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L'édito de Serge
Serge Siritzki

LE CINEMA EST UN LOISIR COLLECTIF

Par Serge Siritzky

ON EST PASSÉ DE 25 ENTRÉES PAR SÉANCE À 18, VOIR 16.

Ce mercredi, les vacances scolaires étant terminées et les premiers vrais beaux jours étant apparus, les Français n’ont pas eu envie de s’enfermer au cinéma. Le Mercredi précédent, le Cinéchiffres était à 166 000 entrées. Cette semaine  il est tombé à 62 000 entrées, soit une baisse de 62%. C’est évidemment catastrophique pour les distributeurs et les exploitants, d’autant plus que ce mercredi sortaient 19 nouveaux films. C’est une douche froide pour mon optimisme de la semaine dernière. https://siritz.com/editorial/sur-la-fenetre-prioritaire-de-la-salle/

Ces chiffres de la fréquentation cinématographique sont l’objet d’intenses réflexions de toute la profession. Ainsi, dans une  très intéressante interview au Film français, François Aymé, le président de la l’AFCAE, estime qu’il est indispensable de repenser le modèle économique du cinéma. https://fr.wikipedia.org/wiki/Association_française_des_cinémas_d%27art_et_d%27essai

Il note tout d’abord que « jusqu’en 2019, les titres art et essai moyennement ou peu porteurs pouvaient s’appuyer sur des gens allant deux ou trois fois par semaine au cinéma. ». Or, on note aujourd’hui une baisse des assidus. Donc « si les spectateurs qui s’y rendaient auparavant trois fois y vont maintenant deux fois , c’est mécaniquement le petit film qui trinque. »

Et son analyse me semble fondamentale. Il note ainsi que le nombre de séances a explosé : « En 2019 8,5 millions de séances ont été organisées avec en moyenne 25 entrées par séance. Aujourd’hui cette moyenne se situe plutôt à 18, 17 voir 16 entrées. » Or, il estime indispensable de préserver la dimension collective du cinéma. « Arrêtons d’avoir comme dogme unique le fait que, pour réaliser un maximum d’entrées, il faut proposer un maximum de séances. C’est peut-être vrai pour 30 ou 40 des 700 films qui sortent chaque année, mais pas pour l’extrême majorité d’entre eux. »

Dans le passé un film sortait dans une salle d’exclusivité qui le tenait longtemps, puis il passait dans des salles de seconde exclusivité avant d’être repris par des salles de quartier. Et le cinéma faisait beaucoup, beaucoup plus d’entrées aujourd’hui. Il ne s’agit pas de revenir 50 ans en arrière, mais de se dire qu’il n’y a pas qu’un modèle.

Et François Aymé suggère une piste : « Aller au restaurant où il n’y a pas grand monde ne donne pas très envie. C’est pareil pour un cinéma. Il vaut mieux avoir moins de séances, mais très bien exposées et sur la durée. Il faut réfléchir aux moyens  d’événementialiser d’avantage les choses, de ne plus être sur une batterie de séances qui les banalisent, voir même les dévalorise. »

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