Son producteur, Alex Berger *, révèle comment , seule de toutes les séries françaises, elle arrive à livrer 10 épisodes par an
Siritz : Le « Bureau des légendes » est la seule série française qui diffuse 10 épisodes de 52 minutes par an depuis le début. Comment vous y prenez-vous ?
Alex Berger : Il faut tout d’abord que la série soit, dès le départ, prévue et organisée pour faire une série par an. Eric Rochant, avec qui j’ai créé la société de production,
TOP-The Oligarchs Productions, dès 2008, nous sommes demandés comment faire une série forte et exigeante Française, en faisant comme les américains, c’est à dire rendre des saisons de 8 à 24 épisodes par an. Ce processus industriel indispensable est prévu dès le développement. Aux Etats-Unis ça fonctionne comme ça depuis 60 ans. Ils ont prévu la writers room, que nous appelons atelier d’écriture structurée, ADES. Et toute l’organisation, écriture, tournage, montage se trouve dans le même lieu pour gagner le maximum de temps. En second lieu il faut une organisation particulière : des règles, comme les Guilds (syndicats)aux Etats-Unis : ils ont normé un système. La guilde des auteurs, la WGA établit les règles pour l’ensemble de l’organisation : le rythme, les rendus, la typologie de chaque production, le temps qu’on y consacre, les versions, les rôles, les responsabilités, les rémunérations pour chacun.
Siritz : Pour un pays qui se dit ultra-libéral…
Alex Berger : Dans ce domaine c’est le pays le plus régulé au monde après la Chine. Ces règles sont signées par tous : auteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs, diffuseurs. Ces normes sont négociés et mis à jour tous les 4 ans. Si on n’est pas signataire de ce tronc commun de règles on ne peut pas travailler. Donc, le marché est très compétitif, mais tout le monde utilise les mêmes normes, donc le processus est rodé et les productions s’insèrent tous dans une organisation préétablie. Et cela a donné depuis 20 ans le renouveau des séries menées par des auteurs-producteurs d’une créativité exceptionnelle comme les Sopranos (David Chase), The Wire (David Simon), The West Wing (Aaron Sorkin) ou des comédies comme Seinfeld (Jerry Seinfeld et Larry David) .
Siritz : Donc Éric et vous vouliez reproduire le système américain ?
Alex Berger : Oui, mais en tenant compte des particularités françaises. C’est à dire du droit d’auteur et non du copyright américain, du droit du travail qui est plus restrictif chez nous, notamment en ce qui concerne la durée du travail. Quant au travail en pool, on a commencé à y penser avec notre projet sur les oligarques russes, pour Canal. Et puis, plus tard, quand Eric a eu l’idée du « Bureau des légendes », il n’était pas question pour nous de faire autre chose qu’une saison par an, dans la même exigence, en mettant en place que nous devions adapter, en l’inventant pour la France et en faisant la pédagogie auprès de nos partenaires, Canal+ et Fédération Entertainment (la société de Pascal Breton, en charge de la distribution). Puis il a fallu faire la pédagogie de l’ensemble des équipes pour bien comprendre l’aspect timing très intense, afin que, quand nous commencions le da production d’une saison, nous étions déjà dans le développement de la saison suivante. Donc il a fallu véritablement s’organiser en amont.
Il a fallu faire émerger notre « marque »
Siritz : Depuis le lancement de la première saison les choses ont évolué ?
Alex Berger : Surtout le marché est devenu de plus en plus compétitif. En 2013 il n’y avait pas Netflix. Depuis les choses sont différentes. Il y a beaucoup plus de volume de séries, plus de diffuseurs et de plateformes. Il a fallu faire émerger notre marque.
Siritz : Ca veut dire quoi « marque » dans ce domaine ?
Alex Berger : C’est une marque à engagement émotionnel, où les spectateurs investissent des heures de leur vie, en l’occurrence 10 heures par an pour Le Bureau des Légendes, pour suivre des personnages, entrer dans un univers. Il fallait s’imposer dans un univers avec beaucoup plus de choix. Il fallait être surs et certains que nous ne séparions pas la création et l’idée du processus industriel mais surtout il fallait traduire l’ADN des écrits de bout en bout du processus et jusqu’à la fin, le marketing. On doit être vigilant et cohérent jusqu’au dernier metre, au dernier instant pour ne pas fausser la relation avec le spectateur, de ne pas le décevoir car c’est une relation fragile et de maintenir l’envie de revenir doit se gérer en amont aussi.
Siritz : Cela suppose un changement total de conception du producteur et des équipes, mais est-ce que ça ne suppose pas un changement total de la part de la chaîne ? Comment commencer le développement d’une nouvelle saison en même temps que le début de la production de la précédente alors que les chaînes françaises attendent de voir si la série a marché pour commander la suivante.
Alex Berger: Ca été comme pour tout ce qui concerne « Le bureau des légendes », il a fallu faire de la pédagogie. Mais surtout il faut trouver les bons partenaires, le bon studio en l’occurrence FedEnt pour prendre le risque, jouer gagnant et pas forcément que prudent. Et convaincre Canal+ de s’engager à prendre le risque du développement.
Siritz : Par ailleurs, les chaînes françaises payent 800 000 € ou au plus 1 million€ l’épisode. Or votre série coûte beaucoup plus chère.
Alexc Berger: La première année il a fallu faire avec. Notre partenaire Federation Entertainment, qui, en tant que studio, a investi plus d’un million € dans le développement. Sur les 15 millions € que coûtait la saison 1, Canal+ s’est engagé sur 10 millions €. C’est notre partenaire Fédération Entertainment qui, en tant que distributeur est de nouveau intervenu.
Siritz : En pariant sur les ventes internationales ?
Alex Berger : Oui.
Siritz : Quelle a été la première chaîne étrangère qui a acheté la série ?
