Alain Le Diberder, dans son site « Après la révolution numérique », continue d’analyser les perspectives d’évolutions des grands studios d’Hollywood. https://siritz.com/editorial/hollywood-anatomie-dune-chute/Après Disney https://siritz.com/editorial/disney-la-forteresse-fissuree-mais-debout/ et Paramount https://siritz.com/editorial/chef-doeuvre-en-peril-paramount/, il s’intéresse à Comcast-Universal.
Ce n’est pas le groupe le plus prestigieux, mais c’est celui qui a le plus gros chiffre d’affaires (en 2023 de 121,6 Milliards de dollars, soit autant que la somme de ceux de Disney et de WarnerDiscovery) et, surtout, de loin le plus rentable (15,4 milliards, à comparer aux sombres résultats des trois autres membres des la bande des quatre studios: +2,4 pour Disney, -3,1 pour Warner et -0,6 pour Paramount).
Et, il constitue un « embarrassant contre-exemple de l’idée que les conglomérats fondés sur la convergence des tuyaux et des contenus sont voués à l’échec. » C’est un très important groupe de contenus avec les studios Universal, Dreamworks (partie animation) et Working Title, le network NBC, le grand réseau hispanique Telemundo, les chaînes thématiques Bravo, Sify, E ! ou MSNBC et le groupe Sky en Europe. Mais c’est avant tout une entreprise de télécommunications, le premier câblo-opérateur américain, et le premier fournisseur d ‘accès large bande à Internet.
Autre fait marquant : il reste une entreprise familiale, le fondateur Ralph Roberts l’ayant légué à son fils Brian. Néanmoins la famille Roberts ne possède pas plus de 0,5% des actions du groupe, mais la totalité des actions de classe B (qui ont 70 fois plus de part de voix que les actions de classe A) ce qui lui donne un minimum de 33% des voix et donc le contrôle effectif du groupe.
La caractéristique de celui-ci c’est qu’il s’est développé par achat et en s’endettant. Autre caractéristique, l’entreprise est régulièrement citée comme la plus détestée d’Amérique. C’est que son développement a commencé par le câble et que les câblo-opérateurs, du fait de leurs pratiques, sont très mal vus aux États-Unis. Comcast a véritablement commencé à se diversifier à partir de 1986 et a été l’un des premiers à comprendre l’enjeu d’internet, lancé par Clinton-Al Gore en 1992. Il a ainsi massivement fourni un accès internet pas le câble.
Aujourd’hui le groupe comporte cinq grandes activités : le câble (52% du chiffre d‘affaires en 2022); la télévision aux Etats-Unis, dont le service de streaming Peacock, (19%), Sky en Europe (14%); les studios (9%); enfin les parc de loisirs (6%). Chacun de ces cinq pôles est rentable, mais 76% des bénéfices proviennent du câble. La capitalisation boursière de Comcast était de 174 milliards de dollars au début de 2024, soit un peu plus que les 166 milliards de Disney, après une croissance de 14% au cours de l’année 2023
Mais Alain Le Diberder souligne les faiblesses du groupe :
-l’énorme poids de la dette à long terme
– près de 80% du chiffre d‘affaires est réalisé dans des activités en déclin. En particulier 68% des bénéfices proviennent du câble
-Les activités de télévision linéaire de NBCUniversal aux États-Unis et de Sky en Europe ne sont pas non plus considérées comme des leviers de croissance.
Il est vrai qu’Universal a connu une très bonne année 2023 avec la sortie de deux très grands blockbusters (Oppenheimer et Super Mario) et a même détrôné Disney à la tête du box-office mondial. Mais l’activité des studios reste la moins rentable de toutes les branches de Comcast.
Le véritable défi auquel est confronté le groupe c’est que sa croissance s’est toujours faite par acquisition et qu’il lui reste peu d’acquisition à faire qui ne soient pas bloquées par les autorités de la concurrence américaine. Dans le jeu vidéo il reste Electronic Arts, mais qui est un un acteur mineur en comparaison de Nintendo, Sony, Microsoft ou du chinois Tencent.
