mise en avant

En janvier et février une petite minorité d’entre eux ont permis à leur distributeur de couvrir son investissement

Les salles vont redémarrer le 22 juin. Est-ce que le public va s’y précipiter ou « attendre de voir » ? On ne sait. Mais, les français n’ont pas hésité à se précipiter au restaurant et au café. Il est donc probable, que, si l’offre de film est attractive, ils n’hésiteront pas à retourner au cinéma.

Lire sur cette problématique : https://siritz.com/editorial/comment-ouvrhttps://siritz.com/editorial/comment-ouvrir-les-salles-avec-une-forte-frequentation/ir-les-salles-avec-une-forte-frequentation/

Néanmoins, il faut se souvenir des deux premiers mois de l’année. Alors que personne ne pensait au Coronavirius, la fréquentation a été catastrophique. Tant la fréquentation générale que celle des seuls films français dont la part de marché est tombée bien en-dessous des 30%. Au point qu’on se demandait déjà si, en 2020, pour la première fois depuis 2013, la fréquentation ne descendrait pas en-dessous de 200 millions de spectateurs. Et, celle des seuls films français, en-dessous de 70 millions de spectateurs. En fait, comme le savent les exploitants, tout est une question d’offre. 

Il est tout de même nécessaire de se souvenir qu’avant même l’arrêt de leur activité, les distributeurs de films français en janvier et février de cette année ont subis une véritable Bérézina. Siritz.com a construit  trois baromètres qui permettent de s’en rendre compte. Il ont été établis à partir des données fournies par Cinéfinances.info*. Mais aussi par des algorithmes* mis au point pour évaluer les frais d’édition. Le premier baromètre, présenté dans cet article, calcule le nombre de film français pour lesquels le distributeur a amorti son investissement (minimum garanti et frais d’édition).

Ainsi, en janvier 25 films français sont sortis et en février 15. Voici le nombre de films qui, selon l’évaluation de Siritz.com, ont pu amortir l’investissement du distributeur, avec les seules recettes salle ou en y ajoutant le soutien automatique et sélectif.

Mais le distributeur doit ensuite couvrir ses frais de structure

7 films ont permis au distributeur d’amortir son investissement

Parmi ceux qui ont très probablement couvert l’investissement du distributeur avec les seules recettes salles on trouve : « Les vétos », distribué par UGC, « Marche avec les loups », distribué par Gebeka, « Une belle équipe » distribué par Gaumont, « Ducobu 3 », distribué par Gaumont, « La fille au bracelet », distribué par « Le Pacte », « Un divan à Tunis » , distribué par Rezzo Film et « 10 jours sans maman », distribué par Studio Canal. Mais cela ne veut pas dire que le distributeur a touché sa pleine commission ni, encore moins, versé le moindre supplément au producteur. Certes, il a le plus souvent les recettes d’autres mandats. Mais, quand le film n’est pas un succès en salle, sauf exception, ces autres recettes sont marginales.

Donc en pourcentage, le nombre des films qui ont permis au distributeur de couvrir son investissement, même en tenant compte du soutien financier, est très minoritaires.

Le soutien financier automatique est donc fondamental à l’économie de distributeur.

Mais, il est vrai que, dès le moi de mars, le démarrage de deux films français, « La bonne épouse », distribué par Memento films, et « De Gaulle », distribué par SND, étaient particulièrement prometteurs. Ces films vont reprendre leur exploitation et on va voir si le très bon bouche à oreille dont ils bénéficient leur permettra d’atteindre financement les entrées espérées.

Ce baromètre est établi à partir de données fournies par le site https://cinefinances.info/ . C’est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Méthodologie de calcul des baromètres

Les baromètres sont établis à partir de calculs film par film. La marge brute (est-ce que le distributeur a couvert son investissement ?) est la différence entre le chiffre d’affaires salle du distributeur et son investissement (frais d’édition et, dans la plupart des cas, minimum garanti).

Le chiffre d’affaires est établi à partir du nombre d’entrées  du film à la fin de sa carrière en salle multiplié par la recette moyenne du distributeur par entrée. Cette dernière est   établie chaque année par le CNC qui calcule le prix moyen de la place de cinéma et la part moyenne du distributeur sur ce prix de place. 

