Proposer une offre qui justifie le paiement d’une redevance

Le CSA vient de prendre une décision historique en reconduisant Delphine  Ernotte à la tête de France tėlėvisions. https://fr.wikipedia.org/wiki/France_Télévisions Désormais, comme dans n’importe quelle entreprise, cette dirigeante, qui n’a pas déméritė lors de son premier mandat, va pouvoir poursuivre la politique qu’elle avait engagée. En  tentant  de corriger les inévitables erreurs commises. Bien entendu, elle devra agir alors que le pouvoir politique maintiendra la redevance à un niveau très inférieure à celle des services publics de la plupart de nos voisins. https://siritz.com/editorial/3-ministres-de-la-culture-par-president/

L’enjeu principal de France télévisions est de proposer une offre de service public qui se distingue d’une offre pléthorique de chaînes hertziennes privées. Et d’une offre encore plus pléthorique de chaînes et de services, gratuits ou payants, sur internet. Et ce qui la distingue doit justifier le paiement d’une redevance.

A ce jour, France 5, par ses documentaires, ses magazines et ses débats, se distingue nettement de toutes ces autres offres. Comme c’est le cas d’Arte. De même que l’information régionale de France 3. Mais les programmes de France 2 et de France 3 n’ont rien qui les distinguent. Notamment en ce qui concerne les fictions ou les documentaires de prime-time qui devraient contribuer à la fois à bâtir l’image de ces chaînes.

Les  collections policières territorialisées de France 3 sont un succès d’audience auprès d’un public âgé. Mais la  chaîne reste cantonnée dans ce genre et cette tranche d’âge. France 2 a incontestablement innové avec succès avec la série « 10% ». Mais ce type d’innovation devrait être sa marque de fabrique. De même, les chaînes publiques devraient mettre en place un processus de décision qui permette au producteur d’une série à succès de livrer jusqu’à 10 épisodes de 52 minutes par an. Comme le fait Canal + avec «  Le bureau des légendes ». Ce qui augmenterait fortement l’attractivité de celles-ci sur le marché international et, indirectement, les moyens de France télévisions.

Le plus grand défi est celui du numérique

Le service public doit évidemment viser â faire accéder le public à la connaissance et à la culture. La fiction et les documentaires peuvent y contribuer. Mais des magazines de science, d’histoire, de musique, de théâtre ou de cinéma aussi. Néanmoins il  faut imaginer des formats originaux et leur donner les moyens de leurs ambitions.

Bien entendu, l’Etat s’est montré pitoyable en exigeant, pour quelques 20 millions € d’économie,  la suppression de la chaîne pour enfant et de la chaîne de l’outre-mer. France télévisions,  en faisant de France 4 un des outils dans la lutte anti COVID l’a sauvé et a sauvé la face de l’Etat. Cette chaîne va pouvoir offrir à chaque tranche d’âge d’enfants des programmes qui soient à la fois distrayants et éducatifs. Quant à France Ô,  elle est tout aussi indispensable pour couvrir la vie et l’actualité de nos territoires d’outre-mer. A la fois pour ceux qui y résident et pour ceux qui en sont issus et vivent dans l’hexagone.

Mais le plus grand défi que France télévisions a à relever est celui du numérique. Les jeunes ne regardent plus l’écran de télévision. Et, à mesure qu’ils vieilliront, ils maintiendront cette habitude. Or, sur leur récepteur mobile, ils regardent ou écoutent les services qu’ils veulent,  où ils veulent, quand ils veulent. Progressivement ce mode de consommation va devenir celui d’un pourcentage de plus en plus important de la population.

Proposer sur internet l’ensemble des épisodes d’une série, dès le début de sa diffusion à la télévision

Tous les programmes de France télévisions devraient répondre à cette demande. Ce qui est loin  être le cas. France télévisions est d’ailleurs très en retard par rapport å  Arte et, évidemment,  aux plates-formes de S-Vod. Le minimum est de proposer sur internet l’ensemble des épisodes d’une série, dés le début de sa diffusion à la télévision. Certes, cela va diminuer l’audience et la recette publicitaire de la chaîne, mais augmenter celle de l’internet. Or, sur internet, la publicité présente, dès maintenant, l’avantage de pouvoir être ciblée. Donc tarifée plus cher.  Enfin la durée du replay doit être aussi longue que possible. De ce point, de vue le cinéma ne peut espérer conserver la télėvision parmi ses principales sources de financement sans lui accorder cette possibilité. 

Sur internet, France télėvisions a déjà innové dans le bon sens en créant Okoo pour les 3-12 ans, la plate-forme éducative Lumni, les tutoriels La Maison des maternelle ou Allo docteurs. Elle va probablement poursuivre dans ce sens. Il lui reste à investir massivement les rėseaux sociaux qui sont un outil de communication de plus en plus incontournable de notre époque.

Pour le thriller politique albanais « Le dernier prisonnier »

« Le dernier prisonnier », qui vient de sortir cette semaine, est un thriller politique albanais. C’est une coproduction entre l’Albanie (52%), la France (25%) et la Grèce.

https://www.cnc.fr/cinema/le-cnc-aide/le-dernier-prisonnier_1250250

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Son budget est de 686 000 €. Son réalisateur, Bujar Alimani, est Albanais. Il a réalisé plusieurs courts-métrages qui ont été sélectionnés et primés dans des festivals internationaux. Le dernier prisonnier est son troisième long métrage.

