Le cinéma en salle est, on le sait, un marché d’offre. Les performances du Printemps du cinéma (à 5 € la place) de cette année le rappellent : avec seulement 1,7 millions d’entrées en trois jours c’est le plus faible score depuis la création de la manifestation.
Depuis le début de l’année la fréquentation cumulée est à environ 15% de moins que celle de l’année dernière à la même époque qui, jusqu’au dernier trimestre, était partie pour dépasser les 200 millions d’entrées enregistrées 8 années sur 10 de 2010 à la Covid. Depuis 2010, si le nombre d’établissement était resté stable, celui du nombre d’écran avait progressé de 15%. Le passage au numérique avait réduit les coûts de distribution des films, et, après un investissement de départ, réduit les coûts de fonctionnement des salles. Le nombre de film distribués chaque année n’a cessé de se situer entre 700 et 800, dont entre 250 et 300 films français.
Après les années 2020 et 2021, fortement marquées par la crise de la Covid, l’exploitation a repris son cours normal en 2022. Mais elle a été marquée par le manque de films américains. Ceux-ci avant la Covid, représentaient en moyenne au moins 50% des entrées, les films français en moyenne 40%. Comme on le sait, alors que notre production n’a jamais cessé, la production américaine a été suspendue pendant l’épidémie. L’absence des blockbusters de Hollywood a fait chuter les entrées à 150 millions en 2022 et 180 en 2023. Mais l’année dernière, la suite de « Avatar » a rassemblé 14,2 millions de spectateurs, soit presqu’autant que le premier opus sorti en 2009. C’est dire qu’il y a toujours un public aussi nombreux pour se presser aux films évènements.
L’année record de ce siècle, et même depuis plus de 50 ans, était 2011 avec 217,2 millions de spectateurs. Or ce résultat était dû à deux blockbusters français : « Intouchables » (19,5 millions d’entrées) et « Rien à déclarer » (8,5 millions d’entrées). Les 209,1 millions d’entrées atteints en 2014 étaient dus aux 4 champions du box-office de l’année qui était tous des films français : « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » (12,4 millions d’entrées), « Une famille Bélier « (7,7 millions d’entrées), « Supercondriaque » (5,2 millions d’entrées) et « Lucy » (5,2 millions d’entrées). Quant aux 213 millions d’entrées de 2019, ils étaient dus à trois films américains qui se situaient entre 6,7 et 9,8 millions d’entrées, mais aussi à « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu » qui avait également rassemblé 6,7 millions de spectateur.
Depuis 2023 les films français ont retrouvé leur niveau global d’entrées d’avant la crise du Covid. Mais ce qui est frappant c’est qu’aucun d’entre eux n’a réussi à atteindre les 5 millions d’entrées. Le champion français de l’année, « Asterix et Obelix, l’empire du milieu » n’en étaient qu’à 4,6 millions d’entrées.
Les résultats du second « Dune » comme du « Godzilla versus King-Kong », qui sont bien meilleurs que ceux de leurs prédécesseurs, s’expliquent sans doute en grande partie par l’absence de véritable concurrence : ils réalisent leur score sans faire monter la fréquentation qui reste inférieure à celle de l’année dernière.
Cela signifie que le public français est dans l’attente d’une nouvelle génération de films évènements français qui vont largement dépasser le plafond actuel des 5 millions d’entrées, voir atteindre les 10, les 15 et même les 20 millions d’entrées. Le public attend. Par le passé des producteurs et des réalisateurs ont toujours trouvé le moyen de les satisfaire.