Le soutien automatique généré par un  film est lié au chiffre d’affaires en salle de celui-ci et le soutien sélectif est publié par le CNC. Le soutien sélectif aux entreprise de distribution n’est pas pris en compte car il vise à couvrir une partie des frais des structures des distributeurs qui ont un plan de sortie d’au moins 3 films dans l’année.

Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info dont les informations sur chaque film proviennent des contrats qui sont déposés au registre public du CNC.

Les frais d’édition (frais techniques, frais de promotion et de publicité) sont des évaluations de Siritz.  Pour chaque film cette évaluation s’appuie  sur l’étude annuelle du CNC sur les coûts de distribution des films français, qui prend en compte plusieurs critères. A partir de cette étude Siritz.com a établi un algorithme qui prend en compte plusieurs critères (ampleur de la sortie, budget du film, genre du film, profil du distributeur). 

Les résultats de celui-ci ont été comparés aux contrats de distribution fournis par Cinéfinances.info qui indiquent les médias pour lesquels le distributeur a un mandat, les taux des  commissions de distribution, le minimum garanti et le plafond des frais d’édition au-delà desquels le distributeur doit demander l’autorisation du producteur. Souvent, le contrat fixe aussi un plancher de frais d’édition. Sauf quelques rares exceptions l’algorithme  donnent des chiffres conformes au contrat.

Par ailleurs, en 2019, Cinéfinances.info a interrogé des producteurs sur le montant des frais d’éditions transmis par le distributeur. En général, les plafonds et les planchers sont respectés. Et les évaluations se sont révélées exactes avec une faible marge d’erreur.

Enfin, sur un baromètre qui porte sur 15 à 20 films par mois, les marges d’erreur dans un sens ou dans l’autre se compensent en grande  partie.

En revanche Siritz.com ne peut évaluer les marges arrière dont pourraient bénéficier certains distributeurs et qu’ils ne transmettraient pas au producteur.

La moitié que pour son précédent film

Canal+ a diffusé mercredi 3 juin, pour la première fois,  la comédie dramatique « Deux moi », le dernier film de Cédrick Klapisch . Il est en salle le 11 septembre 2019. C’est le 13ème film réalisé par ce dernier. 

Cinéfinances.info* fournit les données qui permettent d’analyser la rémunération du réalisateur. Le tournage avait duré 44 jours et le budget du film était de 6,3 millions €. Comme les précédents films du réalisateur, il est produit par sa société Ce qui me meut, dans laquelle il est associé avec Bruno Levy (voir )

La rémunération de Klapisch pour « Deux moi » est de 140 000 €, partagée, à part égal, entre un à-valoir sur droits d’auteur et un salaire de technicien. Le scénario, que le réalisateur a écrit avec Santiago Amigorena,  a été rémunéré  par un à-valoir de 70 000 €, auquel il faut ajouter 220 000 € pour le sujet. En comparaison, sur son précédent film, « Ce qui nous lie », Cédrick Klapish,  avait une rémunération de 270 000 € en tant que réalisateur , « Ce qui nous lie ». 90 000 € d’à-valoir avaient été consacrés au scénario, co-écrit lui aussi avec Santigo Amigora. En revanche, le sujet avait été acquis pour 170 000 €. https://siritz.com/cinescoop/ce-qui-nous-lie-un-film-dauteur-producteur/ . Mais son budget était de 7,8 millions € et il y avait 55 jours de tournage.

Pour « Casse-tête chinois », sorti en  2013, la rémunération était de 200 000 € d’à-valoir sur droits d’auteur et 166 000 € de salaire réalisateur. Mais le budget du film était de 17,3 millions €. Il avait dépassé 1,5 millions d’entrées et réalisé de bonnes ventes internationales.Voir la carrière de Cédrick Klapisch : 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cédric_Klapisch

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Pas une mauvaise affaire pour le producteur délégué et le distributeur

« Deux-moi », la comédie dramatique que Canal+ a diffusé le 3 juin, est le dernier film réalisé par Cédric Klapisch. Voir aussi : https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-klapisch-pour-deux-moi/

Cinéfinances.info* nous fournit les données pour analyser le montage financier du film.