Le coproducteur français est Zorba Production (Guilhaume de la Boulaye, Olivier Mardi et Charles Hassler). Son distributeur en France est Next film Distribution (Bleuenn Charlier et Gabriel de Kerros). Il n’a pas donné de minimum garanti. L’essentiel de l’apport financier de la France vient de l’aide aux cinémas du monde du CNC (135 000 €) et de l’aide d’Eurimages (23 000 €). Le producteur a investi en numéraires 18 000 €, mais ne prend pas en compte sa quote-part de 50 000 € de salaire producteur et de 62 000 € de frais généraux qui sont inscrits au budget.Pour 21 jours de tournage en Albanie sa rémunération a été de 15 000 €, répartie à parts égales entre salaire et à valoir sur droits d’auteur. C’est moins que 20% salaires médians des réalisateurs français.  https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/

Cela représente 2,1% du budget, ce qui est également moins que le pourcentage médian des réalisateurs français.https://siritz.com/financine/barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pour la réalisation d’ « Adorables »

« Adorables », qui vient de sortir cette semaine, est  le deuxième long métrage de la réalisatrice belge Solange Cicurel. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Solange_Cicurel

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Son budget est 2,91 millions €. C’est une coproduction belgo-française. Le producteur français est Other Angel Productios (Laurence Schonberg, Olivier Albou). Le producteur belge  est Beluga trees (Diana Elbaum) Le distributeur en France est UGC pour les salles et la vidéo.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Adorables

Pour 25 jours de tournage, la  rémunération de la réalisatrice est 125 000 €, dont 100 000 € en salaire et 25 000 € en à valoir sur droits d’auteur.  C’est moins que la moyenne des réalisateurs de films français. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/

En revanche c’est 4,3% du budget du film, ce qui est beaucoup plus que la moyenne des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/

S’y ajoute 25 000 € pour le scénario.

« Faut pas lui dire »

Le premier film de Solange Cicurel, « Faut pas lui dire », est sorti en 2016. C’était une coproduction belgo-française à 77/23%. Le producteur français était le même et le belge était Entre chien et loup (Diana Elbaum). Le budget du film était 2,76 millions€. Le distributeur français et pour le monde, hors Belgique, était Sony Pictures France.

La rémunération de la réalisatrice était 100 000 €, répartie à égalité entre à valoir sur droits d’auteur et salaire. Le scénario était co-écrit avec Jacques Akchoti qui avait été rémunéré 12 000 € tandis que la réalisatrice recevait 50 000€.

 Le film avait rassemblé 147 000 entrées en France.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pour la réalisation de « Madre »

Le thriller « Madre », qui sort cette semaine, est un film espagnol. C’est  une coproduction avec la France à hauteur de 22%. Il a été réalisé par l’espagnol Rodrigo Sorogoyen dont c’est le 6ème long métrage.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rodrigo_Sorogoyen

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Son budget est de 2,6 millions €. Les producteurs espagnols sont Arcadia, Motion Pictures, Caballo et Malvananda.  Le coproducteur français est Noodles Production (Jérôme Vidal). Dans l’hexagone la distribution est assurée par Le Pacte (Jean Labadie), pour les mandats salle et vidéo. Son minimum garanti est de 200 000 €.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Madre_(film,_2019)

Pour 33 jours de tournages, le salaire de Rodrigo Sorogoyen est 105 000 €. Son à valoir sur droits et son scénario, qu’il a coécrit avec Isabel Pena, sont inclus dans le sujet  qui est rémunéré 85 000 €. Leur rémunération total était ainsi de 190 000 €.

La rémunération des deux réunis est donc de 7,6% du budget. Etant donné que la réalisateur a perçu la plus grande partie du « sujet »,  sa rémunération, en pourcentage du budget, est donc très au-dessus de la moyenne celle des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/

Le précédent film de Rodrigo Sorogoyen, sorti l’année dernière,  était « El Reino ».  Sont budget était de 3,3 millions €. La France était coproducteur à hauteur de 10%.  Les producteurs français étaient Mondex & Cgie (Stéphane Sorlat) et Le Pacte. Ce dernier était également distributeur. Il avait accordé un minimum garanti de 130 000 € pour le mandat salle et de 70 000 € pour le mandat TV. 

Le salaire de Rodrigo Sorogoyen était de 91 000 €. Il avait coécrit le scénario avec Isabel Pena. Et son à valoir sur droits d’auteur plus la rémunération de leur scénario étaient inclus dans 79 000 € de sujet. Leur rémunération totale était donc 170 000 €.

El Reino avait obtenu le Goya du meilleur réalisateur et du meilleur acteur. En France il avait rassemblé 246 000 spectateurs.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

En décors naturels avec restrictions sanitaires

Dans un Carrefour le directeur de la photo Remy Chevrin expliquait que sur le film sur lequel il travaillait et qui avait repris sont tournage, les mesures de protection contre le Covid n’avaient pas rallongé la durée du tournage. Mais ce n’est qu’un cas. https://siritz.com/le-carrefour/remy-chevrin-notre-cinema-manque-dambition-visuelle/

Rémy Caetano, régisseur adjoint, a tenu le poste de référent Covid sur le tournage d’un téléfilm pour M6 entre le 8 Juin et le 10 Juillet. Il a rédigé un retour sur expérience pour aider aider les futurs primo référents Covid. Siritz.com se l’est procuré. En voici les éléments marquants. Nous n’avons publié que ceux qui qui soulèvent des problèmes.

Le tournage de ce téléfilm a démarré en Mars. Mais il a dû s’arrêter en catastrophe après sept jours de tournage pour cause de confinement national. Il  laissait treize jours de tournage en suspens. Remy Caetnano pas participé à cette première partie de tournage. Il a  été contacté début Juin par la directrice de production, Sylvie Balland, ainsi que le régisseur général, Vincent Joulia, qui recherchaient un profil de régisseur adjoint afin de prendre le poste de référent Covid. Ils le lui ont décrit, à juste titre (en tout cas début Juin) comme une création de poste. 

