La décision de Warner de sortir tous ses films en 2017 aux Etats-Unis, simultanément en salle et sur sa plateforme de S-VoD, HBO Max, rappelle la spécificité du cinéma, c’est-à-dire d’un film dans une salle. En effet, l’économie du cinéma est transparente puisque les performances de chaque film sont connues dans le détail. Les investisseurs et les talents peuvent donc faire dépendre leur rémunération en partie ou en totalité de ces performances. https://siritz.com/editorial/warner-abandonne-la-fenetre-salle/
Ce n’est pas du tout le cas de la diffusion sur les plateformes de S-VoD, celles-ci se réservant toutes les informations sur les performances d’un programme. Celles -ci sont d’ailleurs composites puisqu’elles comprennent à la fois le nombre de visions, le nombre de personnes ayant vu et le nombre d’abonnés gagnés.
La preuve en a été donnée par la décision de la major de sortir « Wonder woman 84 » à la fois en salle et sur HBO Max. Les agents représentants Gal Gadot, la star du film, et son réalisateur Patty Jenkins, sans parler de Charles Roven, le producteur, ont fait remarquer que leurs revenus, assis sur les performances du film en salle allaient forcement chuter. Et ils ont menacé de ne pas s’impliquer du tout dans la promotion du film. Warner aurait été obligé de leur verser un revenu fixe complémentaire et l’on parle de 10 millions $ pour Gal Gadot.
Quand Warner, a annoncé que ses 17 films de 2021 allaient sortir de la même façon, n’ayant averti les producteurs et les agents que 90 minutes avant l’annonce à la presse, les réactions de ceux-ci ont été immédiates : quelles compensations nous proposez-vous pour le non-respect d’une clause essentielle du contrat ? Dans un premier temps Warner a répondu que sa décision était due aux circonstances exceptionnelles créées par la pandémie, qu’il y aurait tout de même des recettes salles et qu’au bout d’un mois la chronologie habituelle des médias reprendrait. Tandis que l’autre option était, comme l’ont fait d’autres studios, un report de la sortie à une date lointaine, voir inconnue.
Mais agents et producteurs ne veulent rien entendre. Le producteur de « Dune » et de « Godzilla vs King-Kong » a même rappelé que, alors que Warner n’a financé que 25% du budget de 165 millions $ de « Dune », il a mis son véto au rachat par Netflix pour 250 millions $. Quant au réalisateur et aux stars du film ils ont rappelé qu’ils avaient accepté de baisser leur salaire que dans la perspective de suites si le film était un succès en salle.
Ainsi, comme on le voit, la pandémie est une occasion pour les plateformes d’acquérir des films prévus initialement pour le cinéma. Et deux de ces plateformes appartiennent aux deux plus importantes majors. Disney a choisi, pour privilégier sa plateforme, d’abandonner purement et simplement la sortie salle. Warner met fin à la fenêtre d’exclusivité de la salle là où sa plateforme est diffusée.
Enfin rappelons que Netflix a passé un contrat d’exclusivité avec le réalisateur David Fincher. Le premier opus fourni est le film « Mank », un chef d’œuvre de réalisation mais réservé à une petite communauté de cinéphiles connaissant l’histoire de Hollywood. Néanmoins, pour moins de 30 millions $ la plate-forme a obtenu une promotion médiatique exceptionnelle. Et pour encore 4 ans le cinéma a perdu l’un de ses plus grands réalisateurs.
Pour ceux qui parlent anglais ce très intéressant article du New-York Times.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-09 07:51:122020-12-09 07:51:13TRANSPARENCE DU CINEMA, PUISSANCE DE LA S-VOD
LA PANDEMIE UNE OCCASION DE CHANGER DE MODELE ECONOMIQUE
Jeudi soir une véritable bombe a explosé dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel : la major Warner a annoncé qu’aux Etats-Unis, en 2021, ses 17 films sortiraient en même temps en salle et sur sa plate-forme de S-VoD HBO Max. Cela devait déjà être le cas pour son blockbuster « Wonderwoman 1984 » qui va sortir Noël à la fois en salle et sur HBO Max. Mais, pour ce film, les exploitants américains qui, jusqu’ici bénéficient d’une fenêtre de 3 mois, comprenaient que la situation était exceptionnelle, puisque la moitié d’entre elles sont fermées pour cause de pandémie. Mais toute l’année 2021 !
Est-ce parce que les dirigeants de Warner, qui ont beaucoup consulté les épidémiologistes, sont très pessimistes sur l’évolution de celle-ci en 2021 ? C’est ce qu’affirme son président Toby Emmerich. En effet, son intensité ne cesse de croître. Les Etats-Unis ont dépassé le chiffre record de 3 000 décès par jour et, selon les projections, le nombre de mort devrait avoir atteint 430 000 en mars prochain. En outre, les deux premiers vaccins empêcheraient les formes graves de la maladie, mais on ne sait toujours pas s’ils empêchent la transmission du virus ! Une incertitude de taille, confirmée par notre ministre de la santé jeudi soir.
Il faut se rappeler que Warner avait été la seule major à jouer la carte d’une sortie mondiale d’un blockbuster, « Tenet », fin août. Ce fut un échec et le film serait très déficitaire.
WARNER PLUS EXTRÊME QU’UNIVERSAL
En tout cas, la position de Warner est plus extrême que celle d’Universal qui avait pourtant fait exploser les exploitants américains. Dans un accord avec AMC, puis Cinemark aux USA, puis Cineplex au Canada, Universal leur accordait une fenêtre de 17 jours et un partage des recettes générées par ses films sur ses sorties en Vidéo Premium, c’est à dire la VoD à 19 $ la location. https://siritz.com/cinescoop/chronologie-des-medias-comcast-recadre-universal/ .
En revanche, dans la formule de Warner, le film ne sera présent sur HBO Max qu’un seul mois. Ensuite il reprendra la chronologie traditionnelle des médias. Cette différence confirme que les majors en sont encore à chercher leur stratégie.
Pour l’instant en tout cas, hors des Etats-Unis, notamment dans un pays comme la France où toutes les salles vont être ouvertes, « Wonder Woman 84 » sortira en salle dès le 16 décembre, en respectant les fenêtres de diffusion. Il est vrai que HBO Max n’y est pas diffusé. Et, pour les exploitants français, il y a au moins la certitude d’avoir, en 2021, les 17 films de Warner, dont plusieurs devraient générer des millions d’entrées. Mais Warner ne cache pas envisager de diffuser HBO Max dans le monde entier, donc en France, sinon dès 2021, probablement en 2022. Néanmoins, en France, comme dans beaucoup de pays européens, la fenêtre d’exclusivité de la salle est garantie par la réglementation. En outre, il s’agit de savoir quelle va être la stratégie à long terme de la major.
DEUX CAMPS AU SEIN DES MAJORS
En fait, au sein de Warner, comme sans doute au sein de toutes les majors, il y a un débat fondamental entre deux camps : ceux qui souhaitent revenir au modèle économique qui leur avait si bien réussi jusqu’ã la pandémie, avec une fenêtre d’exclusivité pour les salles; et ceux qui prônent un changement complet de stratégie qui ferait de leur plate-forme de S-VoD la locomotive de leur activité.
