Archive d’étiquettes pour : Justine Triet

Le distributeur Jean Labadie (Le Pacte) n’a pas hésité à choisir le 23 août, une période réputée creuse pour la fréquentation des films Français pour sortir « Anatomie d’une chute », la Palme d’or du Festival de Cannes, réalisé par Justine Triet. C’est un pari jugé audacieux par ses confrères puisqu’il est le seul film français à avoir choisi cette date. Il n’a pas eu tort puisque le film a rassemblé 260 000 entrées spectateurs dans 670 salles pour son premier week-end. Il est donc parti pour largement plus du million d’entrées, ce qui est très confortable pour un film pour lequel le distributeur n’a donné que 300 000 € de minimum garanti.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

A 45 ans c’est le 4ème film que Justine Triet a réalisé. Dès sa première diffusion il avait été considéré comme l’un des grands favoris du Festival. https://fr.wikipedia.org/wiki/Justine_Triet 

Il est produit par Les Films de Pierre (Marie-Ange Luciani) et Les Films Pélléas (Philippe Martin et David Thion) pour un budget prévisionnel de 6,2 millions € .https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatomie_d%27une_chute . C’est  un quart de plus que le budget moyen des films Français de fiction sortis depuis le début de l’année jusqu’au 19 juillet.  https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 100 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 25% de plus que la rémunération médiane des réalisateurs de ces films. Elle a écrit le scénario avec Arthur Harari et ils se sont partagés 147 000 €. C’est deux tiers du budget moyen des scénarios de ces films. https://siritz.com/financine/la-part-du-scenario-dans-le-budget-augmente/ Les rôles principaux ont reçu 253 000 €. C’est 22% de plus que ce qu’ils ont reçu en moyenne pour ces films. https://siritz.com/financine/comediens-boom-des-remunerations-au-top/Il est probable que la réalisatrice et le co-scénariste recevront des rémunérations complémentaires substantielles proportionnelles aux résultat du film.

Ce dernier a bénéficié de 500 000 € d’avance sur recette du CNC. France 2 est coproducteur et 6 soficas y ont investi. Les régions Rhône-Alpes et Aquitaine ont apporté leur soutien ainsi que la Charente-Maritime. Canal+, Ciné+ et France 2 ont effectué un pré-achat. Le Pacte a donné un minimum garanti pour la distribution en France et MK2 international pour la distribution à l’étranger.

Le premier film réalisé par Justine Tiriet était « La bataille de Solférino », sorti en salle le 18 septembre 2013. Il était produit par Ecce films pour une budget prévisionnel de 842 000 €. Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice  était de 31 000 €, dont 10 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 21 000 € de salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario pour 10 000 €. Le film avait bénéficié de 500 000 € d’avance sur recettes. Distribué par Shellac il avait rassemblé 37 000 spectateurs.

Son second film était « Victoria », sorti le 14 septembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_(film,_2016) Il était encore produit par Ecce films pour un budget prévisionnel de 4 millions €. Le film avait bénéficié de 550 000 € d’avance sur recettes.

Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 144 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario pour 135 000 €. Distribué par Le Pacte le film avait rassemblé 657 000 spectateurs.

675 000 spectateurs pour son précédent film

Le troisième film de Justine Triet état « Sybil », sorti le 24 mai 2019 était produit par Les Films Péléas, pour un budget prévisionnel de 6,2 millions €. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-la-realisatrice-justine-triet-realisatrice/ Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 94 000 €, dont 45 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 49 000 € de salaire de technicien.

Elle avait écrit le scénario avec Arthur Harari et ils s’étaient partagés 166 000 €. Distribué par le Pacte le film avait rassemblé 310 000 spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

Si, contrairement à ce qu’affirmait Justine Triet le gouvernement n’a aucune intention de modifier en quoi que ce soit l’éco-système du cinéma français qui marche si bien https://siritz.com/editorial/cinema-une-exception-culturelle-pperformante/, au sein de la profession on entend constamment la complainte : « il y a trop de films ».

