Il faut que les salles puissent couvrir leurs frais de fonctionnement et que les distributeurs les approvisionnent en films. Il y a une solution.
Le cinéma fait partie, comme une grande partie des activités culturelles, et bien entendu de la restauration et du tourisme, de tous les secteurs qui sont ã l’arrêt total. Et, pour l’instant, du côté du gouvernement, du ministre de la culture au Président de la République, même si ce dernier a évoqué un plan, il n’y a pas le plus petit commencement de perspective.
Tous les secteurs du cinéma sont frappés. Mais l’enjeu principal est la réouverture des salles. Quelle que soit la date où elle aura lieu celles-ci devront respecter des mesures de protection sanitaires qui vont augmenter leurs coûts et rėduire leur fréquentation potentielle. Dans certains cas les recettes ne permettront pas de couvrir les frais de fonctionnement, tandis que les frais fixes continueront ã courir.
Mais l’enjeu majeur concerne le public : voudra-y-il prendre le risque de s’enfermer au cinéma tant que le Covid 19 rode et frappe ? Dans ce cas, sauf, peut-être – et encore- pour les films qui venaient de dėmarrer lors de la fermeture des salles, les distributeurs préféreront attendre que la fréquentation revienne à la normale avant de sortir leur film. Mais sans une offre attractive de films, les salles ne pourront rouvrir. Et tant que les salles n’auront pas ouvert, les distributeurs n’ayant aucune idée de l’attitude du public, repousseront la sortie de leur film.
C’est donc un cercle vicieux qu’il faut casser. Et ce, en prenant des mesures exceptionnelles comme le gouvernement n’a cessé d’en prendre pour limiter les conséquences économiques du confinement. Pour y parvenir, il faut baisser considérablement le point mort des exploitants et des distributeurs dans les premières semaines de la rėouverture.
Augmenter fortement le soutien automatique
Cela suppose d’augmenter fortement la recette par entrée, en augmentant fortement le taux de soutien automatique le premier mois de la réouverture des salles. Ce bonus pourrait être ėnorme la première semaine, puis diminuer jusqu’ã la quatrième.
A titre d’exemple si le soutien double le prix moyen de la place qui est de 6,7 € et que, la première semaine, il n’y a que 1 millions d’entrées, soit le quart des entrées en juillet août, l’aide aux exploitants serait de 6,7 millions €. En juillet cela correspondrait pour les exploitants aux recettes de 2 millions d’entrées par semaine contre 3,5 millions habituellement. Si le taux de soutien diminuait de 25% par semaine cela reviendrait à environ 18 à 20 millions sur le mois. L’augmentation du soutien à la distribution pourrait appliquer le même principe et coûter globalement 7 millions €. Soit un total de 25 à 27 millions €Certes, les blockbusters américains ne bénéficieraient nullement de ces mesures. Mais une réouverture des salles dès la mi-juillet leur permettrait de programmer des lancements en août.
L’enjeu est considérable, non seulement pour la reprise d’une vie sociale en France mais aussi pour tout le secteur culturel. Si les cinémas ré-ouvrent les théâtres, puis les autres activités culturelles pourront à leur tour envisager les modalités de leur réouverture.
Une taxe de solidarité sur les grandes plates-formes de S-Vod
Bien entendu le CNC n’a pas la moindre réserve pour financer ces montants et l’Etat devra lui attribuer une dotation exceptionnelle. Mais les fonds nécessaires pourraient provenir en partie, voir en totalité, d’une autre source : une taxe de solidarité sur les plates-formes internationales de S-Vod, comme je l’avais suggéré dans deux précédents éditoriaux*.
Car, désormais, il est clair que le confinement est pour elles un véritable effet d’aubaine. Netflix a annoncé que ses abonnés avaient progressé deux fois plus vite que prėvu au 1er trimestre. Cela confirmerait que le confinement les a fait progresser de 30 % depuis le confinement français et mondial. De même les 50 millions d’abonnés conquis en 6 mois par Disney + confirment cette analyse et les résultats d’Amazon prime doivent être ã la même aune.
Une taxe de 5% sur le chiffre d’affaires de ces plates-formes pendant 3 à 4 mois pourrait financer la presque totalité du bonus calculé plus haut.
En effet, rien que sur Netflix une taxe de 5%, représentant 21% % d’un effet d’aubaine de 30% d’abonnés en plus, rapporterait environ 4,5 millions € par mois. Sur les trois plates-formes cela pourrait représenter 5 à 6 millions € par mois et financer, en 3 où 4 mois presque la totalité du bonus du fonds de soutien. En outre, les plates-formes pourraient bien préférer que cette taxe soit en fait une contribution volontaire au redémarrage du cinéma, ce qui serait pour elles une formidable promotion de leur image de marque.
Et si, par chance, la fréquentation est supérieure au prévision l’Etat devrait garantir de prendre en charge le supplément de fonds de soutien.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-27 08:00:002020-04-26 12:42:57Pour faire redémarrer les salles de cinéma
Cette décision s’impose. Car l’originalité et le principal intérêt de ce blog est son approche toute nouvelle du cinéma, reposant sur les données financières concernant les films français qui sortent et ceux qui sont en exploitation.
Certes, les interviews de la rubrique le Carrefour et l’Editorial offrent des outils d’analyse pertinents de l’ensemble du secteur du cinéma mais aussi de l’ensemble de l’audiovisuel. Néanmoins Siritz ne peut exister sans ses Baromètres et CineScoop.
Cette suspension est d’autant plus regrettable que, dès le premier numéro, selon Google analytics, l’audience du blog a dépassé nos espérances et que le numéro de la semaine dernière avait atteint des records.
Les données très fines de Google analytics sur ce qui intéresse nos lecteurs, principalement des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, nous ont permis de concevoir un renforcement de l’intérêt des Baromères et de CineScoop quand nos recommencerons à paraître. Ainsi, les Baromètres vont suivre semaine par semaine, la rentabilité de la distribution des films français qui démarrent, celle de tous les films français en exploitation et les performances de leur production. Ainsi que, à un rythme mensuel, les rémunérations des réalisateurs, des compositeurs des musiques de film et des principaux interprètes.
Souhaitons à tous les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel reprenne au plus vite et dans les meilleurs conditions.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-20 08:00:002020-04-19 10:03:36Suspension de la diffusion du blog Siritz jusqu’à la réouverture des salles de cinéma
Le prix de vente est confidentiel, mais on peut faire des hypothèses
Nicolas Duval (Quad), le producteur du film « Forte », qui devait sortir en salle le mercredi 18 mars, a fait le choix de ne pas le sortir en salle et de le vendre pour une sortie directe en S-Vod sur Amazon Prime qui le sortira mondialement sur sa plate-forme le mercredi 15 avril. Ce film, comme « Petit pays », qui devait sortir le même jour, avait fait toute sa promotion médiatique et publicitaire et ne pouvaient espérer sortir avant longtemps. Sans savoir d’ailleurs, si, une fois les salles autorisées à ouvrir, le public n’allait pas hésiter à aller s’enfermer au cinéma. Et avec l’obligation de faire une nouvelle campagne de promotion, ce qui élèverait le point mort de la distribution.
Selon Cinéfinances.info* le film a un budget de 3,6 millions €. Canal+ l’avait préacheté pour 627 000 €, Multithématique pour 130 000 € et Canal + International 3 000 €. France 2 avait investi 300 000 € en coproduction et autant en préachat. TMC l’avait préacheté 130 000 €. Enfin le producteur belge a investi 50 000 €. Il semble probable que le prix de vente a permis de rembourser ces investissements, ce qui représente 1 610 000 €.
TF1 DA, en tant que distributeur avait donné un minimum garanti de 550 000 € auxquels se sont ajoutés les frais d’édition. Le prix de vente a sans doute permis de rembourser une partie sinon la totalité de cet investissement. En outre UGC devait assurer la distribution physique pour le compte de TF1 DA, avec une commission certes réduite, mais une assurance de gain sans risque.
Il y a deux autres sources de financement : 425 000 € d’aide de la région île de France qu’il n’y a sans doute pas à rembourser car ce type d’aide est également prévue pour la diffusion sur une internet. Et 50 000 € de placement de produit, apportés par l’agence Hill Valley, qui ne réclamera sans doute pas de remboursement, compte tenu de la très forte diffusion d’Amazon prime.
