LE DISTRIBUTEUR MEMENTO VA SE MAINTENIR À UN FILM PAR MOIS
Siritz.com Comment avez-vous débuté comme distributeur ?
Alexandre Mallet-Guy : En fait j’ai démarré par la production. J’ai fait mes études à l’ESSEC et, dans ce cadre, j’ai fait un apprentissage à BNP Paribas dans le financement de médias. Mon ambition était de travailler dans le cinéma. Je m’occupais du ciné-club de TELECOM PARIS, l’école d’ingénieur que j’ai faite avant l’ESSEC. Après l’ESSEC j’ai intégré la Pan-Européenne Production qu’avait créé Philippe Godeau. J’y ai travaillé pendant 2 ans. Philippe Godeau a ensuite décidé de relancer Pan-Européenne Distribution et m’a demandé de m’en occuper. Puis je suis parti et j’ai créé ma propre société.
Siritz.com : C’était à quelle époque et quel âge aviez-vous ?
AM-G : C’était en 2003 et j’avais 29 ans.
Siritz.com : Vous aviez pu voir que la distribution est un métier très risqué. Pourquoi l’avoir choisi plutôt que la production ?
AM-G : En fait j’ai commencé par la production. Emmanuele Crialese, le réalisateur italien de « Respiro » que j’avais sorti pour la Pan-Européenne m’a proposé de produire son prochain film. « Respiro » avait été un gros succès en France où il a fait 600 000 entrées alors qu’il avait connu un gros échec en Italie. J’ai accepté, mais le projet n’étant qu’au stade du développement, j’ai décidé, pour m’occuper pendant la longue phase d’écriture qui s’annonçait, de me lancer également dans la distribution.
Siritz.com : Et comme distributeur, comment avez-vous débuté ?
AM-G : J’ai été à Rotterdam où j’ai acheté mon premier film, en février 2003 : un premier film hongrois, sans dialogue, « Hic ». Le film a gagné le prix de la révélation européenne de l’année aux European Film Awards et a rassemblé 35 000 spectateurs. Il a ensuite été acheté par Arte France C’était donc, à notre échelle, un joli petit succès qui m’a permis de financer une partie du développement du projet italien.
Siritz.com : Est-ce que, dès le départ, vous aviez une idée du type de films que vous vouliez distribuer ?
AM-G : J’avais juste un petit pécule suite à la vente de mes actions dans Pan-Européenne Distribution, et donc des moyens très limités. J’ai ainsi été contraint de choisir des films étrangers modestes, mais toujours des films de qualité auxquels je croyais vraiment. A chaque fois des films plus importants, avec des risques plus importants. Au départ des films d’auteur pointus, puis, petit à petit, des films au potentiel commercial plus important.
Siritz.com : Quel a été votre premier gros succès ?
AM-G : « Tetro », de Francis Ford Coppola. C’était une coproduction italo- argentine , en noir et blanc, présentée en ouverture de la Quinzaines des réalisateurs en 2009. Tous les principaux distributeurs indépendants avaient passé. Et moi j’ai eu un vrai coup de cœur. Le film a fait 400 000 entrées, mon premier gros succès.
Siritz.com : Quand on regarde votre catalogue on voit que vous prenez les mandats salle, vidéo et aussi international. Cela suppose une structure relativement lourde.
AM-G : En fait, l’activité de vente internationale a été développée par mon associée de l’époque, Émilie George au sein d’une structure distincte Memento International. Émilie avait alors une participation minoritaire dans Memento Distribution et j’avais une participation minoritaire dans Memento International. Nous avons depuis cédé chacun à l’autre ces participations et sommes à présent chacun unique actionnaire de nos sociétés.
Siritz.com : Aujourd’hui vous êtes un des principaux distributeurs indépendants. Est-ce que vous pourriez caractériser le profil de votre société, c’est-à-dire des films que vous distribuez ?
