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Producteurs et distributeurs vont vendre aux plateformes

La prolongation de la fermeture des salles est évidemment un nouveau coup de massue pour la culture et, notamment, le cinéma. D’autant plus qu’il est clair que le gouvernement ne maitrise pas la situation puisqu’il interdit les salles où toutes les règles sanitaires sont étroitement respectées et pas les grands magasins ou les métros bondés.

Mais, en Allemagne, les salles de cinéma sont fermées au moins jusqu’en février. En Italie elles sont toujours fermées depuis le 26 octobre. Et aux Etats-Unis le nombre de salles fermées, qui était de 60%, continue à augmenter.

Reste que, en France, l’État, avec son chômage partiel et son soutien de 10 000 € par mois ou de 20% du chiffre d’affaires mensuel de l’année dernière, est le plus généreux d’Europe. Mais ces 20% sont plafonnés à 200 000 € et ne suffisent peut-être pas pour payer les loyers ou les remboursements d’emprunt des circuits nationaux de salles.

De toute façon, avec un couvre-feu que le gouvernement voulait fixer de manière stricte, à 20 heures et non à 21 heures, sans souplesse d’horodatage des tickets, l’ouverture des salles ne pouvait être rentable ni pour l’exploitant ni pour le distributeur.

Les distributeurs avaient pleinement joué le jeu de la réouverture. La programmation du 15 et du 23 était très porteuse. Il y avait même le blockbuster de Warner, « Wonder woman 1984 », dès le 15. Les distributeurs restent avec leur campagne publicitaire sur les bras : 1 million € selon Le Pacte dont 150 000 € pour la ressortie de ADN et 850 000 € pour « Le discours ». 1 millions € selon Memento Films pour « Mandibules ». Est-ce qu’ils seront remboursés de ces investissements ? A moins que les supports de promotion leur en fassent cadeau à titre de si bons clients.

Ce qui est le plus grave c’est que la brusque décision du gouvernement de fermeture des salles marque un tournant majeur. Tout d’abord, la prochaine décision d’ouverture des salles ne pourra être prise avant le 7 janvier, pour une ouverture au plus tôt le 15. Donc, dans un mois. Or, pour sortir un film un distributeur doit s’y prendre au moins trois semaines à l’avance, pour évaluer la concurrence, négocier ses sorties et engager la campagne de promotion. Or, cette fois-ci, échaudé, aucun distributeur ne prendra ce type de décision avant le 7 janvier. Sauf, éventuellement pour des films qui venaient de sortir ou étaient encore à l’affiche lors du dernier confinement. Mais cela ne suffira pas à inciter les exploitants à ouvrir leurs salles.

Donc, si le gouvernement estime, le 7 janvier, que les chiffres sont suffisamment bons pour ouvrir le 15 ou le 14, les salles ouvriront plutôt à la fin du mois. Et, là, le cinéma va se heurter à un problème supplémentaire : celui de l’encombrement. Certes, compte tenu de la situation aux Etats-Unis, il manquera la plupart des films américains, et, donc la moitié des écrans seront « disponibles. Mais l’offre cinématographique doit être diversifiée. Si l’on sort trois comédies françaises le même jour, il est probable qu’une ou deux, voir les trois, soient victimes de ce trop-plein.

Donc, ce stop and go du gouvernement est sans doute justifié par les chiffres alarmants qui, dans la plupart des pays, ont surpris tout le monde. Mais il change profondément les données de l’industrie. D’autant plus que l’on sait que, en 2021, l’approvisionnement en film américain sera très réduit. Surtout après ce que Warner vient de subir chez nous avec « Wonder woman 1984 ». https://siritz.com/editorial/le-simple-bon-sens-concernant-le-cinema/

Il est en tout cas plus que probable que des distributeurs et producteurs français, pour des films importants, vont cèder aux sirènes des plateformes.