Alain Le Diberder estime en revanche que racheter Canal+ pourrait faire sens. Que Vivendi en fasse une branche à part de son groupe rendrait cette opération possible. Mais, même si celle-ci intéressait Vivendi, les autorités publiques françaises pourraient-elles accepter une telle prise de contrôle ?
LA RÉSILIENCE D’UN GRAND DANSEUR ÉTOILE
CinéscoopDans son 11ème documentaire, « Resilient man », Stéphane Garrel https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_liste_generique/C_81484_Fr raconte comment un grand danseur étoile, dont un, accident semble avoir mis fin à la carrière, va pouvoir retrouver la scène et ses plus hauts niveaux.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Stephan Garrel
Son budget prévisionnel est de 718 000 €, ce qui est évidemment très inférieur à celui de la très grande majorité des films de fiction https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/ Mais c’est le deuxième budget des films documentaires sortis depuis le début de l’année.Pour la préparation, 25 jours de tournage au Royaume-Uni, en Australie et au Danemark, ainsi que la post-production, la rémunération du réalisateur est de 54 000 €, dont 13 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 41 000 € de salaire de technicien. Il a écrit un scénario, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de documentaires, et pour lequel sa rémunération est de 8 500 €, . Le producteur est Flair Production (Guillaume Roy et Gabriel Chabanier). Kiss Kiss Kiss bank (crowd funding) et Kickstarter (site dédié à la culture) sont coproducteurs. Canal+ et Arte l’on préacheté. Jour de fête a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en salle.
Le budget prévisionel le plus élevé d’un film documentaire est celui de « Vivre avec les loups », sorti le 24 janvier. https://siritz.com/cinescoop/bertrand-revit-avec-les-loups/ Il est de 920 000 €. Pour la préparation, 68 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 50 000 €, dont 10 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 40 000 € de salaire de technicien. Il a écrit le scénario pour 30 000 €. MC4 est le producteurs. Des soficas y ont investi et Ciné+ l’a préacheté. Gebeka a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en salle. Le film avait rassemblé 146 000 spectateurs.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
LE FILM QUI FAIT GRINCER DES DENTS LA CORSE
CinéscoopCe 6ème film du réalisateur Stéphane Demoustier,, https://fr.wikipedia.org/wiki/Stéphane_Demoustier#:~:text=Cofondateur%20de%20la%20société%20de,Demoustier%20(créatrice%20de%20bijoux), inspiré d’un double assassinat près de Bastia, fait grincer des dents la Corse car le procès des accusés n’a pas encore eu lieu. https://fr.wikipedia.org/wiki/Borgo_(film)
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Stéphane Demoustier
Son budget prévisionnel est de 3,8 millions €, soit un peu plus que le budget prévisionnel médian des films français de fiction sortis en 2023. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/ Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production, la rémunération du réalisateur est de 112 000 €, dont 73 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 39 000 € de salaire de technicien, soit 80% de la rémunération moyenne des réalisateurs l’année dernière. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/. Il a écrit le scénario pour 90 000 €, ce qui revient à 90% du budget médian des scénarios. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 40 000 € ce qui est la moitié de leur rémunération médiane. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur est Petit Film (Jean des Forêts). France 3 est coproducteur. Le film a bénéficié de 560 000 € d’avance sur recettes. La Procirep et l’Angoa lui ont apporté leur soutien ainsi que la région Corse. Canal+, Ciné+ et France 3 l’ont préacheté. Le Pacte a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en salle et Charades pour le mandat de vente à l’étranger.
Le précédent film de Stéphane Demoustier était « La fille au bracelet », sorti le 12 février 2020. Il avait le même producteur et le même distributeur. Il avait bénéficié de 350 000 € d’avance sur recettes et France 3 était coproducteur. Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur ava été de 10 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.
