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L'édito de Serge
Serge Siritzki

VERS DU GRABUGE DANS L’AUDIOVISUEL

Par Serge Siritzky

AVEC LES CHAÎNES DU CÂBLE L’ÉTAT SAUTE LES ÉTAPES

Ce ne sont pas les plateformes de S-Vod qui bouleversent l’audiovisuel, mais internet. Jusque-là, la télévision reposait sur la notion de grille de programme. Au départ, les chaînes étaient diffusées uniquement par voie hertzienne, puis par câble et satellite. Ces deux nouveaux modes de diffusion ont permis de multiplier le nombre de chaînes et de les spécialiser.https://siritz.com/editorial/smad-questions-non-tranchees/

Internet permet de se libérer de la notion de grille : sur un service donné, on peut choisir son programme et le regarder quand on veut, où on veut. Le politique de niche, que permet le câble et le satellite, est renforcée. Pour augmenter leurs abonnés, Netflix, Disney ou Amazon n’ont pas besoin d’agglomérer les  spectateurs d’un programme mais de satisfaire pleinement toutes les catégories d’abonnés avec des programmes différenciés. Mais, en s’agglomérant, ses catégories représentent beaucoup d’abonnés.

Les chaînes vont intégrer progressivement ce nouveau mode de diffusion. En France, celle qui est en pointe est Arte qui a lancé Arte.Tv, qui diffuse, sur internet, les programmes de sa chaîne hertzienne et des programmes uniquement diffusés sur internet. Mais, déjà, dès la diffusion de son premier épisode, tous les épisodes d’une série d’Arte peuvent être visionnés.

Les opérateurs de télécom permettent déjà d’accéder facilement aux principales plateformes sur son téléviseur. Mais pas à tout internet. Ça viendra. Et le spectateur aura de plus en plus l’habitude de regarder l’audiovisuel sur d’autres plateformes. Au point que les programmes seront de plus en plus conçus pour être regardés sur le mobile. Car les jeunes ne regardent pratiquement plus la télévision et en garderont l’habitude.

Les pouvoirs publics français veulent faire subsister l’écosystème français dans ce nouvel audiovisuel. Celui-ci repose sur des obligations d’investissement dans la production d’œuvres françaises et européennes ainsi que des quotas de diffusion d’œuvres françaises et européennes. Dans certains cas le cinéma, avec sa chronologie des médias,  est pris en compte.

La levée de bouclier des chaînes du câble illustre la complexité des enjeux. Notre État vise à l’uniformisation, en alignant les obligations de ces chaînes sur celles du hertzien. Notamment 16% du chiffre d’affaires d’investissement dans les œuvres contre 12% jusque-là. Sur le long terme c’est peut-être logique, mais à court et moyen terme, pour ces petites entreprises, c’est une évolution insoutenable. C’est une augmentation d’un tiers d’un coup. Ce qui risque d’entrainer du grabuge. https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/fronde-des-chaines-thematiques-contre-la-nouvelle-reglementation-1343700

Acces, qui représente ces chaînes à raison : l’État devrait fixer des principes et charger le CSA de négocier leur application au cas par cas, et, sans doute, progressivement.

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