DES CONSÉQUENCES À COURT TERME ET À LONG TERME
L’avenir de l’audiovisuel français dépend du projet du rachat de M6 par TF1. Cette opération est soumise à l’autorisation du Conseil de la concurrence français et, surtout, de celle de la Commissions européenne. https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/tf1-m6-l-autorite-de-la-concurrence-lance-un-examen-approfondi-2008010.php
La fusion du numéro un et du numéro 2 d’un secteur qui, à eux deux contrôlent 75% de ce secteur va-t-il être autorisé dans une économie de marché ? https://siritz.com/editorial/audiovisuel-linnovation-parent-pauvre/
Les actionnaires des deux sociétés, le groupe Bouygues, l’acheteur, et le groupe Bertelsmann, le vendeur, avancent de puissants arguments pour justifier cette opération exceptionnelle.
Télévision et GAFA resteront-ils des marchés distincts?
Tout d’abord ils estiment être en concurrence avec les GAFA, à commencer par Facebook et Google, qui contrôlent eux aussi 75% d’un marché publicitaire du numérique aussi important que celui de l’ensemble de la télévision. Leur fusion ne leur donnerait donc que 37,5% du marché, ce qui n’est pas exorbitant. Mais, aujourd’hui les autorités de la concurrence estiment que les marchés publicitaires de la télévision et des GAFA sont des marchés distincts, comme ils sont distincts de celui de la radio et de la presse. Si elles changeaient de position, les GAFA seraient donc également minoritaires et toutes les sanctions prisent contre elles du fait de leur abus de position dominante n’auraient plus lieu d’être. Se serait un tournant lourd de conséquence.
Au cœur d’un des enjeux du capitalisme
Par ailleurs Bouygues affirme que cela va lui donner les moyens d’augmenter ses investissements dans la télévision et, notamment, de conquérir des marchés étrangers. Mais, lors des auditions devant les commissions parlementaires, les deux groupes ont affirmé que l’opération allait permettre de fortement augmenter la rémunération de leurs actionnaires. On est là au cœur d’un des enjeux du capitalisme. Si cette fusion était autorisée et qu’elle se soldait par des plus-values et des dividendes supplémentaires pour les actionnaires il serait indispensable qu’elle s’accompagne d’engagements précis d’augmentation des investissements en France et à l’étranger. Et que le personnel participe à cette augmentation de rémunération. Les autorités politiques et administratives françaises ont les moyens de l’imposer.
Les mastodontes de la production ont du souci à se faire
Mais il y a deux aspects de cette opération qui sont peu abordées. La première est que ce nouveau mastodonte va certainement profiter de sa puissance pour réduire sa dépendance à l’égard des géants de la production audiovisuelle, issues de multiples concentrations, tels Mediawan ou Banijay/Endemol. Celles-ci ont, à l’heure actuelle, un tel contrôle de talents, qu’elles ont les moyens d’imposer leurs conditions aux diffuseurs. TF1/M6, grâce à ses moyens considérable, va s’efforcer à la fois d’attirer ces talents vers ses propres moyens de production, notamment dans le flux.

Nicolas de Tavernost va imposer la stratégie qui a si bien réussi à M6
M6 étant plus rentable que TF1 et le dirigeant de M6 prenant la tête de la nouvelle entité, celui-ci va sans doute augmenter la part du flux sur TF1. Or, à la différence des œuvres, le flux n’est pas encadré Pour les œuvres les deux chaînes auront plutôt tendance à recourir à producteurs dispersés auxquels ils peuvent plus facilement imposer leurs conditions.
Et si Bouygues vendait à un groupe qui veut influer sur la vie politique ?
En second lieu, aujourd’hui, Bertelsmann se retire du secteur en réalisant une énorme plus-value. Mais qui nous garantit que, demain, Bouygues ne voudra pas faire de même ? Et, dans ce cas, qui sera l’acheteur ? Cela pourrait, par exemple être un groupe qui cherche à utiliser ces puissants médias pour influencer la vie politique en France. C’est déjà le cas à petite échelle. Mais à grande échelle c’est tout simplement notre démocratie qui serait menacée.