Dans l’écosystème actuel, le film blockbuster est la locomotive de l’activité. Il coûte environ 200 millions $ auquel il faut ajouter environ la moitié en frais d’édition pour une sortie mondiale. Avec un milliard $ de recettes salles partagées à 50/50 avec les exploitants il est donc déjà bénéficiaire de 200 millions $. Et il va en outre générer des recettes de VoD, DVD, S-Vod et TV. Plus le patrimoine que constitue le catalogue. Et, parfois, des recettes de produits dérivées. Même s’il y a des échecs, c’est une activité très rentable.
Bien entendu il n’y a pas que des blockbusters. Il y a des films a budget très inférieur, mais dont le modèle économique est similaire.
COMPARAISON DES MODELES ECONOMIQUES
Une plate-forme avec un abonnement ã 10 $ par mois, donc 120 $ par an, et ayant 100 millions d’abonnés dans le monde, aurait un chiffre d’affaires annuel de 12 milliards $. L’exclusivité sur un blockbuster chaque mois lui coûterait entre 2,5 et 3 milliards par an. Une série de 8 épisodes à 4 millions $ l’épisode lui coûterait 32 millions $. Une nouvelle série par semaine lui coûterait 1,664 milliard $ par an. On voit tout de suite que le coût des blockbusters est disproportionné. D’où la nécessité de le partager avec d’autres médias, à commencer par la salle. Mais l’exclusivité est essentielle pour une plateforme.
Il y a évidemment le coût de la prospection et de la gestion des abonnés et les frais généraux. Mais l’écart entre les coûts et les recettes potentielles est considérable. C’est une activité beaucoup plus rentable que la production et distribution de films pour le cinéma.
PAS LA PLACE POUR TOUT LE MONDE
Néanmoins le bon sens commande de prévoir qu’il n’y aura pas de place pour toutes les plateformes internationales en lice. Et ce, parce qu’il y a un goulot d’étranglement : le talent pour inventer toutes ces créations. D’où la priorité que certains veulent donner à faire la course en tête pour rester parmi les 3 à 5 survivants. Car, outre Netflix, Disney + et HBO Max il y a déjà Amazon Prime, Universal Premium et Apple va probablement développer fortement Apple TV tandis que Paramount va bientôt lancer sa plateforme.
C’est ainsi que Disney a choisi de permettre à ses abonnés de Disney + de louer en exclusivité « Mulan » pour 30 €, même dans les pays où, comme en France, toutes les salles sont ouvertes. Mais cela a dû être un échec puisque son blockbuster animé de Pixar, « Soul », sera proposé directement aux abonnés de Disney+.
En revanche les vainqueurs pourront alors augmenter leur tarif d’abonnement. Netflix est à moins se 10 € pour faire la course en tête, mais au prix d’un déficit et d’un fort endettement. Disney+ est à moins de 7€ pour rattraper son retard. HBO Max, lancé en mai, est à 15 $ mais n’a encore que 8,6 millions d’abonnés aux Etats-Unis. D’où, sa stratégie de sortie de ses films simultanément aux salles pour se booster.
Enfin, notons que Warner n’a averti les producteurs des films qu’au dernier moment, sans les avoir consultés. Or les contrats des producteurs, des réalisateurs et des stars comportent, en général, un intéressement aux recettes au-delà d’un certain chiffre d’affaires. Mais, il n’y a aucune recette supplémentaire sur la S-VoD, ni d’ailleurs aucune transparence sur ses audiences. Le climat est, parait-il, très tendue à Hollywood entre Warner d’une part, les producteurs et les talents de l’autre.
WALL STREET DEVALUE LES SALLES
Notons qu’il y a encore des différences fondamentales de stratégie des majors : Universal choisit de jouer carte de la VoD Premium, pour 19 $ et non celle de Peacock, sa plateforme S-VoD financée par la publicité. Disney propose à ses seuls abonnés de Disney + d’accéder à la VoD Premium pour 30 $. Et Warner saute la VoD Premium pour diffuser directement le film sur sa plateforme de S-VoD.
Par ailleurs le court de bourse d’AMC a chuté de 16%, celui de Cinemark de 22%. Et ce parce qu’il est peu probable qu’en perdant leur fenêtre d’exclusivité les salles vont conserver leurs entrées. Ni que le modèle du blockbuster conçu pour les salles soit alors encore valable. Après tout, le film « Mank », dont le budget ne se situe qu’entre 20 et 30 millions $, apporte à Netflix autant de promotion publicitaire qu’un blockbuster. Et si le modèle du blockbuster n’est plus valable, cela aura une incidence négative sur la fréquentation des salles françaises et européennes.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-08 07:31:112020-12-08 07:39:53WARNER PRIORITE A LA S-VOD ?
On vient d’apprendre que le taux de contamination à la Covid 19 était aux alentours de 10 000 par jours en début de semaine. Or le gouvernement visait un taux de 5 000 pour étendre le dé-confinement aux cinémas et aux théâtres à partir du 15 décembre. Il y a donc peu de chance que cet objectif soit atteint.
Est-ce que le gouvernement va repousser cette ouverture jusqu’à ce que l’objectif d’un maximum de 5 000 nouveaux cas par jour soit atteint ? Où va-t-il la maintenir avec un abaissement de l’heure du couvre-feu de 21 heures à 20 heures. Ce mercredi le gouvernement n’avait pas pris sa décision et il ne la prendra pas avant jeudi.
Une nouvelle catastrophe pour le cinema
Pour le cinéma ce serait évidemment une nouvelle catastrophe puisque les campagnes de lancement des films sortant le 15, dont « Wonder Woman 84 », distribué par Warner, mais aussi plusieurs films de distributeurs indépendants, sont évidemment déjà lancées. Et, même pour les films dont la sortie est prévue pour le 23 décembre, la diffusion de la bande-annonce dans les salles au cours de la semaine précédente est essentielle tandis que leur promotion est déjà en partie lancée. En outre, bien évidemment, il risque d’y avoir trop plein de nouveaux films le 23 et d’ici la fin de l’année. https://siritz.com/editorial/le-simple-bon-sens-concernant-le-cinema/
La solution intermédiaire consistant à abaisser l’heure du couvre-feu limiterait la casse. Avec, une question toujours non résolue : celle de la possibilité de terminer les séances après le couvre-feu, le billet horodaté faisant foi. Les exploitants voulaient sauver leur séance de 20 heures ce qui était un grand progrès par rapport au premier couvre-feu. Qu’en sera-t-il si l’heure du couvre-feu est abaissée.
Néanmoins le gouvernement avait fixé un autre critère, c’est celui des lits en réanimation dans les hôpitaux qui devait tomber en-dessous de 2 500. Or on est à 3 000. On peut encore atteindre le chiffre visé. Dans ce cas, suffira-t-il pour rouvrir les salles ?
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-08 07:18:522020-12-08 07:23:44VERS UN REPORT DE L’OUVERTURE DES SALLES
Ce film est réalisé par Sarah Suco dont c’est la premier long métrage et dont elle est également interprète. Elle a auparavant été actrice de nombreux films.
Le film se passe dans une communauté religieuse charismatique. Or La réalisatrice a vécu 10 ans avec ses parents dans une telle communauté.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Mon voisin productions (Dominique Besnehard) et Epithète films (Frédéric Brion) pour un budget de 3,55 millions €. Pyramide en est le distributeur pour un minimum garanti salle de 100 000 €. Sorti sur 146 copies il a rassemblé 230 000 spectateurs ce qui en fait une très bonne affaire.
