz.com : Mais, avant de créer de la valeur, il faut aussi faire de la marge ?

ED : Oui, mais il faut accepter de baisser les taux de marge dans un premier temps, pertes que l’on espère combler par les futures ventes. Puis, dès la deuxième saison on peut aussi limiter certaines dépenses si la production a été pensée sur le long cours, en amortissant par exemple le coût de certains décors. Un mini-série ne pourra jamais atteindre cet objectif. Cela suppose de choisir des séries dont les concepts sont susceptibles de durer. Il faut aussi s’entourer de talents et de techniciens qui sont prêts à s’engager sur plusieurs saisons.

Siritz.com : Donc vous réfléchissez avec l’auteur, dès le départ, aux saisons suivantes ?

ED : Bien entendu. C’est ce que l’on a fait tout de suite pour « Un village français ». C’est une manière de penser l’équilibre économico artistique de la série.

Siritz.com : Vous avez déjà commencé à écrire la deuxième saison de Paris Police ?

La saison 2 sera « Paris Police 1905 »

MD : Bien sûr.

Siritz.com : Sur la deuxième saison ce sont les mêmes scénaristes ?

ED : « Paris Police 1905 » sera écrite par Fabien Nury et Xavier Dorison, avec qui Fabien avait écrit « Les brigades du tigre ».

Siritz.com : A ce stade vous savez déjà qui seront les réalisateurs ?

ED : En principe la même équipe que la saison 1. On a constitué une famille artistique autour de la saison 1 alors que l’on ne se connaissait pas les uns les autres. Comme pour « Un village français ».

Siritz.com : Combien de temps a duré le tournage des 8 épisodes ?

ED : Plus d’une centaine de jours de tournage. Des journées de 9 heures. On était entre 14 et 15 jours par épisode, ce qui est énorme.

Siritz.com : L’audience sur Canal doit être élevée.

ED : Les retours des abonnés sont à un très haut niveau.

Siritz.com : Maintenant parlons de votre carrière. Vous avez fait l’ESSEC, puis la FEMIS. C’est une bifurcation étonnante.

J’ai découvert que producteur était un métier

ED : Quand j’étais à l’ESSEC je me suis très vite rendu compte qu’il était hors de question que je travaille dans le consulting, l’audit ou la finance qui étaient les débouchés naturels. J’étais attiré par les métiers culturels et je cherchais ma voie. En fait je me demandais comment je pourrais être utile ! Au départ, je voulais plutôt travailler dans l’édition. A l’école j’étais copain avec Jérôme Barthélémy qui était dans la promo au-dessus de moi et qui, alors qu’il était à l’ESSEC a présenté la FEMIS, dans la section production. J’ai alors découvert que producteur était un métier qui s’apprenait et pas seulement un truc d’héritier. https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Daucé

Siritz.com : Vous étiez cinéphile ?

ED : Venant de province je connaissais le cinéma par Arte et le vidéoclub de mon village. Mais vers la fin de l’ESSEC, quand j’ai préparé la FEMIS (j’avais quand même pas mal de temps !), je suis devenu un rat de cinémathèque. Et j’ai trouvé des stages à la régie sur des tournages pour voir de l’intérieur comment ça fonctionnait. Et dès que j’ai mis les pieds sur un plateau de cinéma cela m’a plu, j’avais juste peur de me faire éjecter.

L’idée du réalisateur roi ne m’allait pas

Siritz.Com : Comment vous êtes passé de diplômé de la FEMIS à responsable de la fiction de Tetra Media ? C’est un bâton de maréchal.

ED : Quand j’étais à la FEMIS je travaillais aux Films Pélléas. Comme stagiaire.  Mais je me suis rendu compte que le monde du cinéma et, notamment du cinéma d’auteur, n’étais pas mon monde. L’idée du réalisateur roi ne m’allait pas. Je voyais bien que leur rapport au texte était secondaire par rapport au rapport avec l’image. Or moi, j’avais un rapport au texte très fort et l’envie de marier succès public avec fiction politique. Et je voyais ça dans les séries HBO de l’époque comme « Les Sopranos ».

Siritz.com : Vous avez découvert ça pendant que vous étiez à la FEMIS ?

ED : Oui. Je me suis dit que je voulais être producteur de séries. J’ai fait mon mémoire de sortie de la FEMIS sur la production de séries en France dans lequel j’expliquais comment donner de la valeur aux séries. Marc Nicolas qui dirigeait l’école à l’époque m’avait dit que ce n’était pas un mémoire mais une déclaration d’intention. Il fallait faire des séries longues. Il fallait faire des séries d’auteur. Mais au lieu de les centrer sur un réalisateur, il fallait les centrer sur un scénariste. Au fond, depuis tout ce temps je radote. En tout cas c’est toujours ma politique aujourd’hui. Mais on voit dans le compte facebook « Paroles de scénaristes » que cette idée a beaucoup de mal à faire son chemin.

Siritz.com : Et comment avez-vous fait ?

ED : j’ai pris les droits d’un roman « Peau de lapin » et avec un camarade de la FEMIS, Sébastien Mounier (devenu depuis un scénariste à succès de séries) nous avons écrit une adaptation en série, le pilote dialogué et les arches.

Siritz.com : Donc vous vouliez devenir scénariste.

Cela a beaucoup surpris Philippe Martin que je choisisse les séries plutôt que le cinéma

ED : Non. Mais c’était comme être stagiaire régie sur des productions. C’était le meilleur moyen pour comprendre ce que c’était qu’écrire un scénario de série. On l’a présenté à la Fondation Hachette. Et on a gagné le prix du meilleur scénariste. A cette époque j’ai rencontré Jean-François Boyer qui dirigeait Telfrance. Je lui ai dit que j’aimerais le rejoindre. Cela a beaucoup surpris Philippe Martin, le producteur des Films Pélléas, qui produisait (et produit encore) d’excellents films d’auteurs – dont ceux de Pierre Salvadori par exemple.