La baisse de la fréquentation se poursuit
ÉditorialUne menace pour toute notre industrie cinématographique
On ne doit pas se raconter des histoires : la fréquentation cinématographique actuelle en France se situe à un niveau qui, s’il se poursuit, va amener toute l’industrie dans le mur. Elle se situe à un niveau très en-dessous de celui nécessaire pour permettre à l’ensemble du parc de salles de s’amortir. Et, à partir des chiffres de Cinéfinances.info, nous avons évalué que les résultats de 60% des films français sortis en décembre de l’année dernière n’ont pas permis à leurs distributeurs d’amortir leurs investissements en minimum garanti et frais d’édition. Or, ces distributeurs doivent, en plus, dégager une commission qui leur permettait de couvrir leurs frais généraux. La situation doit être la même pour les films étrangers. https://siritz.com/editorial/frequentation-toujours-a-la-baisse/
La plupart des producteurs doivent se trouver dans une situation similaire à celle de leur distributeur.
Il y a deux explications à ce phénomène. La première c’est que le confinement et la Covid ont profondément modifié le mode de vie des Français, et notamment en matière de loisir. Mais, à ce stade, on ne peut dire si ce changement n’est que temporaire ou va durer. En tout cas il est certain que le prix des places de cinéma est très élevé puisqu’une place d’exclusivité dépasse souvent les 14 euros.
L’autre explication c’est que l’environnement modifie profondément les choix de films de nos concitoyens. Après la crise du Covid, une épouvantable guerre en directe tous les jours sur nos téléviseurs ne nous pousse pas à aller nous distraire avec des films noirs. « Notre-dame brûle » est certes très spectaculaire, mais tous les soirs nous voyons Marioupol brûler, écrasé sous les bombes. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-jean-jacques-annaud/
Énorme succès d’une comédie à petit budget
Au contraire, les spectateurs ont envie de se distraire. L’énorme succès de la comédie « Maison de retraite », qui, en plus, traite du scandale d’une grande actualité de certains EPAD, le démontre. Ce film d’un budget de l’ordre de 5 millions € devrait allégrement dépasser les deux millions d’entrées. Le bon démarrage de « La brigade » une autre comédie traitant des travailleurs immigrés confirme cette analyse. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-louis-julien-petit/
En revanche, les jeunes eux, ne semblent pas avoir modifié leur comportement. Des films américains très spectaculaires très réussis comme « Spider man : no way home » ou « The Batman » réalisent des scores identiques à ceux d’avant la crise. Mais le cinéma n’est pas un média de jeunes et ces blockbusters sont en nombre limités.
Il est difficile de prévoir l’évolution de la fréquentation. Mais, ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir les budgets vont devoir sérieusement diminuer.
LA RÉMUNÉRATION DE LOUIS-JULIEN PETIT
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « LA BRIGADE »
Cette comédie est le 5ème long métrage de ce diplômé de l’ESRA. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Julien_Petit
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Lizza Benguigui (Odyssée pictures) pour un budget prévisionnel de 5 millions €.
Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 132 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année mais moins que celle de toute l’année 2021. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
Le scénario est coécrit par Thomas Pujol, Lizza Benguigui et Sophie Bensadoun. Ils se sont partagés 172 000 €.
Le film est coproduit par Apollo Films, France 3 et Elemiah (Lizza Benguigui).
Pictanovo (région Hauts-de-France) a apporté une aide remboursable. 5 soficas, dont une adossée, y ont investi.
Canal+ et Multithématiques ont acheté une fenêtre sur la télévision à péage, France 3 et C8 un passage sur la télévision gratuite.
Le précédent film produit par Louis-Julien Petit était « Les invisibles (Femmes SDF) », sorti le 9 janvier 2019 et produit par Elemiah pour un budget prévisionnel de 4,5 millions €.
Pour la préparation, 38 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 66 000 €, dont 14 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 52 000 € de salaire de technicien. Il avait en outre reçu 69 000 € pour le scénario. Celui-ci était coécrit par Marion Dussot et Claire Lajeunie qui s’étaient partagées 14 000 €.
Le film était coproduit par Marc Ladreit de Lacharrière (FIMALAC information), Apollo Films et France 3.
Apollo avait donné un minimum garanti pour les mandats de distribution en salle, vidéo et international.
