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L'édito de Serge
Serge Siritzki

LA NATURE DES 3 MÉDIAS

Par Serge Siritzky

QUELLE EST L’EXPLICATION DE LA BAISSE DE LA FRÉQUENTATION CINÉMA ?

Au cours d’un débat dans le cadre de l’Assemblée des médias, qui a eu lieu la semaine dernière, Delphine Ernotte, la présidente de France télévisions, a défini la télévision comme le média qui permet de  « voir la même chose en même temps ». C’est ce qui le distingue en effet le la S-Vod dont on peut voir les programmes que l’on veut, où l’on veut et quand on veut.
En fait, pour la télévision c’est incontestablement vrai pour le flux et le sport, mais pour la fiction, notamment celle qui est en pleine croissance, la série, avec le replay ce n’est plus tout à fait le cas. Arte a d’ailleurs franchi une étape en permettant de voir tous les épisodes d’une série dès la mise à l’antenne du premier épisode. Il est vrai que cette chaîne n’a pas à garantir à ses annonceur une couverture minimale pendant leur campagne de publicité. Il est donc très possible que les chaînes totalement ou partiellement financées par la publicité ne fournissent jamais ce service supplémentaire. Mais le public ne va-t-il pas finir par estimer que ce manque est un handicap, ce qui ferait chuter l’audience des chaînes par rapport à celles de la S-Vod ?
Autre spécificité de la S-Vod : ses programmes peuvent viser des publics ciblés, mais qui vont renouveler leur abonnement, parce qu’ils y trouvent des programmes qui les satisfont. Il en est de même pour les chaînes à péage. Les unes et les autres visent l’addition de ces publics ciblés. La télévision à péage devrait donc développer fortement le replay et l’accession à tous les épisodes dès la diffusion du premier d’entre eux.
L’achat par Amazon prime du championnat de France de foot-ball et des matchs du soir de Roland-Garros enlève un programme à « voire en même temps et ensemble », privilégié par la télévision, mais vise un public ciblé supplémentaire. Mais il s’agit d’un service de S-Vod très particulier : abonnement à bas prix et supermarché digital. Un peu comme si le supermarché du coin offrait à un tarif réduit l’accès aux matchs de foot-ball de l’équipe de la ville à ceux qui font tous leurs achats chez lui.

Et le cinéma ? C’est un loisir qui repose sur la sortie et la vision collective, dans une salle. Ce qui suppose de faire un effort pour participer à la vie de la cité. A l’heure actuelle les chiffres de fréquentation française sont très décevants. Est-ce dû au manque d’attractivité des films, dont l’offre est d’ailleurs pléthorique, ou à un changement de comportement des spectateurs potentiels à la suite du confinement qui les a habitué à visionner les programmes des plateformes chez eux ou sur leur mobile ? Il faudra sans doute attendre la fin définitive de toutes les mesures sanitaires pour le savoir.

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