Canal+ l’a préacheté avec OCS et non Multithématiques. France 2 l’a coproduit et préacheté. Le film a reçu 550 000 € d’avance sur recette.Pour la préparation, 42 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 70 000 €, réparti en part égale entra à valoir sur droits d’auteur et salaire de réalisateur technicien. C’est sensiblement moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/.
Elle a par ailleurs reçu 33 000 € de revenus complémentaires. Elle s’est en outre partagé 27 000 € avec Nicolas Silhol pour le scénario.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement et destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/12/sarah-suco.png372358Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-07 07:35:422020-12-07 07:35:43LA REMUNERATION DE SARAH SUCO
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Tiré du célèbre roman de Jack London, il s’agit d’un d’une coproduction entre l’Italie (70%), la France (15%) et l’Allemagne (15%). Il est tourné en Italien. Son réalisateur est l’italien Pietro Marcello dont c’est le 5ème long métrage.
Il est sorti en France le 16 octobre 2019. Son budget est de 4 millions €. Le coproducteur français est Shellac qui est également le distributeur. Il a donné un minimum garanti de 50 000 € et le film a rassemblé 150 000 spectateurs.
Le producteur italien est Avventurosa. Il a bénéficié de 700 000 € de Tax crédit et a été acheté par la RAI 1,360 millions €. En France il n’a été préfinancé par aucune chaîne. C’est donc un achat d’OCS.
Pour la préparation, 54 jours de tournage et la post-production réalisateur a reçu une rémunération de 195 000 €, dont 45 000 € en à valoir sur droits d’auteurs et 150 000 € de salaire de technicien. Il a en outre partagé 10 000 € avec Maurizio Braucci pour l’adaptation du roman.
C’est légèrement au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-04 08:26:342020-12-04 08:32:59L’EQUATION FINANCIERE DE MARTIN EDEN
Cinéfinances.info* avait fourni les données financières de cet article. Cette fois-ci il fournit le budget et le plan de financement de ce film.
DEVIS INITIAL
1) Droits artistiques
199 800 €
Droits musicaux
90 000 €
Adaptations, dialogues, commentaires
9 000 €
Droits d’auteur, réalisation
30 000 €
2) Personnel
584 780 €
Producteur
68 865 €
Réalisateur technicien
30 000 €
3) Equipe artistique
248 012 €
Rôles principaux
130 000 €
Rôles secondaires
62 800 €
4) Charges sociales et fiscales
420 787 €
5) Décors – Costumes – Maquillage – Coiffure
193 525 €
6) Transports, défraiement et régie
302 104 €
7) Moyens Techniques
238 597 €
8) Postproduction image et son
93 750 €
9) Assurance et Divers
142 684 €
Total Partiel
2 424 039 €
Frais généraux
154 257 €
Imprévus
220 368 €
Total Hors TVA
2 798 664 €
PLAN DE FINANCEMENT
Producteurs délégués
Elianeantoinette § Reboot films
Crédit d’impôts 495 000 €
Fonds propres 675 000 €
Rémunération du producteur en participation 108 700 €
Frais généraux en participation 154 257 €
Soutien
CNC aide réécriture+ puisque+ diversité
+transfert sur support photochimique 92 250 €
CICLIC 150 250 €
SOFICA
Cineventure 175 000 €
Préventes
Canal+ 731 457 €
Canal Afrique 3 000 €
OCS 90 000 €
Minima garantis
Pyramide salle 75 000 €
Pyramide étranger 50 000 €
Total général HT 2 798 664 €
Comme on le voit le producteur a pris beaucoup de risque par l’investissements de fonds propres importants. Il n’y a pas de chaînes en clair qui a participé au financement. Avec moins de 90 000 entrées, le film est forcément déficitaire.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/11/lordre-des-mdecins.png716538Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-03 07:53:392020-12-06 08:36:26L’EQUATION FINANCIERE DE « L’ORDRE DES MEDECINS »
Mardi soir Canal+ a diffusé le thriller policier « Le traitre », une coproduction entre l’Italie (62%), le Brésil (15%), la France (12%) et l’Allemagne (10%). Il est sorti le 23 mai 2019, distribué par AD Vitam qui en est aussi le coproducteur français.
C’est le 26ème film réalisé par l’italien Marco Bellocchio qui est considéré comme l’un des grands réalisateurs européens et qui a été sélectionné dans de nombreux festivals.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le budget du film était de 7,6 millions €. Et, en France, il a rassemblé 356 000 entrées.Pour la préparation, 57 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 274 000 €, ce qui est presque le double de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français. . https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Il a en outre partagé 100 000 € avec Valia Santola et Ludovica Rampoldi pour l’écriture du scénario et reçu 50 000 € de rémunération complémentaires.
Le précédent film qu’il a dirigé dans le cadre d’une coproduction italo-française, dans laquelle la France était présente à hauteur de 10%, était un drame, « La belle endormie ». Le film était sorti en France en 2013. Distribué par Bellissima Films il n’avait rassemblé que 32 000 spectateurs.
Pour la préparation 56 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur avait été de 800 000 €, répartis en par égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il avait en outre reçu 50 000 € pour les dialogues et 100 000 € pour le scénario qu’il avait écrit avec deux autres scénaristes.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/12/marco-bellochio.png694500Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-02 08:01:582020-12-06 08:37:34LA REMUNERATION DE MARCO BELLOCCHIO
Il était sorti en salle le 23 janvier 2019. C’est d’abord Canal+ qui l’avait diffusé sur le petit écran, puis OCS, les deux chaînes l’ayant préacheté.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film a été coproduit par Elianeantoinette (Candice Zaccagnino) et Reboot Films (Olivier Aknin) pour un budget de 2,8 millions €. Il était distribué par Pyramide films (Eric Lagesse) qui a accordé un minimum garanti de 75 000 € pour les droits salle et l’a sorti sur 120 copies. Il a rassemblé 90 000 spectateurs.
Pour la préparation, 25 jours de tournage et la post-production le réalisateur a reçu une rémunération de 60 000 €, répartie en part égal entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été coécrit par Julie Peyr qui a reçu un à valoir de 9 000 €.
Ls producteurs ont mis leurs salaires et leurs frais généraux en participation. Ce qui est singulier c’est que leur salaire dans le budget est de 68 000 € et qu’ils ont mis 108 000 € en participation… Il ont également mis leur crédit d’impôt dans le financement. leur apport en fonds propre est de plus de 20% du budget.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/11/david-roux.png168112Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-12-01 09:28:582020-12-01 09:34:04LA REMUNERATION DE DAVID ROUX
Ce sera donc le 16 décembre que l’ensemble des salles de cinéma françaises vont ré-ouvrir. Et les conditions sanitaires imposées lors du premier dé-confinement ne seront pas renforcées. Au contraire, pendant la période de couvre feu, il y aura un léger assouplissement pour le démarrage de la dernière séance avec le billet horodaté. Mais ce sera un assouplissement, pas une occasion de séance supplémentaire. Juste une plus grande souplesse dans la fixation de l’horaire de démarrage de la dernière séance.