Alex Berger : La VRT, la chaîne flamande publique. Mais les ventes se font après la première saison. Les chaînes veulent être certaines que la série va revenir pour plusieurs saisons, les étrangers veulent pouvoir l’installer.
Siritz : Et ensuite ?
Alex Berger : Deux pays ont été véritablement déclencheurs de toutes les ventes internationales : les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Aux Etats-Unis c’est un nouvel acheteur qui l’a emporté initialement, Apple. Au Royaume-Uni c’est Amazon. Aujourd’hui c’est Sundance dans ces deux pays.
Siritz : Et en tout vous avez eu combien de pays acheteurs ?
Alex Berger : D’après FedEnt et StudioCanal, près de 100.
Siritz : Outre sa qualité et sa périodicité, ce qui est remarquable avec « Le bureau des légendes » c’est que c’est un des grands réalisateurs du cinéma français, Eric Rochant, qui s’y est lancé. Il y a encore quelques années, en France, la fiction était considérée comme un art mineur, comparativement au cinéma, art majeur.
Alex Berger : Oui, cela a changé, cette forme narrative qui donne plus de temps à installer les personnages et les histoires attire les meilleurs. Depuis au moins une vingtaine d’années sont apparus les séries américaines que je citais, elles ont changé le paradigme, les séries relèvent d’un art majeur.
Le studio de tournage est essentiel
Siritz : Pour une série aussi ambitieuse le studio de tournage est essentiel ?
Alex Berger : Oui, à la fois pour y installer des décors récurrents, mais pour avoir une unité de travail : écriture, tournage, montage, production, PMDC (promo-marketing-digital et communication). Nous sommes installés à la Cité du cinéma qui nous convient très bien. Mais en 2013, il a fallu expliquer et négocier ce nouveau processus.
Siritz : Mais en 2023 la Cité du cinéma sera le siège des JO.
Alex Berger : Je sais. Mais il y a d’autres studios.
Siritz : De toutes façons, en France comme ailleurs, le nombre de séries produites va fortement augmenter. Il va y avoir une bataille attirer pour les talents, à commencer à celle entre le cinéma et les séries, puis entre les séries de toutes ces plates-formes.
Alex Berger : C’est le plus important. Signer des normes et des règles par tous les acteurs de notre industrie. Il faut ensuite enseigner ces règles dans les écoles, développer la formation. Implémenter des règles et normes pour tous : Français et étrangers commerçant sur notre marché. Il faut contribuer au CNC, adhérer à ses règles et à la SACD. De manière transparente. C’est en train de se faire avec des normes, adaptées à notre droit d’auteur, notre droit du travail à notre exception culturelle. On en discute et je participe à ces discussions car elles sont très importantes. C’est maintenant car aujourd’hui deux systèmes s’affrontent entre les normes US et Européennes.
* Alex Berger, né aux Etats-Unis, est un producteur, concepteur, consultant et entrepreneur dans le domaine des médias. Au cours de sa vie professionnelle, il a créé ou participé à de nombreux programmes (Rapido, Burger Quiz ), inventé le portail multi-accès (Vizzavi), fondé ou accéléré la croissance de plusieurs entreprises (NBdC,Chez Wam, Canal+), et a occupé de nombreux postes à responsabilité, notamment aux côtés de Pierre Lescure chez Canal + ou encore comme patron de CanalNumédia ou VivendiNet (Groupe Vivendi-Universal), et dernièrement en tant que co-fondateur de TOP – The Oligarchs Productions.
Des principes aux mesures concrètes
ÉditorialQuoi qu’il en coûte
Le pays, de chacun d’entre nous au Président de la République, s’adapte ã cette situation de guerre. L’Etat interviendra « quoi qu’il en coûte » pour permettre aux entreprises, aux salariés, aux familles et aux services publics de passer ce cap difficile, sans sombrer. Mais après avoir affirmé un principe, il faudra le mettre en œuvre concrètement dans de multiples cas de figure.
Par exemple, en ce qui concerne la fermeture de salles, le chômage du personnel sera pris en charge par l’Etat. Mais les exploitants ont des frais généraux, dont, souvent, des loyers qu’ils auront du mal à payer sans recettes. Est-ce que le non paiement de la TSA sur les recettes des semaines passėes sera suffisant ? Ou faudra-il faire appel à un soutien bancaire exceptionnel ? Dans les deux cas, cela allègera la trésorerie, mais ne compensera pas la perte.
Sorties interrompues ou reportées pour les distributeurs et tournages interrompus ou décalés pour les producteurs
Pour les distributeurs, deux articles de la rubrique Cinescoop montrent ã quel point c’est un terrible coup dur pour les films qui venaient de sortir. Mais des films sortis depuis plus longtemps et encore ã l’affiche, ne pourront pas non plus atteindre l’équilibre. Les films récemment sortis, quand les salles vont rouvrir, vont-ils reprendre leur exploitation ? Si la réouverture a lieu fin avril, les films ayant bien démarré ne devront-ils pas relancer une campagne de promotion qui pèsera sur leurs rėsultats ? Il ne semble pas que le gouvernement ait prėvu d’indemnisation. D’autres films auront du mal ã retrouver des ėcrans, et, de toute façon, une relance de la promotion ne serait pas rentable. D’où le fait que le CNC envisage la possibilité de ne pas faire respecter le dėlai de 4 ou 3 mois pour la sortie en VoD et DVD. Mais, sauf cas particuliers, ces recettes DVD et Vod sont infinitésimales par rapport aux recettes salles.
Pour les films qui allaient sortir en salle, ils pourront sortir directement en VoD et DVD. Mais les distributeurs devront rembourser les aides reçues pour la sortie cinéma. Certains pourront ensuite sortir en salle, mais sans bénéficier du soutien automatique.