Le film avait rassemblé 324 000 spectateurs.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
UNE COMÉDIE QUI S’AMUSE DES STÉRÉOTYPES
CinéscoopLe sixième long métrage réalisé par Ludovic Bernard, est une comédie qui s’amuse des stéréotype. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludovic_Bernard. Dans « Ici et là-bas » deux hommes diamétralement opposés affrontent racisme et à priori. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ici_et_là-bas
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Ludovic Bernard
Son budget est 8,4 millions €, soit 60% de plus que le budget prévisionnel moyen des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/ Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 35 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien, soit deux fois et demis la rémunération moyenne des réalisateurs de films de fiction. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/Il a écrit le scénario avec Kamel Guemra et Sarah Kaminsky pour 250 000 €, ce qui représente 25% de plus que le budget moyen des scénarios. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 300 000 €, soit 50% de plus que ce qu’ils ont reçu en moyenne. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur est Prélude (Jonathan Blumental). TF1 film production est coproducteur. La Procirep et l’Angoa ont apporté leur soutien. Canal+, Ciné + et TF1 (2 passages) l’ont préacheté. StudioCanal et TF1 Studio on donné un minimum garanti pour les mandats de distribution.
Le précédent film de Luc Bernard était « 10 jours encore sans maman », sorti le 12 avril 2023. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-ludocic-bernard/ Son budget prévisionnel était de 10 millions €. La rémunération du réalisateur était déjà de 350 000 €. Soyouz Films et StudioCanal étaient les producteurs. StudioCanal avait donné un minimum garanti pour tous les mandats. Le film avait rassemblé 681 000 spectateurs.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
LE PREMIER ET LE PLUS DÉTESTÉ DE L’AUDIOVISUEL
Le CarrefourAlain Le Diberder, dans son site « Après la révolution numérique », continue d’analyser les perspectives d’évolutions des grands studios d’Hollywood. https://siritz.com/editorial/hollywood-anatomie-dune-chute/Après Disney https://siritz.com/editorial/disney-la-forteresse-fissuree-mais-debout/ et Paramount https://siritz.com/editorial/chef-doeuvre-en-peril-paramount/, il s’intéresse à Comcast-Universal.
Ce n’est pas le groupe le plus prestigieux, mais c’est celui qui a le plus gros chiffre d’affaires (en 2023 de 121,6 Milliards de dollars, soit autant que la somme de ceux de Disney et de WarnerDiscovery) et, surtout, de loin le plus rentable (15,4 milliards, à comparer aux sombres résultats des trois autres membres des la bande des quatre studios: +2,4 pour Disney, -3,1 pour Warner et -0,6 pour Paramount).
Et, il constitue un « embarrassant contre-exemple de l’idée que les conglomérats fondés sur la convergence des tuyaux et des contenus sont voués à l’échec. » C’est un très important groupe de contenus avec les studios Universal, Dreamworks (partie animation) et Working Title, le network NBC, le grand réseau hispanique Telemundo, les chaînes thématiques Bravo, Sify, E ! ou MSNBC et le groupe Sky en Europe. Mais c’est avant tout une entreprise de télécommunications, le premier câblo-opérateur américain, et le premier fournisseur d ‘accès large bande à Internet.
Autre fait marquant : il reste une entreprise familiale, le fondateur Ralph Roberts l’ayant légué à son fils Brian. Néanmoins la famille Roberts ne possède pas plus de 0,5% des actions du groupe, mais la totalité des actions de classe B (qui ont 70 fois plus de part de voix que les actions de classe A) ce qui lui donne un minimum de 33% des voix et donc le contrôle effectif du groupe.
La caractéristique de celui-ci c’est qu’il s’est développé par achat et en s’endettant. Autre caractéristique, l’entreprise est régulièrement citée comme la plus détestée d’Amérique. C’est que son développement a commencé par le câble et que les câblo-opérateurs, du fait de leurs pratiques, sont très mal vus aux États-Unis. Comcast a véritablement commencé à se diversifier à partir de 1986 et a été l’un des premiers à comprendre l’enjeu d’internet, lancé par Clinton-Al Gore en 1992. Il a ainsi massivement fourni un accès internet pas le câble.