Le film avait rassemblé 1,345 millions spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE HELIER CISTERNE
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « DE NOS FRÈRES BLESSÉS »
C’est son 2ème long métrage. //fr.wikipedia.org/wiki/Hélier_Cisterne
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Justin Taurand (Les Films du Bélier) pour un budget prévisionnel de 6,8 millions €. C’est une coproduction entre la France (88%) et la Belgique (12%). https://fr.wikipedia.org/wiki/De_nos_frères_blessés_(film,_2022)
Pour la préparation, 32 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 62 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films de fiction depuis le début de l’année ou au cours de l’année 2021. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
Le film est une adaptation du roman de de Jospeh Andras dont les droits ont été acquis pour 80 000 €. Le scénario a été coécrit par le réalisateur et Katell Quilévéré et ils se sont partagés 60 750 €.
Jean-François Lepetit (Flach film Production) et France 3 sont coproducteurs.
Le film a bénéficié de 500 000 € d’avance sur recettes et d’une aide au développement ainsi que d’une aide aux images de la diversité du CNC. Il a également bénéficié d’une avance d’Eurimages. Trois soficas y ont investi et il a bénéficié du soutien de la région Ile de France.
Canal + et Multithématiques ont acheté une fenêtre de télévision à péage et France 3 un passage sur la télévision gratuite.
Diaphana en est le distributeur avec un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo sur la France.
Le coproducteur belge est Frakas production qui a bénéficié du Tax shelter. La RTBF est coproducteur et a acheté un passage. Il a une avance d’Eurimages pour la Belgique.
Cinéart a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution sur le Bénélux.
Le précédent film réalisé par Hélier Cisterne était « Vandal », sorti en salle le 9 octobre 2013.
Il était produit par le même producteur pour un budget de 2,3 millions €.
Pour la préparation, 32 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 29 000 €, dont 12 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 17 000€ de salaire de technicien. Il avait en outre reçu 8 500 € pour le scénario qui était coécrit avec Nicolas Journet (6 000€), Gilles Taurand (55 000 €) et Katell Qillévéré (4 000 €).
Le film avait bénéficié de 152 000 € d’avance sur recettes après réalisation.
Il été distribué par Pyramide qui n‘avait pas sonné de minimum garanti. Le film avait rassemblé 27 000 entrées.
Le coproducteur belge était Tarantula.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
RÉMUNÉRATION DE CHRISTOPHE BARRATIER
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « LE TEMPS DES SECRETS »
Cette adaptation des mémoires de Marcel Pagnol est son 6ème long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_Barratier
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Pathé et Hélène Cazes (Lionceau films) pour un budget prévisionnel de 9,3 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Temps_des_secrets_(film)
Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 400 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est beaucoup plus que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année ou au cours de toute l’année dernière.
Le scénario a été coécrit avec Laurent Turner et ils se sont partagés 223 000 €. Les droits d’adaptation du roman ont été achetés 370 000 €.
Quatre soficas ont investi dans le film et France 3 est coproducteur. Il a obtenu le soutien de la région Sud.
OCS a préacheté la première fenêtre sur la télévision à péage, comme pour « Notre-Dame brûle » et Canal+ la seconde. France 3 a acheté un passage pour la télévision gratuite.
Pathé a donné un minimum garanti pour tous les droits de distribution.
Le précédent film réalisé par Christophe Barbier était « Le temps des secrets » sorti le 19 mai 2021.
Pour la préparation, 39 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur était 300 000€ répartie à part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-christophe-barratier/
Distribué par Pathé le film avait rassemblé 280 000 entrées.
Le dernier film produit et distribué par Pathé est « Notre-Dame brûle », réalisé par Jean-Jacques Annaud et sorti la semaine dernière. https://siritz.com/?s=Jean-Jacques+Annaud
Lionceau films avait produit « Primaire » sorti le 4 janvier 2017, réalisé par Hélène Angel. Il avait un budget prévisionnel de 4,7 millions. https://fr.wikipedia.org/wiki/Primaire_(film)
Distribué par StudioCanal il avait rassemblé 185 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE ANAÏS VOLPÉ
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « ENTRE LES VAGUES »
C’est son deuxième long métrage. Son premier, « Heis », a été coproduit pour 3 000 €. Elle est comédienne et scénariste. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nadège_Loiseau
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Le film a été produit par Bruno Nahon (Unité de production) pour un budget prévisionnel d’un million €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Entre_les_vagues
Pour la préparation, 23 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 20 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle a en outre reçu 30 000 € pour le scénario.
