Partager l'article

L'édito de Serge
Serge Siritzki

FOISONNEMENT DE PROJETS PROMETTEURS

Par Serge Siritzky

Au 3ème Forum des Coproductions en Méditerranée

Il vient de se tenir au Mucem à Marseille et a tenu toutes ses promesses. Sur 80 projets envoyé en provenance de tous les pays du bassin méditerranéen, 11 avaient été sélectionnés et y ont été présentés. https://siritz.com/cinescoop/venez-a-meditalents-a-marseille/

Cette année, le fait marquant c’est que  la plupart d’entre eux étaient très intéressants. http://meditalents.net/wp-content/uploads/2021/05/Forum-2021-Projets.pdf

L’idée de base de cette manifestation est que les pays Méditerranéens sont très divers mais appartiennent à une civilisation commune.

A titre d’exemple, réalisé par Mohamed Samir, le projet de comédie « Comme un coq en pâte » a potentiellement la force d’une « Grande bouffe » égyptienne. Il se passe dans une maison au Caire. Une mère possessive de 70 ans  a couvé son fils pendant toute sa vie, le tenant éloigné des tentations du monde extérieur. A plus de 45 ans, il n’a pratiquement pas quitté la maison. Il est gros et gras, ignorant de ce qui se passe dehors. Mais la mère sent qu’elle est devenue vieille et qu’un jour prochain elle ne sera pas là pour couver son fils. Elle va donc lui chercher une épouse qui sera sa future mère couveuse. Elle lui en trouve une. Mais peu après les présentations éclate la Révolution. Le fils sort pour voir ce qui se passe et découvre un mouvement qui exprime sa propre révolte contre le joug. Le pouf va devenir un meneur de la Révolution.

Mohamed Samir

Le film est produit par Marwa Abdalla (marwa.daydream@gmail.com) et a déjà un coproducteur français, Claire Chassagne de Dolce vita films (claire@dolcevita-films.com. Et il n’a qu’un budget de 500 000 €. A l’issue du Forum il a remporté le prix de la fiction.

Un autre projet égyptien semble très original, la comédie dramatique, également égyptienne, très prometteuse, « Yalla ! ». Une mère, Bella, qui a 58 ans, organise un voyage en car à travers l’Égypte avec toutes ses amies d’enfance du Caire, du temps où elles étaient élèves de la même école française. Elle convainc son fils Tarek (36 ans) de les accompagner pour les filmer. Or, en dansant, chantant, buvant des révélations sortent, une révélation en entrainant une autre, y compris sur la sexualité de ces femmes ou de leur époux. Puis Tarak va se rendre compte que sa mère est atteinte d’un cancer fatal. Enfin il a lui-même une expérience homosexuelle avec le chauffeur du car.

Le film est réalisé par l’égyptien Tanner Ruggli et a un producteur suisse, Samir@dvfilm.ch. Le budget du film qui mêlera français et arabe est de 2,5 millions €. Samir cherche une coproduction avec la France et l’Égypte, ce qui déclencherait les aides franco-égyptiennes.

« Le poisson et le pistolet » aborde, un peu sous forme de fable, le sujet d’actualité de l’identité des jeunes issus de l’immigration algérienne. Pendant la guerre, d’Algérie deux amis choisissent des camps opposés : le FLN et les harkis. En France, deux générations plus tard, la petite fille de l’un croise, à Lyon, le petit-fils de l’autre. Finalement, ils vont à la fois assumer leur héritage et aider leurs pères à se réconcilier. Le film est réalisé par Sliman Bounia qui, jusqu’ici avait à son actifs des court-métrages primés et des documentaires. Il est produit par Jérémie Chevret, de Duno Films (jeremie@dunofilms.fr), installé à Lyon. Le budget est de 1,5 millions €.

Plusieurs documentaires marquants ont été présentés. Par exemple, « Écume » sur un sujet très important pour la société française : un centre d’éducation renforcée à Port-Vendre pour des délinquants mineurs. L’objectif est, notamment, en leur donnant la passion d’un sport ou d’un instrument de musique, de véritablement les insérer dans la vie. Mais, comme on le sait, le gouvernement envisage de fermer ces centres, optant pour le tout répressif, argument porteur électoralement, mais condamnant ces jeunes à être toute leur vie des délinquants.

Le film est réalisé par Julie Conte qui mène à la fois une carrière de direction de la photo en fiction et de réalisatrice de documentaires. Il est produit par Chantal Marchon de Videka Production (videka@wanadoo.fr). Il a obtenu le prix documentaire du Forum.

Autre documentaire au sujet  très fort, « Souffle », aborde la question de la « surpêche » en Méditerranée dont les ressources sont limitées. Les conséquences de celle-ci vont être catastrophiques pour toute la Méditerranée, son environnement et son économie. C’est le premier long métrage d’Illaria Congiu. Il est produit par l’italien Francesco Lattarulo (francesco@mediterraneocinématographica.it) qui cherche un coproducteur français qui apporterait la post-production.

A noter que la région Paca, cherche à développer la post-production sur son territoire. Label 42 Studio a attribué un prix de trois jours de post-production gratuite au projet de fiction tunisienne « Tunis-Djerba » qui a également suscité beaucoup d’intérêt. Il est réalisé par Ammel Guellaty et a déjà une coproduction tunisienne (asmachiboub@yahoo.com) et marocaine (karim@hautlesmainsproductions.fr).

Ces cinq projets sont représentatifs de l’ensemble. Mais il est conseilléde consulter le document de présentation de l’ensemble des projets, car tous sont très intéressants. http://meditalent.net/wp-content/uploads/2021/05/Forum-2021-Projets.pdf

D’une manière générale, ce qui ressort de ces 11 projets c’est à la fois leur fort ancrage dans leur pays originaire et leur universalité.

© Copyright - Blog Siritz