Aujourd’hui le groupe comporte cinq grandes activités : le câble (52% du chiffre d‘affaires en 2022); la télévision aux Etats-Unis, dont le service de streaming Peacock, (19%), Sky en Europe (14%); les studios (9%); enfin les parc de loisirs (6%). Chacun de ces cinq pôles est rentable, mais 76% des bénéfices proviennent du câble. La capitalisation boursière de Comcast était de 174 milliards de dollars au début de 2024, soit un peu plus que les 166 milliards de Disney, après une croissance de 14% au cours de l’année 2023
Mais Alain Le Diberder souligne les faiblesses du groupe :
-l’énorme poids de la dette à long terme
– près de 80% du chiffre d‘affaires est réalisé dans des activités en déclin. En particulier 68% des bénéfices proviennent du câble
-Les activités de télévision linéaire de NBCUniversal aux États-Unis et de Sky en Europe ne sont pas non plus considérées comme des leviers de croissance.
Il est vrai qu’Universal a connu une très bonne année 2023 avec la sortie de deux très grands blockbusters (Oppenheimer et Super Mario) et a même détrôné Disney à la tête du box-office mondial. Mais l’activité des studios reste la moins rentable de toutes les branches de Comcast.
Le véritable défi auquel est confronté le groupe c’est que sa croissance s’est toujours faite par acquisition et qu’il lui reste peu d’acquisition à faire qui ne soient pas bloquées par les autorités de la concurrence américaine. Dans le jeu vidéo il reste Electronic Arts, mais qui est un un acteur mineur en comparaison de Nintendo, Sony, Microsoft ou du chinois Tencent.
Alain Le Diberder estime en revanche que racheter Canal+ pourrait faire sens. Que Vivendi en fasse une branche à part de son groupe rendrait cette opération possible. Mais, même si celle-ci intéressait Vivendi, les autorités publiques françaises pourraient-elles accepter une telle prise de contrôle ?
FAIRE RIRE DE DURES FAITS DE SOCIÉTÉ
ÉditorialPour être globalement rentable le cinéma en France, il a besoin de maintenir au-dessus de 200 millions d’entrées par an. Et, pour ce, comme on l’a vus, il a besoin de films événements qui rassemblent bien plus de 5 millions de spectateurs. https://siritz.com/editorial/a-quand-des-films-evenement-francais/ Hollywood semble en mesure de continuer à nous en fournir, même si les majors se rendent compte que les superhéros ont passé leur temps. Mais il n’y a plus eu des véritables films évènements français depuis 2018, c’est-à-dire il y a 6 ans. Et encore, il s’agissait de suites de gros succès innovants : « Les Tuche 3 » (5,7 millions d’entrées) et « La Ch’tite famille » (5,6 millions) où l’on retrouvait Dany Boon et les Ch’tis, en prolongement de « Bienvenue chez les cht’is », le colossal succès de 2008, avec 20,5 millions de spectateurs.
Or, ce qu’il faut noter, c’est que tous ces films événements français sont des comédies. A l’exception des films de Luc Besson qui, comme la plupart des blockbusters américains-à l’exception de chefs d’oeuvre d’animation et de « Barbie »- sont presque tous des films d’action.
En fait, avec toute l’anxiété que l’actualité génère, il est clair que ce constat est plus vrai que jamais : le public cherche avant tout à trouver des raisons de rire pour se détendre.
Mais pour largement dépasser les 5 millions d’entrées, voir les pulvériser, il faut réunir tous les publics. Non seulement un public âgé (50 ans et plus), qui procure en général près de 40% de nos entrées, mais toutes les catégories d’âge. Pour être un film événement une comédie doit évidemment être vraiment très drôle. Mais cela ne suffit pas. Si on analyse les grands succès passés, on constate qu’ils abordent tous des faits majeurs de notre société, ceux dont on parle au café avec ses amis, à dîner en famille, à la cafétéria des étudiants ou de l’entreprise et même dans la cour de l’école.