Son budget est de 6,3 millions €. Il est produit par « Ce qui me meut », la société dans laquelle Cédrick Klapisch est associé avec Bruno Levy. Le producteur délégué a investi 1,2 million € en numéraire. Mais il ne tient pas compte du crédit d’impôt qui doit être du même montant. 

Par ailleurs, il a mis en participation 150 000 € de salaire producteur sur 272 000 €, hors charges sociales, et 364 000 € de frais généraux sur 380 000 €.

En outre, il y a trois coproducteurs : Move Movie (Bruno Levy) a investi 300 000 € de soutien financier, Studio Canal 600 000 € en numéraire et France 2 400 000 €.

France 2 a effectué un préachat de 400 000 €, Canal+ de 1,625 millions € et Multithématiques de 240 000 €. 80 000 € de préventes ont été effectuées en Belgique

Studio Canal a pris le film en distribution, mais en séparant les mandats : 500 000 € pour les salles, 100 000 € pour la vidéo et 420 000 € pour l’international.

Le film, sorti sur 361 copies,  a réalisé 646 000 entrées en France. Selon Wikipedia il aurait réalisé un box-office mondial de 4,8 millions $.

D’une manière générale, on peut donc dire que le film n’est pas une mauvaise affaire pour le producteur délégué ni le distributeur.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

C’est le premier film de la comédienne comme réalisatrice de film

Dimanche dernier, France 2 a diffusé, pour la première fois, le film « Brillantissime », interprété et réalisé par Michèle Laroque. Cinéfinances.info* a fourni les données qui permettent d’analyser certains éléments de son budget.

Il s’agit de l’adaptation de la pièce à succès, « Mon brillant divorce » que Michèle Laroque a mise en scène et interprétée. Cette pièce est elle-même une adaptation du succès britannique « My brilliant divorce », écrite par l’irlandaise Géraldine Aron. Les droits d’adaptation de la pièce ont été achetés 395 000 €. Michèle Laroque l’avait mise en scène et interprétée à Paris  sous le titre « Mon brillant divorce ». Ce fut un grand succès.

C’est Michèle Laroque qui a écrit l’adaptation de la pièce au cinéma avec Benjamin Morgaine et Lionel Dutemple  (tous deux ont notamment participé à l’écriture des Guignols de l’info) pour 100 000 € d’à-valoir. Ces derniers sont également coproducteurs délégués du film à travers leur société Princesse Béli. C’est le premier film de la comédienne en tant que réalisatrice. Elle a reçu 31 000 € d’à-valoir sur droits d’auteur et autant comme salaire. Donc la rémunération de Michèle Laroque réalisatrice est de 61 000 €.

Changement de film

En fait, à l’origine, ce n’est pas ce film qu’elle devait réaliser, mais un film sur  le terrorisme, « Jeux dangereux ». A cette fin, 200 000 € de crowdfunding, avaient été levés auprès de plus de 2 000 personnes en 2013, les coprods pour « mon film Michèle  » . Mais les attentats du Bataclan en 2015 et de Nice en 2016 obligeaient de réécrire à chaque fois le scénario en fonction de l’actualité. Finalement, en 2016, Michèle Laroque a décidé d’abonner le projet. Elle a proposé aux crowdfunders de participer à un nouveau projet, tiré de sa pièce à succès. Et la plus grande partie d’entre eux a accepté.  

Le film a été tourné dans la région Paca et à Nice, en 35 jours.  Il est sorti le 17 janvier 2018.

Voir la carrière de Michèle Laroque :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michèle_Laroque

Voir aussi la rémunération d’un réalisateur qui est, par ailleurs, un comédien , Yvan Attal https://siritz.com/cinescoop/avec-le-brio-yvan-attal-fait-un-bond/

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Siritz : Qu’est-ce que Le Guide des précautions sanitaires va changer dans votre métier ?