Reste l’investissement en numéraire de Quad qui est de 561 000 €, et qui ne peut être compensé par aucun crédit d’impôt, ainsi que 100 000 € de part coproducteur de TF1 DA. Quad avait mis la totalité de son salaire et de ses frais généraux en participation. L’investissement des producteurs a éventuellement pu être réduit si les 10% d’imprévus n’on pas été totalement utilisés.
Mais, si le choix de la sortie en salle avait été choisi, Quad n’aurait pas à renoncer à son crédit d’impôt qui aurait couvert une grande partie de son apport en numéraire et, en tout état de cause, aurait touché du soutien financier. Alors que TF1 DA aurait beaucoup plus à perdre, car il faudrait amortir un minimum garanti et des frais d’édition presque doublés.
Bien entendu, le prix de vente de cette opération est soumis à une totale confidentialité. Mais on peut imaginer qu’il couvre certainement les 1 610 000 € des partenaires et sans doute aussi les 550 000 € de minimum garanti de TF1, ce qui revient à 2 160 000 €.
La question est de savoir s’il couvre aussi les frais d’édition de TF1 et l’investissement producteur de Quad et de TF1 DA ? Cela donnerait un prix se situant entre 3 et 3,5 millions €, ce qui peut paraitre très élevé. Mais Quad et TF1 DA ont les moyens de ne pas brader un film en attente de jours meilleurs. Et les plates-formes sont capables d’acheter les droits mondiaux de séries de 52 minutes 2 millions l’épisode, voir plus. Donc, ces prix ne sont pas impossibles. Surtout que, comme expliqué dans notre éditorial, il y a peut-être la possibilité pour Amazon Prime de négocier avec TF1, et peut-être aussi avec France télévisions, des tarifs de publicité exceptionnellement bas. Il sera donc intéressant de surveiller comment Amazon va promouvoir cette offre.
*Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/04/forte.png620434Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:03:002020-04-26 14:00:00Vente de « Forte » à Amazon Prime : analyse des données financières
Katia Lewkowicz, la réalisatrice de « Forte », qui vient d’être vendu pour une sortie directe et mondiale sur Amazon Prime (voir article ci-contre) est une actrice et réalisatrice franco-israélienne. « Forte » est son troisième long métrage. Cette comédie, produite par Quad est interprétée par Melha Bedia et Valérie Mercier. La réalisatrice en a écrit le scénario avec Mehla Bedia et Frédéric Hazan.
Le premier film réalisé par Katia Lewkowicz est « Pourquoi tu pleures ? », au budget de 3,2 millions €, produit par Panorama films et distribué par La Pacte en 2011. Il avait réalisé167 000 entrées. La rémunération de la réalisatrice était de 117 000 €.
Son second film est « Tiens-toi droite », produit par Rectangle production (Edouard Weil) pour un budget de 4,45 millions €. Distribué par Wild Bunch en 2014, il avait réalisé 40 000 entrées.
Sur « Forte », la rémunération de la réalisatrice est de 90 000 €. Elle est représentée par l’agence Urba.
A noter que la SACD n’a pas encore signé d’accord avec Amazon Prime, comme elle en a signé avec Netflix, pour la rémunération à la diffusion des auteurs. En effet, le calcul de cette rémunération pose un problème d’assiette, car Amazon Prime n’est pas qu’une plate-forme de S-Vod et offre bien d’autres services.
Mais juridiquement, par accord ou action en justice, Amazon Prime sera obligée de rémunérer Katia Lewkowicz. Et, pour une diffusion mondiale, cette rémunération sera sans doute conséquente.
Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info. www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/04/katia-lewkowicz.png496362Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:02:002020-04-12 10:56:4790 000 € de rémunération pour la réalisatrice de « Forte »
« Monsieur Deligny, vagabond efficace», le documentaire de Richard Copans sur les enfants autistes, devait sortir en salles le 18 mars. Thomas Ordonneau (gérant du distributeur Shellac films) et Michel Klein ( Les films Hatari, le producteur du film) ont décidé de le sortir en VOD le 25 Mars, en « inversant la chronologie des media » pour le sortir en salle quand ça sera possible mais avec l’appréhension d’une avalanche de films nouveaux.
Décision prématurée avec une approbation non écrite du CNC. Mais celle-ci a été confirmée par la suite et qui était vitale. En effet, selon Cinéfinances.info*, le film a un budget de 560 000 €. Grâce à l’accord du CNC il n’aura pas à rembourser l’avance sur recettes de 170 000 €, les 20 000 de soutien producteur investis en préparation, les 30 000 € de la Sofica Cinéventure et les aides à la distribution de SHELLAC ».
En revanche il ne pourra toucher de crédit d’impôt cinéma, ce soutien ne dépendant pas du CNC mais du ministère des finances.
*Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info. www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/04/monsieur-deligny.png406294Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:02:002020-04-12 09:32:42« Monsieur Deligny » sort directement en Vod mais conserve ses aides cinéma
Comme le CNC en avait créé la possibilité 43 films ont demandé et obtenu une dérogation pour sortir en Vod avant la date prévue par la chronologie des médias. 23 étaient des films français.
Parmi ceux-ci 13 étaient encore à l’affiche, mais avec un nombre d’entrées limité. Seuls « Un divan à Tunis », distribué par Diaphana, « Lucky » distribué par Apollo films et « La fille au bracelet », distribué par Le Pacte semblaient pouvoir poursuivre une exploitation. Ils avaient d’ailleurs ave plus de copies en circulation que lors de leur lancement. Au contraire, Papi sitter, distribué par Gaumont avait vu sa fréquentation s’effondrer dès la deuxième semaine et n’aurait sans doute pas eu de troisième d’exploitation.
Voici, pour ces films, un tableau présentant les données concernant ces films. Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info*.
Films français encore en exploitation ayant obtenu l’autorisation du CNC sortir en Vod sans suivre la chronologie des médias
Parmi les films étrangers, seul « The Gentlemen », distribué par SND, avec plus de 7 000 entrées en 4 jours avait encore une carrière en salle devant lui.
10 autres films français avaient terminé leur exploitation.
Mais il est probable que d’autres films, sortis plus récemment que ceux qui ont demandé une dérogation, et même que certains qui réalisaient encore des entrées relativement élevées à la suspension de leur exploitation, demandent à leur tour une dérogation.
Les informations financières de cet article sont données par Cinéfinances.info. www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:00:002020-04-26 14:03:09Dérogations vidéo : seuls 3 films français avaient encore une carrière en salle devant eux
Le fondateur, dirigeant et actionnaire à 50% de cette chaîne thématique européenne ayant une diffusion mondiale en présente la singularité et analyse aussi l’impact qu’aura la période de confinement mondial sur la télévision
Siritz : Quel est plus précisément le positionnement de Luxe.TV ?
Jean Stock : C’est celui de l’art de vivre. La chaîne est diffusée en anglais et en français, dans 120 pays. Elle touche 320 millions de spectateurs.
Siritz : Quel est son modèle économique ?
Jean Stock : Il est double. D’une part un financement par les opérateurs qui diffusent la chaîne et qui la revende dans des bouquets avec d’autres chaînes. D’autre part la publicité, au besoin par décrochage, en utilisant la technique de décrochage des Networks aux Etats-Unis , où , sur un marché donné, on introduit des publicités spécifiques à ce marché. Nos principaux annonceurs au niveau mondial sont dans le secteur des voyages. La chaîne dispose des droits mondiaux pour ses programmes. Donc elle peut aller partout, sans limitation de durée ni du nombre de diffusions.
Siritz : Est-ce que les différents opérateurs payent à peu près le même prix ?
Jean Stock : Ils payent un prix adapté à la capacité de financement de leurs abonnés. Mais la fourchette de prix est relativement resserrée. Il y a différents types de contrats : il y en a à l’abonné, d’autres à l’abonné avec minimum garanti et des contrats au forfait. Cela dépend des pratiques commerciales sur chaque territoire. En moyenne un opérateur acquiert la chaîne pour 5 000 € par mois.
Siritz : Quel est le profil des spectateurs ?
