Espérons que le projet de décret SMAD du gouvernement ne menace pas l’écosystème de notre audiovisuel
La semaine dernière la presse a fait état des critiques de la Commission européenne concernant le projet du gouvernement français destiné à règlementer les plateformes de S-Vod, en application de la directive européenne sur le même sujet. https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/commission-europeenne-csa-netflix-les-avis-divergent-sur-le-projet-de-decret-smad-n162587.html Il ne s’agit que d’un avis, mais il souligne qu’en cas de plainte devant la Cour européenne de justice, il y a un risque d’annulation de certaines dispositions. Donc que ce texte crée une incertitude juridique. Rappelons qu’avant sa publication il doit également être soumis à l’avis de Conseil d’État qui abordera sans doute les mêmes questions. https://siritz.com/editorial/plateformes-des-enjeux-contradictoires/
Les principes de l’exception culturelle
La directive européenne applique à ces plateformes le principe de l’exception culturelle. C’est sur l’instigation de la France, que, en 1993, l’Union européenne a appliqué ce principe à l’ensemble du secteur audiovisuel. Il s’agit d’une exception parce que, dans le domaine culturel, elle permet aux États européens de contourner les principes du marché unique qui leur interdisent de fausser la concurrence en soutenant de manière discriminatoire leurs entreprises. Ce marché unique a en effet pour objectif de permettre aux entreprises les plus performantes de s’imposer par rapport à leurs concurrents et de bénéficier des économies d’échelle qu’offre le vaste marché européen. L’ensemble des consommateurs européens mais aussi les emplois bénéficient de ce processus.
Mais, dans le domaine culturel, le raisonnement est inverse. D’une part chaque nation acceptera d’autant plus la dure loi de la concurrence qu’elle pourra préserver son identité culturelle. Surtout, le maintien de cette diversité culturelle contribuera à l’enrichissement de l’Union européenne, alors que la libre concurrence conduirait à l’uniformisation culturelle, sans doute au profit d’une culture « universelle » dominée par celle des États-Unis. Dans ce domaine, la richesse provient de la diversité et non des économies d’échelle.
D’où la possibilité pour les différents États d’imposer aux diffuseurs, essentiellement les chaînes de télévision, d’investir un pourcentage minimum de leur chiffre d’affaires dans des œuvres réalisées dans leur langue. Par exemple, en France, cela signifie que des productions d’initiative belge ou québécoise, parce qu’elles sont en français, entrent dans cette catégorie. Ces obligations pèsent beaucoup plus dans notre politique culturelle que notre compte soutien, qui est à la fois une épargne forcée et un droit de douane sur les œuvres étrangères puisque seules les producteurs et distributeurs d’ œuvres françaises peuvent en bénéficier.
Cette obligation peut être couplée avec l’obligation d’investir dans des œuvres européennes, initiées par des producteurs européens, y compris s’ils ne sont pas français. Ces œuvres européennes peuvent ne pas être réalisées dans la langue nationale du pays. En France, chacun de ces pourcentages était jusqu’ici de deux tiers.
Une volonté de discrimination ?
Dans le projet de décret concernant les plateformes, le pourcentage d’œuvres en français serait de 80 ou 85%, donc bien supérieur à ce qui est imposée à nos chaînes. En cas de recours probable des plateformes, ce sera à la Cour européenne de trancher si ce pourcentage n’est pas « disproportionné ». Par ailleurs, le taux d’investissement dans les films de cinéma français serait d’aumoins 20% du taux d’investissement global dans les œuvres audiovisuelles. Mais ce taux global dépendrait en fait de la fenêtre de diffusion en salle dans la chronologie des médias choisie par la plateforme. Si celle-ci veut que cette fenêtre se situe dans l’année de la sortie en salle, à mi-chemin entre Canal+ et les chaînes en clair coproductrices, le taux global passerait de 20 à 25%, soit une augmentation de 25%. Ce qui serait une véritable punition. Actuellement, alors qu’il n’y a aucune obligation d’investissement cette fenêtre est de 36 mois.