Sa principale mission en préparation a été la création d’un document de « consignes Covid 19 ». Pour ce faire, Sylvie avait déjà rassemblé plusieurs documents : Le fameux document des recommandations du CCHSCT, le guide du déconfinement national du gouvernement ainsi que plusieurs contributions d’associations des différents corps de métier du cinéma dans lesquels ils partagent leurs suggestions . 

https://www.afar-fiction.com/spip.php?rubrique16

Fort de toute cette lecture, nous avons essayé de trouver le meilleur compromis entre les recommandations sanitaires d’une part, et la faisabilité dans le cadre d’un tournage en décors naturels d’une autre part, pour arriver aux consignes ci-dessous. 

Vers la fin du tournage  Rémi a commencé à faire un bilan de ce qui a marché, ce qui a moins marché et ce qui n’a pas marché.
Le contexte actuel (reconfinement partiel de plusieurs pays) laisse à penser que les tournages avec consignes sanitaires ne vont pas s’arrêter tout de suite. 

Vous trouverez en caractère normaux les consignes qui se trouvaient dans ce document Covid 19 que nous avons créé, et en italique, nos remarques ou suggestions concernant ces mêmes consignes que nous proposons modestement à tous. 

Distanciation

– Respecter autant que possible la distanciation de 1,5m. 

Selon le contexte, cette consigne est quasi impossible à respecter. D’une part, par la nature même d’un décor (par exemple, un de nos décors principaux est une maison en banlieue parisienne qui était déjà petite pour accueillir un tournage « normal » à la base) et d’autre part, par la configuration même d’un plan (en effet, comment garder une distance de plus d’un mètre entre un cadreur sur une dolly et le machino qui la pousse ? par exemple). 

En revanche, de cette consigne a découlé la mise en place d’un second retour vidéo en plus du combo, plus éloigné du plateau, ce qui a permis d’éviter que tous les techniciens s’agglutinent devant un seul et même écran, favorisant ainsi une plus grande distanciation qu’à l’accoutumée. Et ce second retour a été apprécié par le HMC et les autres techniciens hors du plateau. 

Transports sur le tournage

Il vous est demandé de ne pas utiliser les transports en commun. Pour ceux qui n’auraient pas d’autre solution, se rapprocher de la régie pour organiser leur venue sur le tournage. Pour les trajets domicile – décor, si co-voiturage, port du masque obligatoire à partir de 3 personnes, pas plus de trois personnes par véhicule de 4 places, quatre personnes par véhicule de 7 places. (privilégier une seule personne par rangée). Présence de gel hydroalcoolique et de masques dans les véhicules loués par la production.


Cela a été faisable mais à un certain coût. En effet, afin de pouvoir transporter parfois plusieurs comédiens à la fois, il a fallu que la régie loue uniquement des monospaces 7 places pour avoir 3 rangs de sièges, véhicules qui coûtent forcément plus cher que les véhicules habituels.Aussi, la production a dû louer des véhicules supplémentaires pour les techniciens ne pouvant se déplacer qu’en transports en commun. 

Port du masque obligatoire

Fourni par la production et à changer toutes les 4 heures 

Alors c’est LA consigne la plus problématique pour deux raisons principales : 1) C’est le geste barrière le plus efficace pour éviter une contamination, donc on ne peut vraiment pas s’en passer. 2) C’est sûrement la consigne la plus difficile à faire respecter. 

Diverses raisons sont évoquées par les techniciens réticents à l’idée de porter un masque : l’inconfort dû à la chaleur sous le masque, l’aspect écologique (nous avons opté pour des masques chirurgicaux qui semblaient être les plus légers à porter et les moins inconfortables mais qu’il faut jeter toutes les 4 heures, multipliez ça par le nombre de techniciens et par le nombre de jours de tournage, ça fait effectivement un sacré nombre de masques à la poubelle), les douleurs derrières les oreilles après plusieurs heures, le fameux « le Covid c’est fini » qu’il est difficile de contre argumenter lorsqu’en parallèle les restaurants ré ouvrent etc, la buée sur les lunettes pour ceux qui en portent, et parfois, tout simplement, le manque d’habitude d’en porter et donc le simple oubli, etc etc… 

En tant que référent covid, je me suis vite retrouvé à tenir le poste de « chef de la police du masque » sur le plateau. Allez expliquer à un technicien dans le jus de porter un masque alors qu’il court déjà dans tous les sens à moitié en sueurs… 

Ici, pas de solution miracle. En tous cas, pas que je n’ai trouvé :
Les masques chirurgicaux protègent les autres de soi, mais pas soi-même des autres. Donc, pour que cela soit efficace, il faut que tout le monde joue le jeu. Quelqu’un qui ne porte pas le masque en prétextant accepter le risque qu’il encourt fait en fait encourir ce risque à tous ses collègues. Solution possible : porter des masques FFP2, mais ces masques sont encore plus imposants et tiennent encore plus chaud.
Pour l’aspect écologique, il faudrait opter pour les masques en tissu, mais cela pose le même problème de chaleur que les FFP2 tout en protégeant moins bien qu’eux. Aussi, cela implique de trouver la méthode pour pouvoir les remplacer et les laver. (Régie ? Costumes ?).
Et ainsi de suite… Chaque solution a sa contrepartie. 

Lorsque le port du masque ou non est laissé au libre arbitre de chacun en fonction de la situation (en intérieur ou en extérieur, plus ou moins loin de ses collègues etc…) cela ne fonctionne pas, et les masques finissent par tomber en toute circonstance. 

En attendant la création d’un masque parfait pour tous (ou peut-être existe-t-il mais je n’en ai pas connaissance) ou un vaccin, la suggestion de solution absolue que j’ose à peine évoquer tellement cela va à l’encontre de mes habitudes serait d’imposer contractuellement le port du masque à tous les membres de l’équipe, du début à la fin de la journée de travail, un peu à l’image de certains magasins dans lesquels il est devenu interdit de rentrer sans masque. Cela éviterait tout débat mais serait dictatorial. 

