ON NE DOIT PAS PRÉFÉRER L’IDÉOLOGIE AUX FAITS

Le discours de Justine Triet lors de la réception de sa Palme d’or est typique de la tendance des Français à préférer l’idéologie aux faits. En effet, le moins que l’on puisse dire c’est que, pas plus ce gouvernement que tous ceux qui l’ont précédé, de droite comme de gauche, n’ont manifesté le moindre néolibéralisme visant à casser l’exception culturelle par la marchandisation de la culture.  Tout particulièrement, le cinéma n’a cessé d’être un secteur privilégié.

Justine Trier reconnait d’ailleurs en bénéficier. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-julie-triet/ En effet, non seulement la production de films français est financée par les multiples subventions du CNC et des collectivités locales, auxquelles s’ajoute le crédit d’impôt. Mais, en outre, la loi permet  les investissements des soficas qui n’existent que grâce aux importants avantages fiscaux accordés à leurs actionnaires. Et, surtout, elle impose aux chaînes de télévision, à commencer par Canal +, auquel s’ajoute désormais les plateformes de S-Vod, d’importants financement des films français. Ainsi, c’est largement plus de 50% du financement de la production de film français qui provient de mécanismes prévus par la loi.

UN ÉCOSYSTÈME INTELLIGENT, PAS NÉOLIBÉRAL

Certes, tous ces apporteurs de financement y trouvent un avantage. C’est  que l’écosystème de notre cinéma est  intelligent. Mais il n’a rien de néolibéral.

Autre exemple qui vient à l’esprit quand le cinéma se déclare maltraité : le régime du chômage des intermittents du spectacle, dont font partie ceux du cinéma. En 2019 ils étaient de 290 000, soit 1% de tous les salariés en France. Son déficit, pris en charge par l’État (le contribuable mais, surtout, la dette), était de 1,2 milliards €. Celui des tous les autres salariés du pays était de 19 milliards €. Proportionnellement l’apport de l’État est donc 6 fois plus important pour un intermittent du spectacle que pour tout autre salarié. Cet énorme écart est tout à fait justifié par la spécificité de l’intermittence qui est un des piliers de l’exception culturelle et sans laquelle notre cinéma ne serait pas si performant. Mais on ne peut le qualifier de néo-libéralisme.

Bien entendu, grâce à cet écosystème, le cinéma français est, de loin, le premier de l’Union européenne en terme de fréquentation, de fréquentation par habitant, en nombre de films produits et en part de marché de cette production sur le marché national. C’est pourquoi aucun gouvernement ne le remet le moins du monde en cause.

Enfin, que, comme l’a souligné Justine Triet, produire un film soit un long parcours du combattant pour la plupart des producteurs et des réalisateurs est évident. Mais le cinéma est une industrie coûteuse : la moitié des films français de fiction sortis depuis le début de l’année ont un budget supérieur à 3,5 millions €, ce qui n’est pas une petite somme. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/Qu’il soit difficile de réunir ces financements alors que 50% des films ne dépasse pas 50. 000 entrées, est inévitable. Néanmoins chaque année, grâce à l’écosystème de notre cinéma, entre 250 à 300 nouveaux films français sont produits et sortent.

69% DES FILMS FRANÇAIS EN BÉNÉFICIENT

Les chaînes de télévision payantes, Canal+, OCS et Ciné-tv sont une source de financement essentiel du cinéma français. Sur les films français de fiction sortis depuis le début de l’année jusqu’à fin avril, elles en ont préacheté 69%. En général ces préachats sont effectués par deux chaînes. Désormais les plateformes de S-Vod américaines vont s’ajouter aux chaînes françaises. Le financement des diffuseurs payant représente en moyenne 19% du financement Français de ces films. Et, à la différence de celui des chaînes gratuites, il est entièrement en achat de droit de passage et aucunement en part de coproduction. Si on inclut les 31% de films dans lesquels ils n’interviennent, cela représente tout de même 17% du financement français.

