Siritz.com : Vous êtes l’exemple d’un exploitant indépendant important. Quelles sont les caractéristiques de votre multiplexe Métropolis ?
François Thirriot : Il a 10 écrans pour 2 000 fauteuils et réalise entre 400 000 et 430 000 entrées par an depuis son ouverture. On est sur une zone de 50 000 habitants. Et c’est une multiplexe de centre ville.
Siritz.com : C’est la tendance des nouveaux multiplexes depuis quelques années d’être de proximité et pas dans des centres commerciaux, hors des villes comme au départ.
FT : On voulait dynamiser le centre ville et pas l’abandonner pour l’affaiblir. On a eu la chance d’être accompagné par la ville. C’était une friche industrielle constituée de petits artisans qui ont été achetés les uns après les autres par la ville. Elle avait donc un foncier de 10 000 m2 sur lequel on s’est implanté en 2003. On a racheté le foncier et on est ainsi entièrement propriétaire du multiplexe.
Siritz.com : Donc, quand les salles ont fermé le 16 mars, vous n’aviez pas de loyer à payer.
FT : Mais il nous restait la fin des remboursements de l’emprunt réalisé pour effectuer cet investissement de 6,3 millions €. Il nous reste encore à rembourser 70 000 € par trimestre. Donc on était dans une situation qui n’était pas trop inconfortable.
Siritz.com : Et le personnel était en chômage partiel. Mais est-ce qu’il n’y avait pas d’autres frais ?
FT : On a maintenu pendant la fermeture une équipe réduite chargée de l’entretien, deux personnes qui venaient une fois par semaine pour mettre en route les machines et les éteindre. On en a profité pour faire du rangement. J’en faisais partie. Parce qu’on avait besoin de s’occuper. Mais c’était assez traumatisant d’entrer dans un cinéma qui accueille en moyenne 1 200 personnes par jour et qui était désert et silencieux.
Siritz.com : Il faut dire que les deux premiers mois de l’année, avant la fermeture des salles, la fréquentation avait été très mauvaise. Quasiment -30%.
FT : Effectivement. L’année dernière avait été une année record, du fait de l’offre de films. Quand j’ai vu ce qui était annoncé pour 2020 je savais que ce sera une mauvaise année. Et, à partir parti d’avril il faisait beau tous les jours. Même s’il n’y avait pas eu le Coronavirus on aurait été à – 30%. On serait descendu à moins de 200 millions de spectateurs sur l’année. Ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps.
La FNCF a fait un travail remarquable
Siritz.com : J’imagine que pendant cette fermeture vous communiquiez avec vos collègues du Syndicat français. Or, un certain nombre d’entre eux sont propriétaires de fonds de commerce ou gérants, donc ont un loyer à payer.
FT : On a effectivement beaucoup échangé, fait pas mal de visio-conférences. J’ai remonté toutes les difficultés et inquiétudes au bureau de la Fédération Nationale des Cinémas Français dont je fais partie. En fait, cette période de trois mois était stable au niveau des dépenses puisqu’il ne se passait rien. Mais ce qui nous inquiétait c’était la reprise. Or la profession s’est bien organisée. La FNCF a fait un travail remarquable à tous les niveaux pour essayer de nous accompagner. D’abord en préparant un guide sanitaire qui soit accepté et qui démontre aujourd’hui qu’il nous permet de rester ouvert. Puis par lors de la réouverture, par une campagne d’affichage à l’extérieur, qui a été formidablement accompagnée par les affichistes. Et par un film publicitaire qui a été fait en un temps record et qui a été diffusé sur les chaînes tv. Et cela est dû à un travail remarquable des permanents de la FNCF, du bureau et des présidents de syndicats.
Siritz.com : Oui, c’est à souligner quand on voit les problèmes d’autres professions comme les restaurants ou les salles de sport. Vous avez tout prévu et cela a fonctionné dès le début.
FT : Plus tout le travail nécessaire pour présenter un plan de relance au CNC, au ministère de la Culture et au Gouvernement. La FNCF a été l’un des fédérations les plus efficaces pour obtenir un soutien des pouvoirs publics qu’elle jugeait absolument nécessaire. Les résultats ont été rendus publics par la ministre au Congrès de Deauville. Cela a été pris comme exemple par la CICAE qui représente tous les exploitants européens.
Siritz.com : Donc les salles ont rouvert le 22 juin. Mais elles ont tout de suite eu à faire face à un problème majeur, c’est celui de l’approvisionnement en films américains. Comme la plupart des salles sont fermées aux Etats-Unis et que les majors font des sorties mondiales, pour éviter le piratage, il n’y a pas eu, sauf une exception, de sorties de blockbusters. Or, les films américains représentent en moyenne 55/60 % des entrées françaises et, beaucoup plus l’été, qui est la grande saison pour les sorties de films américains. Quelle a été chez vous la fréquentation comparée à une période normale ?
FT : L’été le cinéma américain peut représenter 70 à 80% des entrées. Les deux premières semaines, à Charleville, on était à 10% ou 15% des années précédentes. La troisième on est monté à 26% pour redescendre. C’est lié à l’offre de films, mais aussi à la météo. Il a fait presque tout le temps très beau, de juin à septembre. Puis on est monté doucement. A la dernière semaine d’août, avec la sortie de Tenet et une météo favorable, on était à presque 60%. Mais, ne l’oublions pas, avec un nombre de séances réduites.
Siritz.com :En outre il n’y avait pas la continuation d’autres blockbusters sortis en juillet et août.
On perd de l’argent toutes les semaines
FT : Et c’est toujours difficile de comparer. C’est la semaine de l’opération Cinécool. C’est une opération où les salles du Grand Est font un tarif unique à 4,5 €. Et on pense que cela a boosté la fréquentation. Mais un jour Olivier Snanoudj m’avait dit que pour bien marcher un film américain avait besoin d’un grand film français en face, ce qui n’était pas le cas. Et, sur la semaine du 9 au 15 septembre la fréquentation était à 24 % de l’an dernier, puis à 36%. Et la semaine dernière à 24%. En fait c’est très insuffisant. On perd de l’argent toutes les semaines.