Mėmes questions pour les productions de cinéma et de tv, en tournage, en préparation ou en post-production. Certes les intérimaires seront en chômage payé pendant la période d’arrêt. Mais est-ce que le contrat sera juste suspendu pour reprendre ? Ou comédiens et techniciens pourront-ils commencer un nouvel emploi, prėvu ã cette date par un autre contrat ? Si ces questions sont laissées ã des arbitrages au cas par cas on va vers la confusion la plus totale.
En fait, il semble que le gouvernement et le Parlement vont devoir se pencher au plus vite sur la question et voter une loi considérant cette situation sanitaire et les mesures de confinement comme un cas de force majeur le déclenchement des assurances. Mais si celles-ci ont ã prendre en charge le coût de la suspension d’activité, puis à couvrir le risque d’épidémie, c’est leur équilibre économique qui risque d’être en cause.
Canal+ crée un problème
Ainsi, chaque jour on dėcouvre de nouveaux problèmes et il faudra improviser des solutions.
L’un d’entre eux a ėtė créé de toute pièce par Canal + qui a dėcidė de diffuser tous ses programmes en clair pendant le confinement, y compris les films de cinéma. Dès mercredi dernier la chaêne a donc fait fi de la chronologie des médias, que l’industrie et Canal+ ont mis des années à élaborer, en diffusant des films de cinéma en clair dans sa fenêtre privilégiée. Et ce, sans en avoir informé les chaînes gratuites concernées. La chaîne va recommencer cette semaine (voir Cinescoop). Le CSA a été saisi et a autorisé Canal+ a poursuivre cette transgression jusqu’au 31 mars.
Dans Le Carrefour, maître Gerald Bigle, a accepté d’analyser le droit dans le cas d’une transgression de ce type. Comme on le voit les sanctions pourraient être très lourdes. En tout cas on ne voit pas quelle » force majeur » contraindrait Canal+ à cette transgression.
En outre, au-delà de l’aspect juridique, il faut rappeler que le gouvernement va faire voter une loi rėformant l’audiovisuel, pour, notamment, soumettre les plates-formes internationales à notre réglementation. Ce n’était pas le moment, de la part de notre instance de régulation, de réagir avec une telle mansuétude à l’égard d’une transgression par un des nos principaux acteurs d’une règle essentielle qu’il a contribué à mettre en place.
Enfi, le gouvernement a obtenu que Disney retarde son lancement pour ne pas saturer nos réseaux de transmission alors que Canal+ augmente la consommation des téléspectateurs en étendant sa réception à l’ensemble des français.
DISPARITION DE PATRICK LELAY
La semaine dernière a vu la disparition de ce fantastique manager de TF1 privatisé, qui en a fait la première chaîne française et la première chaîne européenne. pour quelqu’un comme moi c’est énormément de souvenirs, et de bons souvenirs.
Le 23 mars 2020
Canal+ cinéma diffuse « Rebelles » en clair
FinanCinéLundi 23 mars Canal+ cinéma diffuse en clair, en transgression de la chronologie des médias (voir Le Carrefour) le film « Rebelles »,réalisé par Allan Mauduit et interprété par Cecile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy. Produit par Albertine Productions, il est sorti le 13 mars 2019 et a réalisé 925 000 entrées.
Son budget est de 4,5 millions €. Canal+ l’avait pré-acheté 787 000 €, dont le catch up pour la Suisse. Multithématiques l’a pré-acheté 126 000 € et Canal Afrique 3000 €.
France 3 l’a pré-acheté 350 000 € et coproduit pour le même montant.
Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
23 mars 2020
Chronologie des média : le cas « Venise n’est pas en Italie »
CinéscoopLe film a été diffusé hiers en clair sur Canal+
A la guerre comme à la guerre. C’est ce qu’a dû se dire Maxime Saada, le président du directoire de Canal+, en décidant de diffuser tous les programmes de son groupe en clair, au moins d’ici la fin du mois. C’est sans doute une façon d’éviter que les plates-formes, à commencer par Netflix, ne profitent de cette situation pour augmenter leurs abonnés au détriment de la chaîne payante française.
C’est le même réflexe qu’ont eu les dirigeant des chaînes d’Orange et notamment d’OCS.
Mais ce choix fait fi des règles de la chronologie des médias pour les films de cinéma : le délai est de 8 mois après la sortie en salle (6 mois si le film a réalisé moins de 100 000 entrées), alors que, pour les chaînes en clair, il est de 22 mois pour les films pré-achetés et coproduits. Cet avantage est aussi justifié par le fait que la chaîne consacre 12,5% de son chiffre d’affaires (et non 3,2% comme les chaînes en clair) au pré-financement des films français.
Mercredi Canal+ a donc diffusé en clair « Venise n’est pas en Italie ». Selon le site Cinefinances.info*, Canal a pré-acheté le droit de passage de ce film 1,47 millions €. Le film a réalisé 515 000 entrées. France 2 l’a pré-acheté 550 000 € et coproduit pour un même montant.
Nous avons interrogé par mail les responsables de Canal+ et ceux de France télévisions mais n’avons eu aucune réponse. Au contraire TF1 s’est élevé contre ce coup de force.
Ce n’est évidemment pas à la productrice Isabelle Grellat d’ intervenir auprès de Canal+. D’autant plus que le groupe, outre le pré-achat par Canal+ a effectué un pré-achat de
150 000 € de C8, un investissement de co-production de StudioCanal de 100 000 € et un minimum garanti de 1 million € de StudioCanal pour la distribution tous les mandats monde.
Les chiffres publiés dans cet article ont été fournis par cinefinances.info. https://cinefinances.info/est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives
19 mars 2020
La rémunération des réalisateurs de documentaires de cinéma français sortis en 2019
BaromètresLa rémunération moyenne était de 35 000 € par film
Le réalisateur le mieux rémunéré a été Gilles de Maistre pour « Demain est à nous, produit par Mai juin production, la société dans laquelle il est associé avec Miguel Courtois. Le film , tourné aux quatre coins du monde présentent des enfants qui mènent leur combat un combat pour avoir un avenir meilleur.
