FRANCE TÉLÉVISIONS EN QUESTION
Par Serge Siritzky
LA SUPPRESSION DE LA REDEVANCE SERAIT-ELLE UNE RÉELE ÉCONOMIE ?
A l’heure la plupart des candidats à la présidence de la République insistent sur la nécessité de réduire drastiquement les dépenses de l’État, il est probable qu’il sera beaucoup question de supprimer la redevance qui finance service public de la télévision et de la radio. Éric Zémmour est d’ailleurs le premier à avoir proposé cette réforme. https://www.capital.fr/economie-politique/eric-zemmour-veut-faire-disparaitre-la-redevance-audiovisuelle-1422966?amp
Radio France pourra mettre en avant que France Inter est la station la plus écoutée, et que France info est la seule station d’information continue tandis que France culture et France musique assurent incontestablement une mission de service publique que ne peuvent assurer les radios privées.
En matière de télévision Arte est un partenariat entre la France et l’Allemagne auquel il sera difficile à la France de prendre l’initiative de mettre fin. Mais, pour France télévisions, seule France 5 assume incontestablement une mission de service publique qui la distingue des chaînes privées. Supprimer la redevance annuelle de 138 € sera donc probablement un bon argument de campagne pour plusieurs candidats, même si la notre est sensiblement inférieure à la redevance britannique ou allemande. https://siritz.com/editorial/cinema-vers-un-changement-de-modele-economique/
Mais la justification de l’existence du service public de la télévision est avant tout économique. Dans une interview au quotidien les Echos publiée le 15 décembre Delphine Ernotte, la PDG du groupe France télévisions, rappelait que chaque euro de commande pour des œuvres audiovisuelles dégageait 2,4 € dans l’économie française. https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/delphine-ernotte-france-televisions-nest-pas-quun-centre-de-couts-nous-creons-de-la-richesse-1372421
Or, dans notre pays, près de 60% du revenu national fait l’objet de prélèvements publics. Donc, non seulement la disparition des investissements de France télévisions entrainerait une perte d’activité et d’emplois bien supérieure, mais elle se traduirait aussi par une diminution également bien supérieure de recettes publiques.
Les partisans de cette disparition de France télévisions estimeront sans doute que le secteur privé pourrait se substituer efficacement à celle dernière. Mais jamais des chaînes privées ne pourraient recueillir un montant de recettes publicitaires suffisant pour compenser le produit de la redevance. Et, en cherchant à le faire elles affaibliraient TF1 et M6 qui en sont à vouloir fusionner pour résister à la concurrence des plateformes.
En fait, le projet de disparition de France télévisions et de la redevance est une nouvelle illustration de mesures séduisantes qui ont l’effet inverse de celles visées.