Nathalie Durand : Tout d’abord je voudrais dire que ces règles sont provisoires, je l’espère en tout cas et que bientôt, on n’en entendra plus parler. En ce qui concerne mon travail de directrice de la photo, c’est comme pour chacun d’entre nous : prendre des précautions, porter un masque, se laver les mains, garder des distances minima. Dans la pratique, pour nos équipes sur les tournages, cela va ralentir le travail. 

Siritz : La crise concerne un film sur lequel vous étiez directrice de la photo ?

ND : Je devais faire un téléfilm de Catherine Klein, produit par Elzevir films. Il devait se tourner en avril. Le confinement nous a arrêté à deux semaines du tournage. Tout était en place. Depuis, la production est très attentive aux conditions sanitaires et veut prendre ses précautions. Sans doute un tournage en août, histoire de bénéficier des premiers retours d’expérience et pour des questions de disponibilité de décors. Certaines choses sont retravaillées dans le scénario pour que ce soit possible avec les précautions sanitaires.

Je ne crois pas que les équipes vont s’alléger

Siritz : En général, les équipes vont être plus légères ?

ND : Cela sera variable suivant les projets. Je ne crois pas que les équipes vont s’alléger. Le principe c’est qu’il y ait moins de gens en même temps sur le plateau, pour respecter les règles de distanciation. Mais il y aura besoin de techniciens à l’arrière pour rester efficace à la face. 

Siritz : Et en post-production, le directeur de la photo doit être sur place pour l’étalonnage.

ND : Je sais que les monteurs sont très préoccupés par ça et s’inquiètent de ce que les mesures de télétravail mises en place pendant la pandémie deviennent pérennes. De la même manière, nous nous inquiétons de ce que l’étalonnage suive le même chemin. Nous sommes fermement attachés à être ensemble dans la salle d’étalonnage avec l’étalonneur/étalonneuse et le réalisateur/la réalisatrice. Rien ne devrait nous empêcher de travailler comme avant en gardant nos distances et en portant des maques si il le faut. 

Siritz : Dans le téléfilm sur lequel vous travaillez, la scénariste réécrit le scénario. Est-ce qu’on vous demande votre avis sur des modifications que vous souhaiteriez ?

ND : Pas spécialement. Le travail de réécriture, je n’y participe pas. Je participe à l’élaboration du découpage. J’ai fait part des informations que j’avais, de mes observations à la production, à la réalisatrice et à l’assistante pour un tournage avec les mesures sanitaires. Je suis disponible pour répondre à des questions ou si il y a besoin de mon avis. 

On a aussi une réflexion  sur la direction artistique.

Siritz : Avant cette crise qui est évidemment au premier plan des préoccupations, est-ce qu’il y a des sujets qui étaient particulièrement débattus par les directeurs de la photo, notamment au sein de votre association, et qui restent évidemment d’actualité ?

ND : On se pose évidemment des questions sur les outils qui évoluent profondément, et qui modifient notre champ d’action. On a aussi une réflexion  sur la direction artistique. Ça n’est pas ou peu pratiqué en France et plusieurs parmi nous se demandent comment englober la direction artistique à partir de notre place de directeur de la photo. Nous avons organisé une réunion-zoom à ce sujet récemment. 

Siritz : C’est le système américain. Alors qu’en France la direction artistique est collégiale, partagée entre le réalisateur, le directeur de la photo  et le chef décorateur. Michel Barthélémy, le président de l’Association des décorateurs est contre. A l’AFC il y a des partisans de ce fonctionnement ?

ND : Oui, certains le sont. En tout cas c’est en débat. Ça pose la question de l’identité de l’image dans le cinéma français. La caractéristique de notre profession c’est vraiment d’être à cheval entre l’artistique et le technique. C’est une position privilégiée. Mais on aimerait bien qu’elle soit reconnue comme telle.

Siriz : Vous avez le sentiment de ne pas être suffisamment reconnu ?

ND : Oui. Sur les plateaux, de plus en plus. Beaucoup de productions nous voient comme quelqu’un qui a une caméra et manipule des outils. Mais pas plus que ça.  Alors que la collaboration avec le chef décorateur et le chef costumier, par exemple autour de la réalisation donne au film sa personnalité, son identité. 

S : Est-ce qu’il y a de grandes différences entre travailler sur un film de cinéma et une fiction pour la  télévision, notamment les séries ?