Fermeture des salles : les distributeurs de 3 films français sortis mercredi perdraient 1,35 millions €
CinéscoopSelon nos évaluations, qui s’appuient notamment sur les chiffres fournies par https://Cinefinances.info, l’arrêt brutal de la présentation au public des 3 films français sortis mercredi dernier, est un désastre. « La bonne épouse », distribué par Memento films, et qui était parti pour être un véritable succès, « Une sirène à Paris », distribué par Sony Corporation France et « Un fils », distribué par Jour2fête ont démarré dans 424 salles.
Compte tenu des minima garantis donnés aux distributeurs et des frais d’éditions, leurs pertes cumulées seraient de 1,350 millions € avec les seules recettes salle et de 1,160 millions € si on y ajoute le soutien financier du CNC. Pour « La bonne épouse » Memento Films dispose des droits vidéo, vod, S-vod et internationaux. Pour « Une sirène à Paris » , Sony dispose des droits vidéo.
Pourront-ils sortir ultérieurement et devront-ils financer une nouvelle campagne de promotion ? Les comédiens seront-ils disponibles et les médias soutiendront-ils ces reprise ? Evidemment, tout dépendra de la durée de fermeture des salles.
Méthodologie de calcul des baromètres
Les baromètres sont établis à partir de calculs film par film. La marge brute (est-ce que le distributeur a couvert son investissement ?) est la différence entre le chiffre d’affaires salle du distributeur et son investissement (frais d’édition et, dans la plupart des cas, minimum garanti).
Le chiffre d’affaires est établi à partir du nombre d’entrées du film à la fin de sa carrière en salle multiplié par la recette moyenne du distributeur par entrée. Cette dernière est établie chaque année par le CNC qui calcule le prix moyen de la place de cinéma et la part moyenne du distributeur sur ce prix de place.
Le soutien automatique généré par un film est lié au chiffre d’affaires en salle de celui-ci et le soutien sélectif est publié par le CNC. Le soutien sélectif aux entreprise de distribution n’est pas pris en compte car il vise à couvrir une partie des frais des structures des distributeurs qui ont un plan de sortie d’au moins 3 films dans l’année.
Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info dont les informations sur chaque film proviennent des contrats qui sont déposés au registre public du CNC.
Les frais d’édition (frais techniques, frais de promotion et de publicité) sont des évaluations de Siritz. Pour chaque film cette évaluation s’appuie sur l’étude annuelle du CNC sur les coûts de distribution des films français, qui prend en compte plusieurs critères. A partir de cette étude Siritz a établi un algorithme qui prend en compte plusieurs critères (ampleur de la sortie, budget du film, genre du film, profil du distributeur).
Les résultats de celui-ci ont été comparés aux contrats de distribution fournis par Cinéfinances.info qui indiquent les médias pour lesquels le distributeur a un mandat, les taux des commissions de distribution, le minimum garanti et le plafond des frais d’édition au-delà desquels le distributeur doit demander l’autorisation du producteur. Souvent, le contrat fixe aussi un plancher de frais d’édition. Sauf quelques rares exceptions l’algorithme donnent des chiffres conformes au contrat.
Par ailleurs, en 2019, Cinéfinances.info a interrogé des producteurs sur le montant des frais d’éditions transmis par le distributeur. En général, les plafonds et les planchers sont respectés. Et les évaluations se sont révélées exactes avec une faible marge d’erreur.
Enfin, sur un baromètre qui porte sur 15 à 20 films par mois, les marges d’erreur dans un sens ou dans l’autre se compensent en grande partie.
En revanche Sirit.com ne peut évaluer les marges arrière dont pourraient bénéficier certains distributeurs et qu’ils ne transmettraient pas au producteur.
En 2019 la distribution de films français en salle globalement bénéficiaire
BaromètresAvec les recettes salle la marge brute cumulée de la distribution atteint 34 millions €
Le cinéma, c’est à dire un film sortant en salle, est une industrie de prototype et une activité à risque. Comme on l’a vu la semaine dernière, 71% des films français sortis en 2019 n’ont pas permis au distributeur de couvrir ses investissements avec ses recettes salles. Ce chiffre est encore de 57% si l’on prend en compte le soutien financier du CNC. Mais cela ne signifie pas que la distribution soit une activité déficitaire. Sinon on ne comprendrait pas que de grands circuits de salles de cinéma, de grandes chaînes de télévision, de grands opérateurs de télécom et des indépendants qui ont peu de fonds propres s’y lancent et y survivent.
En fait, la grande majorité des films peuvent être déficitaires mais l’ensemble être bénéficiaire, parce que la plupart des nombreuses pertes (les marges brutes négatives) des films sont faibles comparativement à une minorité de films à marge brute très positive. C‘est ce que montrent les résultats des marges brutes mensuelles cumulées en 2019.
Comme on le voit, sauf en févier et juillet, chaque mois, la marge brute cumulée des distributeurs est positive, même sans tenir compte du soutien du CNC. Et, sur l’ensemble de l’année, elle est positive de près de 34 millions € sans soutien financer et de près de 66 millions € avec le soutien. Ce sont des sommes conséquentes puisqu’elles représentent respectivement 21% et 40% du chiffre d’affaires cumulé des distributeurs de films français.
En 2019, le mois de janvier est celui qui génère la marge brute positive la plus élevée. Ce résultat est principalement dû aux résultats de « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu », champion de l’année. Arrivent derrière novembre. Puis octobre avec « Hors normes » et plus de 2 millions d’entrées, sans que son distributeur, Gaumont, n’ait donné de minimum garanti, ainsi que « J’accuse », encore distribué par Gaumont, « Donne moi des ailes » distribué par SND ou « Le traitre » distribué par AD Vitam.