FAIRE RIRE DE DURES FAITS DE SOCIÉTÉ
ÉditorialPour être globalement rentable le cinéma en France, il a besoin de maintenir au-dessus de 200 millions d’entrées par an. Et, pour ce, comme on l’a vus, il a besoin de films événements qui rassemblent bien plus de 5 millions de spectateurs. https://siritz.com/editorial/a-quand-des-films-evenement-francais/ Hollywood semble en mesure de continuer à nous en fournir, même si les majors se rendent compte que les superhéros ont passé leur temps. Mais il n’y a plus eu des véritables films évènements français depuis 2018, c’est-à-dire il y a 6 ans. Et encore, il s’agissait de suites de gros succès innovants : « Les Tuche 3 » (5,7 millions d’entrées) et « La Ch’tite famille » (5,6 millions) où l’on retrouvait Dany Boon et les Ch’tis, en prolongement de « Bienvenue chez les cht’is », le colossal succès de 2008, avec 20,5 millions de spectateurs.
Or, ce qu’il faut noter, c’est que tous ces films événements français sont des comédies. A l’exception des films de Luc Besson qui, comme la plupart des blockbusters américains-à l’exception de chefs d’oeuvre d’animation et de « Barbie »- sont presque tous des films d’action.
En fait, avec toute l’anxiété que l’actualité génère, il est clair que ce constat est plus vrai que jamais : le public cherche avant tout à trouver des raisons de rire pour se détendre.
Mais pour largement dépasser les 5 millions d’entrées, voir les pulvériser, il faut réunir tous les publics. Non seulement un public âgé (50 ans et plus), qui procure en général près de 40% de nos entrées, mais toutes les catégories d’âge. Pour être un film événement une comédie doit évidemment être vraiment très drôle. Mais cela ne suffit pas. Si on analyse les grands succès passés, on constate qu’ils abordent tous des faits majeurs de notre société, ceux dont on parle au café avec ses amis, à dîner en famille, à la cafétéria des étudiants ou de l’entreprise et même dans la cour de l’école.
Prenons un exemple. En 2014 la fréquentation a dépassé les 209 millions d’entrées, un des trois plus forts scores du siècle. Les 4 premiers du box-office étaient des films français, ce qui était un événement marquant. Les 3 premiers étaient des comédies et le 4ème , « Lucy », un film de Luc Besson (5,2 millions d’entrées). Or les 3 comédies abordaient toutes des maux de notre société que l’on pourrait traiter sur le mode tragique. « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » a pulvérisé les 10 millions d’entrées en en atteignant 12,4. Il traite, évidemment avec humour, du racisme et des mariages mixtes. « La famille Bélier » atteint 7,7 millions d’entrées. Il tourne autour de l’incommunicabilité entre des individus sourds et des individus normaux. « Hypercondriaque » traite, avec humour, des effets de deux graves maladies : l’hypercondrie et la paranoïa. On pourrait faire le même constat des grandes comédies françaises à succès des années précédentes, de « Intouchables » à « Bien venue chez les Ch’tis ».
En somme les films événements français sont des comédies qui abordent de véritables faits de société, c’est à dire des défis sérieux et souvent pénibles auxquels est confrontée notre société, c’est à dire nous « collectivement ». Mais ces films trouvent un angle pour en faire rire, provoquant une sorte de catharsis. Par opposition aux comédies où les héros rentrent dans un engrenage de tuiles qui déclenchent le rire parce que l’on s’identifie individuellement à ceux qui les subissent, tel « Le Sens de la fête » et ses 3 millions d’entrées. Ces dernières peuvent être très drôles mais n’ont jamais le même succès. On trouvera peut-être des contre-exemples à ces constatations, mais pas pas ces dernières années.