A titre de comparaison, les distributeurs ont donné un minimum garanti finançant le film à 80% des films français de fiction sortis  de janvier à fin avril 2023. Mais leur apport moyen pour ces films est de 12,5%. https://siritz.com/financine/distribution-alibi-com2-champion/

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Le préachat le plus élevé est de 4,7 millions €, sont 4 millions € de la part de Canal+ pour le premier passage et 700 000 € par OCS pour le second passage. Il a bénéficié à « Asterix et Obélix-L’empire du milieu », dont le budget est également, de loin le plus important de tous les films français. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-guillaume-canet-2/

Le préachat moyen est de 1,187 millions € et le médian de 1,010 millions

Le préachat le plus élevé d’OCS est de 2,8 millions €, pour « Les 3 Mousquetaires-D’Artagnan ». https://siritz.com/cinescoop/les-trois-mousquetaires-dartagnan/ Pour ce film Canal+ a préacheté le 2ème passage de télévision payante avec un apport de 526 000 €.

Au cours de cette période la plateforme Amazon a effectué un préachat de deuxième passage de télévision payante : 500 000 € pour « Le Grand cirque https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Grand_Cirque_(film,_2023)

C’est autant que le préachat d’un premier passage par Canal+ dont la fenêtre de passage ses situe à 6 mois alors que celle d’Amazon est à 17 mois. C’est une indication de la puissance financière des plateformes, qui, même avec une fenêtre éloignée, seront en mesure d’empêcher Canal+ ou OCS de préacheter certains films.

Si on évalue le pourcentage des sources de financement françaises (car il y a de nombreuses coproductions, avec des financements étrangers) financé par l’apport des chaînes payantes, les résultats sont impressionnants.

Le plus élevé est de…. 97,6% pour « Tu choisiras la vie ».https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-stephane-freiss. C’est un film réalisé par Stéphane Freiss, dont le budget prévisionnel est de 3 millions €. 20% ont été financés par la France et 80% par l’Italie.  L’apport du producteur français est de 15 000 €, celui de Canal+ de 500 000 € et celui de Ciné+ de 100 000 €.

La télévision payante a financé 97,6% du budget Français de cette coproduction franco-italienne

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

POUR LA RÉALISATION DE « L’ÎLE ROUGE »

C’est le 4ème film de ce réalisateur. https://fr.wikipedia.org/wiki/Robin_Campillo

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Il est produit par Les Films de Pierre (Marie-Ange Luciani) pour un budget prévisionnel de 7,2 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Île_rouge_(film) C’est 40% de plus que le budget moyen des films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/

A noter que Les Films de Pierre est le producteur de la Palme d’or du Festival de Cannes. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-julie-triet/

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 116 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 60% de la rémunération moyenne des réalisateurs de ces films. Il a écrit le scénario avec Gilles Marchand et Jean-Luc Raharimanana. Ils se sont partagés 221 000 €. C’est le budget moyen des scénarios de ces films. Les rôles principaux ont reçu 130 000 €. C’est 60% de ce qu’ont reçu en moyenne les premiers rôles de ces films.

Le film a bénéficié de 720 000 € d’avance sur recettes ainsi que de l’aide au développement du CNC, du soutien de la Procirep et de Media Creative Europe. 7 soficas adossées sur le minimum garanti du distributeur y ont investi. France 3 est coproducteur. Canal+, Ciné+ et France 3 l’ont pré-acheté. Memento Film a donné un minimum garanti pour le distribué en France et Play time a le mandat de vente à l’international sans minimum garanti.

La Belgique est coproducteur à hauteur de 10%. Scope Pictures (Géneviève Lemale) est le producteur avec le Tax shelter, le soutien de la Communuaté française de Belgique, une coproduction et un achat de la RTBF, un minimum garanti de Cinéart.

Le précédent film de Robin Campillo était « 120 battements par minute » sorti le 23 aout 2017.

Il était déjà produit par Les Films de Pierre, pour un budget prévisionnel de 5,4 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/120_Battements_par_minute

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération de Robin Campillo était de 100 000 €, dont 55 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 45 000 € de salaire de technicien. Il avait écrit le scénario avec Philippe Mangeot qui avait reçu 2 500 €. Les rôles principaux avaient reçu 231 000 €.