Car, effectivement, il y a 750 films qui sortent par an, dont 35% de français. Soit 15 par semaine, dont environ 5 de Français.  Mais il y a des semaines à moins de 10 films et d’autres à plus de 20.

A titre d’exemple, cette semaine, le mois de juin étant une période creuse, viennent de sortir 10 films dont 6 français. La semaine prochaine sortiront 13 films dont 4 français.

QUEL DÉCHET

Dans le meilleur des cas trois ou quatre d’entre eux réussissent à attirer l’attention du public ou d’une partie de celui-ci. Les médias (critiques de la presse écrite et les radio, émissions de plateau) ont une place limitée à leur consacrer. Et quand il leur consacre ce n’est pas toujours dans un sens favorable. Le public français  peut aussi être attiré par une bande-annonce ou une affiche. Les réseaux sociaux doivent jouer un rôle croissant. Mais, en tout état de cause, seuls trois ou quatre films vont percer et réaliser un nombre d’entrées conséquent.

Quel déchet ! Mais c’est la même chose pour le livre : à la rentrée prochaine vont sortir 700 livres et la très grande majorité rencontreront l’échec. C’est également la même chose avec le théâtre et de la musique.

Mais c’est la nature de ces industries culturelles d’être des industries de prototypes. En matière de recherche aussi il y a, par nature, beaucoup de déchets. C’est d’ailleurs en partie parce qu’elle y investit et, donc, y « gâche », un pourcentage plus faible de son PIB (2% au lieu de 3 à 5% pour ses principaux concurrents) que la France s’est sous-industrialisée.

Le nombre de films, comme tout notre écosystème, permet une diversité de l’offre et des acteurs,  ainsi que leur constant renouvellement.

FAIRE ENTRER UN PIED 40 DANS UNE CHAUSSURE 38

En outre, notre écosystème vise à ce que tous les films qui ont été produits aient leurs chances en empêchant les établissements de consacrer plus d’un certain nombre d’écrans à un même film, aussi porteur soit-il,  pour les obliger â élargir leur offre. Mais cela n’empêche pas deux multiplexes côte â côte à diffuser le même film. Et les salles Art et Essai qui ont un soutien spécial, parce que leur vocation est de soutenir la diversité et la recherche, on le droit, parce qu’on ne peut les condamner à ne présenter que des films refusés ailleurs, de proposer aussi des films dont tout exploitant sait avant qu’ils ne sortent qu’ils vont être des succès commerciaux. Et, comme ces règles reviennent souvent à faire entrer un pied 40 dans une chaussure 38, a été mis en place une irremplaçable organisation de médiation. Mais, par nature, elle n’a pas de pouvoir.

Donc aucune mesure ne sera prise pour réduire le nombre de films, la diversité et le renouvellement de l’offre, ni l’accès, du moins potentiellement,  de cette diversité et de ce renouvellement au public le plus large.

A noter que l’on commence aussi à parler d’un surnombre de salles. En effet, le nombre d’établissements et d’écrans ne cesse de croître fortement, alors que la fréquentation reviendra sans doute à son niveau d’avant Covid, mais certainement pas très au-delà. Donc, plus de salles vont se partager la même recette. Mais il faut dire que le compte de soutien automatique du CNC est une épargne forcée qui condamne à l’investissement. Et c’est là son génie. Tandis que le compte de soutien sélectif doit permettre de couvrir le territoire en profondeur. Peut-être que l’on pourrait s’en inspirer pour les déserts médicaux.

ON NE DOIT PAS PRÉFÉRER L’IDÉOLOGIE AUX FAITS

Le discours de Justine Triet lors de la réception de sa Palme d’or est typique de la tendance des Français à préférer l’idéologie aux faits. En effet, le moins que l’on puisse dire c’est que, pas plus ce gouvernement que tous ceux qui l’ont précédé, de droite comme de gauche, n’ont manifesté le moindre néolibéralisme visant à casser l’exception culturelle par la marchandisation de la culture.  Tout particulièrement, le cinéma n’a cessé d’être un secteur privilégié.

