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Le carrefour

LE PREMIER ET LE PLUS DÉTESTÉ DE L’AUDIOVISUEL

Interviewé

Alain Le Diberder, dans son site « Après la révolution numérique », continue d’analyser les perspectives d’évolutions des grands studios d’Hollywood. https://siritz.com/editorial/hollywood-anatomie-dune-chute/Après Disney https://siritz.com/editorial/disney-la-forteresse-fissuree-mais-debout/ et Paramount https://siritz.com/editorial/chef-doeuvre-en-peril-paramount/, il s’intéresse à Comcast-Universal.

Ce n’est pas le groupe le plus prestigieux, mais c’est celui qui a le plus gros chiffre d’affaires (en 2023 de 121,6 Milliards de dollars, soit autant que la somme de ceux de Disney et de WarnerDiscovery) et, surtout, de loin le plus rentable (15,4 milliards, à comparer aux sombres résultats des trois autres membres des la bande des quatre studios: +2,4 pour Disney, -3,1 pour Warner et -0,6 pour Paramount).

Et, il constitue un « embarrassant contre-exemple de l’idée que les conglomérats fondés sur la convergence des tuyaux  et des  contenus  sont voués à l’échec. » C’est un très important groupe de contenus avec les studios UniversalDreamworks (partie animation) et Working Title, le network NBC, le grand réseau hispanique Telemundo, les chaînes thématiques BravoSifyE ! ou MSNBC et le groupe Sky en Europe.  Mais c’est avant tout une entreprise de télécommunications, le premier câblo-opérateur américain, et le premier fournisseur d ‘accès large bande à Internet.

Autre fait marquant : il reste une entreprise familiale, le fondateur Ralph Roberts l’ayant légué à son fils Brian. Néanmoins la famille Roberts ne possède pas plus de 0,5% des actions du groupe, mais la totalité des actions de classe B (qui ont 70 fois plus de part de voix que les actions de classe A) ce qui lui donne un minimum de 33% des voix et donc le contrôle effectif du groupe.

La caractéristique de celui-ci  c’est qu’il s’est développé par achat et en s’endettant. Autre caractéristique, l’entreprise est régulièrement citée comme la plus détestée d’Amérique. C’est que son développement a commencé par le câble et que les câblo-opérateurs, du fait de leurs pratiques, sont très mal vus aux États-Unis. Comcast a véritablement commencé à se diversifier à partir de 1986 et a été l’un des premiers à comprendre l’enjeu d’internet, lancé par Clinton-Al Gore en 1992. Il a ainsi massivement fourni un accès internet pas le câble.

Aujourd’hui le groupe comporte cinq grandes activités : le câble (52% du chiffre  d‘affaires en 2022); la télévision aux Etats-Unis, dont le service de streaming Peacock, (19%), Sky en Europe (14%);  les studios (9%);  enfin les parc de loisirs (6%). Chacun de ces cinq pôles est rentable, mais 76% des bénéfices proviennent du câble. La capitalisation boursière de Comcast était de 174 milliards de dollars au début de 2024, soit un peu plus que les 166 milliards de Disney, après une croissance de 14% au cours de l’année 2023

Mais Alain Le Diberder souligne les faiblesses du groupe :

-l’énorme poids de la dette à long terme

– près de 80% du chiffre d‘affaires est réalisé dans des activités en déclin. En particulier 68% des bénéfices proviennent du câble

-Les activités de télévision linéaire de NBCUniversal aux États-Unis et de Sky en Europe ne sont pas non plus considérées comme des leviers de croissance.

Il est vrai qu’Universal a connu une très bonne année 2023 avec la sortie de deux très grands blockbusters (Oppenheimer et Super Mario)  et a même détrôné Disney à la tête du box-office mondial. Mais l’activité des studios reste la moins rentable de toutes les branches de Comcast.

Le véritable défi auquel est confronté le groupe c’est que sa croissance s’est toujours faite par acquisition et qu’il lui reste peu d’acquisition à faire qui ne soient pas bloquées par les autorités de la concurrence américaine. Dans le jeu vidéo il reste Electronic Arts, mais qui est un un acteur mineur en comparaison de Nintendo, Sony, Microsoft ou du chinois Tencent.

Alain Le Diberder estime en revanche que racheter Canal+ pourrait faire sens. Que Vivendi en fasse une branche à part de son groupe rendrait cette opération possible. Mais, même si celle-ci intéressait Vivendi, les autorités publiques françaises pourraient-elles accepter une telle prise de contrôle ?

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