Lavage de mains

Lavage de mains approfondi et fréquent, de préférence à l’eau et au savon, sinon au gel hydroalcoolique : a minima en début de journée, à chaque changement de tâche, après contact impromptu avec d’autres personnes ou port d’objets récemment manipulés par d’autres personnes. Un lavabo portatif sera à proximité du plateau si aucun point d’eau n’est accessible à proximité.

Le second geste barrière le plus efficace de toute la liste. Nous avons distribué en début de tournage un flacon de gel hydroalcoolique à tous. Flacons que nous remplissons une fois vide afin de n’utiliser qu’un flacon en plastique par personne. Nous avons également loué un lavabo mobile à disposition de tous à côté de la table régie. De manière générale, les gens pensent un peu plus à se laver les mains qu’avant mais pas tant que ça. Peut-être qu’il fallait que l’on communique plus là-dessus. Toujours est-il que la possibilité de pouvoir le faire reste primordiale. Le lavabo mobile est très pratique et il est important que les techniciens aient accès à du gel hydroalcoolique. 

– Lavage de main obligatoire après avoir mangé, bu ou fumé. 

Difficile d’estimer si cette règle a été respecté mais, une fois de plus, nous aurions peut-être dû plus communiquer là-dessus, notamment à l’aide d’affiches. 

Contrôle Covid

– Commencer la journée de chacun systématiquement (avant l’ouverture des camions notamment) en passant par un espace covid dédié (généralement sous Z-up vers l’entrée du décor) à proximité du plateau pour prise de température sans contact par un( e ) infirmièr(e) + distribution de 3 masques jetables dits « chirurgicaux » pour la journée ainsi qu’une visière pour les personnes les plus proches des acteurs et gel hydroalcoolique.


Il faut rappeler que la prise de température est sur la base du volontariat. Tout le monde a joué le jeu. Il est arrivé que le thermomètre indique de la température. Dans ce cas, nous reprenions la température 15 minutes plus tard. La température est systématiquement revenue à la norme (un coup de chaud dans la voiture ?).
Nous avons arrêté de distribuer 3 masques par personne car nous retrouvions des masques un peu partout et les gens ne pensent pas à en changer. Distribution d’un seul masque le matin, et le régisseur plateau ou référent covid sur le plateau avait toujours des masques sur lui si besoin. L’infirmier sur place environ trois heures par jour pour l’arrivée de tous est également un coût supplémentaire. 

Mais les 3 heures nous ont semblées suffisantes, les techniciens et comédiens échangeaient avec l’infirmier en début de journée et nous n’avons eu aucune demande d’une présence sanitaire à un autre moment de la journée.Sur les décors où les HMC étaient éloignés, j’allais au HMC pour accueillir l’équipe HMC + comédiens où je prenais moi-même la température. (que je faisais revérifier par l’infirmier(e) si je constatais de la température).Le lieu du point covid était placé stratégiquement de telle sorte à être obligé d’y passer dans la mesure du possible et était indiqué sur les plans de situations avec la feuille de service.En parallèle de cela, nous avions contacté une médecin généraliste basée non loin de tous nos décors pour de potentiels téléconsultation en cas de fièvre. Nous n’avons pas eu besoin de l’appeler une seule fois. 

Désinfection

– Tous les lieux de tournage et les locaux annexes seront désinfectés par une entreprise extérieure. Une personne de cette entreprise sera toute la journée avec nous afin d’assurer le nettoyage et la désinfection régulière des surfaces en contact avec les mains dans les locaux communs et notamment les sanitaires. 

Nous avons bien fait désinfecter tous les décors et locaux annexes par une entreprise extérieure. Cela a un coût non négligeable, d’autant plus qu’il a fallu faire désinfecter chaque décor avant l’installation déco, après l’installation déco, après le tournage, et enfin après remise en état par la déco. C’est également une organisation, notamment pour l’accès à tous ces lieux. Nous avons l’habitude de prévenir les propriétaires de l’arrivée de la déco, de l’équipe et de la remise en état, il faut penser à y ajouter les désinfections. 

Quant à la présence d’une personne de cette entreprise tout au long de la journée pour les décors intérieurs, nous ne l’avons fait finalement qu’une seule fois car nous nous sommes rendus compte assez vite que l’accès au décor pour cette personne est quasiment impossible.Nous avons fini par décider sur les derniers jours de tournage que le régisseur en gardiennage du décor à la pause déjeuner en profitait pour désinfecter les zones de contact (poignées de portes, sanitaires, interrupteurs, lavabos etc…).

Locaux HMC

Les locaux HMC seront aménagés pour préserver une distance d’au moins un mètre entre chaque poste de travail.Nous avons dû repenser certaines installations HMC, notamment sur un décor où nous avons dû louer des carloges qui n’étaient pas prévus initialement (et donc, une fois de plus, un coût supplémentaire). 

Nettoyage de matériel technique

– Vous devez, vous-mêmes, prévoir un nettoyage du matériel technique à la fin du tournage. Du matériel vous sera fourni. (Désinfection rapide sur le matériel le plus utilisé avec du spray désinfectant fourni par la production).
De manière générale, cette consigne n’a pas pu être respectée. Elle l’a été au début, mais elle s’est perdue au fil des jours. Non pas par manque de sérieux, mais tout simplement par manque de temps. Du retour général que j’ai eu, cela impliquerait d’avoir une personne en plus pour chaque corps de métier entièrement dédiée à cela. 

Après avoir consulté différents tournages, une solution est ressortie à plusieurs reprises : les fumigènes désinfectants à placer dans les camions fermés (tous les soirs ? toutes les semaines ?) du type « fumithor hygiène ». Difficile de déterminer son efficacité, toujours est-il que ça l’est forcément plus qu’une non désinfection régulière.