Mais cette marge brute positive n’est pas destinée qu’aux seuls distributeurs. Au-delà d’un certain montant de recettes le distributeur ne conserve que sa commission, la plus grande partie de cette marge revenant à la production. Donc, cette marge brute positive n’est pas celle des distributeurs : quand le film est perdant, c’est eux qui prennent en charge la totalité de la perte, mais, quand il est très bénéficiaire, ils ne touchent que leur commission. En revanche, la totalité du soutien sélectif et automatique leur revient.
En fait, la grande majorité des films peuvent être déficitaires mais l’ensemble être bénéficiaire, parce que la plupart des nombreuses pertes (les marges brutes négatives) des films sont faibles comparativement à une minorité de films à marge brute très positive. C‘est ce que montrent les résultats des marges brutes mensuelles cumulées en 2019.
Comme on le voit, sauf en févier et juillet, chaque mois, la marge brute cumulée des distributeurs est positive, même sans tenir compte du soutien du CNC. Et, sur l’ensemble de l’année, elle est positive de près de 34 millions € sans soutien financer et de près de 66 millions € avec le soutien. Ce sont des sommes conséquentes puisqu’elles représentent respectivement 21% et 40% du chiffre d’affaires cumulé des distributeurs de films français.
En 2019, le mois de janvier est celui qui génère la marge brute positive la plus élevée. Ce résultat est principalement dû aux résultats de « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu », champion de l’année. Arrivent derrière novembre. Puis octobre avec « Hors normes » et plus de 2 millions d’entrées, sans que son distributeur, Gaumont, n’ait donné de minimum garanti, ainsi que « J’accuse », encore distribué par Gaumont, « Donne moi des ailes » distribué par SND ou « Le traitre » distribué par AD Vitam.
Mais cette marge brute positive n’est pas destinée qu’aux seuls distributeurs. Au-delà d’un certain montant de recettes le distributeur ne conserve que sa commission, la plus grande partie de cette marge revenant à la production. Donc, cette marge brute positive n’est pas celle des distributeurs : quand le film est perdant, c’est eux qui prennent en charge la totalité de la perte, mais, quand il est très bénéficiaire, ils ne touchent que leur commission. En revanche, la totalité du soutien sélectif et automatique leur revient.
En fait, la grande majorité des films peuvent être déficitaires mais l’ensemble être bénéficiaire, parce que la plupart des nombreuses pertes (les marges brutes négatives) des films sont faibles comparativement à une minorité de films à marge brute très positive. C‘est ce que montrent les résultats des marges brutes mensuelles cumulées en 2019.
Comme on le voit, sauf en févier et juillet, chaque mois, la marge brute cumulée des distributeurs est positive, même sans tenir compte du soutien du CNC. Et, sur l’ensemble de l’année, elle est positive de près de 34 millions € sans soutien financer et de près de 66 millions € avec le soutien. Ce sont des sommes conséquentes puisqu’elles représentent respectivement 21% et 40% du chiffre d’affaires cumulé des distributeurs de films français.
En 2019, le mois de janvier est celui qui génère la marge brute positive la plus élevée. Ce résultat est principalement dû aux résultats de « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu », champion de l’année. Arrivent derrière novembre. Puis octobre avec « Hors normes » et plus de 2 millions d’entrées, sans que son distributeur, Gaumont, n’ait donné de minimum garanti, ainsi que « J’accuse », encore distribué par Gaumont, « Donne moi des ailes » distribué par SND ou « Le traitre » distribué par AD Vitam.
Mais cette marge brute positive n’est pas destinée qu’aux seuls distributeurs. Au-delà d’un certain montant de recettes le distributeur ne conserve que sa commission, la plus grande partie de cette marge revenant à la production. Donc, cette marge brute positive n’est pas celle des distributeurs : quand le film est perdant, c’est eux qui prennent en charge la totalité de la perte, mais, quand il est très bénéficiaire, ils ne touchent que leur commission. En revanche, la totalité du soutien sélectif et automatique leur revient.
La source de ces informations
Ce baromètre est établi à partir de données fournies par le site https://cinefinances.info/ . C’est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
Méthodologie de calcul de ces baromètres
Les baromètres sont établis à partir de calculs film par film. La marge brute (est-ce que le distributeur a couvert son investissement ?) est la différence entre le chiffre d’affaires salle du distributeur et son investissement (frais d’édition et, dans la plupart des cas, minimum garanti).
Le chiffre d’affaires est établi à partir du nombre d’entrées du film à la fin de sa carrière en salle multiplié par la recette moyenne du distributeur par entrée. Cette dernière est établie chaque année par le CNC qui calcule le prix moyen de la place de cinéma et la part moyenne du distributeur sur ce prix de place.
Le soutien automatique généré par un film est lié au chiffre d’affaires en salle de celui-ci et le soutien sélectif est publié par le CNC. Le soutien sélectif aux entreprise de distribution n’est pas pris en compte car il vise à couvrir une partie des frais des structures des distributeurs qui ont un plan de sortie d’au moins 3 films dans l’année.
Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info dont les informations sur chaque film proviennent des contrats qui sont déposés au registre public du CNC.
Les frais d’édition (frais techniques, frais de promotion et de publicité) sont des évaluations de Siritz. Pour chaque film cette évaluation s’appuie sur l’étude annuelle du CNC sur les coûts de distribution des films français, qui prend en compte plusieurs critères. A partir de cette étude Siritz a établi un algorithme qui prend en compte plusieurs critères (ampleur de la sortie, budget du film, genre du film, profil du distributeur).
Les résultats de celui-ci ont été comparés aux contrats de distribution fournis par Cinéfinances.info qui indiquent les médias pour lesquels le distributeur a un mandat, les taux des commissions de distribution, le minimum garanti et le plafond des frais d’édition au-delà desquels le distributeur doit demander l’autorisation du producteur. Souvent, le contrat fixe aussi un plancher de frais d’édition. Sauf quelques rares exceptions l’algorithme donnent des chiffres conformes au contrat.