Et, cerise sur le gâteau, dès l’ouverture des salles il y aura à l’affiche, le blockbuster américain « Wonder Woman 84.
Cela veut dire que les films annonce des films qui vont démarrer le 23 décembre, et il y en a plusieurs très prometteurs, vont être vus par un large public. Par ailleurs, après « Tenet », c’est une nouvelle fois Warner qui prend le risque de sortir en salle partout où c’est possible, alors que la moitié des salles américaines sont fermées. Il est vrai qu’aux Etats-Unis, Warner a décidé de sortir le film le 25 décembre à la fois dans les salles ouvertes et sur sa plate-forme de S-VoD HBO Max. De nombreux professionnels américains estiment que le studio a ainsi franchi le rubicond alors que d’autres pensent qu’il a n’a fait que s’adapter momentanément à une situation momentanément exceptionnelle, puisque 50% des salles de cinéma américaines sont fermées.
Cette situation ouvre donc à nouveau le débat sur l’avenir des salles de cinéma face aux plateformes de S-VoD.
Certains pensent qu’une grande partie du public a pris l’habitude de regarder des films chez eux, d’autres qu’ils vont absolument saisir la moindre occasion de sortir. On retrouve le vieux débat sur l’avenir de la salle de cinéma face à tous les nouveaux médias. L’avènement de la télévision, de la cassette ou du CD avaient fait naitre les mêmes craintes et, à chaque fois, la salle de cinéma s’est adaptée et a su parfaitement résister.
Voir la finale de la Coupe du monde de foot-ball à la télévision ou dans le stade
Car, fondamentalement, voir un film dans une salle de cinéma n’a rien à voir avec le voir sur un écran chez soi, même un grand écran de télévision. Pour prendre un exemple, il est clair que l’on voit mieux la finale de la Coupe du monde de foot-ball sur son téléviseur que dans le stade. Ne serait-ce que parce que la télévision propose des gros plans ou des replays. Mais une grande partie des spectateurs préféreraient y assister dans le stade.
La plupart des gros blockbusters américains sortiront au plus tôt l’été prochain. Et il y en aura moitié moins que les années précédentes. En revanche, il y a énormément de films français en attente et ils bénéficieront d’une large exposition. Jusqu’à la fin des restrictions sanitaires et le retour massif des films américains les exploitants ne retrouveront pas leurs entrées passées. Mais les distributeurs français bénéficieront d’expositions favorables. Même si les professionnels savent que le succès d’un film donne au public l’envie de retourner au cinéma.
Les plateformes ont les moyens d’accaparer tous les talents
Avec tout de même la question de savoir combien de temps encore et avec quelles sources de financement le CNC pourra accorder un soutien automatique renforcé alors que, économiquement, le soutien automatique habituel est en grande partie financé par les recettes des films américains.
En effet, les plateformes ont des moyens considérables, sans commune mesure avec ceux du cinéma, même des grandes majors américaines. Elles vont se battre pour acquérir les productions des talents et des stars. Ainsi, le prochain Dany Boon sera un téléfilm dont Netflix aura l’exclusivité mondiale. Et, ces plateformes vont se livrer une guerre féroce pour accaparer ces talents puisqu’en 2022 leurs besoins pourraient dépasser la capacité mondiale de production. Ce qui veut dire qu’il ne resterait aucune capacité et aucun talent pour le cinéma mais aussi la télévision. Evidemment, ce n’est qu’une prévision fondée sur le cumul de leurs investissements prévisionnels. Comme l’équation est impossible, il est probable qu’ils reverront leurs investissements et adapteront leur stratégie.
Ce qui est probable
Mais ce n’est pas parce que les plateformes acquièrent des films de cinéma en étant capable de payer des prix très interessants pour leurs producteurs qu’elles vont faire de même pour tous les films. Ce qui est probable, c’est qu’elles vont continuer à privilégier les séries tout en se diversifiant dans tous les autres types de programmes, comme les fictions et les documentaires unitaires mais aussi le flux et le sport. Et aussi, sans doute, que le monde va devoir augmenter sensiblement ses capacités de production et ses talents. Mais qui peut s’en plaindre ?
Par ailleurs, du point de vue des majors, les blockbusters à 200 millions $ de budgets visent de 1 à 3 milliards $ de chiffre d’affaires salle dans le monde. Ce sont donc des affaires risquées, mais potentiellement très rentables. C’est pourquoi les majors les privilégient et continuent à les produire. Or les plateformes n’ont aucun intérêt à investir 200 millions $ pour 2 heures de programme alors qu’elles peuvent avoir 12 heures d’une série exceptionnelle qui va fidéliser leurs abonnés en investissant de 40 à 50 millions €. Disney a certes fait diffusé « Mulan » par sa plate-forme Disney + plutôt que de le sortir en salle. Mais il ne l’a pas inclus dans les programmes de Disney +. Il a offert à ses 70 millions d’abonnés de l’acheter en vos pour 30 €. Donc, si 10% de ses abonnés répondaient favorablement à cette offre le film qui a coûté de l’ordre de 200 millions $ serait amorti. Et ce serait une promotion pour la plateforme puisque, pour pouvoir acheter ce film il faut être abonné à Disney+ Mais, pour le groupe, ça ne génère aucunement les profits qu’une sortie salle mondiale aurait générée.
Pour ceux qui parlent anglais lire ce très intéressant article du New-York Times sur ces questions vues de Hollywood.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-11-30 08:23:232020-11-30 20:04:57LE DEBAT SUR L’AVENIR DE LA SALLE DE CINEMA
Lundi 23 Canal+ a diffusé en deuxième partie de soirée la comédie dramatique « Place des victoires ». C’est le premier long métrage du réalisateur Yoann Guillouzouic.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par White Panama films (Ryme Wehbi) le film a un budget de 3,5 millions €. C’est également le premier long métrage de la société Son distributeur est La Belle Company (Marc-Antoine Pineau).
Pour la préparation, 34 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 68 000 €, répartis entre 17 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 51 000 € de salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais Yoann Guillouzouic a reçu également 6 000 € pour le scénario et 17 000 € de rémunérations complémentaires.
Un financement de film moyen difficile
Sorti sur 217 copies le film n’a rassemblé que 67 000 spectateurs. La Belle Company qui avait accordé un minimum garanti de 50 000 € pour les seules droit salle n’a sans doute pas amorti son investissement.
Ce film est typique de la difficulté de monter le financement des films à budget moyen sans réalisateur établi et sans casting. En effet, le producteur n’a pas inclus son salaire dans le budget et il a mis ses frais généraux, mais aussi les imprévus, en participation. Il a inclus le crédit d’impôt dans le financement et a investi du numéraire. Il y a par ailleurs plusieurs coproducteurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/11/yann-guillouzouic.png446322Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-11-27 08:06:172020-11-27 08:06:18LA REMUNERATION DE YOANN GUILLOUZOUIC
TRANSPARENCE DU CINEMA, PUISSANCE DE LA S-VOD
FinanCinéLes réactions d’Hollywood au choix de Warner
La décision de Warner de sortir tous ses films en 2017 aux Etats-Unis, simultanément en salle et sur sa plateforme de S-VoD, HBO Max, rappelle la spécificité du cinéma, c’est-à-dire d’un film dans une salle. En effet, l’économie du cinéma est transparente puisque les performances de chaque film sont connues dans le détail. Les investisseurs et les talents peuvent donc faire dépendre leur rémunération en partie ou en totalité de ces performances. https://siritz.com/editorial/warner-abandonne-la-fenetre-salle/
Ce n’est pas du tout le cas de la diffusion sur les plateformes de S-VoD, celles-ci se réservant toutes les informations sur les performances d’un programme. Celles -ci sont d’ailleurs composites puisqu’elles comprennent à la fois le nombre de visions, le nombre de personnes ayant vu et le nombre d’abonnés gagnés.