Le film avait bénéficié de 700 000 € d’avance sur recette. Il avait  été pré-acheté par Canal+, Multithématiques et France 3. Memento avait donné un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo. Le film avait rassemblé 855 000 spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

 

MISE AU POINT IMPORTANTE

Dans mon dernier éditorial j’avais indiqué qu’en matière de tournage la France avait encore un handicap : la durée de travail était limitée à 48 heures par semaine alors que chez nos voisins on peut travailler 60 heures. Or, un responsable du SNTPCT, le principal syndicat de techniciens, https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndicat_national_des_techniciens_de_la_production_cinématographique_et_de_télévision , me fait remarquer que, depuis 2010, le SNTPCT et l’API avaient négocié la possibilité, dans le cinéma, de travailler 60 heures par semaine et même des journées de 12 heures.

Je dois d’ailleurs dire que, lors de mon enquête, plusieurs producteurs et réalisateurs américains m’avaient dit que les techniciens français étaient les plus performantes d’Europe.

Voici ce qu’il m’écrit et qui est très important :

Article 24

PRÉAMBULE

La durée de réalisation d’un film se décompose en trois étapes : la préparation, le tournage et la
 postproduction. Les périodes de préparation et de postproduction ne nécessitent pas une organisation de la durée du travail dérogeant au droit commun.

En revanche, l’organisation de la journée de tournage se définit par une durée de travail collective à la majorité des techniciens et, pour certaines catégories devant obligatoirement effectuer une
 durée de travail de préparation avant le tournage et une durée de travail de rangement après la fin
 de la durée de tournage, par une durée individualisée.

Ces durées individualisées, dérogeant aux durées maximales de droit commun, peuvent atteindre,
 dans certains cas exceptionnels (terminaison d’un plan en cours, terminaison d’un décor, disponibilité d’un acteur), une durée journalière de 12 heures comprenant les durées de préparation
 et de rangement et une durée de repos entre deux journées de travail de 11 heures, sans pouvoir
 outrepasser une durée hebdomadaire – intégrant les durées d’équivalence fixées à l’article 30 et à
 l’annexe II – de 60 heures de travail hebdomadaire.

Cette spécificité, inhérente à la réalisation des films et propre au tournage dans tous les pays du
 monde, est une condition impérative au maintien du tournage des films en France, une condition
 pour éviter que le tournage des films soit délocalisé à l’étranger aux fins d’échapper aux contraintes
 des dispositions de droit commun du code du travail. Sans une réglementation dérogatoire, la durée
 du travail collective se trouverait réduite, selon les lieux de prises de vues, à une durée bien inférieure
 à 7 heures de travail journalier.

Avec ce texte, les productions obtiennent toutes les dérogations nécessaires sans problème au-delà de 48 h quand la durée dépasse les durées d’équivalences qui, elles permettent de se passer de demander des dérogations, et vont pour certaines professions sur 6 jours jusqu’à 53 heures / 56 heures, il leur suffit de recopier le préambule alinéa 3 et 4 et de le faire valoir comme pratique propre à la branche.
Dans la production audiovisuelle en revanche, la limite est fixée à 54 heures sans demande de dérogations pour une liste de fonctions assez large, mais les Syndicats de producteurs devaient nous faire des propositions pour réformer le texte, je pense que si nous ne prenons pas d’initiative de notre côté pour clarifier les dispositions relatives à la durée du travail qui mélange actuellement les permanents avec les techniciens collaborant à la production de films, il ne se passera pas grand chose, d’autant que cette convention a fusionné les films de télévision et les émissions de télévision de flux dont les conditions d’engagement, la durée des contrats, les pratiques sont totalement différentes… 
Nous sommes une train de travailler pour obtenir – enfin – que le texte de la convention distingue au travers de dispositions spécifiques et de deux grilles spécifiques, les deux activités…
Donc nous avons un gros travail de ce point de vue qui prend une grand importance économique au regard du développement de la branche de production de films de télévision.

 

POUR LA RÉALISATION DE « ANATOMIE D’UNE CHUTE »

Ce film, qui lui a valu la Palme d’or du Festival de Cannes, est le 4ème qu’elle a réalisé. Dès sa première diffusion il avait été considéré comme l’un des grands favoris. https://fr.wikipedia.org/wiki/Justine_Triet 

Il sortira en salle le 23 août.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Il est produit par Les Films de Pierre (Marie-Ange Luciani) et Les Films Pélléas (Philippe Martin et David Thion) pour un budget prévisionnel de 6,2 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatomie_d%27une_chute

C’est 20% de plus que le budget médian des films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 100 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 25% de plus que la rémunération médiane des réalisateurs de ces films. Elle a écrit le scénario avec Arthur Harari et ils se sont partagés 147 000 €. C’est deux tiers du budget moyen des scénarios de ces films. Les rôles principaux ont reçu 253 000 €. C’est 10% de plus que ce qu’ils ont reçu pour ces films.