Siritz.com : Et Jean-François vous a engagé.

ED : Oui. Et j’ai bien fait de le suivre. A cette époque, toutes les séries françaises étaient faites pour un public de plus de 40 ans. J’avais 27 ans et elles n’étaient pas faites pour moi. J’ai commencé à travailler sur le feuilleton « Plus belle la vie ». Il y avait eu un appel d’offres. J’avais travaillé sur les premiers textes de réponse à l’appel d’offre, avant d’être éjecté du projet une fois qu’il a été mis en production. L’audience s’est effondrée. Olivier Sulzynger a été engagé pour rebâtir « Plus belle la vie » et il m’a repris. Et là je me suis rendu compte que, même pour la fiction la plus industrielle qui soit, c’est parce qu’un auteur s’était emparé du feuilleton que les audiences avaient décollé. Le travail de production à Marseille était très impressionnant, mais jusqu’à l’arrivée de cet auteur cela ne marchait pas. Et c’est pendant un des ateliers d’écriture de « Plus Belle La Vie » que j’ai commencé à penser à un « Un village français ».

Siritz.com : Et comment ce projet est devenu une réalité ?

J’ai parlé à Jean-François Boyer de mon projet  de « Un village français »

Jean-François Boyer est un entrepreneur

ED : Jean-François Boyer a quitté Telfrance pour reprendre Tetra Media. On a déjeuné ensemble parce qu’il cherchait à constituer son équipe de fiction. Je lui ai parlé de mon projet. Et je lui ai suggéré d’en confier l’écriture Frédéric Krivine que je ne connaissais pas personnellement, mais j’avais eu la chance de lire les scénarios d’une mini-série (Nom de code DP) que j’avais trouvé remarquables. Et il fallait lui proposer d’être producteur associé. Une sorte de showrunner en fait. La série pouvait s’étendre sur plusieurs saisons et s’exporter. C’était en décembre 2004 et en janvier 2005 j’arrivais à Tetra Media comme producteur. Il n’y avait que 4 personnes.

Siritz.com : Jean François vous a confié une grosse responsabilité.

ED : Dans les grosses sociétés comme Telfrance il y a beaucoup de monde. Les jeunes producteurs travaillent sous la coupe de producteurs établis. Jean François est un entrepreneur. Il démarrait. On était 4. Il m’a donné les clefs du camion. Je n’avais pas un salaire très élevé, mais cela ne me posait pas de problème parce que je n’avais pas d’enfants : je voulais d’abord produire des séries ! Aujourd’hui je travaille avec de jeunes producteurs (Antoine Szymalka, Alexandre Boyer et Léa Gabrié qui va nous rejoindre bientôt) et, en aucun cas je leur dis qu’ils sont à mon service. Ils doivent mener à bien leurs projets.

Siritz.com : La première série diffusée a été « La commune », écrite par Abdel Raouf Dafri. C’est une excellente série qui se passe dans un quartier où s’affrontent deux clans de maghrébins, les religieux et les gangsters, dirigés par deux anciens amis d’enfance. Vous êtes le premier à avoir fait confiance à ce scénariste mais ce projet n’a été accepté par Canal+ que quand Jacques Audiard a décidé de tourner pour le cinéma son scénario « Un Prophète ». Cela prouve à quel point à cette époque le scénariste, même pour les séries, n’était pas reconnu. Abdel a expliqué pourquoi sa série s’est retrouvée à l’antenne si vite. https://siritz.com/le-carrefour/ard-prophete-du-scenario/. Après il y a eu « Un village français ».

En 2005 les chaînes ont pris conscience de leur retard dans le 52’

ED : En 2005 les chaînes ont commencé à prendre conscience de leur retard dans les séries de 52’. Il y avait eu « PJ », « Avocats et Associés », et leurs petites sœurs, les séries policières du vendredi sur France 2, « Clara Sheller » sur la case du mercredi et « Police district » sur M6. France 3 avait lancé un appel d’offre sur des 52’, qu’ils voulaient « identitaires de France 3 ». Je me disais qu’il ne fallait pas proposer de série policière et que ce ne soit pas parisien. Et l’Occupation était un genre qui marchait toujours en France. « La grande vadrouille » est un des plus grands succès de l’histoire du cinéma français. Et c’était un genre spécifiquement français qui pouvait favoriser l’exportation.

L’Occupation c’est un genre qui marche toujours en France

Siritz.com : Quelle a été la réaction de France 3 ?

ED : Anne Holmès a été la première à lire le projet et elle était enthousiaste. Et je me disais que France 3 pourrait élargir son public au-delà de son public âgé, parce que, comme dans les séries de HBO, les personnages ne seraient pas manichéens.

Siritz.com : Mais c’était une série chère.

ED : Non. Pas beaucoup plus chère que leurs fictions unitaires. Le décor, la campagne française n’a pas changée entre 40 et aujourd’hui. La première saison on a fait zéro marge. C’était vraiment un investissement, un pari sur l’avenir de Jean-François Boyer. On était des outsiders, personne ne nous attendait et il fallait penser différemment.

Siritz.com : A partir de « Un village français » vous êtes devenu un producteur reconnu et établi.

Il n’y en a pas beaucoup en France qui ont la capacité dêtre showrunner

ED : Oui. Maintenant il y a la holding Tetra media studio, qui a des filiales, dont Tetra Media fiction. Chaque filiale est dirigée par un producteur associé. La notion de coproduction est dans notre ADN. Depuis 3 ans maintenant, ITV est entré dans le capital de Tetra media Studio, ce qui nous permet de nous appuyer sur le réseau des producteurs d’ITV (dont ITV Studio America qui produit la série « Snowpiercer » pour Netflix aux Etats Unis ou Cattleya en Italie, le producteur de « Gomorra ») pour des coproductions internationales.

Siritz.com : Aujourd’hui les chaînes cherchent toutes à commander des séries. Mais une série doit avoir un showrunner qui écrit et réalise. Il y en a beaucoup en France qui ont cette capacité ?

