CINÉMA : DIVERSITÉ ET EXCELLENCE
Par Serge Siritzky
Jérôme Seydoux a probablement annoncé « La nouvelle ère du cinéma » https://siritz.com/editorial/seydoux-annonce-la-nouvelle-ere-du-cinema/, comme il l’avait fait en 1993, lorsqu’il avait lancé deux multiplexes, un type de salles qui, largement imité, allait faire remonter la fréquentation de 116 millions à plus de 200 millions de spectateurs. Cela signifie moins de salles de cinéma.
Pour illustre la politique de Pathé en tant que producteur il a cité 3 films à gros budget. Il est évident, comme pour les blockbusters américains, que les écrans de télévision ne peuvent rivaliser avec les salles de cinéma pour les films spectaculaires.
Mais le cinéma ne peut se reposer uniquement sur des films spectaculaires à gros budget. Ne serait-ce que parce que les investissements sont trop importants par rapport à la taille du secteur et de ses entreprises. Il lui faut donc produire une diversité de films. Mais, ce qui a désormais changé c’est que la concurrence est telle avec les autres médias que le public exige l’excellence. Mais cette diversité doit s’accompagner d’une forte réduction du nombre de films distribués. Aujourd’hui, 300 films rassemblant chacun moins de 50 000 spectateurs, soit au total 15 millions d’entrées. Donc moins de 10% des entrées qui constituent le nouvel étiage du cinéma. La plupart de ces films ne peuvent être amortis que par un fort soutien du contribuable sous toute ses formes. En outre, les médias ne peuvent rendre compte de cette pléthore d’offre et les programmations d’une séance par jour ou d’un jour par semaine, qui réduit les horaires des autres films, compliquent la sortie cinéma aux yeux des spectateurs.
Certes ont pourrait remarquer que l’édition de livres ne se porte pas si mal malgré le nombre phénoménal de livre qui sortent. Mais, outre qu’il ne s’agit pas des mêmes investissements, le livre ne subit pas la concurrence des télévisions et des plateformes pour accaparer les meilleurs talents, comme le cinéma avec les scénaristes, les réalisateurs, les comédiens et les techniciens.
Pour les films qui ne sont pas à gros budget le cinéma va donc devoir se situer sur la crête étroite de l’excellence. S’il y arrive ce sera un atout de plus pour attirer les meilleurs talents.
Le cinéma doit donc se situer au sommet de la pyramide de la création audiovisuelle, une création en plein expansion comme le confirme la conférence de presse de l’USPA à la suite du Festival de fiction de La Rochelle. https://www.uspa.fr/storage/wsm_newsfile/uspa_-_conf_larochelle_150917.pdf
PS : Le fait que TF1 et M6 aient été amenés à renoncer à fusionner du fait des exigences de l’Autorité de la concurrence souligne que cette instance étatique n’a pas pris en compte le profond bouleversement que va entrainer l’ouverture des plateformes au marché publicitaire télévisuel. Souhaitons qu’un tel aveuglement ne se retrouve pas en ce qui concerne les profondes transformations que doit engager le cinéma en France.