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L'édito de Serge
Serge Siritzki

LES DISTRIBUTEURS EN DIFFICULTÉ

Par Serge Siritzky

Les résultats exceptionnels du dernier Spiderman redonnent soudain espoir au cinéma en France comme  dans le monde. https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Box-office-France-Spider-Man-No-Way-Home-chasse-le-record-du-Sam-Raimi

Mais ils ne peuvent cacher la situation dramatique dans laquelle se trouvent, en France, les salles, et surtout les distributeurs, avec une fréquentation qui se situe régulièrement 30% en-dessous de son niveau d’avant la crise.

Le métier de distributeur a toujours été le plus risqué de l’industrie. Pour un film français un distributeur  s’engage à la lecture du scénario et sur choix du réalisateur ainsi que sur le casting. Le résultat peut être décevant et, de toute façon, le succès d’un film dépend de multiples facteurs. Cet engagement du distributeur consiste en un investissement sur les frais d’édition et, le plus souvent, en un minimum garanti.

Or, pour la très grande majorité des films français ou étrangers sortis depuis le début de la pandémie, les investissements des distributeurs français se fondaient sur les entrées potentielles avant cette pandémie.

Selon Cinefinances.info, en tenant compte du soutien automatique, la distribution de 57% des films français était déficitaire en 2019, année de fréquentation record, avec 213 millions d’entrées. https://siritz.com/les-barometres-de-la-distribution/en-2019-les-recettes-salles-de-71-des-films-francais-sortis-nont-pas-couvert-linvestissement-du-distributeur/Il est donc très probable que l’exploitation de la très grande majorité des film français sortis  depuis la pandémie a été déficitaire. Bien plus, globalement, les investissements des distributeurs n’ont pas été couverts, alors qu’ils ont également des frais généraux.

L’État est conscient de la situation tragique du cinéma en France. Au congrès de la FNCF la ministre de la culture, Roseline Bachelot,  avait évaluée à 54 millions € les pertes de chiffre d’affaires des salles générées parle pass sanitaire. Elle a  annoncé une aide de millions 27 millions € aux salles de cinéma mais seulement de 7 millions € aux distributeurs. https://siritz.com/editorial/cinema-entre-optimisme-et-colere/ Pourtant la part des recettes des distributeurs approche les 50%. Cet arbitrage biaisé est, en partie,  dû au fait que, tous unis au sein de la FNCF, les exploitants représentent un lobby plus puissant que celui de l’éparpillement des syndicats de la distribution. Il serait souhaitable que tous les distributeurs en tirent la leçon en s’unissant en fin dans le même syndicat. Mais aussi que cette injustice soit réparée.

Car elle va probablement toucher désormais également la production française. Il y aura moins de films distribués et les minima garantis seront beaucoup plus bas. Les importations de films étrangers seront également concernés.Une évolution qui risque de peser plus lourd que l’entrée de la S-VoD dans l’écosystème du cinéma français.

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