Justine Trier reconnait d’ailleurs en bénéficier. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-julie-triet/ En effet, non seulement la production de films français est financée par les multiples subventions du CNC et des collectivités locales, auxquelles s’ajoute le crédit d’impôt. Mais, en outre, la loi permet  les investissements des soficas qui n’existent que grâce aux importants avantages fiscaux accordés à leurs actionnaires. Et, surtout, elle impose aux chaînes de télévision, à commencer par Canal +, auquel s’ajoute désormais les plateformes de S-Vod, d’importants financement des films français. Ainsi, c’est largement plus de 50% du financement de la production de film français qui provient de mécanismes prévus par la loi.

UN ÉCOSYSTÈME INTELLIGENT, PAS NÉOLIBÉRAL

Certes, tous ces apporteurs de financement y trouvent un avantage. C’est  que l’écosystème de notre cinéma est  intelligent. Mais il n’a rien de néolibéral.

Autre exemple qui vient à l’esprit quand le cinéma se déclare maltraité : le régime du chômage des intermittents du spectacle, dont font partie ceux du cinéma. En 2019 ils étaient de 290 000, soit 1% de tous les salariés en France. Son déficit, pris en charge par l’État (le contribuable mais, surtout, la dette), était de 1,2 milliards €. Celui des tous les autres salariés du pays était de 19 milliards €. Proportionnellement l’apport de l’État est donc 6 fois plus important pour un intermittent du spectacle que pour tout autre salarié. Cet énorme écart est tout à fait justifié par la spécificité de l’intermittence qui est un des piliers de l’exception culturelle et sans laquelle notre cinéma ne serait pas si performant. Mais on ne peut le qualifier de néo-libéralisme.

Bien entendu, grâce à cet écosystème, le cinéma français est, de loin, le premier de l’Union européenne en terme de fréquentation, de fréquentation par habitant, en nombre de films produits et en part de marché de cette production sur le marché national. C’est pourquoi aucun gouvernement ne le remet le moins du monde en cause.

Enfin, que, comme l’a souligné Justine Triet, produire un film soit un long parcours du combattant pour la plupart des producteurs et des réalisateurs est évident. Mais le cinéma est une industrie coûteuse : la moitié des films français de fiction sortis depuis le début de l’année ont un budget supérieur à 3,5 millions €, ce qui n’est pas une petite somme. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/Qu’il soit difficile de réunir ces financements alors que 50% des films ne dépasse pas 50. 000 entrées, est inévitable. Néanmoins chaque année, grâce à l’écosystème de notre cinéma, entre 250 à 300 nouveaux films français sont produits et sortent.

POUR LA RÉALISATION DE « ANATOMIE D’UNE CHUTE »

Ce film, qui lui a valu la Palme d’or du Festival de Cannes, est le 4ème qu’elle a réalisé. Dès sa première diffusion il avait été considéré comme l’un des grands favoris. https://fr.wikipedia.org/wiki/Justine_Triet 

Il sortira en salle le 23 août.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Il est produit par Les Films de Pierre (Marie-Ange Luciani) et Les Films Pélléas (Philippe Martin et David Thion) pour un budget prévisionnel de 6,2 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatomie_d%27une_chute

C’est 20% de plus que le budget médian des films français de fiction sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/financine/pathe-et-boon-explosent-les-barometres/

Pour la préparation, 45 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 100 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est 25% de plus que la rémunération médiane des réalisateurs de ces films. Elle a écrit le scénario avec Arthur Harari et ils se sont partagés 147 000 €. C’est deux tiers du budget moyen des scénarios de ces films. Les rôles principaux ont reçu 253 000 €. C’est 10% de plus que ce qu’ils ont reçu pour ces films.

