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L'édito de Serge
Serge Siritzki

TRÈS MAUVAIS CHIFFRES DE JANVIER

Par Serge Siritzky

LA DISTRIBUTION DE FILMS FRANÇAIS  TOUJOURS AUSSI DÉFICITAIRE

Nous avions effectué, à partir des chiffres donnés par Cinéfinances.info*, une évaluation de la rentabilité des investissements des distributeurs dans les films français sortis en décembre 2021. https://siritz.com/financine/la-barometre-des-mg-distributeur-2021/

Nous avons recommencé l’opération pour les films sortis en janvier 2022. Or, là encore, pour près de 60% des films l’investissement n’est pas couvert par cette sortie salle. Certes, pour certains films, le distributeur a d’autres mandats qui devraient lui permettre de dégager une légère marge. C’est le cas de « Adieu monsieur Haffmann » qui est un film cher pour lequel le distributeur, Pathé/Orange Studio,  a donné un minimum garanti de 1,25 millions € mais pour tous les mandats. Les mandats vidéo, vod et international devraient lui permettre de dégager une marge.

Mais le distributeur, quand le film est un succès, ne touche que sa commission qui est au maximum de 30% alors que quand le film n’amortit pas son investissement la différence négative entre son chiffre d’affaires et son investissement est à 100% à sa charge.

Ainsi, pour le film «Ouistreham » qui, avec plus de 400 000 entrées est un succès, le distributeur reverse environ la moitié de sa marge à la production. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-demannuel-carrere/

Probablement le film  français le plus rentable en janvier

Mais pour « L’amour c’est mieux que la vie », pour lequel la marge négative est du même ordre de grandeur que la marge positive du film précédent, celle-ci est entièrement à la charge du distributeur Metropolitan Film export. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-claude-lelouch/

Ce film illustre par ailleurs la carrière de nombreux films qui, cette année, démarrent correctement puis s’effondrent dès la seconde semaine.

C’est pourquoi, sur l’ensemble des films français sortis en janvier 2022, la perte cumulée sur la sortie de la distribution en salle est de plus de 7% de son investissement. Ce chiffre est sans doute légèrement réduit par l’exploitation des autres mandats. Mais ceux-ci n’existent pas pour tous les films. En outre, pour les films qui sont des échecs en salle, ils le sont en général aussi sur les autres médias. Surtout, rappelons-le, le distributeur a besoin de recevoir une commission pour, en premier lieu, couvrir ses frais généraux.

En tout cas cela fait deux mois consécutifs que la distribution des films français est gravement déficitaire. Il doit probablement en être de même pour les films étrangers, sauf quelques blockbusters américains.

L’exploitation est évidemment également très touchée par ce faible niveau de la fréquentation par rapport aux niveaux d’avant la crise. En revanche, en principe les producteur avaient couvert financement de leur film avant le lancement de leur production. Mais la plupart d’entre eux n’ont même pas reçu les premiers 150 000 € d’aide automatique réservés au producteur délégué. Et, pour les films à venir, ils ne pourront compter sur les mêmes niveaux de minima garantis des distributeurs.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.

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