Prenons un exemple. En 2014 la fréquentation a dépassé les 209 millions d’entrées, un des trois plus forts scores du siècle. Les 4 premiers du box-office étaient des films français, ce qui était un événement marquant. Les 3 premiers étaient des comédies et le 4ème , « Lucy », un film de Luc Besson (5,2 millions d’entrées). Or les 3 comédies abordaient toutes des maux de notre société que l’on pourrait traiter sur le mode tragique. « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » a pulvérisé les 10 millions d’entrées en en atteignant 12,4. Il traite, évidemment avec humour, du racisme et des mariages mixtes. « La famille Bélier » atteint 7,7 millions d’entrées. Il tourne autour de l’incommunicabilité entre des individus sourds et des individus normaux. « Hypercondriaque » traite, avec humour, des effets de deux graves maladies : l’hypercondrie et la paranoïa. On pourrait faire le même constat des grandes comédies françaises à succès des années précédentes, de « Intouchables » à « Bien venue chez les Ch’tis ».
En somme les films événements français sont des comédies qui abordent de véritables faits de société, c’est à dire des défis sérieux et souvent pénibles auxquels est confrontée notre société, c’est à dire nous « collectivement ». Mais ces films trouvent un angle pour en faire rire, provoquant une sorte de catharsis. Par opposition aux comédies où les héros rentrent dans un engrenage de tuiles qui déclenchent le rire parce que l’on s’identifie individuellement à ceux qui les subissent, tel « Le Sens de la fête » et ses 3 millions d’entrées. Ces dernières peuvent être très drôles mais n’ont jamais le même succès. On trouvera peut-être des contre-exemples à ces constatations, mais pas pas ces dernières années.
COMÉDIE SUR UN COUPLE À BOUT DE SOUFFLE
CinéscoopFlorent Bernard https://fr.wikipedia.org/wiki/Florent_Bernard , qui est scénariste de films et de séries, réalise lui-même, avec la comédie « Nous les Leroy », son premier long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous,_les_Leroy
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Florent Bernard
Son budget prévisionnel est de 5,2 millions €, soit le budget moyen des films français de fiction sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/. Pour la préparation, 31 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 50 000 €, dont 24 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 26 000 € de salaire de technicien. C’est 70% de la rémunération médiane des réalisateurs de films sortis l’année dernière https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/.Florent Bernard a écrit le scénario pour 300 000 €, soit 50% de plus que le budget moyen des scénarios des films sortis en 2023. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 310 000 €, ce qui correspond, là encore, à 50% de plus que ce qu’ils ont reçu en moyenne en 2023. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est Nolita cinéma (Mathieu Ageron, Maxime Delauney et Romain Rousseau). Apollo Films, TF1 Studio et TF1 Films production sont coproducteurs. Le CNC et la Sacem ont fourni une aide à la musique originale et la région Bourgogne Franche-Comté son soutien. Deux soficas y ont investi. Des placements de produit ont procuré des recettes. Canal +, Ciné+, TF1, TMC et TV5 monde l’ont préacheté. Apollo Films et TF1 Studio ont donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
UN FILM DUR SUR LES VIOLENCES SEXUELLES
Cinéscoop“Quitter la nuit” https://fr.wikipedia.org/wiki/Quitter_la_nuit est un film dur sur les violences sexuelles. C’est le premier long métrage de la belge Delphine Girard, dont le court métrage, « Une sœur », sur le même thème avait été nommé pour Oscar du meilleur court-métrage en 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Delphine_Girard
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Delphine Girard
Il s’agit d’un film Belge (70%) en coproduction avec la France (15%) et le Canada (15%) pour un budget prévisionnel de 3,2 millions €, soit 90% du budget médian des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/ Pour la préparation, 35 jours de tournage en Belgique et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 80 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 10% de plus que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis l’année dernière. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/
Elle a écrit le scénario pour 120 000 €, soit 20% de plus que le budget médian des scénarios des films français. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 87 000 €, soit 10% de plus que leur rémunération médiane. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué Belge est Versus Production (Jacques-Henri Bronckart). Il a bénéficié du Tax shelter ainsi que du soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles , du VAF, de Wallimage, du Screen Brussells Fund, d’Europe Creative Media et d’Eurimages
RTBF, Proximus, Be TV sont coproducteurs et l’ont pré-acheté. O’Brother a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en Belgique.
