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Ce succès devrait être une source d’inspiration pour notre cinéma

Cette semaine la série « Lupin », avec Omar Sy, est la plus regardée sur Netflix en France mais aussi aux Etats-Unis et dans le monde. Elle est produite par Gaumont. Ses deux créateurs, que dans ce domaine on appelle showrunners, sont le britannique George Kay, mais aussi le français François Uzan. Et elle est inspirée des célèbres aventures d’Arsène Lupin, créées par Maurice Leblanc en 1905. Mais la série ne se passe pas à cette époque. C’est aujourd’hui que son héros, interprété par Omar Sy, s’inspire de ce personnage de roman.

Ce qui est certain c’est que, avec ce succès, la France est désormais dans la cour des grands dans le domaine des séries. Gaumont y avait déjà triomphé en 2015 avec « Narcos », également diffusée par Netflix. Mais elle avait pour producteur exécutif un brésilien et pour showrunner un canadien. En fait, celle-ci a permis à la société française de s’initier à ce genre.

Bien entendu, ce groupe n’est pas le seul producteur français à s’être imposé dans ce domaine au niveau international. La série sur les services secrets, « Le bureau des légendes », produit par Alex Berger et dont le showrunner est le réalisateur de cinéma Eric Rochant, que Canal+ a distribuée, a été vendue dans le monde entier. Time magazine l’a d’ailleurs considérée comme l’une des 10 meilleures séries de tous les temps. La série policière « Engrenages », créée par Alexandra Clert (Son et Lumière) pour Canal+ est également un succès international.

La société de production et de distribution cinéma Haut et court s’est diversifiée dans la production de séries en s’associant notamment avec des israéliens. Car Israël est, avec le Danemark (« Borgen », The Killing ») un petit pays, mais l’un des plus créatifs dans ce domaine. Haut et court vient ainsi de coproduire «No man’s land», une excellente série diffusée sur Arte.

Et pourtant la France part de loin

Et pourtant, l’audiovisuel français vient de loin. Nos chaînes de télévision n’ont longtemps accepté que les collections, unitaires avec un personnage ou un thème commun, refusant les séries. Elles n’ont longtemps eu qu’un seul feuilleton alors que nos voisins en avaient trois, voire quatre.

Ces succès confirment qu’il y a pour l’industrie et la création audiovisuelles françaises un champ de développement très important. Et que, dans ce domaine, les français sont particulièrement doués. Or ils devraient faire réfléchir le monde du cinéma. https://siritz.com/editorial/pour-survivre-les-salles-doivent-bouger/

Tout d’abord parce qu’au début du cinématographe le « feuilleton » était l’un des genres les plus créatifs. C’est ainsi qu’en 1913 Louis Feuillade a lancé pour le cinéma 5 épisodes tirés du roman de Pierre Sovestre et Marcel Allain, « Fantomas ». En 1915, Pathé va plus loin en inventant le ciné-roman :  un feuilleton diffusé d’abord dans des magazines vendus en kiosque, puis repris sous forme de film par les salles de cinéma.  Le premier est « Les mystères de New-York » et ses 13 épisodes. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Mystères_de_New_York  Gaumont réplique en confiant à Feuillade le feuilleton de 10 épisodes, « Les Vampires ». Puis « Judex » aura 12 épisodes.

Certes, aujourd’hui, le cinéma connait les franchises. Mais le principe est différent puisque ce n’est qu’après le succès du premier film qu’est lancé la production d’un second et, ainsi de suite. Au contraire, la production de tous les épisodes des feuilletons était lancée dès le départ, ce qui permettait d’énormes économies d’échelle. En outre, il n’y a pas, pour les franchises, une diffusion préalable en magazine.

Enfin, l’exemple de la série « Lupin » montre comment de grands classiques de la littérature peuvent être « modernisés ». Or la France possède, dans son patrimoine littéraire, de nombreux feuilletons mondialement connus et dans le domaine public, des «Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas aux «Misérables» de Victor-Hugo. De même, de nombreux romans de Balzac ont été publiés au préalable dans la presse  sous forme de feuilleton.