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L'édito de Serge
Serge Siritzki

Trois ministres de la Culture par président

Par Serge Siritzky

Une des illustrations du mal français

La nomination de Roselyne Bachelot comme  ministre de la culture du nouveau gouvernement a été bien accueillie par le secteur. A la fois parce qu’elle baigne dans la culture ; mais  aussi, parce que sa forte personnalité va lui conférer l’autorité  pour obtenir des arbitrages financiers favorables.

Néanmoins, rappelons  il y avait déjà eu deux ministres ã ce poste sous la présidence d’Emmanuel Macron. Et Franck Riester n’avait sans doute pas la forte personnalité de Roseline  Bachelot, mais il était  très compétent sur les dossiers du cinéma, de l’audiovisuel et des médias.  Enfin, rappelons qu’il y avait dėjà eu trois ministre sous la présidence de François Hollande. 

Voir la liste des ministres de la culture sous la Vème République:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_ministres_français_de_la_Culture_et_de_la_Communication

C’est l’illustration d’un des maux français. Il est en effet impossible, en moins de deux ans, de mener une véritable politique. Ne serait-ce que  pour imaginer et de mettre en œuvre des réformes  nécessaires et qui vont avoir un impact positif.

A France Télévisions aussi

On trouve d’ailleurs le même problème ã la tête de France télévisions où aucun président n’a étė renouvelé. Sauf Marc Tessier, dont le  premier mandat avait été une complète réussite justifiant son maintien. Mais une réforme dans le mode de désignation des présidents a  écourté à quelques mois son second mandat. 

Il est vrai que cette fois le choix du CSA est « cornélien » : d’un côté la présidente de France télévisions demande logiquement son renouvellement, de l’autre, Christophe Baldelli, lorsqu’il était à la tête de France 2, a incontestablement très bien réussi.

Seules les paillettes

En fait, la réalité, c’est que la culture comme la communication n’intéresse pas nos chefs d’Etat et de gouvernements, sauf dans leur aspect paillette. La preuve en a encore été donnée quand notre président, les bras de chemise retroussés, a conversé en direct à la télévision, par visioconférence,  avec quelques personnalités du monde de la culture. Tandis qu’ã ses côtés, sans doute pour se donner une contenance, le ministre de la culture, Franck Riester, prenait des notes, comme s’il découvrait des mesures qu’il avait forcément contribué à  élaborer. Le Président c’est donné le beau rôle en annonçant que, pour  chaque intermittent, la période pour le calcul des 507 heures permettant de bénéficier des indemnités de chômage, serait étendue jusqu’à août 2021. Une mesure très coûteuse, mais tout ã fait justifiée par les effets de la crise sanitaire sur l’activité culturelle.

En revanche,  le président a montré qu’il n’hésitait à parler de ce qu’il ne connaissait pas. Ainsi, interrogé sur le fonds garanti contre les risques de pandémies sur les tournages,  il a affirmé que les Soficas devaient y participer. Ce qui est à la fois contraire à la loi et à leur objet social. Il a, par ailleurs, affirmé, à juste titre, que les compagnies d’assurance devaient y participer. Or, seules les mutuelles ont accepté de le faire. Le président n’a donc pas pu, ou sans doute voulu, peser sur ces grandes compagnies d’assurance pour qu’elles y participent aussi.

La culture est un secteur stratégique 

Au cours de cette visioconférence le Président  a affirmé que la transposition de la directive SMA,  sur les plates-formes de S-Vod, serait effective au 1er janvier 2021. C’est une promesse audacieuse. Espérons que Roseline Bachelot saura surmonter les incroyables lourdeurs de la machine administrative française pour qu’il en soit ainsi. Or, la crise sanitaire a démontré ã quel point faire compliquer plutôt que simple est, en France, une règle supérieure aux droits de l’homme et ã notre constitution. Même dans le cas de grande urgence. Comme l’ont prouvé les retards dans l’approvisionnement des masques. Ou comme ceux  dans le versement des indemnités promises au personnel soignant.

Pourtant, la culture au sens large, c’est à dire comprenant les arts et la communication, est un secteur stratégique. A double titre. Tout d’abord il contribue au « soft power » d’une nation, avec tout ce que cela entraîne pour son influence, son image et son tourisme. D’autre part c’est un secteur économique en plein développement, avec un énorme potentiel de création d’emplois et de valeur ajoutée.

Voir aussi l’enjeu de la S-Vod qui est l’une des branches de la communication : https://siritz.com/editorial/comment-amener-la-s-vod-a-financer-notre-cinema/

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