Siritz.com : Pourquoi rester ouvert si vous perdez de l’argent toutes les semaines. Une grande partie des salles britanniques et américaines préfèrent fermer.
FT : Ce que l’on veut c’est rester ouvert. Et on a une différence avec beaucoup de pays c’est qu’on a une production nationale importante, diversifiée et capable de faire des entrées. « Les Tuches n°4 » qui va arriver est capable de faire venir du monde. Si on regarde les films qui vont sortir prochainement il n’y en a pas mal d’intéressants mais quand on regarde les distributeurs il n’y a pas d’américains. Aujourd’hui on essaye de tenir avec ça. Tenir est bien le terme.
Siritz.com : Et il faut que vous soyez ouverts pour soutenir les distributeurs et les producteurs français qui sont, par ailleurs, un atout pour les salles françaises. Est-ce que les chiffres du syndicat français sont à l’image de vos salles ?
FT : Il y a des disparités importantes. Les gros établissements de la périphérie parisienne sont encore plus touchés. Les salles art & essai s’en sortiraient un peu mieux.
Siritz.com : C’est ce que confirme une étude Comscore que nous avons publiée. C’est d’ailleurs normal parce qu’elles programment moins de blockbusters américains, voire aucun.
FT : Et elles ont un public régulier, fidèle à une salle et à sa programmation. Ce sont des gens qui « vont au cinéma », qui participent volontiers à des avant-premières avec le réalisateur. Nous, à Charleville, ceux qu’on ne voit plus ce sont les 15/30 ans. On craignait de perdre les seniors, qui auraient peur d’aller au cinéma. Or ils sont là. En revanche, les jeunes n’ont pas les films américains et français qu’ils ont l’habitude d’aller voir. Je m’attendais en juin, comme beaucoup de mes collègues, à être très ingénieux sur la programmation de juillet et août. J’ai donc repris des films des vieux catalogues, encouragé par les distributeurs, comme Warner. Mais on fait ça pendant un mois, pas quatre.
Siritz.com : Néanmoins, en général, les films français marchent comme ils auraient dû marcher hors crise sanitaire. Par exemple « Tout simplement noir », « Antoinette dans les Cévennes » ou « Les Apparences » réalisent de très bons scores.
FT : Ils font même parfois mieux. Certains distributeurs ont eu raison de sortir leur film à ce moment. Les plans de sortie étaient plus élargis. Certains établissements ont même fait de la multidiffusion pour compenser le nombre de séances réduit et le manque de films. Mais au niveau des salles la fréquentation était plus répartie.
Siritz.com : La ministre de la culture Roselyne Bachelot, et le président du CNC, Dominique Boutonnat, sont venus au Congrès de la FNCF. La profession s’attendait à un ensemble de mesures évoquées par le Premier ministre. Mais j’ai eu l’impression que les exploitants étaient impressionnés par l’ampleur réelle des mesures, leur caractère concret, leur simplicité et leur rapidité probable de mise en œuvre.
FT : Les exploitants ont en effet été très contents de constater que les discussions qui avaient été engagés avec les pouvoirs publics avaient abouti à ce que la ministre a annoncé. C’est vrai que, dans les circonstances actuelles, on avait un peu peur, parce qu’on n’est pas les seuls à souffrir. C’est dur partout. Heureusement que ces fonds vont permettre aux salles de cinéma à tenir un peu.
https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Un-plan-de-relance-et-de-modernisation-inedit-pour-le-cinema-et-l-audiovisuel
Siritz.com : Effectivement. C’est une aide jusqu’à la fin de l’année. Mais on ne peut raisonnablement espéré que la crise sanitaire aura disparu le 1er janvier. Elle ne commencera à cesser que lorsqu’il y aura un vaccin qui marche et qui est disponible partout. Qu’est-ce qui va se passer jusque là ? Et l’Etat n’a pas dit ce qu’il fera après le 1erjanvier.
Rien ne se déroule comme prévu
FT : Et en plus, depuis la réouverture des salles, on a une succession d’événements qui fait que rien ne se déroule comme on aurait voulu que ça se déroule. Les sorties de grands films sont retardées les uns après les autres. On va pouvoir tenir jusqu’à la fin de l’année, grâce au plan de soutien. Mais c’est la suite qui m’inquiète. Faudra-t-il un nouveau plan de relance ? suivi d’un plan de maintien? suivi d’un plan de sauvegarde, voir de sauvetage ? De toute façon on est très dépendant du cinéma américain.
Siritz.com : Et les américains tiennent à des sorties mondiales pour éviter le piratage. Or, une grande partie de leurs salles, donc de leur principal marché, restent fermées.
FT : Le marché américain c’est avant tout 4 villes, à commencer par New-York.
Siritz.com : Où la situation empire à nouveau. Donc, à l’heure actuelle, j’imagine qu’il n’y a pas de discussion de la FNCF avec les pouvoirs publics sur un soutien à partir de 1er janvier.
FT : Pas encore. Il y a des discussions en interne. Nous réfléchissons à l’après. Mais il faut permettre au CNC de distribuer les fonds qui nous ont été dévolus. Ce qui ne va pas être simple. Puis, dès la mi-octobre on commencera à discuter de la suite.
Siritz.com : Durant cette période les banques vous ont bien soutenus ?
FT : Oui, en ce qui concerne les reports d’échéances sur 6 mois, voire un an. Mais report n’est pas annulation des intérêts complémentaires. Elles ne veulent pas faire plus. Et ça reste des banques.
Siritz.com : Elles ne peuvent combler le trou de l’économie française. Mais revenons à la situation du cinéma. Ce qui est frappant c’est que les français n’ont pas eu peur d’aller au cinéma. Quand l’offre était là, ils y ont été. Sil les jeunes y ont moins été c’est qu’il n’y avait pas les blockbusters américains. Donc, les français estiment que le cinéma est indispensable à leur vie sociale. C’est au moins une constatation qui peut rendre optimiste.