La preuve en a été donnée par la décision de la major de sortir « Wonder woman 84 » à la fois en salle et sur HBO Max. Les agents représentants Gal Gadot, la star du film, et son réalisateur Patty Jenkins, sans parler de Charles Roven, le producteur, ont fait remarquer que leurs revenus, assis sur les performances du film en salle allaient forcement chuter. Et ils ont menacé de ne pas s’impliquer du tout dans la promotion du film. Warner aurait été obligé de leur verser un revenu fixe complémentaire et l’on parle de 10 millions $ pour Gal Gadot.
Quand Warner, a annoncé que ses 17 films de 2021 allaient sortir de la même façon, n’ayant averti les producteurs et les agents que 90 minutes avant l’annonce à la presse, les réactions de ceux-ci ont été immédiates : quelles compensations nous proposez-vous pour le non-respect d’une clause essentielle du contrat ? Dans un premier temps Warner a répondu que sa décision était due aux circonstances exceptionnelles créées par la pandémie, qu’il y aurait tout de même des recettes salles et qu’au bout d’un mois la chronologie habituelle des médias reprendrait. Tandis que l’autre option était, comme l’ont fait d’autres studios, un report de la sortie à une date lointaine, voir inconnue.
Mais agents et producteurs ne veulent rien entendre. Le producteur de « Dune » et de « Godzilla vs King-Kong » a même rappelé que, alors que Warner n’a financé que 25% du budget de 165 millions $ de « Dune », il a mis son véto au rachat par Netflix pour 250 millions $. Quant au réalisateur et aux stars du film ils ont rappelé qu’ils avaient accepté de baisser leur salaire que dans la perspective de suites si le film était un succès en salle.
Ainsi, comme on le voit, la pandémie est une occasion pour les plateformes d’acquérir des films prévus initialement pour le cinéma. Et deux de ces plateformes appartiennent aux deux plus importantes majors. Disney a choisi, pour privilégier sa plateforme, d’abandonner purement et simplement la sortie salle. Warner met fin à la fenêtre d’exclusivité de la salle là où sa plateforme est diffusée.
Enfin rappelons que Netflix a passé un contrat d’exclusivité avec le réalisateur David Fincher. Le premier opus fourni est le film « Mank », un chef d’œuvre de réalisation mais réservé à une petite communauté de cinéphiles connaissant l’histoire de Hollywood. Néanmoins, pour moins de 30 millions $ la plate-forme a obtenu une promotion médiatique exceptionnelle. Et pour encore 4 ans le cinéma a perdu l’un de ses plus grands réalisateurs.
Pour ceux qui parlent anglais ce très intéressant article du New-York Times.
WARNER PRIORITE A LA S-VOD ?
ÉditorialLA PANDEMIE UNE OCCASION DE CHANGER DE MODELE ECONOMIQUE
Jeudi soir une véritable bombe a explosé dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel : la major Warner a annoncé qu’aux Etats-Unis, en 2021, ses 17 films sortiraient en même temps en salle et sur sa plate-forme de S-VoD HBO Max. Cela devait déjà être le cas pour son blockbuster « Wonderwoman 1984 » qui va sortir Noël à la fois en salle et sur HBO Max. Mais, pour ce film, les exploitants américains qui, jusqu’ici bénéficient d’une fenêtre de 3 mois, comprenaient que la situation était exceptionnelle, puisque la moitié d’entre elles sont fermées pour cause de pandémie. Mais toute l’année 2021 !
Est-ce parce que les dirigeants de Warner, qui ont beaucoup consulté les épidémiologistes, sont très pessimistes sur l’évolution de celle-ci en 2021 ? C’est ce qu’affirme son président Toby Emmerich. En effet, son intensité ne cesse de croître. Les Etats-Unis ont dépassé le chiffre record de 3 000 décès par jour et, selon les projections, le nombre de mort devrait avoir atteint 430 000 en mars prochain. En outre, les deux premiers vaccins empêcheraient les formes graves de la maladie, mais on ne sait toujours pas s’ils empêchent la transmission du virus ! Une incertitude de taille, confirmée par notre ministre de la santé jeudi soir.
Il faut se rappeler que Warner avait été la seule major à jouer la carte d’une sortie mondiale d’un blockbuster, « Tenet », fin août. Ce fut un échec et le film serait très déficitaire.
WARNER PLUS EXTRÊME QU’UNIVERSAL
En tout cas, la position de Warner est plus extrême que celle d’Universal qui avait pourtant fait exploser les exploitants américains. Dans un accord avec AMC, puis Cinemark aux USA, puis Cineplex au Canada, Universal leur accordait une fenêtre de 17 jours et un partage des recettes générées par ses films sur ses sorties en Vidéo Premium, c’est à dire la VoD à 19 $ la location. https://siritz.com/cinescoop/chronologie-des-medias-comcast-recadre-universal/ .
En revanche, dans la formule de Warner, le film ne sera présent sur HBO Max qu’un seul mois. Ensuite il reprendra la chronologie traditionnelle des médias. Cette différence confirme que les majors en sont encore à chercher leur stratégie.
Pour l’instant en tout cas, hors des Etats-Unis, notamment dans un pays comme la France où toutes les salles vont être ouvertes, « Wonder Woman 84 » sortira en salle dès le 16 décembre, en respectant les fenêtres de diffusion. Il est vrai que HBO Max n’y est pas diffusé. Et, pour les exploitants français, il y a au moins la certitude d’avoir, en 2021, les 17 films de Warner, dont plusieurs devraient générer des millions d’entrées. Mais Warner ne cache pas envisager de diffuser HBO Max dans le monde entier, donc en France, sinon dès 2021, probablement en 2022. Néanmoins, en France, comme dans beaucoup de pays européens, la fenêtre d’exclusivité de la salle est garantie par la réglementation. En outre, il s’agit de savoir quelle va être la stratégie à long terme de la major.
DEUX CAMPS AU SEIN DES MAJORS
En fait, au sein de Warner, comme sans doute au sein de toutes les majors, il y a un débat fondamental entre deux camps : ceux qui souhaitent revenir au modèle économique qui leur avait si bien réussi jusqu’ã la pandémie, avec une fenêtre d’exclusivité pour les salles; et ceux qui prônent un changement complet de stratégie qui ferait de leur plate-forme de S-VoD la locomotive de leur activité.
Dans l’écosystème actuel, le film blockbuster est la locomotive de l’activité. Il coûte environ 200 millions $ auquel il faut ajouter environ la moitié en frais d’édition pour une sortie mondiale. Avec un milliard $ de recettes salles partagées à 50/50 avec les exploitants il est donc déjà bénéficiaire de 200 millions $. Et il va en outre générer des recettes de VoD, DVD, S-Vod et TV. Plus le patrimoine que constitue le catalogue. Et, parfois, des recettes de produits dérivées. Même s’il y a des échecs, c’est une activité très rentable.