COMÉDIE SUR UN COUPLE À BOUT DE SOUFFLE
CinéscoopFlorent Bernard https://fr.wikipedia.org/wiki/Florent_Bernard , qui est scénariste de films et de séries, réalise lui-même, avec la comédie « Nous les Leroy », son premier long métrage. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous,_les_Leroy
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Florent Bernard
Son budget prévisionnel est de 5,2 millions €, soit le budget moyen des films français de fiction sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/. Pour la préparation, 31 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 50 000 €, dont 24 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 26 000 € de salaire de technicien. C’est 70% de la rémunération médiane des réalisateurs de films sortis l’année dernière https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/.Florent Bernard a écrit le scénario pour 300 000 €, soit 50% de plus que le budget moyen des scénarios des films sortis en 2023. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 310 000 €, ce qui correspond, là encore, à 50% de plus que ce qu’ils ont reçu en moyenne en 2023. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est Nolita cinéma (Mathieu Ageron, Maxime Delauney et Romain Rousseau). Apollo Films, TF1 Studio et TF1 Films production sont coproducteurs. Le CNC et la Sacem ont fourni une aide à la musique originale et la région Bourgogne Franche-Comté son soutien. Deux soficas y ont investi. Des placements de produit ont procuré des recettes. Canal +, Ciné+, TF1, TMC et TV5 monde l’ont préacheté. Apollo Films et TF1 Studio ont donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
UN FILM DUR SUR LES VIOLENCES SEXUELLES
Cinéscoop“Quitter la nuit” https://fr.wikipedia.org/wiki/Quitter_la_nuit est un film dur sur les violences sexuelles. C’est le premier long métrage de la belge Delphine Girard, dont le court métrage, « Une sœur », sur le même thème avait été nommé pour Oscar du meilleur court-métrage en 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Delphine_Girard
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Delphine Girard
Il s’agit d’un film Belge (70%) en coproduction avec la France (15%) et le Canada (15%) pour un budget prévisionnel de 3,2 millions €, soit 90% du budget médian des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/ Pour la préparation, 35 jours de tournage en Belgique et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 80 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 10% de plus que la rémunération médiane des réalisateurs de films français sortis l’année dernière. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/
Elle a écrit le scénario pour 120 000 €, soit 20% de plus que le budget médian des scénarios des films français. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 87 000 €, soit 10% de plus que leur rémunération médiane. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué Belge est Versus Production (Jacques-Henri Bronckart). Il a bénéficié du Tax shelter ainsi que du soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles , du VAF, de Wallimage, du Screen Brussells Fund, d’Europe Creative Media et d’Eurimages
RTBF, Proximus, Be TV sont coproducteurs et l’ont pré-acheté. O’Brother a donné un minimum garanti pour le mandat de distribution en Belgique.
Le producteur français est Haut et Court qui a bénéficié du soutien d’Eurimages. Un Pool sofica a investi. Haut et court a donné un minimum garanti pour la distribution en salle.
Le producteur canadien est Colonelle Films (Fanny Drew, Sarah Mannering).Mel Studio est coproducteur.Le film a bénéficié du Tax Credit Federal et du Tax Credit Quebec. Il a bénéficié du soutien de la Sodec, de Téléfilm Canada et d’Eurimages. Entract a donné un minimum garanti pour la distribution.
Playtime a donné un minimum garanti pour le mandat de vente internationale.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
J0URNALISTE RENCONTRE UNE HUMANITAIRE ET UN AFGHAN
CinéscoopCette adaptation du roman de Marc Salbert « De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire » est la première réalisation de Julie Navarro, une directrice de casting passée à la réalisation. « Quelques jours pas plus » est une comédie romantique dans laquelle un journaliste rencontre une humanitaire et un Afghan. https://fr.wikipedia.org/wiki/Quelques_jours_pas_plus Sorti la semaine dernière, il avait rassemblé 21 000 spectateurs en 5 jours.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Julie Navarro
Son budget prévisionnel est de 2,1 millions €, soit 60% du budget prévisionnel médian des films de fictions français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/ Pour la préparation, 30 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 39 000 €, dont 14 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 25 000 € de salaire de technicien. Soit 55% de la rémunération médiane des réalisateurs. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/Les droits d’adaptation du roman ont été acquis 25 000 et le scénario, écrit par Marc Salbert pour 76 000 €. Le budget total du scénario est donc égal au budget médian des films français. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/. Les rôles principaux ont reçu 50 000 €, soit 60% de leur rémunération médiane. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est 31 juin Films (Agnès Vallée et Emmanuel Barraux). Bac Films (David Grumbach, Pictanovo (région Hauts-de-France) et Big Productions (Pierre Rambaldi et Raphaël Carassic) sont coproducteurs. Deux soficas y ont investi. Canal+ et Ciné+ l’ont préacheté.