Le producteur français est Haut et Court qui a bénéficié du soutien d’Eurimages. Un Pool sofica a investi. Haut et court a donné un minimum garanti pour la distribution en salle.
Le producteur canadien est Colonelle Films (Fanny Drew, Sarah Mannering).Mel Studio est coproducteur.Le film a bénéficié du Tax Credit Federal et du Tax Credit Quebec. Il a bénéficié du soutien de la Sodec, de Téléfilm Canada et d’Eurimages. Entract a donné un minimum garanti pour la distribution.
Playtime a donné un minimum garanti pour le mandat de vente internationale.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
J0URNALISTE RENCONTRE UNE HUMANITAIRE ET UN AFGHAN
CinéscoopCette adaptation du roman de Marc Salbert « De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire » est la première réalisation de Julie Navarro, une directrice de casting passée à la réalisation. « Quelques jours pas plus » est une comédie romantique dans laquelle un journaliste rencontre une humanitaire et un Afghan. https://fr.wikipedia.org/wiki/Quelques_jours_pas_plus Sorti la semaine dernière, il avait rassemblé 21 000 spectateurs en 5 jours.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Julie Navarro
Son budget prévisionnel est de 2,1 millions €, soit 60% du budget prévisionnel médian des films de fictions français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/ Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 39 000 €, dont 14 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 25 000 € de salaire de technicien. Soit 55% de la rémunération médiane des réalisateurs. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/Les droits d’adaptation du roman ont été acquis 25 000 et le scénario, écrit par Marc Salbert pour 76 000 €. Le budget total du scénario est donc égal au budget médian des films français. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/. Les rôles principaux ont reçu 50 000 €, soit 60% de leur rémunération médiane. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est 31 juin Films (Agnès Vallée et Emmanuel Barraux). Bac Films (David Grumbach, Pictanovo (région Hauts-de-France) et Big Productions (Pierre Rambaldi et Raphaël Carassic) sont coproducteurs. Deux soficas y ont investi. Canal+ et Ciné+ l’ont préacheté.
Bac Films a donné un minimum garanti pour les mandats de distribution salle, vidéo, vod et s-vod. Charades a donné un minimum garanti pour le mandat de ventes à l’étranger.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
L’HISTOIRE D’UN FEMME À BARBE
CinéscoopCette histoire d’une femme à barbe au début du XXème siècle, « Rosalie », https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalie_(film,_2024) est le second film de Stéphanie di Giusto. https://fr.wikipedia.org/wiki/Stéphanie_Di_GiustoIl sort demain.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Stéphanie di Guisto
Son budget prévisionnel est de 6,6 millions € ce qui est 30% de plus que le budget prévisionnel moyen des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 53 000 €, dont 15 500 € d’à valoir sur droits d’auteur et 37 500 € de salaire de technicien, soit 75% de la rémunération médiane des réalisateurs. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/ Elle a écrit le scénario avec Sandrine Le Costumer pour 147 000 €, soit trois quarts du budget moyen des scénarios. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 250 000 €, ce qui revient à 20% de plus que leur rémunération moyenne. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est Trésor Films (Alain Attal). LDRP Laurent Dassault est coproducteur. 4 soficas garanties y ont investi. La région Bretagne lui a apporté une aide remboursable. Canal+ et Ciné+ l’ont préacheté. Gaumont a donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution.
Le premier film de Stéphanie di Giusto était « La danseuse » sorti le 29 septembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalie_(film,_2024) C’était déjà un film d’époque inspiré d’une histoire réelle.