Jean Stock : C’est l’opposé du profil des téléspectateurs habituels de la télévision. Nous sommes surconsommés par les jeunes, et notamment les étudiants qui regardent la chaîne pour rêver, principalement de 23 heures à 2 heures du matin. Et nous sommes regardés par les gens aisés, qui sous-consomment la télévision comme les jeunes. Ces CSP+ apprécient LUXE.TV le week-end, le matin.
LUXE Today du lundi au jeudi, LUXE This week, le web-end qui commence vendredi matin
Siritz : Comment est structurée la grille de programmes ?
Jean Stock : Du lundi au jeudi la chaîne se positionne comme une chaîne d’information relative à l’art de vivre et au luxe et, ensuite, pendant le week-end, elle rediffuse sa programmation de semaine sous le titre LUXE.ThisWeek alors qu’en semaine c’est sous le titre LUXE.Today. Le bloc en semaine, du lundi au jeudi, est constitué de programmes d’une heure, adaptés à l’actualité de l’art de vivre ; le bloc du week-end est sur un format de 8 heures. Notre week-end commence dès le vendredi matin, du fait des congés dans le monde arabe et des horaires asiatiques où la chaîne est très bien consommée. En semaine la grille est construite en 24 formats d’une heure, donc on épouse tous les fuseaux horaires.
Siritz : Il y a 12 thèmes ?
Jean Stock : Du lundi au vendredi ils sont activés en fonction de l’actualité dans l’offre d’une heure rotative et pendant le week-end les sujets sont regroupés par thèmes.
Siritz : C’est quoi votre actualité ?
Jean Stock : Selon les semaines, nous donnons la priorités aux défilés dfe mode, aux sorties des nouveaux modèles d’automobiles à l’occasion des salons, aux nouvelles montres … A chaque fois, nous produisons un sujet qui est traité sur le plan éditorial.
Siritz : Est-ce que certains programmes sont cofinancés par l’activité ou le fabriquant dont on parle ?
Jean Stock : La règle européenne impose la séparation entre l’éditorial et la publicité. Donc les séquences relatives à l’art de vivre et au luxe sont des séquences sans préfinancement des marques. Par contre, nous faisons des coproductions avec les marques quand elles souhaitent utiliser nos images. Depuis deux ans nos images sont toutes aux normes 4 K. La chaîne utilise ces images pour réaliser un produit éditorial dont elle a le « Final Cut ».
Pour fabriquer les programmes nous avons des partenaires dans le monde entier
Siritz : Qui fabrique les programmes ?
Jean Stock : Nous avons des partenaires dans le monde entier. Par exemple, Gaël Caron, le reporter d’images de France 2 qui a été confiné 77 jours à Wuhan alors qu’il venait d’arriver avec son collègue journaliste dans la première ville chinoise touchée par le coronavirus, quand il ne travaille pas pour France 2, tourne, depuis 15 ans, des programmes pour LUXE.TV. Nous avons ainsi des sociétés de production qui travaillent pour nous aux Etats-Unis, au Luxembourg, à Paris, sur la Côte d’Azur, à Rome, à Milan et en Asie.
Siritz Qui décide des sujets ?
Jean Stock : Les choix sont toujours faits en fonction de l’actualité définie par nous. Pour les illustrations nous utilisons les propositions des agences, comme l’Agence Paris-mode pour tous les défilés de mode, ou de l’Agence France-Presse pour les salons automobiles, etc… Les sujets courts viennent assez souvent des agences, ils ont une durée de vie courte et ne peuvent être diffusés que pendant une semaine. Les sujets plus longs sont produits par la chaîne et rentrent dans notre bibliothèque, pour laquelle nous avons tous les droits, sans limitation de durée, de territoires et du nombre de diffusions.
L’application LUXE.TV Player propose une version spécifique de nos programmes pour l’iPhone, l’iPad et l’Apple TV
Siritz : Quelle est la durée des programmes de semaine ?
Jean Stock : 2 fois 24 minutes. On produit une heure originale par jour. De cette façon, avec une programmation par ordinateur, on arrive à cumuler les audiences des 24 fuseaux horaires.
Siritz : Est-ce que je peux regarder la chaîne directement sur mon ordinateur ?
Jean Stock : Il y a un « Best of » des meilleurs sujets de LUXE.TV sur notre site WEB. De plus, l’application « LUXE.TV Player » propose, une version spécifique de nos programmes pour pour l’ iPhone, l’ iPad, et l’Apple TV. Nous proposons 10 sujets par jour et cette forme de consommation non linéaire est complémentaire de la consommation linéaire 24×7. Est est gratuite dans le contexte du Coronavirius.
Siritz : Comment fonctionnez-vous en période de confinement ?
Jean Stock : On a fait évoluer notre grille éditoriale, nous souhaitons opposer le présent dramatique au passé récent du même lieu, tout en proposant aux confinés de s’évader par l’image. Exemple, la place d’Espagne à Rome. La comparaison est spectaculaire. Et on peut s’appuyer sur 15 ans de nos archives.
Jean Stock : Votre audience a dû augmenter pendant le confinement.
Jean Stock : Oui. Fortement. Donc de nombreux nouveaux téléspectateurs découvrent notre chaîne.
Siritz : J’imagine que, comme pour toutes les chaînes, votre audience a augmenté mais pas vos annonceurs.
Jean Stock : En effet, mais nous devons à nos spectateurs et aux opérateurs qui nous relayent, une programmation originale, diversifiée géographiquement et riche en images de qualité.
Siritz : Où est fabriquée la chaîne ?
Jean Stock : Depuis sa création il y a 15 ans, au Luxembourg. Nous appliquons la législation européenne et pouvons citer les marques.
Siritz : Quel est le budget de la chaîne ?
Jean Stock : De l’ordre de 2 millions € par an et, en régime de croisière hors période de coronavirus, elle est légèrement bénéficiaire.
Siritz : D’après-vous est-ce que le confinement aura un impact à long terme sur la consommation de télévision ?
Jean Stock : Tout d’abord, les téléspectateurs confinés multiplient la consommation non linéaire, par ailleurs ils « zappent » beaucoup, et, donc, découvrent des chaînes qu’ils ne connaissaient pas ou n’avaient pas l’habitude de regarder. Il y donc aussi un développement du linéaire. Mais au lendemain de la pandémie, les chaînes thématiques vont avoir de plus en plus de mal à s‘amortir sur un seul territoire. Donc il faut s’attendre à une mondialisation des chaînes thématiques, peut-être à travers des consolidations. Pour ce faire nous avons un peu d’avance puisque depuis nos débuts nous avons fait le choix d’avoir un positionnement mondial, afin d’être diffusés partout, sans limitation de droits.
Nous allons rajouter une 13 ème rubrique « La santé est un luxe »
Siriz : Le luxe est un thème très fort.
Jean Stock : Et il est renforcé par la situation actuelle parce qu’il apparaît que la santé est un luxe. Nous allons d’ailleurs ajouter, dès la fin du confinement, ce treizième thème à notre grille. Il s’appellera « La santé est un luxe ». On donnera aux gens des informations sur les développement récents en terme de santé mais aussi sur les destinations les moins polluéees.
Siritz : Le luxe est une secteur porteur car dès que les gens accèdent à la classe moyenne supérieure, ou tout simplement à la classe moyenne, ils veulent s’affirmer en consommant du luxe.
Jean Stock : Tout à fait. Cela explique pourquoi nous avons une forte demande de nos images en Chine et depuis peu en Inde. Les nouvelles classes moyennes de ces pays, avant même d’acheter veulent rêver ; c’est d’abord le cas des jeunes adultes. En fait, ce positionnement auquel nous avons pensé il y a 15 ans s’applique plus que jamais au présent et au futur proche. Mon expérience de président de TV5 monde et de secrétaire générale de l’Union européenne de radio télévision m’a été précieuse. A l’époque, je me suis demandé quel est le format de télévision thématique pourrait circuler dans le monde entier, sans contrainte, en correspondant à une attente forte. Je n’ai trouvé que deux formats : le sport où tout avait été fait et où les prix étaient très élevés, et l’art de vivre associé au luxe où pratiquement rien n’avait été fait.
Siritz : Quelle est l’équipe de LUXE.TV?
Jean Stock : 8 personnes localisées à Luxembourg dans le cadre de RTL City qui est notre opérateur technique pour mettre en oeuvre la diffusion de la chaîne. La directrice générale des programmes Marie-Hélène Crochet, travaille avec deux rédacteurs, trois éditeurs/monteurs et deux personnes en charge de la mise en forme de l’offre des programmes sur les différents réseaux.