AM-G : Mes choix sont toujours en fonction de coups de cœur, soit sur scénario, soit sur film fini vu en festival. J’essaye de faire une moitié de films français et une moitié de films étrangers. On a débuté avec des films étrangers, puis on a commencé à recevoir des scénarios de films français. Notre premier succès français a été « Au bout du conte », le film d’Agnès Jaoui avec Jean- Pierre Bacri. Puis, dans la foulée « Le Passé » d’Asghar Farhadi, que j’ai produit, tous deux millionnaires en entrées. A partir de là, on a commencé à recevoir beaucoup de scénarios.

2 millions d’entrées
Siritz.com : J’imagine qu’il y a des producteurs avec lesquels vous travaillez plus régulièrement.
AM-G : Oui. Il y en a 5 ou 6 qui nous envoient leurs scénarios en priorité et à qui nous faisons confiance à priori. Mais rien n’est automatique. Tout dépend du scénario. On essaie aussi, bien sûr, de suivre les auteurs avec qui nous travaillons.
Iritz.com : Le fait qu’il y a de plus en plus de films qui sortent vous oblige-t-il, pour faire remarquez les vôtres à augmenter vos frais d’édition ?
AM-G : Sur la typologie de films que nous distribuons, le travail avec la presse et les médias nous permet de limiter nos frais d’édition.
Siritz.com : Les producteurs disent que les distributeurs ont tendance à diminuer les minima garantis. Or, c’est déjà le cas des apports des chaînes de télévision.
AM-G : Malheureusement ce n’est pas notre cas, les autres partenaires financiers, notamment les chaines de télévision, ayant diminué sensiblement leurs apports ces dernières années, nous nous retrouvons souvent à devoir compenser cette baisse de financements par un apport accru de notre part.
Siritz.com : Vous produisez ou coproduisez des films. Mais est-ce que, comme certains distributeurs, vous envisagez de produire des séries ?
AM-G : Pas du tout. Je ne m’y connais pas du tout, je n’en regarde pratiquement pas moi-même. On va développer la production de films. On va ainsi produire, avec Agat Films, le nouveau film d’Antoine Raimbault, le réalisateur d’« Une Intime Conviction », que nous avions distribué avec succès.
Siritz.com : J’imagine que pour vous, distributeur, le confinement s’est bien passé, compte tenu du soutien de l’État.
AM-G : Les aides de l’État ont jusqu’à maintenant permis de très bien amortir le choc. Le vrai problème aujourd’hui est celui des minima garantis des films sur lesquels on s’est engagé il y a deux ans et qui vont sortir dans les prochains mois dans un marché convalescent qui va avoir besoin de temps pour retrouver des couleurs. On le voit. Les chiffres de la reprise sont très bas. Le mois de juin va être meurtrier, avec énormément de films français qui vont se concurrencer chaque semaine et un public qui tarde à revenir en salles.
Siritz.com : Mais, par exemple, « La bonne épouse », sorti entre les deux confinements a été un succès.
AM-G : Il a fait 650 000 entrées alors qu’on tablait sur plus d’un million d’entrées au regard du chiffre des premiers jours de pré-confinement. Nous allons à peine couvrir notre investissement.
Siritz.com : « Mandibules » a très bien démarré. Mais, du fait du beau temps, comme tous les films il a fortement chuté. Il vous reste encore beaucoup de salles ? https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-quentin-dupieux/
AM-G : Il a chuté moins que d’autres et on conserve une belle combinaison. On devrait atteindre 250 000 entrées. En période normale il en aurait fait certainement 400 000. Difficile dans ces conditions d’amortir notre investissement sur le film. Mais le CNC nous promet des mesures de majoration du soutien financier généré. Et 80% des frais liés à notre première sortie avortée en décembre vont nous être remboursés par le CNC. Nous avons vraiment la chance en France de bénéficier d’un tel soutien de l’État, c’est vraiment quelque chose d’unique au monde.
Siritz.com : Dans les films à sortir vous en avez trois sélectionnés en compétition au Festival de Cannes : « Julie (en 12 chapitres) », « Les Olympiades « de Jacques Audiard et « Un héros » d’Asghar Farhadi.
AM-G : Et « Ouistreham », le film d’Emmanuel Carrère, avec Juliette Binoche, d’après le livre de Florence Aubenas qui fera l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs. Nous allons essayer de rester, malgré la crise sanitaire, sur un film par mois, un rythme qui a toujours été le nôtre depuis une dizaine d’année.