Comme, de toute façon les plateformes ne souhaitent investir que marginalement dans les films de cinéma ,il est peu probable qu’elles choisissent le taux d’investissement le plus élevé qui, de toute façon les situerait loin derrière Canal+. Cette mesure est donc un moyen de protéger la fenêtre de diffusion de Canal+.
Ce qui est surprenant, si c’est le cas, c’est que les films français, même si le réalisateur, les comédiens et les techniciens sont français ne permettraient pas au producteur d’accéder au compte de soutien alors que les plateforme vont financer celui par la même taxe que nos chaînes. Ces serait d’autant plus surprenant que, jusqu’ici, même quand il était produit par un producteur français et distribué par la filiale française d’un studio américain, un film français était considéré comme un film français et générait du soutien financier pour son producteur français. Si cette disposition était confirmée, non seulement on obligerait les plateformes à investir dans des films de cinéma beaucoup plus qu’elle ne ne souhaitent mais les producteurs français qui trouveraient auprès d’elles leur financement seraient pénalisés. Au cas où c’est bien ce que le texte imposerait ce serait tout simplement absurde. Le CSA a d’ailleurs critiqué cette disposition.
Faire entrer les plateformes dans l’écosystème de notre audiovisuel est souhaitable. Mais il faut justifier cette démarche par les principes de l’exception culturelle. Pas par la volonté de mettre en place des mesures clairement discriminatoires à l’égard de ces plateformes.
PREMIERES LEÇONS DE SORTIE DE PANDÉMIE
ÉditorialLES CINÉMAS TIENNENT ET NETFLIX PERD DE SON AVANCE
Aux États-Unis la vie normale commence à reprendre. Alors qu’il n’y a pas eu de soutien de l’État, les salles de cinéma ont plutôt bien résisté. Certes, deux circuits de la Californie du sud, Pacific Theatres et Arclight, ont été liquidés. Mais il s’agit de petits circuits de 17 établissements avec 230 écrans. Au contraire, le premier réseau américain et du monde, AMC, qui possède 8 000 écrans, a trouvé 917 millions $, dont 506 millions $ en augmentation de capital, pour poursuivre son activité. C’est dire qu’il y a des investisseurs pour croire dans l’avenir de la salle de cinéma.
Celles qui ont réouvert l’ont fait avec des jauges limitées. Surtout, elles ont accepté de perdre leur fenêtre d’exclusivité pour pouvoir diffuser les blockbusters de Warner. Tout d’abord « Wonder woman 1984 ». Puis, surtout, « Godzilla et King-Kong » qui a été diffusé simultanément dans les salles et sur HBO Max. Il a réalisé la première semaine un box-office salle de 80 millions $ aux États-Unis et de 400 millions $ dans le monde. Mais la question de savoir si cette sortie simultanée est seulement liée à la situation de pandémie ou va devenir une pratique définitive n’est pas réglée.
En tout cas, le groupe Disney a passé un accord avec Sony pour diffuser l’ensemble de ses films et de son catalogue sur ses chaînes et sur Disney+. Parmi ces acquisitions il y a les « Spiderman ». Or, pour les films à venir, cet accord respecte la fenêtre d’exclusivité des salles de cinéma.
Ce qui est frappant, c’est que la progression des abonnés de Netflix se ralentit. https://www.letelegramme.fr/multimedia/gueule-de-bois-pour-netflix-apres-une-pandemie-en-or-21-04-2021-12738463.php Ainsi, au troisième trimestre, la progression de ses abonnés est la moitié de ce qu’elle avait prévue. C’est en partie dû au recule de la pandémie et au fait que celle-ci, du fait des restrictions sanitaires de tournages, a moins produit, et donc moins diffusé de nouvelles séries. Mais surtout, son avance par rapport à ses concurrents se réduit. Au contraire, comme on l’a vu, la progression de Disney+ est spectaculaire, bien supérieure à ce que ses dirigeants avaient prévu. Mais c’est vrai aussi des chaînes à péage de Warner . Ainsi, aux États-Unis, au premier trimestre Netflix n’a progressé que de 450 000 abonnés alors que Warner Media, avec HBO et HBO Max, en a gagné 2,7 millions. Au total Netflix a 67 millions d’abonnés, mais les chaînes de Warner, en cumulé, en sont à 44,2 millions. Néanmoins, les dirigeants de Netflix affirment qu’avec la levée des restrictions sanitaire, le renouvellement des séries va s’accélérer.
