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L'édito de Serge
Serge Siritzki

LES DÉFIS DE LA RÉOUVERTURE

Par Serge Siritzky

ET MAINTENANT DE NOUVEAUX PROBLÈMES COMMENCENT

La réouverture progressive des salles de cinéma à partir du 19 mai est évidemment une bonne nouvelle. Certes, il y a évidemment de nombreuses voix médicales pour mettre en garde contre cette précipitation, mais cette mise en garde ne leur coûte rien. Parmi eux l’Institut Pasteur,, à la précédente réouverture avait prédit 9 000 malades du COVID en urgence et on y est resté très loin.

Bien attendu, jusqu’au 9 juin, avec une jauge de 30% et un couvre-feu à 21 heures, c’est-à-dire une seule séance du soir, ce sont essentiellement les films dont l’exploitation avait été brusquement stoppée fin octobre dernier seront à l’affiche. Mais parmi ceux-ci il y avait des films de grande qualité et qui étaient de véritables succès comme « Adieu les cons » d’Albert Dupontel, le grand vainqueur des Césars. Il avait rassemblé 600 000 spectateurs la première semaine. Et, « ADN » de Maïwen, qui avait rassemblé 62 000 spectateurs en deux jours était plein de promesse.

Néanmoins Pathé va sortir la comédie franco-italienne de Christophe Barratier, « Envole-moi », ce qui va lui permettre de bénéficier d’une concurrence très limitée, notamment en matière de promotion pour le cinéma. Pathé n’a pas donné de minimum garanti  pour ce film dont le budget est de 7,2 millions €. https://fr.wikipedia.org/wiki/Envole-moi_(film,_2021)

Trois semaines plus tard, le 9 juin, le couvre-feu à 23 heures permettra une deuxième séance du soir et une augmentation de la jauge. On se rapprochera d’une exploitation normale. Cela devrait permettre la sortie de nouveaux films. Mais c’est à partir de ce moment que l’industrie du cinéma en France va commencer à devoir affronter le problème quasi-insurmontable du trop-plein de l’offre.

L’exploitation va continuer à être déficitaire

Du 15 mai au 9 juin l’exploitation des salles va être déficitaire puisqu’elles retrouveront leurs charges fixes habituelles avec des entrées forcément réduites. L’État devrait donc logiquement maintenir une partie de ses aides. Par ailleurs, à partir du 9 juin,  si les films porteurs réaliseront les entrées qu’ils auraient normalement dû réaliser, et, peut-être, même plus, parce que le public aura une profonde envie de se distraire collectivement, les très nombreux autres films devront se partager le solde d’entrées qui n’aura sans doute pas augmenté. La vie de nombreux distributeurs sera menacée.

En juillet l’exploitation devrait reprendre son cours normal, avec le problème du surencombrement qui s’étendra sur des mois. De nos jours, juillet et août, ne sont pas de mauvais mois pour la fréquentation, bien que nombre de producteurs et certains distributeurs français soient toujours réticents à sortir leurs films à cette époque. Notamment, parce que les émissions de promotion qu’offrent habituellement les grandes chaînes de télévision sont à l’arrêt. En fait, les films américains qui sortent pendant ces deux mois réalisent de très bons résultats. Surtout, les blockbusters d’outre-Atlantique ont aujourd’hui une sortie mondiale et aux États-Unis, l’été est la période de plus haute fréquentation. On verra si les studios qui ont une plateforme en France (Disney et Paramount) sortent certains de leurs films directement sur ces plateformes. https://siritz.com/editorial/la-salle-de-cinema-menacee-de-mort/. A court terme cela semble peu probable car l’affrontement entre celles-ci deviendra vraiment violent quand le marché commencera à être étroit, c’est à dire quand HBO Max arrivera sur la marché français, c’est à dire en 2022.

Cette réticence des distributeurs, mais surtout des producteurs français est d’autant plus irrationnelle que septembre est, année après année, le plus mauvais mois de l’année pour la fréquentation. Cette année en tout cas, les distributeurs français devraient tirer parti du surplus de films à écouler, pour sortir leurs films, y compris des films à fort potentiel, cet été. Si c’était le cas cela pourrait être une conséquence positive de la pandémie.

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