Jeter les masques

Jeter tous les masques, gants, blouses et chiffons servant à la désinfection du matériel dans les poubelles dédiées présentes sur le plateau, à la table régie.Nous avons finalement jeté ces items dans le tout-venant. En effet, il était préconisé d’avoir une poubelle à part, sauf que cela demande d’avoir un container spécial déchets sanitaires, chose rare à moins de tourner dans un hôpital. Il est également recommandé de les garder fermés hermétiquement 24h avant de les jeter dans un container, ce qui est compliqué à faire lorsque l’on change de décor tous les jours. 

Table régie

– Personne ne se servira à la table régie. Un régisseur dédié sera en permanence à la table régie pour servir les gens. Nous ne pourrons pas vous proposer une table régie aussi variée que d’habitude, car nous devrons privilégier les emballages individuels.
Cela a impliqué qu’un régisseur soit « bloqué » à la table régie en toutes circonstances, mais a bien fonctionné. En revanche, fini le pain et les confitures le matin et bonjour les rush pour les cafés après les pauses déjeuner. 

– Afin de respecter les distanciations pendant la pause déjeuner où le retrait du masque est inévitable, pas plus de quatre personnes pourront manger sur une même table. Au vu de la capacité d’accueil de la cantine, cela implique que, sur trois de nos treize journées de tournage, nous allons devoir faire deux services d’une demi-heure au lieu d’un seul d’une heure. La pause déjeuner restera d’une heure évidemment. Et les lieux seront désinfectés entre chaque service.


Nous avons finalement réussi à ne faire qu’un seul service classique à chaque fois en faisant manger en décalé tous ceux qu’ils le pouvaient.En ce qui concerne la disposition des tables, la cantine a utilisé des tables larges permettant de manger face à face, en respectant un mètre de distance, portant à 6 personnes la capacité de chaque table.Concernant le service, nous avions opté pour le tout en plateau repas froid préparé à l’avance mais le dimanche avant notre tournage, Emmanuel Macron annonçait la réouverture complète des restaurants. Pouvant être servi normalement au restaurant, nous avons changé notre fusil d’épaule en gardant un service classique à table, le serveur portant un masque. 

Personnel présent sur le plateau

– Les personnes qui ne sont plus indispensables sur le plateau devront le quitter. 

Nous avons essayé de mettre en place une sorte de roulement pour les installations de plans afin d’éviter au maximum la co-activité, parfois avec efficacité, parfois moins (notamment lorsque nous étions en retard et qu’il fallait aller vite). Cela ne posait pas spécialement de problème en extérieur, en revanche, c’est plus problématique en intérieur. Il serait sûrement possible de mettre cela en place de manière plus carrée, bien en amont du tournage, impliquant en revanche un temps d’installation plus long. Une solution serait bien sûr de ne choisir que des décors intérieurs de grande taille afin que chaque équipe puissent travailler à distance à la préparation des plans. Nous ne pouvions pas, pour des raisons financières, relancer des repérages pour trouver de nouveaux décors adéquats, mais en cas de préparation sous Covid, il est vraiment impératif d’intégrer ce critère dans le choix des décors. 

– L’administration ne sera pas sur les décors. Vous pourrez les joindre que par mail et téléphone.Je ferais l’interface si nécessaire et Lydia, Julie et Sophie viendront sur le tournage une fois par semaine. Nous vous préviendrons en avance de leur visite.Sur les 13 jours de tournage, l’administration n’est venue que sur deux décors où nous avions la place de les accueillir en respectant les distanciations. Autrement, le télétravail était privilégié, ce qui ne facilite pas les allers et retours sur la feuille de service, mais oblige aussi la mise en scène à ne pas donner la feuille au dernier moment. 

Mise en scène

– Préparer toutes les feuilles de service avant le début du tournage 

Les nombreux changements que cette reprise a impliqué a rendu cela impossible. 

Décoration

– Une fois le décor et /les accessoires installé(s), passer une lingette désinfectante systématiquement.Finalement, les désinfections pré et post installation nous ont semblé suffisantes. 

Accessoires

– Désinfection des accessoires de la journée avant et après utilisation (ou bien le matin en prépa et le soir en remballe).
Au même titre que les autres corps de métier, il a été très compliqué de désinfecter régulièrement tous les accessoires par manque de temps. Lors des journées plus calmes, cela a pu être fait, également sur les zones de contact dans les véhicules de jeu (pommeau de vitesses, volant…). 


- Le passage d’aspirateur est proscrit. Si, pour une raison X ou Y, l’aspirateur serait malgré tout nécessaire (scène avec les plumes), il faudra l’anticiper car il faudra aérer au maximum le plateau pendant et après son passage. 

Nous avons effectivement eu une séquence ou il y avait des jets de plumes sur tout le décor, qu’il a fallu nettoyer pour passer à la séquence suivante. Prévenu en amont, la mise en scène a fait en sorte qu’hormis un régisseur, l’accessoiriste et une stagiaire déco, tout le monde est sorti, le temps de passer l’aspirateur et d’aérer un minimum le décor. (cela implique un peu de temps supplémentaire). 

Image Directeur de la photo

– Désinfection régulière de la caméra (alcool isopropylique + essuie tout) 

Cela a été fait dans la mesure du possible au début, avant de perdre cette habitude car trop chronophage. (cf solution des fumigènes désinfectants ?)- Œilleton individuel ou nettoyer régulièrement.Œilletons changés régulièrement. 

Régie

– Désinfection régulière des véhicules de prod avec lingettes et spray désinfectant tissus par leurs conducteurs.
Nous ne l’avons pas fait, principalement pour ne pas y avoir pensé. Je pense qu’il faudrait que ce soit l’une des missions d’un des assistants pendant la pause déjeuner par exemple et que cela devienne une sorte de routine, lorsque cela est possible. 