TF : Dès qu’il y a le film et la météo qui convient le public est là. Cela confirme que le cinéma c’est le loisir le plus accessible et le moins cher. Cela amène à un message d’optimisme. La question est de savoir combien de temps et comment on va continuer à continuer sans films américains.
LA REMUNERATION D’ALBERT DUPONTEL
CinéscoopPour « Adieu les cons »
Malgré la disparition de la séance du soir dans 12 zones rouges, Gaumont, comme tous les distributeurs, a maintenu la sortie cette semaine de « Adieu les cons » (voir Editorial https://siritz.com/editorial/ultime-proposition-du-cinema/)
C’est le 7ème long métrage réalisé par Albert Dupontel et dont il a écrit le scénario. Il est également l’un des principaux interprètes du film. Il faut dire qu’il mène depuis longtemps une carrière de comédien de cinéma et de théâtre.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le producteur délégué du film est Manchester Films (Catherine Bozorgan) associé à Gaumont qui en est aussi le distributeur. Son budget est de 10,3 millions €.Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production, Albert Dupontel a reçu une rémunération de 300 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteurs et salaire de technicien. C’est presque le double de la rémunération des réalisateurs de films français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/
Le scénario a été coécrit avec Xavier Némo qui a reçu un à valoir de 26 000 €. Albert Dupontel a, en outre, reçu une rémunération de 350 000 € inscrite à la ligne Sujet du budget.
Son précédent film, dont il était scénariste, réalisateur et interprète principal, était « Au revoir là-haut », également produit par Manchester films avec Gaumont et distribué par Gaumont. C’était une film d’époque dont le budget était de 20 millions € et il était sorti en salles en 2017.
Il était tiré du best-seller et Goncourt de Frédéric Lemaitre. Les droits avaient été achetés 300 000 €.
Pour la préparation, 58 jours de tournage et la post-production Albert Dupontel avait reçu une rémunération de 400 000 €. Pierre Lemaitre et Albert Dupontel s’étaient en outre partagés 550 000 € pour l’adaptation et les dialogues. Le film avait atteint 2,115 millions d’entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
ULTIME PROPOSITION DU CINEMA
ÉditorialPour éviter qu’il soit victime de l’effet domino
Le couvre-feu à 21 h est évidemment une catastrophe pour le cinéma. Comme pour beaucoup de professions comme le théâtre ou certains restaurants. La séance de 20 h représente en effet, en moyenne, 40% des entrées des films. Pour certains c’est même plutôt 50%. Et lez zones rouges concernées représentent environ un tiers des entrées. Mais, là encore, pour certains films c’est jusqu’à 50%. Ce qui représente donc une perte moyenne de 12% des entrées potentielles et 25% pour certains films.
C’est pourquoi un distributeur comme ARP qui sortait ce mercredi « Pronuptia », le film du grand réalisateur Coréen Yeon Sang-Ho, a annoncé vendredi qu’il suspendait la sortie de ce film. Et ce, bien que la promotion ait été engagée et que de nombreux exploitants avaient déjà organisé des avant-premières.
Et, comme débutent les vacances de la Toussaint, d’autres films importants sont programmés pour ce mercredi et ont lancé leur promotion. C’est le cas d’ « Adieu les cons », de et avec Albert Dupontel, produit et distribué par Gaumont. C’est un film dont le budget dépasse les 10 millions €. En revanche r « Petit Vampyr », un dessin animé de Joann Sfar, distribué par Studio Canal et « Poly », réalisé par Nicolas Vannier et distribué par SND, s‘adressant à un public familial et d’enfants sont sans doute moins touchés par la suppression de la dernière séance. Et ils sont de toute façons destinés à sortir pendant les vacances scolaires.
Risque de report de la sortie des films après la Toussaint
Finalement ARP a décidé de maintenir la sortie de son film pour ne pas sanctionner les exploitants qui ne sont pas dans les zones rouges et alors que les vacances de la Toussaint sont une période de haute fréquentation.Mais les distributeur des films qui doivent sortir d’ici la fin novembre, comme le très attendu « Aline », de et avec Valérie Lemercier, distribué par Gaumont, ont tout intérêt à retarder leur sortie au-delà de la fin du couvre feu. Or, sans les films américains qui représentent normalement entre 55 et 60% de la fréquentation, les salles perdent déjà de l’argent tous les jours. C’est ce rappelait dans le Carrefour de la semaine dernière, François Thirriot, le président du Syndicat français, le principal syndicat d’exploitants. https://siritz.com/le-carrefour/ultime-proposition-de-la-fncf/ Ce qui signifierait que les salles de cinéma, faut d’approvisionnement en nouveaux films importants seraient condamnées à fermer.
Maintenir la séance de 20 heures
La FNCF et toute la profession du cinéma ont proposé que les salles puissent maintenir leur séance de 20 h et que le ticket fasse fois pour les spectateurs de cette séance qui rentreraient chez eux. La ministre de la culture a soutenu cette mesure. Mais le Premier ministre l’a refusé, arguant que le couvre feu, pour être efficace, doit être simple et pas truffé d’exceptions. Il est en effet probable que si le cinéma obtenait le bénéfice de cette exception le gouvernement devrait répondre aux demandes d’une avalanche de professions qui auraient de bonnes raison de demander une exception de ce type. L’enjeu sanitaire est tel que cette position se comprend.
Compenser les entrées perdues
Pour éviter que les distributeurs reportent la sortie de leurs films et que les salles soient obligées de fermer, la FNCF et la profession ont proposé une autre solution à l’Etat. Il s’agirait de compenser financièrement le chiffre d’affaires que représente la dernière séance. Ainsi, l’année dernière, pendant ces 6 semaines, le cinéma a réalisé 30 millions d’entrées. Actuellement le cinéma, sans les films américains, réalise 40% des entrés de l’année dernière. Ce qui donnerait 12 millions d’entrées. Si, du fait du couvre-feu, les salles perdaient 40% de leurs entrées restantes , cela représenterait 4,8/5 millions d’entrées. Les zones rouges représentent en moyenne 40% de ces entrées, soit 2 millions d’entrées. Si les pouvoirs publics accordaient une compensation de 5 € par place, répartie à 50/50 entre salle et distributeur, sur ces entrées perdues, cela leur coûterait 10 millions €.
