DE L’IPHONE AU 35 MM
Par Serge Siritzky
LA TECHNOLOGIE DU CINÉMA N’A PAS DIT SON DERNIER MOT
L’un des intérêts du festival « Ciné des villes, Ciné des champs », dont nous rendions compte la semaine dernière, c’est que les réalisateurs venaient parler de la façon dont ils avaient travaillé.https://siritz.com/cinescoop/les-creusois-un-public-cinephile/
Les avantages du 35 mm
Or, à cette occasion, deux d’entre eux ont démontré que la technologie du cinéma des films est loin d’avoir dit son premier mot.
Nicolas Pariser
Tout d’abord, pour« Le parfum vert », comédie/thriller promis au succès public, le réalisateur, Nicolas Pariser, a expliqué qu’ila tourné en pellicule 35 mm et non en en numérique, parce qu’il estimait que cela permettait des couleurs plus réelles. En tout cas, c’est peut-être pourquoi ce film rappelait de grands classiques de ce genre. Mais il a également révélé que, parce qu’à la différence du numérique, la pellicule coûte cher, il avait dû limiter le nombre de prises et, donc, dû les planifier avec plus de prévision.
Cela fait penser à la diffusion en numérique dans les salles, qui permet, pour les distributeurs, de réduire considérablement leurs coûts et, donc, d’augmenter considérablement le nombre de salles au démarrage. Et, ainsi, tend à accélérer la carrière de la plupart des films. Les films qui ne bénéficient pas d’un excellent bouche à oreille sont vite poussés vers la sortie par la masse des nouveaux films à sortir. Le numérique est une réel progrès mais qui a donc un revers.
Tourner un long métrage avec un i-phone
En second lieu, le public a été intéressé par « Mauvaise herbe » de Luc Béraud. L’originalité de sa fabrication tenait moins au fait qu’il n’avait fait appel qu’à des bénévoles, sauf deux enfants, pour être en règle avec la législation sur le travail des enfants, qu’au fait qu’il avait tourné avec un i-phone Pro Max et monté sur un ordinateur Apple.
Le caractère bénévole des collaborations est évidemment une exception qui a permis l’expérience technologique.
Luc Beraud
Luc Béraud a pu être son propre opérateur et son propre monteur. Cela ne signifie nullement que la fabrication des films pourrait se passer de tous ses corps de métier, car le cinéma est une industrie de prototypes hauts de gamme. Mais cette expérience ouvre de nouvelles perspectives â cette industrie et à l’ensemble de l’industrie audiovisuelle. Elle prouve d’ailleurs que, dans l’ensemble de l’audiovisuel, le cinéma reste en pointe.
Il serait souhaitable que « Mauvaise herbe », qui a plu à un public dans la Creuse, soit vu, en salle, par un public plus large. Il faudrait donc qu’il ait un distributeur. Mais, avec une production reposant essentiellement sur des bénévoles le film n’a aucune chance d’obtenir l’agrément de production. Dans ces conditions, due distributeur, pour bénéficier des soutiens financiers, devrait le faire sélectionner dans un festival «notoire ». Or, rien que par l’avancée qu’il permet, ce film est un évènement qui justifierait une telle sélection et, par du fait de sa qualité, pourrait intéresser un public.
Projection de « Mauvaise herbe »,
mardi 15 novembre à La maison des auteurs
7 rue Ballu 75009 Paris