Amazon prime annonce 200 millions d’abonnés dans le monde. Mais il s’agit d’un abonnement à 50 € par an et les films où les séries ne sont qu’un produit d’appel pour inciter à l’abonnement à cette plateforme de vente pour le principal hypermarché du monde.
En France, les plateformes doivent, pour les films de cinéma, respecter la chronologie des médias. Mais les studios peuvent ne pas du tout sortir leurs films en salle et les diffuser directement sur leurs plateformes. Ils perdraient évidemment les recettes salle et des chaînes à péage. Mais si les pouvoirs publics français leur imposent des obligations trop contraignantes les studios et les plateformes ont cette arme atomique à la leur disposition. https://siritz.com/editorial/la-salle-de-cinema-menacee-de-mort/
POUR LA RÉALISATION DE « DEMAIN »
CinéscoopLA RÉMUNÉRATION DE MÉLANIE LAURENT ET CYRIL DION
Ce documentaire que RMC a diffusé mercredi 21 était sorti en salle le 2 décembre 2015. Il donne une vision optimiste de notre l’avenir du point de vue écologique. Il a pour originalité d’avoir rassemblé 1 087 000 spectateurs. Il a eu le César du meilleur documentaire 2016.
La comédienne Mélanie Laurent a réalisé 6 longs métrages et c’est le 3ème. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mélanie_Laurent Cyril Dion est un écrivain et un militant écologiste. C’est son premier long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyril_Dion
CYRIL DION
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film a été produit par Bruno Levy (Move Movie ) pour une budget initial de 1,3 millions €. C’est Mars film qui l’avait distribué.
Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération des réalisateurs a été de 60 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est sensiblement moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sorti en 2020, ce qui est normal s’agissant d’un documentaire. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais, compte tenu du résultat en salle du film les pourcentages réçus doivent être élevés.
Le film suivant réalisé par Mélanie Laurent est « Plonger », tiré du livre roman homonyme de Ono-Dit-Biot. C’est un film dramatique.
Il est sorti en salles le 29 novembre 2017. Il a été produit par Bruno Levy (Movie movie) ainsi que Étienne Mallet et David Gauquié (Cinéfrance) pour un budget initial de 5 millions €. Il a également été distribué par Mars Films.
Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 170 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle a co-écrit le scénario avec Julien Lambroschini et ils se sont partagés 85 000 €. Les droits d’adaptation du livre ont été achetés 100 000 €.
Le film n’a rassemblé que 38 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION D’ANTHONY MARIANO
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « PLAY »
Ce troisième long métrage du réalisateur https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthony_Marciano
est une comédie https://fr.wikipedia.org/wiki/Play_(film,_2019) . Canal+ l’a diffusé mercredi 21 avril 2021.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est sorti en salles le 1er janvier 2020. C’est Dimitri Rassam (Chapter 2) et Benjamin Elaloof (Mooshaker II) qui l’on produit pour un budget initial de 7,9 millions €. Son distributeur de départ était Mars film et a finalement été Gaumont.
Pour la préparation, 37 jours de tournage et la postproduction la rémunération du réalisateur a été de 200 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est légèrement plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Il a en outre co-écrit le scénario avec Max Boublil et ils se sont partagés 600 000 € de rémunération fixe, plus des pourcentages.
Le film était préacheté par Canal+, Multithématiques ainsi que France 2 et coproduit par France 2. Il avait rassemblé 253 000 spectateurs.
Le précédent film du réalisateur était « Robin des bois, la véritable histoire », sorti en salle le 15 avril 2015. Il était produit par Simon Istolainen (Adama SAS) pour un budget initial de 11 millions € et distribué par Mars films.
Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur était de 300 000 € répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Il avait en outre co-écrit de scénario avec Marc Boublil et ils s’étaient partagés 400 000 € d’à valoir.