*Jean Stock
*Jean Stock a effectué la première partie de sa carrière comme journaliste au sein du groupe RTL radio, puis RTL télévision De 984 à 1987 il a conduit le développement de RTL Télévision en Belgique francophone et en France, en qualité de directeur des programmes et de l’information.
Il a contribué à la création de M6 en tant que directeur général adjoint chargé des programmes et de l’information de 1987 à 1989. Il est aussi le créateur du journal télévisé de la chaîne qui dès l’automne 1987 est devenu le 6 Minutes, puis le Six , un journal tout en images d’une durée moyenne de 8 minutes.De 1989 à 1994 comme directeur délégué pour l’ensemble des activités télévisuelles du Groupe RTL, il a notamment participé au lancement de RTL4 aux Pays-Bas et au développement de RTL Télévision en Allemagne. En 1994 il a créé à Los Angeles la filiale américaine du groupe RTL qu’il a présidée jusqu’en 1996.
Il a assumé ensuite, de 1997 à 1998, les fonctions de directeur de l’audiovisuel du groupe Havas. De 1998 à 2001 il est de PDG de TV5 Monde et de Canal France International De 2001 à 2004 il a été secrétaire général de l’UER, l’Union européenne de radio-télévision.
Il a participé en 2006 il a participé à la création de la chaîne Luxe.TV, une des premières chaînes HD en Europe, au Moyen-Orient et en Asie.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/04/jean-stock.png380290Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:00:002020-04-12 09:29:39Jean Stock* « LUXE-TV est une chaîne sur-consommée par les jeunes »
Canal+ a diffusé le samedi 11 avril, « Chamboultout » réalisé par Eric Lavaine, avec Alexandra Lamy, Joël Garcia et Michaël Youn. IDistribué par Gaumont, il était sorti le 3 avril 2019 et avait réalisé 715 000 entrées.
Selon le site Cinéfinances.info*, le film, a un budget initial de 9,3 millions €. Il est produit par Same player (Vincent Roget et Gala Vara Eiritz).
Canal + l’a préacheté 1 262 000 € et Multithématiques 261 000 €. TF1 l’a acheté 1,8 millions € pour 2 passages et TMC 300 000 € pour 2 passages. TF1 est également coproducteur pour 600 000 €, Gaumont étant coproducteur et distributeur avec tous mandats pour 2,1 millions €.
Le rémunération de Gaumont est de :
100% des RNPP salles, vidéo, vod et étranger jusqu’à récupération de son apport global
60% des RNPP tv jusqu’à récupération de TF1 film productions de son apport
80% après récupération par TF1 Film production de son apport
Après récupération par Gaumont de son apport global et par TF1 films production de son apport la rémunération de Gaumont est de :
30% des RNPP salle, vod, video, étranger
40% des RNPP tv
50% du soutien financier après franchise au profit du producteur délégué
*Les chiffres financiers de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/04/chamboultout.png1000732Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:00:002020-04-12 09:33:52Le groupe Canal+ a préacheté Chamboultout pour plus de 1,5 millions €
Certains distributeurs et producteurs ont décidé de sortir directement en VoD ou en S-Vod
Face à la fermeture des salles de cinéma pour une durée indéterminée les distributeurs, grâce aux possibilités ouvertes par le CNC, ont rėagi avec promptitude. La semaine dernière ils ont immédiatement demandé 43 dėrogations ã ce dernier pour sortir en VoD sans respecter la chronologies des médias.C’était un choix logique puisque puisque la plupart étaient en fin de carrière ou l’avait terminé (voir Cinescoop)
Certes, la VoD est un tout petit marché, même s’il semble que le confinement l’ait fait progresser de près de 90%. Il était en effet tombé à nettement moins de 200 millions € de chiffre d’affaires en 2019. En outre il se concentre sur la location dont le tarif public TTC est de 4 ou 5 €. A comparer à un chiffre d’affaires de plus de 1, 3 milliard € des salles de cinéma et un prix moyen public de 6,7 €. Surtout, comme le montrent les baromètres de Siritz, le soutien financier à la distribution en salle est essentiel à l’équilibre de la distribution. Mais pour les distributeurs qui ont fait ce choix, ce sera tout de même une recette additionnelle, sans investissement.
En tout cas, à cette occasion, comme l’a montré la table ronde numérique organisée par Le Film français et Comscore, il est intéressant de voir que la VoD est, pour certains exploitants art et essai, un complėment de la sortie en salle et un outil relationnel avec leur public fidèle. Ainsi, Shellac a dėcidė de sortir le documentaire de Richard Copans, « Monsieur Deligny, vagabond solitaire » (voir Cinescoop), sur les autistes, immédiatement en VoD, puis de dėbuter une exploitation en salle quand les cinémas rouvriront. Mais c’est un film à exploitation longue, avec des séances uniques, suivies d’un dėbat et les exploitants art et essai ne s’estiment pas gênés par la diffusion en VoD.
« Forte », un film commercial directement sur Amazon Prime
Le grand évènement est le choix de Quad (Nicolas Duval), et de son partenaire coproducteur et distributeur TF1 DA, de ne pas sortir en salle «Forte », la comėdie réalisée par Katia Lewkowicz, (voir Cinescoop) qui devait sortir le 18 mars et dont le distributeur, TF1 DA, avait donc dépensé tous ses frais d’édition. Grande première, pour un film commercial, il sortira donc directement en S-vod sur Amazon Prime. Quad est un des plus grands producteurs français, habitué aux succès avec des comédies de qualité (intouchable, Le sens de la fėte, Hors norme, etc…). Il s’est récemment lancé dans les séries avec le spectaculaire et palpitant « Bazar de la charité », diffusé avec grand succès sur TF1, mais vendu pour le reste du monde à Netflix. Cette vente ėtait une innovation majeure puisque, ã la différence des autres sėries françaises vendues ã Netflix, la série a ėtė diffusée en France sur une chaīne en clair et pas sur Netflix. Preuve que la plate-forme estime qu’il plaira dans le monde entier.
Dans le cas de Forte la vente à Amazon Prime peut-être un pis aller puisque la sortie en salle, sans doute dans plusieurs mois, aurait nécessité une nouvelle campagne de promotion rendant très problématique l’amortissement du film pour TF1 DA. Mais rien ne dit qu’elle n’a pas permis à Quad et TF1 DA de transformer une perte probable en un bénéfice, même léger (voir Cinescoop).
Il sera intéressant de voir si Amazon fera la publicité de cette offre, notamment sur TF1, à des tarifs sans doute très réduits du fait de la disparition des annonceurs, et même préférentiels puisque c’est une recette qui, pour TF1 compense en partie son minimum garanti et ses frais d’édition. Pour la plate-forme ce serait une occasion de gagner de nouveaux abonnés en annonçant sur le premier média d’Europe. Etpour les producteurs un argument pour obtenir un bon prix.
Vers d’autres films porteurs en S-VoD ?
Certains films sont dans une situation intermédiaire mais tout aussi dramatique : c’est le cas de « De Gaulle », distribué par SND, et de « La bonne épouse », distribué par Memento Films, qui avaient bien démarré et qui étaient promis à des très bons résultats en salle. Mais nul ne sait quand la réouverture des salles aura lieu et si le public ne craindra pas de s’y enfermer. En outre, cette reprise nécessitera une nouvelle promotion. Il est donc possible que ces deux distributeurs, qui ont les droits S-Vod, discutent avec Netflix et Amazon Prime d’une sortie immédiate sur leur plate-forme.
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svg00Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-13 08:00:002020-04-12 10:34:13La fermeture des salles bouleverse la chronologie des médias
Mardi 31 mars Canal+ a diffusé son dernier film sans respecter la chronologie des médias. Il s’agit de « Rebelles, le 13 mars on enlève le haut », réalisé par Allan Mauduit et interprété par Cécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy. Produit par Albertine productions (Mathieu Tarot et Arnaud Jalbert) sont budget est de 4,5 millions €. Sorti le 13 mars 2019, il avait réalisé 925 000 entrées.