Par ailleurs, en 2019, Cinéfinances.info a interrogé des producteurs sur le montant des frais d’éditions transmis par le distributeur. En général, les plafonds et les planchers sont respectés. Et les évaluations se sont révélées exactes avec une faible marge d’erreur.
Enfin, sur un baromètre qui porte sur 15 à 20 films par mois, les marges d’erreur dans un sens ou dans l’autre se compensent en grande partie.
En revanche Sirit.com ne peut évaluer les marges arrière dont pourraient bénéficier certains distributeurs et qu’ils ne transmettraient pas au producteur.
Serra le compositeur de films français le mieux rémunéré
CinéscoopC’est Eric Sera qui a été le compositeur de musique de films français sorti en 2019 le mieux rémunéré. Il a en effet touché 600 000 € de droits, ce qui représente 2% du budget du film, un pourcentage habituel aux Etats-Unis.
Les droits musicaux les plus élevés ont été ceux du film de Guillaume Canet, »Nous finirons ensemble », mais il s’agit d’achat de droits de succès existants.
Le budget moyen de la composition musicale a été en 2019 67 000 € et le budget médian 45 000 €. Quant au pourcentage habituel consacré à la composition musicale pour les films de fiction il se situe en général entre 1 et 1,5%.
En 2019 les recettes salle apportent 25% de plus aux producteurs de films français
Baromètres18 millions € s’ajoutent aux minima garantis
Les minima garantis sur recettes à venir accordés par les distributeurs aux producteurs de films français sont une source importante de financement des films français. Selon les années ils représentent de 15 à 20% du devis initial et donc du financement.
L’exploitation concerne avant tout la distribution en salle, mais, pour 48% des films sortis en 2019 le distributeur avait un ou plusieurs mandats supplémentaires (vidéo, vod, S-vod, international ou TV). Pour films qui ont été des succès en salle ces autres mandats permettent de dégager des marges supplémentaires que nos baromètres ne sont pas en mesure de calculer.
Sur les recettes salle que lui versent les exploitants, le distributeur touche une commission qui est en général de 20 à 30%. Avec le solde, la part du producteur, il doit couvrir ses frais d’éditions, puis son minimum garanti. Ce n’est que quand ceux-ci sont amortis, qu’il verse sa part au producteur.
Sur les films français sortis en 2 019 le supplément reversé aux producteurs a été de 18 millions €, soit 25% des minimas accordés.
The making of « Le bureau des légendes »
Le CarrefourSon producteur, Alex Berger *, révèle comment , seule de toutes les séries françaises, elle arrive à livrer 10 épisodes par an
Siritz : Le « Bureau des légendes » est la seule série française qui diffuse 10 épisodes de 52 minutes par an depuis le début. Comment vous y prenez-vous ?
Alex Berger : Il faut tout d’abord que la série soit, dès le départ, prévue et organisée pour faire une série par an. Eric Rochant, avec qui j’ai créé la société de production,
TOP-The Oligarchs Productions, dès 2008, nous sommes demandés comment faire une série forte et exigeante Française, en faisant comme les américains, c’est à dire rendre des saisons de 8 à 24 épisodes par an. Ce processus industriel indispensable est prévu dès le développement. Aux Etats-Unis ça fonctionne comme ça depuis 60 ans. Ils ont prévu la writers room, que nous appelons atelier d’écriture structurée, ADES. Et toute l’organisation, écriture, tournage, montage se trouve dans le même lieu pour gagner le maximum de temps. En second lieu il faut une organisation particulière : des règles, comme les Guilds (syndicats)aux Etats-Unis : ils ont normé un système. La guilde des auteurs, la WGA établit les règles pour l’ensemble de l’organisation : le rythme, les rendus, la typologie de chaque production, le temps qu’on y consacre, les versions, les rôles, les responsabilités, les rémunérations pour chacun.
Siritz : Pour un pays qui se dit ultra-libéral…
Alex Berger : Dans ce domaine c’est le pays le plus régulé au monde après la Chine. Ces règles sont signées par tous : auteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs, diffuseurs. Ces normes sont négociés et mis à jour tous les 4 ans. Si on n’est pas signataire de ce tronc commun de règles on ne peut pas travailler. Donc, le marché est très compétitif, mais tout le monde utilise les mêmes normes, donc le processus est rodé et les productions s’insèrent tous dans une organisation préétablie. Et cela a donné depuis 20 ans le renouveau des séries menées par des auteurs-producteurs d’une créativité exceptionnelle comme les Sopranos (David Chase), The Wire (David Simon), The West Wing (Aaron Sorkin) ou des comédies comme Seinfeld (Jerry Seinfeld et Larry David) .
Siritz : Donc Éric et vous vouliez reproduire le système américain ?
Alex Berger : Oui, mais en tenant compte des particularités françaises. C’est à dire du droit d’auteur et non du copyright américain, du droit du travail qui est plus restrictif chez nous, notamment en ce qui concerne la durée du travail. Quant au travail en pool, on a commencé à y penser avec notre projet sur les oligarques russes, pour Canal. Et puis, plus tard, quand Eric a eu l’idée du « Bureau des légendes », il n’était pas question pour nous de faire autre chose qu’une saison par an, dans la même exigence, en mettant en place que nous devions adapter, en l’inventant pour la France et en faisant la pédagogie auprès de nos partenaires, Canal+ et Fédération Entertainment (la société de Pascal Breton, en charge de la distribution). Puis il a fallu faire la pédagogie de l’ensemble des équipes pour bien comprendre l’aspect timing très intense, afin que, quand nous commencions le da production d’une saison, nous étions déjà dans le développement de la saison suivante. Donc il a fallu véritablement s’organiser en amont.