– Pas de sandwichs fait par la régie. Ils seront préparés par la cantine 

Cela a impliqué d’anticiper un maximum les longues journées car il a fallu commander à l’avance des sandwiches (notamment sur les journées commençant vers midi avec une pause dîner et non une pause déjeuner) mais ça a fonctionné. C’est une fois de plus un coût supplémentaire. 

Conclusion

Le référent Covid reste encore un poste à définir. Pour m’être renseigné sur ce qui se faisait sur d’autres projets, non seulement les règles varient, mais également la nature du référent (pompier, infirmier, médecin, assistant régie, régisseur adjoint…) ou encore les méthodes (une équipe de tournage a par exemple deux personnes attitrées à la désinfection régulière des lieux, des véhicules, etc…). 

Après cette expérience, il me semble évident que le référent covid doive être un régisseur afin de comprendre la « logique de tournage » (Un autre tournage a pris un médecin très à cheval sur les règles sanitaires mais sans réelle compréhension des spécificités de nos métiers), et je dirai même plus, à minima un profil d’adjoint. 

En effet, le poste étant nouveau, il demande une connaissance solide des tournages pour pouvoir s’adapter et innover, sans compter les responsabilités que cela implique. (Planifier les désinfections, organiser les espaces de travail, de déjeuner, fournitures d’EPI, location de matériel d’hygiène etc…). 

Reste à déterminer son rôle au sein de l’équipe. Fait-il partie intégrante de la régie ? de la prod ? Est-il à part de tout corps de métier existant ? De cela découleraient ses missions sur le plateau. Je ne pense pas qu’il y ait de bonne réponse à cette question mais juste un choix de prod qui doit se réfléchir en amont en fonction des spécificités de chaque projet (nombre de décors, type de décors, budget, …). 

Concernant les règles sanitaires à mettre en place, il me semble impossible de pouvoir respecter en toutes circonstances des consignes trop contraignantes car elles demanderaient trop de temps ou de personnels supplémentaires, généralement incompatibles avec les budgets. De plus, trop de consignes tuent la consigne, et les équipes se retrouvent parfois perdues. 

Il faut arriver à trouver un nombre limité de consignes efficaces et peu chronophages, pouvant devenir ainsi des réflexes d’ici quelque temps, une sorte de nouvelle norme. 

Evaluation pour l’UPPF des coûts supplémentaires générés par les mesures de protection

Pour se protéger de la Covid les tournages vont devoir respecter un ensemble de précautions. Il s’agit d’une document volumineux et précis.

https://www.afar-fiction.com/spip.php?rubrique16

Celles-ci risquent d’entrainer des coûts supplémentaires. Ceux-ci varient évidemment selon les films. Dans un Carrefour, le directeur de la photo Remy Chevrin expliquait que sur son film il n’y avait eu aucune augmentation de la durée du tournage. https://siritz.com/le-carrefour/remy-chevrin-notre-cinema-manque-dambition-visuelle/. Mais ce cas n’est pas forcément généralisable.

C’est pourquoi le syndicat belge, l’UPPF (Union des Producteurs de Films Francophones), a commandé une étude afin de mesurer les coûts liés la mise en place des mesures COVID sur un plateau de tournage.  Siritz.com se l’ai procurée. En voici un résumé.

Méthodologie : 

Afin d’estimer ces coûts nous avons basé notre analyse sur deux projets : 

1) Un long-métrage majoritaire belge théorique dont les données de production sont les suivantes : 

-Coût de fabrication:2,5M€  

-Equipe: 50 personnes
 dont 40 techniciens et 10 acteurs

-35 jours de tournage 

2) Une série TV réelle minoritaire, en coproduction avec la France, actuellement en cours de préparation au sein de la société de production d’un membre de l’UPFF 

Les simulations effectuées sur ces deux projets ont été mises en commun, et il est à noter que les conclusions des directeurs de productions ayant travaillé sur ces deux projets sont assez proches. En chiffres, le surcoût estimé est le suivant : 

Globalement on évalue l’augmentation du coût d’une journée de tournage de de 6.500 € à 8.500 € soit entre 9% et 12% du coût de frabrication et de 13% à 17% du coût d’une journée de tournage.

Principales hypothèses :

Il faut noter que nous nous sommes engagés dans une démarche exhaustive mais pas pessimiste. Nous avons émis un certain nombre d’hypothèses à la hausse comme à la baisse, liées à l’application des potentielles mesures COVID encadrant la reprise des tournages. 

Principales Hypothèses à la hausse : 

  • Recrutement de personnels supplémentaires 
  • o Référent COVID 
  • o Régisseurs/Chauffeurs 
  • o Equipe de Ménage 
  • Augmentation du nombre de jours de prestations de certains personnels 
  • o Production de plateau 
  • o Ensemblier
  • o Repérages
  • o Ripeurs 
  • Une heure supplémentaire de présence plateau liée au ralentissement du rythme de tournage dû à la mise en place des procédures COVID 
  • Charges sociales afférentes à ces personnels 
  • Augmentation du nombre de loges 
  • Nettoyage fréquent des costumes 
  • Mise en place de mesures d’hygiènes 
  • o Gants, masques, gels,…
  • o Tests
  • o Communication plateau,… 
  • Principales hypothèses à la baisse : 
  • Diminution de certains personnels 
  • o Chef de file 
  • o Figurations
  • o Renforts éléctro
  • o Renforts machinos 
  • Table Régie 
  • Repas 
  • Augmentations probables dont il n’a pas été tenu compte : 
  • Assurance 
  • Post Production 
  • Coût de quatorzaine pré-tournage si obligatoire ou inévitable 
  • Reconfinement ou Stop and Go 
Augmentation de plus de 10% du devis

L’audiovisuel pourra plus facilement s’adapter

La situation globale de la fréquentation cinématographique est catastrophique. L’absence des grands blockbusters américains justifierait une chute de 50 à 55% par rapport aux années précédentes. Mais elle est des deux tiers. Certes, il n’y a pas non plus de films promus par le Festival de Cannes. Et la sortie de certains films français importants a été reportée à la rentrée.