Canal+ avait préacheté le premier passage, en crypté, pour 787 000 €, puis Multithématique pour 126 000 €. Canal+ Afrique avait pré-acheté pour 3 000 €. France 3 était co-producteur pour 350 000 € et avait pré-acheté la première fenêtre claire pour le même montant.
Le distributeur était Le Pacte, avec un minimum garanti de 900 000 € et les mandats salle, vidéo et international.
Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
6 avril 2020
https://siritz.com/wp-content/uploads/2020/03/capture-dcran-2020-03-31-16-35-14.png1284940Serge Siritzkyhttps://siritz.com/wp-content/uploads/2020/02/LOGO_SIRITZ_NB.svgSerge Siritzky2020-04-06 08:02:002020-04-04 08:18:06C’est encore en clair que Canal+ a diffusé « Rebelles »
Pour faire redémarrer les salles de cinéma
ÉditorialIl faut que les salles puissent couvrir leurs frais de fonctionnement et que les distributeurs les approvisionnent en films. Il y a une solution.
Le cinéma fait partie, comme une grande partie des activités culturelles, et bien entendu de la restauration et du tourisme, de tous les secteurs qui sont ã l’arrêt total. Et, pour l’instant, du côté du gouvernement, du ministre de la culture au Président de la République, même si ce dernier a évoqué un plan, il n’y a pas le plus petit commencement de perspective.
Tous les secteurs du cinéma sont frappés. Mais l’enjeu principal est la réouverture des salles. Quelle que soit la date où elle aura lieu celles-ci devront respecter des mesures de protection sanitaires qui vont augmenter leurs coûts et rėduire leur fréquentation potentielle. Dans certains cas les recettes ne permettront pas de couvrir les frais de fonctionnement, tandis que les frais fixes continueront ã courir.
Mais l’enjeu majeur concerne le public : voudra-y-il prendre le risque de s’enfermer au cinéma tant que le Covid 19 rode et frappe ? Dans ce cas, sauf, peut-être – et encore- pour les films qui venaient de dėmarrer lors de la fermeture des salles, les distributeurs préféreront attendre que la fréquentation revienne à la normale avant de sortir leur film. Mais sans une offre attractive de films, les salles ne pourront rouvrir. Et tant que les salles n’auront pas ouvert, les distributeurs n’ayant aucune idée de l’attitude du public, repousseront la sortie de leur film.
C’est donc un cercle vicieux qu’il faut casser. Et ce, en prenant des mesures exceptionnelles comme le gouvernement n’a cessé d’en prendre pour limiter les conséquences économiques du confinement. Pour y parvenir, il faut baisser considérablement le point mort des exploitants et des distributeurs dans les premières semaines de la rėouverture.
Augmenter fortement le soutien automatique
Cela suppose d’augmenter fortement la recette par entrée, en augmentant fortement le taux de soutien automatique le premier mois de la réouverture des salles. Ce bonus pourrait être ėnorme la première semaine, puis diminuer jusqu’ã la quatrième.
A titre d’exemple si le soutien double le prix moyen de la place qui est de 6,7 € et que, la première semaine, il n’y a que 1 millions d’entrées, soit le quart des entrées en juillet août, l’aide aux exploitants serait de 6,7 millions €. En juillet cela correspondrait pour les exploitants aux recettes de 2 millions d’entrées par semaine contre 3,5 millions habituellement. Si le taux de soutien diminuait de 25% par semaine cela reviendrait à environ 18 à 20 millions sur le mois. L’augmentation du soutien à la distribution pourrait appliquer le même principe et coûter globalement 7 millions €. Soit un total de 25 à 27 millions €Certes, les blockbusters américains ne bénéficieraient nullement de ces mesures. Mais une réouverture des salles dès la mi-juillet leur permettrait de programmer des lancements en août.
L’enjeu est considérable, non seulement pour la reprise d’une vie sociale en France mais aussi pour tout le secteur culturel. Si les cinémas ré-ouvrent les théâtres, puis les autres activités culturelles pourront à leur tour envisager les modalités de leur réouverture.
Une taxe de solidarité sur les grandes plates-formes de S-Vod
Bien entendu le CNC n’a pas la moindre réserve pour financer ces montants et l’Etat devra lui attribuer une dotation exceptionnelle. Mais les fonds nécessaires pourraient provenir en partie, voir en totalité, d’une autre source : une taxe de solidarité sur les plates-formes internationales de S-Vod, comme je l’avais suggéré dans deux précédents éditoriaux*.
Car, désormais, il est clair que le confinement est pour elles un véritable effet d’aubaine. Netflix a annoncé que ses abonnés avaient progressé deux fois plus vite que prėvu au 1er trimestre. Cela confirmerait que le confinement les a fait progresser de 30 % depuis le confinement français et mondial. De même les 50 millions d’abonnés conquis en 6 mois par Disney + confirment cette analyse et les résultats d’Amazon prime doivent être ã la même aune.
Une taxe de 5% sur le chiffre d’affaires de ces plates-formes pendant 3 à 4 mois pourrait financer la presque totalité du bonus calculé plus haut.
En effet, rien que sur Netflix une taxe de 5%, représentant 21% % d’un effet d’aubaine de 30% d’abonnés en plus, rapporterait environ 4,5 millions € par mois. Sur les trois plates-formes cela pourrait représenter 5 à 6 millions € par mois et financer, en 3 où 4 mois presque la totalité du bonus du fonds de soutien. En outre, les plates-formes pourraient bien préférer que cette taxe soit en fait une contribution volontaire au redémarrage du cinéma, ce qui serait pour elles une formidable promotion de leur image de marque.
Et si, par chance, la fréquentation est supérieure au prévision l’Etat devrait garantir de prendre en charge le supplément de fonds de soutien.
Suspension de la diffusion du blog Siritz jusqu’à la réouverture des salles de cinéma
ÉditorialCette décision s’impose. Car l’originalité et le principal intérêt de ce blog est son approche toute nouvelle du cinéma, reposant sur les données financières concernant les films français qui sortent et ceux qui sont en exploitation.
Certes, les interviews de la rubrique le Carrefour et l’Editorial offrent des outils d’analyse pertinents de l’ensemble du secteur du cinéma mais aussi de l’ensemble de l’audiovisuel. Néanmoins Siritz ne peut exister sans ses Baromètres et CineScoop.
Cette suspension est d’autant plus regrettable que, dès le premier numéro, selon Google analytics, l’audience du blog a dépassé nos espérances et que le numéro de la semaine dernière avait atteint des records.
Les données très fines de Google analytics sur ce qui intéresse nos lecteurs, principalement des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, nous ont permis de concevoir un renforcement de l’intérêt des Baromères et de CineScoop quand nos recommencerons à paraître. Ainsi, les Baromètres vont suivre semaine par semaine, la rentabilité de la distribution des films français qui démarrent, celle de tous les films français en exploitation et les performances de leur production. Ainsi que, à un rythme mensuel, les rémunérations des réalisateurs, des compositeurs des musiques de film et des principaux interprètes.
Souhaitons à tous les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel reprenne au plus vite et dans les meilleurs conditions.
Vente de « Forte » à Amazon Prime : analyse des données financières
CinéscoopLe prix de vente est confidentiel, mais on peut faire des hypothèses
Nicolas Duval (Quad), le producteur du film « Forte », qui devait sortir en salle le mercredi 18 mars, a fait le choix de ne pas le sortir en salle et de le vendre pour une sortie directe en S-Vod sur Amazon Prime qui le sortira mondialement sur sa plate-forme le mercredi 15 avril. Ce film, comme « Petit pays », qui devait sortir le même jour, avait fait toute sa promotion médiatique et publicitaire et ne pouvaient espérer sortir avant longtemps. Sans savoir d’ailleurs, si, une fois les salles autorisées à ouvrir, le public n’allait pas hésiter à aller s’enfermer au cinéma. Et avec l’obligation de faire une nouvelle campagne de promotion, ce qui élèverait le point mort de la distribution.
Selon Cinéfinances.info* le film a un budget de 3,6 millions €. Canal+ l’avait préacheté pour 627 000 €, Multithématique pour 130 000 € et Canal + International 3 000 €. France 2 avait investi 300 000 € en coproduction et autant en préachat. TMC l’avait préacheté 130 000 €. Enfin le producteur belge a investi 50 000 €. Il semble probable que le prix de vente a permis de rembourser ces investissements, ce qui représente 1 610 000 €.
