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L'édito de Serge
Serge Siritzki

UNE RÉUSSITE D’UN QUART DE SIÈCLE

Par Serge Siritzky

L’opération nationale du Printemps du cinéma, qui a lieu cette semaine, est une remarquable opération de promotion du cinéma lancée par la FNCF en 2000. Elle s’étale du dimanche au mardi avec  un tarif de 5 € la place, quel que soit le film, la salle ou la séance. C’est donc un tarif réduit d’un tiers par rapport au tarif moyen de la place de cinéma qui est d’un peu plus de 7 €.


Elle doit booster les entrées des films, mais pas forcément leur chiffre d’affaires. Mais elle génère une couverture médiatique incomparable qui explique que de gros films décident de s’y lancer. Cette semaine il y en a au moins trois : « Le Bodin’s partent en vrille », le 4 eme volet d’une série multimillionnaire dont l’incroyable caractéristique est d’être réservé à la province au point que l’on se demande pourquoi il sort dans Paris-périphérie. Ainsi, mercredi il a rassemblé 132 000 entrées en France, dont seulement 853 dans ses 31 salles parisiennes. https://siritz.com/cinescoop/le-duo-comique-paysan-remet-ca/

«Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » est un film qui a de grosses ambitions, puisque son budget se situe aux environs de 15 millions €. https://siritz.com/cinescoop/lamour-dune-mere-pour-son-enfant/ Il rassemble 62 000 spectateurs le premier jour. Enfin Disney y a placé la nouvelle version de son «BLanche-Neige », qui aurait coûté 270 millions de $ et qui, jusqu’au retour de Bob Iger à la tête de la major, était parti pour être une caricature des films woke. Il dépassé 53 000 spectateurs. Et il est probable qu’un certain nombre de spectateurs qui seraient aller voir ces films mercredi attendront Le Printemps du cinéma pour aller les voir, faisant baisser les entrées de démarrage.
En fait, le principe d’une telle opération est qu’en augmentant leurs entrées de départ, et grâce à un bouche à oreille favorable, les films vont améliorer leur carrière potentielle. Et, si l’opération en est à sa 25 ème version c’est que les distributeurs sont convaincus que c’est vrai. Une réussite d’un quart de siècle.Rappelons d’ailleurs que La fête du cinéma, qui a lieu un jour du début de l’été et qui dure un jour, se poursuit également depuis sa création en 1985.
En tout cas, cette opération, qui s’appuie sur un tarif réduit, doit nous rappeler qu’en France, à la différence des États-Unis la profession s’est toujours refusée à raisonner en chiffre d’affaires au profit des seules entrées. C’est sans doute pour rappeler que le cinéma c’est de la culture avant d’être du business. A moins que l’explication soit celle donnée dans le mon livre « Le cinéma était leur pays » (1). Juste après-guerre à  l’exploitant Léon Siritzky, qui lui proposait de publier le chiffre d’affaires record que réalisait dans sa salle d’exclusivité la ressortie de »Marius », qu’il avait réalisé avant-guerre, Pagnol répondait : « L’idée de vouloir publier dans les corporatifs les recettes des producteurs français est une idée saugrenue qui amènera tous les mendiants, tapeurs,  cambrioleurs, maitres chanteurs, etc…Pour moi je refuse absolument. Il est déjà suffisant de les  signaler à l’Office des changes comme la loi m’y oblige. »

(1)  Vérone éditions

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