ND : Je n’ai pas fait de série en France. J’en ai fait une en Suisse. Et je fais assez peu de téléfilms. Pour moi, le travail est le même. Sauf que les rythmes sont différents. En télévision tout est très minuté. Il y a beaucoup à faire en une journée. Il n’y a pas trop le temps de la réflexion. Il faut tout bien anticiper.

Siritz : Mais  quand vous travaillez pour le petit écran plutôt que pour le grand écran cela change-t’il l’approche de votre travail ?

ND : Sur le choix de la valeur des plans un peu, sur le découpage mais pas sur la lumière en elle même.

Siritz : Les conventions collectives du cinéma et de l’audiovisuel sont différentes ?

ND : oui, mais c’est minime.

Siritz :  Comment êtes vous appelée à travailler avec un nouveau réalisateur ?

ND : Il n’y a pas de règle. Quand j’ai fait le film de Xavier Legrand, « Jusqu’à la garde », c’est le producteur Alexandre Gavras, que je connaissais qui m’a mis en relation avec lui. Mais ça passe aussi par un réseau de connaissance. Ou bien, des réalisateurs/réalisatrices que votre travail intéresse. Personnellement je n’ai pas d’agent mais beaucoup de mes collègues en ont et le travail peut aussi arriver par là. 

Voir la carrière de Nathalie Durand :

https://www.afcinema.com/_Nathalie-Durand-8593_.html

Lire notamment le très intéressant interview auquel Nathalie Durand a répondu à l’occasion de la sortie du film « Jusqu’à la garde » de Xavier Legrand

https://www.afcinema.com/Ou-la-directrice-de-la-photographie-Nathalie-Durand-AFC-parle-de-son-travail-sur-Jusqu-a-la-garde-de-Xavier-Legrand.html

Lire aussi l’interview de Michel Barthélemy, président de l’Association des décorateurs de cinéma où il évoque la question du directeur de la création https://siritz.com/le-carrefour/lesthetique-du-film-est-reellement-partagee/

Mais pas pour les investisseurs

Dimanche dernier France 2 a diffusé pour la première fois le film « Brillantissime », interprété et réalisé par Michèle Laroque. Cinéfinances.info* a fourni les données qui permettent d’analyser son plan de financement. (voir aussi l’article sur le budget: https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-laroque-realisatrice/

Ce film,  est produit par Nolita cinéma (Maxime Delauney et Romain Rousseau) et Princesse Béli (Benjamin Morgaine et Lionel Dutemple). Ces derniers sont également  coscénaristes du film.  Son budget est de 6 millions €. 

Cinéfinances.info* fournit des données qui permettent d’analyser le montage financier du film à partir des principales sources de financement.

Les sources de financement du film

Les producteurs ont investi 1 million  en numéraire. Mais ils ne comptabilisent pas le crédit d’impôt qui doit approcher cette somme. Les producteurs ont 225 000 € de salaires et autant de frais généraux. Les imprévus ne sont que de 100 000 €, soit environ 5% du total hors frais généraux alors que d’habitude ils sont plutôt de l’ordre de 10%.

Par ailleurs, StudioCanal est coproducteur à hauteur de 200 000 € tandis que le crowdfunding  a rassemblé un même montant. En outre, France 2 a investi 500 000 € en coproduction et réalisé un pré-achat pour le même montant. Tandis que Canal+ a préacheté le film 1,255 millions € , Multithématiques 182 000 € et TV5 monde 50 000 €.

En plus, trois collectivités locales de la région Paca ont apporté 340 000 € de subvention et une sofica a investi 200 000 €.  Alors que Studiocanal a distribué le film pour un minimum garanti de 900 000 €, en échange des mandats salle, vidéo et international, hors Benelux. En dernier lieu, une coproduction avec la Belgique a fourni 500 000 €.

Pour plus de renseignements sur le film :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Brillantissime

Sorti le 17 janvier 2018 sur 371 copies, le film a réalisé 621 000 entrées. Pour  Studiocanal cela permet tout juste de couvrir son investissement (minimum garanti et frais d’édition), y compris avec le soutien automatique. Compte tenu de ce résultat, ceux de la vidéo et de l’international doivent être minimes. Sur France 2 le film a été vu par 3 millions de téléspectateurs et réalisé 13% de part de marché, ce qui est inférieur à ses scores habituels avec des films français en première diffusion.

