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LE BAROMÈTRE DE LA DISTRIBUTION DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE POUR LES FILMS FRANÇAIS

Le distributeur est un acteur déterminant dans l’économie du cinéma. Le producteur ne peut monter son financement tant que les investisseurs potentiels ne savent pas qui va distribuer le film et si ce dernier a déjà prouvé sa compétence pour promouvoir un film et le placer en salles. En outre, il est très souvent, par le minimum garanti qu’il donne sur les recettes à distribuer, une source de financement essentielle du film.

À partir des chiffres de Cinéfinances.info* nous avons établi des baromètres de la distribution des films français de fiction sortis depuis le début de l’année.

Ainsi il apparait que, dans 80% des cas, le distributeur donne un minimum garantie. Dans les 20% sans minimum garantie 3% sont le fait de distributeurs qui sont aussi producteurs et ont investi la totalité de leurs fonds en tant que producteur, le distributeur ne finançant que les frais d’édition (promotion et copies).

Bien entendu, le minimum garanti dépend des mandats qui sont attribués en contrepartie aux distributeurs. Néanmoins, sauf quand le distributeur est également producteur, en général  il ne dispose pas de tous les mandats et, rarement de celui des ventes à l’étranger. Il est intéressant d’avoir un baromètre des minima garantis en valeur absolue.

Le plus élevé, est celui donné par Pathé pour tous les mandats de distribution d’ « Asterix et Obélix-L’empire du milieu » dont il est pourtant aussi coproducteur délégué.  https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-guillaume-canet-2 Le minimum garanti moyen est de 654 000 €. Et le médian n’est que de 175 000 €. C’est dire qu’il y a beaucoup de films pour lesquels le minimum garanti existe mais est très bas.

Si l’on calcule le minimum garanti en pourcentage du financement français total du film (car il y a souvent des coproductions étrangères) le plus élevé est de 27% : c’est celui de « Zodi et Théu, frères du désert », distribué par SND. Il a donné, pour tous les mandats, 3 millions de minimum garanti pour un total de financement français de 11 millions €.https://fr.wikipedia.org/wiki/Zodi_et_Téhu,_frères_du_désert

A noter que le minimum garanti moyen (6%) est inférieur au médian (7%). Ce qui signifie qu’il y a énormément de minima garantis qui ne contribuent qu’à une part réduite du financement (très souvent 4% et moins).

Le nombre de copies la première semaine indique le potentiel de fréquentation  du film selon son distributeur.  Il est fortement corrélé au total des frais d’édition. Nous avons comparé le nombre d’entrées totales effectivement réalisées par chaque  film  au nombre de copies la première semaine. Cette fois-ci cela inclut les films qui n’ont pas donné de minimum garanti. Le record reviens à « Alibi.com 2 », https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-philippe-lacheau-3/ distribué par StudioCanal et TF1 Studio, avec 6 285 entrées par copie. C’est 9 fois le nombre moyen d’entrées par copie qui n’est que de 747.

RECORD POUR « BURNING DAYS »

Si, dans les cas où le distributeur a donné un minimum garanti, on calcule le rapport entre le nombre d’entrées et le nombre d’euros investi, ce n’est pas « Alibi.com2 », mais la coproduction entre la Turquie, la France, l’Allemagne, la Grèce, les Pays-Bas et la Croatie qui arrive largement en tête avec 12 entrées par euro investi. Il faut dire que la France n’a financé que 20% de ce film turc dont le budget de ce passionnant suspense politique turc dont le budget total n’est que de 1,2 millions €. Le distributeur Memento Films n’a donné que 10 000 € de minimum garanti et que le film, qui est toujours en exploitation, va rassembler au moins 150 000spectateurs, sans doute plus.https://fr.wikipedia.org/wiki/Burning_Days

 

Si l’on considère qu’une entrées rapporte en moyenne 3 € au distributeur, les résultats moyens et médians permettent au distributeur de largement amortir son minimum garanti. Mais, le plus souvent, ses frais d’édition sont son principal investissement.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

mise en avant

En janvier et février une petite minorité d’entre eux ont permis à leur distributeur de couvrir son investissement

Les salles vont redémarrer le 22 juin. Est-ce que le public va s’y précipiter ou « attendre de voir » ? On ne sait. Mais, les français n’ont pas hésité à se précipiter au restaurant et au café. Il est donc probable, que, si l’offre de film est attractive, ils n’hésiteront pas à retourner au cinéma.

Lire sur cette problématique : https://siritz.com/editorial/comment-ouvrhttps://siritz.com/editorial/comment-ouvrir-les-salles-avec-une-forte-frequentation/ir-les-salles-avec-une-forte-frequentation/

Néanmoins, il faut se souvenir des deux premiers mois de l’année. Alors que personne ne pensait au Coronavirius, la fréquentation a été catastrophique. Tant la fréquentation générale que celle des seuls films français dont la part de marché est tombée bien en-dessous des 30%. Au point qu’on se demandait déjà si, en 2020, pour la première fois depuis 2013, la fréquentation ne descendrait pas en-dessous de 200 millions de spectateurs. Et, celle des seuls films français, en-dessous de 70 millions de spectateurs. En fait, comme le savent les exploitants, tout est une question d’offre. 