ED : Non. C’est un des problèmes que l’on rencontre aujourd’hui pour faire plus de séries de meilleure qualité. Cette fonction demande beaucoup d’’expérience et de compétence, il ne peut pas y avoir une génération spontanée de showrunner. Aujourd’hui, beaucoup de scénaristes français, dont plusieurs anciens du département Séries de la Fémis que j’ai eu la chance d’accompagner durant plusieurs années avec Franck Philippon, sont en train d’apprendre ce métier…

Siritz.com :  Vous avez déjà fait une série pour Netflix.

ED : Oui, « Vampires ». C’est une série qui a été produite par Antoine Szymalka. Elle a malheureusement été diffusée dans un grand anonymat. C’était la première semaine du confinement en mars et toute la communication de Netflix est tombée à l’eau. Il n’y aura pas des saison 2. On est en discussion avec eux sur d’autres projets.

Siritz.com : Travailler avec Netflix c’est différent par rapport aux chaînes françaises.

Lorsqu’il commence à douter de l’auteur, le premier responsable c’est le producteur

ED : Les différences tiennent avant tout aux personnes. Chez Netflix en un an elles dont déjà changé. Au début il fallait produire très très vite. Maintenant ils prennent plus leur temps. Quand un projet correspond à la ligne éditoriale d’une chaîne, en général ça se passe bien. Quand elle intervient beaucoup c’est que le projet a été choisi pour de mauvaises raisons, quand on découvre que la vision que nous avons du projet n’est en fait pas partagée. Même chose quand un producteur intervient trop sur un texte. Lorsqu’il commence à douter de l’auteur, le premier responsable c’est le producteur. Cela veut dire qu’il s’est trompé en décidant de travailler avec cet auteur sur ce projet. Une difficulté de beaucoup de séries, c’est qu’elles reposent sur un empilement de talents et de visions et non pas sur la vision d’un scénariste-auteur accompagné par le producteur et le diffuseur.

Siritz.com : C’est aussi le problème sur le  cinéma. Les chaînes qui sont un financier déterminant, consciemment ou inconsciemment, visent le Une des magazines de télé ou de grands articles. Il faut des stars. Le scénario passe après.

 

 

THOMAS LILTI SCÉNARISTE ET RÉALISATEUR À SUCCÈS

Canal+ a diffusé dimanche 21 « Première année » sorti en salle le 12 septembre 2018. https://fr.wikipedia.org/wiki/Première_Année

 

C’est une comédie dramatique écrite et réalisée par Thomas Lilti dont c’est le 4ème film . https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Lilti

Thomas Lilti a fait des études de médecine pendant lesquelles il a réalisé trois courts métrages. Il a ensuite écrit des scénarios pour le cinéma et des séries (comme «Cœur océan » diffusée par France 2).

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

« Première année » a été produit par Emmanuel Barraux (Les films du Parc et 31 juin Films) pour un budget initial de 6,15 millions €. C’est Le Pacte qui l’a distribué.

Pour la préparation 39 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur a été de 125 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020.https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/.

Mais il a reçu en plus 225 000 € pour le sujet et le scénario.

Le film a rassemblé plus d’un million de spectateurs.

Son précédent film était « Médecin de campagne », sorti en salle le 23 mars 2016. Il avait le même producteur et le même distributeur. Son budget initial était de 5,3 millions €.

Pour la préparation, 43 jours de tournage et la post-production sa rémunération était de 120 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il avait coécrit le scénario avec Baya Kasmi et ils s’étaient partagés 100 000 €.

Ce film avait rassemblé 1 5120 000 spectateurs.

le comédien Vincent Lacoste est l’interprèterez principal de ses films.

Son film « Hippocrate », sorti en salle en 2014 avait rassemblé 914 000 spectateurs. Il en a créé une série du même nom, qu’il a réalisée et dont il a co-écrit le scénario avec trois autres scénaristes. Elle était produite par Emmanuel Barraux et diffusée par Canal+

Le film

La série

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

 

 

 

 

LES SÉRIES,  Y ONT ÉCHAPPÉ COMME LE THÉÂTRE ET L’OPÉRA

Ainsi que  l’ont brillamment démontré dans Siritz.com aussi bien Abdel Rafrou Dafri (https://siritz.com/le-carrefour/ard-prophete-du-scenario/ ) qu’un scénariste anonyme (https://siritz.com/le-carrefour/un-scenariste-met-les-pieds-dans-le-plat/), le cinéma français est victime du mythe de l’auteur-réalisateur. Un mythe sur lequel est fondé tout notre système de soutien..

Car, un film de fiction, comme une série, c’est d’abord une bonne histoire. Le réalisateur l’enrichit à l’occasion de sa mise en image, ce qui suppose qu’il sache choisir ses collaborateurs techniques de création : notamment le directeur de la photo (https://siritz.com/le-carrefour/remy-chevrin-notre-cinema-manque-dambition-visuelle/ le chef décorateur (https://siritz.com/le-carrefour/alice-bonetto-decoratrice-de-film/), le créateur des costumes

(https://siritz.com/le-carrefour/lapparence-revele-beaucoup-sur-les-personnages/ ). Il l’est aussi par son casting et sa direction d’acteurs. Il l’est enfin par son montage. Et la bande musicale est souvent aussi importante que la mise en image.

Mais, sans bon scénario il n’y a pas de bon film. Or, en France, les réalisateurs qui sont aussi de bons scénaristes se comptent sur les doigts d’une main. Ce mythe du réalisateur-auteur, inventé par la Nouvelle vague, ne se retrouve d’ailleurs que dans le cinéma. Personne n’oserait affirmer qu’un bon opéra commence par un bon metteur en scène et que le compositeur-Mozart, Wagner ou Verdi-est secondaire. Bien entendu, certaines mises en scène enrichissent considérablement des opéras. https://www.opera-online.com/fr/columns/manu34000/jean-liermier-met-en-scene-un-cosi-fan-tutte-ingenieux-mais-amer-a-lopera-de-lausanne . Il en est de même en ce qui concerne les pièces de théâtre. Mais, dans le cinéma, les réalisateurs sont, par nature, des Léonard de Vinci dotés de tous les talents.

