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Baromètre

Baromètre de la distribution

La Bérézina de la distribution des films français

En janvier et février une petite minorité d’entre eux ont permis à leur distributeur de couvrir son investissement

Les salles vont redémarrer le 22 juin. Est-ce que le public va s’y précipiter ou « attendre de voir » ? On ne sait. Mais, les français n’ont pas hésité à se précipiter au restaurant et au café. Il est donc probable, que, si l’offre de film est attractive, ils n’hésiteront pas à retourner au cinéma.

Lire sur cette problématique : https://siritz.com/editorial/comment-ouvrhttps://siritz.com/editorial/comment-ouvrir-les-salles-avec-une-forte-frequentation/ir-les-salles-avec-une-forte-frequentation/

Néanmoins, il faut se souvenir des deux premiers mois de l’année. Alors que personne ne pensait au Coronavirius, la fréquentation a été catastrophique. Tant la fréquentation générale que celle des seuls films français dont la part de marché est tombée bien en-dessous des 30%. Au point qu’on se demandait déjà si, en 2020, pour la première fois depuis 2013, la fréquentation ne descendrait pas en-dessous de 200 millions de spectateurs. Et, celle des seuls films français, en-dessous de 70 millions de spectateurs. En fait, comme le savent les exploitants, tout est une question d’offre. 

Il est tout de même nécessaire de se souvenir qu’avant même l’arrêt de leur activité, les distributeurs de films français en janvier et février de cette année ont subis une véritable Bérézina. Siritz.com a construit  trois baromètres qui permettent de s’en rendre compte. Il ont été établis à partir des données fournies par Cinéfinances.info*. Mais aussi par des algorithmes* mis au point pour évaluer les frais d’édition. Le premier baromètre, présenté dans cet article, calcule le nombre de film français pour lesquels le distributeur a amorti son investissement (minimum garanti et frais d’édition).

Ainsi, en janvier 25 films français sont sortis et en février 15. Voici le nombre de films qui, selon l’évaluation de Siritz.com, ont pu amortir l’investissement du distributeur, avec les seules recettes salle ou en y ajoutant le soutien automatique et sélectif.

Mais le distributeur doit ensuite couvrir ses frais de structure

7 films ont permis au distributeur d’amortir son investissement

Parmi ceux qui ont très probablement couvert l’investissement du distributeur avec les seules recettes salles on trouve : « Les vétos », distribué par UGC, « Marche avec les loups », distribué par Gebeka, « Une belle équipe » distribué par Gaumont, « Ducobu 3 », distribué par Gaumont, « La fille au bracelet », distribué par « Le Pacte », « Un divan à Tunis » , distribué par Rezzo Film et « 10 jours sans maman », distribué par Studio Canal. Mais cela ne veut pas dire que le distributeur a touché sa pleine commission ni, encore moins, versé le moindre supplément au producteur. Certes, il a le plus souvent les recettes d’autres mandats. Mais, quand le film n’est pas un succès en salle, sauf exception, ces autres recettes sont marginales.

Donc en pourcentage, le nombre des films qui ont permis au distributeur de couvrir son investissement, même en tenant compte du soutien financier, est très minoritaires.

Le soutien financier automatique est donc fondamental à l’économie de distributeur.

Mais, il est vrai que, dès le moi de mars, le démarrage de deux films français, « La bonne épouse », distribué par Memento films, et « De Gaulle », distribué par SND, étaient particulièrement prometteurs. Ces films vont reprendre leur exploitation et on va voir si le très bon bouche à oreille dont ils bénéficient leur permettra d’atteindre financement les entrées espérées.

Ce baromètre est établi à partir de données fournies par le site https://cinefinances.info/ . C’est un site, accessible par abonnement,  destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

Méthodologie de calcul des baromètres

Les baromètres sont établis à partir de calculs film par film. La marge brute (est-ce que le distributeur a couvert son investissement ?) est la différence entre le chiffre d’affaires salle du distributeur et son investissement (frais d’édition et, dans la plupart des cas, minimum garanti).

Le chiffre d’affaires est établi à partir du nombre d’entrées  du film à la fin de sa carrière en salle multiplié par la recette moyenne du distributeur par entrée. Cette dernière est   établie chaque année par le CNC qui calcule le prix moyen de la place de cinéma et la part moyenne du distributeur sur ce prix de place. 

Le soutien automatique généré par un  film est lié au chiffre d’affaires en salle de celui-ci et le soutien sélectif est publié par le CNC. Le soutien sélectif aux entreprise de distribution n’est pas pris en compte car il vise à couvrir une partie des frais des structures des distributeurs qui ont un plan de sortie d’au moins 3 films dans l’année.

Le minimum garanti est fourni par Cinéfinances.info dont les informations sur chaque film proviennent des contrats qui sont déposés au registre public du CNC.

Les frais d’édition (frais techniques, frais de promotion et de publicité) sont des évaluations de Siritz.  Pour chaque film cette évaluation s’appuie  sur l’étude annuelle du CNC sur les coûts de distribution des films français, qui prend en compte plusieurs critères. A partir de cette étude Siritz.com a établi un algorithme qui prend en compte plusieurs critères (ampleur de la sortie, budget du film, genre du film, profil du distributeur). 

Les résultats de celui-ci ont été comparés aux contrats de distribution fournis par Cinéfinances.info qui indiquent les médias pour lesquels le distributeur a un mandat, les taux des  commissions de distribution, le minimum garanti et le plafond des frais d’édition au-delà desquels le distributeur doit demander l’autorisation du producteur. Souvent, le contrat fixe aussi un plancher de frais d’édition. Sauf quelques rares exceptions l’algorithme  donnent des chiffres conformes au contrat.

Par ailleurs, en 2019, Cinéfinances.info a interrogé des producteurs sur le montant des frais d’éditions transmis par le distributeur. En général, les plafonds et les planchers sont respectés. Et les évaluations se sont révélées exactes avec une faible marge d’erreur.

Enfin, sur un baromètre qui porte sur 15 à 20 films par mois, les marges d’erreur dans un sens ou dans l’autre se compensent en grande  partie.

En revanche Siritz.com ne peut évaluer les marges arrière dont pourraient bénéficier certains distributeurs et qu’ils ne transmettraient pas au producteur.

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