Le film avait rassemblé 540 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LE TOP 5 DU BUDGET DES SCÉNARIOS
FinanCinéCES SIX DERNIÈRES ANNÉES
Ce baromètre établit le Top 5 de budget global consacré aux scénarios des six dernières années. Il s’agit des à valoir, ces rémunérations étant complétées par des pourcentages. Les scénarios sont le plus souvent écrit en totalité ou en partie par le réalisateur, mais pas toujours. Celui-ci reçoit en outre un à valoir et des pourcentages sur droits d’auteur. Il s’agit essentiellement de films à gros budget et, comme on le voit, ces rémunérations sont loin d’être négligeables. Dans certains cas elles sont comparables, voir supérieures à celle du réalisateur en tant que tel. https://siritz.com/financine/le-top-5-des-remunerations-de-realisateurs/
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
La plus forte rémunération est celle de Dany Boon et Sarah Kaminski pour le scénario de «La ch’tite famille» https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ch%27tite_Famille qui est de 4 155 000€.
SARAH KAMINSKI
La rémunération des scénaristes de « La chi’ite famille » est supérieure à la rémunération fixe du réalisateur qui était de 3,6 millions €. Cela représente 15,48% du budget initial du film. Le nom du réalisateur quand il est l’un des scénaristes est indiqué après le titre du film. Ils ont touché presqu’autant pour le scénario de « Raid Dingue » qui représente le même pourcentage du budget.
Dans ce Top 5 sur six ans le scénario le moins bien payé est celui de « Big foot family » qui est tout de même de 415 000 €. Mais cette rémunération fixe ne représente que 2,72% du budget.
Le pourcentage le plus bas est celui du scénario de « Taken 3 », qui est de 1,69%. Mais, Luc Besson, le co-scénariste est également le réalisateur et le producteur du film.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LE TOP 5 DES RÉMUNÉRATIONS DE RÉALISATEURS
FinanCinéCES SIX DERNIÈRES ANNÉES
Nous avions établi un baromètre des rémunérations des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/Nous avons désormais établi un baromètre des 5 rémunérations les plus élevées des films sortis ces dernières années.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
La rémunération de loin la plus élevée est celle de Luc Besson pour « Valérian et la cité des mille planètes », https://fr.wikipedia.org/wiki/Valérian_et_la_Cité_des_mille_planètes qu’il avait produit et distribué par sa société Europacorp et qui est sorti en 2017 : 4 444 000 €. Mais c’est aussi la plus faible en pourcentage du budget initial du film (2,25%) parce qu’il s’agit d’un film a budget très élevé, un budget de blockbuster visant le marché international. En seconde position on trouve celle de Dany Boon, pour « Raid dingue », https://fr.wikipedia.org/wiki/Raid_dingue, dont il est aussi l’interprète principal et qui est sorti en 2017 : 4,2 millions €. Mais il représente l’un fort pourcentage par rapport au devis : 12,94%.
La rémunération qui représente le plus fort pourcentage du budget est celle de Guillaume Canet pour « Rock n’Roll », dont il est également l’interprète principal et qui est sorti en 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rock%27n_Roll_(film,_2017) : 22,7% du budget initial du film.
C’est sur le Top 5 des rémunérations des films sortis en 2020 que la rémunération tombe la plus vite, avec, en cinquième position, 400 000 € pour Jan Kounen et Valérie Zénati qui ont réalisé « Mon cousin ». Alors qu’en 2017 la 5ème rémunération est celle d’Alain Chabat pour « Santa et Cgie » : 795 000 €. C’est vraiment une année où les rémunérations élevées ont été très élevées et nombreuses.
Comme on le voit, à ce niveau les écarts sont importants. Ainsi, en 2016 aucune rémunération n’atteint le millions d’euros. L’année suivante il y en a trois qui dépassent les 4 millions €.