Le film a bénéficié de 500 000 € d’avance sur recette du CNC. France 2 est coproducteur et 6 soficas y ont investi. Les régions Rhône-Alpes et Aquitaine ont apporté leur soutien ainsi que la Charente-Maritime.

Canal+, Ciné+ et France 2 ont effectué un pré-achat. Le Pacte a donné un minimum garanti pour la distribution en France et MK2 international pour la distribution à l’étranger.

Le premier film réalisé par Justine Tiriet était « La bataille de Solférino », sorti en salle le 18 septembre 2013. Il était produit par Ecce films pour une budget prévisionnel de 842 000 €. Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice  était de 31 000 €, dont 10 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 21 000 € de salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario pour 10 000 €. Le film avait bénéficié de 500 000 € d’avance sur recettes. Distribué par Shellac il avait rassemblé 37 000 spectateurs.

Son second film était « Victoria », sorti le 14 septembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_(film,_2016) Il était encore produit par Ecce films pour un budget prévisionnel de 4 millions €. Le film avait bénéficié de 550 000 € d’avance sur recettes.

675 000 spectateurs

Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 144 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario pour 135 000 €. Distribué par Le Pacte le film avait rassemblé 657 000 spectateurs.

Le troisième film de Justine Triet état « Sybil », sorti le 24 mai 2019 par Les Films Péléas, pour un budget prévisionnel de 6,2 millions €. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-la-realisatrice-justine-triet-realisatrice/ Pour la préparation, le tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 94 000 €, dont 45 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 49 000 € de salaire de technicien.

Elle avait écrit le scénario avec Arthur Harari et ils s’étaient partagés 166 000 €. Distribué par le Pacte le film avait rassemblé 310 000 spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

Ce soir Canal+ va diffuser le film« Sybil , réalisé par Justine Triet et sorti en 2019. Toutes les données financières de cet article sont fournies par Cinéfinances.info*. 

Produit par Les films Pélléas (Philippe Martin), son budget était de 6,3 millions €. Il a été sélectionné au Festival de Cannes et atteint 340 000 entrées. Canal+ l’avait préacheté 992 000 € et Multithématiques 176 000 €.

Le film a été sélectionné au Festival de Cannes

La rémunération de Justine Triet a été de 109 000 €, composé d’un salaire de technicien de 49 000 € et d’un à-valoir sur droits d’auteur de 45 000 €. Elle a fait les Beaux-Arts et est également comédienne et scénariste. Elle a d’ailleurs co-écrit le scénario de ce film avec son compagnon Arthur Harari et pour lequel ils se partagent 166 000€.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sibyl_(film)

Son précédent film était « Victoria », sorti en 2016. Produit par Ecce Films (Emmanuel  Chaumet), son budget était de 4 millions €. Canal+ l’avait préacheté 987 00 € et Multithématiques  130 000 €. Il avait  atteint 657 000 entrées. Julie Triet avait reçu 72 000 € de salaire de réalisateur technicien et autant en à-valoir sur droits d’auteur. Comme pour tous ses films elle  a écrit le scénario avec Arthur Harari. Ils se partagent 135 000 €.

Son premier long métrage, « La bataille de Solférino », est sorti en 2013. Produit par Ecce films, il avait un budget de 842 000 €. Multithématiques l’avait préacheté 100 000 €. Il n’avait atteint que 37 000 entrées. La réalisatrice avait reçu 21 000 € de salaire et 10 000 € d’à-valoir sur droits d’auteur. Pour le scénario elle se partageait 10 000 € avec Arthur Harari.

Voir la rémunération d’autres réalisateurs : https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-marsaud-idir-pour-la-vie-scolaire/https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-rebecca-zlotowski-pour-une-fille-facile/ https://siritz.com/cinescoop/194-000-e-a-cedric-kahn/

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.