Il est significatif que le scénario de «Un prophète», écrit par Abdel Raouf Dafri, et qui est un chef d’œuvre, n’a attiré l’attention de la profession sur le talent de celui-ci qu’à partir du moment où un grand réalisateur, Jacques Audiard, a décidé de le tourner. Ce n’est qu’alors que son projet de série, qu’il avait écrit avant, a soudain été pris en considération par un diffuseur.

Les producteurs de cinéma, et il y en a évidemment de talents, sont incités par tout notre système de soutien â produire beaucoup de films, mais pas forcément des films pour être vus. D’où 200 à 250 films par an, mais seulement de 35 à 40% de part de marché national et 10% de chiffre d’affaires à l’exportation. Et, pour parvenir à produire plus de 200 films par an, le mythe du réalisateur-auteur est commode parce que ce serait beaucoup plus difficile s’il fallait 200 bons scénarios.

Le pire c’est que ce mythe est un véritable boulet pour les réalisateurs. Un réalisateur de talent enrichit considérablement un scénario et deux réalisateurs de talents peuvent faire des films très différents à partir du même scénario. Mais, en France, on demande au réalisateur de courir à la fois le sprint et le marathon. Il a peu de chance d’être bon dans les deux disciplines.

Pour la série, l’approche est heureusement différente et le ou les scénaristes sont à l’origine de tout. Certes, notre système de soutien des séries est beaucoup moins généreux que pour le cinéma et ne permet que de financer des budgets de 800 000 à un million d’euros l’heure. Mais les diffuseurs ont besoin de programmes qui plaisent au public pour générer de la publicité ou des abonnements. Et, de plus en plus souvent, pour sortir de ce carcan et financer des budgets de 2 millions € l’heure, ils doivent viser l’exportation.

Mais la situation évolue. Jusqu’à présent les jeunes qui voulaient faire du cinéma voulaient surtout être réalisateurs. C’était le graal. Aujourd’hui ils découvrent des séries de grande qualité, américaines mais aussi françaises. Et un nombre croissant d’entre eux comprend qu’être scénariste est peut-être plus épanouissant. Et la FEMIS, à la différence de l’IDHEC, assure la formation de scénaristes et de producteurs, pas uniquement de réalisateurs.

POUR LA RÉALISATION DE SES DERNIERS FILMS

Mercredi 17 février Arte a diffusé « Quand on a 17 ans ». https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Adieu_à_la_nuit

C’est le 21ème  long métrage de fiction d’André Téchniné. https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Téchiné.

A 77 ans il est incontestablement l’un des principaux réalisateurs du cinéma d’ auteur  français,  collectionnant  les récompenses et les succès. Il est reconnu comme un remarquable directeur d’acteur et ses films se veulent d’un romantisme flamboyant et violemment anti-naturalistes.

En 1995 « Les roseaux sauvages » ont obtenu le César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario ainsi que le prix Delluc.

« Quand on a 17 ans » avait été produit par Marc Missonnier (Fidélité films) et distribué par Wild Bunch en France et à l’étranger. Wild bunch était également coproducteur. Il était sorti en salle  le 30 mars 2017 et avait rassemblé    240 000 spectateurs. C’est France 2 qui l’avait co-produit. C’est donc une rediffusion. Son budget est de 5,3 millions €. Pour la préparation, 44 jours de tournage et la post-production la rémunération d’André Téchiné était de          144 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.  Il avait co-écrit le scénario avec Céline Sciamma et ils s’étaient partagés 414 000 €.

Le film suivant d’André Téchiné est « Nos années folles », sorti en salle le 13 septembre 2017. Il était produit et distribué par ARP Sélection (Michel Halberstaedt et Laurent Pétin). Son budget était de 6,5 millions €.

https://www.google.com/?client=safari&channel=ipad_bm

Pour la préparation, 37 jours de tournage et la post-production la rémunération d’André Téchniné est la même que pour son film précédent. Il avait co-écrit le scénario avec Cédric Anger et ils s’étaient partagés 451 000 €. Le film avait rassemblé 142 0000 spectateurs.

Le dernier long métrage d’André Téchiné sorti en salle est « L’Adieu à la nuit » dont nous avons déjà parlé.

https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-du-realisateur-andre-techine/

Sa rémunération était de 120 000 €, soit légèrement moins que pour les deux films précédents. Il avait co-écrit le scénario et, là encore, la rémunération était en baisse puisqu’elle n’était que de 260 000 €.

 

Siritz.com : Comment êtes-vous venu au cinéma, vous n’avez même pas votre certificat d’études et, d’après ce que vous m’avez dit, vos parents étaient analphabètes ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdel_Raouf_Dafri

Abdel Raouf Dafri :  Je n’ai pas fait d’études parce que je ne supportais pas la discipline de l’école, mais j’ai beaucoup lu.

Siritz.com : Mais comment êtes vous devenu scénariste de cinéma ? Et d’emblée l’un des plus grands.

ARD : En fait, ça s’est fait par le plus grand des hasards. J’habitais à Lille, une ville très socialiste, et, en 1981, les militants socialistes faisaient du porte-à-porte dans les cités. Et puis, ils faisaient des réunions où il y avait des jeunes, du café chaud. Sans adhérer j’y allais. Et c’est là que j’ai appris que, si Mitterrand était élu, il créerait les radios libres. Et les radios libres se sont ouvertes. On venait avec ses disques que l’on passait et on disait ce que l’on voulait dans le micro. Je suis devenu animateur radio et disc-jockey en boîte de nuit. J’ai fait ce métier pendant 10 ans, même à la télé. Et quand la radio est devenue professionnelle, il fallait synthétiser ses 25 secondes de présentation d’un disque, donc l’écrire. J’ai découvert aussi ce que c’était de faire l’interview et le montage d’un reportage. Et, un jour, je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup le cinéma. Surtout le cinéma américain. J’adorais les gens comme Richard Brooks.

