UN MANQUE TOTAL DE STRATÉGIE
Par Serge Siritzky
Comme le note Les Échos, l’année 2022 va terminer avec une fréquentation en-dessous de 155 millions de spectateurs, la plus faible depuis 1999. Et pourtant, il y a tout lieu d’être optimiste pour l’avenir du cinéma en France et sur a capacité à retrouver une fréquentation annuelle d’au moins 200 millions de spectateurs.
C’est ce que démontre les remarquables performances d’Avatar 2.
La semaine dernière, avec les seuls résultats des quatre premiers jours du Cinechiffres, https://siritz.com/editorial/demarrage-encourageant-pour-avatar-2/,nous estimions que, hors match de l’équipe de France, il faisait mieux que le premier Avatar, sorti en 2009. Or, sur la semaine, et sur l’ensemble de la France, malgré la demi-finale et la finale de l’équipe de France, il a fait mieux que le premier opus : 2,74 millions de spectateurs contre 2,65 millions !
C’est une confirmation éclatante de ce que le cinéma est un marché d’offre. Mais, changement majeur, il l’est devenu plus qu’avant. Car il est clair que le spectateur, sans doute du fait de la multiplication des offres de distraction, est beaucoup plus sélectif. Il ne veut se déplacer et payer que s’il estime que, dans son genre, le film est exceptionnel.
Le cinéma français doit renouveler ses comédies
Autre fait à noter. Les Américains ont sensiblement réduit leur nombre de films et ont même stoppé leur production pendant une bonne partie de la pandémie, alors que les Français l’ont poursuivi au même rythme. Or le Top 10 des entrées n’est composé que de films américains. Et le Top 20 de 14 films américains. Les Français ont perdu la capacité de faire des films qui rassemblent plus de 5 millions de spectateurs alors qu’ils ont su en faire qui en rassemblaient de 15 à 20 millions. En fait, pour atteindre ces scores les films français doivent être des comédies populaires, qui attirent tous les âges. Peut-être sera-ce le cas d' »Asterix le gaulois ». Mais, « Asterix la potion magique », sorti en décembre 2018, n’avait pas atteint 4 millions d’entrées. En tout cas, la production française doit impérativement renouveler ses comédies, car, comme le démontre Alain Le Diberder, c’est elle qui tire la fréquentation des films français. https://alain.le-diberder.com/le-cinema-a-la-francaise-nest-pas-eternel/
Un manque total de stratégie
En fait, la production cinématographique française dispose plus de moyens financiers et de sources de financement que jamais. Mais, bien que le CNCA soit chargé de l’encadrer et de piloter tous ces moyens, il le fait sans la moindre stratégie, sans la moindre reconnaissance que les bouleversements du secteur audiovisuel doivent inévitablement conduire à une profonde réforme de l’écosystème de ce secteur.