Siritz.com : Vous n’avez pas eu d’offres des plateformes pendant le confinement ?
AM-G : Si Amazon et Netflix nous ont fait une offre pour « Mandibules ». Mais Canal, qui avait pré-financé le premier passage, s’y est opposé.
Siritz.com : Vous ne craignez pas un trop plein de films à la rentrée ?
AM-G : Si. Bien entendu. Le problème va être de tenir les films à l’affiche.
LE POSITIONNEMENT D’ALEXANDRE MALLET-GUY
Le CarrefourLE DISTRIBUTEUR MEMENTO VA SE MAINTENIR À UN FILM PAR MOIS
Siritz.com Comment avez-vous débuté comme distributeur ?
Alexandre Mallet-Guy : En fait j’ai démarré par la production. J’ai fait mes études à l’ESSEC et, dans ce cadre, j’ai fait un apprentissage à BNP Paribas dans le financement de médias. Mon ambition était de travailler dans le cinéma. Je m’occupais du ciné-club de TELECOM PARIS, l’école d’ingénieur que j’ai faite avant l’ESSEC. Après l’ESSEC j’ai intégré la Pan-Européenne Production qu’avait créé Philippe Godeau. J’y ai travaillé pendant 2 ans. Philippe Godeau a ensuite décidé de relancer Pan-Européenne Distribution et m’a demandé de m’en occuper. Puis je suis parti et j’ai créé ma propre société.
Siritz.com : C’était à quelle époque et quel âge aviez-vous ?
AM-G : C’était en 2003 et j’avais 29 ans.
Siritz.com : Vous aviez pu voir que la distribution est un métier très risqué. Pourquoi l’avoir choisi plutôt que la production ?
AM-G : En fait j’ai commencé par la production. Emmanuele Crialese, le réalisateur italien de « Respiro » que j’avais sorti pour la Pan-Européenne m’a proposé de produire son prochain film. « Respiro » avait été un gros succès en France où il a fait 600 000 entrées alors qu’il avait connu un gros échec en Italie. J’ai accepté, mais le projet n’étant qu’au stade du développement, j’ai décidé, pour m’occuper pendant la longue phase d’écriture qui s’annonçait, de me lancer également dans la distribution.
Siritz.com : Et comme distributeur, comment avez-vous débuté ?
AM-G : J’ai été à Rotterdam où j’ai acheté mon premier film, en février 2003 : un premier film hongrois, sans dialogue, « Hic ». Le film a gagné le prix de la révélation européenne de l’année aux European Film Awards et a rassemblé 35 000 spectateurs. Il a ensuite été acheté par Arte France C’était donc, à notre échelle, un joli petit succès qui m’a permis de financer une partie du développement du projet italien.
Siritz.com : Est-ce que, dès le départ, vous aviez une idée du type de films que vous vouliez distribuer ?
AM-G : J’avais juste un petit pécule suite à la vente de mes actions dans Pan-Européenne Distribution, et donc des moyens très limités. J’ai ainsi été contraint de choisir des films étrangers modestes, mais toujours des films de qualité auxquels je croyais vraiment. A chaque fois des films plus importants, avec des risques plus importants. Au départ des films d’auteur pointus, puis, petit à petit, des films au potentiel commercial plus important.
Siritz.com : Quel a été votre premier gros succès ?
AM-G : « Tetro », de Francis Ford Coppola. C’était une coproduction italo- argentine , en noir et blanc, présentée en ouverture de la Quinzaines des réalisateurs en 2009. Tous les principaux distributeurs indépendants avaient passé. Et moi j’ai eu un vrai coup de cœur. Le film a fait 400 000 entrées, mon premier gros succès.
Siritz.com : Quand on regarde votre catalogue on voit que vous prenez les mandats salle, vidéo et aussi international. Cela suppose une structure relativement lourde.
AM-G : En fait, l’activité de vente internationale a été développée par mon associée de l’époque, Émilie George au sein d’une structure distincte Memento International. Émilie avait alors une participation minoritaire dans Memento Distribution et j’avais une participation minoritaire dans Memento International. Nous avons depuis cédé chacun à l’autre ces participations et sommes à présent chacun unique actionnaire de nos sociétés.