Cette somme s’ajouterait aux 50 millions € d’aide que Roselyne Bachelot a annoncé aux exploitants à la Congrès de Deauville.
https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Un-plan-de-relance-et-de-modernisation-inedit-pour-le-cinema-et-l-audiovisuel
Mais si l’ensemble des salles ferment dès la fin de vacances scolaires pour un mois, il faut déduire la TVA et la TSA que l’Etat perdrait sur quelques 7/8 millions d’entrées. Soit de l’ordre 3 ou 4 millions € . Plus le coût du chômage partiel de l’ensemble du personnel de toutes les salles de France.
Si les pouvoir publics refusent cette proposition il est à craindre que de nombreux exploitants et distributeurs ne survivent pas à cette nouvelle fermeture. Tandis que certains distributeurs de films très attendus risquent de céder à nouveau aux sirènes des plate-formes américaines. Et donc que la profession subisse un effet domino qui décime ses rangs.
FRANCOIS THIRRIOT SUR LA SITUATION DE L’EXPLOITATION
Le CarrefourSiritz.com : Vous êtes l’exemple d’un exploitant indépendant important. Quelles sont les caractéristiques de votre multiplexe Métropolis ?
François Thirriot : Il a 10 écrans pour 2 000 fauteuils et réalise entre 400 000 et 430 000 entrées par an depuis son ouverture. On est sur une zone de 50 000 habitants. Et c’est une multiplexe de centre ville.
Siritz.com : C’est la tendance des nouveaux multiplexes depuis quelques années d’être de proximité et pas dans des centres commerciaux, hors des villes comme au départ.
FT : On voulait dynamiser le centre ville et pas l’abandonner pour l’affaiblir. On a eu la chance d’être accompagné par la ville. C’était une friche industrielle constituée de petits artisans qui ont été achetés les uns après les autres par la ville. Elle avait donc un foncier de 10 000 m2 sur lequel on s’est implanté en 2003. On a racheté le foncier et on est ainsi entièrement propriétaire du multiplexe.
Siritz.com : Donc, quand les salles ont fermé le 16 mars, vous n’aviez pas de loyer à payer.
FT : Mais il nous restait la fin des remboursements de l’emprunt réalisé pour effectuer cet investissement de 6,3 millions €. Il nous reste encore à rembourser 70 000 € par trimestre. Donc on était dans une situation qui n’était pas trop inconfortable.
Siritz.com : Et le personnel était en chômage partiel. Mais est-ce qu’il n’y avait pas d’autres frais ?
FT : On a maintenu pendant la fermeture une équipe réduite chargée de l’entretien, deux personnes qui venaient une fois par semaine pour mettre en route les machines et les éteindre. On en a profité pour faire du rangement. J’en faisais partie. Parce qu’on avait besoin de s’occuper. Mais c’était assez traumatisant d’entrer dans un cinéma qui accueille en moyenne 1 200 personnes par jour et qui était désert et silencieux.
Siritz.com : Il faut dire que les deux premiers mois de l’année, avant la fermeture des salles, la fréquentation avait été très mauvaise. Quasiment -30%.
FT : Effectivement. L’année dernière avait été une année record, du fait de l’offre de films. Quand j’ai vu ce qui était annoncé pour 2020 je savais que ce sera une mauvaise année. Et, à partir parti d’avril il faisait beau tous les jours. Même s’il n’y avait pas eu le Coronavirus on aurait été à – 30%. On serait descendu à moins de 200 millions de spectateurs sur l’année. Ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps.
La FNCF a fait un travail remarquable
Siritz.com : J’imagine que pendant cette fermeture vous communiquiez avec vos collègues du Syndicat français. Or, un certain nombre d’entre eux sont propriétaires de fonds de commerce ou gérants, donc ont un loyer à payer.
FT : On a effectivement beaucoup échangé, fait pas mal de visio-conférences. J’ai remonté toutes les difficultés et inquiétudes au bureau de la Fédération Nationale des Cinémas Français dont je fais partie. En fait, cette période de trois mois était stable au niveau des dépenses puisqu’il ne se passait rien. Mais ce qui nous inquiétait c’était la reprise. Or la profession s’est bien organisée. La FNCF a fait un travail remarquable à tous les niveaux pour essayer de nous accompagner. D’abord en préparant un guide sanitaire qui soit accepté et qui démontre aujourd’hui qu’il nous permet de rester ouvert. Puis par lors de la réouverture, par une campagne d’affichage à l’extérieur, qui a été formidablement accompagnée par les affichistes. Et par un film publicitaire qui a été fait en un temps record et qui a été diffusé sur les chaînes tv. Et cela est dû à un travail remarquable des permanents de la FNCF, du bureau et des présidents de syndicats.
Siritz.com : Oui, c’est à souligner quand on voit les problèmes d’autres professions comme les restaurants ou les salles de sport. Vous avez tout prévu et cela a fonctionné dès le début.
FT : Plus tout le travail nécessaire pour présenter un plan de relance au CNC, au ministère de la Culture et au Gouvernement. La FNCF a été l’un des fédérations les plus efficaces pour obtenir un soutien des pouvoirs publics qu’elle jugeait absolument nécessaire. Les résultats ont été rendus publics par la ministre au Congrès de Deauville. Cela a été pris comme exemple par la CICAE qui représente tous les exploitants européens.