C’est évidemment beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français de fiction sortis en 2021 ou depuis le début de l’année 2022. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
2 soficas y ont investi et le film a reçu le soutien de la région Ile de France.
Canal+ et Multithématiques ont préacheté une fenêtre de télévision à péage.
KMBO a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en salle et un autre pour le mandat de distribution à l’international.
Le précédent film produit par Unité de production pour un budget prévisionnel de 2,1 millions €, est « Fragile », sorti le 25 mai 2021.
Il était réalisé par Emma Benestan. Pour la préparation, 32 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 50 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle avait en outre reçu 60 000 € pour le scénario. Celui-ci était coécrit par Nouri Ben Salem qui avait reçu 4 750 €.
Le film était distribué par Haut et court qui avait donné un minimum garanti pour le mandat salle et un autre pour le mandat international. Le film avait rassemblé 22 000 spectateurs.
Le précédent film distribué par KMBO était «Playlist » , qui était sorti le 2 juin 2021.Il était réalisé par Nina Antico et avait un budget prévisionnel de 1,1 millions €. KMBO avait donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en salle. Le film avait rassemblé 29 000 entrées.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LES LOURDS ENJEUX DE TF1+M6
ÉditorialDES CONSÉQUENCES À COURT TERME ET À LONG TERME
L’avenir de l’audiovisuel français dépend du projet du rachat de M6 par TF1. Cette opération est soumise à l’autorisation du Conseil de la concurrence français et, surtout, de celle de la Commissions européenne. https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/tf1-m6-l-autorite-de-la-concurrence-lance-un-examen-approfondi-2008010.php
La fusion du numéro un et du numéro 2 d’un secteur qui, à eux deux contrôlent 75% de ce secteur va-t-il être autorisé dans une économie de marché ? https://siritz.com/editorial/audiovisuel-linnovation-parent-pauvre/
Les actionnaires des deux sociétés, le groupe Bouygues, l’acheteur, et le groupe Bertelsmann, le vendeur, avancent de puissants arguments pour justifier cette opération exceptionnelle.
Télévision et GAFA resteront-ils des marchés distincts?
Tout d’abord ils estiment être en concurrence avec les GAFA, à commencer par Facebook et Google, qui contrôlent eux aussi 75% d’un marché publicitaire du numérique aussi important que celui de l’ensemble de la télévision. Leur fusion ne leur donnerait donc que 37,5% du marché, ce qui n’est pas exorbitant. Mais, aujourd’hui les autorités de la concurrence estiment que les marchés publicitaires de la télévision et des GAFA sont des marchés distincts, comme ils sont distincts de celui de la radio et de la presse. Si elles changeaient de position, les GAFA seraient donc également minoritaires et toutes les sanctions prisent contre elles du fait de leur abus de position dominante n’auraient plus lieu d’être. Se serait un tournant lourd de conséquence.
Au cœur d’un des enjeux du capitalisme
Par ailleurs Bouygues affirme que cela va lui donner les moyens d’augmenter ses investissements dans la télévision et, notamment, de conquérir des marchés étrangers. Mais, lors des auditions devant les commissions parlementaires, les deux groupes ont affirmé que l’opération allait permettre de fortement augmenter la rémunération de leurs actionnaires. On est là au cœur d’un des enjeux du capitalisme. Si cette fusion était autorisée et qu’elle se soldait par des plus-values et des dividendes supplémentaires pour les actionnaires il serait indispensable qu’elle s’accompagne d’engagements précis d’augmentation des investissements en France et à l’étranger. Et que le personnel participe à cette augmentation de rémunération. Les autorités politiques et administratives françaises ont les moyens de l’imposer.
Les mastodontes de la production ont du souci à se faire
Mais il y a deux aspects de cette opération qui sont peu abordées. La première est que ce nouveau mastodonte va certainement profiter de sa puissance pour réduire sa dépendance à l’égard des géants de la production audiovisuelle, issues de multiples concentrations, tels Mediawan ou Banijay/Endemol. Celles-ci ont, à l’heure actuelle, un tel contrôle de talents, qu’elles ont les moyens d’imposer leurs conditions aux diffuseurs. TF1/M6, grâce à ses moyens considérable, va s’efforcer à la fois d’attirer ces talents vers ses propres moyens de production, notamment dans le flux.