Siritz.com : Aujourd’hui vous êtes un des principaux distributeurs indépendants. Est-ce que vous pourriez caractériser le profil de votre société, c’est-à-dire des films que vous distribuez ?
AM-G : Mes choix sont toujours en fonction de coups de cœur, soit sur scénario, soit sur film fini vu en festival. J’essaye de faire une moitié de films français et une moitié de films étrangers. On a débuté avec des films étrangers, puis on a commencé à recevoir des scénarios de films français. Notre premier succès français a été « Au bout du conte », le film d’Agnès Jaoui avec Jean- Pierre Bacri. Puis, dans la foulée « Le Passé » d’Asghar Farhadi, que j’ai produit, tous deux millionnaires en entrées. A partir de là, on a commencé à recevoir beaucoup de scénarios.
2 millions d’entrées
Siritz.com : J’imagine qu’il y a des producteurs avec lesquels vous travaillez plus régulièrement.
AM-G : Oui. Il y en a 5 ou 6 qui nous envoient leurs scénarios en priorité et à qui nous faisons confiance à priori. Mais rien n’est automatique. Tout dépend du scénario. On essaie aussi, bien sûr, de suivre les auteurs avec qui nous travaillons.
Iritz.com : Le fait qu’il y a de plus en plus de films qui sortent vous oblige-t-il, pour faire remarquez les vôtres à augmenter vos frais d’édition ?
AM-G : Sur la typologie de films que nous distribuons, le travail avec la presse et les médias nous permet de limiter nos frais d’édition.
Siritz.com : Les producteurs disent que les distributeurs ont tendance à diminuer les minima garantis. Or, c’est déjà le cas des apports des chaînes de télévision.
AM-G : Malheureusement ce n’est pas notre cas, les autres partenaires financiers, notamment les chaines de télévision, ayant diminué sensiblement leurs apports ces dernières années, nous nous retrouvons souvent à devoir compenser cette baisse de financements par un apport accru de notre part.
Siritz.com : Vous produisez ou coproduisez des films. Mais est-ce que, comme certains distributeurs, vous envisagez de produire des séries ?
AM-G : Pas du tout. Je ne m’y connais pas du tout, je n’en regarde pratiquement pas moi-même. On va développer la production de films. On va ainsi produire, avec Agat Films, le nouveau film d’Antoine Raimbault, le réalisateur d’« Une Intime Conviction », que nous avions distribué avec succès.
Siritz.com : J’imagine que pour vous, distributeur, le confinement s’est bien passé, compte tenu du soutien de l’État.
AM-G : Les aides de l’État ont jusqu’à maintenant permis de très bien amortir le choc. Le vrai problème aujourd’hui est celui des minima garantis des films sur lesquels on s’est engagé il y a deux ans et qui vont sortir dans les prochains mois dans un marché convalescent qui va avoir besoin de temps pour retrouver des couleurs. On le voit. Les chiffres de la reprise sont très bas. Le mois de juin va être meurtrier, avec énormément de films français qui vont se concurrencer chaque semaine et un public qui tarde à revenir en salles.
Siritz.com : Mais, par exemple, « La bonne épouse », sorti entre les deux confinements a été un succès.
AM-G : Il a fait 650 000 entrées alors qu’on tablait sur plus d’un million d’entrées au regard du chiffre des premiers jours de pré-confinement. Nous allons à peine couvrir notre investissement.
Siritz.com : « Mandibules » a très bien démarré. Mais, du fait du beau temps, comme tous les films il a fortement chuté. Il vous reste encore beaucoup de salles ? https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-quentin-dupieux/
AM-G : Il a chuté moins que d’autres et on conserve une belle combinaison. On devrait atteindre 250 000 entrées. En période normale il en aurait fait certainement 400 000. Difficile dans ces conditions d’amortir notre investissement sur le film. Mais le CNC nous promet des mesures de majoration du soutien financier généré. Et 80% des frais liés à notre première sortie avortée en décembre vont nous être remboursés par le CNC. Nous avons vraiment la chance en France de bénéficier d’un tel soutien de l’État, c’est vraiment quelque chose d’unique au monde.