Siritz : Depuis le lancement de la première saison les choses ont évolué ?
Alex Berger : Surtout le marché est devenu de plus en plus compétitif. En 2013 il n’y avait pas Netflix. Depuis les choses sont différentes. Il y a beaucoup plus de volume de séries, plus de diffuseurs et de plateformes. Il a fallu faire émerger notre marque.
Siritz : Ca veut dire quoi « marque » dans ce domaine ?
Alex Berger : C’est une marque à engagement émotionnel, où les spectateurs investissent des heures de leur vie, en l’occurrence 10 heures par an pour Le Bureau des Légendes, pour suivre des personnages, entrer dans un univers. Il fallait s’imposer dans un univers avec beaucoup plus de choix. Il fallait être surs et certains que nous ne séparions pas la création et l’idée du processus industriel mais surtout il fallait traduire l’ADN des écrits de bout en bout du processus et jusqu’à la fin, le marketing. On doit être vigilant et cohérent jusqu’au dernier metre, au dernier instant pour ne pas fausser la relation avec le spectateur, de ne pas le décevoir car c’est une relation fragile et de maintenir l’envie de revenir doit se gérer en amont aussi.
Siritz : Cela suppose un changement total de conception du producteur et des équipes, mais est-ce que ça ne suppose pas un changement total de la part de la chaîne ? Comment commencer le développement d’une nouvelle saison en même temps que le début de la production de la précédente alors que les chaînes françaises attendent de voir si la série a marché pour commander la suivante.
Alex Berger: Ca été comme pour tout ce qui concerne « Le bureau des légendes », il a fallu faire de la pédagogie. Mais surtout il faut trouver les bons partenaires, le bon studio en l’occurrence FedEnt pour prendre le risque, jouer gagnant et pas forcément que prudent. Et convaincre Canal+ de s’engager à prendre le risque du développement.
Siritz : Par ailleurs, les chaînes françaises payent 800 000 € ou au plus 1 million€ l’épisode. Or votre série coûte beaucoup plus chère.
Alexc Berger: La première année il a fallu faire avec. Notre partenaire Federation Entertainment, qui, en tant que studio, a investi plus d’un million € dans le développement. Sur les 15 millions € que coûtait la saison 1, Canal+ s’est engagé sur 10 millions €. C’est notre partenaire Fédération Entertainment qui, en tant que distributeur est de nouveau intervenu.
Siritz : En pariant sur les ventes internationales ?
Alex Berger : Oui.
Siritz : Quelle a été la première chaîne étrangère qui a acheté la série ?
Alex Berger : La VRT, la chaîne flamande publique. Mais les ventes se font après la première saison. Les chaînes veulent être certaines que la série va revenir pour plusieurs saisons, les étrangers veulent pouvoir l’installer.
Siritz : Et ensuite ?
Alex Berger : Deux pays ont été véritablement déclencheurs de toutes les ventes internationales : les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Aux Etats-Unis c’est un nouvel acheteur qui l’a emporté initialement, Apple. Au Royaume-Uni c’est Amazon. Aujourd’hui c’est Sundance dans ces deux pays.
Siritz : Et en tout vous avez eu combien de pays acheteurs ?
Alex Berger : D’après FedEnt et StudioCanal, près de 100.
Siritz : Outre sa qualité et sa périodicité, ce qui est remarquable avec « Le bureau des légendes » c’est que c’est un des grands réalisateurs du cinéma français, Eric Rochant, qui s’y est lancé. Il y a encore quelques années, en France, la fiction était considérée comme un art mineur, comparativement au cinéma, art majeur.
Alex Berger : Oui, cela a changé, cette forme narrative qui donne plus de temps à installer les personnages et les histoires attire les meilleurs. Depuis au moins une vingtaine d’années sont apparus les séries américaines que je citais, elles ont changé le paradigme, les séries relèvent d’un art majeur.
Siritz : Pour une série aussi ambitieuse le studio de tournage est essentiel ?
Alex Berger : Oui, à la fois pour y installer des décors récurrents, mais pour avoir une unité de travail : écriture, tournage, montage, production, PMDC (promo-marketing-digital et communication). Nous sommes installés à la Cité du cinéma qui nous convient très bien. Mais en 2013, il a fallu expliquer et négocier ce nouveau processus.
Siritz : Mais en 2023 la Cité du cinéma sera le siège des JO.
Alex Berger : Je sais. Mais il y a d’autres studios.
Siritz : De toutes façons, en France comme ailleurs, le nombre de séries produites va fortement augmenter. Il va y avoir une bataille attirer pour les talents, à commencer à celle entre le cinéma et les séries, puis entre les séries de toutes ces plates-formes.
Alex Berger : C’est le plus important. Signer des normes et des règles par tous les acteurs de notre industrie. Il faut ensuite enseigner ces règles dans les écoles, développer la formation. Implémenter des règles et normes pour tous : Français et étrangers commerçant sur notre marché. Il faut contribuer au CNC, adhérer à ses règles et à la SACD. De manière transparente. C’est en train de se faire avec des normes, adaptées à notre droit d’auteur, notre droit du travail à notre exception culturelle. On en discute et je participe à ces discussions car elles sont très importantes. C’est maintenant car aujourd’hui deux systèmes s’affrontent entre les normes US et Européennes.
* Alex Berger, né aux Etats-Unis, est un producteur, concepteur, consultant et entrepreneur dans le domaine des médias. Au cours de sa vie professionnelle, il a créé ou participé à de nombreux programmes (Rapido, Burger Quiz ), inventé le portail multi-accès (Vizzavi), fondé ou accéléré la croissance de plusieurs entreprises (NBdC,Chez Wam, Canal+), et a occupé de nombreux postes à responsabilité, notamment aux côtés de Pierre Lescure chez Canal + ou encore comme patron de CanalNumédia ou VivendiNet (Groupe Vivendi-Universal), et dernièrement en tant que co-fondateur de TOP – The Oligarchs Productions.