Bien entendu il n’y a pas que des blockbusters. Il y a des films a budget très inférieur, mais dont le modèle économique est similaire.
COMPARAISON DES MODELES ECONOMIQUES
Une plate-forme avec un abonnement ã 10 $ par mois, donc 120 $ par an, et ayant 100 millions d’abonnés dans le monde, aurait un chiffre d’affaires annuel de 12 milliards $. L’exclusivité sur un blockbuster chaque mois lui coûterait entre 2,5 et 3 milliards par an. Une série de 8 épisodes à 4 millions $ l’épisode lui coûterait 32 millions $. Une nouvelle série par semaine lui coûterait 1,664 milliard $ par an. On voit tout de suite que le coût des blockbusters est disproportionné. D’où la nécessité de le partager avec d’autres médias, à commencer par la salle. Mais l’exclusivité est essentielle pour une plateforme.
Il y a évidemment le coût de la prospection et de la gestion des abonnés et les frais généraux. Mais l’écart entre les coûts et les recettes potentielles est considérable. C’est une activité beaucoup plus rentable que la production et distribution de films pour le cinéma.
PAS LA PLACE POUR TOUT LE MONDE
Néanmoins le bon sens commande de prévoir qu’il n’y aura pas de place pour toutes les plateformes internationales en lice. Et ce, parce qu’il y a un goulot d’étranglement : le talent pour inventer toutes ces créations. D’où la priorité que certains veulent donner à faire la course en tête pour rester parmi les 3 à 5 survivants. Car, outre Netflix, Disney + et HBO Max il y a déjà Amazon Prime, Universal Premium et Apple va probablement développer fortement Apple TV tandis que Paramount va bientôt lancer sa plateforme.
C’est ainsi que Disney a choisi de permettre à ses abonnés de Disney + de louer en exclusivité « Mulan » pour 30 €, même dans les pays où, comme en France, toutes les salles sont ouvertes. Mais cela a dû être un échec puisque son blockbuster animé de Pixar, « Soul », sera proposé directement aux abonnés de Disney+.
En revanche les vainqueurs pourront alors augmenter leur tarif d’abonnement. Netflix est à moins se 10 € pour faire la course en tête, mais au prix d’un déficit et d’un fort endettement. Disney+ est à moins de 7€ pour rattraper son retard. HBO Max, lancé en mai, est à 15 $ mais n’a encore que 8,6 millions d’abonnés aux Etats-Unis. D’où, sa stratégie de sortie de ses films simultanément aux salles pour se booster.
Enfin, notons que Warner n’a averti les producteurs des films qu’au dernier moment, sans les avoir consultés. Or les contrats des producteurs, des réalisateurs et des stars comportent, en général, un intéressement aux recettes au-delà d’un certain chiffre d’affaires. Mais, il n’y a aucune recette supplémentaire sur la S-VoD, ni d’ailleurs aucune transparence sur ses audiences. Le climat est, parait-il, très tendue à Hollywood entre Warner d’une part, les producteurs et les talents de l’autre.
WALL STREET DEVALUE LES SALLES
Notons qu’il y a encore des différences fondamentales de stratégie des majors : Universal choisit de jouer carte de la VoD Premium, pour 19 $ et non celle de Peacock, sa plateforme S-VoD financée par la publicité. Disney propose à ses seuls abonnés de Disney + d’accéder à la VoD Premium pour 30 $. Et Warner saute la VoD Premium pour diffuser directement le film sur sa plateforme de S-VoD.
Par ailleurs le court de bourse d’AMC a chuté de 16%, celui de Cinemark de 22%. Et ce parce qu’il est peu probable qu’en perdant leur fenêtre d’exclusivité les salles vont conserver leurs entrées. Ni que le modèle du blockbuster conçu pour les salles soit alors encore valable. Après tout, le film « Mank », dont le budget ne se situe qu’entre 20 et 30 millions $, apporte à Netflix autant de promotion publicitaire qu’un blockbuster. Et si le modèle du blockbuster n’est plus valable, cela aura une incidence négative sur la fréquentation des salles françaises et européennes.
VERS UN REPORT DE L’OUVERTURE DES SALLES
FinanCinéOn vient d’apprendre que le taux de contamination à la Covid 19 était aux alentours de 10 000 par jours en début de semaine. Or le gouvernement visait un taux de 5 000 pour étendre le dé-confinement aux cinémas et aux théâtres à partir du 15 décembre. Il y a donc peu de chance que cet objectif soit atteint.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/07/covid-19-l-executif-pessimiste-sur-l-objectif-des-5-000-cas-par-jour-fixe-pour-enclencher-le-deconfinement_6062505_3224.html
Est-ce que le gouvernement va repousser cette ouverture jusqu’à ce que l’objectif d’un maximum de 5 000 nouveaux cas par jour soit atteint ? Où va-t-il la maintenir avec un abaissement de l’heure du couvre-feu de 21 heures à 20 heures. Ce mercredi le gouvernement n’avait pas pris sa décision et il ne la prendra pas avant jeudi.
Une nouvelle catastrophe pour le cinema
Pour le cinéma ce serait évidemment une nouvelle catastrophe puisque les campagnes de lancement des films sortant le 15, dont « Wonder Woman 84 », distribué par Warner, mais aussi plusieurs films de distributeurs indépendants, sont évidemment déjà lancées. Et, même pour les films dont la sortie est prévue pour le 23 décembre, la diffusion de la bande-annonce dans les salles au cours de la semaine précédente est essentielle tandis que leur promotion est déjà en partie lancée. En outre, bien évidemment, il risque d’y avoir trop plein de nouveaux films le 23 et d’ici la fin de l’année. https://siritz.com/editorial/le-simple-bon-sens-concernant-le-cinema/
La solution intermédiaire consistant à abaisser l’heure du couvre-feu limiterait la casse. Avec, une question toujours non résolue : celle de la possibilité de terminer les séances après le couvre-feu, le billet horodaté faisant foi. Les exploitants voulaient sauver leur séance de 20 heures ce qui était un grand progrès par rapport au premier couvre-feu. Qu’en sera-t-il si l’heure du couvre-feu est abaissée.
Néanmoins le gouvernement avait fixé un autre critère, c’est celui des lits en réanimation dans les hôpitaux qui devait tomber en-dessous de 2 500. Or on est à 3 000. On peut encore atteindre le chiffre visé. Dans ce cas, suffira-t-il pour rouvrir les salles ?
LA REMUNERATION DE SARAH SUCO
CinéscoopPOUR LA REALISATION DE « LES EBLOUIS »
Mercredi 9 décembre Canal + Décalé a diffusé « Les Eblouis », sorti en salle le 24 août 2019.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Éblouis
Ce film est réalisé par Sarah Suco dont c’est la premier long métrage et dont elle est également interprète. Elle a auparavant été actrice de nombreux films.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Suco
Le film se passe dans une communauté religieuse charismatique. Or La réalisatrice a vécu 10 ans avec ses parents dans une telle communauté.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Mon voisin productions (Dominique Besnehard) et Epithète films (Frédéric Brion) pour un budget de 3,55 millions €. Pyramide en est le distributeur pour un minimum garanti salle de 100 000 €. Sorti sur 146 copies il a rassemblé 230 000 spectateurs ce qui en fait une très bonne affaire.