Siritz.com : Donc les salles ont rouvert le 22 juin. Mais elles ont tout de suite eu à faire face à un problème majeur, c’est celui de l’approvisionnement en films américains. Comme la plupart des salles sont fermées aux Etats-Unis et que les majors font des sorties mondiales, pour éviter le piratage, il n’y a pas eu, sauf une exception, de sorties de blockbusters. Or, les films américains représentent en moyenne 55/60 % des entrées françaises et, beaucoup plus l’été, qui est la grande saison pour les sorties de films américains. Quelle a été chez vous la fréquentation comparée à une période normale ?
FT : L’été le cinéma américain peut représenter 70 à 80% des entrées. Les deux premières semaines, à Charleville, on était à 10% ou 15% des années précédentes. La troisième on est monté à 26% pour redescendre. C’est lié à l’offre de films, mais aussi à la météo. Il a fait presque tout le temps très beau, de juin à septembre. Puis on est monté doucement. A la dernière semaine d’août, avec la sortie de Tenet et une météo favorable, on était à presque 60%. Mais, ne l’oublions pas, avec un nombre de séances réduites.
Siritz.com :En outre il n’y avait pas la continuation d’autres blockbusters sortis en juillet et août.
On perd de l’argent toutes les semaines
FT : Et c’est toujours difficile de comparer. C’est la semaine de l’opération Cinécool. C’est une opération où les salles du Grand Est font un tarif unique à 4,5 €. Et on pense que cela a boosté la fréquentation. Mais un jour Olivier Snanoudj m’avait dit que pour bien marcher un film américain avait besoin d’un grand film français en face, ce qui n’était pas le cas. Et, sur la semaine du 9 au 15 septembre la fréquentation était à 24 % de l’an dernier, puis à 36%. Et la semaine dernière à 24%. En fait c’est très insuffisant. On perd de l’argent toutes les semaines.
Siritz.com : Pourquoi rester ouvert si vous perdez de l’argent toutes les semaines. Une grande partie des salles britanniques et américaines préfèrent fermer.
FT : Ce que l’on veut c’est rester ouvert. Et on a une différence avec beaucoup de pays c’est qu’on a une production nationale importante, diversifiée et capable de faire des entrées. « Les Tuches n°4 » qui va arriver est capable de faire venir du monde. Si on regarde les films qui vont sortir prochainement il n’y en a pas mal d’intéressants mais quand on regarde les distributeurs il n’y a pas d’américains. Aujourd’hui on essaye de tenir avec ça. Tenir est bien le terme.
Siritz.com : Et il faut que vous soyez ouverts pour soutenir les distributeurs et les producteurs français qui sont, par ailleurs, un atout pour les salles françaises. Est-ce que les chiffres du syndicat français sont à l’image de vos salles ?
FT : Il y a des disparités importantes. Les gros établissements de la périphérie parisienne sont encore plus touchés. Les salles art & essai s’en sortiraient un peu mieux.
Siritz.com : C’est ce que confirme une étude Comscore que nous avons publiée. C’est d’ailleurs normal parce qu’elles programment moins de blockbusters américains, voire aucun.
FT : Et elles ont un public régulier, fidèle à une salle et à sa programmation. Ce sont des gens qui « vont au cinéma », qui participent volontiers à des avant-premières avec le réalisateur. Nous, à Charleville, ceux qu’on ne voit plus ce sont les 15/30 ans. On craignait de perdre les seniors, qui auraient peur d’aller au cinéma. Or ils sont là. En revanche, les jeunes n’ont pas les films américains et français qu’ils ont l’habitude d’aller voir. Je m’attendais en juin, comme beaucoup de mes collègues, à être très ingénieux sur la programmation de juillet et août. J’ai donc repris des films des vieux catalogues, encouragé par les distributeurs, comme Warner. Mais on fait ça pendant un mois, pas quatre.
Siritz.com : Néanmoins, en général, les films français marchent comme ils auraient dû marcher hors crise sanitaire. Par exemple « Tout simplement noir », « Antoinette dans les Cévennes » ou « Les Apparences » réalisent de très bons scores.
FT : Ils font même parfois mieux. Certains distributeurs ont eu raison de sortir leur film à ce moment. Les plans de sortie étaient plus élargis. Certains établissements ont même fait de la multidiffusion pour compenser le nombre de séances réduit et le manque de films. Mais au niveau des salles la fréquentation était plus répartie.
Siritz.com : La ministre de la culture Roselyne Bachelot, et le président du CNC, Dominique Boutonnat, sont venus au Congrès de la FNCF. La profession s’attendait à un ensemble de mesures évoquées par le Premier ministre. Mais j’ai eu l’impression que les exploitants étaient impressionnés par l’ampleur réelle des mesures, leur caractère concret, leur simplicité et leur rapidité probable de mise en œuvre.
FT : Les exploitants ont en effet été très contents de constater que les discussions qui avaient été engagés avec les pouvoirs publics avaient abouti à ce que la ministre a annoncé. C’est vrai que, dans les circonstances actuelles, on avait un peu peur, parce qu’on n’est pas les seuls à souffrir. C’est dur partout. Heureusement que ces fonds vont permettre aux salles de cinéma à tenir un peu.
https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Un-plan-de-relance-et-de-modernisation-inedit-pour-le-cinema-et-l-audiovisuel
Siritz.com : Effectivement. C’est une aide jusqu’à la fin de l’année. Mais on ne peut raisonnablement espéré que la crise sanitaire aura disparu le 1er janvier. Elle ne commencera à cesser que lorsqu’il y aura un vaccin qui marche et qui est disponible partout. Qu’est-ce qui va se passer jusque là ? Et l’Etat n’a pas dit ce qu’il fera après le 1erjanvier.
Rien ne se déroule comme prévu
FT : Et en plus, depuis la réouverture des salles, on a une succession d’événements qui fait que rien ne se déroule comme on aurait voulu que ça se déroule. Les sorties de grands films sont retardées les uns après les autres. On va pouvoir tenir jusqu’à la fin de l’année, grâce au plan de soutien. Mais c’est la suite qui m’inquiète. Faudra-t-il un nouveau plan de relance ? suivi d’un plan de maintien? suivi d’un plan de sauvegarde, voir de sauvetage ? De toute façon on est très dépendant du cinéma américain.