Il est tout de même nécessaire de se souvenir qu’avant même l’arrêt de leur activité, les distributeurs de films français en janvier et février de cette année ont subis une véritable Bérézina. Siritz.com a construit  trois baromètres qui permettent de s’en rendre compte. Il ont été établis à partir des données fournies par Cinéfinances.info*. Mais aussi par des algorithmes* mis au point pour évaluer les frais d’édition. Le premier baromètre, présenté dans cet article, calcule le nombre de film français pour lesquels le distributeur a amorti son investissement (minimum garanti et frais d’édition).

Ainsi, en janvier 25 films français sont sortis et en février 15. Voici le nombre de films qui, selon l’évaluation de Siritz.com, ont pu amortir l’investissement du distributeur, avec les seules recettes salle ou en y ajoutant le soutien automatique et sélectif.

Mais le distributeur doit ensuite couvrir ses frais de structure

7 films ont permis au distributeur d’amortir son investissement

Parmi ceux qui ont très probablement couvert l’investissement du distributeur avec les seules recettes salles on trouve : « Les vétos », distribué par UGC, « Marche avec les loups », distribué par Gebeka, « Une belle équipe » distribué par Gaumont, « Ducobu 3 », distribué par Gaumont, « La fille au bracelet », distribué par « Le Pacte », « Un divan à Tunis » , distribué par Rezzo Film et « 10 jours sans maman », distribué par Studio Canal. Mais cela ne veut pas dire que le distributeur a touché sa pleine commission ni, encore moins, versé le moindre supplément au producteur. Certes, il a le plus souvent les recettes d’autres mandats. Mais, quand le film n’est pas un succès en salle, sauf exception, ces autres recettes sont marginales.

Donc en pourcentage, le nombre des films qui ont permis au distributeur de couvrir son investissement, même en tenant compte du soutien financier, est très minoritaires.

Le soutien financier automatique est donc fondamental à l’économie de distributeur.

Mais, il est vrai que, dès le moi de mars, le démarrage de deux films français, « La bonne épouse », distribué par Memento films, et « De Gaulle », distribué par SND, étaient particulièrement prometteurs. Ces films vont reprendre leur exploitation et on va voir si le très bon bouche à oreille dont ils bénéficient leur permettra d’atteindre financement les entrées espérées.

Ce baromètre est établi à partir de données fournies par le site https://cinefinances.info/ . C’est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Méthodologie de calcul des baromètres

Les baromètres sont établis à partir de calculs film par film. La marge brute (est-ce que le distributeur a couvert son investissement ?) est la différence entre le chiffre d’affaires salle du distributeur et son investissement (frais d’édition et, dans la plupart des cas, minimum garanti).

Le chiffre d’affaires est établi à partir du nombre d’entrées  du film à la fin de sa carrière en salle multiplié par la recette moyenne du distributeur par entrée. Cette dernière est   établie chaque année par le CNC qui calcule le prix moyen de la place de cinéma et la part moyenne du distributeur sur ce prix de place. 

Le soutien automatique généré par un  film est lié au chiffre d’affaires en salle de celui-ci et le soutien sélectif est publié par le CNC. Le soutien sélectif aux entreprise de distribution n’est pas pris en compte car il vise à couvrir une partie des frais des structures des distributeurs qui ont un plan de sortie d’au moins 3 films dans l’année.

Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info dont les informations sur chaque film proviennent des contrats qui sont déposés au registre public du CNC.

Les frais d’édition (frais techniques, frais de promotion et de publicité) sont des évaluations de Siritz.  Pour chaque film cette évaluation s’appuie  sur l’étude annuelle du CNC sur les coûts de distribution des films français, qui prend en compte plusieurs critères. A partir de cette étude Siritz.com a établi un algorithme qui prend en compte plusieurs critères (ampleur de la sortie, budget du film, genre du film, profil du distributeur). 

Les résultats de celui-ci ont été comparés aux contrats de distribution fournis par Cinéfinances.info qui indiquent les médias pour lesquels le distributeur a un mandat, les taux des  commissions de distribution, le minimum garanti et le plafond des frais d’édition au-delà desquels le distributeur doit demander l’autorisation du producteur. Souvent, le contrat fixe aussi un plancher de frais d’édition. Sauf quelques rares exceptions l’algorithme  donnent des chiffres conformes au contrat.

Par ailleurs, en 2019, Cinéfinances.info a interrogé des producteurs sur le montant des frais d’éditions transmis par le distributeur. En général, les plafonds et les planchers sont respectés. Et les évaluations se sont révélées exactes avec une faible marge d’erreur.

Enfin, sur un baromètre qui porte sur 15 à 20 films par mois, les marges d’erreur dans un sens ou dans l’autre se compensent en grande  partie.

En revanche Siritz.com ne peut évaluer les marges arrière dont pourraient bénéficier certains distributeurs et qu’ils ne transmettraient pas au producteur.