Il s’agissait d’une coproduction entre la France (70%), la Belgique (20%) et la République Tchèque (10%) pour un budget prévisionnel de 8,5 millions €. Pour 46 jours de tournage la rémunération de la réalisatrice était de 100 000 €. Le producteur délégué était déjà Les Films du Trésor. Wild Bunch et Orange Studio étaient coproducteurs. Le film avait bénéficié de 620 000 € d’avance sur recettes. Wild Bunch était le distributeur. Le film avait rassemblé 226 000 spectateurs.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
À QUAND DES FILMS ÉVÉNEMENTS FRANÇAIS ?
ÉditorialLe cinéma en salle est, on le sait, un marché d’offre. Les performances du Printemps du cinéma (à 5 € la place) de cette année le rappellent : avec seulement 1,7 millions d’entrées en trois jours c’est le plus faible score depuis la création de la manifestation.
Depuis le début de l’année la fréquentation cumulée est à environ 15% de moins que celle de l’année dernière à la même époque qui, jusqu’au dernier trimestre, était partie pour dépasser les 200 millions d’entrées enregistrées 8 années sur 10 de 2010 à la Covid. Depuis 2010, si le nombre d’établissement était resté stable, celui du nombre d’écran avait progressé de 15%. Le passage au numérique avait réduit les coûts de distribution des films, et, après un investissement de départ, réduit les coûts de fonctionnement des salles. Le nombre de film distribués chaque année n’a cessé de se situer entre 700 et 800, dont entre 250 et 300 films français.
Après les années 2020 et 2021, fortement marquées par la crise de la Covid, l’exploitation a repris son cours normal en 2022. Mais elle a été marquée par le manque de films américains. Ceux-ci avant la Covid, représentaient en moyenne au moins 50% des entrées, les films français en moyenne 40%. Comme on le sait, alors que notre production n’a jamais cessé, la production américaine a été suspendue pendant l’épidémie. L’absence des blockbusters de Hollywood a fait chuter les entrées à 150 millions en 2022 et 180 en 2023. Mais l’année dernière, la suite de « Avatar » a rassemblé 14,2 millions de spectateurs, soit presqu’autant que le premier opus sorti en 2009. C’est dire qu’il y a toujours un public aussi nombreux pour se presser aux films évènements.
L’année record de ce siècle, et même depuis plus de 50 ans, était 2011 avec 217,2 millions de spectateurs. Or ce résultat était dû à deux blockbusters français : « Intouchables » (19,5 millions d’entrées) et « Rien à déclarer » (8,5 millions d’entrées). Les 209,1 millions d’entrées atteints en 2014 étaient dus aux 4 champions du box-office de l’année qui était tous des films français : « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » (12,4 millions d’entrées), « Une famille Bélier « (7,7 millions d’entrées), « Supercondriaque » (5,2 millions d’entrées) et « Lucy » (5,2 millions d’entrées). Quant aux 213 millions d’entrées de 2019, ils étaient dus à trois films américains qui se situaient entre 6,7 et 9,8 millions d’entrées, mais aussi à « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu » qui avait également rassemblé 6,7 millions de spectateur.
Depuis 2023 les films français ont retrouvé leur niveau global d’entrées d’avant la crise du Covid. Mais ce qui est frappant c’est qu’aucun d’entre eux n’a réussi à atteindre les 5 millions d’entrées. Le champion français de l’année, « Asterix et Obelix, l’empire du milieu » n’en étaient qu’à 4,6 millions d’entrées.
Les résultats du second « Dune » comme du « Godzilla versus King-Kong », qui sont bien meilleurs que ceux de leurs prédécesseurs, s’expliquent sans doute en grande partie par l’absence de véritable concurrence : ils réalisent leur score sans faire monter la fréquentation qui reste inférieure à celle de l’année dernière.
Cela signifie que le public français est dans l’attente d’une nouvelle génération de films évènements français qui vont largement dépasser le plafond actuel des 5 millions d’entrées, voir atteindre les 10, les 15 et même les 20 millions d’entrées. Le public attend. Par le passé des producteurs et des réalisateurs ont toujours trouvé le moyen de les satisfaire.