VERS UNE MAJOR HISTORIQUE DE MOINS
Par Serge Siritzky
Le cinéma en France dépend largement du cinéma américain puisqu’avant le Covid il générait 55% des entrées et la majoriténdu financement du compte de soutien du cinéma français. La médiocrité de son actuelle fréquentation est due essentiellement à l’absence des habituels blockbusters américains. Ce qui se passe au sein des majors américains nous concerne donc au plus haut point.https://siritz.com/editorial/les-raisons-detre-optimiste-de-la-fnef/
Or, comme l’annonce le magazine The Economist, il est très probable que, dans les mois qui viennent, on assiste à la disparition d’une de ses majors historiques, Paramount, comme l’ont été celle de la MGM qui appartient aujourd’hui à Amazon ou de Twenty Century Fox, racheté par Disney. En effet, Shari Redstone, l’héritière de la dynastie Redstone qui contrôlait le groupe à travers Paramount Global, cherche à vendre. Paramount Global contrôle le studio, le service de s-vod et toute une série de chaines linéaires qui vont de CBS à MTV.
Sa télévision linéaire (80% de son chiffre d’affaires) est en train de s’effondrer, les abonnés au câble résiliant en masse leur abonnement. e même, la s-vod, malgré ses nombreux succès, comme les séries « Yellowstone », et ses 60 millions d’abonnés, vient de perdre 1,2 milliard $ en 9 mois. Depuis plusieurs mois, Redstone a reçu plusieurs proposition de rachat, dont celle du groupe Warner.
La plus avancée semble être celle de la société de production Skydance (David Ellison, dont le père Larry a créé Oracle et possède une fortune estimée à 130 milliards $). Il pourrait vendre les chaînes à Byron Allen qui possède The Weather Channel.
En fait, les problèmes de Paramount illustrent ceux de tous les Studios qui sont nés à l’ère de la pellicule. Ils possèdent tous des chaînes linéaires qui sont en déclin et se sont tous lancés dans la S-vod, cumulant entre eux 25 milliards $ de perte de 2020 à 2023. Certes, celle de Warner serait enfin arrivée à l’équilibre et Disney la prévoyant pour la fin de cette année. Mais, pour des acteurs moins gigantesques, tels Paramount +, Peacock (NBC/Universal) ou Tubi (Fox), la rentabilité semble hors de portée.
Racheté par Skydance Paramount peut continuer à exister comme producteur et distributeur. Mais face à des groupes aussi puissants que les géants du numérique(Amazon, Netflix et Apple) et de l’audiovisuel (Disney et Warner) le studio aura-t-il les moyens de prendre le risque de financer toute une série de plus en plus coûteux blockbusters du cinéma et des séries, tout comme d’attirer certains des plus grands talents alors que ces-x-ci ne sont pas en nombre illimité. Au moins aussi coûteux sont les acquisitions de droits de retransmissions sportives. Or là, pour pouvoir rivaliser avec les géants du numérique, Disney, Warner et Fox (Murdoch) en sont venu à décider de s’associer.