Cinescoop

LA RÉMUNÉRATION DE ROBIN CAMPILLO

POUR LA RÉALISATION DE « L’ÎLE ROUGE »

C’est le 4ème film de ce réalisateur. https://fr.wikipedia.org/wiki/Robin_Campillo

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Il est produit par Les Films de Pierre (Marie-Ange Luciani) pour un budget prévisionnel de 7,2 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Île_rouge_(film) C’est 40% de plus que le budget moyen des films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/

A noter que Les Films de Pierre est le producteur de la Palme d’or du Festival de Cannes. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-julie-triet/

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 116 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 60% de la rémunération moyenne des réalisateurs de ces films. Il a écrit le scénario avec Gilles Marchand et Jean-Luc Raharimanana. Ils se sont partagés 221 000 €. C’est le budget moyen des scénarios de ces films. Les rôles principaux ont reçu 130 000 €. C’est 60% de ce qu’ont reçu en moyenne les premiers rôles de ces films.

Le film a bénéficié de 720 000 € d’avance sur recettes ainsi que de l’aide au développement du CNC, du soutien de la Procirep et de Media Creative Europe. 7 soficas adossées sur le minimum garanti du distributeur y ont investi. France 3 est coproducteur. Canal+, Ciné+ et France 3 l’ont pré-acheté. Memento Film a donné un minimum garanti pour le distribué en France et Play time a le mandat de vente à l’international sans minimum garanti.

La Belgique est coproducteur à hauteur de 10%. Scope Pictures (Géneviève Lemale) est le producteur avec le Tax shelter, le soutien de la Communuaté française de Belgique, une coproduction et un achat de la RTBF, un minimum garanti de Cinéart.

Le précédent film de Robin Campillo était « 120 battements par minute » sorti le 23 aout 2017.

Il était déjà produit par Les Films de Pierre, pour un budget prévisionnel de 5,4 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/120_Battements_par_minute

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération de Robin Campillo était de 100 000 €, dont 55 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 45 000 € de salaire de technicien. Il avait écrit le scénario avec Philippe Mangeot qui avait reçu 2 500 €. Les rôles principaux avaient reçu 231 000 €.

Le film avait bénéficié de 700 000 € d’avance sur recette. Il avait  été pré-acheté par Canal+, Multithématiques et France 3. Memento avait donné un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo. Le film avait rassemblé 855 000 spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

 

MISE AU POINT IMPORTANTE

Dans mon dernier éditorial j’avais indiqué qu’en matière de tournage la France avait encore un handicap : la durée de travail était limitée à 48 heures par semaine alors que chez nos voisins on peut travailler 60 heures. Or, un responsable du SNTPCT, le principal syndicat de techniciens, https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndicat_national_des_techniciens_de_la_production_cinématographique_et_de_télévision , me fait remarquer que, depuis 2010, le SNTPCT et l’API avaient négocié la possibilité, dans le cinéma, de travailler 60 heures par semaine et même des journées de 12 heures.

Je dois d’ailleurs dire que, lors de mon enquête, plusieurs producteurs et réalisateurs américains m’avaient dit que les techniciens français étaient les plus performantes d’Europe.

Voici ce qu’il m’écrit et qui est très important :

Article 24

PRÉAMBULE

La durée de réalisation d’un film se décompose en trois étapes : la préparation, le tournage et la
 postproduction. Les périodes de préparation et de postproduction ne nécessitent pas une organisation de la durée du travail dérogeant au droit commun.

En revanche, l’organisation de la journée de tournage se définit par une durée de travail collective à la majorité des techniciens et, pour certaines catégories devant obligatoirement effectuer une
 durée de travail de préparation avant le tournage et une durée de travail de rangement après la fin
 de la durée de tournage, par une durée individualisée.

Ces durées individualisées, dérogeant aux durées maximales de droit commun, peuvent atteindre,
 dans certains cas exceptionnels (terminaison d’un plan en cours, terminaison d’un décor, disponibilité d’un acteur), une durée journalière de 12 heures comprenant les durées de préparation
 et de rangement et une durée de repos entre deux journées de travail de 11 heures, sans pouvoir
 outrepasser une durée hebdomadaire – intégrant les durées d’équivalence fixées à l’article 30 et à
 l’annexe II – de 60 heures de travail hebdomadaire.

Cette spécificité, inhérente à la réalisation des films et propre au tournage dans tous les pays du
 monde, est une condition impérative au maintien du tournage des films en France, une condition
 pour éviter que le tournage des films soit délocalisé à l’étranger aux fins d’échapper aux contraintes
 des dispositions de droit commun du code du travail. Sans une réglementation dérogatoire, la durée
 du travail collective se trouverait réduite, selon les lieux de prises de vues, à une durée bien inférieure
 à 7 heures de travail journalier.

Avec ce texte, les productions obtiennent toutes les dérogations nécessaires sans problème au-delà de 48 h quand la durée dépasse les durées d’équivalences qui, elles permettent de se passer de demander des dérogations, et vont pour certaines professions sur 6 jours jusqu’à 53 heures / 56 heures, il leur suffit de recopier le préambule alinéa 3 et 4 et de le faire valoir comme pratique propre à la branche.
Dans la production audiovisuelle en revanche, la limite est fixée à 54 heures sans demande de dérogations pour une liste de fonctions assez large, mais les Syndicats de producteurs devaient nous faire des propositions pour réformer le texte, je pense que si nous ne prenons pas d’initiative de notre côté pour clarifier les dispositions relatives à la durée du travail qui mélange actuellement les permanents avec les techniciens collaborant à la production de films, il ne se passera pas grand chose, d’autant que cette convention a fusionné les films de télévision et les émissions de télévision de flux dont les conditions d’engagement, la durée des contrats, les pratiques sont totalement différentes… 
Nous sommes une train de travailler pour obtenir – enfin – que le texte de la convention distingue au travers de dispositions spécifiques et de deux grilles spécifiques, les deux activités…
Donc nous avons un gros travail de ce point de vue qui prend une grand importance économique au regard du développement de la branche de production de films de télévision.