TF1 DA, en tant que distributeur avait donné un minimum garanti de 550 000 € auxquels se sont ajoutés les frais d’édition. Le prix de vente a sans doute permis de rembourser une partie sinon la totalité de cet investissement. En outre UGC devait assurer la distribution physique pour le compte de TF1 DA, avec une commission certes réduite, mais une assurance de gain sans risque.
Il y a deux autres sources de financement : 425 000 € d’aide de la région île de France qu’il n’y a sans doute pas à rembourser car ce type d’aide est également prévue pour la diffusion sur une internet. Et 50 000 € de placement de produit, apportés par l’agence Hill Valley, qui ne réclamera sans doute pas de remboursement, compte tenu de la très forte diffusion d’Amazon prime.
Reste l’investissement en numéraire de Quad qui est de 561 000 €, et qui ne peut être compensé par aucun crédit d’impôt, ainsi que 100 000 € de part coproducteur de TF1 DA. Quad avait mis la totalité de son salaire et de ses frais généraux en participation. L’investissement des producteurs a éventuellement pu être réduit si les 10% d’imprévus n’on pas été totalement utilisés.
Mais, si le choix de la sortie en salle avait été choisi, Quad n’aurait pas à renoncer à son crédit d’impôt qui aurait couvert une grande partie de son apport en numéraire et, en tout état de cause, aurait touché du soutien financier. Alors que TF1 DA aurait beaucoup plus à perdre, car il faudrait amortir un minimum garanti et des frais d’édition presque doublés.
Bien entendu, le prix de vente de cette opération est soumis à une totale confidentialité. Mais on peut imaginer qu’il couvre certainement les 1 610 000 € des partenaires et sans doute aussi les 550 000 € de minimum garanti de TF1, ce qui revient à 2 160 000 €.
La question est de savoir s’il couvre aussi les frais d’édition de TF1 et l’investissement producteur de Quad et de TF1 DA ? Cela donnerait un prix se situant entre 3 et 3,5 millions €, ce qui peut paraitre très élevé. Mais Quad et TF1 DA ont les moyens de ne pas brader un film en attente de jours meilleurs. Et les plates-formes sont capables d’acheter les droits mondiaux de séries de 52 minutes 2 millions l’épisode, voir plus. Donc, ces prix ne sont pas impossibles. Surtout que, comme expliqué dans notre éditorial, il y a peut-être la possibilité pour Amazon Prime de négocier avec TF1, et peut-être aussi avec France télévisions, des tarifs de publicité exceptionnellement bas. Il sera donc intéressant de surveiller comment Amazon va promouvoir cette offre.
*Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
90 000 € de rémunération pour la réalisatrice de « Forte »
CinéscoopKatia Lewkowicz, la réalisatrice de « Forte », qui vient d’être vendu pour une sortie directe et mondiale sur Amazon Prime (voir article ci-contre) est une actrice et réalisatrice franco-israélienne. « Forte » est son troisième long métrage. Cette comédie, produite par Quad est interprétée par Melha Bedia et Valérie Mercier. La réalisatrice en a écrit le scénario avec Mehla Bedia et Frédéric Hazan.
Le premier film réalisé par Katia Lewkowicz est « Pourquoi tu pleures ? », au budget de 3,2 millions €, produit par Panorama films et distribué par La Pacte en 2011. Il avait réalisé167 000 entrées. La rémunération de la réalisatrice était de 117 000 €.
Son second film est « Tiens-toi droite », produit par Rectangle production (Edouard Weil) pour un budget de 4,45 millions €. Distribué par Wild Bunch en 2014, il avait réalisé 40 000 entrées.
Sur « Forte », la rémunération de la réalisatrice est de 90 000 €. Elle est représentée par l’agence Urba.
A noter que la SACD n’a pas encore signé d’accord avec Amazon Prime, comme elle en a signé avec Netflix, pour la rémunération à la diffusion des auteurs. En effet, le calcul de cette rémunération pose un problème d’assiette, car Amazon Prime n’est pas qu’une plate-forme de S-Vod et offre bien d’autres services.
Mais juridiquement, par accord ou action en justice, Amazon Prime sera obligée de rémunérer Katia Lewkowicz. Et, pour une diffusion mondiale, cette rémunération sera sans doute conséquente.
Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info. www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
« Monsieur Deligny » sort directement en Vod mais conserve ses aides cinéma
Cinéscoop« Monsieur Deligny, vagabond efficace», le documentaire de Richard Copans sur les enfants autistes, devait sortir en salles le 18 mars. Thomas Ordonneau (gérant du distributeur Shellac films) et Michel Klein ( Les films Hatari, le producteur du film) ont décidé de le sortir en VOD le 25 Mars, en « inversant la chronologie des media » pour le sortir en salle quand ça sera possible mais avec l’appréhension d’une avalanche de films nouveaux.
Décision prématurée avec une approbation non écrite du CNC. Mais celle-ci a été confirmée par la suite et qui était vitale. En effet, selon Cinéfinances.info*, le film a un budget de 560 000 €. Grâce à l’accord du CNC il n’aura pas à rembourser l’avance sur recettes de 170 000 €, les 20 000 de soutien producteur investis en préparation, les 30 000 € de la Sofica Cinéventure et les aides à la distribution de SHELLAC ».
En revanche il ne pourra toucher de crédit d’impôt cinéma, ce soutien ne dépendant pas du CNC mais du ministère des finances.
*Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info. www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
Dérogations vidéo : seuls 3 films français avaient encore une carrière en salle devant eux
BaromètresComme le CNC en avait créé la possibilité 43 films ont demandé et obtenu une dérogation pour sortir en Vod avant la date prévue par la chronologie des médias. 23 étaient des films français.
Parmi ceux-ci 13 étaient encore à l’affiche, mais avec un nombre d’entrées limité. Seuls « Un divan à Tunis », distribué par Diaphana, « Lucky » distribué par Apollo films et « La fille au bracelet », distribué par Le Pacte semblaient pouvoir poursuivre une exploitation. Ils avaient d’ailleurs ave plus de copies en circulation que lors de leur lancement. Au contraire, Papi sitter, distribué par Gaumont avait vu sa fréquentation s’effondrer dès la deuxième semaine et n’aurait sans doute pas eu de troisième d’exploitation.
Voici, pour ces films, un tableau présentant les données concernant ces films. Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info*.
Parmi les films étrangers, seul « The Gentlemen », distribué par SND, avec plus de 7 000 entrées en 4 jours avait encore une carrière en salle devant lui.
10 autres films français avaient terminé leur exploitation.
Mais il est probable que d’autres films, sortis plus récemment que ceux qui ont demandé une dérogation, et même que certains qui réalisaient encore des entrées relativement élevées à la suspension de leur exploitation, demandent à leur tour une dérogation.
Les informations financières de cet article sont données par Cinéfinances.info. www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
Jean Stock* « LUXE-TV est une chaîne sur-consommée par les jeunes »
Le CarrefourLe fondateur, dirigeant et actionnaire à 50% de cette chaîne thématique européenne ayant une diffusion mondiale en présente la singularité et analyse aussi l’impact qu’aura la période de confinement mondial sur la télévision
Siritz : Quel est plus précisément le positionnement de Luxe.TV ?
Jean Stock : C’est celui de l’art de vivre. La chaîne est diffusée en anglais et en français, dans 120 pays. Elle touche 320 millions de spectateurs.
Siritz : Quel est son modèle économique ?
Jean Stock : Il est double. D’une part un financement par les opérateurs qui diffusent la chaîne et qui la revende dans des bouquets avec d’autres chaînes. D’autre part la publicité, au besoin par décrochage, en utilisant la technique de décrochage des Networks aux Etats-Unis , où , sur un marché donné, on introduit des publicités spécifiques à ce marché. Nos principaux annonceurs au niveau mondial sont dans le secteur des voyages. La chaîne dispose des droits mondiaux pour ses programmes. Donc elle peut aller partout, sans limitation de durée ni du nombre de diffusions.
Siritz : Est-ce que les différents opérateurs payent à peu près le même prix ?
Jean Stock : Ils payent un prix adapté à la capacité de financement de leurs abonnés. Mais la fourchette de prix est relativement resserrée. Il y a différents types de contrats : il y en a à l’abonné, d’autres à l’abonné avec minimum garanti et des contrats au forfait. Cela dépend des pratiques commerciales sur chaque territoire. En moyenne un opérateur acquiert la chaîne pour 5 000 € par mois.