Bac Films a donné un minimum garanti pour les mandats de distribution salle, vidéo, vod et s-vod. Charades a donné un minimum garanti pour le mandat de ventes à l’étranger.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
L’HISTOIRE D’UN FEMME À BARBE
CinéscoopCette histoire d’une femme à barbe au début du XXème siècle, « Rosalie », https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalie_(film,_2024) est le second film de Stéphanie di Giusto. https://fr.wikipedia.org/wiki/Stéphanie_Di_GiustoIl sort demain.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Stéphanie di Guisto
Son budget prévisionnel est de 6,6 millions € ce qui est 30% de plus que le budget prévisionnel moyen des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/
Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 53 000 €, dont 15 500 € d’à valoir sur droits d’auteur et 37 500 € de salaire de technicien, soit 75% de la rémunération médiane des réalisateurs. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/ Elle a écrit le scénario avec Sandrine Le Costumer pour 147 000 €, soit trois quarts du budget moyen des scénarios. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 250 000 €, ce qui revient à 20% de plus que leur rémunération moyenne. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est Trésor Films (Alain Attal). LDRP Laurent Dassault est coproducteur. 4 soficas garanties y ont investi. La région Bretagne lui a apporté une aide remboursable. Canal+ et Ciné+ l’ont préacheté. Gaumont a donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution.
Le premier film de Stéphanie di Giusto était « La danseuse » sorti le 29 septembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalie_(film,_2024) C’était déjà un film d’époque inspiré d’une histoire réelle.
Il s’agissait d’une coproduction entre la France (70%), la Belgique (20%) et la République Tchèque (10%) pour un budget prévisionnel de 8,5 millions €. Pour 46 jours de tournage la rémunération de la réalisatrice était de 100 000 €. Le producteur délégué était déjà Les Films du Trésor. Wild Bunch et Orange Studio étaient coproducteurs. Le film avait bénéficié de 620 000 € d’avance sur recettes. Wild Bunch était le distributeur. Le film avait rassemblé 226 000 spectateurs.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
À QUAND DES FILMS ÉVÉNEMENTS FRANÇAIS ?
ÉditorialLe cinéma en salle est, on le sait, un marché d’offre. Les performances du Printemps du cinéma (à 5 € la place) de cette année le rappellent : avec seulement 1,7 millions d’entrées en trois jours c’est le plus faible score depuis la création de la manifestation.
Depuis le début de l’année la fréquentation cumulée est à environ 15% de moins que celle de l’année dernière à la même époque qui, jusqu’au dernier trimestre, était partie pour dépasser les 200 millions d’entrées enregistrées 8 années sur 10 de 2010 à la Covid. Depuis 2010, si le nombre d’établissement était resté stable, celui du nombre d’écran avait progressé de 15%. Le passage au numérique avait réduit les coûts de distribution des films, et, après un investissement de départ, réduit les coûts de fonctionnement des salles. Le nombre de film distribués chaque année n’a cessé de se situer entre 700 et 800, dont entre 250 et 300 films français.
Après les années 2020 et 2021, fortement marquées par la crise de la Covid, l’exploitation a repris son cours normal en 2022. Mais elle a été marquée par le manque de films américains. Ceux-ci avant la Covid, représentaient en moyenne au moins 50% des entrées, les films français en moyenne 40%. Comme on le sait, alors que notre production n’a jamais cessé, la production américaine a été suspendue pendant l’épidémie. L’absence des blockbusters de Hollywood a fait chuter les entrées à 150 millions en 2022 et 180 en 2023. Mais l’année dernière, la suite de « Avatar » a rassemblé 14,2 millions de spectateurs, soit presqu’autant que le premier opus sorti en 2009. C’est dire qu’il y a toujours un public aussi nombreux pour se presser aux films évènements.