Sur ces cinq années la rémunération moyenne de ces réalisateurs est de 1,5 millions € et le poids de cette rémunération dans le budget total est de 4,9%.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
EXCEPTION CULTURELLE, PAS DISCRIMINATION
ÉditorialEspérons que le projet de décret SMAD du gouvernement ne menace pas l’écosystème de notre audiovisuel
La semaine dernière la presse a fait état des critiques de la Commission européenne concernant le projet du gouvernement français destiné à règlementer les plateformes de S-Vod, en application de la directive européenne sur le même sujet. https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/commission-europeenne-csa-netflix-les-avis-divergent-sur-le-projet-de-decret-smad-n162587.html Il ne s’agit que d’un avis, mais il souligne qu’en cas de plainte devant la Cour européenne de justice, il y a un risque d’annulation de certaines dispositions. Donc que ce texte crée une incertitude juridique. Rappelons qu’avant sa publication il doit également être soumis à l’avis de Conseil d’État qui abordera sans doute les mêmes questions. https://siritz.com/editorial/plateformes-des-enjeux-contradictoires/
Les principes de l’exception culturelle
La directive européenne applique à ces plateformes le principe de l’exception culturelle. C’est sur l’instigation de la France, que, en 1993, l’Union européenne a appliqué ce principe à l’ensemble du secteur audiovisuel. Il s’agit d’une exception parce que, dans le domaine culturel, elle permet aux États européens de contourner les principes du marché unique qui leur interdisent de fausser la concurrence en soutenant de manière discriminatoire leurs entreprises. Ce marché unique a en effet pour objectif de permettre aux entreprises les plus performantes de s’imposer par rapport à leurs concurrents et de bénéficier des économies d’échelle qu’offre le vaste marché européen. L’ensemble des consommateurs européens mais aussi les emplois bénéficient de ce processus.
Mais, dans le domaine culturel, le raisonnement est inverse. D’une part chaque nation acceptera d’autant plus la dure loi de la concurrence qu’elle pourra préserver son identité culturelle. Surtout, le maintien de cette diversité culturelle contribuera à l’enrichissement de l’Union européenne, alors que la libre concurrence conduirait à l’uniformisation culturelle, sans doute au profit d’une culture « universelle » dominée par celle des États-Unis. Dans ce domaine, la richesse provient de la diversité et non des économies d’échelle.
D’où la possibilité pour les différents États d’imposer aux diffuseurs, essentiellement les chaînes de télévision, d’investir un pourcentage minimum de leur chiffre d’affaires dans des œuvres réalisées dans leur langue. Par exemple, en France, cela signifie que des productions d’initiative belge ou québécoise, parce qu’elles sont en français, entrent dans cette catégorie. Ces obligations pèsent beaucoup plus dans notre politique culturelle que notre compte soutien, qui est à la fois une épargne forcée et un droit de douane sur les œuvres étrangères puisque seules les producteurs et distributeurs d’ œuvres françaises peuvent en bénéficier.
Cette obligation peut être couplée avec l’obligation d’investir dans des œuvres européennes, initiées par des producteurs européens, y compris s’ils ne sont pas français. Ces œuvres européennes peuvent ne pas être réalisées dans la langue nationale du pays. En France, chacun de ces pourcentages était jusqu’ici de deux tiers.
Une volonté de discrimination ?
Dans le projet de décret concernant les plateformes, le pourcentage d’œuvres en français serait de 80 ou 85%, donc bien supérieur à ce qui est imposée à nos chaînes. En cas de recours probable des plateformes, ce sera à la Cour européenne de trancher si ce pourcentage n’est pas « disproportionné ». Par ailleurs, le taux d’investissement dans les films de cinéma français serait d’aumoins 20% du taux d’investissement global dans les œuvres audiovisuelles. Mais ce taux global dépendrait en fait de la fenêtre de diffusion en salle dans la chronologie des médias choisie par la plateforme. Si celle-ci veut que cette fenêtre se situe dans l’année de la sortie en salle, à mi-chemin entre Canal+ et les chaînes en clair coproductrices, le taux global passerait de 20 à 25%, soit une augmentation de 25%. Ce qui serait une véritable punition. Actuellement, alors qu’il n’y a aucune obligation d’investissement cette fenêtre est de 36 mois.
Comme, de toute façon les plateformes ne souhaitent investir que marginalement dans les films de cinéma ,il est peu probable qu’elles choisissent le taux d’investissement le plus élevé qui, de toute façon les situerait loin derrière Canal+. Cette mesure est donc un moyen de protéger la fenêtre de diffusion de Canal+.
