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Il est clair que, pour le cinéma, il y a la période avant covid et la période après covid. Et, partout dans le monde, la fréquentation de la deuxième n’a pas retrouvé celle de la première.

C’est dû principalement a une insuffisance de l’offre. Principalement celle des films américains, du fait de l’arrêt de la production pendant le covid puis du report de la sortie de films due à la grève des comédiens. C’est pourquoi le film américain qui, en France, faisait 55% de part de marché avant le Covid est tombée à 45%. Cette chute de 10% représente au moins 20 millions d’entrées sur une année pleine à plus de 200 millions d’entrées. À elle seule elle expliquerait pourquoi la fréquentation de 2023 se situera entre 180 et 190 millions d’entrées, en-deçà des 200 millions au minimum d’avant la crise sanitaire.

Mais la cause du recul semble plus profonde. Pendant le confinement les Français et les habitants du monde ont trouvé d’autres distractions que la sortie cinéma. Et, de ce fait, maintenant qu’elle est redevenue possible, ils sont plus exigeants. Les franchises qui reprennent les mêmes formules ont perdu leur attrait sauf à offrir beaucoup, beaucoup mieux. Et il n’y a plus de star qui garantisse un minimum d’entrées à un film.

En somme, une nouvelle fois, comme au cours de toute son histoire, le cinéma doit se réinventer.

En tous cas, il y a un point positif, c’est le poids que représente l’internet dans la promotion des films. C’est un peu comme quand le numérique a remplacé la copie pellicule pour la diffusion des films en salle. Ainsi le rôle qu’a joué TikTok dans le spectaculaire succès auprès des jeunes du film « Le consentement » , est impressionnant puisqu’il s’agit d’une promotion gratuite. De même, sur la chaîne You tube de Box office, la directrice générale de You tube France, Justine Ryst, donne des chiffres impressionnants : selon une étude Ipsos, 65% des moins de 35 ans regardent les bandes-annonces sur You tube et c’est ce qui leur donne envie d’aller voir des films en salle. Or, comme on le sait, le cinéma en France est de plus en plus un média de vieux et il est impératif de regagner les plus jeunes.

La vision de ces bandes-annonces de longs métrages est mesurée par Médiamétrie sur i-phone, tablette et ordinateurs. Sur téléviseurs connectés elle est mesurée par Comcast et c’est le deuxième média, derrière l’iPhone avec 20 millions de téléspectateurs par mois. Alors qu’il il a 41 millions de spectateurs qui regardent You tube chaque mois sur internet, la bande-annonce y étant l’un des contenus les plus regardes. À noter que ceux qui regardent les bandes-annonces sur leur téléviseur y passent deux fois plus de temps que sur internet. Et les bandes-annonces sur les documentaires sur le climat et les sujets de société cartonnent à la télévision.

En outre, les contenus complémentaires des bandes-annonces, tels les extraits de films, les interviews ou les castings sont également très regardés.

Or internet est gratuit. C’est donc un média qui peut être extrêmement puissant et gratuit. Quelle révolution encourageante pour le cinéma.

Bien entendu, il faut savoir l’utiliser. Et on ne peut vendre un film que les spectateurs n’ont pas envie d’aller voir. Mais qu’est-ce que les spectateurs ou des spectateurs ont envie d’aller voir ? C’est l’enjeu fondamental de chaque  film et du cinéma depuis qu’il existe.

L’adaptation de livres est une source importante pour les fictions françaises de cinéma. Cette semaine « Flo » est tiré de « La petite fiancée de l’Atlantique » de Yann Queffélec. https://siritz.com/cinescoop/danon-sur-arthaud-dapres-queffelec/

Il y a trois semaine, « Le consentement », tiré du roman du même nom, écrit par Vanessa Springora, a réalisé un exploit exceptionnel pour un film de cinéma : sa fréquentation a augmenté de 40% en deuxième semaine, puis, de nouveau de 70% en seconde semaine, pour atteindre 300 000 entrées. https://siritz.com/cinescoop/un-roman-devient-film-de-cinema/

L’avantage d’appuyer la rédaction d’un scénario sur un livre c’est que celui-ci part d’une trame et de personnages éprouvés, ce dont manquent nombre de films. Il y a 21 films français de fictions déjà sortis depuis le début de l’année et  qui reposent sur l’achat de droits de livres . Cela fait 9% de tous les films. Il faut y ajouter des adaptations de livres dans le domaine public, comme « Les trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas https://siritz.com/cinescoop/les-trois-mousquetaires-dartagnan/ ou « Les secrets de la princesse Cardigan » de Balzac. https://siritz.com/cinescoop/une-realisatrice-se-met-en-scene/

Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.