L’année record de ce siècle, et même depuis plus de 50 ans, était 2011 avec 217,2 millions de spectateurs. Or ce résultat était dû à deux blockbusters français : « Intouchables » (19,5 millions d’entrées) et « Rien à déclarer » (8,5 millions d’entrées). Les 209,1 millions d’entrées atteints en 2014 étaient dus aux 4 champions du box-office de l’année qui était tous des films français : « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » (12,4 millions d’entrées), « Une famille Bélier « (7,7 millions d’entrées), « Supercondriaque » (5,2 millions d’entrées) et « Lucy » (5,2 millions d’entrées). Quant aux 213 millions d’entrées de 2019, ils étaient dus à trois films américains qui se situaient entre 6,7 et 9,8 millions d’entrées, mais aussi à « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu » qui avait également rassemblé 6,7 millions de spectateur.
Depuis 2023 les films français ont retrouvé leur niveau global d’entrées d’avant la crise du Covid. Mais ce qui est frappant c’est qu’aucun d’entre eux n’a réussi à atteindre les 5 millions d’entrées. Le champion français de l’année, « Asterix et Obelix, l’empire du milieu » n’en étaient qu’à 4,6 millions d’entrées.
Les résultats du second « Dune » comme du « Godzilla versus King-Kong », qui sont bien meilleurs que ceux de leurs prédécesseurs, s’expliquent sans doute en grande partie par l’absence de véritable concurrence : ils réalisent leur score sans faire monter la fréquentation qui reste inférieure à celle de l’année dernière.
Cela signifie que le public français est dans l’attente d’une nouvelle génération de films évènements français qui vont largement dépasser le plafond actuel des 5 millions d’entrées, voir atteindre les 10, les 15 et même les 20 millions d’entrées. Le public attend. Par le passé des producteurs et des réalisateurs ont toujours trouvé le moyen de les satisfaire.
UNE ROMANCIÈRE DROLATIQUE ET ÉMOUVANTE AU JAPON
CinéscoopPour le troisième film de fiction qu’Élise Girard a réalisé, https://fr.wikipedia.org/wiki/Élise_Girard , « Sidonie au Japon », https://fr.wikipedia.org/wiki/Sidonie_au_Japon, nous présente une Isabelle Huppert en romancière drolatique et émouvante.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Élise Girard
Il s’agit d’une coproduction entre la France (55%), l’Allemagne (31%) et Suisse (14%) pour un budget prévisionnel de 2,3 millions €, ce qui revient à deux tiers du budget prévisionnel médian des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/
Pour la préparation, 37 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 51 000 €, dont 25 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 26 000 € de salaire de technicien, soit les trois quart de la rémunération médiane des réalisateurs de films français de fiction l’année dernière. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/ Elle a écrit le scénario avec Maud Ameline pour 51 000 €, soit la moitié du budget médian du scénario des films. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 123 000 €, ce qui revient à 60% de ce qu’ils ont touché en moyenne l’année dernière. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur français est 10 :15 productions ! (Sébastien Haguenauer). Le film a bénéficié de l’avance sur recettes après réalisation ainsi que du soutien de Média et du mini-traité franco-allemand. La région Ile de France lui a apporté aide remboursable. 4 soficas y ont investi. Art House Films a donné un minimum garanti pour le mandat salle et Indie Sales à le mandat de vente à l’étranger.
Le producteur allemand est Lupa Films (Felix von Boehm). Il a bénéficié de l’aide du mini-traité franco-allemand, de l’aide fédérale FFA, d’une aide régionale MBB et de l’aide de Média. Arte est coproducteur et a effectué un pré-achat. DCM a donné un minimum garanti pour la distribution. Le producteur suisse est Box Productions (Elena Tatti). Cinéforom et OFC lui ont apporté leur soutien. La TSR est coproducteur et a effectué un pré-achat.