Ce qui est surprenant, si c’est le cas, c’est que les films français, même si le réalisateur, les comédiens et les techniciens sont français ne permettraient pas au producteur d’accéder au compte de soutien alors que les plateforme vont financer celui par la même taxe que nos chaînes. Ces serait d’autant plus surprenant que, jusqu’ici, même quand il était produit par un producteur français et distribué par la filiale française d’un studio américain, un film français était considéré comme un film français et générait du soutien financier pour son producteur français. Si cette disposition était confirmée, non seulement on obligerait les plateformes à investir dans des films de cinéma beaucoup plus qu’elle ne ne souhaitent mais les producteurs français qui trouveraient auprès d’elles leur financement seraient pénalisés. Au cas où c’est bien ce que le texte imposerait ce serait tout simplement absurde. Le CSA a d’ailleurs critiqué cette disposition.
Faire entrer les plateformes dans l’écosystème de notre audiovisuel est souhaitable. Mais il faut justifier cette démarche par les principes de l’exception culturelle. Pas par la volonté de mettre en place des mesures clairement discriminatoires à l’égard de ces plateformes.
LA RÉMUNÉRATION DE CHRISTIAN DUGAY
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « UN SAC DE BILLES »
Ce 12ème long métrage de ce réalisateur canadien a été diffusé par France 3 lundi 12 mars. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Duguay
Il était sorti en salle le 18 janvier 2017.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_sac_de_billes_(film,_2017). C’est une adaptation du bestseller de Joseph Joffo.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il a été produit par Nicolas Duval (Quad), en coproduction avec Gaumont, pour un budget initial de 18,2 millions €. C’est Gaumont qui l’a distribué.
Pour la préparation, 58 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur a été de 1,262 millions € dont 627 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 635 000 de salaire de technicien. C’est beaucoup plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020.
https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
En fait c’est la 3ème plus forte rémunération de réalisateur de l’année de sortie du film. Mais il faut dire que celui-ci a rassemblé 1,3 millions de spectateurs et que ce réalisateur est habitué aux succès commerciaux.
Il a en outre reçu 687 000 € d’à valoir pour l’écriture du scénario. Les droits d’adaptation du livre ont été acquis pour 127 000 €.
Le précédent film de Christian Dugay était « Belle et Sébastien, l’aventure continue ». Il était sorti en salle le 9 décembre 2015. C’est Clément Miserez (Radar Films) et Frédéric Brillon (Épithète films) qui l’avaient produit pour un budget initial de 14 millions €. Il était également distribué par Gaumont.
Pour la préparation, 48 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur était de 470 000 €, dont 370 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 100 000 € de salaire de technicien.
Il s’agit d’une adaptation de la série diffusée par TF1 en 1965, écrite et réalisée par Cécile Aubry. Les droits d’adaptation ont été acquis pour 120 000 €. Le scénario a été co-écrit avec Sabine Suarez et Juliette Suarez. Ils se sont partagés 466 000 €.
Le film a rassemblé 1,83 millions de spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION D’ANTONIN BAUDRY
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DU « CHANT DU LOUP »
Ce film d’action qui se passe entièrement dans un sous-marin qui reste au fonds de la mer, coupé du reste du monde. Il a été diffusé par M6+ le jeudi 15 mars 2021.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Chant_du_loup_(film,_2019)
Il a été réalisé par un singulier réalisateur https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonin_Baudry
C’est en effet un polytechnicien, ingénieur des Ponts et chaussé. Il est également diplômé de l’École Normale supérieure et DEA en études cinématographiques. Il a ensuite mené une carrière de fonctionnaire au ministère de l’intérieur puis au Quai d’Orsay.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce film, produit par Yvan Attal (Les films du Trésor) en coproduction avec Pathé films, a un budget initial de 18,8 millions €. Il est sorti en salle le 20 février 2019.
Pour la préparation, 57 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur est de 180 000 €, dont 80 000 € d’à valoir sur droits d’auteurs et 100 000 € de salaire de technicien. C’est égal à la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais le scénario a été entièrement écrit par lui et sa rémunération a été de 190 000 €.
