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L’éditorial du 19 février, « Vers une major historique de moins » analysait la probabilité de la disparition de Paramount, sa propriétaire cherchant à le vendre. https://siritz.com/editorial/vers-une-major-historique-de-moins/ Dans sa série d’article sur les menaces qui pèsent sur Hollywood, https://siritz.com/editorial/hollywood-anatomie-dune-chute/, Alain Le Diberder aborde évidemment la question de l’avenir de Paramount, la plus petite des 4 majors et dont la note de la dette vient d’être dégradée. https://alain.le-diberder.com/paramount-global-chef-doeuvre-en-peril/

Paramount Global comprend le Studio Paramount, le network CBS et ses filiales en Grande-Bretagne et en Australie, des chaînes du câble, dont MTV, ainsi que l’éditeur Simon & Schuster. Que peut valoir le groupe. En février 2024 8,2 milliards $ en bourse pour un chiffre d’affaires de 30 milliards $ en 2023. Mais sa dette à long terme est de 17 milliard $ et la perte de 2023 est de 1,1 milliards $. Il y avait 24 000 employés en 2023, mais 800 viennent d’être licenciés.

Selon Le Diberder, si on analyse la valeur de chaque filiale, elle est largement supérieure à celle du groupe en entier. A titre d’exemple, compte tenu de sa valeur totale et de son nombre d’abonnés,  un abonné à Netflix est valorisé à 1 100 $. A ce compte Paramount + vaut à lui seul 6,9 milliards $. Et ainsi de suite. In fine, selon Le Diberder « Paramount global comprend des actifs dont la valeur globale pourrait être comprise entre 25 et 30 milliards $ hors dette. » Pourquoi un tel écart entre ces deux valorisations ? Il semble que ce soit dû â la complexité de la structure juridique du groupe. En effet, Nancy Redstone, l’héritière de Summer Redstone, le dernier grand propriétaire du groupe, posséderait des droits de vote, et donc un pouvoir de contrôle, beaucoup plus importants que sa par du capital. Il est loin d’être certain que ce pouvoir de contrôle soit transmissible à un ou des acheteurs.

Surtout, tout dépend du repreneur. Paramount et CBS peuvent parfaitement vivre comme des sociétés indépendantes. Le studio reste rentable, notamment du fait de son énorme catalogue. CBS ne peut être racheté que par Warner qui n’a pas déjà de network. En revanche, les deux plates-formes, Paramount +, qui est payante, et Pluto, financée par la publicité, n’ont de valeur que si elles conservent leur approvisionnement prioritaire en programmes de Paramount et CBS. Il semble que les discussions avec Peacock, la plate-forme de Comcast-Universal, soient les plus avancées.

La Svod assure une forte croissance au secteur audiovisuel, à la fois en chiffre d’affaires et en nombre d’emplois. Mais la situation et aussi les perspectives ne sont pas aussi roses que ce qu’on avait cru.

C’est de que démontre l’analyse d’Alain Le Diberder dans son article « la nouvelle économie de la svod », publié par son site « Après la révolution numérique ».
https://alain.le-diberder.com/la-nouvelle-economie-de-la-svod/

Il rappelle tout d’abord que le marché commence à se saturer dans les pays riches et que les croissances d’abonnés dont continuent de se prévaloir les grandes plates-formes internationales se font dans des pays en voie de développement, à des tarifs bien inférieurs.

Par ailleurs, la Commission européenne a élaboré une règlementation SMAD comme s’il s’agissait d’un seul et même secteur. Alain Le Diberer démontre qu’il est en fait composé de quatre secteurs différents.

Il y a d’abord les studios de Hollywood qui produisent des films de cinéma ainsi que des séries dans le monde entier. Ils ont tous lancé leur plate-forme payante et décidé de leur réserver l’exclusivité de leurs films après la diffusion de ceux-ci en salle. Or toutes leurs plates-formes sont déficitaires et, en leur réservant leurs films, ils perdent le marché des autres média.Tous ces acteurs sont de ce fait lourdement déficitaires.

Netflix constitue un secteur à lui tout seul. C’est lui qui a inventé la Svod et c’est la seule plate-forme à être largement bénéficiaire.  Elle achète ses programmes à des producteurs extérieurs mais commence à avoir une production interne.

Le troisième secteur est celui d’entreprises dites de technologies, Apple et Amazon. Ils ont l’ambition de bâtir un écosystème cohérent et le plus fermé possible. Chacune de ces sociétés pèse en bourse plus que toutes les autres entreprises du secteur audiovisuel réunies.

Le troisième secteur regroupe toutes les autres entreprises et, avant tout, les chaînes de télévision. Le Diberder est persuadé qu’elles créeront chacune leur offre payante délinéarisée. Il y a aussi les opérateurs de télécommunications qui ne peuvent espérer des synergies avec leur activité principale et se créent des conflits d’intérêt dans la mesure où ils distribuent leurs concurrents.

Actuellement, donc, la réglementation européenne est la même pour ces différents secteurs. Il est possible que, progressivement, chaque secteur ait la sienne, comme c’est le cas dans la télévision (TNT, numérique, câble, gratuit, payant).

Aujourd’hui toutes ces « plates-formes », sauf Netflix sont déficitaires et la rentabilité devient pour elles plus important que le nombre d’abonnés. De même la qualité des programmes compte beaucoup plus que leur nombre.

Ceci n’est qu’un résumé de cette analyse qu’il faut lire en entier car elle bouleverse totalement l’idée que l’on se faisait des plates-formes, et, donc, du secteur audiovisuel, il y a seulement quelques mois.