Siritz.com : Vous vouliez alors faire du cinéma ?

ARD : Non. Mais je lisais beaucoup de livres sur le cinéma. Je m’intéressais au « process ». Et je me suis intéressé naturellement à des scénaristes. Pour moi, au sommet il y avait Oliver Stone. Et je m’intéressais plus à un cinéma de genre qu’à un cinéma dit d’auteur. Même s’il y a des choses que j’aime chez Jean-Luc Godard. Truffaut m’a parlé avec « Les 400 coups » et « L’enfant sauvage ». Après il ne m’a pas dit grand-chose. En fait, je ressentais profondément le cinéma américain. En tout cas, à 27 ans je me suis demandé ce que j’allais faire. Je n’avais plus envie d’être animateur. Et j’ai découvert, dans un livre de Patrick Brion, que Richard Brooks avait démarré comme scénariste. L’écriture m’a semblé un job formidable.

A cette époque, en France, personne ne voulait être scénariste

Siritz.com : C’était quand ?

ARD : En 1993. A cette époque, en France, personne ne voulait être scénariste. Tout le monde voulait être réalisateur. Et je voulais être scénariste de série télé. J’avais vécu avec « Belphégor », « La 4ème dimension », « Les incorruptibles ». Je trouvais que le feuilletonnant permettait de creuser les personnages. Et HBO, la chaîne américaine du cinéma, a commencé à se lancer à son tout dans les séries.

Siritz.com : Et vous avez commencé à écrire des séries ?

ARD : Il y a deux personnes qui ont cru en moi très vite. D’abord, Martin Brossolet, de la boite de production Protécréa. Et il y a un autre monsieur qui m’a appelé, c’est Nicolas Boukhrief, qui dirigeait Canal+ écriture dans les années 90, avec Richard Grandpierre, qui deviendra producteur par la suite.

Siritz.com : Vous avez travaillé pour Protécréa ?

ARD : Moi, je pouvais écrire un épisode du « Commissaire Moulin » parce qu’il se comporte comme un vrai flic. Pour lui la fin justifie les moyens et il peut se comporter comme un fasciste. Je ne pouvais écrire un épisode de « Navarro » ou des « Cordier » parce que ça n’est pas réaliste. Dans les années 90 j’ai écrit donc le synopsis, puis le scénario d’un épisode de Moulin. Mais, avant qu’il ne soit tourné, ce que j’avais écrit s’est passé exactement de la même façon dans la réalité. A tel point qu’on ne pouvait le tourner.

Siritz.com : Vous avez écrit d’autres choses ?

ARD :Je leur avais envoyé autre chose, qui était plutôt dans le genre du romancier américain Elmore Léonard. https://fr.wikipedia.org/wiki/Elmore_Leonard Parce que Tarantino a tout pris à Léonard. On ne le dit jamais assez. J’avais écrit une histoire de 10 truands par équipe de deux qui doivent retrouver Leila, la maitresse d’un mafieux, à qui elle a volé tout son pognon et des papiers compromettant. Mais, parmi les 10, l’un est l’amant de Leila. Donc, il participe à la poursuite pour essayer de la sauver. Et chaque binôme est assez antinomique et les dialogues sont assez drôles. Ça s’appelait « GangBang ». Mais Boukhrief m’a dit que ça n’était pas le moment pour monter un film de genre.

Siritz.com : Donc deux impasses.

ARD : Oui. Alors je suis revenu dans le nord et je suis retourné à la communication d’entreprise. J’ai écrit un court métrage. Un ami l’a réalisé et ça été produit par une boîte lilloise. C’est un huis clos sur un tueur en série. Il y avait déjà de bonnes bases, mais trop de dialogue. On s’est bien marré. Et puis après j’ai continué à écrire.

Siritz.com : Mais comment avez-vous vraiment démarré ?

ARD : J’ai écrit le projet d’une série. Elle se passait dans un quartier :  deux amis d’enfance, des maghrébins d’origine, dirigent deux camps opposés. L’un, les truands, l’autre, les religieux.

Un projet de série refusé par plusieurs producteurs et quatre fois par Canal+

Siritz.com : Tout à fait d’actualité.

ARD : Mais pas à l’époque. Il a été refusé par plusieurs producteurs. Et, même, quatre fois par Canal+. Ils trouvaient que c’était un sujet dur, violent. Et puis en 2001 Martin Brossolet m’a envoyé une carte de vœux pour le nouvel an et m’a dit d’appeler le nouveau responsable de Canal+ écriture, François Cognard. Il venait de Starfix et moi je lis Starfix. Je le rencontre. Mais lui il veut orienter les films de Canal vers le dialogue, du film de genre à l’italienne. Ça n’était pas ma came. Je suis trop américain. Les grands polars américains disent tous des choses sur leur société à travers une fiction totale. John Ford a été le premier réalisateur américain à parler du racisme à travers « Le Sergent Noir ». Dans « La prisonnière du désert » John Wayne est un personnage épouvantable vis-à-vis des indiens. Mais, grâce à Canal+ j’ai rencontré Marco Cherqui, le producteur de La Compagnie des Phares et Balises. Et il m’a dit qu’il voulait faire du cinéma de genre et que, si je lui amenai une super histoire, il signait. Et un jour je lui amène « Un prophète ». A cette époque j’étais au RMI.

Siritz.com : Mais comment avez-vous écrit cette histoire ?

