Le 79ème Congrès de la Fédération nationale des cinéma français, qui s’est tenu à Deauville la semaine dernière, a de quoi rendre optimiste sur l’avenir du cinéma en France.
Certes, la fréquentation des salles n’a pas encore retrouvé ses niveaux d’avant le Covid puisqu’elle est encore en baisse de 5% par rapport à l’année dernière qui avait terminé à 10% en-dessous des 200 millions de spectateurs qu’elles atteignaient régulièrement avant le Covid. Mais le rapport des branches a indiqué, cette année, que la petite et la moyenne exploitation se portaient globalement bien. Cela est dû, comme l’a rappelé Olivier Henrard, le Président du CNC, au faits que le cinéma en France était marqué par sa diversité : dans les autres grands pays d’Europe le Top 10 des films représente un tiers des entrées, chez nous seulement 25%. Et cette diversité est bénéfique pour la petite et moyenne exploitation.
En revanche, la grande exploitation est encore à 15% en-dessous de l’année dernière, car celle-ci est très sensible aux poids lourds et, notamment à ceux du top 10, qui ont manqué les premiers mois de l’année. Néanmoins, la journée des distributeurs où ceux-ci ont présenté les bandes-annonces et des extraits des films à venir, a laissé augurer d’une offre de hauts niveaux dans les prochains mois, à commencer par la semaine prochaine avec « Joker 2 ». Surtout, « Le robot sauvage », le dessin animé qu’Universal a présenté un soir est, de l’avis de tous les exploitants, du niveau des meilleurs Pixar et devrait engranger des millions et des millions de spectateurs de spectateurs. Au contraire, l’année dernière, la fréquentation a-vait commencé à s’effondrer fin septembre.
Cela dit, les exploitants ont des motifs d’inquiétudes. Ainsi, l’opération « école au cinéma » est en danger. L’année dernière elle a mobilisé 77 000 enseignants des collèges et lycée et a concerné 2 millions d’élèves qui ont été voir des films dans 1 500 établissements. Or, au cours des 6 premiers mois de cette année, le cinéma en France enregistre une énorme baisse des inscriptions des enseignants pour la formation à l’encadrement des élèves. Et une baisse de nombre d’élèves. C’est d’ailleurs un nouvel exemple de la crise de notre enseignement : trop peu d’enseignants et des enseignants mal payés.
Par ailleurs, les exploitants, et tout particulièrement ceux de la grande exploitation, se plaignent à juste titre que les barèmes du soutien automatique n’ont pas été réévalués depuis 2012, ce qui, compte tenu de l’inflation, correspond à une diminution sensible de ce soutien. Olivier Henrard a affirmé que le CNC travaillait à une révision de ces barèmes. Néanmoins, Richard Patry, le président de la FNCF, a cru bon de mettre en garde contre la tentation deBercy, qui cherche toutes les économies possibles, de réduire ce soutien : « Pas touche ! ce n’est pas de l’argent public mais l’argent de notre public « , a-t-il rappelé.
Depuis le triomphe de « Un p’tit truc en plus » et des jeux para-olympiques, le handicap est à l’ordre du jour en France. Cela a permis à la CST de rappeler qu’il y a là un marché à développer avec les projections pour les mal entendants, les mal-voyants et les séances Ciné-Relax (destinées aux personnes dont le handicap entraine un trouble du comportement).
La séance consacrée à l’écologie des cinémas a été riche d’enseignement. Il y a un plan national de réduction obligatoire progressive de la consommation d’énergie et d’eau ainsi que du niveau des déchets, que les salles doivent respecter dans les années à venir. Une commission de la FNCF a mené des études qui démontrent que cette démarche contribuera à la réduction des coûts de fonctionnement de l’exploitation. Et un outil numérique a été mis en place pour aider les exploitants à y parvenir : en fonction des réponses à un questionnaire précis sur leurs salles ils obtiendront un agenda, adapté aux caractéristiques de chaque salle, des mesures à prendre pour respecter le plan.
Par ailleurs le CNC va publier une étude sur l’intérêt des projecteurs laser : ils consomment quatre fois moins d’énergie que les projecteurs à lampes Xenon et leur impact environnemental est le tiers de celui de ces derniers. Leur intérêt financier est donc évident. Le représentant de la banque BNP-Paribas en a profité pour rappeler que son établissement offrait des réductions de taux d’intérêt pour les investissements à impact écologique.
Comme prévu dans nos colonnes, https://siritz.com/editorial/les-lecons-du-triomphe-de-kaizen/ dans les couloirs, au restaurant et dans la salle un des sujets qui a suscité des interrogations tout comme des interventions enflammées lors des débats a été le succès de la diffusion de Kaizen et, surtout, le non-respect de la réglementation des visas spéciaux par son distributeur, MK2. LA FNCF et plusieurs distributeurs ont rappelé qu’ils avaient mis en garde le CNC contre ce qu’ils savaient devoir être une violation dûment programmée de la loi. Le président du CNC a rappelé qu’il n’avait pas le pouvoir d’empêcher un délit avant qu’il n’ait été commis et que c’était la première fois que cette réglementation n’avait pas été respectée. Pour ce type de visa, une fois commise la sanction est d’ordre pénale (jusqu’à 45 000 € d’amende, ce qui est évidemment dérisoire pour les profits dégagés par 310 000 billets vendus). Olivier Henrard a fait remarquer que les distributeurs dont les films avaient été déprogrammés un vendredi soir pour permettre une diffusion illégale de « Kaizen » pouvaient saisir le juge civil et demander réparation de ce préjudice.
D’une manière générale les exploitants sont revenus de ce Congrès optimistes quand à l’avenir du cinéma en France. C’était incontestablement un bon 79 ème congrès de la FNCF.