Siritz.com : Et les américains tiennent à des sorties mondiales pour éviter le piratage. Or, une grande partie de leurs salles, donc de leur principal marché, restent fermées.
FT : Le marché américain c’est avant tout 4 villes, à commencer par New-York.
Siritz.com : Où la situation empire à nouveau. Donc, à l’heure actuelle, j’imagine qu’il n’y a pas de discussion de la FNCF avec les pouvoirs publics sur un soutien à partir de 1er janvier.
FT : Pas encore. Il y a des discussions en interne. Nous réfléchissons à l’après. Mais il faut permettre au CNC de distribuer les fonds qui nous ont été dévolus. Ce qui ne va pas être simple. Puis, dès la mi-octobre on commencera à discuter de la suite.
Siritz.com : Durant cette période les banques vous ont bien soutenus ?
FT : Oui, en ce qui concerne les reports d’échéances sur 6 mois, voire un an. Mais report n’est pas annulation des intérêts complémentaires. Elles ne veulent pas faire plus. Et ça reste des banques.
Siritz.com : Elles ne peuvent combler le trou de l’économie française. Mais revenons à la situation du cinéma. Ce qui est frappant c’est que les français n’ont pas eu peur d’aller au cinéma. Quand l’offre était là, ils y ont été. Sil les jeunes y ont moins été c’est qu’il n’y avait pas les blockbusters américains. Donc, les français estiment que le cinéma est indispensable à leur vie sociale. C’est au moins une constatation qui peut rendre optimiste.
TF : Dès qu’il y a le film et la météo qui convient le public est là. Cela confirme que le cinéma c’est le loisir le plus accessible et le moins cher. Cela amène à un message d’optimisme. La question est de savoir combien de temps et comment on va continuer à continuer sans films américains.
LE FINANCEMENT DE PRINCESSE EUROPE
FinanCinéUn documentaire sur la vision de l’Europe par Bernard-Henri Levy
Ce documentaire a été réalisé par Camille Lotteau. C’est son premier documentaire en tant que réalisateur à part entière. Auparavant il avait été ingénieur du son puis assistant. C’est Margo Cinéma (François Margolin) qui l’a produit et Dulac Distribution qui le distribue.
Le réalisateur suit Bernard Henri-Lévy lors des dernières élections européennes, ce qui lui donne l’occasion d’exprimer sa vision de l’Europe.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce documentaire a un budget relativement élevé pour ce genre puisqu’il est de 1,515 millions €. Voici la structure de son financement :
Comme on le voit, c’est la chaîne à péage, en l’occurrence Canal+ qui est sa principale source de financement. Il y a deux chaînes publiques en clair qui sont à la fois coproductrices et ont pré-acheté. Le producteur délégué a investi une somme en numéraire non négligeable, mais il faut en déduire le crédit d’impôt. Il a également réinvesti du soutien automatique à la production. Par ailleurs il a mis tout son salaire et tous ses frais généraux en participation. Sophie Dulac Distribution n’a pas donné de minimum garanti mais avancera les frais d’édition.
La rémunération du réalisateur est de 50 000 €, ce qui est la moitié de la rémunération médiane des réalisateurs de longs métrages français. Mais, sauf quelques rares exceptions, quand les tournages sont très longs, les réalisateurs de documentaire sont toujours beaucoup moins bien rémunérés que les réalisateurs de fiction ou d’animation. https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/
Le précédent film de Margo Cinéma était « Napalm », un documentaire de Claude Lanzmann, sort en 2017 et dont le budget était de 1,765 millions €. Il avait rassemblé 3 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LE FINANCEMENT D’UN DESSIN ANIME
FinanCinéCalamity une enfance de Martha Cannary
Ce dessin animé sort cette semaine en salle.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Calamity,_une_enfance_de_Martha_Jane_Cannary
Cette coproduction franco-danoise est réalisée par Rémi Chayé. C’est son second long métrage animé, son premier étant « Tout en haut du monde », sorti en 2016. Il avait réalisé 512 000 entrées.
Il est produit du côté français par Maybe Movies (Henri Magalon et Claire Lacombe), qui avaient déjà produits le premier film du réalisateur et, du côté Danois par Norlum. La France apporte 90% du financement. Le distributeur en salle français est Gebeka.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article qui analyse la structure du financement de ce film.
Le budget du film est de 8,283 millions €. La suture de son financement est la suivante :
Ce qui est frappant c’est que, pour le financement de la part française, Maybe Movies a fait appel à 27 sources de financement extérieur : 3 coproducteurs, 6 aides sélectives du CNC, 6 aides sélectives de collectivités locales, 2 autres aides sélectives, 5 soficas, 3 préventes à des chaînes de télévision, un distributeur salle et un distributeur vidéo.
Par ailleurs ce financement comprend l’intégralité du crédit d’impôt, 46% de son salaire producteur et 9% de ses frais généraux.
Le producteur danois, quant à lui, a fait appel à 4 sources de subvention, une prévente à une chaîne et un minimum garanti de distributeur salle. Et il a investi une certaine somme.
La rémunération du réalisateur est de 180 000 € ce qui sensiblement plus que la moyenne des réalisateurs de films français. Mais la durée de réalisation est bine supérieure à celle des réalisateurs de fiction. http://durée de réalisation est bine supérieure à celle des réalisateurs de fiction.
Post-Scriptum : Dans notre article d’hier sur la rémunération de Tarek Boudali, le réalisateur de « 30 jours max » nous avons écrit que la rémunération de Christophe Cervoni est de 250 000 €. Or ce dernier est le producteur du film et la rémunération citée est bien celle de Tarek Boudali, le réalisateur du film.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA REMUNERATION DE TAREK BOUDALI
CinéscoopPour « 30 jours Max »
Cette semaine sort « 30 jours Max », une comédie policière réalisée par Tarek Boudali. C’est don deuxième long métrage. Il est également interprète du film et mène aussi une carrière de comédien.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarek_Boudali
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film est produits par Axel production (Christophe Cervoni) pour un budget de 13 millions €. Le distributeur est StudioCanal.
https://fr.wikipedia.org/wiki/30_Jours_max
Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production, la rémunération de Tarek Boudali est de 250 000 €, répartie à égalité entra à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est très au-dessus de la rémunération moyenne des réalisateurs de films français. https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/
Il a coécrit le scénario avec Pierre Dudan. Le budget comprend un poste de sujte pour 336 000 € comme rémunération complémentaire des auteurs.
