DES RAISONS D’ÊTRE OPTIMISTE POUR LE CINÉMA
Par Serge Siritzky
L’année 2025 qui est bien une année de crise du cinéma, en France et un peu partout dans le monde. Et pourtant elle se termine par deux semaines avec une fréquentation très supérieure à celle de l’année dernière et semblable à celle des années pré-covid. C’est dû à « Avatar 3 » qui, avec plus de 2,5 millions d’entrées la première semaine réalise un score proche des opus 1 et 2 qui avaient totalisé plus de 15 et 14 millions d’entrées en fin de carrière. C’est dû aussi à un autre film distribué par Disney, le dessin animé « Zootopie 2 » qui, avec déjà plus de 6 millions d’entrées est le champion de l’année et atteindra sans doute 7, voire 8 millions d’entrées au total.
Le triomphe du Disney de Bob Iger
A noter que le troisième film à dépasser les 5 millions d’entrées cette année est un autre Disney, « Lilo et Stich ». Or Disney est dirigé par Bob Iger aux capacités qui s’apparentent â celles des fondateurs et patrons légendaires des grands studios américains. Il avait été rappelé pour remplacer son successeur qui était en train de couler le groupe par une politique éditoriale woke de son cinéma et de es parcs d’attraction. Mais Bob Iger repart à la fin de l’année. Son successeur aura-t’il le même calibre ?
Car le cinéma est un marché d’offre. Et, comme on n’a cessé de le rappeler, il l’est plus que jamais : les spectateurs ne vont plus au cinéma, ils vont voir des films. Tout dépend donc de la capacité des producteurs, des distributeurs et des réalisateurs à proposer des films pour lesquels le spectateur est prêt à se déplacer, alors qu’avec les plateformes et son téléphone il est sollicité par une multitude d’offres d’images et de distractions. L’année dénière un film français « Le comte de Monte-Christo » a dépassé les 9 millions d’entrées et un autre, « Un p’tit truc en plus », les 10 millions d’entrées. Mais l’année 2024 n’a atteint que 181 millions d’entrées, c’est à dire 10% en dessous des plus mauvaises années pré-covid.
Ce sont les films de 1 à 5 millions d’entrées qui font la différence
En fait, depuis de nombreuses années, de 700 à 750 films sont distribués chaque année en France. Mais ce qui explique le chute de la fréquentation, ce n’est pas l’absence de film à plus de 5, voir plus de 10 millions d’entrées. C’est la forte réduction due nombre de films réalisant de 1 à 5 millions d’entrées. Ainsi, cette année 28 films ont réalisé de 1 à 5 millions d’entrées. Il y en avait autant en 2024. Avant le Covid, en 2019 (213 millions d’entrées) il y en avait 41, soit près de 50% en plus. Et en 2010 (207 millions d’entrées) il y en avait 50. En 2025 les 28 films réalisant entre 1 et 5 millions d’entrées ont rassemblé 48 millions de spectateurs. En 2024 ils avaient rassemblé 54 millions d’entrées. En 2019 cette catégorie de films avait rassemblé 88 millions de spectateurs, soit 40 millions de plus qu’en 2025 et 34 millions de plus qu’en 2024. En 2010 ils en avaient rassemblé 100 millions, soit 52 millions de plus qu’en 2025 et 46 millions de plus qu’en 2024. Et en 2010 un seul film avait rassemblé 5,4 millions de spectateurs et seul un autre 6 millions de spectateurs.
Si l’on regarde en détail les offres de films on se rend compte avant tout que certaines stars qui « avant » garantissaient le succès, soudain, sont rejetées par les spectateurs. Ce sont souvent des films à budget relativement élevé, parce que le succès semblait assuré. C’est aussi le cas de films américains de super héros, qui ont encore du succès aux États-Unis, mais plus chez nous. C’est le signe que les goûts du public ont brusquement changé. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas près à aller au cinéma s’il estime que les films en valent la peine. Ainsi, pendant les actuelles fêtes de Noël il se déplace en masse pour aller à la fois « Avatar 3 », « Zootopie 2 » et « La femme de ménage », mais aussi le documentaire « Le chant des forêts » qui est une ode au monde animalier et à la nature ainsi que l’incroyable comédie noire brésilienne « L’agent secret ».
Des raisons d’être optimiste pour le cinéma
Il y a donc des raisons d’être optimiste. C’est aux producteurs, distributeurs et réalisateurs d’imaginer les films pour lesquels les spectateurs sont prêts à se déplacer. C’est leur métier. Bien entendu la problématique aux États-Unis est différente, car les dirigeants des studios sont souvent accaparés par d’autres enjeux, notamment le développement de leur plateforme. C’est pourquoi, beaucoup plus qu’avant, pour compenser les recul des films américains, la France doit donner la priorité à la recherche de ce qu’attend le public https://siritz.com/editorial/ne-plus-se-reposer-sur-le-cinema-americain/
Or rappelons la leçon des grands économistes et, notamment, des prix Nobel français : ils expliquent la formidable avance économique des États-Unis par la capacité des entrepreneurs à y lever des capitaux pour investir dans la recherche et les nouvelles technologie. Et à réaliser des investissements à risque pour mettre au point des produits ou des services innovants qui vont devenir irremplaçables. Or la France dispose du meilleur système économique mondial pour lever des capitaux à investir dans les films. Sachons le rendre plus performant.