En revanche, « Brillantissime » est une bonne affaire pour les producteurs délégués puisqu’ils ont touché leurs salaires et leurs frais généraux plus les 150 000 € de franchise du soutien automatique qui leur est réservé.

Voir la même analyse sur le financement de « Le Brio » : https://siritz.com/cinescoop/brillant-succes-pour-le-brio/

L’Etat ne dispose pas de la carotte de l’alignement de la TVA pour convaincre la S-VoD d’investir dans les films français

Le financement des films par la S-Vod   est un enjeu essentiel pour le cinéma français. En premier lieu, du fait de l’inévitable baisse, â court terme, du chiffre d’affaire et donc des apports des chaînes en clair. Mais aussi d’une baisse qui ne fait qu’accélérer une évolution à  long terme. 

Or,  la stratégie suggérée dans notre dernier éditorial  est inopérante. https://siritz.com/editorial/comment-amener-la-s-vod-a-financer-notre-cinema/

En effet, comme l’a souligné un lecteur du blog, l’alignement de la TVA de la S-Vod sur celle de notre télévision payante est interdit par la directive de 2006 sur la TVA.

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32006L0112&from=en

Celle-ci prėvoit en effet que chaque pays a un taux unique et qui ne peut être inférieur à 15%. En France, nous avons choisi 20%. L’annexe III prévoit des dérogations pour une liste limitative et précise de secteurs, dont la télévision. Certes, la télévision développe le replay. Et rien ne dit que les plates-formes ne vont pas développer du linéaire et du direct, notamment dans le sport. Mais ça n’est pas pour le 1 er janvier. Donc,  pour l’instant, ces services sont bien distincts. En outre, les services électroniques sont expressément exclus du tarif réduit. Cette liste peut certes être revue tous les 2 ans. Mais les décisions se prennent â l’unanimité. Or, plusieurs pays mettront leur veto. 

Donc, il faudra trouver un autre argument  pour convaincre les plates-formes de préfinancer des programmes qui ne correspondent absolument pas â leur identité. Car, la plus élémentaire  équité exclut de leur imposer des obligations comparables à celle de la télėvision payante alors que leur fiscalité est le double.

Comme le notait Pascal Rogard, Netflix sera l’interlocuteur le plus disposé â s’intégrer à notre système audiovisuel. https://siritz.com/le-carrefour/netflix-a-toujours-ete-dune-correction-parfaite/

N’oublions pas qu’il a commencé par être un service de location par abonnement de films sur cassettes. Et il diffuse toujours des films « de catalogue ». Mais ils ont dû être achetés très bon marché. Ce type de film est sans doute un créneau. Mais il n’a rien â voir avec le préfinancement de films â venir. Néanmoins, comme le remarquait Alain Le Diberder, la sortie en salle, avec toute la couverture media et par réseaux sociaux qu’elle génère, est un incomparable moyen de valoriser un programme. https://siritz.com/le-carrefour/la-directive-sma-ouvre-la-boite-de-pandore/ Mais il s’agit de préfinancement et il y a beaucoup de déchets. Il est vrai qu’il y a également des déchets avec les séries. Il suffit de constater le pourcentage de celles qui ne sont pas renouvelées.

Obtenir les audiences comparatives films séries

Pour entamer les négociations avec les plates-formes il est indispensable d’obtenir  les audiences comparatives par genres de programmes. Or Amazon aura ceux de deux films, « Forte » et « Pinocchio », qui avaient effectué leur promotion et allaient juste sortir en salle. Leur audience est une incontestable référence puisque, pour le public, ce sont quasiment des films de cinéma. Mais, avec Amazon, comme avec Apple TV, le vrai débat portera sur le chiffre d’affaires à partir duquel calculer le taux d’investissement dans les œuvres françaises et européennes.