Le film a rassemblé 890 000 entrées.
En 2010 Anthonin Baudry avait co-écrit le scénario bande dessinée à succès « Quai d’Orsay » avec Christophe Blain qui avait réalisé les dessins. Bertrand Tavernier leur avait demandé de l’adapter pour son prochain film qu’il avait réalisé, et produit par sa société Little Bear : « Quai d’Orsay ». Son budget était de 9,5 millions €. Les droits d’adaptation de la bande dessinée avaient été acquis 170 000 € et, en tant que scénariste, Anthonin Baudy avait reçu 90 000 €.
Le film était sorti en sorti en salle le 6 novembre 2013 et avait rassemblé 890 000 entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE PIERRE GODEAU
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « RAOUL TABURIN A UN SECRET »
Le troisième long métrage de Pierre Godeau a été diffusé par Canal+ mardi 13 avril 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Godeau_(réalisateur)
C’est une comédie tirée des bandes dessinées de Sempé. https://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_Taburin_(film)
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Ce film, sorti en salle le 17 avril 2019 est produit par Philippe Godeau (Pan-Européenne) et distribué par Pathé Films. Son budget est de 7,3 millions €.
Pour la préparation, 41 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 200 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est légèrement plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2020.
https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été co-écrit avec Guillaume Laurent et ils se sont partagés 241 000 €. Les droits d’adaptations ont été achetés 48 000 €.
Le film a rassemblé 195 000 spectateurs.
Le précédent long métrage réalisé par Pierre Godeau est le film dramatique « Éperdument », sorti en salle en 2016. C’est une adaptation du livre biographique de Florent Gonçalves, « Défense d’aimer ». Il a été produit par Jean-Baptiste Dupont (LGM) et Pan-Européenne pour un budget initial de 6,5 millions €. Le distributeur était Studio Canal.
Pour la préparation, 42 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur a été de 110 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Pour l’écriture de l’adaptation il a reçu un à valoir de 62 000 €. Les droits d’adaptation du livre ont été acquis pour 150 000 €.
Le film a rassemblé 194 000 entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE MIKHAËL HERS
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « AMANDA »
Ce troisième long métrage du réalisateur est un film dramatique. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikhaël_Hers Il est diffusé par Arte mercredi 14 mars. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amanda_(film,_2018)
Ce sont Philippe Rossignon et Philippe Guyard (Nord-Ouest Films) qui l’ont produit. Pyramide films l’a distribué.
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Pour la préparation, 42 jours de tournage (dont 9 à Londres et 3 en Allemagne) et la post-production, la rémunération du réalisateur a été de 74 000 €, dont 31 000 € comme à valoir sur droits d’auteur et 41 000 € de salaire de technicien. C’est moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. http://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le scénario a été écrit avec Maude Ameline et ils se sont partagés 60 000 €.
Le budget initial du film est de 3,6 millions €. Dans le plan de financement le producteur délégué a apporté 840 000 € de numéraire. Mais ce financement ne prend pas en compte le crédit d’impôt. Par ailleurs, le producteur a bénéficié de 150 000 € de salaire et 200 000 € de frais généraux. Il a également investi 100 000 € de soutien financier.
Arte est coproducteur et a effectué un pré-achat. Canal+ et Multithématiques ont également effectué un préachat. Le film a bénéficié d’une subvention de la région Aquitaine et du département de la Dordogne. 3 soficas ont investi, dont une adossée.
Pyramide Films a accordé un minimum garanti de 100 000 € pour les mandats salle et vidéo en France. Le film ayant rassemblé 260 000 spectateurs, c’est une bonne affaire. MK2 a pris le mandat de ventes internationales avec un minimum garanti de 70 000 €.
Le précédent film de Mikhaël Hers, « Ce sentiment de l’été », était sorti en salle en 2015. Il avait le même producteur et le même distributeur. Il n’a rassemblé que 42 000 spectateurs, mais, comme on le voit, lui ont fait de nouveau confiance et ont eu raison.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.