Les achats de droits vont de 40 000 € pour « Marinette » https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-virginie-verrier/ à 480 000€ pour « Cet été-là ». https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-eric-lartigau/

Si on  rapporte le montant de l’achat des droits d’adaptation du livre à la totalité du coût du scénario il va de 18% pour « La syndicaliste » https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-jean-paul-salome-2/ à 100% pour « À la belle étoile », adapté de «  Un rêve d’enfant ». https://siritz.com/cinescoop/la-remunerationulard-de-sebastien-t/ Mais, dans ce dernier cas, cela signifie que la participation du réalisateur à l’adaptation est  rémunérée par son droit d’auteur. Car, dans tous les cas, le réalisateur participe à cette adaptation, parfois seul, parfois avec d’autres scénaristes.

10% des livres sont des livres étrangers. Et, sur les livres français, dans 25% des cas, l’auteur du livre participe au scénario.

Est-ce qu’un scénario adapté d’un livre garantit plus d’entrées que la moyenne des films ? Tout ce que l’on peut dire à partir des statistiques sur les films déjà sortis cette année, c’est qu’en moyenne les résultats sont les mêmes.

Mais que la fréquentation médiane des films tirés d’un livre est 50% plus élevée que celle de tous les films. Néanmoins cette dernière différence peut s’expliquer par le fait qu’aucun film adapté d’un livre n’a un budget prévisionnel  moins de 2,1 millions €, alors qu’un tiers des films ont un budget  prévisionnel  de moins de 2,1 millions €.  Or, il y a tout de même une corrélation entre le budget et la fréquentation.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

« Le Consentement » est le second film réalisé par Vanessa Filho. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanessa_Filho

Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.

Il s’agit d’une coproduction entre la France (80%) et la Belgique (20%) pour un budget prévisionnel de 3,7 millions €. C’est 10% de plus que le budget médian des films de fiction Français sortis depuis le début de l’année. https://siritz.com/editorial/plus-de-films-avec-moins-de-moyens/ A noter qu’un autre film Français sorti cette semaine, « La fiancée du poète »,  est une coproduction 80/20 entre la France et la Belgique. https://siritz.com/cinescoop/deux-moreau-pour-une-fiancee-de-pirate/

Le film de Vanessa Filho est l’adaptation du roman de Vanessa Springora « Le Consentement », sorti en librairie le 2 janvier 2020 et Grand prix des lectrices de Elle. Ses droits d’adaptation ont été acquis 120 000 €.  Pour la préparation, 33 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 70 000 €, répartie en part égale entre à valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. C’est moins de 90% de la rémunération médiane des réalisateurs des films de fiction Français. Elle a écrit le scénario avec Vanessa Springora et François Pirot pour 48 000 €. Le budget global du scénario étant de 168 000 € c’est 80% du budget moyens des scénarios de ces films. Les rôles principaux ont reçu 98 000 €, soit moins de 50% que ce qu’ils ont reçu en moenne pour ces films.

Moana Films (Marc Missonnier) et Windy Production (Carole Lambert) sont les producteurs délégués Français. France 2 est coproducteur et une sofica garantie y a investi. Eurimages et région Ile de France lui ont apporté leur soutien. Canal+, Ciné + et France 2 l’ont préacheté. Pan Européenne a les mandats de distribution salle et vidéo sans minimum garanti. Univers Ciné a le mandat Vod, également sans minimum garanti  et SND a donné un minimum garanti pour le mandat de vente à l’étranger.

Les coproducteurs Belges sont Panache Productions  (André Logie) et La Compagnie Cinématographique (Gaetan David). Ils ont bénéficié du Tax shelter et Anga Distribution a donné un minimum garanti pour la distribution en Belgique.

Le premier film réalisé par Vanessa Filho était « Gueule d’ange », sorti le 25 mai 2018. Il avait les mêmes producteurs et Mars Films était son producteur. Le film avait rassemblé 107 000 entrées.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.