Nicolas de Tavernost va imposer la stratégie qui a si bien réussi à M6
M6 étant plus rentable que TF1 et le dirigeant de M6 prenant la tête de la nouvelle entité, celui-ci va sans doute augmenter la part du flux sur TF1. Or, à la différence des œuvres, le flux n’est pas encadré Pour les œuvres les deux chaînes auront plutôt tendance à recourir à producteurs dispersés auxquels ils peuvent plus facilement imposer leurs conditions.
Et si Bouygues vendait à un groupe qui veut influer sur la vie politique ?
En second lieu, aujourd’hui, Bertelsmann se retire du secteur en réalisant une énorme plus-value. Mais qui nous garantit que, demain, Bouygues ne voudra pas faire de même ? Et, dans ce cas, qui sera l’acheteur ? Cela pourrait, par exemple être un groupe qui cherche à utiliser ces puissants médias pour influencer la vie politique en France. C’est déjà le cas à petite échelle. Mais à grande échelle c’est tout simplement notre démocratie qui serait menacée.
LA RÉMUNÉRATION DE ÉRIC GRAVEL
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « A PLEIN TEMPS»
C’est son deuxième film. https://fr.wikipedia.org/wiki/Éric_Gravel
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il a été produit par Nicolas Sanfaute (Novoprod cinéma) pour un budget prévisionnel de 2,7 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/À_plein_temps_(film)
Pour la préparation, 32 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 60 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de l’année ou toute l’année dernière. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
France 2 l’a co-produit et une sofica y a investi. Il a reçu le soutien des régions Bourgogne Franche-Comté, Normandie et Grand Est.
Canal+ et Multithématiques ont préacheté les fenêtres de télévision à péage et France 2 un passage de télévision gratuite.
Le film est distribué par Haut et court qui a donné un minimum garanti pour le mandat salle et un autre pour les mandats vidéo et vod.
Le premier film d’Éric Gravel est « Chrash test Aglaé » sorti le 2 août 2017. Il avait été produit par le même producteur pour 2,3 millions €.
Pour la préparation, 48 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 30 000 €, dont 10 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 20 000 € de salaire de technicien.
Il était coproduit par Navarino, Caravane Films, Cinéfil et Vamo.
Il avait reçu 500 000 € d’avance sur recettes et avait obtenu le soutien des régions Ile de France et Lorraine.
Le Pacte, son distributeur, avait donné un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo et un autre pour le mandat international.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE MICHÈLE LAROQUE
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « ALORS ON DANSE »
Cette comédie est le troisième film en tant que réalisatrice de celle qui est avant tout comédienne. Elle en est d’ailleurs l’interprète. https://fr.wikipedia.org/wiki/Michèle_Laroque
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Maxime Delaunay et Romain Rousseau (Nolita Cinéma) pour un budget prévisionnel de 7,5 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alors_on_danse_(film)
Pour la préparation, 34 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 64 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films de fiction sortis en 2021 et encore moins pour les films sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
C’est l’adaptation d’un film britannique « Finding your feet », qui a été réalisé par Richard Loncrane. Les droits d’adaptation ont été acquis 470 000 €.
Michèle Laroque a en outre reçu 5000 € pour le scénario français.
Il a été coproduit par deux soficas et a obtenu le soutien de le région Ile de France.
Canal+ et Multithématiques ont préacheté les fenêtres de télévision à péage et C8 ainsi que TV5 monde ont préacheté un passage sur la télévision gratuite.
TF1 DA a donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution. UGC est le distributeur physique.
Le précédent film réalisé par Michèle Laroque était « Chacun chez soi », sorti en salle le 2 juin 2021. Il était produit par Alter Films et Studio Canal pour un budget prévisionnel de 6,65 millions €.
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 350 000 €, dont 200 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 150 000 € de salaire de technicien. Elle avait en outre reçu 250 000 € pour le scénario. Celui-ci était coécrit avec Julien Colombani qui avait reçu 75 000 €.
Le film était soutenu par la région Ile de France. Il était coproduit par France 2 qui avait préacheté un passage sur la télévision gratuite. Canal+ et Multithématiques avaient acheté une fenêtre de télévision à péage.
