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LES DISTRIBUTEURS DEVRONT GÉRER L’ENCOMBREMENT DES SORTIES

Selon Roselyne Bachelot, la ministre de la culture, dans l’émission de Yves Calvi sur Canal+,  les cinéma pourraient réouvrir cet été. Les négociations sur les conditions de cette réouverture  devraient donc s’accélérer. Elles porteront sur le niveau des restrictions, comme des jauges à 50%, voir 25%, ainsi que sur la fixation de mesures barrières. Cette ouverture suppose en tout cas la disparition du couvre-feu, avec la question de savoir si, au départ, on ne limitera pas à une seule le nombre de séances de nuit. La concomitance avec l’ouverture des restaurants et des cafés est évidemment un enjeu très important.

Les expériences étrangères de réouverture confirment que ce retour à une vie normale va se traduire par une fringale de consommation, notamment de loisirs. Comme les années folles après la première guerre mondiale et la grippe espagnole. Comme les 30 glorieuses après la première guerre mondiale.

Mais cela ne signifie pas que tout sera encore mieux qu’avant. Car le cinéma français va devoir faire face à deux problèmes. En premier lieu l’encombrement de films français qui n’ont cessé d’être produits et n’auront pu sortir depuis 9 mois. Il devrait  se situer entre 150 et 180. Ils s’ajouteront aux quelques quatre ou cinq nouveaux films français qui sortent en moyenne chaque semaine. Eric Marti, qui est un fin-connaisseur en la matière est sceptique sur  la capacité des distributeurs à se mettre d’accord pour étaler les sorties. https://siritz.com/le-carrefour/eric-marti-lecons-de-la-pandemie/https://siritz.com/le-carrefour/eric-marti-lecons-de-la-pandemie/

Le second problème est celui de l’approvisionnement en films américains puisque certains Studios privilégient clairement le développement de leur plateforme. Or, normalement, les films américains représentent entre 50 et 55% des entrées des salles en France. https://siritz.com/editorial/s-vod-quelle-riposte-des-exploitants/

Aux États-Unis, Disney et Warner vont sortir leurs films simultanément en salle et sur leur plateforme c’est parce que de nombreuses salles seront encore fermées ou vont réouvrir avec des jauges très limitées. Mais si les salles ré-ouvrent en France, pourquoi Warner ne sortirait pas ses films en salle alors que HBO Max ne sera pas présent chez nous avant l’année prochaine. Quant à Disney sa stratégie est fluctuante : « Mulan », même en France où les salles étaient ouvertes, a été proposé aux seuls abonnés de Disney + en VoD Prime à 30 $ ou 30 €. Visiblement cela n’a pas été un succès, puisque, ensuite, son dessin animé de Pixar, « Soul » a été offert directement aux abonnés, sans supplément à payer. Enfin, Bob Chapek, le PDG du groupe vient d’annoncer que, aux États-Unis, que Disney va expérimenter une troisième formule : son nouveau dessin animé, « Raya et le dernier dragon », sortira simultanément dans un nombre limité de salle et en VoD Prime pour les abonnés de Disney+. https://fr.wikipedia.org/wiki/Raya_et_le_Dernier_Dragon

Pour l’instant rien n’est annoncé concernant la France. Mais Bob Chapek a reconnu ne pas être certain que l’on reviendra à la fenêtre d’exclusivité des salles d’avant la pandémie.

Donc, en fait, dans cette période où une grande partie des salles dans le monde sont encore fermées, ces deux studios semblent plutôt chercher le moyen d’amortir au mieux l’énorme investissement que constituent leurs films. Et les tatonnements de Disney indiquent que ni la diffusion directe sur Disney +, ni la VoD Prime réservée aux abonnés de la plateforme ne suffit. En outre, les distributeurs américains, comme les français, devront gérer une situation d’encombrement des sorties.

Pour l’instant certains exploitants américains semblent accepter la sortie simultanée. Mais, eux aussi savent que la période est exceptionnelle et que chacun doit « faire avec ». Néanmoins  l’encombrement des sorties va les mettre en situation de force par rapport aux distributeurs.

Enfin, en France, pendant la fermeture des salles, quand le cinéma français va affronter la crise de l’encombrement, le montage de nouveaux films ne sera-t-il pas rendu plus difficile ? Car, sans distributeur aucun financement n’est bouclé. Et la plupart des distributeurs vont attendre d’avoir sorti leurs films avant de s’engager sur de nouveaux.