Le film a bénéficié de 500 000 € d’avance sur recette du CNC. France 2 est coproducteur et 6 soficas y ont investi. Les régions Rhône-Alpes et Aquitaine ont apporté leur soutien ainsi que la Charente-Maritime.

Canal+, Ciné+ et France 2 ont effectué un pré-achat. Le Pacte a donné un minimum garanti pour la distribution en France et MK2 international pour la distribution à l’étranger.

Le premier film réalisé par Justine Tiriet était « La bataille de Solférino », sorti en salle le 18 septembre 2013. Il était produit par Ecce films pour une budget prévisionnel de 842 000 €. Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice  était de 31 000 €, dont 10 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 21 000 € de salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario pour 10 000 €. Le film avait bénéficié de 500 000 € d’avance sur recettes. Distribué par Shellac il avait rassemblé 37 000 spectateurs.

Son second film était « Victoria », sorti le 14 septembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_(film,_2016) Il était encore produit par Ecce films pour un budget prévisionnel de 4 millions €. Le film avait bénéficié de 550 000 € d’avance sur recettes.

675 000 spectateurs

Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 144 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario pour 135 000 €. Distribué par Le Pacte le film avait rassemblé 657 000 spectateurs.

Le troisième film de Justine Triet état « Sybil », sorti le 24 mai 2019 par Les Films Péléas, pour un budget prévisionnel de 6,2 millions €. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-la-realisatrice-justine-triet-realisatrice/ Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 94 000 €, dont 45 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 49 000 € de salaire de technicien.

Elle avait écrit le scénario avec Arthur Harari et ils s’étaient partagés 166 000 €. Distribué par le Pacte le film avait rassemblé 310 000 spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

L’annonce, au Festival de Cannes, par la ministre de la Culture, du lancement de La Grande fabrique des images, marque un double tournant pour la France. https://www.cnc.fr/professionnels/actualites/france-2030–68-laureats-de-lappel-a-projets–la-grande-fabrique-de-limage_1957382

Tout d’abord, ce projet fait partie du plan France 2030, par lequel notre État se fixe des objectifs de développement économique. Il reconnait enfin que, même dans une économie de marché, son action doit s’inscrire  dans une stratégie de développement à long terme.

En second lieu, il a pris conscience que l’industrie de l’image -cinéma, audiovisuel et jeux vidéo-est un des secteurs au plus fort potentiel de croissance et de création d’emplois.

Il va donc soutenir à hauteur de 350 millions € 68 projets sélectionnés de studios de tournage et de formations.

En fait, pour ce qui est de l’industrie de l’image, tout est parti d’une série d’évènements de 2018, très significatifs des maux dont souffre la France : la profession cinématographique de notre pays se mobilisait parce que les studios de Bry-sur-Marne menaçaient de fermer parce que déficitaires. En fait, la plupart des studios de tournage français avaient du mal à joindre les deux bouts. Et l’idée selon laquelle ils étaient condamnés à disparaitre était largement répandus.

Au même moment, un article du Financial times annonçait que les Studios de Pinewood, près de Londres, allaient investir 650 millions dans de nouveaux studios. Or, les studios de Pinewood possédaient 39 000 m2 de plateaux et il y avait 4 studios en Angleterre totalisant 100 000 m2 alors que les studios français n’en totalisaient qu’à peine 30 000 m2. Et les studios en Allemagne s’étendaient sur 80 000 m2.

Bien plus, les américains venaient de tourner  » Mission impossible -Fallout-en France « . Mais, comme tous les blockbusters américains, une partie avait été tournée en studio. Or, comme il n’y avait pas en France de studio répondant aux besoins du film, cette partie avait été tournée en Angleterre. Et donc, pour un film se passant en France, les dépenses au Royaume-Uni étaient supérieures celles dans l’hexagone. Marc Tessier, qui dirigeait Film France, l’organisme chargé d’attirer les tournages étrangers en France, m’en avait parlé.