Notre bataille d’Angleterre
ÉditorialTout le cinéma et l’audiovisuel doivent faire face à un véritable cataclysme
La semaine dernière nous pouvions consacrer le premier numéro de Siritz à l’extraordinaire potentiel de développement du cinéma et de l’audiovisuel, notamment en France. Cette semaine nous sommes obligés de prendre en compte le renversement complet de situation, du moins à court terme, mais pour un court terme dont personne ne connaît le terme.
L’épidémie de Coronavirius bouleverse le fonctionnement de la société, comme de l’économie nationale et mondiale. Le cinéma et l’audiovisuel sont particulièrement concernés. Les salles de spectacle, et, notamment les salles de cinéma, sont les premières touchées. En Italie, où le développement du virus a une dizaine de jours d’avance sur la France, toutes les salles ont dû fermer. En France, alors que la fréquentation depuis le début de l’année s’était effondrée par rapport à celle des années précédentes, principalement du fait d’une offre beaucoup moins attractive, elles ont dû brusquement fermé à partir de dimanche. Le gouvernement s’est engagé à prendre en charge le chômage technique du personnel. Mais les loyers et les divers frais généraux ?
Pour les distributeurs de films qui viennent de sortir ou qui sont sortis ces dernières semaines, c’est un désastre comme le montre notre analyse dans Cinescoop sur le désastre financier pour trois films français sortis mercredi derniers. Les producteurs de ces films ne toucheront pas de supplément sur les recettes salles et leur fonds de soutien automatique sera amputé. Pour les films qui devraient sortir le 18 ou 25, lorsqu’ils sortiront, les distributeurs devront repayer tout ou partie de leurs frais d’édition. Et il ne seront pas certains que les comédiens seront disponibles pour la promotion.
Comme le montrent nos baromètres, la distribution est un secteur fragile. La majorité des films ne couvrent pas l’investissement du distributeur. Leur profit ne repose que sur le succès d’une poignée de films. Si les frais d’édition de ces films à succès potentiel augmentent, leur rentabilité va diminuer. Et si leur sortie est reportée, les distributeurs vont avoir du mal à financer les pertes des films précédents.
La production, y compris celle de l’audiovisuel, est tout aussi touchée,. En effet, à ce jour, les assurances ne couvrent pas les risques d’épidémies. Il faudra que les assureurs et les pouvoirs publics imaginent et mettent en place au plus vite une réponse à cette lacune. Mais l’impact du virus sur le fonctionnement de notre société aura inévitablement des conséquences. Ainsi, le tournage du prochain film de François Ozon a dû être suspendu, par ce qu’il se passait en partie dans un hôpital. Ce genre d’impossibilité touchera sans doute de nombreux tournages, y compris audiovisuels. Ainsi, hier, dès 14h15, Michel Gomez, le responsable de la Mission cinéma de la ville de Paris, envoyait un mail à toutes les associations de techniciens :
« IMPORTANT, Bonjour, Suite au passage au stade 3 l’ensemble des TOURNAGES en cours et à venir sont SUSPENDUS jusqu’à nouvel ordre.Nous restons avec Arnaud et l’équipe de Parisfilm à votre disposition en particulier lorsqu’il faudra dans plusieurs semaines remettre en route l’activité et la planifier avec doigté.Bien à vous Michel Gomez Mission Cinéma »
L’audiovisuel, bien que ses spectateurs peuvent le consommer à domicile, est déjà touché. Le Mip-tv, le plus important marché du monde, qui devait avoir lieu à Cannes à la fin du mois, n’aura pas lieu. Cela aura un impact sur les ventes de programmes et donc sur les recettes des distributeurs et des producteurs. Il en sera de même de Série Mania, qui devait avoir lieu à Lille d’ici la fin du mois.
Bien entendu, tout le monde s’interroge sur le principal marché du monde, le Festival de Cannes, qui devait avoir lieu en mai à Cannes, comme chaque année. Là encore il est probable qu’il doive être annulé.
Les chaînes de télévision vont devoir bouleverser leur programmation : plus de public dans certaines émissions et certaines émissions en direct, tout particulièrement de grandes émissions de variétés, devront sans doute être reportées, voire annulées. Tout comme le tournage de séries et de feuilletons, pour les mêmes raisons que pour les films de cinéma. Les chaînes vont puiser dans leurs stocks et multiplier leurs rediffusions. Comme les français resteront confinés chez eux, l’audience ne va pas forcément être affectée. Puisque les salles de cinéma seront fermées elles pourraient demander une dérogation pour augmenter leur diffusion de films, notamment les jours interdits. Mais les grands vainqueurs seront Netflix et Amazon Prime.
En fait, on n’a aucune idée de l’évolution de l’épidémie. Le fait qu’elle touche désormais des pays chauds de l’hémisphère sud laisse craindre qu’elle ne disparaitra pas avec la monté des températures.
Toutes les entreprises du secteur, comme de l’économie française, sont en crise.
Nos génération ont eu la chance de ne pas connaitre la guerre. Or, nous sommes confrontés à une véritable guerre. Et il nous faudra improviser une résistance comme ont dû et su le faire les britanniques en 1940.
Adieu à Jacques Dercourt
La semaine dernière a eu lieu la cérémonie d’adieu à Jacques Dercourt. Ce producteur de nombreux films de télévision était très aimé et admiré comme le prouvait la très grande assistance. Jacques était aussi un véritable patriarche d’une large famille réunissant trois générations. Au cours de son homélie le curé a parlé de l’action de Jacques en faveur des SDF, ce que, moi qui connaissait Jacques depuis les années 80, ne savait pas et alors que je me consacrais à la même action.