Canal+ l’a préacheté avec OCS et non Multithématiques. France 2 l’a coproduit et préacheté. Le film a reçu 550 000 € d’avance sur recette.Pour la préparation, 42 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 70 000 €, réparti en part égale entra à valoir sur droits d’auteur et salaire de réalisateur technicien. C’est sensiblement moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/.
Elle a par ailleurs reçu 33 000 € de revenus complémentaires. Elle s’est en outre partagé 27 000 € avec Nicolas Silhol pour le scénario.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement et destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
L’EQUATION FINANCIERE DE MARTIN EDEN
CinéscoopUNE COPRODUCTION DE 3 PAYS RÉALISÉE PAR PIETRO MARCELLO
OCS City a diffusé jeudi 3 décembre « Martin Eden ». C’est la première fois qu’il est diffusé sur une télévision française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Eden_(film,_2019)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Tiré du célèbre roman de Jack London, il s’agit d’un d’une coproduction entre l’Italie (70%), la France (15%) et l’Allemagne (15%). Il est tourné en Italien. Son réalisateur est l’italien Pietro Marcello dont c’est le 5ème long métrage.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_Marcello
Il est sorti en France le 16 octobre 2019. Son budget est de 4 millions €. Le coproducteur français est Shellac qui est également le distributeur. Il a donné un minimum garanti de 50 000 € et le film a rassemblé 150 000 spectateurs.
Le producteur italien est Avventurosa. Il a bénéficié de 700 000 € de Tax crédit et a été acheté par la RAI 1,360 millions €. En France il n’a été préfinancé par aucune chaîne. C’est donc un achat d’OCS.
Pour la préparation, 54 jours de tournage et la post-production réalisateur a reçu une rémunération de 195 000 €, dont 45 000 € en à valoir sur droits d’auteurs et 150 000 € de salaire de technicien. Il a en outre partagé 10 000 € avec Maurizio Braucci pour l’adaptation du roman.
C’est légèrement au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français.
A noter que le film a reçu une avance sur recette de 140 000 € du CNC.https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais c’est très en-dessous de celle de Marco Bellocchio pour « Le traitres ».https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-marco-bellocchio/
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
L’EQUATION FINANCIERE DE « L’ORDRE DES MEDECINS »
FinanCinéLES RISQUES DU METIER
« L’ordre des médecins » qu’OCS Max a diffusé lundi était sorti en salle le 23 janvier 2019.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ordre_des_médecins
Dans un article de Siritz.com lundi dernier, la rubrique Cinescoop analysait la rémunération de son réalisateur Yoannn Guillouzouic dont c’est le premier long métrage. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-yoann-guillouzouic/
Cinéfinances.info* avait fourni les données financières de cet article. Cette fois-ci il fournit le budget et le plan de financement de ce film.
DEVIS INITIAL
PLAN DE FINANCEMENT
Producteurs délégués
Elianeantoinette § Reboot films
Crédit d’impôts 495 000 €
Fonds propres 675 000 €
Rémunération du producteur en participation 108 700 €
Frais généraux en participation 154 257 €
Soutien
CNC aide réécriture+ puisque+ diversité
+transfert sur support photochimique 92 250 €
CICLIC 150 250 €
SOFICA
Cineventure 175 000 €
Préventes
Canal+ 731 457 €
Canal Afrique 3 000 €
OCS 90 000 €
Minima garantis
Pyramide salle 75 000 €
Pyramide étranger 50 000 €
Total général HT 2 798 664 €
Comme on le voit le producteur a pris beaucoup de risque par l’investissements de fonds propres importants. Il n’y a pas de chaînes en clair qui a participé au financement. Avec moins de 90 000 entrées, le film est forcément déficitaire.
LA REMUNERATION DE MARCO BELLOCCHIO
CinéscoopPour la réalisation de « Le Traitre »
Mardi soir Canal+ a diffusé le thriller policier « Le traitre », une coproduction entre l’Italie (62%), le Brésil (15%), la France (12%) et l’Allemagne (10%). Il est sorti le 23 mai 2019, distribué par AD Vitam qui en est aussi le coproducteur français.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Traître_(film,_2019
C’est le 26ème film réalisé par l’italien Marco Bellocchio qui est considéré comme l’un des grands réalisateurs européens et qui a été sélectionné dans de nombreux festivals.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marco_Bellocchio
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le budget du film était de 7,6 millions €. Et, en France, il a rassemblé 356 000 entrées.Pour la préparation, 57 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 274 000 €, ce qui est presque le double de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français. . https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Il a en outre partagé 100 000 € avec Valia Santola et Ludovica Rampoldi pour l’écriture du scénario et reçu 50 000 € de rémunération complémentaires.
Le précédent film qu’il a dirigé dans le cadre d’une coproduction italo-française, dans laquelle la France était présente à hauteur de 10%, était un drame, « La belle endormie ». Le film était sorti en France en 2013. Distribué par Bellissima Films il n’avait rassemblé que 32 000 spectateurs.
Pour la préparation 56 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur avait été de 800 000 €, répartis en par égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il avait en outre reçu 50 000 € pour les dialogues et 100 000 € pour le scénario qu’il avait écrit avec deux autres scénaristes.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE DAVID ROUX
FinanCinéPOUR LA REALISATION DE « L’ORDRE DES MEDECINS »
Lundi 30 novembre OCS Max a diffusé «L’ordre des médecins», un film dramatique réalisé par David Roux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ordre_des_médecins
C’est le premier long métrage du réalisateur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Roux
Il était sorti en salle le 23 janvier 2019. C’est d’abord Canal+ qui l’avait diffusé sur le petit écran, puis OCS, les deux chaînes l’ayant préacheté.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film a été coproduit par Elianeantoinette (Candice Zaccagnino) et Reboot Films (Olivier Aknin) pour un budget de 2,8 millions €. Il était distribué par Pyramide films (Eric Lagesse) qui a accordé un minimum garanti de 75 000 € pour les droits salle et l’a sorti sur 120 copies. Il a rassemblé 90 000 spectateurs.
Pour la préparation, 25 jours de tournage et la post-production le réalisateur a reçu une rémunération de 60 000 €, répartie en part égal entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été coécrit par Julie Peyr qui a reçu un à valoir de 9 000 €.
Ls producteurs ont mis leurs salaires et leurs frais généraux en participation. Ce qui est singulier c’est que leur salaire dans le budget est de 68 000 € et qu’ils ont mis 108 000 € en participation… Il ont également mis leur crédit d’impôt dans le financement. leur apport en fonds propre est de plus de 20% du budget.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LE DEBAT SUR L’AVENIR DE LA SALLE DE CINEMA
ÉditorialELLES SONT FACE A UN PROBLEME NOUVEAU POUR ELLES
Ce sera donc le 16 décembre que l’ensemble des salles de cinéma françaises vont ré-ouvrir. Et les conditions sanitaires imposées lors du premier dé-confinement ne seront pas renforcées. Au contraire, pendant la période de couvre feu, il y aura un léger assouplissement pour le démarrage de la dernière séance avec le billet horodaté. Mais ce sera un assouplissement, pas une occasion de séance supplémentaire. Juste une plus grande souplesse dans la fixation de l’horaire de démarrage de la dernière séance.
