Partager l'article

L'édito de Serge
Serge Siritzki

UNE RÉVOLUTION ENCOURAGEANTE POUR LE CINÉMA

Par Serge Siritzky

Il est clair que, pour le cinéma, il y a la période avant covid et la période après covid. Et, partout dans le monde, la fréquentation de la deuxième n’a pas retrouvé celle de la première.

C’est dû principalement a une insuffisance de l’offre. Principalement celle des films américains, du fait de l’arrêt de la production pendant le covid puis du report de la sortie de films due à la grève des comédiens. C’est pourquoi le film américain qui, en France, faisait 55% de part de marché avant le Covid est tombée à 45%. Cette chute de 10% représente au moins 20 millions d’entrées sur une année pleine à plus de 200 millions d’entrées. À elle seule elle expliquerait pourquoi la fréquentation de 2023 se situera entre 180 et 190 millions d’entrées, en-deçà des 200 millions au minimum d’avant la crise sanitaire.

Mais la cause du recul semble plus profonde. Pendant le confinement les Français et les habitants du monde ont trouvé d’autres distractions que la sortie cinéma. Et, de ce fait, maintenant qu’elle est redevenue possible, ils sont plus exigeants. Les franchises qui reprennent les mêmes formules ont perdu leur attrait sauf à offrir beaucoup, beaucoup mieux. Et il n’y a plus de star qui garantisse un minimum d’entrées à un film.

En somme, une nouvelle fois, comme au cours de toute son histoire, le cinéma doit se réinventer.

En tous cas, il y a un point positif, c’est le poids que représente l’internet dans la promotion des films. C’est un peu comme quand le numérique a remplacé la copie pellicule pour la diffusion des films en salle. Ainsi le rôle qu’a joué TikTok dans le spectaculaire succès auprès des jeunes du film « Le consentement » , est impressionnant puisqu’il s’agit d’une promotion gratuite. De même, sur la chaîne You tube de Box office, la directrice générale de You tube France, Justine Ryst, donne des chiffres impressionnants : selon une étude Ipsos, 65% des moins de 35 ans regardent les bandes-annonces sur You tube et c’est ce qui leur donne envie d’aller voir des films en salle. Or, comme on le sait, le cinéma en France est de plus en plus un média de vieux et il est impératif de regagner les plus jeunes.

La vision de ces bandes-annonces de longs métrages est mesurée par Médiamétrie sur i-phone, tablette et ordinateurs. Sur téléviseurs connectés elle est mesurée par Comcast et c’est le deuxième média, derrière l’iPhone avec 20 millions de téléspectateurs par mois. Alors qu’il il a 41 millions de spectateurs qui regardent You tube chaque mois sur internet, la bande-annonce y étant l’un des contenus les plus regardes. À noter que ceux qui regardent les bandes-annonces sur leur téléviseur y passent deux fois plus de temps que sur internet. Et les bandes-annonces sur les documentaires sur le climat et les sujets de société cartonnent à la télévision.

En outre, les contenus complémentaires des bandes-annonces, tels les extraits de films, les interviews ou les castings sont également très regardés.

Or internet est gratuit. C’est donc un média qui peut être extrêmement puissant et gratuit. Quelle révolution encourageante pour le cinéma.

Bien entendu, il faut savoir l’utiliser. Et on ne peut vendre un film que les spectateurs n’ont pas envie d’aller voir. Mais qu’est-ce que les spectateurs ou des spectateurs ont envie d’aller voir ? C’est l’enjeu fondamental de chaque  film et du cinéma depuis qu’il existe.

© Copyright - Blog Siritz