Studio Canal avait donné un minimum garanti pour tous les mandats.
Sorti sur 158 copies le film avait rassemblé 500 000 spectateurs.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
La rémunération de Jean-Jacques Annaud
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE «NOTRE-DAME BRÛLE»
C’est son quatorzième long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Annaud
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Pathé Films pour un budget prévisionnel de 31,5 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Annaud
Pour la préparation, 56 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 740 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est la deuxième rémunération de réalisateurs des films français de fiction sortis depuis le début de l’année et l’une des plus élevées de celles des films de fiction sortis en 2021.
Le scénario a été coécrit avec Thomas Bidegain et ils se sont partagés 650 000 €.
Jean-Jacques Annaud est coproducteur par sa société de production Repérage.
Le film est également co-produit par TF1 Films Productions.
Le CNC lui a apporté son soutien pour les créations sonores et visuelles et il a bénéficié du soutien de la région Ile-de-France.
OCS a préacheté la première fenêtre sur la télévision payante et Amazon la première fenêtre de S-Vod. TF1 et TMC ont préacheté un passage sur la télévision gratuite.
Pathé a donné un minimum garanti pour tous les droits de distribution France, puis un autre pour tous les droits de distribution monde hors Italie.
Le film est coproduit à hauteur de 5% par l’Italie (Wild Side) où Pathé a donné un minimum garanti pour tous les droits de distribution.
Le précédent film réalisé par Jean-Jacques Annaud était « Le dernier loup », sorti en salle le 24 février 2015.
Il était produit par Repérage pour un budget de 24,4 millions €.
Pour la préparation, 120 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur était de 1 54 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
Il était tiré du livre chinois « Totem » de Jiang Ong. Le scénario était coécrit avec Alain Godard qui avait reçu 72 000 €. L’achat des droits du livre et le scénario écrit par Jean-Jacques Annaud avaient coûté 1 157 802 €.
Distribué par Mars film le film avait rassemblé 1,280 millions de spectateurs.
Le précédent film où OCS avait préacheté la première fenêtre de télévision à péage était «Viens je t’emmène », réalisé par Alain Guiraudie. Sorti le 2 mars 2022 il était produit par CG Cinéma pour 3,4 millions €. Il était distribué par Les films du Losange. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
Sorti sur 152 copies il avait rassemblé 27 000 spectateurs la première semaine.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
LA RÉMUNÉRATION DE NICOLAS PLESKOF
CinéscoopPOUR LA RÉALISATION DE « MURDER PARTY »
C’est son premier long métrage. https://www.notrecinema.com/communaute/stars/stars.php3?staridx=361548
Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.
Il est produit par Jean-Christophe Reymond et Amaury Ovise (Kazak Productions) pour un budget prévisionnel de 3,4 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Murder_Party_(film,_2022)
Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 60 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
C’est beaucoup moins que la rémunération médiane des réalisateurs de films français de fiction sortis depuis le début de 2022 et aussi des films français de fiction de toute l’année 2021. https://siritz.com/financine/barometre-realisateurs-scenarios-22/
Il a en outre reçu 63 000 € pour le scénario.
Le film a été coproduit par Pictanovo (Région Hauts-de-France), la région Auvergne-Rhône-Alpes et France 3. 3 soficas adossées et une non adossée y ont également investi.
Canal+ et Multithématiques ont préacheté les fenêtres de télévision à péage et France 3 un passage sur la télévision gratuite.
Le Pacte a donné un minimum garanti pour les mandats de distribution salle et la vidéo et un autre pour le mandat international. Sorti su 297 copies il avait rassemblé 34 000 spectateurs le premier week-end.
Le précédent film produit par Kazak productions était «Titane», sorti le 14 juillet 2021. Réalisé par Julia Ducourneau il avait un budget prévisionnel de 7,4 millions € et était distribué par Diaphana. https://siritz.com/le-carrefour/le-bilan-de-wallimage-par-philippe-reynaert/
Cette semaine Le Pacte distribue « Les meilleures », réalisé par Marion Desseigne-Ravel. Il est produit par 31 juin films pour un budget de 2,6 millions €. Sorti sur 78 copies le film a réalisé 6 300 entrées le premier week-end.
*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.