Mais il y a une deuxième constatation, peut-être encore plus grave.  C’est que cette fréquentation illustre « L’Archipel français » que décrit Jérôme Fourquet : une France divisée en de multiples communautés qui s’ignorent. A titre d’exemple, « Les Parfums » ne « marche » qu’auprès du public senior dans les salles de public bourgeois de Paris et de certaines de ses banlieues. Tandis que « Tout simplement noir », malgré une critique très favorable, ne marche que dans les salles de quartiers «populaires » de Paris et de sa banlieue. Pas en Province. 

Les distributeurs de ces films vont sans doute amortir leur investissement. Notamment du  fait de la très forte augmentation du soutien automatique. Et, sans doute, de prix « cassés de la publicité. Mais le CNC qui a déjà un énorme trou de trésorerie pourra difficilement prolonger cette augmentation du soutien automatique au-delà de l’été. 

Les recettes ne peuvent, et de loin,  couvrir les dépenses des salles

Mais les multiplexes ou les complexes n’ont qu’un seul écran qui marche. L’exploitation française était le secteur le plus performant et le plus rentable du cinéma en France. Soudain, elle a dû vivre trois mois sans recettes, avec des remboursements d’emprunt ou  des  loyers ainsi que des charges  d’entretien et de gardiennage. Ce qui  a singulièrement entamé ses réserves de trésorerie. Et toutes les salles n’en n’avaient pas. Elle a  rouvert et rétabli ses charges d’exploitation d’avant. Mais, dans la plupart des cas,  ses recettes ne peuvent pas, et de loin, couvrir ses dépenses.

En outre, le port du masque devient obligatoire dans tous les lieux clos.  Cette mesure est certes incontrôlable dans les salles, mais ne va pas encourager la sortie cinéma. 

En fait, ce n’est qu’en août que deux potentiels blockbusters américains sont prévus. Et, compte tenu de l’explosion de la pandémie aux Etats-Unis et d’une reprise dans plusieurs grands territoires, ces sorties seront peut-être, à nouveau, reportées. Par ailleurs,  qui peut assurer qu’ils ne vont pas rencontrer eux aussi  « L’Archipel français », seul le cœur de cible se déplaçant pour les voir ? 

Production : mesures sanitaires et fonds de garantie insuffisant

Bien évidemment, la production est également touchée. Dans  certains cas les mesures de précaution sanitaires n’ont pas augmenté la durée et le coût des tournages comme nous le rėvêlait sans un Carrefour Remy Chevrin. . https://siritz.com/le-carrefour/remy-chevrin-notre-cinema-manque-dambition-visuelle/

Mais nombre d’autres films n’ont pas cette chance et leur budget peut grimper d’une dizaine de pour cent. Ce qui, pour la plupart d’entre eux, n’est pas rien. 

Quant à la question de l’assurance contre le risque de pandémie elle est loin d’être résolue. Car le fonds de garantie mis en place ne couvre que 30% des dépenses, avec un plafond de 1,8 millions €. Or, c’est un énorme risque pour le producteur, notamment si un acteur important est frappé vers la fin du tournage. Cela nécessitera  sans doute une nouvelle l’organisation et un nouveau planning du travail. Et, peut-être même, la quarantaine des comédiens, du réalisateur  et des principaux techniciens pendant  le tournage. Ce ne sera pas une atteinte aux droits de l’homme mais une condition pour obtenir un emploi . Il y a d’ailleurs un film américain en tournage à Paris qui a imposé cette quarantaine.

Prestataires : le feu de paille du boom des tournages

Les prestataires ont évidemment été également touchés par l’inactivité due au confinement. Certes, la reprise a été forte puisque la plupart des films et des œuvres audiovisuelles dont le tournage avait été retardé ou interrompu ont repris leur tournage et leur post-production. Les associations de techniciens comptaient 37 longs métrages de cinéma en tournage. Mais ce boom risque de n’être qu’un feu de paille.

Si la chute de la fréquentation se maintient il en sera de même des apports des distributeurs. Une évolution qui s’ajoutera à l’inévitable baisse des investissements des chaînes du fait du net recul des recettes publicitaires. Il est donc possible que l’on assiste à une baisse du budget global des longs métrages français, ce qui se répercutera sur les prestataires. 

Les chaînes de télévision françaises vont également réduire leurs investissements dans les œuvres audiovisuelles. Mais cette réduction va être en grande partie, sinon en totalité, compensée par la hausse des investissements de la S-Vod.

Ces analyses ne portent évidemment que sur le court terme. A moyen terme, il y a deux scénarii possibles. 

Le plus optimiste est la disparition de la pandémie. Soit, ce qui est peu probable,  parce que les mesures de protections auront été assez efficaces pour supprimer toute transmission du virus. Soit parce que l’on aura découvert un vaccin ou un traitement efficace. Mais, comme le notait René Bonnell, la production et la distribution du cinéma devront tout de même profondément évoluer. https://siritz.com/le-carrefour/rene-bonnell-sur-leconomie-du-cinema-francais/

Le deuxième  est celui où la pandémie fait désormais partie de notre vie et pour longtemps. Chacun va devoir changer son mode de vie. Et le cinéma, y compris l’exploitation, va devoir modifier profondément son modèle économique. L’audiovisuel devra également modifier ses méthodes de travail, mais, grâce à la S-VoD, pourra plus facilement s’adapter.