Siritz.com : Dans les films à sortir vous en avez trois sélectionnés en compétition au Festival de Cannes : « Julie (en 12 chapitres) », « Les Olympiades « de Jacques Audiard et « Un héros » d’Asghar Farhadi.
AM-G : Et « Ouistreham », le film d’Emmanuel Carrère, avec Juliette Binoche, d’après le livre de Florence Aubenas qui fera l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs. Nous allons essayer de rester, malgré la crise sanitaire, sur un film par mois, un rythme qui a toujours été le nôtre depuis une dizaine d’année.
Siritz.com : Vous n’avez pas eu d’offres des plateformes pendant le confinement ?
AM-G : Si Amazon et Netflix nous ont fait une offre pour « Mandibules ». Mais Canal, qui avait pré-financé le premier passage, s’y est opposé.
Siritz.com : Vous ne craignez pas un trop plein de films à la rentrée ?
AM-G : Si. Bien entendu. Le problème va être de tenir les films à l’affiche.
AMAZON MENACE L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ
ÉditorialET PAS SEULEMENT NOTRE EXCEPTION CULTURELLE
L’économie de l’audiovisuel a définitivement changé de monde. C’est ce que démontre le rachat par Amazon Prime de la retransmission de 80% des matchs du championnat de France de foot-ball, au nez et à la barbe de Canal+, pour 250 millions €. Cet événement porte sur le sport mais concerne l’ensemble de l’audiovisuel.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2021/06/12/le-foot-francais-choisit-amazon-canal-claque-la-porte_6083838_3242.html
Le refus de la chaîne de maintenir le contrat de rachat, pour 350 millions € pour les 20% de matchs restants se comprend, mais sera-t-il autorisé par la justice ? Si c’était le cas la rémunération annuelle de la Ligue de foot-ball passerait de près d’un milliard d’euros espérés il y a un an, à quelques 250 millions €. Un effondrement par rapport à ce que ce que recevait chaque année la Ligue avant que sa cupidité aveugle l’amène à préférer les mirages de Médiapro au maintien de son partenariat historique avec la Canal+.
Amazon Prime avait déjà décroché pour ses 10 millions d’abonnés français la retransmission de matchs importants de Roland-Garros. Pour elle, ces deux dépenses ne sont que des gouttes d’eau pour décrocher deux produits d’appel au profit de sa plateforme de vente en ligne, proposant, pour un prix d’abonnement de 49 € par an, une livraison rapide des commandes. Et cette vente en ligne n’est, elle-même, qu’une recette secondaire pour le premier groupe mondial, dont l’essentiel des profits provient de son service de location de Cloud.
Or ce groupe, qui vient également de racheter la MGM, son immense catalogue et 50% des James Bond, ne paye pratiquement pas d’impôt sur les bénéfices, comme tous les GAFA, grâce aux mécanismes d’optimisation fiscale C’est dire que, à la différence de tous ses concurrents, il ne participe nullement à la redistribution des richesses, corolaire du régime capitaliste et de l’économie de marché. Et, il pourrait même échapper au minimum mondial de 15% d’impôts sur les bénéfices auquel Biden propose de soumettre toutes les grandes multinationales, puisque cet impôt ne s’appliquerait qu’aux groupes qui dégagent un bénéfice de plus de 10% et que celui d’Amazon, bien qu’étant le plus élevé du monde en valeur absolue, est inférieur à ce pourcentage.
L’économie de Netflix est fondamentalement différente de celle d’Amazon puisque le groupe, malgré ses 210 millions d’abonnés, est encore fortement en perte et que son endettement considérable ne cesse de s’accroître. Mais il est en mesure d’investir 17 milliards de dollars par an dans ses nouveaux programmes, c’est-à-dire bien plus que tous ses concurrents, y compris Disney, de loin le premier groupe audiovisuel du monde, dont la plateforme Disney+/Star a atteint 110 millions d’abonnés en quelques mois.