Bien entendu il serait préférable d’avoir un front uni entre le cinéma et l’audiovisuel. Donc un accord préalable sur les pourcentages d’investissements en faveur de chaque secteur. Le fait que de plus en plus de producteurs produisent films et séries devrait faciliter un rapprochement.

Enfin, si on ne peut aligner la TVA de la S-Vod sur celle de nos chaînes à péage, il sera difficile de leur refuser, en plus, un alignement de leur fenêtre dans la chronologie des médias sur celle de Canal+ et OCS. Celle-ci devrait alors passer de 36 mois à 8 mois. Canal+ et OCS risquent d’en profiter pour demander un transfert d’une partie de leurs obligations d’investissement dans les films de cinéma vers les séries.

En fin de compte, il n’est donc pas certain que l’intégration de la S-Vod dans notre système de financement du cinéma compense la baisse des investissements des chaînes gratuites.

Le nombre d’abonnés à un service de S-Vod a progressé d’un tiers selon l’Hadopi

La 4ème vague du baromètre de l’Hadopi sur Les pratiques culturelles à domicile, en période de confinement,  est parue. Elle montre que le pourcentage d’internautes ayant accès à un abonnement payant de vidéo à la demande (VàDA ou S-Vod) atteint désormais 49 %.

Un pourcentage en constante hausse après huit semaines de confinement (43 % après six semaines de confinement, 44 % après quatre semaines de confinement et 46 % en début de confinement), et largement supérieur à celui observé en 2019 (36 %).

Donc, en un an, les abonnés aux services de S-Vod ont progressé d’un tiers. Ce qui constitue un incontestable boom, alors que, comme on le voit c-dessous, les abonnements à la télévision payante se maintiennent et, donc, stagnent.

Voir la précédente étude de l’Hadopi : https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/le-confinement-a-fait-decouvrir-films-et-series-aux-francais/

Pendant la seule période de confinement, un nombre important de nouveaux abonnés à une offre de VàDA a pu être constaté (25 % des internautes), tandis que le nombre des internautes résiliant leur abonnement s’avérait faible (5 %). Le taux d’abonnés à une offre de chaînes de télévision payante (22 %) et celui à une offre de musique (18 %) restent stables. 46 % des consommateurs de biens culturels ont déclaré avoir utilisé de nouvelles offres d’accès à des biens culturels en ligne.

Consommation illégale au niveau d’il y a un an

Après huit semaines de confinement, le niveau de consommation illicite de biens culturels dématérialisés se situe à un niveau proche de celui relevé au printemps 2019 (26 %). Si 27 % des internautes français consomment de façon illicite des biens culturels, 61 % d’entre eux affirment consommer ces biens uniquement de façon légale, un taux stable depuis le milieu de la période de confinement mais toujours plus fort qu’à la même période en 2019

La période de confinement semble ainsi avoir permis le développement de la consommation légale, puisque 33 % des consommateurs illicites indiquent avoir davantage consommé de manière légale des biens culturels dématérialisés par rapport à l’avant confinement. 60 % d’entre eux affirment n’avoir pas changé la nature de leur consommation concernant les six biens culturels étudiés (musique, films, séries, jeux vidéo, livres et presse en ligne) et seulement 6 % déclarent avoir augmenté leur consommation illicite d’un ou plusieurs biens culturels.

Consommation pirate par le streaming

Les sites de streaming apparaissent toujours comme le moyen privilégié pour accéder de façon illicite aux œuvres culturelles en ligne : ils sont utilisés par 48 % des internautes ayant des pratiques de consommation illicite d’un ou de plusieurs biens culturels (45 % après six semaines de confinement). 32 % de ces consommateurs illicites ont recours à des convertisseurs, 30 % à des sites de téléchargement direct (direct download) et 17 % à des réseaux pair à pair (peer to peer).

Voir l’étude complète de l’Hadopi sur son site :

https://hadopi.fr/ressources/etudes/consommation-de-biens-culturels-dematerialises-en-situation-de-confinement-7

Cette comédie, que Canal+ a diffusé mercredi soir, est le premier film réalisé par Ronan Le Page 

Elle est sortie en 2019 et son budget était de 2,65 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Je_promets_d%27être_sage

Elle n’a pas été un succès commercial. Mais c’est un film bien financé.

