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L’analyse de la baisse de la fréquentation reste essentielle pour le cinéma. Or on commence à disposer de données qui permettent de l’approfondir.  https://siritz.com/editorial/le-cinema-est-un-loisir-collectif/D’une manière générale, la baisse est beaucoup moins élevée en France que chez nos voisins européens. https://www.lefigaro.fr/medias/en-europe-la-frequentation-des-cinemas-a-plonge-de-60-20220517

En ce qui concerne la France, Comscore vient de publier le cumul de fréquentation sur l’année écoulée, du 19 mai 2021 au 18 mai 2022. Elle est de 153,1 millions d’entrées. Soit 73,9% par rapport à la moyenne des années 2011 à 2019 qui était de 2007 millions.

MOINS DE FILMS AMÉRICAINS

Mais depuis un an, la part de marché des films américains, qui était avant la crise de la covid, de 55%, est tombée à moins de 30%. Parce que les majors américaines ont arrêté nombre de leurs productions, ont retardé la sortie de leurs films ou les ont diffusés directement sur les plateformes. S’ils les avaient sortis normalement, ce qui aurait maintenu leur part de marché de 55%, leur fréquentation serait normalement passée de 46 millions de spectateurs à 84 millions, soit 38 millions de plus. La fréquentation globale aurait été de 191,1 millions d’entrées. Soit 7,7% de moins que la moyenne de 2011 à 2019 et non 26,1%.

Bien entendu la question est de savoir si et quand les blockbusters des majors vont retrouver leur niveau d’avant la crise. Ce qui est certain c’est que l’offre du second semestre sera supérieure à celle du second semestre, en commençant pas « Top Gun » jusqu’à « Avatar 2 » qui va sorti le 14 décembre. Or le premier « Avatar » avait rassemblé plus de 14 millions de spectateurs.

Mais Disney n’aura-t-il pas la tentation de sortir certains de ses gros blockbusters directement sur sa plateforme Disney+ pour pousser les abonnements ? C’est peu probable. D’une part parce qu’il semble que ce soit avant tout les fortes séries qui incitent aux abonnements, comme « Oussékine » sur Disney+ ; d’autre part parce que le marché français des salles est un très fort marché. Un film susceptible de réaliser 3 millions d’entrées, peut générer plus de 10 millions de chiffre d’affaires en salle et plus de 9 millions € de marge. Il peut ensuite générer plusieurs millions d’euros par ses ventes à Canal+ ou OCS, puis à une chaîne en clair. Même si le film sort directement sur une plateforme dans de nombreux territoire, cette sortie peut être occultée en France.

Constatant en tout cas que les studios américains en se concentrant sur les blockbusters spectaculaires fabriquent des œuvres conçues pour les salles de spectacle du cinéma et qui perdent une grande partie de leur attrait sur les plateformes.

LA CONCURRENCE DES PLATEFORMES

Mais, même avec ce calcul, on arrive à une fréquentation de 16 millions d’entrées en moins que la moyenne des années d’avant la crise. Comme expliquer le solde qui subsiste ? https://www.franceinter.fr/cinema/cinema-les-plateformes-de-streaming-video-sont-bien-une-menace-pour-la-frequentation-des-salles-obscures

Là, c’est une étude que vient de réalise l’IFOP pour l’AFCAE qui apporte des lumières. Selon elle 29% des abonnés à un service de S-Vod vont moins au cinéma et 12% plus du tout. Or les abonnements à ces plateformes ont fortement augmenté pendant la fermeture des salles. 35% d’entre eux ont souscrit à cet abonnement pendant la fermeture. Et ce que les abonnés recherchent sur ces plateformes ce sont avant tout les séries.

Arrivera-t-on à reconquérir progressivement ces spectateurs perdus. Est-ce que le prix des places de certains cinéma n’est pas devenu prohibitif pour une partie des spectateurs qui constate qu’il dépasse de loin un mois d’abonnement à une plateforme et que, souvent, il n’y a plus de réduction pour les seniors. Ou bien le cinéma français doit offrir des œuvres qui sont de véritables spectacles ? Il faut dire que cette option est peut-être entravée par le rôle déterminant que joue les chaînes de télévision dans le financement de nos films.