Je lui ai alors proposé de réaliser une étude pour comprendre ce paradoxe des studios de tournage français. Il a réussi le faire cofinancer par le CNC que le sujet ne semblait pourtant pas intéresser.

Après plusieurs mois d’enquête en France et à l’étranger j’ai découvert que nos studios étaient déficitaires parce que  nullement adaptés aux besoins des productions modernes. Et que cette situation, qui allait s’aggraver,  avait être un terrible un frein au développement de notre production cinématographique et, surtout, au prometteur besoin de production de séries. Bien plus, la France était l’un des pays les plus recherchés par les producteurs étrangers par la qualité de ses décors et de ses techniciens. Mais le sous-développement de ses studios de tournage constituait un véritable obstacle à nombre de tournages en France.

Dans mon étude intitulée « Les studios de tournage, un enjeu primordial de la production en France » j’expliquais comment s’y prendre pour combler cette lacune. https://www.cnc.fr/professionnels/etudes-et-rapports/rapport/les-studios-de-tournage-un-enjeu-primordial-pour-la-production-en-france_990068

Le Royaume-Uni n’était d’ailleurs pas le seul pays disposant de studios de tournage compétitifs. On en trouvait aussi de bien plus grands qu’en France en Allemagne, en Tchécoslovaquie ou en Hongrie. Alors qu’en France le plus grand plateau avait 2 000 m2 ils en possédaient de 3 000, 4000 et même de 7000 m2. La surface de leur backlot, pour y construire des décors en extérieur, était souvent supérieure à celle de leurs plateaux couverts, alors qu’il n’en existait pratiquement aucun en France. Ils disposaient de vastes et profonds bassins pour les tournages sous l’eau. Et les studios étaient de véritables usines, avec des dizaines de prestataires qui, en louant leurs locaux, représentaient une source de revenu importante pour les studios : prestataires de construction et de stockage de décors, de stockage de matériel, de fabrique et de stockage de costumes ou d’accessoires, de salles de montage et d’enregistrement, etc…

Bien entendu, une fois la France dotée de studios performants, il faudra des directeurs de production ayant l ‘expérience de l’optimisation de l’utilisation de ces formidables et complexes outils, afin de réduire au maximum les jours de tournages et diminuer les coûts de tournage.

En tout cas, visiblement, quelqu’un en haut lieu a lu cette étude, a été convaincu et a inclus mes propositions dans le plan pour l’industrialisation de la France d’ici 2030.

Dans mon étude j’insistais bien entendu sur la nécessité de développer la formation de techniciens, notamment dans les nouvelles technologies, car les besoins allaient exploser.

Il se trouve que notre sponsor, l’ESRA, la plus grande école de cinéma en France (elle à un établissement à Paris, à Nice/Cannes et à Rennes) fait partie des 34 sélectionnés pour la formation. Son communiqué met l’accent sur l’importance de ces nouvelles formations.

« 🎥 Le projet du Groupe ESRA, dont la vocation est la formation aux métiers du cinéma, de l’audiovisuel, du son et du film d’animation a retenu l’attention du jury par son objectif de créer ou étendre de nombreuses formations initiales et professionnelles – dans les secteurs audiovisuels et cinématographiques, mais aussi des VFX, de l’animation et du jeu vidéo. Les nouvelles technologies seront à l’honneur ainsi que les pratiques éco-responsables et l’inclusion des publics empêchés. »

LE BAROMÈTRE DES DOCUMENTAIRES FRANÇAIS SORTIS  EN 2023

Le documentaire est un genre important du cinéma français pour lequel Cinéfinances.info fournit à ses abonnés les mêmes informations financières que pour la fiction et l’animation. Il représente à peu près 20% de tous les films français qui sortent.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Ces films de fiction ont des budgets en général inférieurs à un millions €. Mais ils peuvent être beaucoup plus élevés et réaliser des entrées non négligeables en France et à l’étranger. C’est le cas de « Le chêne », réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux, sorti le 23 février 2022. Son budget prévisionnel était de 5,7 millions €. Sont tournage s’est étendu sur 214 jours dont 80 en studio. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Chêne_(film,_2022)

Les deux réalisateurs ont été rémunérés 52 000 €, mais, comme pour les fictions, le budget du scénario, à 109 000 €, est largement plus élevé que celui de la réalisation. Et, sorti sur 216 copies le film a rassemblé 413 000 spectateurs.