Et, cerise sur le gâteau, dès l’ouverture des salles il y aura à l’affiche, le blockbuster américain « Wonder Woman 84.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wonder_Woman_1984
Cela veut dire que les films annonce des films qui vont démarrer le 23 décembre, et il y en a plusieurs très prometteurs, vont être vus par un large public. Par ailleurs, après « Tenet », c’est une nouvelle fois Warner qui prend le risque de sortir en salle partout où c’est possible, alors que la moitié des salles américaines sont fermées. Il est vrai qu’aux Etats-Unis, Warner a décidé de sortir le film le 25 décembre à la fois dans les salles ouvertes et sur sa plate-forme de S-VoD HBO Max. De nombreux professionnels américains estiment que le studio a ainsi franchi le rubicond alors que d’autres pensent qu’il a n’a fait que s’adapter momentanément à une situation momentanément exceptionnelle, puisque 50% des salles de cinéma américaines sont fermées.
Cette situation ouvre donc à nouveau le débat sur l’avenir des salles de cinéma face aux plateformes de S-VoD.
Certains pensent qu’une grande partie du public a pris l’habitude de regarder des films chez eux, d’autres qu’ils vont absolument saisir la moindre occasion de sortir. On retrouve le vieux débat sur l’avenir de la salle de cinéma face à tous les nouveaux médias. L’avènement de la télévision, de la cassette ou du CD avaient fait naitre les mêmes craintes et, à chaque fois, la salle de cinéma s’est adaptée et a su parfaitement résister.
Voir la finale de la Coupe du monde de foot-ball à la télévision ou dans le stade
Car, fondamentalement, voir un film dans une salle de cinéma n’a rien à voir avec le voir sur un écran chez soi, même un grand écran de télévision. Pour prendre un exemple, il est clair que l’on voit mieux la finale de la Coupe du monde de foot-ball sur son téléviseur que dans le stade. Ne serait-ce que parce que la télévision propose des gros plans ou des replays. Mais une grande partie des spectateurs préféreraient y assister dans le stade.
La plupart des gros blockbusters américains sortiront au plus tôt l’été prochain. Et il y en aura moitié moins que les années précédentes. En revanche, il y a énormément de films français en attente et ils bénéficieront d’une large exposition. Jusqu’à la fin des restrictions sanitaires et le retour massif des films américains les exploitants ne retrouveront pas leurs entrées passées. Mais les distributeurs français bénéficieront d’expositions favorables. Même si les professionnels savent que le succès d’un film donne au public l’envie de retourner au cinéma.
Les plateformes ont les moyens d’accaparer tous les talents
Avec tout de même la question de savoir combien de temps encore et avec quelles sources de financement le CNC pourra accorder un soutien automatique renforcé alors que, économiquement, le soutien automatique habituel est en grande partie financé par les recettes des films américains.
A long terme néanmoins les plateformes de S-VoD soulèvent un problème auquel le cinéma n’a jamais été confronté et que souligne très clairement Philippe Reynaert dans son Carrefour de la semaine dernière. https://siritz.com/le-carrefour/les-facettes-de-netflix-selon-reynaert/
En effet, les plateformes ont des moyens considérables, sans commune mesure avec ceux du cinéma, même des grandes majors américaines. Elles vont se battre pour acquérir les productions des talents et des stars. Ainsi, le prochain Dany Boon sera un téléfilm dont Netflix aura l’exclusivité mondiale. Et, ces plateformes vont se livrer une guerre féroce pour accaparer ces talents puisqu’en 2022 leurs besoins pourraient dépasser la capacité mondiale de production. Ce qui veut dire qu’il ne resterait aucune capacité et aucun talent pour le cinéma mais aussi la télévision. Evidemment, ce n’est qu’une prévision fondée sur le cumul de leurs investissements prévisionnels. Comme l’équation est impossible, il est probable qu’ils reverront leurs investissements et adapteront leur stratégie.
Ce qui est probable
Mais ce n’est pas parce que les plateformes acquièrent des films de cinéma en étant capable de payer des prix très interessants pour leurs producteurs qu’elles vont faire de même pour tous les films. Ce qui est probable, c’est qu’elles vont continuer à privilégier les séries tout en se diversifiant dans tous les autres types de programmes, comme les fictions et les documentaires unitaires mais aussi le flux et le sport. Et aussi, sans doute, que le monde va devoir augmenter sensiblement ses capacités de production et ses talents. Mais qui peut s’en plaindre ?
Par ailleurs, du point de vue des majors, les blockbusters à 200 millions $ de budgets visent de 1 à 3 milliards $ de chiffre d’affaires salle dans le monde. Ce sont donc des affaires risquées, mais potentiellement très rentables. C’est pourquoi les majors les privilégient et continuent à les produire. Or les plateformes n’ont aucun intérêt à investir 200 millions $ pour 2 heures de programme alors qu’elles peuvent avoir 12 heures d’une série exceptionnelle qui va fidéliser leurs abonnés en investissant de 40 à 50 millions €. Disney a certes fait diffusé « Mulan » par sa plate-forme Disney + plutôt que de le sortir en salle. Mais il ne l’a pas inclus dans les programmes de Disney +. Il a offert à ses 70 millions d’abonnés de l’acheter en vos pour 30 €. Donc, si 10% de ses abonnés répondaient favorablement à cette offre le film qui a coûté de l’ordre de 200 millions $ serait amorti. Et ce serait une promotion pour la plateforme puisque, pour pouvoir acheter ce film il faut être abonné à Disney+ Mais, pour le groupe, ça ne génère aucunement les profits qu’une sortie salle mondiale aurait générée.
Pour ceux qui parlent anglais lire ce très intéressant article du New-York Times sur ces questions vues de Hollywood.
LA REMUNERATION DE YOANN GUILLOUZOUIC
CinéscoopPOUR LA REALISATION DE « PLACE DES VICTOIRES »
Lundi 23 Canal+ a diffusé en deuxième partie de soirée la comédie dramatique « Place des victoires ». C’est le premier long métrage du réalisateur Yoann Guillouzouic.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_victoires_(film)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Produit par White Panama films (Ryme Wehbi) le film a un budget de 3,5 millions €. C’est également le premier long métrage de la société Son distributeur est La Belle Company (Marc-Antoine Pineau).
Pour la préparation, 34 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 68 000 €, répartis entre 17 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 51 000 € de salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais Yoann Guillouzouic a reçu également 6 000 € pour le scénario et 17 000 € de rémunérations complémentaires.
Un financement de film moyen difficile
Sorti sur 217 copies le film n’a rassemblé que 67 000 spectateurs. La Belle Company qui avait accordé un minimum garanti de 50 000 € pour les seules droit salle n’a sans doute pas amorti son investissement.
Ce film est typique de la difficulté de monter le financement des films à budget moyen sans réalisateur établi et sans casting. En effet, le producteur n’a pas inclus son salaire dans le budget et il a mis ses frais généraux, mais aussi les imprévus, en participation. Il a inclus le crédit d’impôt dans le financement et a investi du numéraire. Il y a par ailleurs plusieurs coproducteurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.