Élise Girard avait réalisé son film précédent avec Anne-Louise Trividic. « Drôles d’oiseaux » était sorti le 31 mai 2017. Il était distribué par Shellac et avait rassemblé 28 500 spectateurs.
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COUPLE RÉVEILLÉ EN PASSANT AU VITRIOL
CinéscoopDans cette comédie plusieurs fois primée au Festival de l’Alpe d’Huez un couple est réveillé en étant passé au vitriol. « Et plus si affinités » est la seconde réalisation d’Olivier Ducray et Wilfried Méance.https://fr.wikipedia.org/wiki/Et_plus_si_affinités_(film,_2024)#:~:text=Et%20plus%20si%20affinités%20est,les%20récompenses%20de%20meilleurs%20acteurs.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Olivier Ducray
Son budget prévisionnel est de 2,6 millions €, soit la moitié du budget prévisionnel moyen des films français de ficion sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/
Wilfried Méance
Pour la préparation, 21 jours de tournage et la post-production la rémunération des deux réalisateurs est de 100 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Soit trois quarts de la rémunération moyenne des réalisateurs. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/ Il s’agit d’un remake du film espagnol « Sentimental », dont les droits d’adaptation ont été achetés 80 000 €. Les réalisateurs ont écrit le scénario avec Jean-Paul Barthany pour 120 000 €. Le budget total du scénario est équivalent au budget moyen des scénarios. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 85 000 €, soit la rémunération médiane des rôles principaux. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Le producteur délégué est Soyouz films (Romain Brémond). Wild Bunch est coproducteur. Canal+, Ciné+ et C8 ont préacheté. Wild Bunch a donné un minimum garanti pour tous les mandats de distribution.
Le premier film réalisé par Olivier Ducray et Wilfried Méance était la comédie « Jumeaux mais pas trop », sorti le 28 septembre 2022. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jumeaux_mais_pas_trop Son budget prévisionnel était de 5,5 millions €. Pour la préparation, 35 jours de tournage et la post-production la rémunération des réalisateurs était de 110 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Ils avaient écrit le scénario avec Jean-Paul Barthany pour 110 000 €. Les rôles principaux avaient reçu 286 000 €.
NAC Films était producteur, SND et M6 coproducteurs. La région Nouvelle Aquitaine, lui avait apporté son soutien. Canal+, Multithématiques, M6 et W9 l’avaient préacheté. SND avait donné un minimum garanti pour le mandat salle, un pour le mandat vidéo et vod, un pour le mandat tv et un autre pour le mandat vente à l’étranger. Le film avait rassemblé 436 000 entrées.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
ET DE 5 POUR DUCOBU ET SEMOUN
Cinéscoop« Ducobu passe au vert ! » est la 5ème version cinématographique adaptée des célèbres bandes dessinées de Zidrou & Godi. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ducobu_passe_au_vert#:~:text=Ducobu%20passe%20au%20vert%20est,Ducobu%20de%20Godi%20et%20Zidrou. Toutes sont interprétées par Élie Semoun, mais c’est le seconde qu’il met en scène. https://fr.wikipedia.org/wiki/Élie_Semoun
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
Elie Semoun
Il s’agit d‘une coproduction entre la France (77%) et la Belgique (33%) pour un budget prévisionnel de 9,6 millions €, ce qui revient à 80% de plus que le budget prévisionnel moyen des films de fiction français sortis en 2023. https://siritz.com/financine/le-budget-des-films-de-fiction-explose/Pour la préparation, 46 jours de tournage en Belgique et la post-production la rémunération du réalisateur est de 400 000 €, dont 300 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 100 000 € de salaire de technicien. C’est près de trois fois la rémunération moyenne des réalisateurs des films de fiction. https://siritz.com/financine/realisateurs-les-ecrats-de-realisation-saccroissent/Il a écrit le scénario avec Avec Guy Laurent et Marc Chauveron pour 150 000 €. C’est les trois quarts du budget des scénarios. https://siritz.com/financine/budget-du-scenario-remuneration-du-realisateur/ Les rôles principaux ont reçu 197 000 €, soit 90% de la rémunération moyenne des rôles principaux. https://siritz.com/financine/les-stars-ne-garantissent-pas-le-succes/
Les producteurs français sont Les Films du 24 (Brigitte Maccioni) et les Films du Premier (Romain Rojtam). TF1 films production est coproducteur. Canal+, Ciné+, TF1 (2 passages) et TMC l’ont pré-acheté. UGC a donné un minimum garanti pour les droits de distribution monde hors Belgique.