Nous avons établi le baromètre de la distribution des films français documentaires sortis depuis le début de l’année. Ils représentent 18% de tous les films français.

Le budget prévisionnel le plus élevé est « Sur l’Adamant », de Nicolas Philibert, sorti le 19 avril 2023. Il est de 928 000 €. Le budget moyen est de 435 000€, soit 8% du budget prévisionnel moyen des films de fiction. Le budget médian est de 506 000 €. S’il est plus élevé que le moyen c’est qu’il y a des documentaires à budget très bas,, faisant chuter le moyenne. Le plus bas est ainsi de 37 000 €.

Pour grand nombre (45%) des documentaires le distributeur ne donne pas de minimum garanti. Pour les 55% où ils en donnent le plus élevé est de 108 000 € donné par Les Films du Losange pour  «Sur l’Adamant ».

Mais, si l’on compare le minimum garanti au financement total du film, le pourcentage le plus élevé est celui donné par Bon voyage films (18%) pour « L’Automne à Pyongyang », réalisé par François Margolin.

Le box-office le plus élevé est celui de « Sur l’Adamant ».

Ce film a bénéficié du plus grand nombre de copies le premier jour.

En revanche le record d’entrées par copie revient à « L’amitié », réalisé par Alain Cavalier. Mais, distribué par Tamasa) il n’est sorti que sur 2 copies et n’a par copiese posiion rassemblé que 2115 spectateurs en tout.

 

« Sur l’Adamant  est en seconde position avec 915 entrées par copies. Mais, sorti sur 115 copies il a rassemblé 105 000 entrées.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux

 professionnels du cinéma.  Il publie budget, le « plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

 

POUR LA RÉALISATION DE « OMAR LA FRAISE »

Cette comédie dramatique franco-alérienne est le 1er long métrage qu’il a réalisé.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Elle est produite par Produit par Iconoclast films (Jean Duhamel) et Chi-fou-Mi productions (Hugo Selignac) https://fr.wikipedia.org/wiki/Omar_la_fraise pour un budget prévisionnel de 6,3 millions €. C’est 20% de plus que le budget moyen des films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/.

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 70 000 €, dont 30 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 40 000 € de salaire de technicien. C’est 90% de la rémunération médiane des réalisateurs de ces films. Il a écrit le scénario pour 153 000 €. C’est 70% du budget moyen des scénarios de ces films. Les rôles principaux ont reçu 225 000 €. C’est ce qu’ils ont reçu en moyenne pour ces films.

StudioCanal et France 2 sont coproducteurs. Le film a bénéficié de 700 000 € d’avance sur recettes du CNC. Il a été préacheté par Canal+, Ciné+ et France 2.

Studio Canal a donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution en France et dans le monde.

Le Quatari (Doha Film Institute) a investi 45 000 €.

Lors de son démarrage  mercredi sur Paris/Périphérie (Cinéchiffres) le film démarrait en 3ème position avec 8051 entrées sur 28 écrans la première séance. « L’Amour et les forêts » https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-valerie-donzelli-2/ démarrait en seconde position avec 1780 entrées sur 86 écrans. « La petite sirène » était en tête avec 22 968 entrées sur 89 écrans. »L’amour et les forêts » https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-valerie-donzelli-2/ était en seconde position avec 8 977 entrées sur 77 copies.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

POUR LA RÉALISATION DE « L’AMOUR ET LES FOLIES »

C’est le 6ème long métrage pour le cinéma réalisé par celle qui est aussi comédienne et scénariste. https://fr.wikipedia.org/wiki/Valérie_Donzelli

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Le film est produit par Rectangle Productions (Alain Weil) pour un budget prévisionne de 5,8 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Amour_et_les_Forêts_(film)C’est 10% de plus que le budget prévisionnel moyen des films français de fiction sortis depuis le début de l’année.