Il le peut parce que sa capitalisation boursière ne cesse d’augmenter plus vite que son endettement et que son fondateur vise sans doute à céder un jour, avec un énorme profit, son contrôle à beaucoup plus gros que lui, peut-être Facebook, Google ou Microsoft, des groupes qui eux aussi ne payent pratiquement pas d’impôt sur les bénéfices.
Disons-le sans hésiter : à partir du moment où les plus grosses entreprises ne payent pas d’impôt, et peuvent, de ce fait, violer les règles les plus élémentaires de la concurrence équitable, on est sorti de l’économie de marché et du capitalisme. Au point que l’on peut se demander si les mécanismes d’exception culturelle- fonds de soutien, obligations d’investissement et chronologie des médias- sont à la hauteur du véritable Tsunami que constitue l’irruption dans l’audiovisuel de ces plateformes mondiales qui ne jouent pas le jeu.
https://siritz.com/editorial/plateformes-des-enjeux-contradictoires/
Il semble notamment nécessaire de mettre en place des mécanismes d’exception, pas seulement en faveur de nos créateurs et de nos producteurs, mais aussi en faveur de nos diffuseurs nationaux qui eux sont obligés de respecter les règles du jeu. Car ces plateformes, même avec les réglementations prévues par la directive SMA, pourraient surpayer certaines oeuvres françaises mais aussi américaines, pour en sevrer nos chaînes à péage et les conduire à la disparition.
Par ailleurs, nos pouvoirs publics ne doivent pas faire preuve de trop de naïveté. Ainsi, ils ont mis en place le Pass culturel pour inciter les jeunes à consommer des biens culturels : cinéma, livre, théâtre et musique. Or, on découvre que la très grande majorité de ces Pass sert à acheter des mangas japonaises. Certes les libraires, qui voient affluer des jeunes qui ne venaient jamais chez eux, sont ravies. Mais, pour faire de la place aux mangas, ils ont réduit celle réservée aux autres livres. La culture est-elle vraiment gagnante ?
LA RÉMUNÉRATION DE JÉRÉMIE GUEZ
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « SONS OF PHILADELPHIA »
Ce film est le 2ème que ce romancier et scénariste a réalisé.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jérémie_Guez
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
C’est une coproduction entre la France (21%), les (États-Unis (29%), la Belgique (38%) et les Pays-Bas (11%). Son budget total est de 4,2 millions €.https://fr.wikipedia.org/wiki/Sons_of_Philadelphia
En France il a été produit par Julien Madon et Aimée Buidine (The sound of Philadelphia ). Aux États-Unis le producteur est Brookstreet Pictures, en Belgique Gapbusters et aux Pays-Bas 100% Halal Productions.
Pour la préparation, 24 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 86 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est sensiblement plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortis en 2021,mais beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le film est tiré du roman écrit par le réalisateur qui a été acheté 97 000 €. Son adaptation de ce roman a été payée 43 000 €.
Son précédent film est « Tu ne tueras pas », sorti en 2017, produit par les mêmes producteurs français, mais chacun ayant sa compagnie. Son budget était de 2,8 millions € et il était distribué par Océans Films.
Sa rémunération était de 40 000 €, répartie entre 15 000 € à d’à valoir sur droits d’auteur et 25 000 € de salaire de technicien. Le film était tiré du roman de Dany M. Martin, acheté 71 000 € dont l’adaptation, par Jérémie Guez a été rémunérée 186 000 €.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE PETER DOURONTZIS
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « VAURIEN », FILM EXCEPTIONNEL
C’est le premier film réalisé par Peter Dourontzis. https://www.notrecinema.com/communaute/stars/stars.php3?staridx=381507
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vaurien_(film,_2020)
Ce thriller, qui bénéficie plutôt de bonnes critiques, est exceptionnel parce que son budget extrêmement limité pour une fiction, puisque 650 000 € est plutôt le budget d’un documentaire.
Il a été produit par Sébastien Haguenauer (10 : 15 Productions). Le précédent film produit par cette société, « Lola vers la mer », réalisé par Laurent Micheli, sorti en novembre 2019 avait un budget de 2,7 millions €. Il était distribué par Les Films du Losange et n’avait rassemblé que 26 000 spectateurs.