Le producteur belge est Umédia (Adrian Politowski). Wallimage a apporté son soutien et Distri 7 a donné un minimum garanti pour la distribution.
Le précédent film d’Élie Semoun, « Ducobu président ! », est sorti le 13 juillet 2022. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ducobu_président_!#:~:text=Pour%20plus%20de%20détails%2C%20voir,Ducobu%20de%20Godi%20et%20Zidrou. Son budget était de 9,9 millions €. La rémunération d’Élie Semoun était déjà de 400 000 €. Il avait les mêmes producteurs et le même distributeur. Le film avait rassemblé 1,134 millions de spectateurs.
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.
CHEF D’OEUVRE EN PÉRIL : PARAMOUNT
ÉditorialL’éditorial du 19 février, « Vers une major historique de moins » analysait la probabilité de la disparition de Paramount, sa propriétaire cherchant à le vendre. https://siritz.com/editorial/vers-une-major-historique-de-moins/ Dans sa série d’article sur les menaces qui pèsent sur Hollywood, https://siritz.com/editorial/hollywood-anatomie-dune-chute/, Alain Le Diberder aborde évidemment la question de l’avenir de Paramount, la plus petite des 4 majors et dont la note de la dette vient d’être dégradée. https://alain.le-diberder.com/paramount-global-chef-doeuvre-en-peril/
Paramount Global comprend le Studio Paramount, le network CBS et ses filiales en Grande-Bretagne et en Australie, des chaînes du câble, dont MTV, ainsi que l’éditeur Simon & Schuster. Que peut valoir le groupe. En février 2024 8,2 milliards $ en bourse pour un chiffre d’affaires de 30 milliards $ en 2023. Mais sa dette à long terme est de 17 milliard $ et la perte de 2023 est de 1,1 milliards $. Il y avait 24 000 employés en 2023, mais 800 viennent d’être licenciés.
Selon Le Diberder, si on analyse la valeur de chaque filiale, elle est largement supérieure à celle du groupe en entier. A titre d’exemple, compte tenu de sa valeur totale et de son nombre d’abonnés, un abonné à Netflix est valorisé à 1 100 $. A ce compte Paramount + vaut à lui seul 6,9 milliards $. Et ainsi de suite. In fine, selon Le Diberder « Paramount global comprend des actifs dont la valeur globale pourrait être comprise entre 25 et 30 milliards $ hors dette. » Pourquoi un tel écart entre ces deux valorisations ? Il semble que ce soit dû â la complexité de la structure juridique du groupe. En effet, Nancy Redstone, l’héritière de Summer Redstone, le dernier grand propriétaire du groupe, posséderait des droits de vote, et donc un pouvoir de contrôle, beaucoup plus importants que sa par du capital. Il est loin d’être certain que ce pouvoir de contrôle soit transmissible à un ou des acheteurs.
Surtout, tout dépend du repreneur. Paramount et CBS peuvent parfaitement vivre comme des sociétés indépendantes. Le studio reste rentable, notamment du fait de son énorme catalogue. CBS ne peut être racheté que par Warner qui n’a pas déjà de network. En revanche, les deux plates-formes, Paramount +, qui est payante, et Pluto, financée par la publicité, n’ont de valeur que si elles conservent leur approvisionnement prioritaire en programmes de Paramount et CBS. Il semble que les discussions avec Peacock, la plate-forme de Comcast-Universal, soient les plus avancées.