Ronan Le Page, réalisateur et scénariste

Auparavant Ronan Le Page avait été enseignant de cinéma et relecteur de scénarios. En 2002 il avait réalisé un court-métrage, « Au noir » et, en 2004, un autre court-métrage, « Le fils du caméléon ».

Cinéfinances.info*  fournit tous les élément financiers concernant ce film.

En tant que réalisateur de ce film, Ronan Le Page a reçu 25 000 € d’à-valoir sur droits d’auteur et autant en salaire de technicien. Un montant très inférieur à la rémunération de la majorité des réalisateurs de films français de fiction.. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/remuneration-des-realisateurs-de-films-francais-de-fiction/ . Mais il a également écrit le scénario du film et a reçu à ce titre 52 000 € d’à valoir.

Le premier long métrage de Ronan Le Page, mais déjà un parcours cinématographique

Le montage financier d’Easy tiger

Le film a été produit par Easy Tiger (Marc-Benoit Créancier). Il a investi 468 000 € en numéraire. Mais le crédit d’impôt n’est pas pris en compte dans le financement. En outre il a mis en participation 22 000 € sur 110 000 € de salaire producteur auquel il faut ajouter les charges sociales et 31 000 € de frais généraux sur 156 000 €.

Par ailleurs, France 2 est coproducteur pour 250 000 € et a préacheté un passage du film pour le même montant. Une sofica a investi 140 000 €. Canal+ a préacheté le film 840 000 € et Multithématiques 141 000 €.  La région Bourgogne-Franche-Comté, où le film a été tourné en grande partie, a accordé une subvention de 150 000 €.

Enfin, c’est Apollo films qui l’a distribué. Son minimum garanti était de 355 000 € pour les mandats salle, vidéo et international.

Le film n’a réalisé que 93 000 entrées, ce qui ne permet pas au distributeur d’amortir son minimum garanti. Or il a investi en plus dans les frais d’édition.

Voir aussi : 

La rémunération d’Edouard Bergeron pour « Au nom de la terre »https://siritz.com/cinescoop/edouard-bergeon-86-000-e-pour-au-nom-de-la-terre/

Le producteur délégué n’a pratiquement investi que du soutien financier

« Au mon de la terre», que Canal+ a diffusé mardi, est typique  des films à budget moyen  du cinéma français. On trouve dans  Cinéfinances.info* les données pour analyser son financement .

Ainsi, Nord Ouest Films (Christophe Rossignon) a investi 1,645 millions € en numéraire. Mais le crédit d’impôt n’apparaît pas dans les recettes. En outre, le salaire producteur est de 264 000 € (hors charges sociales) et les frais généraux 319 000 €. Son investissement en numéraire est donc en fait très limité. Nord Ouest film a néanmoins investi 150 000 € de soutien financier qu’il devrait récupérer avec la franchise de soutien que le film va dégager.

Le film a bénéficié de 600 000 € d’avance sur recettes. Par ailleurs, deux soficas garanties ont investi 200 000 €.  

France 2 a investi 750 000 € en coproduction et autant en préachat. Le film a bénéficié d’une coproduction avec la Belgique qui lui a apporté 235 000 €. Canal+  a préacheté le film 738 000 € et OCS 220 000 €.  

Diaphana a distribué le film, prenant tous les mandats, sauf la télévision, pour un minimum garanti de 500 000 €.  Or le film a atteint presque 2 millions d’entrées. Pour le distributeur c’est une excellente affaire.  Rien que sur les salles et, compte tenu du soutien automatique à la distribution, il devrait dégager une marge brute qui est d’environ le triple de son investissement en minimum garanti. Et il versera un supplément aux producteurs. France 2, en tant que coproducteur, jusqu’à récupération de son apport, touchera 25% des Recettes nettes part producteur (en soutien financier au-delà de la franchise de 150 000 € réservée au producteur délégué), puis 15 %, sauf 20% sur la TV et 15% sur le soutien financier.

Voir aussi : https://siritz.com/?p=1711&preview=true&_thumbnail_id=1714

Et https://fr.wikipedia.org/wiki/Au_nom_de_la_terre

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.