AUDIOVISUEL : L’INNOVATION PARENT PAUVRE
Par Serge Siritzky
EN FRANCE LA PRIORITÉ EST DONNÉE À LA RÉGLEMENTATION ET LA CONCENTRATION
Le gouvernement est favorable à la fusion de TF1 et de M6, car se sont des nains comparés aux géants américains de la S-VoD. Et la présidente de France télévisions partage ce point de vue et doit sans doute souhaiter une fusion de son groupe avec radio France. https://siritz.com/editorial/vers-du-grabuge-dans-laudiovisuel/
Mais, à part la présidente de France télévisions et le président du CSA, les autres diffuseurs et les producteurs indépendants de télévision sont contre, surtout les producteurs de flux que rien ne protège contre une intégration verticale renforcée, dans leur secteur, de ce nouveau groupe.
En tout cas, ce qui est frappant c’est que ces deux diffuseurs, comme France télévisions d’ailleurs, n’ont pas axé leur développement sur l’innovation numérique, à la différence par exemple des chaînes britanniques.
Un article des Échos du 20 octobre notait ainsi que, en 2020, le chiffre d’affaires de la télévision de rattrapage des chaines françaises représentait 125 millions € contre 426 millions € pour la VoD gratuite ou payante des chaines britanniques, soit 11% de leur chiffre d’affaires. https://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/le-replay-l-arme-des-cha-nes-contre-la-svod-39883867.htm
Ce retard â l’allumage de la télévision française n’est pas nouveau. Ainsi, le feuilleton quotidien est à l’évidence un genre majeur de la télévision. Au Royaume-Uni « Coronation street » date de 1960. En France, le premier feuilleton quotidien, « Plus Belle la vie » date de….2004 alors qu’il y en avait alors 4 qui triomphaient au Royaume-Uni et au moins 3 dans chacun des grands pays voisins.
Les GAFA sont intégralement nés de l’innovation, y compris Netflix. Certes Disney, un puissant acteur établi, se développe, mais il reste encore loin derrière.
Le seul domaine où la télévision française a, en fait, innové, est le flux de M6 qui traite des sujets concernant la vie quotidienne des français. Ce qui a permis â cette « petite » chaine d’être beaucoup plus rentable que TF1. Mais elle n’ a pas transposé ce succès dans le numérique, alors que Netflix a démarré comme loueur de K7 vidéo. Et Amazon a commencé en vendant des livres en ligne.
La culture économique dominante en France repose sur la taille et la réglementation beaucoup plus que sur l’innovation.