Le financement de celui-ci a été difficile puisque le producteur a investi son salaire et ses frais généraux. Il a investi du numéraire supérieur à son crédit d’impôt. Il y a un coproducteur Arte-Cofinova, une sofica et un soutien de la région Nouvelle-Aquitaine. Aucune chaîne n’est intervenue.
Pour la préparation, 15 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 10 500 €, pratiquement répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est évidemment très au-dessous de la rémunération médiane des films français sortis en 2020.
https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Et c’est la rémunération la plus basse de cette des films sortis en 2021.
Il a écrit le scénario pour une rémunération de 15 000 €.
Rezo est le distributeur en salle et Kinology a le mandat de vente à l’étranger.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
AVEC « LE DISCOURS » LAURENT TIRARD
CinéscoopLA RÉMUNÉRATION MOYENNE DES RÉALISATEURS REMONTE
C’est le 8ème film du réalisateur qui a déjà réalisé d’énormes succès comme les deux « Petit Nicolas » et « Asterix et Obelix ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Tirard
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Cette comédie est produite par Olivia Lagache (Les films sur Mesure), pour un budget de 5,6 millions €, et distribuée par Le Pacte. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Discours
Il est coproduit par Le Pacte et France 2, et préacheté par Canal+, Multithématiques, France 2 et C8. Il est soutenu par la Région Ile de France et 5 soficas l’ont soutenu.
Pour la préparation, 29 jours de tournage et la post-production sa rémunération est de 200 000 € répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est supérieur à la moyenne des rémunérations de films français sortis en 2020 https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
et très supérieur à la moyenne des rémunérations de réalisateurs de films français sortis les trois premières semaines de 2021. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Le film est une adaptation du livre Fabrice Caro qui est revenue à 315 000 €.
Son précédent film était « Le retour du héros » sorti le 14 février 2018. Il était déjà produit par Les films sur mesure ainsi que par Marc Dujardin (JD Prod) pour un budget de 9,7 millions €. Pour la préparation, 41 jours de tournage et la post-production sa rémunération était de 200 000 €, répartie entre 75 000 € d’à valoir sur droits d’auteurs et 125 000 € de salaire de technicien.
Il était distribué par StudioCanal, qui avait donné un minimum garanti de 2,150 millions € pour les mandats salle, vidéo et international et avait rassemblé 815 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
« VILLA CAPRICE » À LA FORCE DU POIGNÉ
CinéscoopUN FILM CARACTÉRISTIQUE DES DIFFICULTÉS DE LA PRODUCTION FRANÇAISE
C’est le sixième long métrage de cinéma de Bernard Stora qui a, par ailleurs réalisé et, surtout, écrit le scénario de nombreuses fictions tv. Son dernier film , « Un dérangement considérable » était sorti en 2000. En tant que réalisateur et scénariste il a fortement limité sa rémunération.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Stora
https://fr.wikipedia.org/wiki/Villa_Caprice
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Mais, comme de plus en plus de films français, son montage financier a été très difficile. Son budget est de 3,2 millions €. Son producteur, Jean-Pierre Guérin (JPG) a mis son salaire et ses frais généraux en participation, il a investi du soutien financier. Il a également investi du numéraire au-delà de ce que lui rapportera le crédit d’impôt.
Le distributeur est David Grumbach (Bac film) qui a donné un minimum garanti pour le mandat salle, vidéo et tv ainsi qu’un minimum garanti pour le mandat ventes internationales. Il est également producteur délégué et a, lui aussi, investi du numéraire.
France 3 est coproducteur. Canal+, Multithématiques et France 3 ont effectué un pré-achat. La Région Ile de France a apporté son soutien et 2 soficas ont investi.
La rémunération de Bernard Stora, pour la préparation, 31 jours de tournage et la post-production est de 60 000 € répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est la moitié de la rémunération médiane des réalisateurs de films sortis en 2020.
https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Et ce n’est que légèrement supérieure à la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis depuis le dé-confinement en 2021.