La rémunération de Valérie Donzelli pour sa réalisation-préparation, 38 jours de tournage et post-production-est de 200 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 10% de moins que la rémunération moyenne des réalisateurs de ces films. Le film est une adaptation du roman d’Éric Reinhardt, « L’amour et les forêts » dont les droits ont été acquis 80 000 €. Elle a écrit le scénario avec Audry Diwan et elles se sont partagées 212 000 €. Le budget total de ce scénario est 30% de plus que le budget moyen du scénario de ces films. Les rôles principaux ont reçu 200 000 €. C’est 10% de moins que la moyenne de ce qu’ils ont reçu pour ces films.

Les Films de Françoise (Valérie Donzelli) et France 2 sont coproducteurs. Le film a bénéficié du soutien de l’Angoa et de la région Normandie. Deux soficas y ont investi. Canal+, Ciné+ et France 2 l’ont préacheté.

Diaphana a donné un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo, et vod. Et Wild Bunch en a donné un pour le mandat international.

Le précédent film de Valérie Donzelli était « Notre Dame » sorti le 18 décembre 2019. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-valerie-donzelli/

C’est Rectangle Production qui en était déjà producteur pour un budget prévisionnel de 3,6 millions €. Pour la préparation, 40 jours de tournage et la post-production la rémunération de Valérie Donzelli étaitde 78 000 €, dont 38 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 45 000 € de salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario avec Benjamin Charbit et ils s’étaient partagés 125 000 €. Les rôles principaux avaient reçu 90 000 €. France 2 était coproducteur. La Région Ile de France avait apporté son soutien. 4 soficas, dont une garantie, y avaient investi.

Canal+, Multithématiques et France 2 l’avaient préacheté. Ad Vitam avait donné un minimum garanti pour les mandats de distribution salle, video et vod. Sorti dans 256 salles le film avait rassemblé 228 000 spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

LE BAROMÈTRE DE LA DISTRIBUTION DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE POUR LES FILMS FRANÇAIS

Le distributeur est un acteur déterminant dans l’économie du cinéma. Le producteur ne peut monter son financement tant que les investisseurs potentiels ne savent pas qui va distribuer le film et si ce dernier a déjà prouvé sa compétence pour promouvoir un film et le placer en salles. En outre, il est très souvent, par le minimum garanti qu’il donne sur les recettes à distribuer, une source de financement essentielle du film.

À partir des chiffres de Cinéfinances.info* nous avons établi des baromètres de la distribution des films français de fiction sortis depuis le début de l’année.

Ainsi il apparait que, dans 80% des cas, le distributeur donne un minimum garantie. Dans les 20% sans minimum garantie 3% sont le fait de distributeurs qui sont aussi producteurs et ont investi la totalité de leurs fonds en tant que producteur, le distributeur ne finançant que les frais d’édition (promotion et copies).

Bien entendu, le minimum garanti dépend des mandats qui sont attribués en contrepartie aux distributeurs. Néanmoins, sauf quand le distributeur est également producteur, en général  il ne dispose pas de tous les mandats et, rarement de celui des ventes à l’étranger. Il est intéressant d’avoir un baromètre des minima garantis en valeur absolue.

Le plus élevé, est celui donné par Pathé pour tous les mandats de distribution d’ « Asterix et Obélix-L’empire du milieu » dont il est pourtant aussi coproducteur délégué.  https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-guillaume-canet-2 Le minimum garanti moyen est de 654 000 €. Et le médian n’est que de 175 000 €. C’est dire qu’il y a beaucoup de films pour lesquels le minimum garanti existe mais est très bas.

Si l’on calcule le minimum garanti en pourcentage du financement français total du film (car il y a souvent des coproductions étrangères) le plus élevé est de 27% : c’est celui de « Zodi et Théu, frères du désert », distribué par SND. Il a donné, pour tous les mandats, 3 millions de minimum garanti pour un total de financement français de 11 millions €.https://fr.wikipedia.org/wiki/Zodi_et_Téhu,_frères_du_désert

A noter que le minimum garanti moyen (6%) est inférieur au médian (7%). Ce qui signifie qu’il y a énormément de minima garantis qui ne contribuent qu’à une part réduite du financement (très souvent 4% et moins).

Le nombre de copies la première semaine indique le potentiel de fréquentation  du film selon son distributeur.  Il est fortement corrélé au total des frais d’édition. Nous avons comparé le nombre d’entrées totales effectivement réalisées par chaque  film  au nombre de copies la première semaine. Cette fois-ci cela inclut les films qui n’ont pas donné de minimum garanti. Le record reviens à « Alibi.com 2 », https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-philippe-lacheau-3/ distribué par StudioCanal et TF1 Studio, avec 6 285 entrées par copie. C’est 9 fois le nombre moyen d’entrées par copie qui n’est que de 747.