Le premier film de Tarek Boudali est la comédie « Epouse-moi mon pote », sorti en 2017. Il était déjà produit par Axel films, pour un budget de 5,2 millions €, et distribué par Studio Canal.
Pour la préparation, 42 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur était de 50 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Le film avait rassemblé 2 475 000 spectateurs. Le film était tiré d’un livre que Tarek Boudali avait écrit avec Nadia Lakhdar et Khaled Amara. Leur rémunération avait été de 95 000 €.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
POUR LE CINEMA, PENSER A LA SUITE
ÉditorialEviter l’effet domino
Depuis la réouverture de toutes le salles de cinéma françaises le 22 juin les distributeurs français ont joué le jeu, pariant sur le retour du public. Ce n’était pas du tout évident puisque le CNC, pour les inciter à sortir leurs films, a augmenté sensiblement leur soutien automatique.
Bien entendu ils ont repris l’exploitation de films qui avaient été interrompue par le confinement. Ce qui, par exemple, a permis à « De Gaulle » d’atteindre 860 000 entrées et « La bonne épouse » 632 000 entrées. Mais ils ont aussi sortis de nouveaux films, comme en période normale. Plusieurs ont réalisé des entrées proches de celles qu’ils auraient atteintes sans crise du Coronavirus. Et, dans certains cas au-delà, ne serait-ce que parce qu’ils ont bénéficier d’une sortie et d’une couverture médiatique qu’ils n’auraient pas eu si les films américains étaient présents. La preuve a été donc faite que que le cinéma répond à un vrai besoin des français, car le public n’a pas eu peur de retourner dans les salles.
« Le succès d’Antoinette »
Parmi ces succès, le plus spectaculaire à ce jour est sans doute « Antoinette dans les Cévennes ». Ce film sans star et à budget moyen a atteint 508 000 entrées en 3 semaines. Lors de sa seconde semaine il a réalisé plus d’entrées que la première, avant-premières comprises. Et, en 3ème semaine, avec 153 000 entrées, il en est encore à 85% de la première semaine.
Le problème, comme on le sait c’est l’absence de films américains qui représentent normalement entre 55 et 60% des entrées, et plus de 70% l’été. Sauf l’exception de« Tenet » . Il en est à 2,2 millions d’entrées et approche le score de « Dunkerque », le précédent film réalisé par Christopher Nolan. Malheureusement, pour les blockbusters américains la France est un tout petit marché comparé au marché américain qui représente plus de 50% de la totalité de leur marché mondial. Or, aux Etats-Unis la plupart des salles de cinéma sont fermées dans les grandes villes. Et, comme dans la plupart des pays, le Coronavirus est loin d’y être maitrisé.
L’effet domino
Toutes les majors ont donc décidé de repousser sine die la sortie de leurs blockbusters. C’est à dire de tirer un trait sur 55 à 60% des entrées de nos salles. Le dernier coup de massue a été le report du « James Bond ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/05/james-bond-peut-attendre-pour-mourir-mais-les-cinemas-ont-deja-un-pied-dans-la-tombe_6054801_3234.html
C’est en fait un film britannique pour lequel le Royaume-Uni est le premier marché avec les Etats-Unis. La fermeture des salles du Pays de Galle et de celles des Etats-Unis a amené son producteur à cette décision. Et celle-ci a eu un effet domino puisqu’elle a amené Cineworld à refermer son circuit de salles britanniques et Regal, son circuit de salles américaines. Son dirigeant a en effet expliqué qu’il perdrait moins d’argent en étant fermé qu’en restant ouvert.
Faute d’approvisionnement en films la plupart des salles du monde risquent de faire le même raisonnement. La France est une exception parce qu’elle a une production nationale importante. Mais cela permet seulement à ses exploitants de perdre moins d’argent que ceux des autres pays. Et le maintien de l’ouverture de notre parc de salle est une bénédiction pour les producteurs et distributeurs de films français. Leur fermeture serait une catastrophe pour eux.
Le problème des assurances des tournages subsiste
Mais il y a une ombre supplémentaire au tableau : les assurances contre les risque de Coronavirus sont insuffisantes pour les films à gros budget et avec beaucoup de figurants. Leur tournage est donc suspendu. Or ils étaient indispensables pour permettre aux films français d’atteindre leurs 35 à 40% de part de marché.
Le gouvernement a annoncé au Congrès de Deauville un ensemble de mesures qui vont permettre aux salles de tenir jusqu’à la fin de l’année. https://siritz.com/editorial/les-lecons-du-congres-de-la-fncf-a-deauville/ Mais il faut dès maintenant penser à la suite. Car nul ne peut imaginer que la crise sanitaire aura alors disparu dans le monde. Faute de mesures supplémentaires les exploitants français seraient alors contraints d’avoir le même raisonnement que leurs confrères britanniques. Cela déclencherait un effet domino qui serait une catastrophe pour nos distributeurs qui cesseront d’accorder des minima garantis à des projets de films français. Et donc pour nos producteurs, nos réalisateurs, comédiens, techniciens et nos industries techniques.
Une poignée de productions seraient alors sauvées par les achats de plates-formes. Mais notre industrie du cinéma serait à l’agonie.
LE BAROMETRE DE LA DISTRIBUTION EN SEPTEMBRE
FinanCinéL’amortissement du MG distributeur par les entrées salle en première semaine
Il s’agit de voir quel pourcentage du minimum garanti du distributeur pour un film français a été amorti par les entrées salles de la première semaine.