Un de mes films fondateurs a été « Dans la chaleur de la nuit »

ARD : Je lis énormément de livres, j’adore m’instruire.  Je suis d’origine algérienne, né en France. Mais vous m’entendez, je n’ai pas d’accent. A la télé quand j’entends parler des français d’origine maghrébine ils ont l’accent d’émigrés arrivés récemment en France. Une caricature qui n’a rien de vrai. Les maghrébins d’origine, nés en France, parlent comme les français des endroits où ils habitent. Cette représentation des maghrébins nés en France me mettait la rage. Même chose pour les noirs nés en France. A cette époque, je regardais beaucoup la télé et un de mes films fondateurs a été « Dans la chaleur de la nuit », de Norman Jewinson, avec Sidney Poitier. Et j’en avais marre de voir des films avec des arabes dominés par les blancs qui leur montrent la direction. Mais je ne voulais pas faire un film communautariste, parce que je ne suis pas communautariste. Je voulais faire un film dans lequel l’arabe ne se voit pas comme arabe, mais tous les autres, les arabes comme les corses, le voient comme tel.  Et l’acte fondateur c’est qu’il est un arabe au service des corses. Et là il a la paix. Relative, puisqu’il est esclave.

Siritz.com : Mais il évolue.

ARD : Oui parce qu’il lit et il commence à comprendre quelle est sa place. Et son cerveau évolue, mais les autres ne le voit pas. Et lui il sait qu’ils ne le voient pas. Il va donc pouvoir commencer à monter son propre plan. Il encaisse, encaisse. Et, le moment venu, il prend le pouvoir.

Siritz.com :  Vous avez enquêté sur le monde la prison, sur les truands ? C’est si réaliste.

ARD : Tous mes potes dans le nord ont fait de la prison. Je connais parce qu’ils racontent.

Pas un producteur ne signe pas avec un scénariste ans avoir un réalisateur

Siritz.com : Par quelles étapes êtes-vous passé ?

ARD : D’abord j’ai travaillé pendant trois ans sur le scénario. Puis je raconte l’histoire pendant trois heures à Marco Cherqui, le producteur de Phares et Balises. Il me dit que ça sort beaucoup des clous. Mais j’ai une chance inouïe c’est que Canal+ veut le faire.  J’écris donc un traitement de 40 pages, comme une grosse nouvelle à l’américaine. Marco Cherqui  le lit et me dit qu’on va entrer en développement. Et, à cette époque il n’y a pas un producteur qui signe avec un scénariste sans avoir un réalisateur. C’est le problème en France. On fait tellement confiance au réalisateur que le scénario peut être pourri, on monte le film quand même. Aux États-Unis c’est le scénario qui prime. Et, en France, ils ne savent pas lire.

Siritz.com : Pas tous.

ARD : Je vais vous donner un exemple très concret qui m’a été raconté par Nicolas Boukhrief. Un américain était venu le voir quand il était à Canal, avec un scénario. Il l’a lu et en est tombé amoureux. Il a dit : il faut absolument le faire en France, ça va être énorme. Il l’a envoyé à tous les plus gros producteurs de la place de Paris.  Ils l’ont fait passer en comité de lecture. Les notes de lecture sont remontées à Nicolas. Et elles disaient toutes « on ne comprend rien, on ne sait pas qui fait quoi, qui est qui ». Un des lecteurs a même dit « il faudrait mettre les scènes dans l’ordre ».  Boukhrief a rappelé le scénariste et lui a rendu compte des remarques. Le scénariste est parti proposer son scénario aux États-Unis. C’est « The Usual Suspects » ! Cette histoire m’a marqué. Voilà comment les scénarios sont lus dans nos principales boîtes de production.

Siritz.com : Donc revenons à « Un prophète ». Vous en êtes au traitement.

ARD : Oui. A cette époque j’étais très en colère et la colère n’est pas bonne conseillère. Et j’avais fait connaissance, grâce à Canal, de Nicolas Pefailly. Lui, il allait canaliser mon jeu. On a travaillé en binôme : j’écrivais 30 pages, je lui envoyais, il réagissait pendant que je continuais à avancer. On se faisait une réunion sur les 30 pages et ainsi de suite.

Jacques Audiard veut réaliser « Un Prophète »

A l’époque, la femme de Marco déjeune avec Jacques Audiard. Elle lui parle de mon traitement et Jacques demande à lire. Il propose d’être conseiller. Nous on avait déjà lancé l’écriture de la V1. Puis Jacques lit la V1. Puis on lui envoie la V2. Et là il dit : « Je veux réaliser ce projet ». On se rencontre. Et lui il n’a jamais vu d’arabe : c’est le fils de Michel Audiard. Il était surpris de la violence. Je lui dis que c’est comme ça en prison. Et qu’il devait prendre pour les rôles de vrais arabes, avec des gueules d’arabe. Et les trois quarts des mecs qu’on a pris ont un casier judiciaire. Les acteurs du film ont vécu ce que leurs personnages qu’ils interprètes ont vécu. Et ils ont conseillé Jacques. Le seul qui n’est pas de ce monde, c’est le premier rôle, Tahar Rahim, qui n’a jamais fait de prison. Il avait été remarqué dans ma série « La Commune ».

Grand prix du jury à Cannes, Prix Delluc, 9 Césars, 1,35 millions d’entrées

Puis Jacques a travaillé avec un scénariste, Thomas Bidegain, pour l’adapter le scénario à son style. Parce qu’il a une forte personnalité et veut à tout prix que ce soit du Jacques Audiard. Mais là, il est face à un scénario original. Un bouquin, on peut le violer. Kubrick l’a fait plusieurs fois. Mais sur un scénario original, c’est plus compliqué parce que j’ai une écriture très verrouillée. Par exemple, il était très embêté par la scène où le type sort une lame de rasoir de sa bouche pour en égorger un autre.  Je lui ai dit : s’il n’y a pas cette scène, on trouvera un autre réalisateur. Et si on ne s’était pas entendu là-dessus mon plan B c’était Michael Cimino. Il aurait sans doute dit oui parce qu’il n’arrivait plus à tourner à Hollywood. https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_prophète

Siritz.com : Mais « Un Prophète » n’est pas du tout le premier de vos scénarios qui a été tourné. Il y a d’abord eu votre série « La Commune ».

