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Les professionnels du cinéma continuent de se demander ce qui explique la baisse de la fréquentation et, surtout, par quels moyens les salles peuvent revenir au niveau d’avant la crise de la Covid.
Certains incriminent le prix des places qui serait trop élevé. Ils remarquent notamment que la fréquentation a baissé de beaucoup  moins dans les salles art et essai que dans les multiplex. Or les premières ont des prix plus bas que les secondes. Mais la baisse dans les multiplex est avant tout due à la baisse du nombre de blockbusters américains.

Jérôme Seydoux, le patron de Pathé estime que, quand les spectateurs vont voir un film qu’ils ont à coeur, les places « les plus chères sont celles qui partent le plus vite. » En réalité, ce n’est vrai que pour les rares superproduction pour lesquels l’IMAX, voire les sièges qui bougent, font la différence.

En fait, il semble que, pendant le confinement, nombre de français ont pris l’habitude d’autres loisirs, à commencer par les plates-formes. Et que leurs séries sont très souvent de bien meilleure qualité que la plupart des films qui sortent. Le problème est donc avant tout un problème d’offre. Lors des États généraux du cinéma, en introduction, Jack Lang l’a nié en dénonçant « le détricotage qui menace » et a incité à ne pas « se laisser  embarquer dans une course à l’audience et à la fréquentation qui pourrait être fatale aux idées que nous pouvons partager les uns et les autres ». Donc il ne faut surtout pas chercher à remonter la fréquentation…

Aujourd’hui, du fait des plates-formes,  une grande partie des spectateurs ne se déplacera pour aller au cinéma que « si cela en vaut vraiment la peine ». Certes, de bons films spectaculaires gagneront toujours â être vus en salle plutôt que sur un écran de télévision. Et, même pour un film non « spectaculaire »,  dans une salle pleine, l’émotion, se transmettant de spectateur en spectateur, est augmentée. Et, notamment, pour un film vraiment très drôle. Le rire est communicatif.

Cette offre « qui en vaut la peine », nécessaire au cinéma n’est pas synonyme de gros budget. Elle est synonyme de qualité et d’investissements proportionnés au potentiel du film. Qualité, culture et économie ne sont pas antinomiques. « Novembre », le film de Cédric Jimenez est un très bon film, particulièrement spectaculaire. Son budget est de l’ordre de 27 millions €, donc plus du double de son précédent film, « Bac Nord » qui en avait coûté la moitié et a rassemblé 2,2 millions de spectateurs. « Novembre » a démarré avec 25% d’entrées en plus, mais devrait réaliser d’excellent ventesinternationales. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-cedric-jimenez-3/

Dans un autre registre « Revoir Paris « d’Alice Winocour est également un excellent film. Son budget est de 5,8 millions € et Pathé a donné un minimum garanti de 1 millions €pour les mandats salle, vidéo et étranger, c’est évidemment une bonne affaire. Tout comme pour les deux producteurs ce sera une très bonne affaire. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-dalice-winocour/

Et, avec de petits ou moyens budget, d’autres films français ont été des réussites et des succès : « As Bestas », « La nuit du 12 » et « Les enfants des autres ». « L’innocent » être de la liste. Mais ils ne peuvent évidemment remplacer les blockbusters qui permettait aux films américains de faire 55% des entrées.

Le cinéma n’a de raison d’être que parce qu’il a des spectateurs. Une raison d’être qui n’est pas uniquement de faire vivre, et parfois très bien vivre, ceux qui le fabriquent. Or, au fil des années, au-delà du soutien du CNC, qui est  une épargne forcée mais aussi  un droit de douane sur les films étrangers,  l’État n’a cessé de lui procurer des sources de financement supplémentaires qui n’ont aucun rapport avec l’existence de spectateurs : obligations d’investissement des chaînes, incitation d’investissement des régions, avantages fiscaux à ceux qui investissent dans les soficas, crédit d’impôt, obligations d’investissements des plates-formes, etc…

Donc, à l’encontre de ce que suggèrent nombre d’intervenants aux états généraux du cinéma, la solution ne semble pas dans l’ajout de soutiens pour financer des films sans spectateurs.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose de nombreuses archives et d’un puissant moteur de recherche. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

POUR LA RÉALISATION DE « REVOIR PARIS »

C’est le 4ème long métrage de cette diplômée de la Femis, section scénario.https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Winocour

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Le film est produit par Isabelle Madelaine (Dharamsala) & Émilie Tisné (Darius Films) pour un budget prévisionnel de 5,3 millions €.

Pour la préparation, 32 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice est de 120 000 €, répartie en part égale entre à-valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien.

C’est un peu moins que la rémunération moyenne des réalisateurs de films français de fiction sortis cette année. https://siritz.com/financine/la-remuneration-des-realisateurs/

Elle a écrit le scénario avec Jean-Stéphane Bron et  Marcia Romano pour  165 000 €. Là encore c’est moins que le budget moyen des scénarios de films français sortis en 2022. Mais, comme dans la majorité des cas, le budget du scénario est plus élevé que la rémunération de la réalisatrice et ils s’étaient partagés 166 000 €. https://siritz.com/financine/le-barometre-des-scenarios-2/

Le film a bénéficié de 690 000 € d’avance sur recettes. Il est coproduit par France 3 cinéma.

La région Ile de France lui a apporté son soutien.

Canal+, Mutithématiques et France 3 avaient acheté un passage. Pathé avait les mandats de distribution salle et vidéo pour le monde en donnant un minimum garanti par 3 soficas adossées.

Pathé a donné un minimum garanti pour les mandats salle et vidéo monde.

Le précédent film réalisé par Alice Winocour  est « Proxima », sorti le 27 novembre 2019. Il avait les mêmes producteurs et le même distributeur.

Pour la préparation, 48 jours de tournage et la post-production la rémunération de la réalisatrice était de 150 000 €, répartie en part égale entre à-valoir sur droits d’auteur et salaire de technicien. Elle avait écrit le scénario avec Stéphane Bron et ils s’étaient partagés 166 000 €.

Le film était coproduit par Pathé et France 3. Il avait bénéficié de 700 000 € d’avance sur recettes. Les régions Ile de France et Paca avaient apporté leur soutien. Canal+, Multithématique et France 3 avaient acheté un passage.

Pathé avait un mandat de distribution salle et vidéo monde. Son minimum garanti avait été apporté par trois soficas adossées.

Le film avait rassemblé 115 000 spectateurs.

.www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose de nombreuses archives et d’un puissant moteur de recherche. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.