Siritz : Quel est le profil des spectateurs ?
Jean Stock : C’est l’opposé du profil des téléspectateurs habituels de la télévision. Nous sommes surconsommés par les jeunes, et notamment les étudiants qui regardent la chaîne pour rêver, principalement de 23 heures à 2 heures du matin. Et nous sommes regardés par les gens aisés, qui sous-consomment la télévision comme les jeunes. Ces CSP+ apprécient LUXE.TV le week-end, le matin.
Siritz : Comment est structurée la grille de programmes ?
Jean Stock : Du lundi au jeudi la chaîne se positionne comme une chaîne d’information relative à l’art de vivre et au luxe et, ensuite, pendant le week-end, elle rediffuse sa programmation de semaine sous le titre LUXE.ThisWeek alors qu’en semaine c’est sous le titre LUXE.Today. Le bloc en semaine, du lundi au jeudi, est constitué de programmes d’une heure, adaptés à l’actualité de l’art de vivre ; le bloc du week-end est sur un format de 8 heures. Notre week-end commence dès le vendredi matin, du fait des congés dans le monde arabe et des horaires asiatiques où la chaîne est très bien consommée. En semaine la grille est construite en 24 formats d’une heure, donc on épouse tous les fuseaux horaires.
Siritz : Il y a 12 thèmes ?
Jean Stock : Du lundi au vendredi ils sont activés en fonction de l’actualité dans l’offre d’une heure rotative et pendant le week-end les sujets sont regroupés par thèmes.
Siritz : C’est quoi votre actualité ?
Jean Stock : Selon les semaines, nous donnons la priorités aux défilés dfe mode, aux sorties des nouveaux modèles d’automobiles à l’occasion des salons, aux nouvelles montres … A chaque fois, nous produisons un sujet qui est traité sur le plan éditorial.
Siritz : Est-ce que certains programmes sont cofinancés par l’activité ou le fabriquant dont on parle ?
Jean Stock : La règle européenne impose la séparation entre l’éditorial et la publicité. Donc les séquences relatives à l’art de vivre et au luxe sont des séquences sans préfinancement des marques. Par contre, nous faisons des coproductions avec les marques quand elles souhaitent utiliser nos images. Depuis deux ans nos images sont toutes aux normes 4 K. La chaîne utilise ces images pour réaliser un produit éditorial dont elle a le « Final Cut ».
Siritz : Qui fabrique les programmes ?
Jean Stock : Nous avons des partenaires dans le monde entier. Par exemple, Gaël Caron, le reporter d’images de France 2 qui a été confiné 77 jours à Wuhan alors qu’il venait d’arriver avec son collègue journaliste dans la première ville chinoise touchée par le coronavirus, quand il ne travaille pas pour France 2, tourne, depuis 15 ans, des programmes pour LUXE.TV. Nous avons ainsi des sociétés de production qui travaillent pour nous aux Etats-Unis, au Luxembourg, à Paris, sur la Côte d’Azur, à Rome, à Milan et en Asie.
Siritz Qui décide des sujets ?
Jean Stock : Les choix sont toujours faits en fonction de l’actualité définie par nous. Pour les illustrations nous utilisons les propositions des agences, comme l’Agence Paris-mode pour tous les défilés de mode, ou de l’Agence France-Presse pour les salons automobiles, etc… Les sujets courts viennent assez souvent des agences, ils ont une durée de vie courte et ne peuvent être diffusés que pendant une semaine. Les sujets plus longs sont produits par la chaîne et rentrent dans notre bibliothèque, pour laquelle nous avons tous les droits, sans limitation de durée, de territoires et du nombre de diffusions.
Siritz : Quelle est la durée des programmes de semaine ?
Jean Stock : 2 fois 24 minutes. On produit une heure originale par jour. De cette façon, avec une programmation par ordinateur, on arrive à cumuler les audiences des 24 fuseaux horaires.
Siritz : Est-ce que je peux regarder la chaîne directement sur mon ordinateur ?
Jean Stock : Il y a un « Best of » des meilleurs sujets de LUXE.TV sur notre site WEB. De plus, l’application « LUXE.TV Player » propose, une version spécifique de nos programmes pour pour l’ iPhone, l’ iPad, et l’Apple TV. Nous proposons 10 sujets par jour et cette forme de consommation non linéaire est complémentaire de la consommation linéaire 24×7. Est est gratuite dans le contexte du Coronavirius.
https://apps.apple.com/fr/app/luxe-tv-player/id599577691
Siritz : Comment fonctionnez-vous en période de confinement ?
Jean Stock : On a fait évoluer notre grille éditoriale, nous souhaitons opposer le présent dramatique au passé récent du même lieu, tout en proposant aux confinés de s’évader par l’image. Exemple, la place d’Espagne à Rome. La comparaison est spectaculaire. Et on peut s’appuyer sur 15 ans de nos archives.
Jean Stock : Votre audience a dû augmenter pendant le confinement.
Jean Stock : Oui. Fortement. Donc de nombreux nouveaux téléspectateurs découvrent notre chaîne.
Siritz : J’imagine que, comme pour toutes les chaînes, votre audience a augmenté mais pas vos annonceurs.
Jean Stock : En effet, mais nous devons à nos spectateurs et aux opérateurs qui nous relayent, une programmation originale, diversifiée géographiquement et riche en images de qualité.
Siritz : Où est fabriquée la chaîne ?
Jean Stock : Depuis sa création il y a 15 ans, au Luxembourg. Nous appliquons la législation européenne et pouvons citer les marques.
Siritz : Quel est le budget de la chaîne ?
Jean Stock : De l’ordre de 2 millions € par an et, en régime de croisière hors période de coronavirus, elle est légèrement bénéficiaire.
Siritz : D’après-vous est-ce que le confinement aura un impact à long terme sur la consommation de télévision ?
Jean Stock : Tout d’abord, les téléspectateurs confinés multiplient la consommation non linéaire, par ailleurs ils « zappent » beaucoup, et, donc, découvrent des chaînes qu’ils ne connaissaient pas ou n’avaient pas l’habitude de regarder. Il y donc aussi un développement du linéaire. Mais au lendemain de la pandémie, les chaînes thématiques vont avoir de plus en plus de mal à s‘amortir sur un seul territoire. Donc il faut s’attendre à une mondialisation des chaînes thématiques, peut-être à travers des consolidations. Pour ce faire nous avons un peu d’avance puisque depuis nos débuts nous avons fait le choix d’avoir un positionnement mondial, afin d’être diffusés partout, sans limitation de droits.
Siriz : Le luxe est un thème très fort.
Jean Stock : Et il est renforcé par la situation actuelle parce qu’il apparaît que la santé est un luxe. Nous allons d’ailleurs ajouter, dès la fin du confinement, ce treizième thème à notre grille. Il s’appellera « La santé est un luxe ». On donnera aux gens des informations sur les développement récents en terme de santé mais aussi sur les destinations les moins polluéees.
Siritz : Le luxe est une secteur porteur car dès que les gens accèdent à la classe moyenne supérieure, ou tout simplement à la classe moyenne, ils veulent s’affirmer en consommant du luxe.
Jean Stock : Tout à fait. Cela explique pourquoi nous avons une forte demande de nos images en Chine et depuis peu en Inde. Les nouvelles classes moyennes de ces pays, avant même d’acheter veulent rêver ; c’est d’abord le cas des jeunes adultes. En fait, ce positionnement auquel nous avons pensé il y a 15 ans s’applique plus que jamais au présent et au futur proche. Mon expérience de président de TV5 monde et de secrétaire générale de l’Union européenne de radio télévision m’a été précieuse. A l’époque, je me suis demandé quel est le format de télévision thématique pourrait circuler dans le monde entier, sans contrainte, en correspondant à une attente forte. Je n’ai trouvé que deux formats : le sport où tout avait été fait et où les prix étaient très élevés, et l’art de vivre associé au luxe où pratiquement rien n’avait été fait.
Siritz : Quelle est l’équipe de LUXE.TV?