RECORD POUR « BURNING DAYS »

Si, dans les cas où le distributeur a donné un minimum garanti, on calcule le rapport entre le nombre d’entrées et le nombre d’euros investi, ce n’est pas « Alibi.com2 », mais la coproduction entre la Turquie, la France, l’Allemagne, la Grèce, les Pays-Bas et la Croatie qui arrive largement en tête avec 12 entrées par euro investi. Il faut dire que la France n’a financé que 20% de ce film turc dont le budget de ce passionnant suspense politique turc dont le budget total n’est que de 1,2 millions €. Le distributeur Memento Films n’a donné que 10 000 € de minimum garanti et que le film, qui est toujours en exploitation, va rassembler au moins 150 000spectateurs, sans doute plus.https://fr.wikipedia.org/wiki/Burning_Days

 

Si l’on considère qu’une entrées rapporte en moyenne 3 € au distributeur, les résultats moyens et médians permettent au distributeur de largement amortir son minimum garanti. Mais, le plus souvent, ses frais d’édition sont son principal investissement.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

LA MINE D’OR EST DEVENU UN BOULET

Le secteur de l’audiovisuel va devoir revoir entièrement son approche des plates-formes de streaming. Il y a peu, c’était un nouvel eldorado qui allait élargir considérablement son activité. Les plates-formes elles-mêmes semblaient devoir être des mines d’or pour les studios américains.

Or, à ce jour, seule la plate-forme de l’inventeur de ce nouveau service, Netflix, est bénéficiaire. Toutes les autres plateformes des studios sont largement déficitaires.

Le moins que l’on puisse dire c’est que le procès intenté par certains actionnaires à l’ancien PDG du groupe Disney, Bob Chapek, et au groupe lui-même, pour avoir triché sur le nombre des abonnés de sa plate-forme de streaming, Disney +, interpelle. Non seulement les pertes de celle-ci seraient bien supérieures à ce qui était annoncé, mais, pour deux trimestres successifs, ses abonnés auraient chuté, passant de 163 à 158 millions. Or, Disney, par son image auprès des familles et ses capacités de production était, de tous les studios, celui dont la plate-forme semblait la plus à même de rattraper Netflix. En tout cas, les abonnés de ce dernier continuent de progresser, atteignant les 230 millions. De ce fait, l’ensemble du groupe Disney, malgré ses succès dans la production et la distribution, affiche une perte de 659 millions $.

Qu’en sera-t-il alors des plates-formes de Warner, Paramount et Universal ? Si cette diversification se révèle une illusion pour elles qu’en sera-t-il de leur activité de production et de distribution ?

AMAZON, APPLE ET PEUT-ÊTRE GOOGLE ET MICROSOFT

Rappelons qu’en 1948, le décret Paramount avait interdit aux studios d’investir dans les salles de cinéma. Elles s’en sont finalement très bien porté. Or, adoptant la thèse néolibérale selon lequel moins le marché est régulé, mieux il se porte, le  ministère de la justice américain a annoncé qu’il va supprimer cette interdiction.

Mais ce néolibéralisme, qui a sans doute permis aux GAFA américains de devenir les géants de l’économie mondiale, a peut-être introduit le loup dans la bergerie. Ainsi Amazon et Apple ont également leurs plates-formes de S-Vod et vont investir massivement dans la production. Ces groupes ont de bonnes chances de s’imposer, non parce qu’ils sont les meilleurs, mais parce que ces investissements sont une goutte d’eau pour eux et qu’ils ont les moyens de procéder au dumping le plus extrême. Pour Amazon c’est un moyen de promouvoir Amazon Prime qui est la devanture de son gigantesque magasin. Apple a  peut-être une idée de ce type derrière la tête. Et on ne peut exclure que, demain, peut-être Google et Microsoft, pour qui se serait également une goutte d’eau, ne les rejoignent.

Cela permet en tout cas d’être optimiste quand aux perspectives de création, de production et d’emploi. Mais plus forcément avec les mêmes acteurs.