De la comédie « Divorce Club »

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michaël_Youn

Le film a un budget de 8 millions €. Il est produit à la fois par Radar Films  (Clément Miserez) qui sort cette même semaine « L’Aventure des Marguerite » et SND.  Cette dernière est également le distributeur du film.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Divorce_Club

Pour 40 jours de tournage, la rémunération de Michael Youn en tant que réalisateur est de 200 000 €, répartie à part égal entre à valoir sur droits d’auteurs et salaire de technicien. C’est largement au-dessus de la moyenne des rémunérations des films sortis en 2019 https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/ . Mais cela représente 2,5% du budget, soit moins que la moyenne https://siritz.com/financine/barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/.

Par ailleurs il a participé au scénario avec 4 autres scénaristes. A ce titre ils se sont partagés 442 000 €. Par ailleurs le sujet a été budgété 442 000 €. Cette somme est en fait attribué au réalisateur en plus de celles citées précédemment.

Le précédent film de Michael Youn en tant que réalisateur était « Vive la France », sorti en 2013. Son budget était de 16 millions €. Il avait été produit par Gaumont et Légende Films. La rémunération de Michael Youn était de 706 000 €, dont 350 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 350 000 € de salaire de technicien. Ce dernier avait en outre reçu 745 000 € pour le scénario qui avait été co-écrit par deux autres scénaristes qui avaient reçu 67 000 € chacun.

Le film avait rassemblé 1 107 000 entrées.

Le premier film de Michael Youn en tant que réalisateur est sorti en 2010. « Fatal » avait un budget de 15,7 millions € et sa rémunération de réalisateur avait été de 150 000 €. Mais le sujet était déjà évalué 420 000 €.

Le 5ème long métrage de Pierre Coré

Le film, réalisé par Pierre Coré, sort ce mardi 14 juillet sur x copies. C’est le cinquième long métrage que ce dernier a réalisé. Il est connu pour ses albums par la jeunesse et a dirigé plusieurs programmes jeunesse à la télévision.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Coré

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Produit par Radar Films (Clément Misère) et La Station d’animation (Pierre Coré  ) son budget est de 5,2 millions €. Fait original, dans ce dernier les imprévus sont évalués à 0. Les producteurs délégués ont investi 1,2 millions €, dont le crédit d’impôt et la totalité du salaire producteur ainsi que les frais généraux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Aventure_des_Marguerite

Orange Studio est coproducteur pour 195 000 €,  Pathé Films pour 900 000 € et Extérieur jour (Cyril Hauguel) pour 62 000 € (en fonds de soutien).  Le film bénéficie de 195 000 € de fonds de soutien en préparation et de 5 000 € en développement.

Trois régions ont apporté un soutien total de 260 000 €. Une sofica adossée a investi 650 000 € et une sofica non adossée 100 000 €. 

Canal+ a préacheté le film pour 850 000 € et Multithématique pour 42 000 €. Le film est co-distribué par Orange Studio et Pathé Distribution., pour la salle, la vidéo et l’international, mais sans minimum garanti.

Le succès de son précédent film

Le précédent film réalisé par Pierre Coré était un film d’animation sorti en 2017. Produit par Mandarin Cinéma et La Station d’animation, c’était une coproduction 52/48% avec le Canada. Son budget était de 12,2 millions €. En France il était distribué par Studio Canal, qui pour la mandat salle et vidéo, avait accordé un minimum garanti de 700 000 €. Le film avait rassemblé 1 130 000 spectateurs.

Comme on le sait, depuis la réouverture des salles, la fréquentation est au tiers de ce qu’elle était l’année dernière. En partie du fait de l’absence des blockbusters américains, mais aussi du fait de la baisse des performances des films française. Néanmoins les distributeurs bénéficient sans doute de tarifs publicitaires réduits du fait de la crise économique. Et aussi d’une augmentation du soutien automatique. https://siritz.com/financine/le-cnc-augmente-le-soutien-automatique/

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pour « été 85 »

Ce mardi 14 juille’est sorti en salle un nouveau film de François Ozon. C’est le 19ème qu’il a réalisé. Comme le précédent il est produit par Mandarin Cinéma (Eric et Nicolas Altmayer).

https://fr.wikipedia.org/wiki/François_Ozon

Cinéfinances.info*  a fourni les données financières de cet article.

Le budget du film est de 6,1 millions €. C’est une adaptation de « La danse du coucou », une roman d’ Aidan Chambers. Les droits de ce roman ont été achetée 75 000 €. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Été_85

Pour 31 jours de tournage, la rémunération de François Ozon est de 200 000 €, répartie à égalité entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de réalisateur technicien. En outre, il a reçu 302 000 € pour l’adaptation du roman et le scénario. Sa rémunération en tant que réalisateur est  très au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs en 2019. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/

En pourcentage, elle représente 3,3% du budget, ce qui est également au-dessus des celle des réalisateurs en 2019.https: //siritz.com/financine/barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/preview_id=2796&preview_nonce=0ed3a5a0dd&preview=true

Comme de très nombreux films français celui-ci est une coproduction avec la Belgique qui a apporté 5% du financement. Mars film, avait accordé un minimum garanti de 800 000 € pour la distribution en salle et en vidéo. Mais c’est Diaphana qui a repris cette distribution. Canal+ et OCS ont acheté les droits de la télévision à péage et France 2 est coproducteur pour la télévision en clair.

Le précédent film de François Ozon était « Grâce à dieu », sorti en 2019. Son budget était de 6 millions. Il était également produit par Mandarin cinéma et distribué par Mars films. Il avait atteint 917 000 entrées

Pour 45 jours de tournage, la rémunération de François Ozon était de 150 000 €, répartie à parts égales entre à valoir sur droits d’auteur et salaire réalisateur. Le scénario avait été payé à François Ozon 28 500 €. Le sujet, inspiré d’un fait divers, avait été budgété 80 000 €.

C’est Mars film qui assurait la distribution en salle, en vod et en S-Vod pour un minimum garanti de 300 000 €. OCS l’avait préacheté pour la télévision à péage et France 2 coproduit pour la télévision gratuite.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.