Bernard Stora a réalisé de nombreuses fictions, téléfilms, mini-séries et séries pour la télévision
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, estiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
Courts métrages consacrés aux femmes
CinéscoopLe 1er Festival de court métrage du Pays de Dreux qui ne parle que des femmes
Anny Duperey sera Présidente d’honneur de cette première édition entourée de Mélanie Page, Nils Tavernier, Firmine Richard, Caroline Vabre, Emmanuelle Montaud, Muriel Montossey, Caroline Bray, David Mora, Raphaelle Passot, Constance Stephanie, Pasterkamp, Olivier Bohin, etc… Et Dave notre Guest.
https://fr.calameo.com/mtaville/read/001916336445c4e596801
FRÉQUENTATION ENCOURAGEANTE POUR LE CINÉMA
ÉditorialMAIS TRÈS INSUFFISANTE POUR LES DISTRIBUTEURS
LA RÉMUNÉRATION DE CÉLINE SCIAMMA
CinéscoopUNE SCÉNARISTE QUI RÉALISE SES FILMS
« La petite maman » qui vient de sortir est le 5ème film réalisé par Céline Sciamma qui a une formation de scénariste à la Fémis et qui a écrit le scénario de tous ses films.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Céline_Sciamma
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Petite_Fille_(film,_2020)
Celui-ci est produit par Bénédicte Couvreur (Lilies Films) pour un budget de 2,8 millions €. Il est distribué par Pyramide Films en salle tandis que MK2 international a le mandat international.
Le film a été coproduit et préacheté par France 3. Il a été préacheté par Canal+ et Multithématiques. Il a bénéficié d’une aide remboursable de la Région Ile de France.
Pour la préparation, 28 jours de tournage et la post-production, la rémunération de Céline Sciamma est de 100 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020.
https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
20 jours de tournage l’ont été en studio.
Son précédent film était « Portrait de la jeune fille en feu », sorti le 18 septembre 2019. Son budget était de 4,8 millions €. Il avait le même producteur les distributeurs étaient les mêmes. Il était préacheté par Canal+ et Multithématique, mais c’est Arte qui le coproduisait et l’avait préacheté. Il était déjà soutenu par la Région Ile de France.
Le film avait rassemblé 308 000 spectateurs en France et avait été un grand succès à l’international puisqu’il y avait rassemblé près de 900 000 spectateurs.
Pour la préparation, 34 jours de tournage et la post-production la rémunération de Céline Sciamma était de 160 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. La rémunération de son scénario était de 120 000€.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE LUCAS BELVAUX
CinéscoopLE SCÉNARIO BEAUCOUP PLUS QUE LA RÉALISATION
« Des hommes », qui vient de sortir est le 8ème long métrage du réalisateur belge. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucas_Belvaux
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
C’est une coproduction franco-belge à 86% française. Le producteur français est David Frenkel (Synecdoc ) et le producteur belge Patrick Quinet (Artemis). Son budget est de 5,6 millions, c’est-à-dire un budget moyen.
C’est une adaptation du livre éponyme de Laurent Mauvignier dont les droits ont été acquis 60 000 €.
Le film a bénéficié d’une avance sur recette de 450 000 € et de l’aide à la diversité du CNC. Il a également bénéficié d’un soutien d’Eurimages et de la Procirep. Il a été soutenu par la région Bourgogne-Franche-Comté où il a été en partie tourné. Les scènes se passant pendant la guerre d’Algérie ont été tournées au Maroc.
Il a été financé par pas moins de sept Soficas. France 3 l’a coproduit et Canal+, Multithématiques ainsi que France 3 l’ont préacheté.
En Belgique il a bénéficié d’un tax shelter et été soutenu par Wallonie Bruxelles.
Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 100 000 €, répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est un peu moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis en 2020 https://siritz.com/financine/le-barometre-des-realisateurs-fin-octobre/
Mais c’est plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français sortie en 2020. https://siritz.com/financine/la-remuneration-des-realisateurs-en-mai-2021/
Mais, en fait, Lucas Belvaux a reçu une très forte rémunération de son scénario puisqu’elle est de 187 000 €.
Le précédent film de Luc Belvaux était « Chez nous », sorti en salle en 2017. Ses producteurs étaient les mêmes mais son distributeur Le Pacte. Il avait rassemblé 307 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.