LE PRÉ-FINANCEMENT PUBLIC DE « JUMBO »

LA COPRODUCTION EUROPÉNNE D’UN PREMIER FILM

Ce mercredi OCS diffuse « Jumbo », le premier film de la réalisatrice belge Zoé Wittock. En France il est sorti en salle le 1er juillet 2020. C’est une coproduction entre la France (30%), le Luxembourg (37%) et la Belgique (33%) dont le budget initial total est de 2,77 millions €.

Siritz.com a déjà consacré un article à la rémunération de la réalisatrice lors de sa sortie en salle. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-zoe-wittock-pour-jumbo/. Mais le financement de ce premier film est également très intéressant.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Tout d’abord, notons que, dans le plan de financement initial, le producteur délégué français, Insolence productions (Anaïs Bertrand, Pascaline Saillat, Amélie Mallard) a investi en numéraire 63 000 €, le luxembourgeois les Films Fauves (Gilles Chanial) 63 000 € et le belge Kwassa Films (Anabelle Nezri) 67 000 €. Au total, donc, 166 000 €. Or, dans le budget sont inscrit 226 000 € de salaire producteur et 195 000 € de frais généraux.

Bien entendu, ces dépenses se justifient par le fait que le ou les producteurs mettent des mois, voire des années avant de monter un film et que leur métier consiste à travailler sur plusieurs films à la fois dont seule une minorité aboutissent.

Autre caractéristique, les aides publiques nationales sont importantes : en France, 470 000 € d’avance sur recettes plus 15 000 € d’aide à la musique du CNC ; au Luxembourg 910 000 € d’Aide Financière Sélective ; en Belgique 600 000 € de tax shelter, 100 000 € de la Fédération Wallonie Bruxelles, 75 000 € de Wallimages. Soit au total 2 170 000 €, c’est à dire 78% du budget du film. Certes, certaines de ces aides ne sont que des avances, comme l’Avance sur recettes, mais elles ne sont à rembourser que quand le film commence à être bénéficiaire. En outre s’ajoute les avances du fonds Eurimages, soutien aux coproductions européennes, qui s’élève à 250 000 €. Donc les financements publics représentent  en tout 87% du financement du film !

En France Rezo Films a accordé un minimum garanti de 50 000 € et le film n’a rassemblé que 6 000 spectateurs et WT Film Export a accordé un minimum garanti de 80 000 € pour le mandat export.  Cela rappelle à quel point les distributeurs sont ceux qui prennent le plus de risques dans le cinéma alors qu’ils sont le maillon essentiel puisque, sans une sortie salle, le montage financier ne se boucle pas.

En Belgique la chaîne Be tv a acheté le film 15 000€.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.