Jean Stock : 8 personnes localisées à Luxembourg dans le cadre de RTL City qui est notre opérateur technique pour mettre en oeuvre la diffusion de la chaîne. La directrice générale des programmes Marie-Hélène Crochet, travaille avec deux rédacteurs, trois éditeurs/monteurs et deux personnes en charge de la mise en forme de l’offre des programmes sur les différents réseaux.
*Jean Stock a effectué la première partie de sa carrière comme journaliste au sein du groupe RTL radio, puis RTL télévision De 984 à 1987 il a conduit le développement de RTL Télévision en Belgique francophone et en France, en qualité de directeur des programmes et de l’information.
Il a contribué à la création de M6 en tant que directeur général adjoint chargé des programmes et de l’information de 1987 à 1989. Il est aussi le créateur du journal télévisé de la chaîne qui dès l’automne 1987 est devenu le 6 Minutes, puis le Six , un journal tout en images d’une durée moyenne de 8 minutes.De 1989 à 1994 comme directeur délégué pour l’ensemble des activités télévisuelles du Groupe RTL, il a notamment participé au lancement de RTL4 aux Pays-Bas et au développement de RTL Télévision en Allemagne. En 1994 il a créé à Los Angeles la filiale américaine du groupe RTL qu’il a présidée jusqu’en 1996.
Il a assumé ensuite, de 1997 à 1998, les fonctions de directeur de l’audiovisuel du groupe Havas. De 1998 à 2001 il est de PDG de TV5 Monde et de Canal France International De 2001 à 2004 il a été secrétaire général de l’UER, l’Union européenne de radio-télévision.
Il a participé en 2006 il a participé à la création de la chaîne Luxe.TV, une des premières chaînes HD en Europe, au Moyen-Orient et en Asie.
Le groupe Canal+ a préacheté Chamboultout pour plus de 1,5 millions €
CinéscoopCanal+ a diffusé le samedi 11 avril, « Chamboultout » réalisé par Eric Lavaine, avec Alexandra Lamy, Joël Garcia et Michaël Youn. IDistribué par Gaumont, il était sorti le 3 avril 2019 et avait réalisé 715 000 entrées.
Selon le site Cinéfinances.info*, le film, a un budget initial de 9,3 millions €. Il est produit par Same player (Vincent Roget et Gala Vara Eiritz).
Canal + l’a préacheté 1 262 000 € et Multithématiques 261 000 €. TF1 l’a acheté 1,8 millions € pour 2 passages et TMC 300 000 € pour 2 passages. TF1 est également coproducteur pour 600 000 €, Gaumont étant coproducteur et distributeur avec tous mandats pour 2,1 millions €.
Le rémunération de Gaumont est de :
Après récupération par Gaumont de son apport global et par TF1 films production de son apport la rémunération de Gaumont est de :
30% des RNPP salle, vod, video, étranger
40% des RNPP tv
50% du soutien financier après franchise au profit du producteur délégué
*Les chiffres financiers de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
La fermeture des salles bouleverse la chronologie des médias
ÉditorialCertains distributeurs et producteurs ont décidé de sortir directement en VoD ou en S-Vod
Face à la fermeture des salles de cinéma pour une durée indéterminée les distributeurs, grâce aux possibilités ouvertes par le CNC, ont rėagi avec promptitude. La semaine dernière ils ont immédiatement demandé 43 dėrogations ã ce dernier pour sortir en VoD sans respecter la chronologies des médias.C’était un choix logique puisque puisque la plupart étaient en fin de carrière ou l’avait terminé (voir Cinescoop)
Certes, la VoD est un tout petit marché, même s’il semble que le confinement l’ait fait progresser de près de 90%. Il était en effet tombé à nettement moins de 200 millions € de chiffre d’affaires en 2019. En outre il se concentre sur la location dont le tarif public TTC est de 4 ou 5 €. A comparer à un chiffre d’affaires de plus de 1, 3 milliard € des salles de cinéma et un prix moyen public de 6,7 €. Surtout, comme le montrent les baromètres de Siritz, le soutien financier à la distribution en salle est essentiel à l’équilibre de la distribution. Mais pour les distributeurs qui ont fait ce choix, ce sera tout de même une recette additionnelle, sans investissement.
En tout cas, à cette occasion, comme l’a montré la table ronde numérique organisée par Le Film français et Comscore, il est intéressant de voir que la VoD est, pour certains exploitants art et essai, un complėment de la sortie en salle et un outil relationnel avec leur public fidèle. Ainsi, Shellac a dėcidė de sortir le documentaire de Richard Copans, « Monsieur Deligny, vagabond solitaire » (voir Cinescoop), sur les autistes, immédiatement en VoD, puis de dėbuter une exploitation en salle quand les cinémas rouvriront. Mais c’est un film à exploitation longue, avec des séances uniques, suivies d’un dėbat et les exploitants art et essai ne s’estiment pas gênés par la diffusion en VoD.
Le grand évènement est le choix de Quad (Nicolas Duval), et de son partenaire coproducteur et distributeur TF1 DA, de ne pas sortir en salle «Forte », la comėdie réalisée par Katia Lewkowicz, (voir Cinescoop) qui devait sortir le 18 mars et dont le distributeur, TF1 DA, avait donc dépensé tous ses frais d’édition. Grande première, pour un film commercial, il sortira donc directement en S-vod sur Amazon Prime. Quad est un des plus grands producteurs français, habitué aux succès avec des comédies de qualité (intouchable, Le sens de la fėte, Hors norme, etc…). Il s’est récemment lancé dans les séries avec le spectaculaire et palpitant « Bazar de la charité », diffusé avec grand succès sur TF1, mais vendu pour le reste du monde à Netflix. Cette vente ėtait une innovation majeure puisque, ã la différence des autres sėries françaises vendues ã Netflix, la série a ėtė diffusée en France sur une chaīne en clair et pas sur Netflix. Preuve que la plate-forme estime qu’il plaira dans le monde entier.
Dans le cas de Forte la vente à Amazon Prime peut-être un pis aller puisque la sortie en salle, sans doute dans plusieurs mois, aurait nécessité une nouvelle campagne de promotion rendant très problématique l’amortissement du film pour TF1 DA. Mais rien ne dit qu’elle n’a pas permis à Quad et TF1 DA de transformer une perte probable en un bénéfice, même léger (voir Cinescoop).
Il sera intéressant de voir si Amazon fera la publicité de cette offre, notamment sur TF1, à des tarifs sans doute très réduits du fait de la disparition des annonceurs, et même préférentiels puisque c’est une recette qui, pour TF1 compense en partie son minimum garanti et ses frais d’édition. Pour la plate-forme ce serait une occasion de gagner de nouveaux abonnés en annonçant sur le premier média d’Europe. Etpour les producteurs un argument pour obtenir un bon prix.
Certains films sont dans une situation intermédiaire mais tout aussi dramatique : c’est le cas de « De Gaulle », distribué par SND, et de « La bonne épouse », distribué par Memento Films, qui avaient bien démarré et qui étaient promis à des très bons résultats en salle. Mais nul ne sait quand la réouverture des salles aura lieu et si le public ne craindra pas de s’y enfermer. En outre, cette reprise nécessitera une nouvelle promotion. Il est donc possible que ces deux distributeurs, qui ont les droits S-Vod, discutent avec Netflix et Amazon Prime d’une sortie immédiate sur leur plate-forme.
C’est encore en clair que Canal+ a diffusé « Rebelles »
CinéscoopMardi 31 mars Canal+ a diffusé son dernier film sans respecter la chronologie des médias. Il s’agit de « Rebelles, le 13 mars on enlève le haut », réalisé par Allan Mauduit et interprété par Cécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy. Produit par Albertine productions (Mathieu Tarot et Arnaud Jalbert) sont budget est de 4,5 millions €. Sorti le 13 mars 2019, il avait réalisé 925 000 entrées.
Canal+ avait préacheté le premier passage, en crypté, pour 787 000 €, puis Multithématique pour 126 000 €. Canal+ Afrique avait pré-acheté pour 3 000 €. France 3 était co-producteur pour 350 000 € et avait pré-acheté la première fenêtre claire pour le même montant.
Le distributeur était Le Pacte, avec un minimum garanti de 900 000 € et les mandats salle, vidéo et international.
Les chiffres de cet article proviennent de Cinéfinances.info www.Cinefinances.info* est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.
6 avril 2020