ARD : Les choses se sont débloquées avec la rencontre d’Emmanuel Daucé et de Jean-François Boyer, de Tetra Média Ils étaient emballés et voulaient absolument la faire. Et puis, le bruit a commencé à courir que l’inconnu qui avait écrit ce scénario en avait écrit un autre, un long métrage qui allait être tourné par Jacques Audiard. Ça changeait tout. Et Canal a appelé Emmanuel Daucé et lui a dit qu’ils aimaient mon projet de série et qu’ils en avaient une autre qui était retardée. Ils lui ont demandé si j’étais capable d’écrire tous les épisodes de la mienne dans un délai très court pour être à l’antenne en remplacement. Emmanuel m’a demandé si je m’en sentais capable. Je lui ai dit que je n’avais pas le choix. Et le projet s’est monté très vite. Fabrice de la Patellière, le responsable de la fiction de Canal+, a été formidable. Parce que, personnellement, il avait de gros problèmes avec la violence. C’est pourquoi il privilégie des sujets psychologiques, comme « Le bureau des légendes ». Mais, à partir du moment où Canal dit oui, ils suivent. Le développement s’est bien passé. Donc Canal a diffusé les 8 épisodes de « La Commune ». https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Commune_(série_télévisée)

Siritz.com : Comment cela a marché ?

ARD : Pas bien. Et, moi j’ai la conception américaine : on ne continue que si ça marche.

Siritz.com : Donc, « La Commune » a été votre premier scénario à être produit et diffusé. Mais, cela a été possible parce que vous aviez écrit le scénario d’un long métrage, « Un Prophète » que Jacques Audiard allait réaliser. Et, avant que « Un Prophète » ne soit réalisé, vous avez écrit le scénario de deux autres longs métrages à succès.

ARD : Cherqui distribuait le scénario de « Un Prophète » comme des petits pains. Tout le monde le lisait parce qu’ils voyaient Jacques Audiard en couverture. Or, un jour, je lis dans un article qu’un agent important, Samuelson, s’est fait casser la gueule par un producteur, Thomas Langmann. Ma réaction ça été de me dire que ce producteur était un passionné et j’ai demandé à Cherqui de me le présenter. Et il me dit que ça tombait bien, parce que lui aussi voulait me rencontrer, après avoir lu « Un prophète ».

Siritz.com : Vous le rencontrez et il vous propose « Mesrine » ?

Moi je voyais Mesrine comme un salon, pas un héros

ARD : Oui. Mais moi je cherche à caser mes propres histoires. Mesrine cela ne me tentait pas trop. Et puis il me parle de l’acteur auquel il pensait. Et je lui dis « non, je ne travaille pas avec ce monsieur. Je n’ai rien contre lui, mais je ne vais pas voir ses films. Alors je ne vais pas faire un film avec lui. » Et il me demande pour qui j’aimerais écrire ? Je réponds : Vincent Cassel.  Ça ne lui allait pas. En plus il m’avait fait lire les scénarios qui avaient été écrits jusque-là. Ils étaient très mauvais et je lui ai dit que j’avais peut-être une vision différente de la sienne.

Siritz.com : Mais s’il venait vous voir c’est que lui aussi les trouvait mauvais.

ARD :  En tout cas, je lui explique que moi je voyais Mesrine comme un salop qui s’est fabriqué un personnage, mais qui allait jusqu’u bout de sa folie et qui était un mec très dangereux. Lui, le voyait comme un héros. Je lui réponds : non. Moi je vois Nelson Mandela comme un héros, ou Martin Luther King ou Ghandi. Pas Mesrine. J’ai lu son livre « L’instinct de mort ». Il n’aime pas les arabes qu’il traite de bougnoules. Si je traite de Mesrine, je parle de l’homme, je ne fais pas de la Mesrinemanie. Thomas était embêté, mais il tenait à son projet. Et, au fonds de lui, il pensait encore me faire changer d’avis.

Siritz.com : Et qu’est-ce qui a fait avancer ce projet ?

ARD : Un jour il me dit que, pour la réalisation, il pensait à Jean-François Richet. Je lui ai dit : super, on est au moins d’accord sur un point ! Et Richet avait le même point de vue que moi sur le personnage. Puis, on a été voir Vincent Cassel et j’ai exposé ma vision. Et Cassel a dit génial. Tous les trois on a été voir Thomas qu’on a convaincu et je suis parti en écriture. Et j’ai lu deux tonnes de documentation. J’ai interviewé la première compagne de Mesrine jouée par Cécile de France. Et j’ai vu Charlie Bauer un militant d’extrême gauche, ami de Mesrine, qui a fait 25 ans de prison.

Richet c’est la méthode américaine : il n’écrit pas le scénario, il réalise

Siritz.com : Vous avez écrit avec Richet ?

ARD : Non. Lui c’est la méthode américaine. On était d’accord sur le fond et il m’a laissé écrire. Lui s’occupait de la mise en scène. Après il a fallu faire des ajustements, car chacun des deux films sur Mesrine a coûté 20 millions d’euros et il fallait s’adapter au financement disponible. Et 20 millions pour un polar sur Mesrine le métier n’y croyait pas.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Instinct_de_mort_(film)

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ennemi_public_nº_1_(film,_2008)

2 500 000 d’entrées et de nombreux prix

Siritz.com : Mais pour le deuxième film il n’y avait plus de livre d’où partir.

ARD : Il n’y avait que les faits d’armes relatés par la presse et il fallait écrire une vraie histoire. Et là j’ai compris qui était Mesrine, surtout parce que Charlie Bauer m’aidait sur cette partie de sa vie. Et j’avais la possibilité de faire ce que font les américains : mettre de la politique dans un film de genre. L’échange entre Georges Wilson et Vincent Cassel, sur la négociation de la rançon, a bien eu lieu. Et Richet avait une confiance absolue dans mon travail de scénariste.