Ce baromètre ne comprend pas les films pour lesquels le distributeur n’a pas accordé de minimum garanti. Il s’agit souvent de films dont le producteur est son propre distributeur. Dans ce cas l’investissement n’est pas représentatif d’un risque distributeur mais du risque producteur. Il s’agit aussi de films à petit budget pour lequel ce sont les frais d’édition qui constituent le risque essentiels. De même, les mandats du distributeur peuvent comprendre la salle, mais souvent aussi la vidéo et la vod, parfois les ventes internationales et même les ventes TV.
L’investissement du distributeur pris en compte n’est que le minimum garanti et non les frais d’édition. Mais on peut estimer que ceux-ci sont relativement proportionnés au minimum garanti.
Le calcul a été établi sur la base d’un revenu net de 2,4€ par entrée pour le distributeur. En revanche le soutien automatique et les soutiens sélectifs ne sont pas pris en compte.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article sur le baromètre de la distribution en septembre.
Comme on le voit l’amortissement le plus rapide est de 119% dès la première semaine. C’est celui d’Ad vitam pour « Antoinette dans les Cévennes ». L’amortissement moyen est de 31%. Et l’amortissement le plus bas n’est que de 11%. C’est celui du minimum garanti de Studio Canal pour « Police ». Il faut remarquer que le distributeur a tous les mandats, y compris pour les ventes TV ultérieures.
Siritz.com publie ce baromètre mensuel depuis le mois de juillet.https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-distribution-en-aout/
Baisse régulière des pourcentages d’amortissement
Le tableau ci-dessous permet de comparer les résultats de ces baromètres mensuels.
Ce qui est frappant c’est que les pourcentages d’amortissement diminuent mois après mois. Ceux de juillet sont le double de ceux de septembre.
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LE FINANCEMENT DE L’ENFANT REVE
FinanCinéUn film à petit budget produit par TS Productions
Ce film, réalisé par Raphaël Jacoulot, sort cette semaine.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Enfant_rêvé
C’est un film à petit budget (2,85 millions €) qui a obtenu l’avance sur recette. Il est typique de la difficulté croissante que rencontrent les producteurs pour monter le financement des films à budget moyen ou petit. Et il illustre l’obligation pour ces producteurs de tirer sur les prix des industries techniques dont faisait état Didier Huck dans son Carrefour. https://siritz.com/le-carrefour/didier-huck-sur-nos-industries-techniques/
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article qui analyse la structure du financement de ce film.
Tout d’abord, TS Productions (Myléna Poylo et Gille Sacuto) a dû trouver pas moins de 15 investisseurs pour boucler son financement, car il y a trois soficas, dont une adossée, deux autres organismes ayant attribué une subvention et deux entreprises du groupe Canal+
Par ailleurs, la société de production a mis tout son salaire et ses frais généraux en participation. Or, avant que la préparation d’un film soit lancée, il y a des mois de travail, parfois des années, de lui même et de ses collaborateurs.
La principale source de financement est le groupe Canal qui en fournit presque le quart. L’Avance sur recette arrive en seconde position, avec 18% . Or, quand la productrice a commandé ce projet et que le scénario a été écrit rien ne garantissait que cette avance allait être obtenue. Il est vrai qu’un soutien sélectif du CNC a été attribué pour le développement du projet.
Les soficas représentent 11% du financement et, comme pour beaucoup de films, sont indispensables pour boucler le budget. Elles vont prendre une part très importante des RNPP jusqu’à amortissement de 115% de leur investissement. De ce fait, sauf succès exceptionnel, la rémunération du producteur délégué proviendra essentiellement du soutien automatique qui lui est réservé. Et, éventuellement, des 10% d’imprévus qui n’auraient pas été dépensés. Néanmoins, comme il n’y a pas de financement par une chaîne de télévision en clair, cela laisse la possibilité d’une vente. Mais la fenêtre de diffusion sera alors de 3 ans.
A noter le minimum garanti, certes modeste, pour le mandat VoD et celui pour le mandat vente internationale.
Les précédents films de TS Productions
Le précédant film produit par TS productions était un documentaire, « Les petits maîtres du grand hôtel » sorti en 2017. Il avait un budget de 490 000 € et était distribué par Jour2fête.
Cette société a obtenu de nombreux prix, dont, en 2009, 7 Césars pour Séraphine, notamment celui du meilleur film.
http://tsproductions.fr/la-societe
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LA REMUNERATION DE NOEMIE SAGLIO
CinéscoopPour « Parents d’élèves »
Ce film sort cette semaine.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Parents_d%27élèves
C’est le 4ème long métrage de cette réalisatrice qui a également réalisé des téléfilms.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Noémie_Saglio
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Rectangle production (Edouard Weil, Alice Gérard) l’a produit pour un budget de 4,6 millions €. Il est distribué par le partenariat TF11 DA/UGC.
La rémunération de Noémie Saglio pour la préparation, 31 jours de tournage et la post-production, est de 170 000 €. Ils sont répartis à part égal entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Cela correspond à peu près à la rémunération moyenne des réalisateurs des films français sortis depuis le début de l’année. C’est un peu supérieur à cette rémunération moyenne hors la rémunération de 1,4 millions de Michel Hazanavicius pour « Le prince oublié ». https://siritz.com/financine/le-barometre-de-la-remuneration-des-realisateurs/
Quant au scénario, il a été co-écrit par Alice Girard, Marinette Levy et Mathias Gavarrry. Ils se sont partagés une rémunération de 30 000 €. En outre, 156 00 € de rémunération supplémentaire apparaissent dans le poste Sujet.
Sa rémunération pour « Telle mère, telle fille »
Le précédent film de Noémie Saglio était « Telle mère, telle fille », sorti en 2017. Il était produit par Gaumont et Flamme films (Christian Gente) pour un budget de 6,7 millions €.
Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production, la rémunération de la réalisatrice était également de 170 000 €. Ils étaient également répartis à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
Le film, distribué par Gaumont, avait rassemblé 200 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.