Siritz.com : Votre scénario a été tourné tel quel.

ARD : Non. Il y avait une scène de braquage de bijouterie à Genève. Quatre minutes de silence absolu, une semaine de tournage. On n’a pas eu le budget. Ça m’a brisé le cœur. Il y a eu une deuxième scène que l’on n’a pu tourner, faute de moyens. Moi, je ne signe rien avant de voir le producteur et que nous sommes d’accord sur ce que je veux faire. On passe un accord à ce moment. Mais quand c’est pour des raisons budgétaires, on s’adapte.

Siritz.com : Et le scénario de « Gibraltar » ?

ARD : C’est une arnaque. Dimitri Rassam est, comme Thomas Langmann, le fils d’un très grand producteur. Ils ont tous les deux hérités d’une fortune. Mais Thomas est un homme formidable, un grand producteur et Dimitri n’a aucun talent et je n’ai aucun respect pour lui. Sur ce film je me suis fait avoir. Et le film n’a pas marché.

Siritz.com : Vous ne voulez qu’être scénariste et pourtant vous avez réalisé un film. Sur la guerre d’Algérie. «Qu’un sang impur », sorti en 2020.

Les français, contrairement aux américains, ont du mal à regarder leur propre merde

ARD : Ça été très compliqué. Moi je ne veux qu’être scénariste. Comme David Mamet ou David Chase. En France, le paysage est pauvre en réalisateurs de qualité. J’ai eu de la chance. J’ai eu Audiard et Richet. J’avais proposé mon film sur la guerre d’Algérie à Jean-François Richet. Mais il voulait travailler sur Lafayette. Et il me suggère de le réaliser moi-même. Moi, j’avoue, la perspective de me lever à 6 heures du matin, de me coucher à minuit, ne m’excite pas. J’en ai parlé au producteur Marc Missonnier qui adhérait au projet tout de suite. Je voulais utiliser le contexte de la guerre d’Algérie pour raconter des choses politiques à travers une fiction totale.

Siritz.com : Vous avez donc découvert la réalisation.

ARD : Oui, en tant que scénariste, je suis un des rares très bien payé, qui peut vire de sa plume. Mais en tant que réalisateur j’ai découvert ce que c’est qu’une équipe technique. Par ailleurs, mon film montre la complexité de cette guerre. Il n’y a pas d’un côté le bon FLN et de l’autre les méchants colons. Mais les journalistes n’ont pas voulu comprendre ce que je disais.

Siritz.com : Et le succès n’a pas été au rendez-vous.

ARD : Les français, contrairement aux américains, ont du mal à regarder leur propre merde. Les américains ont fait des films sur le massacre des indiens, la guerre du Viet-Nam, sur la corruption de leur politique. Nous, en France, on a de vrais problèmes avec ça. Dans « Dans la chaleur de la nuit », Sidney Poitier veut attribuer le meurtre au colon raciste et n’est donc pas si différent des blancs qui veulent faire porter le meurtre à un noir, sans preuve. C’est à partir de ce film que j’ai commencé à m’intéresser à ceux qui écrivent le cinéma, pas à ceux qui le mettent en image. Et que j’ai du mal à accepter le mythe du réalisateur scénariste.

Siritz.com : Mais vous avez découvert la réalisation. Et on n’a eu que 42 salles et pas d’affichage sur Paris. Mon producteur a appelé de grands exploitants pour qu’ils élargissent la sortie et ils lui ont dit que ce film allait attirer une clientèle qu’ils ne voulaient pas voir dans leur salles…

Je travaille sur « Un Prophète », la série

ARD : Oui. « Un Prophète », la série. 10 épisodes de 45 à 50 minutes. L’équipe originelle est de retour : Marco Cherqui, Nicolas Peufaillit. On a récupéré tous les droits. Je tiens à souligner que Phares et Balise sont des producteurs qui respectent les scénaristes

Siritz.com : Vous avez déjà une chaîne ?

ARD : Non. Nous sommes financés par Media Musketeers Studio » dirigée par Sébastien Janin. En fait il est financé par un groupe américain. Nous avons de gros moyens. Ce sera du 2 millions € l’épisode.  J’ai écrit l’arche narrative, la bible et les deux premiers épisodes.

Siritz.com : C’est un arabe qui est le héros ?

ARD : Avant « Un Prophète » les arabes n’existent pas dans le cinéma français. Après « Un Prophète » ils ont fait carrière. On voit avec le Covid qu’il y a des tas de toubibs arabes. Donc un arabe ne peut plus passer inaperçu. Il faut prendre une ethnie qu’on ne voit pas. J’ai choisi un africain, un comorien.

Siritz.com : C’est tout ?

Je vais écrire aussi la série « Madame Claude »

ARD : Non. J’ai signé un projet avec Fabio Conversi (Babe film) et Malika Abdelaoui (Marathon Studio). « Madame Claude ».

Siritz.com : Dans les années 70 il y a déjà eu deux longs métrages sur le sujet.

ARD : Oui. Là c’est une série et il y aura beaucoup de révélations sur la France de l’époque. C’est un personnage extraordinaire. Ce projet intéresse déjà beaucoup les américains.

Siritz.com : Vous travaillez à la fois pour le cinéma et les séries. Comment voyez-vous l’avenir du cinéma ?

ARD : Les plateformes vont avoir des moyens considérables et elles, elles vont privilégier le scénario. Pour que j’aille au cinéma il faudra me proposer James Bond, Top Gun ou Matrix 4. Ce qu’on ne veut pas voir sur un grand écran de télé. Il y a Dune aussi. Mais Warner a promis de le diffuser en même temps sur HBO Max et en salle. Et HBO Max sera France en 2022.

 

https://siritz.com/le-carrefour/un-scenariste-met-les-pieds-dans-le-plat/